Billet d’été : partir en bateau

Grâce à nos billets d’été, tout au long des mois de juillet et d’août, vous avez pu voyager vers des horizons livresques variés. Cette semaine, pour clore cette série, je vous propose de prendre le bateau. Mes moussaillons et moi adorons les histoires de navigation. Leurs expéditions à forts enjeux placent toujours le récit sous haute tension tandis que les intrigues d’équipage viennent le pimenter. À l’abordage !

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Jouer au bateau : La Belle équipée de Sophie Vissière (Hélium, 2020)

Quel plaisir de fabriquer, bricoler, bidouiller ce dont on a besoin ! Les enfants n’hésitent jamais à laisser libre-cours à leurs idées. Et leurs créations sont sublimées par la magie de l’imagination : une voile sculptée dans le sable les emmène à l’autre bout du monde, quelques galets sur la plage en font des chasseurs de pierres précieuses, une canne à pêche faite d’une branche et d’un peu de ficelle assure leur subsistance. C’est cet art du jeu que célèbre cet album sur 128 pages. Trois copains punis restent au centre de vacances pendant que les autres partent faire du canoë. Heureusement, nos compères vont allier leurs forces pour organiser une belle équipée. Rassembler le matériel et les outils pour construire leur embarcation, un nécessaire de survie, une boussole et des provisions – et c’est parti !

L’avis complet d’Isabelle

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Expéditions à 2000 mètres sous les mers : Lilly sous la mer de Thomas Lavachery (Pastel, 2021)

Dorures à l’ancienne, format à la verticale, on croit tenir un carnet d’observations datant de l’époque de Jules Verne. Dans le mille : nous voilà embarqués avec la capitaine Bullitt et sa petite famille à bord d’une prodigieuse boule d’acier pour une mission d’exploration des fonds marins les plus abyssaux. Le voyage sera évidemment placé sous le signe de la science, avec force données chiffrées, microscopes, termes en latin et autres schémas délicieusement alambiqués à l’appui. Quel plaisir de déplier (littéralement) la carte et de partir en expédition, de trembler au moment de repousser les frontières de la connaissance ! Avec beaucoup de malice, Thomas Lavachery parodie le genre de la science-fiction et taquine les savants, leurs idées fixes, leurs médailles et les enjeux parfois déconcertants de leurs recherches. Un album original où science, aventure et fantaisie ne semblent faire qu’un.

L’avis complet d’Isabelle

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Rejoindre les Indes par l’Ouest en caravelle : Ana et l’Entremonde, de Marc Dubuisson et Cy (Glénat 2022)

Vous l’aurez compris, cette BD nous ramène en 1492 ! Christophe Colomb s’apprête à larguer les amarres pour une expédition hautement incertaine et peut-être même un peu folle. Restés dans les cales par inadvertance, Ana et Domingo seront du voyage, pour le meilleur… et pour le reste. Entre corvées et farces, intrigues d’équipage et dingueries du Señor Colomb, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Mais attendez de voir la cascade qui se profile à l’horizon ! Ce qui s’annonçait comme un réjouissant récit d’aventure dans la plus pure tradition stevensionienne bascule dans une fantaisie colorée, surréaliste et TRÈS intrigante. Vertigineux !

L’avis complet d’Isabelle

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Voyage au bout du monde avec une gorille : Sally Jones de Jakob Wegelius (Thierry Magnier, 2016)

Entre enquête policière, roman historique et récit animalier, ce roman transcende les genres et captive ses lecteurs jeunes et moins jeunes ! L’intrigue se noue autour du chef des machines Henry Koskela, injustement accusé de meurtre et emprisonné. Pour l’innocenter, son amie la gorille Sally Jones ne voit d’autre issue que de mener une contre-enquête, quitte à devoir pour cela se rendre à l’autre bout du monde. L’atmosphère des lieux, du port de Lisbonne au palais du maharadjah de Bhapur en passant par le Caire et la salle des machines de plusieurs cargos est fortement dépaysante. Sally Jones porte un regard intelligent et troublant sur les humains. Un roman qui fait forte impression !

L’avis complet d’Isabelle

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Un périple placé sous le signe de l’imaginaire et de l’aventure : Steam Sailors (Gulf Stream, 2020)

Résisterez-vous au ronronnement des machines et au cliquetis des mécanismes d’horlogerie ? L’univers steampunk de cette trilogie est follement romanesque, à l’intersection entre le monde de la Passe-miroir, les romans de Jules Verne et L’île au trésor de Stevenson. Enlevée par les pirates de L’Héliotrope, Prudence découvre les territoires suspendus du Haut-monde. L’intrigue huilée comme les rouages de la salle des machines est captivante, les rebondissements géniaux mais on découvre aussi un navire-refuge pour les âmes cabossées, un lieu d’entraide où autour d’une pinte de bière ou d’hydromel, les choses peuvent toujours s’arranger.

L’avis complet d’Isabelle

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S’évader en canot : La (presque) grand évasion ou le déconfinement sauavage (et parfaitement illégal) d’une fille, de deux crétins et d’un chien de Marine Carteron (Le Rouergue, 2021)

Bonnie, Jason, Malo et Melting-Pot en ont assez de vivre confinés. C’est décidé, ils vont mettre les voiles au nez et à la barbe de leurs gendarmes de parents ! Leur escapade est placée sous haute tension. D’abord parce que c’est une enquête. Ensuite parce que dès les premières pages, on sait qu’on court droit au désastre. Enfin et surtout parce que malgré tout ce suspense, pas moyen de précipiter les choses, le mode de transport étant… un canot. Un roman déjanté et divertissant à lire pour la gouaille de Bonnie, la drôlerie des situations et la saveur de l’amitié et de l’apprentissage de la débrouille !

L’avis complet d’Isabelle

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Avis de tempête : Plein Gris de Marion Brunet (PKJ, 2020)

Plein gris est de ces romans qui vous happent, vous secouent et vous laissent rincé, mais galvainsé et plus vivant que jamais. Le suspense est à son comble dès les premières pages. En pleine mer, un groupe de copains découvre le corps de l’un des leurs flottant près de leur bateau. Aussitôt remontent les souvenirs d’un garçon charismatique, prince régnant sans partage sur la bande : comment en partant de là, en arrive-t-on au drame ? Nous n’avons pas le temps de nous remettre de nos surprises que la panique gagne le voilier : à l’horizon, une barre monumentale annonce une tempête cauchemardesque. Marion Brunet mène sa barque avec brio entre huis clos et nature incommensurable, roman catastrophe et thriller psychologique. Addictif !

L’avis complet d’Isabelle

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Nous espérons vous avoir donné envie de voyages littéraires avec cette série de billets d’été. Hissez ho et à très bientôt pour la rentrée du blog !

Billet d’été : du transport des livres aux livres qui transportent !

J’avoue, j’ai toujours été fascinée par les bibliothèques itinérantes, les espaces de lectures délocalisés, improbables, ouverts. J’aime, lorsque je suis en voyage, me retrouver face à une cabane à livres dans le recoin d’un village perché, participer à des lectures à haute voix sur les rives d’un ruisseau, lire un kamishibaï au pied d’un phare, m’installer sur un tapis dans un jardin et raconter des albums aux enfants de mes amies. Je chéris toutes les initiatives qui sortent le livre de ses étagères et qui le rendent accessible au plus grand nombre : que ce soit la « bibli des deux ânes » de Luis Soriano Bohorquez, bibliothécaire bénévole qui, depuis plus de vingt ans, arpente les montagnes de Colombie pour partager ses livres avec les enfants, ou encore l’Ideas Box des Bibliothèques sans frontières qui rend accessible la lecture dans les endroits où la guerre et la misère font rage. Ces projets de livres qui voyagent, quoiqu’il arrive, me réjouissent. Car oui, tous ces projets sont des signes que de nouveaux récits sont possibles, à portée de mains, et que des femmes, des hommes ont à cœur de les faire vibrer très fort dans n’importe quel endroit du monde. C’est pourquoi, pour mon billet d’été, j’ai choisi de vous présenter des livres qui rendent hommage aux bibliothèques itinérantes, réelles ou imaginaires !

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Parlons tout d’abord de cette mystérieuse « dame des livres » dans le très bel album éponyme d’Heather Henson et David Small. Cal, un jeune garçon pauvre qui vit avec sa famille dans une région particulièrement reculée des Etats-Unis dans les années 30, nous raconte comment un jour, une cavalière s’est présentée à la porte de leur modeste maison pour leur prêter des livres ! Au début, Cal était plutôt sceptique : quel intérêt pouvait-on ressentir à rester figé des heures durant le nez plongé dans un bouquin, comme sa petite soeur Lark ? La dame des livres revient pourtant régulièrement, avec de nouveaux livres et pour sa sœur c’est une fête sans cesse renouvelée. Et quand, par un matin d’hiver glacial, Cal voit la dame des livres honorer son rendez-vous alors que vraiment même les plus courageux ne mettent pas le nez dehors, il se dit qu’il doit bien y avoir quelque chose de merveilleux caché dans cet étrange objet de papier pour qu’une femme prenne de tels risques. Alors, doucement, il s’approche de sa soeur et lui demande si elle accepterait de lui apprendre à lire…

Cet album est inspiré des Pack Horse Librarians, ces bibliothécaires itinérantes qui parcouraient à cheval les monts Appalaches du Kentucky, pour faire venir les livres dans les endroits les plus reculés du pays, où les écoles étaient rares et les bibliothèques inexistantes et ainsi lutter contre les effets de la Grande Dépression.

La voix de Cal, sa manière si particulière de parler, permet à la fois de rendre hommage à ces femmes dévouées et au pouvoir de la lecture qu’elles ont choisi de transmettre coûte que coûte. Un hymne à la lecture qui donne envie de partager chaque jour de l’année et quel que soit l’endroit les livres qui nous ont fait vibrer !

La Dame des livres, Heather Henson, David Small, Syros, 2009.

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Sur un tout autre ton, suivons maintenant Elan, étrange animal anthropomorphe, qui aime tellement, le soir venu, après le repas, raconter des histoires. Ah ! Il en connaît des histoires, Elan, des histoires qui ravissent petits et grands ! Pourtant, un soir, oups, Elan n’a plus d’idées ! Il se précipite alors chez ses voisins pour emprunter un livre mais personne n’en en a ! Elan ne se démobilise pas et dès le lendemain il se rend en ville, à la bibliothèque. Il emprunte plusieurs contes qu’il lit le soir même à sa famille. Ses talents de lecteur à haute voix se font vite connaître et bientôt tous les animaux de la forêt cognent à sa porte pour venir l’écouter ! Mais le voilà débordé ! Alors Elan a une idée : il invente le bibliobus de la forêt ! Il fait le plein de livres à la bibliothèque et commence sa tournée ! Mais voilà, il y a un problème de taille : les animaux de la forêt ne savent pas lire ! Rien n’arrête Elan : il apprend à lire à Ourse qui apprend à Blairelle qui apprend à Renard et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les animaux sachent lire à leur tour. Et puissent désormais venir emprunter des livres au bibliobus.

Que j’aime cet album, tout d’abord pour ces illustrations incroyables qui sont un hommage vivant à la nature, aussi bien au végétal qu’à l’animal ! Et puis pour Elan, cet être que rien n’arrête, d’une générosité précieuse, prêt à tout pour faire vivre à toutes et à tous l’incroyable invitation au voyage qu’est une belle histoire !

Le Bibliobus, Inga Moore, Pastel, 2021.

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Pour les plus jeunes, cette fois, j’aimerais vous parler d’un autre très bel album La bibliothèque de la forêt de Seoha Lim. Un album très délicat, tout en douceur, qui nous invite à visiter une bibliothèque pas comme les autres, une bibliothèque située au milieu des arbres. Pas de murs, de portes ou de fenêtres cette fois, mais simplement la nature. Là les animaux peuvent venir lire, se reposer, écouter des histoires, assister à des spectacles, dessiner, construire des cabanes.

Un album très poétique qui rend hommage à ce qui fait le coeur battant de ces endroits que je chéris tant : un endroit où se retrouver, où se poser, les uns à côté des autres, et où même sans se parler, on est ensemble.

La Bibliothèque de la forêt, Seoha Lim, maison Eliza, 2020.

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Vous l’aurez compris, pour moi le livre est à la fois un moyen de voyager inédit et une destination sans pareil ! Que de promesses de voyages m’attendent donc encore sur les rayonnages des boîtes à livres d’ici et d’ailleurs et dans les bacs colorés des bibliothèques du monde entier ! Des promesses que je vous invite à venir écouter en poussant la porte de ces lieux publics, ouverts ou fermés, qui vous feront voyager en humanité.

Billet d’été – Le premier pas du voyage

C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse, de corps comme d’esprit.
Et si tous débutent par un premier pas, nous ne pouvons savoir jusqu’où ils vont nous mener.

La sélection de Blandine nous emmène sur les chemins et les routes, à pied ou en transports, en vacances, en voyage, seul ou accompagné, entre découvertes, rencontres et retrouvailles, de l’Autre et, surtout, de Soi.

Départ et poursuite

Cette nuit on part en vacances. Charlotte BELLIERE et Ian DE HAES. Alice Editions, 2020

Tout est dans le titre de ce bel album au format à l’italienne.
Les vacances ne commencent pas dès l’arrivée à destination, mais bien dès que la voiture commence à rouler, dès le voyage, et davantage quand il se fait de nuit où les perceptions sont autres.

Entre quelques phases de sommeil, les lumières si particulières enchantent notre petit narrateur qui transforme les différentes étapes du trajet en épiques scènes d’aventures.
Les illustrations aux teintes nocturnes nous baladent tour à tour entre intimité et immensité, entre cadre de la fenêtre ou pleines pages immersives, entre souvenirs et rêveries.

Son avis complet ICI.

Le Tour du Monde en 80 jours. Jean-Michel COBLENCE et Younn LOCARD, Casterman, 2020

Voici le roman de Jules Verne ici adapté en BD (Prix du meilleur album Angoulême de 2020) pour nous restituer l’extraordinaire pari du fortuné Philéas Fogg qui entend bien profiter des nombreuses avancées technologiques en matière de transports pour faire le Tour du Monde en 80 jours.

Bien que réduite, leur formidable épopée reste très fidèle au récit initial dont sont conservés les moments forts. Le texte est sobre, à l’image de Philéas, et adopte un vocabulaire varié riche de considérations de l’époque. Le graphisme au trait fin foisonne de détails, avec un peu de comique, pour notre plus grand plaisir !

Sa chronique LA.

Road-trip : Du voyage à l’apprentissage

Sur mon chemin. Nancy GUILBERT et Séverine DUCHESNE. Alice Jeunesse, 2022

S’inspirant des haïkus, ces petits poèmes japonais qui, en si peu de mots, saisissent toute l’évanescence d’un moment, d’une émotion, et leur empreinte pourtant si profonde sur nous et le temps, Nancy Guilbert et Séverine Duchesne illustrent en mots et images-objets le départ d’un petit garçon vers Sa Vie.

Onirisme des mots, beauté de la Nature, impressions philosophiques, clins d’œil variés, illustrations délicates pour dire la vie et ses traversées, les rencontres et les étapes, la confiance et l’imprévu, la quête identitaire et l’autonomie.

D’apparence simple, cet album, aussi universel qu’intime, est un trésor qui permettra à chacun de trouver ses résonnances et références.

L’article complet ICI.

Au bout du voyage. Meg ROSOFF. Albin Michel Jeunesse, 2014

Mila et ses parents, Gil et Marieka, viennent pour les vacances aux Etats-Unis chez le meilleur ami de son père, Matthew. Mais ce dernier est parti avant leur arrivée, sans mot dire, comme s’il fuyait.
Gil, Mila et Honey, la chienne de Matthew, prennent alors la route vers un chalet au nord de l’état, dans lequel Matthew pourrait se trouver.
Commence alors une véritable quête, géographique et émotionnelle, troublante et révélatrice, ponctuée de discussions favorisées par une météo capricieuse.

Mila, mature malgré ses douze ans, découvre son père sous un nouvel angle et s’interroge sur le décalage des générations, les relations humaines, l’amitié, l’âge adulte, sur ce qui demeure et change alors que la vie, les idéaux de jeunesse et les gens passent.

L’avis complet LA.

La nuit où les étoiles se sont éteintes. Nine GORMAN et Marie ALHINHO. Albin Michel Jeunesse, 2021

Ado cabossé et rebelle, Finn ne croit pas en l’avenir. Il vit au jour le jour, fait ou ne fait pas les choses, fume de la weed et gagne de l’argent en travaillant au café mais surtout dans des combats clandestins pour payer l’avocat de sa mère, qui est en prison. Renvoyé de différentes familles d’accueil, il arrive finalement à la Nouvelle-Orléans chez Cliff, son oncle musicien qu’il ne connaît pas, et intègre bon gré et surtout mal gré une bande de potes au lycée composée de Kenna, Nate, Kurt et Jaeger.

Tout au long de chapitres à la temporalité croisée, nous suivons l’arrivée de Finn et la construction de leur relation ensemble et à chacun, comme leur road-trip à eux tous l’été qui précède la poursuite de leurs études supérieures.

De nombreux thèmes identitaires et difficiles se révèlent au fur et à mesure, rendant les personnages attachants et si réels dans leurs doutes, fragilités, tâtonnements et espérances.

Découvrir l’Humanité par le prisme d’autres êtres ou objets

Il n’y a pas que les Humains qui vont de par le monde et ceux qui sont les voyageurs de ces trois livres ont un fort pouvoir d’évocation et de révélation sur les relations qu’ils entretiennent avec eux et eux avec la Nature.

La Perle. Anne-Margot RAMSTEIN et Matthias ARÉGUI. La Partie, 2021

Le personnage principal de cet album sans texte n’est pas l’humain, mais une perle. Une perle qui va entreprendre un long voyage, à l’échelle d’une vie, à la fois trépidant, angoissant et merveilleux. Un voyage qui nous invite à observer, d’une manière rapprochée ou plus élargie, nos habitudes, nos consommations, nos loisirs, nos espoirs, nos goûts ici ou ailleurs…

Nous invitant à revoir nos perspectives, cet album aussi élégant qu’étonnant nous rappelle combien nous sommes tous liés, qui que nous soyons et d’où que nous soyons.

A l’Ombre du Grand Arbre, nous l’avons tellement aimé que nous en avons fait une Lecture Commune à retrouver ICI.

De l’autre côté de la mer. Yukiko Noritake. Actes Sud Junior, 2022

La mer nous permet de se nourrir, de voyager, de vivre des aventures, de nous apaiser.
Pourtant nous la blessons par nos activités de loisirs, consuméristes et commerciales, par nos gestes et objets quotidiens en apparences anodins et qui, pourtant, la polluent toujours plus.

La mer nous lie et nous relie et l’autrice nous le montre avec cet album grand format à double entrée.
En deux endroits du monde, deux enfants du même âge interrogent leur père sur ce qui se trouve de l’autre côté de l’océan. D’un côté, comme de l’autre de l’album, au fil de leurs réponses qui convoquent souvenirs et connaissances, les illustrations pleine page se meuvent, se remplissent, transforment les paysages. Et le lien indubitable entre tous sur Terre se fait évident.
La mer nous unit, nous permet de nous rencontrer, mais colporte également ce que nous y laissons…
Cet album permet une prise de conscience et un débat écologique plus que nécessaire.

Bulle ou la voix de l’océan. René FALLET. Folio Junior, 1987

Bulle est un magnifique coquillage de l’Océan Indien qui vit dans le Quartier de Lune.
S’il est doué de pensées, Bulle ne peut se déplacer seul et s’en désepère.
Par un extraordinaire concours de circonstances, Bulle, arrive sur un bateau pirate avant d’être amenée sur la terre ferme où elle est vendue, volée, reprise, achetée, choyée, oubliée, délaissée puis comprise avec Petit-Pierre.

Bulle ou la Voix de l’Océan est un très beau roman d’aventures, d’apprentissage et d’amitié, du temps de la flibuste, qui regorge de métaphores et de réflexions sur le besoin d’avoir, sur les apparences et les illusions, l’espoir et l’évidence, sur les relations entre les hommes et avec la nature, et notamment la mer.
L’écriture est tendre, facétieuse, parfois cruelle, toujours poétique.

Son avis complet ICI.

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Pour clore cette sélection, Blandine vous propose deux films, des adaptations aussi belles que réussies de deux romans.

Sur les chemins noirs. D’après le roman éponyme de Sylvain Tesson. Avec Jean Dujardin (2023)

Suite à une chute de plusieurs étages qui le laisse un peu diminué, Pierre remet sa vie en perspective.
Ecrivain à succès, flambeur et fêtard à qui tout sourit, il décide d’entreprendre un long voyage à pied : traverser la France du Mercantour au Cotentin. Seul.
Ce voyage, c’est celui de la renaissance, du nouveau départ, et de sa reconnexion à l’essentiel et à lui-même.
Pierre est bourru et pas spécialement attachant, mais il s’attendrit. Il est parfois rejoint dans sa marche, ce qui l’ouvre.
Les paysages sont magnifiques, Jean Dujardin tient parfaitement son rôle, et le film est vraiment émouvant.

L’Improbable voyage d’Harold Fry (2023) D’après le roman de Rachel Joyce, La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…

Harold Fry, retraité, reçoit un matin une lettre de son ancienne collègue Queenie qui lui annonce qu’elle est gravement malade.
Tant bien que mal, il rédige une réponse, forcément maladroite et qui ne le satisfait pas. C’est aussi pourquoi il n’arrive pas à poster sa lettre. Aussi va-t-il de boite postale en boîte postale jusqu’à appeler d’une cabine téléphonique la Maison de Santé où se trouve Queenie pour annoncer qu’il arrive, qu’il se met en marche dans l’instant et qu’elle doit tenir bon. « You will not die. Die you will not. » sera désormais son mantra.
Et il part comme ça, avec juste sa veste sur le dos et ses mocassins, son portefeuille et sans prévenir sa femme.
Le voyage sera long, 800 km, mais il va en sortir transformé.
Seul face à lui-même, il repasse le film de sa vie, ses échecs surtout, et fait des rencontres mémorables et empreintes d’humilité.
En parallèle, nous sommes aussi avec sa femme, laissée ainsi. Et nous comprenons comment ils en sont arrivés à vivre dans un quotidien sans aucun éclat, minuté, triste.

Jim Broadbent (qui a incarné le Professeur Horace Slughorn dans Harry Potter) livre ici une magnifique, émouvante et sincère prestation.

Son article complet sur le roman ICI

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La semaine prochaine, c’est Colette qui vous emmènera en voyage. D’ici là, retrouvez les billets de Linda qui prend le train, de Liraloin qui nous invite au voyage intérieur, et de Lucie qui nous emmène en Amazonie.

Billet d’été : En train… jusqu’au bout du monde !

Pour aborder les vacances par le biais des voyages, Linda vous propose une sélection d’ouvrages qui emmènent au bout du monde et mettent les sens en éveil, à bord de trains exceptionnels. Embarcation immédiate !

The Hogwart Express, Jim Kay Illustration pour Harry Potter and the Goblet of Fire.

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Des trains incroyables

Pour commencer notre voyage, voici des albums pour découvrir cette incroyable invention qui a permis aux foules de se déplacer et, tout spécialement, des trains célèbres de part le monde, sorte de catalogue pour les amoureux des transports ferroviaires et les curieux de tout âge.

Les trains racontés aux enfants, Philippe Godard, La Martinière jeunesse, 2022.

Voilà le livre idéal pour tout connaître de la grande histoire du chemin de fer et des trains depuis leur invention jusqu’aux toutes dernières modernisations technologiques qui en font des moyens de transports rapides, confortables et plus écologiques. On appréciera le format richement illustré de gravures, peintures, photographies et autres schémas qui mettent en lumière cette invention extraordinaire qui a changé la vie des travailleurs pour devenir un moyen de se déplacer sur de très longues distances. Passionnant !

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Trains Mythiques autour du Monde, Olivier-Marc Nadel, La Martinière jeunesse, 2012.

De l’Orient-Express au Shinkansen, en passant par le Rovos Rail, le Canadien ou encore El Chepe, Trains mythiques autour du monde propose de découvrir dix trains exceptionnels. Que ce soit pour leur confort, la distance qu’ils parcourent chaque année ou leur parcours improbables, chacun de ces trains a quelque chose d’unique et offre un voyage stupéfiant.
Cet album propose par ailleurs l’avantage d’être accessibles aux plus jeunes grâce à ses pages cartonnées. Le texte est assez succinct et présente chaque train au travers de sa localisation, son parcours, sa mise en circulation tout en proposant des anecdotes telles que les personnalités célèbres qui ont pu voyager à bord ou un accident survenus, les haltes ou encore le nombre du tunnels traversés…

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Des trains autour du monde…

… dans des albums qui invitent au voyage et à la découverte.

Le Transsibérien – Départ immédiat pour l’autre bout du monde, Alexandra Litvina & Anna Desnitkaïa, Rue du Monde, 2021.

Le transsibérien est le train qui parcourt le plus grand trajet du monde en reliant Moscou à Vladivostok en six jours. 9000 km ! Un voyage unique en son genre ponctué de cent-quarante-six étapes réparties sur quatre continents. Les autrices proposent de découvrir trente-six villes étapes pour mieux nous faire découvrir la richesse de la Russie au travers de son histoire, sa culture, ses paysages, sa cuisine, etc. Le tout du point de vue de soixante-seize personnes avec qui elles ont entretenu une correspondance de deux ans faites d’échanges d’informations, d’anecdotes et de photographies. Le tout venant nourrir leur créativité et donnant la forme à ce voyage peu ordinaire.

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Ces deux albums très grand format sont une véritable invitation au voyage à travers un Japon dont la culture se reflète au fil des pages dans la vie du train, véritable ville roulante. Trains imaginaires, ces transports sont d’une richesse graphique incroyable, attirant l’œil par la multitude d’objets et personnes. Chaque wagon est comme une petite maison, un magasin, un restaurant où tradition et modernité se côtoient pour notre émerveillement. Ces trains avancent au fil des saisons dans des illustrations à la végétalisation éclatante et s’achèvent dans une véritable explosion de couleurs !

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Des trains qui font voyager leurs héros

Parce que les héros prennent aussi le train et qu’il est plaisant de pouvoir s’imaginer à leur place ou de les aider à y résoudre des énigmes, voici des romans pour les plus grands.

Le tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne, Mame, 2023 (pour la présente édition)

Le tour du monde prend la forme la plus complète dans ce classique de Jules Verne, incontournable parmi les incontournables. Le voyage ne se fait pas essentiellement en train mais c’est un moyen de transport pourtant mis en avant dans cet aventure. Le texte met en avant une course contre la montre pour boucler un voyage autour du monde qui, pour l’époque, est une véritable révolution. La Révolution Industrielle a apporté son lot d’innovation et le chemin de fer fait parti de celles qui ouvrent le monde aux hommes, leur permettant de parcourir des distances importantes en peu de temps. Par ailleurs, l’aventure de Phileas Fogg et Passepartout est palpitante et ne manque pas de rebondissements, elle ouvre par ailleurs sur le monde et fait voyager !

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Le crime de l’Orient-Express, Agatha Christie, Le livre de poche jeunesse, 2014.

Amateurs d’enquêtes policières, ce voyage à bord de l’Orient-Express ne te laissera pas indifférent. Alors que le célèbre Hercule Poirot voyage à bord de ce train de luxe, un crime est commis. La victime a été poignardé et les douze passagers à bord semblent suspects. Le train se retrouve bloqué par la neige, laissant le temps au détective belge de tout faire pour démasquer le coupable.
L’un des romans les plus célèbres d’Agatha Christie prend place dans un train célèbre qui parcoure l’Europe. Malgré la tournure macabre des événements, l’écriture reste accessible aux lecteurs de plus de dix ans, qui ne manqueront pas de chercher de démêler les nœuds de cette affaire !

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Bonnes vacances !

Billet d’été : Le voyage intérieur.

Après un beau périple en Amazonie par Lucie, voici une autre forme de voyage…

Pour Liraloin le voyage signifie aussi prendre le temps de faire une pause dans le quotidien et de s’installer un petit moment dans une bulle d’été, une introspection nécessaire et essentielle. Quoi de plus émouvant que d’entreprendre un voyage pour retrouver un souvenir, un apaisement solitaire ou un amour et de vivre l’instant présent.

Voyager dans le souvenir : ici et demain

La perte d’un proche, le temps d’un voyage dans un appartement, retrouver la trace des moments passés avec cette personne et faire son deuil à travers les souvenirs.

Quand Hadda reviendra-t-elle ? de Anne Herbauts, Casterman – 2021

Son avis complet ici

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Le temps se suspend quelques instants dans l’écriture de Thomas Vinau. On se prend à observer et revivre ces émotions vives et vécues lors d’une journée peu importe à quelle saison.

Pizza 4 saisons de Thomas Vinau, illustration de Anne Brouillard – Thierry Magnier, 2022

Avis complet ici

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Voyager en soi : Apprendre à se faire confiance, se connaître et s’accepter

Chaque personne vivant avec son mal-être en parle d’une même et seule voix troublée. Les illustrations accompagnent pour frapper encore plus fort. Elles dissèquent l’émotion compulsive, la peur, l’anxiété comme pour approfondir les dires.

Journaux troublés de Sébastien Perez, illustration de Marco Mazzoni – Soleil : Métamorphose, 2020

Avis complet ici

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Submergée dans les flots d’une langue qu’elle ne connaît pas, cette jeune femme s’interroge sur ses capacités à comprendre. L’espace d’un instant, il suffit d’observer son monde, se donner de la force et du courage pour s’améliorer.

Je connais peu de mots de Elisa Sartori – CotCotCot éditions, 2021

Avis complet ici

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Une délicatesse rare où se mêle l’apprentissage de la vie à travers l’amitié que l’on éprouve pour soi et pour les autres. Alors même si tout semble emmêlé comme les végétaux dans une chevelure, viendra le moment où l’envol se fera un jour ou l’autre.

Mon amie la chenille de Marion Janin – l’Atelier du Poisson Soluble, 2021

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Le voyage amoureux : partager un amour à travers le temps

Cet album est une ode à la découverte de la féminité et de l’amour. De manière subtile et poétique Davide Cali nous livre l’histoire d’une jeune femme découvrant son corps, le désir et le sens du mot Amour. Les illustrations de Monica Barengo sont d’une finesse d’où émane une douceur sensuelle et grave par moment. Un album délicat et pur.

Pollen une histoire d’amour de Davide Cali, illustration de Monica Barengo – Passepartout, 2013

Avis complet ici

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Gaya Wisniewski nous livre une histoire d’amour pur et sensible entre deux êtres que tout oppose et qui finalement ne font plus qu’un. Les illustrations toutes de nuances noires et grises sont habilement rehaussées d’un filet bleuté. Ce bleu qui évoque l’hiver et la présence éternelle de l’amour entre ces deux-là.

Mon bison de Gaya Wisniewski – Mémo, 2018

Avis complet ici

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Voyager et rêver : profiter du moment présent, s’émerveiller

Voyager dans les contes et rêver à des désirs secrets. Être en osmose avec la nature et profiter de l’instant présent. D’aventure en aventure ne pas avoir peur du voyage. Profitons de cette poésie voyageuse où il faut sans cesse se réinventer.

Je t’emmène en voyage de Carl Norac, illustré par 40 illustrateurs – A Pas de Loup, 2019

Avis complet ici

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Une vie de nostalgie où les retrouvailles dans cette maison de famille nous donne une respiration bien particulière. Le temps de s’arrêter, de s’émerveiller, d’apprendre à lacer ses chaussures, de trouver et perdre pour ensuite retrouver et reperdre sa casquette. Une plongée qui fait un bien fou loin de tout, de toute connexion.

Le plus bel été de Delphine Perret – Les Fourmis rouges, 2021

Avis complet ici

« La route chante
Quand je m’en vais
Je fais trois pas
La route se tait
 » (extrait de La Marée Haute de Lhasa)

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Lundi prochain Linda sera votre commandante de bord pour une excursion en train. Soyez prêt(e)s pour un embarquement immédiat !