Billet d’été : Le voyage intérieur.

Après un beau périple en Amazonie par Lucie, voici une autre forme de voyage…

Pour Liraloin le voyage signifie aussi prendre le temps de faire une pause dans le quotidien et de s’installer un petit moment dans une bulle d’été, une introspection nécessaire et essentielle. Quoi de plus émouvant que d’entreprendre un voyage pour retrouver un souvenir, un apaisement solitaire ou un amour et de vivre l’instant présent.

Voyager dans le souvenir : ici et demain

La perte d’un proche, le temps d’un voyage dans un appartement, retrouver la trace des moments passés avec cette personne et faire son deuil à travers les souvenirs.

Quand Hadda reviendra-t-elle ? de Anne Herbauts, Casterman – 2021

Son avis complet ici

***
Le temps se suspend quelques instants dans l’écriture de Thomas Vinau. On se prend à observer et revivre ces émotions vives et vécues lors d’une journée peu importe à quelle saison.

Pizza 4 saisons de Thomas Vinau, illustration de Anne Brouillard – Thierry Magnier, 2022

Avis complet ici

******

Voyager en soi : Apprendre à se faire confiance, se connaître et s’accepter

Chaque personne vivant avec son mal-être en parle d’une même et seule voix troublée. Les illustrations accompagnent pour frapper encore plus fort. Elles dissèquent l’émotion compulsive, la peur, l’anxiété comme pour approfondir les dires.

Journaux troublés de Sébastien Perez, illustration de Marco Mazzoni – Soleil : Métamorphose, 2020

Avis complet ici

***

Submergée dans les flots d’une langue qu’elle ne connaît pas, cette jeune femme s’interroge sur ses capacités à comprendre. L’espace d’un instant, il suffit d’observer son monde, se donner de la force et du courage pour s’améliorer.

Je connais peu de mots de Elisa Sartori – CotCotCot éditions, 2021

Avis complet ici

***

Une délicatesse rare où se mêle l’apprentissage de la vie à travers l’amitié que l’on éprouve pour soi et pour les autres. Alors même si tout semble emmêlé comme les végétaux dans une chevelure, viendra le moment où l’envol se fera un jour ou l’autre.

Mon amie la chenille de Marion Janin – l’Atelier du Poisson Soluble, 2021

******

Le voyage amoureux : partager un amour à travers le temps

Cet album est une ode à la découverte de la féminité et de l’amour. De manière subtile et poétique Davide Cali nous livre l’histoire d’une jeune femme découvrant son corps, le désir et le sens du mot Amour. Les illustrations de Monica Barengo sont d’une finesse d’où émane une douceur sensuelle et grave par moment. Un album délicat et pur.

Pollen une histoire d’amour de Davide Cali, illustration de Monica Barengo – Passepartout, 2013

Avis complet ici

***

Gaya Wisniewski nous livre une histoire d’amour pur et sensible entre deux êtres que tout oppose et qui finalement ne font plus qu’un. Les illustrations toutes de nuances noires et grises sont habilement rehaussées d’un filet bleuté. Ce bleu qui évoque l’hiver et la présence éternelle de l’amour entre ces deux-là.

Mon bison de Gaya Wisniewski – Mémo, 2018

Avis complet ici

******

Voyager et rêver : profiter du moment présent, s’émerveiller

Voyager dans les contes et rêver à des désirs secrets. Être en osmose avec la nature et profiter de l’instant présent. D’aventure en aventure ne pas avoir peur du voyage. Profitons de cette poésie voyageuse où il faut sans cesse se réinventer.

Je t’emmène en voyage de Carl Norac, illustré par 40 illustrateurs – A Pas de Loup, 2019

Avis complet ici

***

Une vie de nostalgie où les retrouvailles dans cette maison de famille nous donne une respiration bien particulière. Le temps de s’arrêter, de s’émerveiller, d’apprendre à lacer ses chaussures, de trouver et perdre pour ensuite retrouver et reperdre sa casquette. Une plongée qui fait un bien fou loin de tout, de toute connexion.

Le plus bel été de Delphine Perret – Les Fourmis rouges, 2021

Avis complet ici

« La route chante
Quand je m’en vais
Je fais trois pas
La route se tait
 » (extrait de La Marée Haute de Lhasa)

******

Lundi prochain Linda sera votre commandante de bord pour une excursion en train. Soyez prêt(e)s pour un embarquement immédiat !

Billet d’été : A la découverte de l’Amazonie

Cette année, les arbronautes ont envie de vous emmener en voyage !

Les séjours en littératures ont le grand avantage d’être peu couteux, tant économiquement qu’écologiquement. Cela nous laisse donc la possibilité de vous proposer des destinations lointaines, voire même imaginaires.

*

C’est Lucie qui inaugure le carnet de voyage du Grand arbre en vous proposant quelques livres pour partir à la découverte de l’Amazonie.

L’Amazonie, pour l’Etat brésilien, c’est le bassin versant de l’Amazone. Soit une immense région de 6,1 millions de km² qui renferme 40% des forêts tropicales de la planète, tout en incluant d’autres écosystèmes : en amont, la haute montagne où pas un arbre ne pousse ; près des cours d’eau, de vastes prairies inondables ; le long de l’Atlantique, une impénétrable mangrove, et au sud, les vastes savanes arborés du Cerrado, déjà en grande partie transformées en culture de soja.

L’Amazone, Fleuve de la biodiversité de Marie Lescroart, illustrations de Catherine Cordasco, Editions du Ricochet, 2021.

Pour mieux connaître la région et ses spécificités, l’idéal est de commencer par la lecture d’un documentaire. L’Amazone, Fleuve de la biodiversité de Marie Lescroart a le mérite d’aborder tous les aspects du fleuves, que ce soit son histoire, sa géographie, la faune, la flore, mais aussi les traditions des peuples qui vivent sur ses rives. Un peu à la manière d’un guide de voyage, une présentation riche qui donne les clés de la régions.

L’Amazone, Fleuve de la biodiversité de Marie Lescroart, illustrations de Catherine Cordasco, Editions du Ricochet, 2021.

Son avis complet ICI.

******

Une fois les éléments concrets découverts, partons pour une aventure trépidante comme sait si bien en écrire Davide Morosinotto ! La fleur perdue du Chaman de K appartient à la trilogie des romans-fleuve dont nous avons déjà parlé lors d’une lecture commune. S’il commence dans les Andes, une grande partie prend place en Amazonie et utilise à plein sa culture et ses mystères.
En plus de nous replonger dans les années 80 et de jouer sur la typographie, l’auteur nous entraine dans une quête passionnante aux côtés de Laila et de El Rato. Un incontournable !

La fleur perdue du chaman de K, Davide Morosinotto, L’école des loisirs, 2021.

Les avis d’Isabelle, de Linda et de Lucie.

******

Avec La sentinelle, Claire Clément choisit de mettre en lumière un fait peu connu des habitants de métropole : en Guyane française, le taux de suicide des collégiens est dramatique. Ses deux héros sont issus d’un village du Haut Maroni, au cœur de la forêt amazonienne. Le collège étant trop éloigné de leur habitation, ils sont forcés de s’installer en ville dans une famille d’accueil le temps de poursuivre leurs études, et ne peuvent rentrer chez eux que lors des vacances. Cette situation, subie, entraine en déracinement et une perte de repères qui influe fortement sur leur moral. Le rôle des sentinelles est de prévenir les situations pouvant mener au drame.

La sentinelle de Claire Clément, illustrations de Alca, Editions du pourquoi pas, 2023.

L’avis complet de Lucie ICI.

La plupart des scientifiques, eux, nomment « Amazonie » la forêt tropicale humide d’Amérique du Sud. Sa superficie […] atteint 7,7 millions de kilomètres carrés, soit la surface de l’Australie !

L’Amazone, Fleuve de la biodiversité de Marie Lescroart, illustrations de Catherine Cordasco, Editions du Ricochet, 2021.

******

Enfin, c’est le mystérieux chamanisme (aussi présent dans La fleur perdue du chaman de K, comme son titre l’indique) qui est au cœur de L’enfant-jaguar d’Anne Sibran. Il faut laisser de côté son esprit rationnel et sa culture occidentale pour apprécier cet album aux illustrations envoutantes. Car, comme c’est la tradition dans sa famille, un enfant de huit ans est laissé un mois seul dans la forêt pour apprendre ses secrets et ses ressources.

L’enfant jaguar de Anne Sibran, illustrations de Benjamin Bachelier, Gallimard Jeunesse, 2022.

L’avis de Lucie.

*

Nous espérons que cette première étape vous a plu. La semaine prochaine, Liraloin vous proposera un voyage intérieur !

Lecture commune : Des zombies dans la prairie

Il y a quelques temps le blog a été sollicité par les éditions Casterman pour recevoir le dernier titre de Chrysostome Gourio Des zombies dans la prairie. Après une lecture enthousiaste et coups de cœur sur le blog, Linda et Liraloin ont décidé d’affronter les marmottes zombies en duo ! Soyez prêt(e)s pour une lecture commune mouvementée !

Des zombies dans la prairie : la comédie qui vous fera voir les marmottes d’un autre oeil ! de Chrysostome Gourio, Casterman, 2023

Liraloin : D’abord, merci d’avoir répondu positivement sur ce partenariat. Qu’est-ce qui t’as attiré dans ce livre ?

Linda : Au moment où la proposition est arrivée nous avions assez peu d’informations sur le livre donc c’était surtout l’envie de découvrir un auteur que je ne connaissais pas. Après quoi j’ai commencé à chercher des informations sur ce titre pour en trouver sur un site anglais (je ne me souviens plus le nom) qui en proposait un résumé et le classait en « comédie horrifique », c’est un genre que j’apprécie beaucoup au cinéma et dont je n’avais jamais entendu parler en format livre. Et toi ? Qu’est-ce qui t’a attirée ? 

Liraloin : Je suis les publications et l’actualité de cet auteur depuis un petit moment en voyant bien que ces romans sont basés sur l’humour et j’aime tellement cela en littérature jeunesse. En plus ton retour de lecture m’a donné envie de le lire !

Linda : C’est intéressant ce que tu dis car je trouve l’exercice d’humour assez délicat en littérature jeunesse. J’ai parfois l’impression que c’est forcé, voir redondant d’un livre sur l’autre. Et si cela convient parfaitement aux enfants, c’est plus difficile pour l’adulte d’y prendre plaisir.

Liraloin : Comment as-tu perçu le titre ? Des zombies dans la prairie : la comédie horrifique qui vous fera voir les marmottes d’un autre œil ! qu’est-ce qu’il t’évoque ?

Linda : Sans aimer l’horreur, j’aime assez les films de zombies à partir du moment où ils proposent un scénario cohérent qui a plus à offrir que des monstres dévoreurs de cervelles. La comédie horrifique a cela de particulier qu’elle tend à utiliser les ressorts de l’horreur ET de la comédie, allégeant le trait et amenant un côté amusant qui n’est pas pour me déplaire. A partir de là, j’entre sur un terrain qui me convient d’avantage car la mission première n’est plus de faire peur. Voilà ce que ce que le titre m’a inspiré. J’ai aussi pensé à différents films du genre comme Bienvenue et Retour à Zombieland, probablement les comédies zombie les plus connues. Il y a aussi Black Sheep dans le même genre et, même si je ne l’ai pas vu, je me souvenais de la bande annonce de ce film impliquant des moutons zombies. Tout ça pour dire que c’est un genre qui me convient bien, entre horreur et comédie.

Linda : Il me semble que tu as peur des zombies, je suis donc curieuse de savoir comment ce titre a pu te tenter. Comment as-tu abordé cette lecture ? 

Liraloin: Oui c’est tout à fait ce que tu dis mais j’aime quand une thématique apocalyptique est traitée de façon humoristique et avec une p’tite touche comédie british en plus ça me va tout à fait. Mon préféré dans le genre est Shaun of the dead ! Effectivement Bienvenue et Retour à Zombieland est très bien aussi.
C’est très particulier, en fait tout ce qui est lié à la fin du monde ou donne une vision apocalyptique comme dans les dystopies me fait flipper à mort car je sais que l’homme est tout à fait capable d’arriver à ces situations extrêmes. Et donc mon cerveau ne se repose pas, d’où le fait de lire ce genre de littérature dans la journée et non le soir, même chose quand il y a trop de violence dans une série ou autre. C’est comme ça que j’ai lu toute la série des comics Walking Dead mais je suis incapable de regarder la série.
Ce titre m’a tenté car lorsque tu as proposé sa lecture à la suite de la tienne tu as répondu à Blandine que c’était tout le contraire, ce livre s’inscrivait dans la comédie et puis j’adore les randonnées en montage et courir après les marmottes.

Shaun of the Dead, 2005. The Walking Dead, Robert Kirkman, Delcourt.

Liraloin : J’aimerais que l’on s’interroge sur la construction de ce roman. Il y a des éléments qui en font une introduction des plus intéressante comme l’incipit, le texte qui met en garde le lecteur et le listing des personnages. Qu’est-ce que tu en as pensé ?

Linda: C’est quelque chose que j’aime beaucoup trouver en début de récit, une sorte de message de l’auteur au lecteur qui annonce un peu ce que nous allons trouver dans son roman. Nous en parlions récemment dans nos échanges autour L’apprenti conteur de Gaël Aymon, cela peut être risqué mais c’est un parti pris intéressant. Par ailleurs, dans le cas précis Des zombies dans la prairie, cela appuie l’effet visuel que l’auteur donne à l’ensemble de son texte. Il l’introduit en nous annonçant ce qu’on va y trouver, nous présente ses personnages, un peu comme une bande-annonce le ferait pour un film, ou tout simplement comme cela se fait dans la publication de pièces de théâtre. Mais avec ses multiples références, sa narration explosive et son « générique de fin », je trouve que Chrysostome Gourio livre un récit très cinématographique !

Liraloin : C’est complétement ça, l’entrée en scène est particulièrement bien soignée et cela jusqu’à la fin comme tu l’évoques précisément. D’ailleurs on peut dire que le récit en lui-même est sur la même veine. On n’en perd pas une miette ! Il est rare de trouver dans un roman un générique en guise de remerciement, cette idée est géniale. Il y a aussi des crédits musicaux avec des noms de groupes et les chansons principalement du métal et des crédits cinématographiques dont l’auteur s’est plus ou moins inspirés. Pour terminer, hop, un dernier paragraphe s’ouvre comme si on préparait le lecteur spectateur à une éventuelle suite…

Linda :  Oui tout à fait ! C’est aussi ça qui fait la richesse de ce récit car finalement, les références sont nombreuses et pour sûr on passe à côté de certaines. Les crédits viennent donc étoffer un peu plus notre curiosité et peuvent aider à mettre des titres oubliés. Par ailleurs, comme je le disais plus haut, ce générique de fin insiste un peu plus sur la forme cinématographique du récit et c’est quelque chose que j’aime beaucoup. La narration est très visuelle et se prête complètement au format cinéma, cette construction ne donne qu’un peu plus d’épaisseur à l’idée… De fait, le dernier paragraphe fait scène post-générique, comme dans les films Marvel, et laisse la porte ouverte à une potentielle suite qui, je l’avoue, me plairait beaucoup ! Mais il permet aussi de rencontrer le grand méchant du roman et la discussion qu’il a avec un autre antagoniste potentiel est juste hallucinante !

Liraloin : Qu’as-tu pensé de cette autre construction entre dialogue et narration ?

Linda : C’est toujours intéressant d’alterner la forme du récit. Déjà car cela permet de changer de point de vue. Ici le narrateur est essentiellement Maximus et les dialogues permettent de laisser la place aux autres personnages de s’exprimer également. Ensuite, cela rend aussi le récit plus vivant et permet une immersion plus importante.

Liraloin : Ce qui m’a beaucoup plu c’est la construction du roman. Outre l’incipit et le prologue cités plus haut, les titres donnés aux chapitres sont très évocateurs de la comédie horrifique et il y a des clins d’œil à des titres de chansons ou de films : « un matin sans fin » « Debout les campeurs !» tiré du formidable film Un jour sans fin ou justement l’héroïne est une marmotte !
Justement parlons des personnages maintenant que le « décors » est planté. Quel est celui que tu as préféré et pourquoi ?

Bill Murray dans Un jour sans fin… lui aussi aime les marmottes !

Linda : Je pense que l’on ne peut que s’attacher au héros, Maximus, puisqu’il est au cœur de récit et que c’est lui qui le fait vivre. Mais il faut bien avouer que ses jumeaux de frères sont assez terribles ! Pour vivre moi-même avec des jumelles, j’y ai retrouvé la connivence et la force de ce lien qui les unis de façon si unique et particulière, ce fonctionnement naturel en binôme, complètement incompréhensible pour nous, singleton. Les deux frangins ont cette facilité à entrer dans la bêtise et à en faire quelque chose d’assez exceptionnel, complètement tiré par les cheveux et tellement énorme, disproportionné que ça en devient encore plus hallucinant !

Liraloin : Comme toi, j’ai beaucoup aimé le personnage de Maximus et cette facilité à donner des surnoms aux membres de sa propre famille ! J’adore sa façon de s’exprimer lorsqu’il s’adresse à son oncle. Il y a toujours un décalage assez marqué dans ce roman ! Je comprends tout à fait ton attachement aux terribles jumeaux !
Quel passage as-tu préféré et pourquoi ?

Linda : Difficile d’en parler s’en dévoiler le livre. Mais globalement ça se situe à la fin du roman, la bataille finale contre les marmottes entre concert punk et chaos horrifique : l’attaque des marmottes, les cris de la foule qui tente de s’enfuir, la petite équipé qui trouve un pouvoir dans une source complètement improbable, le tout en musique puisque le concert ne s’arrête pas pour autant… Ca donne une scène complètement folle et déjantée qui m’a vraiment fait rire. Si l’émotion était différente, j’ai pourtant eu l’impression d’être dans cette scène chaotique de la quatrième saison de Strangers Things durant laquelle Eddie attire l’attention de l’ennemi en jouant « Master of Puppets » de Metallica. Puissant !
Je te retourne la question ?

Liraloin: C’est assez compliqué de faire un choix. Tout comme toi, j’aime cette espèce de cacophonie ambiante dans le passage que tu cites. Malgré tout, j’ai beaucoup aimé le chapitre avec la rencontre Maximus, Julie et la grand-mère de cette dernière. C’est complétement cliché mais dans le bon sens. Tout y est : la vieille chaumière, les ingrédients bizarroïdes dans les bocaux, le nez crochus… puis la voilà qui leur propose une tarte aux myrtilles comme une grand-mère « ordinaire » le ferait. Je me suis bien marrée et puis tout à coup, les propos deviennent sérieux car il ne faut pas oublier que nos héros luttent contre le Mal !

Strangers Things, Saison 4, 2022.

******

Vous l’aurez compris, cette aventure nous a énormément plu alors si vous partez en montagne à la rencontre de ces jolis animaux, n’oubliez pas votre pelle et ce roman…

Nos coups de cœur de juin !

Avant de parcourir le monde et de vous inviter au voyage cet été, voici quelques idées de lectures et pas des moindres ! Place aux coups de cœur de vos dévouées arbronautes !

******

La poésie s’est invitée au chevet de Liraloin pour profiter d’un long moment de quiétude. Poésie de saison, des saisons. Le temps se suspend quelques instants dans l’écriture de Thomas Vinau. On se prend à observer et revivre ces émotions vives et vécues lors d’une journée peu importe à quelle saison. Cette maison et sa forêt, principales témoins des animaux et des personnes qui verront le temps d’installer et s’en aller. Les illustrations d’Anne Brouillard sont consignées comme on dessinerait dans un carnet, celui emporté lors d’interminables promenades à travers la forêt de ces paysages du Nord.

Pizza 4 saisons de Thomas Vinau, illustré par Anne Brouillard – Thierry Magnier, 2022

Retrouvez son avis complet ici

******

Pour Linda la poésie s’est aussi invitée, au cours du blanc chemin des merveilles en compagnie d’une Anne Shirley devenue jeune femme. Dans Anne de Windy Willows, elle est directrice à l’école de Summerside, une bourgade de l’Île-du-Prince-Edouard, et parvient à faire sa place grâce à sa persévérance et sa bonté d’âme qui la pousse à toujours voir le meilleur en chacun. Après lui avoir mené la vie dure, le clan Pringle tout entier tombera sous son charme. Le récit est ponctué d’une correspondance riche d’Anne à Gilbert. Dans le cinquième tome, Anne et sa maison de rêve, la vie a pris un tournant pour le jeune couple qui vient de se marier et est parti s’installer à une centaine de kilomètres des Pignons Verts. Anne est désormais plus sage et plus mature, mais son regard sur le monde reste profondément le même. Elle aborde sa nouvelle vie et les nouvelles rencontres avec la même passion que lorsqu’elle était enfant.

******

Lucie a été séduite par le premier livre jeunesse de l’artiste JR. Véritable hommage au temps qui imprime sa marque sur les visages, Les Rides met aussi en valeur ces anonymes qui sont la mémoire des villes dans lesquelles ils ont passé toute leur vie. Les photos sont magnifiques et le court texte qui les accompagne ne manque pas non plus de poésie.

Les Rides, JR, Phaidon Jeunesse, 2019.

Son avis ICI.

******

L’équipage de L’île aux trésors a adoré les aventures d’Elisabeth, mouflette en quête de ses parents dans le Paris des années 1920. Quelle énergie, quel tempérament et quel flair dans une si petite fille ! On aime la voir se débrouiller et suivre la piste de ses parents. Son enquête la conduit des Beaux-Quartiers à la prison de la Santé en passant par les Halles et le bal de la Bastille. En toile de fond s’esquisse une époque où les bonnes résidaient sous les toits, les jeunes dansaient la java au son de l’orchestre ou du grammophone, les voitures démarraient à la manivelle et… le papier toilette n’existait pas. Ce roman mêle enquête, aventure et poésie, c’est aussi joli que palpitant !

Elisabeth sous les toits, de Vincent Cuvellier, Little Urban, 2023.

L’avis complet d’Isabelle

******

Et en BD, Isabelle et ses moussaillons ont craqué pour l’adaptation très réussie du classique Les Hauts de Hurlevent, par Pierre Alary ! Les éditions Rue de Sèvres ont mis les petits plats dans les grands : format somptueux, dos toilé, beau papier brillant, couleurs chaudes. On retrouve la fresque d’une société corsetée et consanguine, celle de l’État de Georgie des années 1960, et la description des ressorts (assez universels) d’une guerre dont le sens se dérobe. Le format du roman graphique vient augmenter ce récit magnifiquement raconté de décors de plantations, de grandes maisons bourgeoises et de rues. L’obstination un peu immorale de Scarlett O’Hara à vouloir aimer Ashley, promis à une autre, est si outrancière qu’elle en devient presque drôle, voire touchante. La guerre de Sécession se profile, mais la jeune femme n’a ni ferveur patriotique, ni fibre maternelle, ni souci du qu’en-dira-t-on : elle sait ce qu’elle veut. Mais c’est peut-être précisément ce tempérament qui se révélera précieux alors que le monde s’écroule et que les repères moraux et privilèges volent en éclats. Quel souffle : autant en emportent les pages !

Gone with the wind, de Pierre Alary (d’après le roman de Margaret Mitchell), Rue de Sèvres, 2023.

L’avis complet d’Isabelle

******

Une énigme dans ma tirelire. Delphine PESSIN. Thierry Magnier, 2020

Blandine adore la collection « Petite Poche » des éditions Thierry Magnier. Des romans trè courts et percutants avec des thématiques très diverses mais toujours actuelles, pour émouvoir, interpeller, faire réfléchir. Dans ce titre-ci, notre jeune narrateur va enfin pouvoir s’offrir LE jeu vidéo tant attendu et en profiter tout le week-end. Mais quand il ouvre sa tirelier, à la place de son argent, un simple papier plié… et une énigme… qu’il décide de résoudre.

Suspense, humour, références et chute géniale font ce récit qui célèbre les moments qui comptent tout en rappelant combien la présence de ceux qui nous sont chers (famille, amis) n’est pas à « prendre pour argent comptant ».

Sa chronique complète ICI.

******

1492, Christophe Colomb, Vers les Indes par l’ouest… On s’imagine très bien l’aventure à venir! Et bien en fait, pas du tout! Car les auteurs, avec beaucoup d’humour, de réparties bien senties, et de références géniales, nous emmènent dans l’Entremonde avec Ana, la jeune fille de la couverture. L’Entremonde? Oui ce monde qui se trouve après les Grandes Chutes tout au bord de la Terre, car oui, elle est plate! Et là, le scénario prend une autre dimension! Un monde différent et des préoccupations sociales et politiques pourtant pas si éloignées ! Blandine a adoré ce premier tome et attend avec impatience le deuxième à paraître en septembre!

Son avis complet LA!

******

Et vous, quels ont été vos coups de cœur de ce mois de juin ?

De la page à l’écran : La fameuse invasion de la Sicile par les ours !

Publié pour la première fois en 1945, le roman jeunesse de Dino Buzzati ne sera adapté en film d’animation qu’en 2019, après que l’épouse de l’auteur se soit laissée convaincre d’en céder les droits. Franco-italien, le film reprend l’essence du roman et tente de conserver les nombreuses idées graphiques incluses dans le récit illustré par l’auteur.
Linda et Lucie vous livrent leurs échanges autour du livre et de son adaptation par Lorenzo Mattotti.

La fameuse invasion de la Sicile par les ours, Dino Buzzati, Folio junior, 2019 (pour la présente édition).

Linda : Lorsque j’ai vu le film en 2020, j’ignorais qu’il s’agissait d’une adaptation d’un conte de Dino Buzzati. Je me suis donc précipitée sur le livre après avoir adoré le film. 
Par quel format as-tu découvert cette histoire ? T’a-t-elle convaincue de poursuivre rapidement l’aventure en changeant de support ?

Lucie : J’avais retenu le titre (qui est quand même particulier !) parce que tu avais parlé de ton coup de cœur pour le film. Il se trouve que, par hasard, ce conte se trouvait dans le tome des œuvres complètes de Buzzati que j’avais emprunté pour lire le recueil Panique à la Scala que m’avait conseillé un copain. Ça a donc été un emprunt deux-en-un, et comme le film était disponible aussi ce jour-là, j’ai enchaîné les deux.

Linda : C’est vrai que son titre ne passe pas inaperçu. Pourtant le film n’a pas fait grand bruit à sa sortie en salle en octobre 2019. Cela m’avait surprise la première fois que je l’ai vu car, même s’il peine encore à sortir son épingle du jeu, le cinéma d’animation européen a su se créer une véritable identité graphique. 
Comment trouves-tu le film d’un point de vue strictement visuel : dessin des personnages, couleurs, animation…?

Lucie : Je l’ai trouvé très travaillé et très beau. Le graphisme change de ce que l’on a l’habitude de voir, les couleurs sont magnifiques, l’animation est soignée… Bref, c’est une belle représentation du cinéma d’animation européen, qui comme tu l’as dit est plutôt de qualité.
Et toi, qu’en as-tu pensé ? Et comme il n’a a pas eu beaucoup de promo, te souviens-tu comment tu l’as découvert ?

Linda : Mon mari est un grand amateur de films d’animation. Il apprécie tous les genres et cherche toujours à découvrir de nouvelles choses. Il est sensible à la diversité des styles graphiques et quand l’esthétisme est soigné, il n’hésite pas longtemps. C’est donc tout naturellement qu’il est tombé sur celui-ci et nous a proposé de le voir en famille. C’était en avril 2020, durant le confinement, une époque propice aux découvertes puisque nous étions limités dans nos activités.

Affiche du film de Lorenzo Mattotti.

Linda : Le récit se découpe en deux parties, avec une césure de plusieurs années entre les deux. Si la première est plus épique, le seconde a un côté plus politique. Peux-tu nous en dire plus ? Est-ce que cette double temporalité t’a semblée adaptée au format cinéma ?

Lucie : Cette double temporalité est nécessaire du fait de la disparition du fils du roi. Tu expliques parfaitement la différence de ton entre les deux parties, qui se complètent (et forment même une sorte de boucle) mais sont d’un ton très différent.
La première partie est consacrée à l’invasion de la Sicile par les ours au sens propre. Ils ne sont plus satisfaits de leur mode de vie et décident de descendre de leurs montagnes, ce qui va les amener à cohabiter avec les humains après moultes péripéties.
La seconde est justement le résultat de cette cohabitation, l’influence néfaste que notre mode de vie a sur les ours et particulièrement sur leur morale. J’ai nettement préféré cette seconde partie, tant du livre que du film.

Linda : Je te rejoins dans l’idée que l’ensemble forme un tout indissociable, le premier amenant inévitablement au second. Si j’ai aimé l’aspect fantastique de la première partie avec sa magie, ses rencontres improbables, j’ai aussi été plus intéressée par la seconde qui amène une réflexion sur la place de l’homme dans son environnement, son rapport à la nature et aux animaux, mais aussi aux autres humains. Mais on y dénonce aussi les travers de notre société qui offre bien des facilités. C’est un aspect du livre que le film retranscrit parfaitement d’ailleurs.
Le film introduit deux personnages qui n’apparaissent pas dans le livre, un homme et une fillette qui prennent le rôle de narrateur. Ce choix te semble-t-il pertinent ?

Lucie : Ha, la grande question des narrateurs qui enchassent le récit !
Je n’ai pas forcément trouvé leur présence indispensable, mais elle ne m’a pas gênée non plus (contrairement aux écureuils du Gruffalo par exemple, qui me semblent totalement inutiles). Les personnages sont bien caractérisés, ils sont sympas, font un lien avec le spectacle vivant et son artisanat. Mais ils n’apportent pas grand chose à l’histoire selon moi. Et toi, qu’en as-tu pensé ?

Linda : Je pense tout comme toi qu’ils n’apportent rien de plus rien de moins à l’histoire. J’avoue même m’être demandé si l’idée n’était pas aussi de glisser un personnage féminin car il n’y en a pas dans l’histoire… Mais quelque part ça permet aussi de créer du lien avec le spectateur et comme tu le dis, ils font un lien avec le spectacle vivant.
En parlant de personnage féminin, crois-tu qu’il soit indispensable d’en ajouter une ? N’est-ce pas simplement répondre à un courant féministe et une demande du public ?

Lucie : Très clairement l’influence de ce courant féministe sur la littérature et les films m’agace. Mais je ne suis pas certaine qu’il était si présent à ce moment là. Et autant la petite fille du duo de narrateurs n’apporte pas grand chose (tout comme l’homme, nous l’avons dit), autant la jeune complice du prince donne une vision moins négative des humains. Il y en a quand même quelques uns d’à peu près d’aplomb. Parce que le magicien est un figure très ambivalente !

Linda : Ce n’est pas faux mais je me demande si cela répond vraiment à un message que Buzzati souhaitait faire passer ou si c’est quelque chose qu’il faut montrer pour amener un regard moins manichéen. Car finalement dans le roman, les hommes ont tous les vices, alors que les ours sont bons par nature. C’est notre mode de vie qui les pervertit, notre argent. Le professeur De Ambrosiis est certes ambivalent quant à son allégeance mais n’est-ce pas surtout qu’il ne sert que ses propres intérêts ? 

Lucie : Je me faisais exactement la même réflexion. Cela correspond d’ailleurs aux nouvelles de Buzzati que j’ai pu lire. Il y épingle avec beaucoup d’acuité et d’humour les travers humains. Je dirais qu’à ce titre De Ambrosiis est tout à fait représentatif de la vision de l’humanité de Buzzati ! C’est un personnage vraiment intéressant par ses revirements… mais pas le plus aimable.
D’ailleurs, as-tu un personnage préféré ?

Linda : Le professeur De Ambrosiis sait rebondir face aux situations pour obtenir ce qu’il souhaite sans pour autant être dénué d’empathie. On sent qu’il apprécie vraiment les ours et le confort de vie qu’il a gagné à être avec eux. Mais de là à risquer tout perdre…
Autrement je n’ai pas vraiment de personnage préféré, il y a plusieurs ours que je trouve intéressants. J’aime la sagesse du vieil ours Théophile, l’objectivité et la droiture de Tonio et même Léonce est attachant. Il a certes ses faiblesses mais c’est un bon souverain qui veut ce qu’il y a de mieux pour son peuple. 
Et toi ? 

Lucie : Comme toi, je n’ai pas vraiment de préférence. Les personnages ont une caractéristique principale, un peu à la manière des contes, et il est intéressant de les voir collaborer ou se confronter. À ce titre, j’ai d’ailleurs beaucoup aimé la présentation des personnages qui ouvre le livre. Elle m’a vraiment amusée et j’ai regretté qu’elle n’ait pas été utilisée dans le film. 
Y-a-t-il d’autres éléments qui t’ont particulièrement manqués dans l’adaptation ?

Linda : Pas spécialement non. Il y a dans le roman une sorte de complicité tacite qui s’installe dès les premières lignes entre le narrateur et son lecteur, on a vraiment cette impression d’être pris à parti avec des dialogues qui nous sont clairement destinés. Ca aurait pu me manquer peut-être, si j’avais lu avant de voir… La présence de personnages « narrateurs » dans le film vient jouer ce rôle en quelque sorte.

Lucie : L’adaptation est plutôt réussie, elle ne trahit pas le roman original, le graphisme est original et les couleurs très lumineuses nous emmènent directement en Sicile. Excepté ce « doute » sur le duo de narrateurs, qui relève du pinaillage, on peut considérer que c’est une belle adaptation !

Linda : Complètement d’accord avec toi. Je me souviens aussi avoir lu que les ayants-droits de Buzzati ont longtemps refusé toutes adaptations et qu’il a vraiment fallu à l’équipe du film expliquer le projet qu’ils avaient pour que son épouse accepte. Il était essentiel pour elle que les valeurs transmises par son mari soient respectées.

Lucie : La relation père-fils est centrale dans cette histoire. 
Qu’as-tu pensé de la réaction du roi à la disparition de son fils ? Et de la réparation de leur lien au moment où ils se retrouvent ?

Linda : C’est assez surprenant car on sent combien Léonce est inquiet de la perte de son fils, il le cherche pendant un moment mais est finalement tellement honteux de ne pas avoir su protéger son enfant qu’il finit par rentrer chez lui sans vraiment expliquer ce qui s’est passé. Finalement il va se contenter d’attendre qu’on lui propose d’aller chez les hommes pour se remettre à espérer. Leurs retrouvailles sont bouleversantes parce qu’elles sont brutales, mais en même temps la scène permet de montrer combien Léonce aime son fils. Le problème est que l’on découvre rapidement qu’en grandissant parmi les hommes, Tonio a une perception du monde différente de celle de son père dont les œillères définissent une limite erronée entre les hommes et les ours.
Au final, Léonce ne demandera qu’une seule chose à son fils. Qu’as-tu pensé de ce retour à la nature ?

Lucie : Tout d’abord, cette différence de point de vue entre le père et le fils m’a semblée vraiment intéressante. Il est normal que Tonio, ayant grandit parmi les hommes, soit moins choqué par leur comportement. Et dans le même temps, la demande de Léonce est celle d’un bon souverain. Il a entrainé son peuple dans la quête de son fils, a pu constater les dégâts de la cohabitation entre ours et hommes et a l’intelligence de revenir sur sa décision. Pour moi, c’est la preuve qu’il place le bien des ours avant tout. Cela montre bien, comme nous le disions au début de cette discussion, que Buzzati place la nature au-dessus de l’espèce humaine.
Et toi, qu’as-tu pensé de cette fin ?

Linda : Ca semble une fin logique, un retour nécessaire à la nature où finalement l’animal est à sa place. Par extension, l’homme étant un animal, y a sa place également, mais son évolution a fait qu’il ne peut plus y vivre sans éprouver le manque de ce que la civilisation lui apporte. Comme tu le dis, Buzzati place la nature au-dessus de l’espère humaine, cela se ressent dès le début de son récit c’est pourquoi cette fin m’a semblé naturelle.
Merci pour cet échange !

******

Avez-vous lu et/ou vu La fameuse invasion de la Sicile par les ours ? Qu’en avez-vous pensé ?