Quand une maison joue le premier rôle…

Simple cabane, maisonnette aux volets colorés ou manoir hanté, il n’est pas rare que les maisons jouent un rôle de premier plan en littérature jeunesse ! Il y a les histoires où elles offrent un décor qui structure l’intrigue en profondeur, un cadre douillet et rassurant, intrigant ou inquiétant… Certains titres vont jusqu’à insuffler de la vie aux maisons, faisant d’elles un personnage à part entière. Petit tour d’horizon des maisons qui ont marqué les arbronautes dans leurs lectures !

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Les maisons les plus douillettes ! Se sentir chez soi

Ma maison s’ouvre sur un quartier très coloré. Toutes les maisons sont accompagnées d’arbres, d’une voiture entrant dans un garage ou bien circulant sur une petite route de campagne. Des animaux y sont présents et c’est un chat : Jim qui va nous présenter son confortable lieu de vie. A l’intérieur comme à l’extérieur, Jim énumère ce que le jeune lecteur va pouvoir rencontrer. Ici, dans cette petite histoire du quotidien, le jeune lecteur y verra que l’entrée de la maison pour un chat n’est peut-être pas la même que pour un humain. Pièce après pièce, on sent que Jim aime s’approprier les lieux les plus douillets. Les illustrations pleines page, très colorées, sont un condensé d’énergie allant du bleu au violet en passant par le rouge. Une palette qui interpelle et donne aux scènes en gros plan une belle dimension cartoonesque.

Ma maison de Byron Barton – Ecole des loisirs, 2016

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Elles détonnent ! Les maisons pas comme les autres…

Une maison fantastique de Géraldine Elschner & Lucie Vandevelde – l’Elan vert, collection : Pont des Arts – Canopé éditions, 2020

« Mais que se passe-t-il dans la ville ? Notre ville si grande, notre ville si sage, notre ville si grise… » Au loin, une grande cheminée s’est parée de couleurs. Du jaune, du rouge surgissent des façades des murs de briques. Des machines et des ouvriers travaillent laissant apparaître ça et là des spirales de mosaïques, des ruisseaux de pavés de couleurs. Mais qu’est devenu l’arbre si vieux et majestueux soudain caché par ce mur ? Quel est cet étrange homme habillé comme un magicien ? Cet album est un hommage au travail accompli par l’architecte-peintre Hundertwasser entre 1983 et 1985 à Vienne en Autriche. En plus d’être artiste, Hundertwasser était aussi écologiste et favorisait, dans ses maisons et immeubles, la plantation d’arbres sur les toits ou devant les fenêtres. Ses constructions sont toutes en courbes et colorées pour apporter de la luminosité dans les villes ternies par l’urbanisme.

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La lumière allumée. Richard MARNIER et Aude MAUREL. Editions Frimousse, 2015

Dans le quartier de cette ville, toutes les maisons sont identiques. Toutes ouvrent et ferment leurs volets en même temps, les lumières sont allumées et éteintes au même moment, et il ne viendrait à personne l’idée de déroger à cette règle implicite. Jusqu’à la nuit où un habitant laisse sa lumière allumée… C’est le début d’un grand chambardement et d’une belle vague d’anticonformisme puis de liberté. Nos maisons sont une extension de nous et ne sauraient se ressembler, à l’intérieur bien sûr, mais aussi à l’extérieur. Cet album est un hymne à la différence, à l’affirmation de soi et à la liberté, tout en respect et acceptation.

La chronique complète de Blandine ICI.

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Elles bougent ! Les maisons animées

« Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien » Jean de La Fontaine. Cette belle introduction surgit des nuages et s’ouvre sur une vie de quartier où le lecteur découvre des maisons colorées, joyeuses tout comme ses habitants. Dans l’une d’elle, la joie et l’amour se lovent dans le creux de ses bras : « Elle adorait ses habitants. Elle les réconfortait aux premiers jours de la rentrée, les réchauffait quand l’hiver mordait et abritait leur moindre secret au creux de l’été. » Pourtant, un jour, rien ne va plus. Les habitants se disputent et ne prennent plus soin de leur maison. Cette dernière s’inquiète : « Il faut partir, changer d’air lui dirent ses voisines. » Pourquoi pas se mettre au vert ? Et si cette solution était la bonne ? Comment vont réagir les habitants en découvrant leur nouveau lieu de vie ? Ne vont-ils pas recommencer les mêmes erreurs ? Vont-ils prendre conscience du bonheur que leur maison peut apporter ?

Changer d’air de Jeanne Macaigne, Les Fourmis rouges, 2021

La chronique complète de Liraloin ICI

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La maison qui parcourait le monde, de Sophie Anderson, L’école des loisirs, 2020.

La maison de Marinka utilise ses pattes de poulet pour voyager (généralement vers les lieux les plus sinistres et reculés). Si ce nomadisme capricieux est une source d’angoisse dans le livre, il n’est pas sans susciter de rêves en cette période de confinement ! Avec sa grand-mère un peu sorcière, un choucas et des morts pour seule compagnie, Marinka mène une vie pour le moins spéciale. Promise à guider les morts vers leur ultime destination, la jeune fille n’a d’yeux que pour le monde des vivants. Un monde qui lui est strictement interdit. Entre récit initiatique, roman d’aventure et folklore russe, ce livre se démarque par son originalité et ses finitions très soignées.

L’avis complet d’Isabelle

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Regarde par la fenêtre, de Katerina Gorelik, Saltimbanque, 2021.

Ces maisons sont intrigantes avec leurs fenêtres qui permettent de discerner un intérieur cossu, appétissant ou terrifiant. Admettez-le : difficile de résister à l’envie de glisser un regard curieux ! Alors on tourne la page pour découvrir l’envers de la façade… et la réalité se révèle savoureusement loin des apparences. Un album au charme vintage baigné d’une bonne dose d’ironie, à découvrir pour ses clins d’œil aux contes, ses petits détails et son invitation malicieuse à ne pas juger à l’emporte-pièce. 

L’avis complet d’Isabelle

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Recoins, mystères et secrets : les maisons intrigantes

Jeu de piste à Volubilis, de Max Ducos, Sarbacane, 2006.

« Quand j’étais petite, je trouvais ma maison vraiment étrange. Elle ne ressemblait à aucune des maisons que je connaissais. Et quand je demandais à mon père pourquoi elle était si étrange, il me répondait qu’elle n’était pas étrange, qu’elle était moderne, ce qui était très différent. Il me disait également que chaque maison était unique et possédait son secret et que le jour où je découvrirais celui de ma maison, je me mettrais à l’aimer comme ma meilleure amie. »Intrigant, non ? On se prend immédiatement au jeu d’une chasse au trésor captivante tout en appréciant la beauté et la singularité des lieux, inspirés par l’architecture moderne ! Max Ducos nous parle aussi de la filiation et du processus d’appropriation de sa maison – et, au-delà, de sa famille…

L’avis complet d’Isabelle

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La maison aux 36 clés. Nadine DEBERTOLIS. Magnard Jeunesse, 2020

Pendant leurs vacances, Dimitri et Tessa vont aider leur mère à vider et nettoyer la maison du grand-oncle Eustache, décédé un an plus tôt. Quelle n’est pas leur surprise lorsqu’ils découvrent que toutes les pièces sont fermées à clés et que celles du trousseau, pourtant bien garni, ne les ouvre pas toutes. Les voilà donc lancés dans une chasse aux clés et aux secrets et d’Histoire. La maison aux 36 clés est un roman aussi trépidant qu’émouvant sur la transmission, l’entraide et la famille.

La chronique de Blandine ICI

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D’Or et d’Oreillers de Flore Vesco, L’école des loisirs, 2021.

D’Or et d’Oreillers est une réécriture de La Princesse au petit pois, mais pas seulement. En plus de multiplier les références aux contes traditionnels, Flore Vesco donne un rôle prédominant au château de Lord Handerson. Celui-ci cherche une épouse, et a imaginé des épreuves pour le moins inhabituelles pour départager ses prétendantes.
On ne pourra pas en dire plus pour garder le mystère qui enveloppe Blenkinsop Castle, mais le ton décapant et le fort caractère de l’héroïne ont su séduire plusieurs branches du Grand arbre !

Les avis d’Isabelle, Linda, Liraloin et Lucie.

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Souvenirs de Marnie de Joan G. Robinson, Monsieur Toussaint Louverture, 2021

Ça ne vous est jamais arrivé de tomber sur une maison qui déclenche immédiatement un film dans votre esprit ? Une vision, un déjà-vu, une intuition obsédante ou tout simplement un lieu véritablement particulier dont vous auriez su percevoir la singularité ? C’est à peu près ce qui arrive à Anna, jeune orpheline venue panser son mal-être dans le Norfolk. Cette grande villa solitaire sur la grève, immuable face au va-et-vient des marées, n’est décidément pas ordinaire… Joan G. Robinson sait nous intriguer : la villa est-elle hantée ? Anna sombre-t-elle dans la folie ? Un texte à la saveur iodée, troublant, envoutant mais curieusement réconfortant.

L’avis complet d’Isabelle

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Couloirs hantés et autres frissons : Les maisons inquiétantes

Le passage du diable de Anne Fine, L’école des loisirs, 2015.

Dans Le passage du diable (Prix Sorcières du roman adolescent 2015), Anne Fine place deux maisons au cœur d’un secret de famille. Le jeune Daniel Cunningham a passé son enfance reclus, convaincu par sa mère qu’il était gravement malade. Recueilli par un oncle au caractère changeant dont il ne connaissait pas l’existence, il est rapidement dérangé par l’ambiance malsaine de cette demeure victorienne. Et si la clé de l’énigme avait un lien avec la maison de poupée de sa mère, réplique exacte du manoir familial ?

Un roman fantastique pour les amateurs de frissons.

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Coraline de Neil Gaiman, Albin Michel, 2020.

Lors d’un été particulièrement long et ennuyeux, Coraline part en exploration dans sa propre maison. Sa curiosité est attisée par une porte qui ne s’ouvre sur rien d’autre qu’un mur. Mais lorsque finalement la porte s’ouvre sur un couloir, elle y découvre un monde presque identique au sien, un monde qui va pourtant remettre en question sa réalité et lui demander beaucoup de courage pour affronter la mystérieuse créature des lieux. La maison ne joue pas ici le premier rôle dans l’aventure de Coraline mais il n’en a pas moins une place centrale. Il n’y a pas un chapitre qui ne parle pas de la maison : du passage d’une porte à une impression d’être observée en passant par la substance même de la maison qui devient de plus en plus indistincte, tracée d’un trait grossier comme un dessin d’enfant… La maison est partout, elle abrite l’univers entier de Coraline et sert de référence à la créature pour amener la fillette chez elle.

L’avis complet de Linda.

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La-Gueule-du-Loup d’Éric Pessan, L’école des loisirs, 2021.

Cette maison a le parfum vicié des petites comptines tordues, des contes et des histoires à dormir debout qui nous terrifiaient, enfants, au point de ne plus oser jeter un œil sous le lit. Rien que le nom donne le frisson : La-Gueule-du-Loup. Et pourtant, c’est là, dans le logis des grands-parents qu’elle n’a jamais connus, que Jo vient se confiner avec sa mère et son frère. Quelle est la chose malsaine qui cerne les lieux ? Lorsqu’une peluche est retrouvée déchiquetée, il devient clair que ce n’est pas leur imagination qui leur joue des tours… Un roman hypnotique qui se dévore et nous laisse groggy, mais aussi étrangement apaisé.e.

L’avis complet d’Isabelle et sa lecture commune avec Pépita

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Celle qui marche la nuit de Delphine Bertolon, Albim Michel, 2019.

Malo emménage avec sa famille dans une maison digne des romans de Stephen King. Seul à voir les changements qui s’opère chez sa petite sœur, l’adolescent enquête pour comprendre ce qui se passe dans cette maison. Une maison qui semble habitée par une âme torturée… Maison hantée et phénomènes paranormaux font de ce roman un récit glaçant dont l’issu permet à l’auteure de souligner les dangers encourus à vouloir se faire justice seul.

L’avis complet de Linda.

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LA Maison: un lieu, une âme, une mémoire

Blandine pense sincèrement que les lieux ont une âme propre qui gardent en leur aura une trace, une mémoire de nos passages et qui influent sur notre bien-être. Les lieux sont aussi des miroirs, du temps qui passe et de nous, les Hommes.

La Maison. J. Patrick Lewis et Roberto Innocenti. Editions Gallimard Jeunesse, 2010

La Maison se trouve quelque part en Italie. Au fil des saisons, du temps et des siècles, nous la voyons se transformer, être successivement habitée, délaissée, traversée, abîmée, agrandie. Autour d’elle, le paysage évolue également, laissé en friche ou travaillé, cultivé, espace de labeur ou de loisir, par des humains dont les activités influent sur LA Maison. Le propos de cet album est d’autant plus intéressant qu’il nous offre une autre perspective du temps qui passe et de l’Histoire des Hommes, entre activités humaines et modes diverses. Il est magnifiquement illustré par les dessins foisonnants de vie et de détails de Roberto Innocenti.

La chronique complète de Blandine ICI.

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La maison. Paco ROCA. Editions Delcourt, 2016

Vicente, José et Carla reviennent dans la maison de leur père, décédé il y a un an, dans l’idée de la vider pour pouvoir la vendre. Peu à peu, la fratrie s’ouvre et échange sur leur vie passée et actuelle, sur leurs sentiments et ressentiments, sur les souvenirs liés à cette maison, bâtie au fil des ans par les mains de leur père, des aménagements plus ou moins réussis qu’il a apportés, et sur son décès. Cette BD au format à l’italienne a un fort pouvoir évocateur, à la fois dans sa banalité comme son intimité, et elle nous touche au cœur.

L’avis complet de Blandine ICI

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Au cinéma aussi les maisons sont vivantes !

Et pour prolonger le plaisir de parcourir d’autres demeures incroyables, on vous invite à vous laisser hypnotiser par l’étrange demeure du sorcier Hauru dans Le Château ambulant de Myasaki, dont le scenario est assez impossible à résumer.

Le Château ambulant, Hayao Miyasaki, 2005

Et pourquoi ne pas suivre également Mirabel dans les couloirs de la maison enchantée de la famille Madrigal dans le dernier film des studios Disney justement intitulé Encanto, la fantastique famille Madrigal ?

Encanto, la fantastique famille Madrgal, de Byron Howard, Jared Bush et Charise Castro Smith, 2021.

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Et vous, est-ce qu’il y a des maisons qui vous ont particulièrement marqué.e.s lors de vos lectures ?

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