De l’humour noir au rire jaune – petits lecteurs, petites lectrices

Le mois d’avril, ses poissons et ses farces nous ont donné envie de vous proposer une sélection autour de l’humour ! Riche thématique, que nous avons pensée comme un arc-en ciel des couleurs de l’humour, et en deux temps : petits lecteurs, petites lectrices aujourd’hui ; grands lecteurs, grandes lectrices lundi prochain.

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L’humour burlesque et le comique de situation

Je mange, je dors, je me gratte, je suis un wombat, Jackie French, illustrations de Bruce Whatley, Albin MIchel, 2007.

Je mange, je dors, je me gratte, je suis un wombat est devenu un grand classique chez Lucie. Car si Jackie French se « contente » de relater la journée d’un wombat à la manière d’un journal, les illustrations de Bruce Whatley apportent un tout autre sens au texte, pour le plus grand plaisir des jeunes lecteurs !

Son avis complet ICI.

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Essayez un peu de faire faire la course à des escargots ! Une chose est sûre : rien ne se passera comme prévu. Et on va bien rigoler. L’un ne peut s’empêcher de faire halte devant un cageot de salade, l’autre se trompe de route quand un autre encore creuse un trou… C’est un vrai plaisir de suivre ces escargots en pâte à modeler, photographiés dans des décors naturels que l’on redécouvre à hauteur de gastéropode. Et la chute est très bien trouvée. À lire à voix haute en prenant la voix d’un commentateur sportif !

L’avis d’Isabelle

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Mina, Matthew Forsythe, Little Urban, 2021.

Mina est un album pour toute la famille dans lequel Matthew Forsythe s’amuse avec son lecteur dans un jeu de dupes compréhensible à tout âge. Le comique de situation se met en place dès les premières pages par l’intermédiaire de la fantaisie d’un papa aventurier qui n’aime rien tant que ramener les choses les plus farfelues chez lui.

Les avis complets de Linda, et d’Isabelle.

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La boîte des papas, Alain Le Saux, école des loisirs, 2009.

D’autres livres qui mettent les papas à l’honneur dans des situations souvent à leur désavantage, sont ceux qui composent le coffret La Boîte des papas d’Alain Le Saux. On y suit les aventures quotidiennes d’un papa qui enchaîne les bourdes et les maladresses. Un régal à mettre en voix avec nos plus jeunes lecteurs et nos plus jeunes lectrices.

L’avis de Colette par là !

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L’humour par l’absurde et le farfelu

Le livre le plus génial que j’ai jamais lu…, Christian Voltz, L’école des loisirs, 2008.

Si l’humour de Christian Voltz fait toujours mouche, Lucie adore les commentaires du petit personnage grognon qui interrompt sans cesse Le livre le plus génial que j’ai jamais lu. Le titre, la dédicace, la typographie, l’histoire… Il formule des remarques sur absolument tout et passe son temps à râler. Jusqu’à ce qu’il s’exclame finalement « Hééé ! C’est vraiment le livre le plus génial que j’ai jamais lu ! »
Que s’est-il passé ? A vous de le découvrir !

Son avis complet ICI.

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Gloups (histoire vraie), de Judith Chomel, Atelier du Poisson soluble, 2021.

Un moment d’inattention et GLOUPS ! Lili avale le précieux boulon qu’elle venait de ramasser. Que va-t-il se passer ? Son imagination se met aussitôt en branle, mais elle est loin (et nous avec) de pressentir ce qui l’attend… Cette histoire est complètement loufoque, captivante et magnifiquement mise en image. Chaque page est un vrai cabinet de curiosités, digne de la collection d’une chercheuse de trésors chevronnée : sur fond de tapisseries vintage, Judith Chomel entremêle joyeusement des photomontages faisant la part belle à des antiquités toutes plus rigolotes les unes que les autres (mais où les a-t-elle dénichées ?) et des dessins qui insufflent au récit la touche de fantaisie qui fait le sel des récits enfantins. C’est hyper réjouissant, intense comme les mômes vivent les choses.

L’avis d’Isabelle

Et cela fait parfaitement la transition vers la catégorie suivante qui est…

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L’humour pipi-caca

Cet humour, universel, fait rire aux larmes les petits comme les grands.

Ni vu ni connu de Michaël Escoffier & Kris Di Giacomo, Editions Frimousse, collection : Maxi’Boum, 2009

Léon est un caméléon un peu gourmand et après une bonne sieste digestive, une belle envie de caca ne se fait pas attendre. Mais comment s’essuyer correctement et proprement lorsque le rouleau de papier toilette est vide ? « Tiens cette vieille culotte devrait faire l’affaire » après tout elle semble bien abandonnée… sauf que quelques temps après « Léon se sent tout bizarre ». N’aurait-il pas un petit souci avec sa conscience ?

Léon, le caca c’est son affaire mais attention à ne pas subtiliser ce qui ne lui appartient pas pour son propre contentement. Ici l’humour « pipi caca » sert d’amorce à un message plus fort : celui de respecter la propriété d’autrui. Le lecteur se régale de la trombine de Léon scrutant les environs pour comprendre et tenter de voir « sa conscience ». La chute est vraiment excellente. A lire, relire et faire découvrir !

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Kiki King de la banquise fait caca de Vincent Malone & Jean-Louis Cornalba – Editions du Seuil, collection : l’Ours qui pète, 2013

Kiki est coincé sur sa mini banquise, l’auteur le croise alors que lui-même traverse « l’océan arctique aller-retour en canoë-kayak sans rames et sans escales pour une marque de camembert au lait cru… ». Kiki semble tenir le coup tout seul tandis qu’un étrange ballet sous-marin se joue. En effet, des requins « curieux en arctique » tournent autour de lui. Qu’attendent-ils et surtout pourquoi Kiki est tout crispé ? Est-ce la peur qui lui donne ce teint tout cramoisi ?

Les squales sont-ils crottivores ? Découvrez-le en lisant ce titre de la série Kiki. Tout le monde y va de son propre commentaire concernant l’état de Kiki. L’attaque imminente des requins à la mine patibulaire se fait sentir. Pauvre Kiki, personne ne le laisse tranquillement faire son affaire « faudrait des bouquins qui ferment à clef. »

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De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, Werner Holzwarth, Wolf Elbruch, Milan, 1999.

Dans cette catégorie, pour nos tout-petits, il y a un album incontournable : De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête de Wolf Erlbruch et Werner Holzwarth. On y suit une petite taupe qui mène l’enquête pour savoir qui lui a fait caca sur la tête. La voilà qui interroge une ribambelle d’animaux alentour et chacun, pour témoigner de sa bonne foi, lui montre à quoi ressemble ses crottes. Il y a un petit côté apprenti naturaliste dans cette recherche des traces et l’humour à la pédagogie mêlé forment un cocktail détonnant.

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L’ironie et l’humour noir

Pas toujours évident de manier l’ironie, le second degré, voire le sarcasme avec des tous petits ! Et pourtant, il n’y a pas d’âge pour commencer. La preuve : cet imagier qui annonce une trottinette et illustre une pomme. Puis décrit une saucisse alors que ce que l’on voit, c’est clairement… un véhicule. Complètement Toc-Toc et hilarant, pour les enfants qui connaissent déjà le sens des mots et saisissent le décalage.

L’imagier toc-toc, d’Edouard Manceau, Milan, 2018.

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Avec Triangle, Mac Barnett et Jon Klassen signent un album inattendu et désopilant ! Une histoire d’arroseur arrosé où Triangle, habitant des contrées triangulaires, joue un tour à Carré. Le dessin minimaliste est follement expressif. Et sur le mode de la fable, l’album raille l’aspiration à ne côtoyer que ses semblables et peut donc être lu comme une ode aux échanges et métissages.

Triangle, de Mac Barnett et Jon Klassen, L’école des loisirs, 2018.

L’avis d’Isabelle

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Regarde par la fenêtre, de Katerina Gorelik. Saltimbanque, 2021.

Admettez-le : difficile de résister à l’envie de glisser un regard curieux par une fenêtre ajourée. À partir de là, l’imagination peut s’emballer ! Mais attention, gardez à l’esprit que la façade peut être redoutablement trompeuse… Quel amusement de voir la réalité se révéler à mille lieux des apparences ! Regarde par la fenêtre a un charme vintage irrésistible, mais ne vous y trompez pas là non plus, tout cela est baigné d’une bonne dose d’ironie et d’humour noir. Isabelle et ses moussaillons ont eu un vrai coup de coeur pour les illustrations de Katerina Gorelik, ses clins d’œil décalés aux contes et son invitation malicieuse à ne pas juger à l’emporte-pièce.

L’avis d’Isabelle

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Les jeux de mots et l’humour par les mots

Un album à tirettes que Colette a encore plaisir à lire avec ses Petits-Pilotes devenus grands, c’est Un jour à la maison d’Alain Pichlak et Elodie Durand. Les auteur.e.s y jouent avec les mots pour notre plus grand plaisir : grâce à un ingénieux système de tirettes, les lettres bougent sur la page et par la magie de la substitution, de drôles de jeux de mots viennent chatouiller notre imaginaire.

Un jour à la maison d’Alain Pichlak et Elodie Durand, De La Martinière jeunesse.

Son avis complet ici.

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Claude Ponti est un roi de l’humour – et de l’humour par les mots en particulier. Un maître des jeux sur les sonorités des mots et des noms qu’il invente avec une imagination et une malice sans borne. Dans Ma Vallée, par exemple, les frères du narrateur s’appellent Olie-Boulie ou Fouchtri-Fouchtra. Et que dire des inventions géniales, comme la Balanquette – combinaison de balançoire et de banquette à laquelle il fallait décidément penser ! Cette histoire pourrait n’avoir aucun sens (ce qui n’est pas le cas, grâce à elle, vous saurez tout de l’univers des Touims), elle resterait jubilatoire pour cette drôle de musique qui résonne comme une comptine et qui ravit les enfants.

Ma vallée, de Claude Ponti. L’école des loisirs, 1998.

L’avis d’Isabelle

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La série des P’tites poules pourrait entrer dans plusieurs catégories. Elle comporte d’ailleurs différents niveaux de lecture qui sauront amuser tant les enfant que leurs parents. Jeux de mots, comique de situation, références historiques, mythologiques, littéraires… Il y en a pour tous les goûts. La présentation des auteurs est à elle seule un monument.

Les p’tites poules (18 tomes), Christian Jolibois et Christian Heinrich, Pocket Jeunesse, 2005.

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En attendant notre sélection consacrée au plus grands la semaine prochaine, racontez nous : de quel humour êtes-vous les plus friands ? Quel album vous fait rire aux éclats ?

Nos imagiers préférés !

Les imagiers sont « ces livres très français, hérités de la collection du Père Castor qui en inventa le principe comme le terme en 1957 » comme le précise Sophie Van der Linden dans un article qu’elle consacre à une des artistes phare du genre, Bernadette Gervais. Ce sont des livres qui s’adressent donc en premier lieu au tout-petit pour lui permettre d’ouvrir une première porte de papier sur le monde qui l’entoure afin d’apprendre à le nommer, pièce par pièce. Mais les imagiers sont de plus en plus le lieu où s’élaborent de véritables visions du monde, sous forme de galerie d’art, dans lesquelles le tout-petit est amené à se promener et à se délecter de belles images toutes plus originales les unes que les autres. Nous vous présentons aujourd’hui nos préférés !

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Les éditions Thierry Magnier sont, pour Colette, les reines en matière d’imagiers originaux et dépaysants. Lors de son immersion dans le monde de l’édition, il y a maintenant 20 ans, elle a découvert le magnifique Tout un monde d’Antonin Louchard et Katie Couprie. Le titre a lui seul est une promesse incroyable ! On y découvre au fil des pages des photos, des gravures, des peintures, des collages qui représentent au fil des techniques des visages amis, des situations quotidiennes. Sans qu’aucun mot ne les accompagne. L’enfant en prend donc plein les yeux à travers ce petit bijou au format carré qui se lit dans tous les sens. Ou plutôt qui se vit dans tous les sens. En 2018, les éditions Thierry Magnier ont réédité l’album avec un coffret collector dans lequel on trouvera 30 illustrations tirées du livre au format carte à jouer. Une invitation à mettre en image le monde à notre portée.

Tout un monde, Katy Couprie, Antonin Louchard,
Le coffret collector, Thierry Magnier, 2018

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Chez le même éditeur, on pourra découvrir les audacieux imagiers de Véronique Joffre : L’imagier mouillé, L’imagier mouvementé et L’imagier caché. Trois manières de regarder le monde en suivant une ligne, un horizon à travers des illustrations très graphiques, sobres mais malicieuses.

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Lucie est fan du travail de Xavier Deneux. Ses illustrations très rondes sont parfaitement adaptées aux tout-petits. Il propose aussi bien les fameux imagiers à toucher, dont les petites mains sont si friandes, que de curieux imagiers gigognes. Tous aux éditions Milan.
Outre les larges surfaces de matières et des pages cartonnées, l’avantage de Mon grand imagier à toucher est de faire le tour des objets du quotidien. Regroupés par thème (les transports, les animaux) ou par pièce (la cuisine, la salle de bain), l’enfant ne peut que reconnaître les objets qui l’entourent. Classique mais efficace !

Mon grand imagier à toucher, Xavier Deneux, Milan, 2016.

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Plus éloigné du quotidien (encore que) mais aussi plus poétique, l’album Les contraires invite l’enfant à mettre des mots sur des notions plus abstraites telles que « grand », « petit », « vide » ou « plein », etc. Les deux notions contraires sont disposées face à face, l’une présentant un relief qui s’emboite dans le creux de l’autre lorsque l’on tourne la page.

Les contraires, Xavier Deneux, Milan, 2012.

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Liraloin apprécie beaucoup le travail des éditions Phaïdon et cet imagier en particulier. Dans ce gros livre aux pages glacées et cartonnées, l’enfant découvre que les formes qui l’entourent peuvent former des motifs. Ici ce n’est pas banal : motifs écossais, chevrons, damiers… vont se succéder. Ainsi chacun d’entre eux se retrouvent insérer dans un paysage que le tout-petit va reconnaître : le parc, la plage, la ville…

Cet imagier est inventif et tout à fait original. Les scènes représentées sont dessinées façon sérigraphie. Les couleurs acidulées nous transportent dans un univers amusant. Une belle réussite.

Mon premier livre de motifs de Bobby et June George & Boyoun Kim, Phaïdon, 2017

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Blandine adore la diversité et l’originalité qui se cachent derrière le concept de l’imagier, à la fois unique et toujours inattendu, pour toujours plus de découvertes.

Les Objets de mon petit monde. Sandra LE GUEN et Popy MATIGOT. Casterman Jeunesse, janvier 2022

Un petit cartonné et des pages épaisses pour nous présenter en dessins facétieux et en mots emplis de poésie trente objets qui font le quotidien, et le monde, des tout-petits. Des objets communs ou inattendus, des objets jolis ou usuels, des objets usés ou vénérés. Tous ces objets qui l’entourent, le rassurent, lui dessinent des contours, l’encouragent, l’aident à grandir, et lui font vivre mille aventures.

La présentation de Blandine ICI

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Les imagiers peuvent aussi se faire abécédaires. Ici aussi, la singularité et la fantaisie permettent d’explorer et de prolonger le genre.

Mon ABéCéDaire. Céline LAMOUR-CROCHET. Editions Les Minots, 2017

Mon ABéCéDaire allie inventivité, ingéniosité et Art pour nous présenter des mots attendus ou plus exotiques. Tous sont écrits avec trois graphies : majuscule d’imprimerie, script et cursive. Et avec trois couleurs : noir, blanc et gris pour jouer avec les contrastes, les creux et les pleins, pour distinguer les lettres et découvrir le calligramme du mot. C’est beau et ludique !

La chronique de Blandine LA !

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Isabelle Simler a élargi le champ de l’imagier en l’associant au jeu et à la déduction. Avec ses crayons de couleurs aux traits aussi délicats que colorés, elle a eu la merveilleuse idée d’aborder les contes par un angle inédit !

Dans les poches d’Alice, Pinocchio, Cendrillon et les autres… Isabelle SIMLER. Éditions Courtes et Longues, 2015

Qui n’a pas mis, enfant, dans ses poches, mille trouvailles glanées, ramassées ? Ces petits riens accumulés disent beaucoup de nous. C’est ainsi qu’Isabelle Simler a choisi de nous évoquer les contes. Etalés sur la double page, ces trésors présentés en poésie ne demandent qu’à retrouver leur propriétaire ! Si la tâche n’est pas si aisée, le plaisir de la recherche, de l’observation et de la « restitution » rendent cet album extraordinaire !

La chronique de Blandine ICI

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Isabelle a trouvé que dans cet article, il fallait parler du grand imagier des petits, de Ole Könnecke. Un album tendre et complet qui s’est imposé comme un classique du genre grâce à ses multiples qualités. D’abord, le charme de ses graphismes, si pleins de douceur et d’humour. Ensuite, son format cartonné si généreux permettant d’offrir une somme très complète de termes qui ravira les enfants passionnés par les outils ou les instruments de musique – et ceux qui aiment les mots réjouissants comme « excavatrice ». Mais aussi et surtout ces détails et historiettes qui fourmillent et insufflent un supplément de vie.

Le grand imagier des petits, de Ole Könnecke. L’école des loisirs, 2011.

Chronique sur L’île aux trésors

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Le ruban d’Adrien Parlange offre une proposition peut-être plus subjective, certainement singulière parmi la profusion d’imagiers. Cet album se démarque par la classe de ses illustrations stylisées, jaunes sur fond bleu. Mais surtout par ce ruban qui vient prolonger l’image, donner au lecteur la chance de compléter le tableau en disposant cet accessoire de façon à lui donner la forme du ruban d’une ballerine, d’un lacet défait, de la queue d’une souris ou encore d’un éclair d’orage. Ludique et beau !

Le Ruban, d’Adrien Parlange. Albin Michel Jeunesse, 2016.

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Et vous, quels imagiers avez-vous aimé mettre dans les mains de vos tout-petits ?

Quand une maison joue le premier rôle…

Simple cabane, maisonnette aux volets colorés ou manoir hanté, il n’est pas rare que les maisons jouent un rôle de premier plan en littérature jeunesse ! Il y a les histoires où elles offrent un décor qui structure l’intrigue en profondeur, un cadre douillet et rassurant, intrigant ou inquiétant… Certains titres vont jusqu’à insuffler de la vie aux maisons, faisant d’elles un personnage à part entière. Petit tour d’horizon des maisons qui ont marqué les arbronautes dans leurs lectures !

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Les maisons les plus douillettes ! Se sentir chez soi

Ma maison s’ouvre sur un quartier très coloré. Toutes les maisons sont accompagnées d’arbres, d’une voiture entrant dans un garage ou bien circulant sur une petite route de campagne. Des animaux y sont présents et c’est un chat : Jim qui va nous présenter son confortable lieu de vie. A l’intérieur comme à l’extérieur, Jim énumère ce que le jeune lecteur va pouvoir rencontrer. Ici, dans cette petite histoire du quotidien, le jeune lecteur y verra que l’entrée de la maison pour un chat n’est peut-être pas la même que pour un humain. Pièce après pièce, on sent que Jim aime s’approprier les lieux les plus douillets. Les illustrations pleines page, très colorées, sont un condensé d’énergie allant du bleu au violet en passant par le rouge. Une palette qui interpelle et donne aux scènes en gros plan une belle dimension cartoonesque.

Ma maison de Byron Barton – Ecole des loisirs, 2016

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Elles détonnent ! Les maisons pas comme les autres…

Une maison fantastique de Géraldine Elschner & Lucie Vandevelde – l’Elan vert, collection : Pont des Arts – Canopé éditions, 2020

« Mais que se passe-t-il dans la ville ? Notre ville si grande, notre ville si sage, notre ville si grise… » Au loin, une grande cheminée s’est parée de couleurs. Du jaune, du rouge surgissent des façades des murs de briques. Des machines et des ouvriers travaillent laissant apparaître ça et là des spirales de mosaïques, des ruisseaux de pavés de couleurs. Mais qu’est devenu l’arbre si vieux et majestueux soudain caché par ce mur ? Quel est cet étrange homme habillé comme un magicien ? Cet album est un hommage au travail accompli par l’architecte-peintre Hundertwasser entre 1983 et 1985 à Vienne en Autriche. En plus d’être artiste, Hundertwasser était aussi écologiste et favorisait, dans ses maisons et immeubles, la plantation d’arbres sur les toits ou devant les fenêtres. Ses constructions sont toutes en courbes et colorées pour apporter de la luminosité dans les villes ternies par l’urbanisme.

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La lumière allumée. Richard MARNIER et Aude MAUREL. Editions Frimousse, 2015

Dans le quartier de cette ville, toutes les maisons sont identiques. Toutes ouvrent et ferment leurs volets en même temps, les lumières sont allumées et éteintes au même moment, et il ne viendrait à personne l’idée de déroger à cette règle implicite. Jusqu’à la nuit où un habitant laisse sa lumière allumée… C’est le début d’un grand chambardement et d’une belle vague d’anticonformisme puis de liberté. Nos maisons sont une extension de nous et ne sauraient se ressembler, à l’intérieur bien sûr, mais aussi à l’extérieur. Cet album est un hymne à la différence, à l’affirmation de soi et à la liberté, tout en respect et acceptation.

La chronique complète de Blandine ICI.

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Elles bougent ! Les maisons animées

« Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien » Jean de La Fontaine. Cette belle introduction surgit des nuages et s’ouvre sur une vie de quartier où le lecteur découvre des maisons colorées, joyeuses tout comme ses habitants. Dans l’une d’elle, la joie et l’amour se lovent dans le creux de ses bras : « Elle adorait ses habitants. Elle les réconfortait aux premiers jours de la rentrée, les réchauffait quand l’hiver mordait et abritait leur moindre secret au creux de l’été. » Pourtant, un jour, rien ne va plus. Les habitants se disputent et ne prennent plus soin de leur maison. Cette dernière s’inquiète : « Il faut partir, changer d’air lui dirent ses voisines. » Pourquoi pas se mettre au vert ? Et si cette solution était la bonne ? Comment vont réagir les habitants en découvrant leur nouveau lieu de vie ? Ne vont-ils pas recommencer les mêmes erreurs ? Vont-ils prendre conscience du bonheur que leur maison peut apporter ?

Changer d’air de Jeanne Macaigne, Les Fourmis rouges, 2021

La chronique complète de Liraloin ICI

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La maison qui parcourait le monde, de Sophie Anderson, L’école des loisirs, 2020.

La maison de Marinka utilise ses pattes de poulet pour voyager (généralement vers les lieux les plus sinistres et reculés). Si ce nomadisme capricieux est une source d’angoisse dans le livre, il n’est pas sans susciter de rêves en cette période de confinement ! Avec sa grand-mère un peu sorcière, un choucas et des morts pour seule compagnie, Marinka mène une vie pour le moins spéciale. Promise à guider les morts vers leur ultime destination, la jeune fille n’a d’yeux que pour le monde des vivants. Un monde qui lui est strictement interdit. Entre récit initiatique, roman d’aventure et folklore russe, ce livre se démarque par son originalité et ses finitions très soignées.

L’avis complet d’Isabelle

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Regarde par la fenêtre, de Katerina Gorelik, Saltimbanque, 2021.

Ces maisons sont intrigantes avec leurs fenêtres qui permettent de discerner un intérieur cossu, appétissant ou terrifiant. Admettez-le : difficile de résister à l’envie de glisser un regard curieux ! Alors on tourne la page pour découvrir l’envers de la façade… et la réalité se révèle savoureusement loin des apparences. Un album au charme vintage baigné d’une bonne dose d’ironie, à découvrir pour ses clins d’œil aux contes, ses petits détails et son invitation malicieuse à ne pas juger à l’emporte-pièce. 

L’avis complet d’Isabelle

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Recoins, mystères et secrets : les maisons intrigantes

Jeu de piste à Volubilis, de Max Ducos, Sarbacane, 2006.

« Quand j’étais petite, je trouvais ma maison vraiment étrange. Elle ne ressemblait à aucune des maisons que je connaissais. Et quand je demandais à mon père pourquoi elle était si étrange, il me répondait qu’elle n’était pas étrange, qu’elle était moderne, ce qui était très différent. Il me disait également que chaque maison était unique et possédait son secret et que le jour où je découvrirais celui de ma maison, je me mettrais à l’aimer comme ma meilleure amie. »Intrigant, non ? On se prend immédiatement au jeu d’une chasse au trésor captivante tout en appréciant la beauté et la singularité des lieux, inspirés par l’architecture moderne ! Max Ducos nous parle aussi de la filiation et du processus d’appropriation de sa maison – et, au-delà, de sa famille…

L’avis complet d’Isabelle

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La maison aux 36 clés. Nadine DEBERTOLIS. Magnard Jeunesse, 2020

Pendant leurs vacances, Dimitri et Tessa vont aider leur mère à vider et nettoyer la maison du grand-oncle Eustache, décédé un an plus tôt. Quelle n’est pas leur surprise lorsqu’ils découvrent que toutes les pièces sont fermées à clés et que celles du trousseau, pourtant bien garni, ne les ouvre pas toutes. Les voilà donc lancés dans une chasse aux clés et aux secrets et d’Histoire. La maison aux 36 clés est un roman aussi trépidant qu’émouvant sur la transmission, l’entraide et la famille.

La chronique de Blandine ICI

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D’Or et d’Oreillers de Flore Vesco, L’école des loisirs, 2021.

D’Or et d’Oreillers est une réécriture de La Princesse au petit pois, mais pas seulement. En plus de multiplier les références aux contes traditionnels, Flore Vesco donne un rôle prédominant au château de Lord Handerson. Celui-ci cherche une épouse, et a imaginé des épreuves pour le moins inhabituelles pour départager ses prétendantes.
On ne pourra pas en dire plus pour garder le mystère qui enveloppe Blenkinsop Castle, mais le ton décapant et le fort caractère de l’héroïne ont su séduire plusieurs branches du Grand arbre !

Les avis d’Isabelle, Linda, Liraloin et Lucie.

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Souvenirs de Marnie de Joan G. Robinson, Monsieur Toussaint Louverture, 2021

Ça ne vous est jamais arrivé de tomber sur une maison qui déclenche immédiatement un film dans votre esprit ? Une vision, un déjà-vu, une intuition obsédante ou tout simplement un lieu véritablement particulier dont vous auriez su percevoir la singularité ? C’est à peu près ce qui arrive à Anna, jeune orpheline venue panser son mal-être dans le Norfolk. Cette grande villa solitaire sur la grève, immuable face au va-et-vient des marées, n’est décidément pas ordinaire… Joan G. Robinson sait nous intriguer : la villa est-elle hantée ? Anna sombre-t-elle dans la folie ? Un texte à la saveur iodée, troublant, envoutant mais curieusement réconfortant.

L’avis complet d’Isabelle

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Couloirs hantés et autres frissons : Les maisons inquiétantes

Le passage du diable de Anne Fine, L’école des loisirs, 2015.

Dans Le passage du diable (Prix Sorcières du roman adolescent 2015), Anne Fine place deux maisons au cœur d’un secret de famille. Le jeune Daniel Cunningham a passé son enfance reclus, convaincu par sa mère qu’il était gravement malade. Recueilli par un oncle au caractère changeant dont il ne connaissait pas l’existence, il est rapidement dérangé par l’ambiance malsaine de cette demeure victorienne. Et si la clé de l’énigme avait un lien avec la maison de poupée de sa mère, réplique exacte du manoir familial ?

Un roman fantastique pour les amateurs de frissons.

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Coraline de Neil Gaiman, Albin Michel, 2020.

Lors d’un été particulièrement long et ennuyeux, Coraline part en exploration dans sa propre maison. Sa curiosité est attisée par une porte qui ne s’ouvre sur rien d’autre qu’un mur. Mais lorsque finalement la porte s’ouvre sur un couloir, elle y découvre un monde presque identique au sien, un monde qui va pourtant remettre en question sa réalité et lui demander beaucoup de courage pour affronter la mystérieuse créature des lieux. La maison ne joue pas ici le premier rôle dans l’aventure de Coraline mais il n’en a pas moins une place centrale. Il n’y a pas un chapitre qui ne parle pas de la maison : du passage d’une porte à une impression d’être observée en passant par la substance même de la maison qui devient de plus en plus indistincte, tracée d’un trait grossier comme un dessin d’enfant… La maison est partout, elle abrite l’univers entier de Coraline et sert de référence à la créature pour amener la fillette chez elle.

L’avis complet de Linda.

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La-Gueule-du-Loup d’Éric Pessan, L’école des loisirs, 2021.

Cette maison a le parfum vicié des petites comptines tordues, des contes et des histoires à dormir debout qui nous terrifiaient, enfants, au point de ne plus oser jeter un œil sous le lit. Rien que le nom donne le frisson : La-Gueule-du-Loup. Et pourtant, c’est là, dans le logis des grands-parents qu’elle n’a jamais connus, que Jo vient se confiner avec sa mère et son frère. Quelle est la chose malsaine qui cerne les lieux ? Lorsqu’une peluche est retrouvée déchiquetée, il devient clair que ce n’est pas leur imagination qui leur joue des tours… Un roman hypnotique qui se dévore et nous laisse groggy, mais aussi étrangement apaisé.e.

L’avis complet d’Isabelle et sa lecture commune avec Pépita

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Celle qui marche la nuit de Delphine Bertolon, Albim Michel, 2019.

Malo emménage avec sa famille dans une maison digne des romans de Stephen King. Seul à voir les changements qui s’opère chez sa petite sœur, l’adolescent enquête pour comprendre ce qui se passe dans cette maison. Une maison qui semble habitée par une âme torturée… Maison hantée et phénomènes paranormaux font de ce roman un récit glaçant dont l’issu permet à l’auteure de souligner les dangers encourus à vouloir se faire justice seul.

L’avis complet de Linda.

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LA Maison: un lieu, une âme, une mémoire

Blandine pense sincèrement que les lieux ont une âme propre qui gardent en leur aura une trace, une mémoire de nos passages et qui influent sur notre bien-être. Les lieux sont aussi des miroirs, du temps qui passe et de nous, les Hommes.

La Maison. J. Patrick Lewis et Roberto Innocenti. Editions Gallimard Jeunesse, 2010

La Maison se trouve quelque part en Italie. Au fil des saisons, du temps et des siècles, nous la voyons se transformer, être successivement habitée, délaissée, traversée, abîmée, agrandie. Autour d’elle, le paysage évolue également, laissé en friche ou travaillé, cultivé, espace de labeur ou de loisir, par des humains dont les activités influent sur LA Maison. Le propos de cet album est d’autant plus intéressant qu’il nous offre une autre perspective du temps qui passe et de l’Histoire des Hommes, entre activités humaines et modes diverses. Il est magnifiquement illustré par les dessins foisonnants de vie et de détails de Roberto Innocenti.

La chronique complète de Blandine ICI.

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La maison. Paco ROCA. Editions Delcourt, 2016

Vicente, José et Carla reviennent dans la maison de leur père, décédé il y a un an, dans l’idée de la vider pour pouvoir la vendre. Peu à peu, la fratrie s’ouvre et échange sur leur vie passée et actuelle, sur leurs sentiments et ressentiments, sur les souvenirs liés à cette maison, bâtie au fil des ans par les mains de leur père, des aménagements plus ou moins réussis qu’il a apportés, et sur son décès. Cette BD au format à l’italienne a un fort pouvoir évocateur, à la fois dans sa banalité comme son intimité, et elle nous touche au cœur.

L’avis complet de Blandine ICI

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Au cinéma aussi les maisons sont vivantes !

Et pour prolonger le plaisir de parcourir d’autres demeures incroyables, on vous invite à vous laisser hypnotiser par l’étrange demeure du sorcier Hauru dans Le Château ambulant de Myasaki, dont le scenario est assez impossible à résumer.

Le Château ambulant, Hayao Miyasaki, 2005

Et pourquoi ne pas suivre également Mirabel dans les couloirs de la maison enchantée de la famille Madrigal dans le dernier film des studios Disney justement intitulé Encanto, la fantastique famille Madrigal ?

Encanto, la fantastique famille Madrgal, de Byron Howard, Jared Bush et Charise Castro Smith, 2021.

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Et vous, est-ce qu’il y a des maisons qui vous ont particulièrement marqué.e.s lors de vos lectures ?

L’art dans tous ses états : les fictions !

Après vous avoir proposé une sélection pour faire découvrir et partager les délices de l’art à travers des livres documentaires, cette semaine place aux fictions !

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Léon et son crayon, Barney Saltzberg, Seuil Jeunesse, 2013.

Léon est passionné dessin. Et c’est cette fabuleuse passion, fabuleuse au sens étymologique du terme, au sens d’inventer des histoires, que nous donne à voir cet album avec beaucoup d’ingéniosité.

L’avis de Colette ICI.

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Scribble et Ink, Ethan Long, Hélium, 2012.

Scribble et Ink ne sont jamais d’accord, ils n’ont pas la même vision de l’art. L’un peint, l’autre dessine et ils ont des styles très différents. Jusqu’au jour où leur vient une idée géniale comme seul.e.s les artistes peuvent en avoir !

L’avis de Colette ICI.

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Max et son art, de David Wiesner, Circonflexe, 2011.

Arthur, peintre accompli, espérait bien mettre à profit sa journée pour créer un chef d’œuvre, mais c’était compter sans l’envahissant Max qui insiste pour peindre. La séance prend vite un tour surprenant, mais jouissif : on en aurait presque envie d’en mettre partout à notre tour ! Le comique de situation est servi par de splendides illustrations truffées de détails hilarants. La morale de l’histoire, s’il y en a une, est décomplexante : folie, maladresse et imagination débridée peuvent parfois nourrir les créations les plus inattendues !

L’avis d’Isabelle ICI.

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Un bleu si bleu de Jean-François Dumont, Flammarion Jeunesse Père Castor, 2006.

Comme l’indique son titre, Un bleu si bleu est la quête d’un petit garçon à la recherche du bleu profond et lumineux dont il a rêvé. Cet enfant passionné de dessin et de peinture va quitter sa ville grise et partir pour un long voyage dont certaines étapes font directement référence à des tableaux.
Un album très touchant.

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Le secret de Zara, de Fred Bernard et Benjamin Flao (Delcourt, 2018)

Pas évident pour les parents de Zara de canaliser la fougue créative de leur artiste en herbe. Sous le trait de Benjamin Flao, elle prend vie et nous entraîne dans un tourbillon créatif aussi réjouissant que débordant ! Les personnages sont profondément humains, drôles et attendrissants. Les illustrations sont de toute beauté et font la part belle à l’imagination débridée de Zara. Elles regorgent de détails et de références. On referme ce livre avec l’envie de vivre nos rêves… et de créer.

L’avis d’Isabelle ICI

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Vladimir et Clémence, Cécile Henneroles, Sandrine Bonini, Grasset Jeunesse, 2015.

Vladimir et Clémence est un joli roman illustré qui nous invite à suivre les méandres du cœur d’un photographe débutant, Vladimir, amoureux d’une chimère que seul son art pourra faire exister. Délicat et poétique à souhait !

L’avis de Colette ICI.

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Les tableaux de l’ombre de Jean Dytar, Delcourt-Louvre éditions, 2019.

Les éditions Delcourt et Louvre éditions s’associent ponctuellement pour publier des bandes dessinées inspirées d’œuvres exposées au musée du Louvre. C’est le cas notamment pour Les tableaux de l’ombre qui avait fait l’objet d’une lecture commune. Jean Dytar donne vie aux cinq personnages de l’Allégorie des cinq sens, mais aussi à des tableaux beaucoup plus célèbres. C’est justement l’un des sujets de cette bande dessinée : le besoin de ces œuvres d’être vues.

Les avis de Colette et de Lucie.

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L’ange disparu, de Max Ducos (Sarbacane, 2008)

Tout est génial dans ces pages : le suspense insufflé à une visite de musée qui s’annonçait pourtant barbante, le plaisir de mener l’enquête dans les galeries, les détails dont on ne se lasse pas avec moult clins d’œil à des toiles bien connues – il fallait tout le talent de Max Ducos pour atteindre un tel art du détournement. Quelle perspective étourdissante sur ces œuvres ! Elle ne manque pas de sel, surtout, vous l’imaginez, quand on glisse vers l’art abstrait… C’est captivant, poétique et très ludique. On rêverait de déambuler dans ce musée et de trouver LA toile où sauter à pieds joints. L’album le montre avec force, nul besoin d’être le premier de la classe pour savourer l’art, il peut suffire de lâcher la bride de son imagination !

L’avis d’Isabelle ICI

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Frida de Sébastien PEREZ, texte & Benjamin LACOMBE, illustrations, Albin Michel, 2016

Liraloin a décidé de vous parler de cet album après la lecture du roman de Claire Berest Rien n’est noir paru chez Stock en 2019. Frida est envahie par le noir, la morbidité et le sang bien malgré elle. Au fond de son âme, Frida est colorée, aimée, amoureuse. D’ailleurs les couleurs de Benjamin Lacombe traduisent bien les tableaux et les tenues mexicaines flamboyantes de Kahlo. La tristesse se fait sentir à travers le texte poétique de Sébastien Perez , une poésie résonnant de gravité.

« Je ne connais pas de maison plus triste que la mienne ». Cette maison dont parle Frida Kahlo, c’est son corps, ses vertèbres brisées, cet abdomen transpercé. Toute sa vie, la douleur accompagnera Frida, elle peindra ses blessures, la perte de l’amour mais surtout un manque : celui ne ne pas pouvoir enfanter. « L’écorce se fend et la sève ruisselle jusqu’à la Terre. La vie n’est qu’un recommencement. »

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L’homme qui marche de Géraldine Elschner et Antoine Guilloppé, L’élan vert pont des arts, 2018.

La collection Pont des Arts se propose d’aborder l’art par la fiction.
Dans cet album, Géraldine Elschner et Antoine Guilloppé ont choisi de conter l’histoire de deux sculptures de Giacometti : L’homme qui marche et Le chien en les liant au sort des migrants. Sombre et fort.

L’avis de Lucie, et pour découvrir la collection Pont des Arts, c’est ICI.

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Azul, d’Antonio da Silva (Le Rouergue, 2021)

Le nouveau roman d’Antonio da Silva nous entraîne dans des tableaux, grâce au pouvoir très spécial de Miguel. Un pouvoir exaltant : imaginez un peu entrer dans une toile de van Gogh pour mieux goûter la voute étoilée, ou contempler les Nymphéas de Monet sans filtre ! Mais le petit jeu pourrait avoir des conséquences redoutables vu la manie irrépressible qu’a le jeune homme d’apporter de légères « retouches » au passage… Un roman qui se démarque en mêlant fantastique, art et suspense.

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Troll de Troy tome 23, « Art Brut » de Christophe Arleston et Jean-Louis Mourier, Soleil, 2018.

La bande dessinée se prête extrêmement bien à l’exploration d’œuvres. Même Arleston et Mourier se sont amusés à détourner des chefs d’œuvres dans le 23ème tome de leur série Trolls de Troy intitulée Art Brut. Si l’histoire n’est pas exempte de clichés et d’humour gras, les « perspectives picturales » en fin de volume sont très réussies.

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Et vous ? Avez-vous croisé l’art au fil de vos lectures ? Ou y-a-t-il des lectures qui ont déclenché un goût de l’art chez vous ou vos enfants ?

L’art dans tous ses états : les documentaires !

Suite à leur lecture commune des Tableaux de l’ombre en juin dernier, Colette et Lucie ont proposé aux arbronautes de mettre en avant leurs coups de cœur sur l’art. Et grâce à leur enthousiasme, ce ne sont pas une mais deux sélections que nous vous proposons ! Cette semaine, les documentaires et les ouvrages de non-fiction sont à l’honneur, et la semaine prochaine ce seront les fictions dans lesquelles l’art tient un rôle particulier.

Parce que l’art, tout comme la culture, nous est essentiel !

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Olalar, éditions Faton, uniquement sur abonnement

Le magasine Olalar propose aux enfants de 4 à 7 ans de découvrir chaque mois un artiste, un courant artistique, une thématique. Le contenu est à la fois adapté et de qualité pour une première approche ludique.

Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

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Couleur Renoir, Marie Sellier, RMN.

Un livre cartonné à manipuler pour découvrir les couleurs à travers l’œuvre de Renoir : voilà la très belle idée de La Réunion des Musées Nationaux avec ce bel objet qui ravira les tout-petits.

L’avis de Colette ICI.

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Mes 10 premiers tableaux de Marie Sellier, Nathan, 2011.

C’est à une approche très ludique que Marie Sellier invite les petits lecteurs. Il s’agit d’observer les détails d’une œuvre à travers des découpes, aiguillés par une question. En tournant le cache, l’enfant découvre l’œuvre dans son ensemble, accompagné par une courte présentation poétique.

L’avis de Lucie ICI.

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Mon premier livre d’art : le Sommeil de Shana Gozansky, Phaïdon, 2019

Autres titres à découvrir dans la même collection : l’Amour, le Bonheur, l’Amitié.

Petite histoire du soir, une plongée dans l’art : ce livre tout cartonné est un voyage dans les œuvres de nos chers artistes. A offrir : « Fais de beaux rêves, de la part de : » ou simplement à lire tout en cheminant à travers le bienfait du sommeil. « Tout le monde dort » et pour illustrer les étapes du sommeil, le texte va plus loin en apportant des informations sur la peinture choisie. A la fois reposant et éducatif, ce petit documentaire se partage dans un moment calme et propice à la découverte de l’art.

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Du bruit dans l’art, Andy Guérif et Edouard Manceau, éditions Palette.

Voilà un livre qui nous invite à un voyage sonore à travers des œuvres de tous les styles, de toutes les époques. Idéal pour faire découvrir l’art aux tout-petits mais c’est aussi un régal pour les plus grands. Car l’art a cette faculté incroyable de nous emporter dans cet au-delà où les étiquettes, les classes d’âge, les catégories n’ont plus leur place !

L’avis de Colette ICI.

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DADA, la première revue d’art, au numéro ou abonnement.

La revue artistique DADA propose une initiation à l’art en famille, dès 6 ans. Chaque mois, un artiste ou un courant artistique est mis en avant de façon ludique et accessible à tous. L’originalité de cette revue tient dans le fait que toutes les formes d’art cohabitent : de la peinture à la sculpture en passant par la photographie, le cinéma ou encore l’architecture, DADA se veut une ouverture totale à l’art.

Plus d’informations sur leur site internet, sur lequel on retrouve d’autres propositions artistiques.

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L’art du bout des doigts, des tableaux, des histoires, Annick de Giry, Seuil Jeunesse, 2016.

Dans cet album carré, nous sommes invités à parcourir de célèbres œuvres du bout des doigts pour faire surgir au fil des pages, au fil des formes chaque élément qui les composent. C’est interactif, c’est innovant, c’est magique !

L’avis de Colette ICI.

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L’art en bazar, de Ursus Wehrli, Milan Jeunesse, 2013.

Les adeptes du ménage et de l’ordre vous le diront : ranger, c’est tout un art ! Mais en matière d’art, justement, l’ordre n’est pas la priorité. Ce registre de création ne peut-il pas être défini précisément en opposition à la rationalité, à la fonctionnalité et aux formes d’activités séquencées et réplicables ? N’est-il pas un lieu par excellence de questionnement subversif, voire de contestation des ordres établis ? Ursus Wehrli interroge ce qui constitue une œuvre d’art en prenant nos convictions à contre-pied, avec un projet aussi provocateur que réjouissant : l’artiste entreprend en effet de « mettre de l’ordre » dans d’illustres tableaux ! Qu’il s’agisse de toiles de la Renaissance, de peintures expressionnistes ou d’art abstrait, rien ne lui résiste ! Tel un maniaque du rangement, il procède avec méthode et une approche systématique redoutablement efficace. L’entreprise a beau sembler absurde, on ne peut qu’admirer la méticulosité du travail réalisé et la beauté surprenante du résultat. Un album fascinant permettant de découvrir ou de revisiter des œuvres incontournables !

L’avis d’Isabelle

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Le musée des émotions. 40 chefs-d’oeuvre livrent leurs secrets, d’Elsa Whyte, La Martinière Jeunesse, 2020.

Le musée des émotions est un gros coup de cœur des branches du grand arbre (il figure dans la sélection des trois documentaires actuellement soumis au vote pour le Prix ALODGA). Ce bel objet-livre déploie une galerie d’œuvres associées chacune à une émotion. Parmi les incontournables, comme La Joconde, le Cri de Munch ou Guernica de Picasso, Elsa Whyte glisse des peintures, des sculptures et des photographies moins célèbres. Ces œuvres esquissent une palette d’émotions aux quarante nuances, montrant ce que tristesse, chagrin, colère, sérénité, déception, honte, souffrance, etc. font aux corps. Le classement par ordre chronologique nous entraîne dans un voyage dans le temps fascinant car il donne à voir comment les émotions et leur expression, que l’on pourrait croire universelles, changent au fil des siècles. Le texte interroge chaque scène et tend à éveiller la sensibilité artistique des jeunes lecteurs, en leur faisant prendre conscience que chaque œuvre renferme une histoire. Beau et captivant !

Les avis d’Isabelle, de Linda et de Lucie

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Comment parler d’art aux enfants de Françoise Barbe-Gall, Adam Biro, 2008.

Parce que même si on aime visiter des musées, nous n’avons pas toujours les connaissances permettant de répondre aux questions de nos enfants, Françoise Barbe-Gall propose des conseils pratiques par tranche d’âge (5-7 ans, 8-10 ans et 11-13 ans), des pistes de réponses pour certaines questions ou remarques (« Quelle est la différence entre un commanditaire et un mécène ? », « Faut-il qu’un peintre soit mort pour être célèbre ? », « C’est mal fait, mal dessiné », « Qu’est-ce qu’un tableau abstrait ? », etc.) et, évidemment, les éléments-clés pour expliquer 31 tableaux. Pour aller plus loin, l’auteur a décliné son concept avec un second tome puis des ouvrages thématiques par époque (Comment parler de l’art du XXème siècle aux enfants) ou par thème (Comment parler de l’art et du sacré aux enfants).

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La ruée vers l’art, de Clémence Simon, Arola (revue Dada), 2019.

Le street art appartient sans doute aux mouvements artistiques contemporains les plus dynamiques. La ruée vers l’art nous permet de découvrir près d’une vingtaine d’œuvres de street-artistes de renommée, qui ont toutes en commun de détourner des peintures ultra-célèbres. Chacune est présentée par une grande photo s’étendant sur une double page, assortie d’un rabat proposant une description, quelques pistes d’interprétation et des informations sur l’œuvre d’art détournée : un choc stimulant entre chefs-d’œuvre ayant marqué l’histoire et street art. Choc également entre art et objets du quotidien, comme ce seau ménager qui, déversé, déverse une vague qui ressemble à s’y méprendre à celle de Hokusai. On s’amuse en découvrant ces œuvres, d’en reconnaître d’autres parmi les tableaux détournés dont certains, comme la Joconde, sont célébrissimes. On admire les prouesses techniques des artistes : les photos montrent bien comment ils jouent sur les échelles. Le texte éclaire le contexte de création autour de questions artistiques, sociales et politiques passionnantes. Voilà une façon très ludique de découvrir en famille l’histoire et l’actualité de l’art !

L’avis d’Isabelle

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Le code de l’art d’Andy Guérif – Palette…, 2013

Tous ces panneaux sur la route que l’on soit automobiliste ou piéton font partie de notre vie quotidienne et nous n’y prêtons guère plus attention sauf en cas de besoin bien évidemment ! De cette signalisation Andy Guérif a trouvé des références dans l’art pour s’y amuser. Tout a coup, ce qui a de plus abstrait devient vivant et matière à discussion un peu comme la première de couverture réalisée avec un hologramme.

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Et vous, quel documentaire vous a apporté une nouvelle vision de l’art ?