Chers amis des livres, cette semaine nous vous proposons une lecture commune sur un roman ado qui nous a toutes émues : Soixante-douze heures de Marie-Sophie Vermot édité chez Thierry Magnier.
Nous suivons Irène, une jeune fille de 17 ans durant les 72 heures après son accouchement. C’est en effet le délai lorsqu’on décide d’accoucher sous X. Récit mêlant réalité, flashbacks et pensées, il nous a tenues en haleine jusqu’à la fin et a donné lieu à des échanges abondants. N’hésitez pas à nous faire part de vos ressentis.
Un extrait à feuilleter en ligne.
Aurélie : Quelles ont été vos premières impressions en regardant la couverture ?
Pépita : Celle d’une prostration, d’une grande souffrance mais aussi d’une position fœtale et d’un grand retournement intérieur.
Aurélie : Tout à fait, très touchée par la couverture avec la souffrance et la position foetale.
Colette : Je la trouve très belle ! Cette adolescente en position fœtale la tête à l’envers, entre repli sur soi et sommeil bienfaiteur, baignée de couleurs pastels, juste esquissée, vraiment je trouve ce portrait en pied très touchant… Bravo à Edith Carron pour sa délicatesse qui accompagne en douceur un titre particulièrement énigmatique.
Sophie LJ : Avec cette silhouette recroquevillée sur elle-même, je m’attendais à ce que ça parle d’un sujet autour de la psychologie de l’adolescence : le mal-être, le suicide peut-être.
Aurélie : Même de la maltraitance.
Hastagcéline : Connaissant le sujet traité dans le livre, je l’ai trouvé très belle, très parlante et tout à fait adaptée. La position du personnage dégage beaucoup de choses. Elle m’a interpellée et touchée, avant d’aller plus loin et de me lancer dans la lecture. Le mal-être; la douleur, l’isolement par rapport aux autres…
Pépita : Comme une urgence de se couper du monde, de ne plus exister même.
Isabelle : Pour ma part, je n’avais pas beaucoup entendu parler du roman et je l’ai appréhendé avec curiosité. La couverture m’a d’abord surprise par son tracé enfantin qui évoque une fille toute jeune, en position fœtale et littéralement « retournée ». Elle correspond en fait bien au roman et à Irène, prise dans un tourbillon de pensées et seule, à la charnière entre plusieurs âges et périodes de la vie… Peut-être ai-je été influencée par la quatrième de couverture, ma première impression m’a amenée à m’attendre à un roman triste.
Colette : Et je dirai d’autant plus quand il s’agit de la grossesse d’une adolescente…
Aurélie : Aviez-vous déjà lu un roman sur cette thématique et sinon quelles ont été vos appréhensions ?
Sophie LJ : Non je n’en connais pas d’autres sur ce sujet, à ma connaissance c’est même de l’inédit dans un roman ado ! Il y en a sur l’IVG mais pas sur l’accouchement sous X. J’étais très impatiente de le lire. En tant que maman je m’attendais à être émue mais pas à ce point !
Hastagcéline : Sur le déni de grossesse, mais pas sur l’accouchement sous X.
J’ai toujours peur que cela soit trop moralisateur. On peut rapidement tomber dans certains travers. Ici, ce n’est pas le cas. L’autrice reste assez neutre, autant qu’on puisse l’être sur un tel sujet.
Isabelle : Je ne me souviens pas avoir lu de roman abordant la grossesse de très jeunes filles ou l’accouchement sous X. Spontanément, j’ai pensé que ce n’était pas facile à traiter sans tomber dans le jugement d’une manière ou d’une autre… Paradoxalement, je me suis attendue à quelque chose de plus « dramatique », avec peut-être plus de pathos, mais je n’ai pas pensé une seule seconde que j’allais être aussi touchée par cette lecture !
Aurélie : Pour moi c’était la première fois, un thème pas facile à traiter sans attirer les foudres. De même le fait de rester neutre. C’est surtout cela que j’appréhendais mais l’auteure traite ce thème avec brio : franc, impartial et apolitique, bravo.
Colette : Jamais et même en littérature générale je n’avais rencontré ce sujet qui m’a toujours intriguée : accoucher sous x, c’est un choix qui reste très mystérieux pour moi, mais je n’y avais songé que du point de vue de l’enfant et non de la mère.
Aurélie : Colette, je n’y avais pensé aussi que de ce point de vue, à tel point que le fait d’être mère a bouleversé toute ma lecture.
Colette : Oui Aurélie, le fait d’être mère a sûrement beaucoup impacté ma lecture aussi. J’avoue que jusqu’au bout du compte à rebours j’ai espéré…
Pépita : J’en ai lu sur le déni de grossesse mais sur l’accouchement sous X, pas autant que je m’en souvienne. Je ne dirais pas appréhensions mais je savais que ce qui touche à la maternité est toujours émouvant. Ah tiens Colette, moi aussi, j’avoue : une voix intérieure disait à Irène…mais garde-le avec toi. Il a besoin de toi. Et en même temps, c’est SA décision. Jusqu’où une mère peut-elle interférer ?
Colette : Pépita, c’est d’ailleurs ma situation de mère qui m’a rendue plus sympathique la mère d’Irène qui est pourtant assez détestable ! Quelle ironie !
Aurélie : Oui moi aussi j’ai espéré et ait eu de l’empathie pour sa mère alors qu’elle est ignoble. Preuve que la réception du roman est vraiment influencée par l’âge et la situation familiale.
Isabelle : C’est drôle, j’ai eu la même réaction que vous. J’ai pensé lire un livre plutôt triste en adoptant spontanément la perspective de l’enfant et j’ai été dès les premières pages bouleversée en tant que maman. Le livre va droit au cœur en évoquant de façon juste et percutante la tendresse maternelle pour l’enfant à naître et le nouveau-né. Les dilemmes d’Irène, prise entre sa résolution d’aller jusqu’au bout de sa démarche et le tourbillon de sentiments qui la surprennent après la naissance, sont bouleversants.
Aurélie : En ce qui concerne la forme et le fonds, qu’avez-vous pensé de la mise en page type journal avec la date et le mélange des pensées , les souvenirs et la réalité ?
Pépita : Cela permet au lecteur de mesurer le cheminement de ces 72 h d’une part et ensuite de mieux saisir le contexte de cette décision, contexte sexuel, familial, filial. Et puis aussi une sorte de « respiration » : de sortir de ce lieu en huis-clos, dans ce triangle décision/bébé/Irène (j’entendais les bébés vagir !). C’est très bien vu, je trouve cette construction et son écriture parfaites, comme vous le dites, jamais dans le jugement et le pathos.
Colette : Je me suis laissée happer par cette structure qui accentue le compte à rebours, le dramatise à certains moments et le délaye à d’autres, renforçant le sentiment d’urgence tout en rappelant à quel point le temps s’est étiré pour Irène qui a mûrement réfléchi avant de prendre sa décision.
Hastagcéline : J’aime beaucoup la forme « monologue ». J’ai trouvé qu’ici, elle était tout à fait pertinente puisque lorsque l’on se trouve face à un choix, on peut avoir le genre de cheminement qu’a Irène. Le passé, le présent, tout se mélange! On sent à travers cette construction tous les doutes, tous les espoirs qui secouent et habitent l’héroïne. Je crois qu’un récit plus classique aurait peut-être été moins percutant.
Colette : Ce monologue nous permet de devenir Irène et de ne jamais sombrer dans la morale comme vous l’avez déjà souligné.
Aurélie : Malgré l’aspect fouillis sur le papier, on s’y retrouve très bien et en effet, cela permet de faire descendre la pression. Par contre, nous n’avons que la vision d’Irène pour son histoire familiale. Et oui c’est cela Colette on devient vraiment Irène et c’est ce qui rend le roman aussi prenant.
Colette : Cela ne m’a pas dérangée de n’avoir que la vision d’Irène, j’aime devenir à ce point là, quelqu’un d’autre, c’est l’une des forces des bons livres !
Pépita : Oui, c’est vrai, Aurélie, que nous n’avons que sa vision mais c’est son monologue et quand on voit les réactions justement de son entourage, on se dit que sa vision est juste. Ce qui rend d’autant plus mature cette décision.
Hastagcéline : Avec un point de vue différent, il aurait sans doute été compliqué de la comprendre totalement…
Isabelle : Tout à fait d’accord avec Hastagcéline. Cela contribue à faire transparaître la grande solitude d’Irène, seule avec ses interrogations, ses doutes, seule à prendre ses décisions – une solitude encore renforcée par le jugement de ses proches. Irène est très lucide et grâce à ces spirales de réflexions/souvenirs, on la comprend à chaque instant et on se met à douter avec elle.
Colette : Oui je n’aurais d’ailleurs pas imaginé que j’aurais pu douter avec elle, moi qui suis tellement convaincue du bonheur d’être mère ! C’est fou ce pouvoir de la littérature, de nous faire devenir littéralement autre !
Isabelle : Tout à fait d’accord – même si pour ma part, j’ai presque été prise de court dans l’autre sens. J’avoue que moi qui m’étais promis de ne pas m’en mêler et de ne faire qu’observer Irène de façon bienveillante, vers la fin, je me suis surprise à espérer qu’elle allait finalement décider de le garder…
Aurélie : Ce roman met à l’honneur les femmes et le poids de la transmission, pensez-vous que la décision d’Irène a pu être influencée par celui-ci ?
Aurélie : Pour moi, Irène a voulu arrêter cette tragédie, elle parle d’un gène de pouvoir et de manipulation. Ces femmes ont un amour maternel mais maladroit.
Pépita : Je dirais qu’on est toujours influencé quoiqu’on en dise…C’est difficile à dire ! Comme le dit Isabelle, c’est cette lucidité de cette décision qui la rend si assumée !
En même temps, j’ai écrit dans ma chronique que je n’aurais absolument pas voulu connaitre une mère comme celle d’Irène car elle règle ses propres comptes à travers sa fille ! Donc l’a-t-elle prise contre ? On est toujours un peu dans le prolongement de sa famille même si on fait ses propres choix.
Aurélie : Elle décide de s’écouter, chose que sa mère et sa grand-mère n’ont pas su faire.
Isabelle : C’est un des fils vraiment intéressants du roman. La fissure du vernis familial sous l’effet du coup de tonnerre de l’annonce de la grossesse d’Irène et le reflux des choix, souvent non-assumés et regrettés des parents et des grands-parents, sont restitués de façon très juste, je trouve. Ainsi que la difficulté pour les parents de faire confiance à leurs enfants et de les laisser faire leurs choix de vie…
Sophie LJ : Oui c’est ça en fait. La transmission ici se fait dans l’opposition de sa décision par rapport au passé familial. Elle assume son choix.
En même temps, comme le dit Isabelle, ce qui se passe là avec le surgissement du passé, c’est assez propre à toute grossesse. C’est souvent le déclencheur d’une remise au point familiale. L’équilibre se bouleverse et les masques peuvent tomber parfois.
Hastagcéline : Cette question est difficile. Car au final, pour Irène, que ce soit la grand-mère ou la mère, les modèles sont décevants… Mais effectivement, on est forcément influencé par eux, consciemment ou inconsciemment. Je pense qu’Irène a voulu faire un choix, son choix sans que celui-ci puisse être influencé par qui que ce soit.
Aurélie : Pépita, tu parles du caractère de la mère, mais on est dans l’hyperparentalité, la maîtrise de tout.
Pépita : Isabelle parle de la difficulté pour les parents mais j’ai trouvé que cela allait plus loin : notamment la mère d’Irène. Elle est limite manipulatrice non ?
Isabelle : Cela m’a perturbée, on se demande forcément comment on réagirait en tant que parent en telles circonstances. Les strates successives de souvenirs d’Irène révèlent de façon toujours plus forte à quel point sa mère est jugeante et intrusive. Mais ce qui m’a le plus dérangée, c’est l’absence d’empathie, de tentative de compréhension et d’écoute, laissant Irène très seule.
Pépita : Par rapport à ta réponse Hastagcéline… Oui, c’est tout à fait ça. Elle oppose sa liberté au joug des femmes de toujours subir.
Colette : Je suis d’accord, mais alors vraiment, pourquoi accoucher sous x et ne pas avorter ??? Cette question n’a cessé de m’habiter jusqu’au bout du livre, moi qui fréquente tellement d’enfants qui ne sont pas reconnus par leurs parents, je me dis que même si Max a été porté avec amour, le reste de sa vie sera difficile quoi qu’il arrive… Dès le départ la présence de la mère d’Irène est extrêmement pesante. C’est étrange et terriblement triste de se dire que son choix a été guidé en partie par ce que représente sa mère pour elle, par la place qu’elle aurait prise dans la vie de Max. Car en fin de compte ce n’est pas une mère qui rejette sa fille, qui dénonce ses choix, elle l’accompagne jusqu’au bout mais avec telle maladresse qu’elle préférera protéger son enfant de « ça » …
Pépita : Je l’ai vu différemment : elle est là c’est sûr mais elle le fait pour elle, pas pour sa fille. Comme si elle voulait refaire avec Max ce qu’elle n’a pas réussi avec sa fille. Par procuration. Pour se sentir vivante encore. J’ai trouvé ça terrible. Quand j’ai compris cette intention (mais l’ai-je bien comprise ?), je n’ai plus voulu qu’Irène garde Max.
Aurélie : Le personnage de la mère s’oppose aux personnages du frère et de la petite sœur : Eugénie est la seule à connaître sa grossesse, peut-être parce que c’est la seule à écouter Irène. Irène, à travers cette épreuve, voit que dans la vie rien n’est prévisible : la mort de son grand-père, les parents de Nour, le handicap de sa sœur. Je suis d’accord avec toi Colette, j’ai vraiment éprouvé le même sentiment, je ne comprends pas l’acte d’accoucher sous X. Pourquoi ne pas avorter, comme elle ne souhaitait pas le garder mais elle explique bien que le faire partir serait pour elle la façon de faire disparaître le moment où il a été conçu, où elle a été désirée par ce garçon. Et pour ton propos Pépita , Irène aurait dû prendre des distances vis à vis de sa famille.
Colette : Sur ton propos Pépita, c’est là qu’Irène et moi, on se sépare ! Mais je sais que c’est lié à ma relation avec les élèves abandonnés que j’ai fréquentés…
Sophie LJ : J’ai compris ça aussi Pépita et ça m’a beaucoup dérangé que sa mère essaie de prendre sa place comme ça.
Pour l’avortement, j’y est pensé, mais pas longtemps. On voit bien que c’est mûrement réfléchi et que c’est un choix intime qui englobe tout un tas de choses pour elle.
Hastagcéline : J’avoue que cette question du choix du pourquoi de l’accouchement sous X m’a beaucoup perturbée aussi. Il faut être honnête, à certains moments, j’ai eu du mal à le comprendre. Mais en fait, peut-être aussi qu’il est bien de parler de cette possibilité qui est une alternative à l’avortement, qui est un choix aussi dur et lourd de conséquence…
Pépita : Mais parce qu’elle lui donne la vie ! Je ne me suis pas du tout posée la question d’avorter en fait. Elle lui écrit cette lettre magnifique, oui je sais, ça ne remplace pas une mère…mais elle lui donne une forme de liberté à travers son choix de donner la vie.
Aurélie : Pensez-vous que la réception du roman peut être tronquée par le fait que nous soyons adultes et mères ?
Pépita : Alors là oui complètement ! C’est évident, même. On ne peut pas rester indifférentes, pour l’avoir vécu dans notre chair, à ce flot d’émotions lié à la maternité.
Aurélie : Comme je l’ai expliqué plus haut, ce roman a fait débat entre ce que je pensais ressentir sur cette situation et sur ce que j’ai pu ressentir car j’étais mère. Cet espoir que j’avais pour qu’elle le garde, je ne l’aurais sans doute pas eu si j’avais été adolescente lors de la lecture. En effet, en pleine construction d’identité, je n’aurais peut-être pas eu le recul de l’acte.
Sophie LJ : Oui très certainement. D’ailleurs il y a peut-être deux façons de lire ce roman pour les ados : celles et ceux qui se reconnaîtront à la place de Max et celles qui se verront dans Irène.
Personnellement, contrairement à certaines comme vous l’avez dit plus haut, j’ai tout de suite été à la place d’Irène dans ses ressentis de mère, probablement parce que le décor, l’ambiance était encore très frais dans mon esprit de jeune maman.
Je pense que c’est un livre à partager entre parents et enfants parce que chacun aura sa vision et que c’est une bonne façon de parler de tout ça.
Colette : Si on projette Irène dans sa vie d’adulte, avorter ou accoucher sous x, ce n’est quand même pas la même chose. Max est là, il se demandera toute sa vie qui sont ses parents et Irène se demandera toute sa vie qui est Max. Cela me perturbe vraiment cette question, vous voyez, même après deux mois après la lecture du roman.
Hastagcéline : Oui. On ne peut plus envisager les choses de la même façon sachant ce que donner la vie puis devenir mère implique. Cela change la donne.
Après cela ne m’a pas empêché de prendre du recul et surtout d’être vraiment touchée par ce texte, et pas que parce qu’il m’interpellait en tant que maman.
Isabelle : Je me suis posé les mêmes questions que vous. À l’âge d’Irène, dans la même situation, je n’aurais probablement jamais pensé à mener à terme une telle grossesse. Cela dit, comme vous le dites, le roman parvient à montrer sans jugement le tourbillon émotionnel qu’engendre une grossesse – comment savoir quelle décision on aurait prise ? Et j’ai suivi Irène dans sa démarche. J’ai trouvé assez bouleversant le récit de son enfance un peu écrasée par les attentes parentales qui éclaire l’importance de la découverte soudaine et surprenante de sa sensualité. Tout cela vient cadrer fortement le cheminement d’Irène…
Pépita : Et justement Aurélie, j’ai trouvé très intéressante une de tes remarques sur le fait qu’Irène ne voulait pas entacher le souvenir de ce premier rapport sexuel qui lui a donné…un bébé ! Ce passage est une merveille d’enivrement des sens. Car c’est aussi un roman sur la sexualité, sur l’accouchement, l’après-accouchement (les soins décrits sont très justes). Alors justement, nous sommes mères et adultes. L’auteure arrive très bien à toucher les différents états qui sont en nous : l’adolescente, la femme et la mère.
Aurélie : Oui d’ailleurs, l’accouchement est bien décrit.
Colette : Il y a du vécu derrière tous ces mots, je ne pense pas qu’un homme aurait pu écrire ce livre.
Aurélie : En effet, Sophie LJ, pensez-vous que la lecture de ce roman doit rester intime ou comme tu le suggère, peux-t-il comme certains romans de formation servir de tiers pour aborder cette thématique avec les ados ?
Colette : Je pense qu’un livre ne devrait jamais servir de support pédagogique – et oui je sais c’est très paradoxal pour une prof de français ! – mais c’est un livre qu’on ne peut offrir sans provoquer l’occasion de la discussion a posteriori, comme nous le faisons maintenant.
Sophie LJ : Je suis bien d’accord. D’ailleurs quand je dis que ça peut-être l’occasion de parler de ce sujet, je reste bien dans un rapport intimiste entre parents et enfants (je dirais même entre mère et fille pour le coup). Disons que dans 15 ans, j’aimerais bien me retrouver à discuter d’un livre comme ça avec ma fille. Je verrais à ce moment…
Pépita : Ah on en revient toujours à la même question ! Nos ados dans tout cette littérature qui leur est destinée… Je ne l’ai pas suggéré à mes filles, pour ma part. J’avoue que je n’y ai pas pensé alors que je peux leur suggérer telle ou telle lecture (après, elles lisent… ou pas). Je pense que j’ai tellement été cueillie par ce texte que cela ne m’a pas effleurée. Je suis restée la mère intime face à ce texte d’une grande force émotionnelle, d’autant plus pour moi qui ai deux filles de 18 et 16 ans.
Isabelle : D’accord avec vous toutes pour les descriptions. Sans avoir forcément d’intention pédagogique, je pense que si j’avais lu ce livre ado, cela aurait été l’occasion d’apprendre plein de choses qu’on ne dit pas si souvent sur ces sujets qui restent assez intimes, voire tabou.
Hastagcéline : Oui moi aussi ! J’aurais aimé le lire adolescente.
Aurélie : D’autres thématiques, qui vont ont marquées lors de la lecture ?
Aurélie : Moi comme je l’ai déjà dit plus haut, c’est l’hyperparentalité dans le livre ( peut-être car je lis un truc là-dessus ) car c’est fou cette pression mise par la mère : le passage de son cours de musique notamment.
Colette : Ah oui ! La mère est particulière détestable dans cette scène !
Isabelle : C’est vraiment pesant. Le phénomène prend une forme assez caricaturale dans le roman, mais cela existe ! On a l’impression qu’Irène est réduite au rôle de faire-valoir et que sa mère ne se met pas une seconde à sa place… Sa réflexivité et sa volonté d’émancipation sont vraiment salutaires !
Le débat s’est ensuite terminé par le partage de cette lecture avec les ados des arbronautes. D’ailleurs, vous trouverez vendredi les réponses de l’une d’elles.
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