Notre auteure essentielle : Joanna Concejo

Joanna Concejo est une autrice-illustratrice qui a publié presque une vingtaine d’albums. Si parfois elle laisse « les commandes » à d’autres auteur.e.s tels que Sébastien Joanniez, Olga Tokarczuk ou encore Laetitia Bourget, son travail d’illustration se remarque par son trait de crayon floral et les reproductions de photographies qui illuminent les écrits.

Voici donc les œuvres que nous avons aimés, présentées selon le goût de chacune : sous la forme de lettre, de poème, de récit-souvenir ou d’un abécédaire .

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Blandine a choisi Sénégal

Sénégal. Arthur SCRIABIN et Joanna CONCEJO. L’Atelier du Poisson Soluble, 2020

Souvenir d’une neige unique et improbable au Sénégal
Enfance qui sent et ressent sans avoir encore les mots
Nostalgie sans tristesse de la mère au chant larmoyant
Eparpillement et entremêlement des réminiscences
Galerie d’objets et d’émotions qui recomposent le passé, fait de photographies, fleurs séchées, anecdotes et symboles
Aux dessins de crayons de couleurs au charme délicatement suranné se joignent la poésie et la sensibilité des mots
L‘envoûtement de cet album se fait aussi poignant que saisissant

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Liraloin a choisi M comme la mer.

M comme la mer de Joanna Concejo, Format, 2020

M comme la Mer où comment assister au spectacle d’une danse entre un enfant et l’infini bleuté.

C’est au loin sur la plage que je l’ai aperçu la première fois, immobile comme s’il attendait une réponse de l’océan. La mer était scintillante si belle dans cette tenue, on aurait dit que des milliers d’écailles tentaient de recouvrir sa surface.

L’enfant, lui, tout à coup s’est mis à bouger, à shooter dans le sable, à courir puis s’est arrêté pour ramasser des coquillages et autres merveilles. De loin je l’ai observé jouant avec le sable et tous les petits cailloux granuleux. Je l’ai vu parler à la mer, le vent a emporté ses paroles. Mer confidente, à jamais tu emportes d’importants et mystérieux mots.

En revenant à moi, une fois rentrée, j’ai ouvert cette boîte à photos qui trainait depuis des lustres sur ma table de chevet : mes fils étaient de nouveau enfants, petits. J’ai joué longtemps avec les coquillages en repensant à ces instants à jamais figés, en repensant à cet enfant que moi-même j’avais été.

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Linda a choisi Une âme égarée.

Une âme égarée de Olga Tokarczuk, illustré par Joanna Concejo, Format, 2018.

A trop COURIR, l’homme a tendance à passer à côté de l’essentiel,
Et finit dans l’OUBLI de sa propre identité.
Il lui suffit pourtant de prendre le TEMPS,
Pour que son ÂME, depuis longtemps distancée, ne lui revienne.

Invitation à RALENTIR, Une âme égarée est un album à deux voix,
Dont celle des ILLUSTRATIONS de Joanna Concejo offre
Le plaisir de SE POSER pour un plaisir contemplatif,
Qui laisse la porte grande ouverte au retour des SOUVENIRS.

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Lucie a choisi le conte d’Andersen Les cygnes sauvages

Les cygnes sauvages de Hans Christian Andersen, illustré par Joanna Concejo, Notari Editions, 2011.

Chère Elisa,

Quelle triste histoire que la tienne ! Séparée de tes frères à cause de ton affreuse belle-mère, qui non contente de t’envoyer loin du château de ton père t’a enlaidie au point qu’il ne t’a plus reconnue… Heureusement, dans ses illustrations, Joanna Concejo a su t’entourer de diverses plantes pour adoucir ton malheur. Mais même ces plantes ont été utilisées contre toi, puisque pour sauver tes frères te voilà obligée de tisser des tuniques d’orties pour chacun de tes onze frères. Et en silence encore ! Courage et abnégation seront tes maitres mots pour parvenir au bout de ta tâche, ce qui force mon admiration. Tu auras bien mérité la fin heureuse que t’a réservé Hans Christian Andersen, dans la plus pure tradition du conte de fée. Auras-tu toi aussi beaucoup d’enfants ? Le veux-tu ?

Je te souhaite une longue et belle vie entourée de ceux que tu aimes, Lucie.

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Colette a choisi Entrez !

entrez !, Sébastien Joanniez, Joanna Concejo, Rouergue, 2010.

Chère Joanna,

J’aime bien laisser entrer dans mon cœur les petits dessins au crayon à papier, presque invisibles que vous avez glissés ici ou là entre les pages,

les petites additions, les phylactères, les nuages gris de pluie, le petit cheval en cavale.

J’aime bien laisser entrer les papillons rouges qui remplissent les tasses du goûter sur l’herbe, que votre narrateur, son père et sa mère improvisent dans le jardin. Non loin du cerisier.

J’aime bien le vent dans les jupes de la maman, la chemise à fleurs du papa, le pied nu du petit garçon.

J’aime bien vos dessins, Joanna. Ce sont autant de miettes de plaisirs minuscules, des miettes d’amour, des miettes de poésie dont on fourre nos poches pour les semer sur les chemins qu’il nous reste à parcourir.

J’aime bien le petit univers qui pousse sous vos crayons, qu’ils soient gris ou de couleur. Un univers comme un millefeuille à déguster tout doucement, lors des goûters sur l’herbe qu’on va s’inventer dès que la pluie aura cesser. Quand on ouvrira les grilles du jardin et qu’à la cantonade, on criera : « Entrez ! »

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Pour aller plus loin

  • à propos de sa façon de travailler et de tout ce qui l’inspire, c’est ici

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Et vous, quel album de Joanna Concejo préférez-vous ?

Notre auteure essentielle : Flore Vesco

Vous le savez, cela fait longtemps que nous sommes conquises par la plume de Flore Vesco. Et pour compléter l’interview qu’elle nous a accordée en mai 2021, nous avions très envie de consacrer un billet à son œuvre. Car oui, Flore Vesco est l’une de nos auteures essentielles. La preuve : nous avons lu la totalité de ses romans !

Voici donc les œuvres que nous avons aimées, présentées selon le goût de chacune : sous la forme de lettres, d’une liste de dix raisons, d’un ordre de mission ou d’un journal intime.

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Le choix d’Isabelle

De Cape et de Mots, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2015.

Chère Séraphine Marie-Geneviève Alexandrina de Notre-Dame Chancies du Jousselinier Senestre les Castiche de l’Auberivière sié l’Ostel de la Colline,

Vous m’avez accordé, chère Comtesse, la grâce de demander des nouvelles de notre province pourtant distante de plus de trois siècles. Nul doute que beaucoup des mœurs d’aujourd’hui vous siéraient : les dames portent à leur fantaisie leurs cheveux courts ou des pantalons (égayés ou non de printintailles), les filles rêvent volontiers d’étudier les matières scientifiques ou d’écrire des romans – les bibliothèques débordent d’ailleurs de titres mirifiques qui vous remuent délicieusement les méninges.

Il faut que je vous annonce que le roi est mort, nous nous en sommes débarrassés il y a quelques temps déjà. Cela dit, vous ne seriez pas dépaysée de découvrir que notre souverain habite toujours un palais coquet comme une esperlune. Les cérémonies, la distribution de bons-mots et de blâmes, la présidence des conseils des ministres et la promulgation des décisions à coups de 49.3 l’embesognent considérablement, et puis il y a les rues à traverser pour trouver un emploi aux incapables, le « pognon de dingue » les espèces sonnantes et trébuchantes à trouver pour financer la subsistance des autres… Heureusement, il ne laisse pas de s’entourer de toute une cour dont chacun des membres pourraient rivaliser de talent avec la grande demoiselle. Notre ministre de l’intérieur, par exemple, n’est pas un attrape-bernet et n’hésite pas à se retrousser les manches lorsqu’il s’agit de veiller à ce que nos jeunes lecteurs ne lisent pas de pages trop affriolantes !

N’allez tout de même pas imaginer que tout est brillant comme une lifrejole. Sans relations, parures ni maîtrise des codes des courtisans, aujourd’hui comme hier, vous avez toutes les chances de rester une personne de bas aloi. Votre parcours n’en est que plus réjouissant et invite à cultiver dès le plus jeune âge son sens de la répartie et de la justice sociale. N’auriez-vous pas de fortune envie de venir visiter le palais de l’Elysée ? Je ne doute point que vous y déchagrineriez l’ambiance.

Vous agréez que je fasse mes très humbles baisemains à Messire Léon, aux robustes lavandières ainsi qu’à tous les cubistétères de la cour.

Votre très humble et dévouée lectrice,

Isabelle

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Le choix de Colette

Louis Pasteur contre les Loups-Garous, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2016.

Chère Constance,

Je vous écris depuis l’an 2023 soit près de 181 ans après votre première rencontre avec Louis. Rappelez-vous c’était une nuit de septembre, vous veniez de faire votre rentrée comme préfète à l’Institution Royale Saint-Louis. Côté filles bien entendu. Une belle responsabilité qui convenait parfaitement à votre esprit solidaire et déterminé. Vous avez tout de suite apprécié, j’en suis certaine, ce jeune homme aux épaules charpentées et au regard franc dont l’entrée brutale dans votre vie fut aussitôt auréolée de mystère. Je tenais à vous écrire pour vous témoigner toute mon admiration car le mystère, vous n’avez pas eu peur de l’affronter, de le provoquer, pour mieux le déchiffrer. Et vous l’avez fait en dépassant les préjugés et les codes établis et en restant intègre à vous-même quelque que soient les obstacles qui se sont dressés devant vous.
Chère Constance, j’aimerais savoir ce que vous êtes devenue : avez-vous couru les concours d’escrime ? Obtenu un doctorat en cryptozoologie ? Découvert d’improbables vaccins dont personne n’a soupçonné l’existence puisque destinés à d’étranges créatures velues ? Et surtout, surtout, ma chère Constance, qu’en est-il la de la Société Super Secrète des Savants et Sciences Surnaturelles ? Nous sommes tellement à vouloir en savoir plus sur les aventures que vous avez pu vivre avec Louis et sans doute de nombreux autres compagnons et nombreuses autres compagnes. Pensez-vous que de là où vous êtes – Enfers, Tartare ou Paradis – vous pourriez nous conter l’histoire de votre vie ? Si vous ne vous sentez pas l’âme d’une écrivaine – oui, oui, on dit écrivaine aujourd’hui ! – n’hésitez pas à contacter Flore Vesco, c’est une autrice contemporaine à l’incroyable talent dont la plume sera sans aucun doute à la hauteur de votre intrépidité.

A la science et à vous,

Colette.

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Le choix de Blandine

Gustave Eiffel et les âmes de fer, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2018.

S.S.S.S.S.S – Ordre de Mission
Gustave Eiffel

• But : Localisation du phénix
• Où : Manufacture de métallurgie Aldinni & Cie à Levallois-Perret
• Couverture : Contre-maître
• Comment : Amélioration des conditions de travail des manœuvres et augmentation de la productivité grâce aux récents progrès industriels
• Alliés : Alfred Nobel et Constance
• Contact : L’Ordinal
• Danger : le feu
• Moyens : Humour technique, aventure métallique et atmosphère steampunk
• Supérieur : Louis Pasteur

Rédigé et accepté à Paris en 1855

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Le Choix de Liraloin

226 Bébés, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2019.

Pour Liraloin il y a pas mal de raison d’aimer ce roman, dix points pour vous donner envie de lire ce titre c’est déjà pas mal !

  1. Pour les 126 mots différents qui désignent les bébés. Au lecteur de reconnaître les inventions et ceux qui existent parmi les petitout, angelot, minouchet, poulbot, mouflet, touchatous, katpatts, couroucouches, miochons…moultes petits sobriquets pour nommer les bébés les plus adorables de la terre.
  2. Pour ces titres de chapitres aux jeux de mots autour du bébé (embêbété, rebébelle, bébérézina, béberceuse…), simplement et tellement gouteux !
  3. Pour Bert, notre jeune homme de 76 ans qui arrive à discerner les 226 bébés et ainsi reconnaître leur petit caractère : je vous présente Claude1, Claude2, Claude3….Claude226 !
  4. Pour ce long et grand voyage que Bert va entreprendre aux pays des contes (et ainsi au passage, tenter de refiler ces 226 adorables bébés).
  5. Pour les qualités de la superbe « machine-bébé » et toutes les adorables attentions que ces derniers peuvent mettre en branle pour surprendre un éventuel ennemi. Il paraît que pour le bébé « les études montrent qu’avec ses poings, un nouveau-né exerce une force cinétique d’au moins 400 atmosphères, soit une pression supérieure à celle qu’exerce la mâchoire d’un crocodile quand elle se referme sur sa proie ».
  6. Pour la lutte entre ceux qui se font la guerre « pour ou contre les raisins secs dans le taboulé », oui il y a de quoi s’énerver ! et pour le petit clin d’œil en fin d’ouvrage sur les « guerres imbébéciles »
  7. Pour les remerciements de l’autrice en direction de son jeune lectorat. Des classes qui ont participé à la folle aventure du Feuilleton des Incorruptibles.
  8. Pour les illustrations de Stéphane Nicolet. Vraiment chapeau car mettre en image autant de bébés relève de l’exploit !
  9. Pour l’humour tant aimé de Flore Vesco !
  10. Car lire des titres de cette autrice est une entrée en littérature de jeunesse des plus appréciable.

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Le choix de Lucie

D’Or et d’Oreillers, Flore Vesco, L’école des Loisirs, 2021.

Extrait du journal intime de Mrs Watkins

Quel remue-ménage a suivi la visite de Mrs Barrett ce matin ! Bien sûr, elle a fait quantité de chichis avant de nous annoncer la nouvelle qu’elle était venue porter, mais quelle nouvelle ! Le jeune Lord Handerson est de retour dans la région, il cherche une épouse et dispose d’une rente de plus de 80 000 livres sterling. Quelle aubaine pour Margaret, Maria et May ! Quand je pense que nous nous serions contentés d’un mariage avec un homme à 20 000 livres… Heureusement que l’occasion ne s’est pas présentée !
Mrs Barrett qui soit dit en passant avait envoyé sa fille au château, seule et sous la pluie. Je me suis bien sûr empressée de la raccompagner chez elle pour laisser la place qui leur revient à mes filles. Cela m’a obligée à les laisser sans chaperon chez Lord Handerson. Mais avec 80 000 livres en jeu, certains principes méritent d’être oubliés. Quand j’y pense… La région ne parlera que de ce mariage pendant des années !
Heureusement que j’avais pris soin d’emmener Sadima pour les aider à se présenter sous leurs meilleurs atours. Jolie, cette Sadima. Un peu trop. Et un fort caractère. J’aurais peut-être dû conseiller aux filles de la confiner dans une chambre…

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Et vous, quel roman de Flore Vesco préférez-vous ?
Que pensez-vous de cette nouvelle rubrique ?

Notre autrice essentielle : Annelise Heurtier

En cette rentrée, nous vous proposons une nouvelle rubrique : nos auteur.e.s essentiel.le.s !
L’idée est de vous y présenter sous des formes variées les œuvres d’un.e auteur.e à l’univers fort, dont nous aimons toutes les œuvres.

Comme c’est en interviewant Annelise Heurtier en avril dernier qu’est née cette envie, il nous a paru logique de commencer par ses romans. Voici donc les œuvres qui nous ont le plus touchées, présentées sous forme de lettre à un personnage, d’abécédaire ou d’une interview.

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Le choix de Colette

Combien de terre faut-il à un homme ? Annelise Heurtier, Raphaël Urwiller, d’après Tolstoï, Editions Thierry Magnier, 2014.

2 août 2023

Cher Pacôme,

je vous écris depuis le XXIe siècle où votre histoire résonne encore et toujours. TRAGIQUEMENT. Combien de terre faut-il à un homme ? A l’heure où l’humanité a épuisé les ressources renouvelables en un an de la planète, nous pourrions même transformer la question en mettant une majuscule au mot Terre.

Cher Pacôme, vous chez qui j’ai senti l’amour de la terre, celle qui nourrit, qui fleurit, qui enveloppe, qui soutient, pourquoi n’avoir pas su vous réjouir de votre « petit champ balayé par les vents » , de l’odeur du bortsch qui flotte dans l’isba où se réunit toute votre famille à l’heure du déjeuner ? Je vous pose cette question, Pacôme, mais je ne vous blâme pas. Moi aussi, souvent je suis animée de l’irrépressible besoin de posséder. Il faut dire qu’encore plus qu’à votre époque, toute la société dans laquelle je vis m’y encourage. Mais j’ai une bonne nouvelle cependant, mon cher Pacôme, il me semble que des hommes et des femmes, ici ou là, chantent désormais un nouveau refrain, un refrain qui loue la sobriété, l’humilité et la gratitude. Un refrain sans doute semblable aux chants des Bachkirs dont je nous souhaite d’entendre les joyeuses leçons, celles que nous n’avez pas reconnues mais qui grâce à votre histoire parviennent à nos oreilles aujourd’hui. Je nous souhaite comme eux de nous retrouver au son des balalaïkas, des kalimbas et autres târs pour célébrer nos jardins, nos forêts, nos déserts et tous nos « petits champs balayés par les vents ». De là où vous êtes, mon cher Pacôme, j’espère que vous entendrez ce chant.

Colette, collectionneuse de papillons et de jolies histoires.

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Le choix de Lucie

La fille d’avril, Annelise Heurtier, Casterman, 2018.

Bonjour Izia ! Peux-tu nous expliquer ton rôle dans La fille d’avril ?
Je n’apparais que très peu ! Je suis un peu le catalyseur, l’excuse qui permet à ma grand-mère de raconter sa jeunesse.

Qu’as-tu découvert ?
Tout ! J’adore ma grand-mère, mais je n’avais jamais pris le temps de l’interroger sur sa vie. A travers son histoire j’ai beaucoup appris sur notre famille, son parcours, mais aussi sur la condition des femmes dans les années 60.

Quelles informations t’ont le plus marquée ?
Ce n’est peut-être pas l’essentiel, mais j’ai trouvé que les détails concrets étaient particulièrement signifiants. Le fait qu’il n’existait pas de baskets pour les femmes, l’harnachement nécessaire pour les règles, l’interdiction de porter des pantalons, et cette méconnaissance de la physiologie féminine ! Je savais que cela avait existé mais je n’imaginais pas que ma grand-mère l’avait vécu !

Pour finir, cette discussion a-t-elle changé ton regard sur ta grand-mère ?
A l’amour que je lui porte s’est ajouté une immense admiration pour sa force et sa ténacité. Qu’elle ait partagé son histoire et ses rêves nous a rendu encore plus complices qu’avant. J’adore ça !

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Le choix d’Isabelle

Sweet Sixteen, Annelise Heurtier, Casterman, 2013

Chère Molly,

Nous vivons dans des époques et des pays différents mais nous partageons les mêmes rêves : des rêves d’égalité, d’une éducation digne de ce nom.

Hier comme aujourd’hui, cela ne coule pas de source, même quand on a la loi de son côté. Tu en as fait l’amère expérience en 1957, suite à la décision de la cour suprême américaine de mettre fin à la ségrégation dans les écoles publiques américaines. Forte de tes espoirs et confiante en tes capacités, avec huit autres élèves noirs, tu t’es inscrite au lycée le plus prestigieux de Little Rock jusque-là réservé aux Blancs. Réalisais-tu le pas que cela représentait, le courage immense qu’il vous faudrait face à l’hostilité des 2500 autres élèves et à la violence des réactions qui embrasèrent toute la ville, obligeant le président Eisenhower à vous faire protéger par l’armée ? Nulle vexation, humiliation ou intimidation ne vous aura été épargnée. Je n’ose imaginer à quel point cette année, qui devait être celle de tes Sweet Sixteen, a été dure. Personne, et surtout aucun enfant, ne devrait avoir à traverser de telles épreuves. Je voudrais pouvoir les effacer mais je n’en ai pas le pouvoir.

Ce que je peux faire, c’est te dire que cela n’aura pas été en vain. Tu as écrit une page importante de l’histoire des droits civiques. En t’exposant en première ligne, tu es devenue une pionnière de la conquête de nouveaux droits au respect et à l’éducation. Tu as contribué à repousser l’horizon des possibles pour des milliers de personnes. J’ai été bouleversée par la volonté sans faille que toi et les autres avez opposée à la foule forcenée. Alors certes, les mentalités n’évoluent que lentement et difficilement. Mais les Little Rock Nine et toi avez prouvé que pas à pas, les luttes émancipatrices peuvent faire bouger les lignes.

Pour ton courage et ta contribution à une société plus égalitaire, merci !

Isabelle

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Le choix de Liraloin

Des sauvages et des hommes, Annelise Heurtier, Casterman, 2022

HOMME

H :  je t’ai vu, au début je n’ai pas osé te regarder, tu es un homme si différent. J’étais certainement impressionné par cet accoutrement tellement loin de ce que je connais car je vis ici et toi là-bas mais quelque chose en moi me pousse à vouloir te connaître.

O : c’est un peu comme cette cage, cet enfermement qui nous rapproche, il n’y a pas de début ni de fin, juste un trait qui se rejoint. Toi, ici, loin de chez toi, moi, ici, chez moi mais en aucune façon libre de choisir ma voie et mon destin.

: comme cette mer que tu as traversé pour venir dans ce lieu d’espoir, d’avenir pour ta famille restée au pays. Une famille qui attend beaucoup de toi, c’est un poids sur les épaules que je ressens également. Héritage infernal, vie toute tracée…

M : comme le mensonge, à toi l’espoir vite brisé par cette gigantesque mascarade. A moi cette honte qui m’envahit en pensant à ce que des hommes peuvent créer et imaginer pour s’enrichir, n’hésitant pas à anéantir ses propres semblables.

: Egalité :  voilà ce que j’écris depuis ce matin, car aujourd’hui ma décision est prise et j’irais là où personne ne m’attend, j’irais contre tous quitte à être chassé, banni et rejeté. Je suis prêt !

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Le choix de Blandine

Le carnet rouge. Annelise HEURTIER. Casterman romans, 2011

Lycénne de 16 ans, Marie
Emotions d’adolescence et d’identité

Chercher à connaître malgré les silences de sa mère
Alex, l’ami précieux
Révélations par les pages d’un carnet confié
Népal, pays des origines
Enfant-Déesse Kumari
Traditions hindouistes et bouddhistes

Relations mères-filles à apaiser
Ouvrir, communiquer, grandir, s’émanciper
Un roman aux thématiques entremêlées
Grande sensibilité d’écriture
Et avoir envie d’en découvrir davantage

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Et vous, quel roman d’Annelise Heurtier préférez-vous ? Que pensez-vous de cette nouvelle rubrique ?