Notre auteur essentiel : Jean-François Chabas

Le travail de Jean-François Chabas, écrivain-voyageur nous enthousiasme pour plusieurs raisons. Il a l’art de faire voyager ses lecteurs, de les ouvrir à d’autres cultures et peuples. Mais c’est surtout son intérêt pour la nuance et pour ce qu’il se cache derrière les apparences qui nous séduit sous le Grand Arbre. L’entretien que cet auteur a eu la gentillesse de nous accorder en avril a été l’occasion de poursuivre la découverte de son œuvre. Voici donc nos titres préférés !

Photo issue du site officiel de Jean-François Chabas : www.jean-francois-chabas.com

******

Lucie a choisi de présenter Le Coffre Enchanté, illustré par David Sala avec une interview du Coffre.

Le Coffre Enchanté, Jean-François Chabas, illustrations de David Sala, Les albums Casterman, 2011.

Enchantée de vous rencontrer monsieur le Coffre, je dois dire que je suis très honorée (et un peu intimidée) d’interviewer un objet de votre valeur !

Si vous l’êtes, c’est que vous êtes passée à côté de la morale de mon conte. En effet, Jean-François Chabas – mon créateur – avait à cœur de dénoncer les apparences trompeuses et la pléonexie. Vous voilà en plein dedans !

Ce que je voulais dire c’est qu’il n’est pas commun de discuter avec un objet inanimé, et encore moins lorsqu’il est le personnage central d’un album.

N’exagèrons rien. Comme vous le dites je suis un objet, c’est l’Empereur qui nourrit l’histoire. Sa curiosité le pousse à faire appel à toutes sortes de personnages pour m’ouvrir, et c’est cette succession d’apparitions qui plaît aux lecteurs.

Je suis persuadée que les lecteurs sont tout de même très intrigués de savoir ce que vous contenez. D’autant que David Sala vous a peint d’une manière somptueuse !

Merci, c’est gentil à vous. Les autres personnages ne sont pas mal non plus. Il est vrai que David a su créer une atmosphère à la fois faste et inquiétante qui me plaît beaucoup.

Nous n’allons évidemment pas révéler votre contenu à nos lecteurs, mais je suis persuadée que Jean-François Chabas à sciemment confié le rôle du révélateur à un animal. Qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord avec vous. La vérité et la sagesse viennent d’un animal et ce choix n’est pas du tout anodin, surtout au regard de l’œuvre de Jean-François. Les hommes deviennent fous dès qu’un trésor est en jeu, les animaux ne sont pas atteints par cette fièvre. J’aime beaucoup la fin de mon conte, je pense qu’elle invite les lecteurs à réfléchir et à discuter.

Merci de nous avoir accordé cet entretien. Nous espérons avoir donné envie de vous découvrir aux lecteurs qui ne connaissent pas encore votre histoire !

******

Séverine a choisi L’arbre et le fruit, qui l’a plongée au cœur de l’histoire tragique d’une famille sous l’emprise du père violent et manipulateur. Cette lecture inoubliable, voyage intime au bout de l’enfer, et son épigraphe (« Ma sœur, ne garde pas pour toi le secret qui te ronge. Désigne aux yeux du monde celui qui lentement t’assassine. Et retrouve ta liberté. ») lui ont inspiré cet acrostiche, avec les lettres du titre, qu’elle adresse à son héroïne, Jewel Fairhope, aux initiales troublantes…

L’arbre et le fruit, Jean-François Chabas, Gallimard Jeunesse (Scripto), 2016

L‘innocence brisée de ton enfance

Anéantie et muselée par la violence :

Rage de ton père, tyran sans cœur,

Battements de peur, tremblements de taire,

Rien n’est jamais assez bien pour le satisfaire.

Emprise empire, enfer-mement pour ta Maman,

En réalité c’est lui le fou, personne n’y croit, car il sait y faire !

Taire la souffrance, les questions sans réponse, les humiliations, 

Le laisser faire, subir sans rien dire, à quoi bon ?

Et surtout protéger de toutes tes forces ta si petite sœur…

Fuir ? Aller où ? Qui te soutiendra ? Non…ne perds pas espoir…

Résister, mettre un terme au calvaire, écrire une autre histoire,

Un jour, instinct de survie, tu y parviendras, ton arbre refleurira.

Il n’aura pas gagné, le printemps reviendra, tu ne tomberas pas,

Tu retrouveras ton souffle, ta liberté, et tu raconteras.

******

Blandine a choisi La loi du Phajaan, un roman dur et fort qui signe l’engagement profond de l’auteur pour la protection des animaux.

La loi du Phajaan. Jean-François CHABAS. Didier Jeunesse, 2017

Lire pour découvrir et apprendre
« On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a du cœur ou on n’en a pas. » Alphone de Lamartine
Ignorance à combattre

Défendre les éléphants
Utopie ?

Pauvreté et traditions, coutumes et transmissions
Hurlements de peur et de souffrances
Annihiler toute velléité, toute volonté, toute étincelle de « sauvagerie »
Asservissement des Hommes et anéantissement des Animaux
Justice ?
Au cœur d’une économie du tourisme et du travail
Nécessaire évolution de pratiques passéistes

Son avis complet ICI

******

Liraloin a choisi un de ses albums préférés La colère de Banshee illustré par David Sala.

La colère de Banshee, Jean-François Chabas, illustrations de David Sala, les albums Casterman, 2010.

Dans cet album, Banshee, personnage légendaire tiré du folklore irlandais, prend l’allure d’une petite fille à la chevelure de feu et aux yeux dorés. L’illustration de la première de couverture ne nous laisse en aucun cas présager l’histoire dont nous allons être témoin. Grande admiratrice du travail de l’illustrateur David Sala, ici le texte de Jean-François Chabas et l’illustration se répondent parfaitement.

Voici LE passage préféré de tous les temps et vous allez en connaître les raisons :

« Le cri de fureur de Banshee remonte de son ventre, glisse le long de ses petites côtes, s’engouffre dans sa gorge, et jaillit enfin de ses lèvres. C’est un hurlement si incroyable qu’il se rit du vent et des vagues, qu’il file au-dessus des flots, comme une flèche stridente. »

Jean-François Chabas fait exploser cette colère si profonde à travers les mots. Une colère qui ne peut être contrôlée et rugit si fortement dans le corps de cette petite fille. Cet extrait évoque une montée en puissance, violente, démesurée mais émouvante comme si le personnage principal ne pouvait pas faire autrement. Les mots employés par l’auteur invite le lecteur lui-même à ressentir cette douleur du cri, celui qui fait mal.

J’ai eu l’occasion de le lire maintes fois en lecture à voix haute et lorsque ce passage arrive enfin il y a une force qui se matérialise sans doute grâce aux déchaînement des éléments marins.

******

Héloïse est tombée sous le charme de Red Man, paru aux éditions Au Diable Vauvert. Un texte court et percutant qui nous dévoile les conséquences désastreuses de la colonisation de l’Australie sur les Aborigènes.

Red man, Jean-François Chabas, Au diable Vauvert, 2021

« Ils croient que leur technique – comme l’air conditionné dans lequel ils vivent du matin au soir (de leurs voitures à leurs supermarchés en passant par leurs bureaux et leurs maisons) – les rend supérieurs, mais ils n’ont pas compris que cela les isole de la nature. Ça les enferme dans une bulle, comme s’ils étaient dans un scaphandre sur une planète hostile. »

A travers le personnage de Marvellous, elle a découvert les horreurs que les colons ont fait subir aux indigènes : assassinats, enlèvements, vols, spoliation, essais nucléaires… Pour récupérer leurs terres, on a même été jusqu’à leur faire découvrir l’alcool et la drogue.

« […] il est des monstres réels qui habitent les peaux humaines, et valent les plus abominables des tyrans imaginaires. »

Red man est un roman engagé, intense, qui oscille entre dénonciation, légendes, et récit initiatique. Un texte qui est aussi très poétique, à découvrir.

******

Linda a choisi Ma petite bonne qui dénonce la Kafala, forme d’adoption sans filiation qui s’apparente souvent à une forme d’esclavage moderne.

Ma petite bonne, Jean-François Chabas, Talents Hauts, 2022.

« N’est-ce pas elle, la peur, qui raidit, qui fait que l’on se cramponne à ce que l’on connaît, même si c’est mauvais ? Qui empêche de regarder l’autre avec plus de liberté ? Corsetée dans ses idées racistes, sa vision du monde qui lui assurait une fausse tranquillité d’esprit, Albertine n’apprendrait rien.
Mais ma mère, elle s’est libérée. Je lui ai vu pousser des ailes en même temps que poussaient les miennes. »

Cette citation lui a semblé importante car elle marque un tournant dans la relation de Nada, la narratrice, et Ife, sa petite bonne, en montrant l’évolution des mentalités au fil des générations.

Là où la grand-mère de Nada ne se remet pas en question, tant sa vision du monde est limitée à ce qu’on lui a enseigné depuis l’enfance, sa mère et elle vont se libérer en-même temps, en rapprochant la situation d’Ife à la leur, soumises aux hommes de la famille et limitées en droits.

Cela met en lumière la confrontation des traditions ancestrales à un fort désir de modernité qui tend à redéfinir la place des femmes en général et le rôle qu’elles ont à jouer dans leur émancipation, en commençant par regarder les autres femmes comme leurs égales.

******

Féroce, Jean-François Chabas, illustré par David Sala, Les albums Casterman, 2012.

En se promenant dans la forêt, Colette a eu l’immense chance d’assister à un étrange spectacle, celui d’une jeune fille à la longue chevelure brune et d’un loup aux yeux injectés de sang. En s’approchant tout doucement du loup endormi, voici ce qu’elle entendit :

« J’ai parcouru mille chemins de traverse à ses côtés,

des sentes et des sentiers,

parfois même dans de minuscules ruelles nous nous sommes aventurés,

et toujours sa main sur mon dos elle a laissé.

Que j’aime sentir ses longs doigts s’agripper à ma fourrure,

que j’aime sa confiance,

ces mots qu’elle murmure quand un grognement monte instinctivement en moi.

Que j’aime sa voix qui chante, qui blague, qui rit.

Que j’aime cheminer avec elle,

Et redevenir ce loup que je suis vraiment,

celui qu’aucune sentence ne détermine,

un loup libre et aventureux. »

******

Et vous, quels sont vos titres préférés de cet auteur-voyageur ?

Nos coups de cœur de l’été !

En ce jour de rentrée scolaire, nous souhaitons une belle année aux petits et grands écoliers : de belles découvertes, de joyeux camarades et des lectures enthousiasmantes ! Pour y contribuer, voici nos ouvrages préférés de l’été.

******

Le gang des 11 est un album parfait pour démarrer l’année. Comme le héros est un poisson, l’ambiance maritime a un petit goût de vacances. Mais l’intrigue interroge le rapport aux autres, rapport toujours déséquilibré par l’arrivée de nouveaux élèves dans un groupe. De quoi donner envie de garder sa personnalité au sein d’une classe !

Lucie a adoré ce livre aux illustrations à la fois douces et signifiantes. Éloge de la différence, mais aussi du pardon, il est à mettre entre toutes les mains.

Le gang des 11, Rocio Bonilla, Éditions du Père Fouettard, 2023.

Son avis complet ICI.

*

Bien qu’il ne soit pas estampillé « jeunesse » La 2 CV la nuit est tout à fait accessible aux pré-ados. François Place y raconte ses souvenirs d’enfance de citadin passant l’été à la campagne. Le monde agricole, ses tâches multiples et infinies, les animaux, la nature, le patois, les longues heures jusqu’au soir… Et l’héroïne de ces séjours : la fameuse 2 CV.

À hauteur d’enfant et avec beaucoup de sensibilité, l’auteur-illustrateur témoigne de son admiration pour les Paysans mais aussi de l’évolution des paysages et la mécanisation du métier. Il se fait aussi défenseur de l’ennui et de la rêverie qui lui ont permis de développer son coup de crayon. Une autobiographie drôle et émouvante.

La 2 CV, la nuit, François Place, Éditions du Sonneur, 2017.

Son avis complet ICI.

******

Linda a placé son été sous le signe du sport pour vivre au rythme des Jeux Olympiques et Paralympiques. Dans la diversité des livres lus, deux titres l’ont plus particulièrement touchée.

Il y a eu tout d’abord un album tout droit venu de Corée dont l’histoire se déploie dans des aquarelles poétiques et pleines de sensibilité. On y suit une fillette qui pousse sa grand-mère à la suivre à la piscine alors que celle-ci freine des pieds tant elle se sent fatiguée, frileuse et âgée. Pourtant une fois sur place, elle découvre le plaisir d’être dans l’eau et de retrouver la légèreté perdue.
Linda a été très sensible à la représentation du corps de la grand-mère qui, au sol, est montré dans toute sa fragilité, sa perte de fermeté et d’élégance. Immergé dans l’eau, il se transforme pour exprimer toute la beauté du corps âgé et sa capacité à se mouvoir au contact de cet élément naturel qui l’a vu naître. Car l’artiste pousse la représentation de renaissance dans une palette de couleur et de formes abstraites qui rappellent le bain primordial et le liquide amniotique.

à l’eau ! de Heejin Park, CotCotCot éditions, 2024.

Son avis complet est ICI.

*

Et puis il y a eu le magnifique et bouleversant roman de Marie Vareille porté par une héroïne touchante. Il y est question d’une passion pour le basketball, de la perte d’un être cher et du deuil qui s’en suit, de la maladie mais aussi d’amitié et d’un premier amour.
Linda a aimé la construction du récit au format d’un match de basket, l’émotion tangible qui s’exprime dans les mots de son auteure, le récit qui s’appuie sur son histoire personnelle tout en s’en éloignant dans la passion de son héroïne et la force des liens qui unissent cette famille et qui trouvent leur apogée dans la capacité de la mère à porter son petit monde à bout de bras.

Le syndrome du spaghetti de Marie Vareille, Pocket, 2024.

Les avis de Helolitla, Linda et Lucie.

******

Séverine a craqué pour l’album Sur le chemin de Reinette, illustré par de magnifiques aquarelles mettant en valeur un texte fin, délicat, avec juste ce qu’il faut de malice et de fantaisie. Livre des sens en éveil et d’une nature préservée, le lire, c’est humer les parfums de l’océan, l’écouter chanter sa puissance, frissonner un peu en imaginant s’y tremper les pieds, observer d’un œil furtivement agacé les autres humains qui s’attardent sur ses plages. On joue à se faire peur, aussi, quand il s’agit de passer près de la maison de celle qui grogne, jure, postillonne. La vieille dame. Reinette. Cauchemar des enfants du coin depuis bien longtemps. Mais quand l’on découvre avec Zélie un secret de siècle dernier, inscrit sur un « trésor sous verre » venu s’échouer aux pieds de la fillette, on se surprend à croire à nouveau aux contes de fée, lorsque les grenouilles se transforment en princesses et les crapauds en princes charmants. Frais, vibrant, riche en imagination, en sentiments et en couleurs, Séverine considère que cet album est de ceux qui font honneur à la littérature jeunesse. Celle qu’elle chérit quand elle apporte tant. Évasion, émotion, réflexion. Quand elle va plus loin, assurément. Comme ici, sur ce chemin. L’album l’a profondément touchée, car c’est également, empreint d’humanité, un très beau récit sur la solitude, la vieillesse et les rendez-vous manqués.

Sur le chemin de Reinette, de Emmanuel Bourdier et François Ravard, Flammarion jeunesse, 2024.

Son avis complet est ICI.

*

Dans un autre registre, elle a été saisie d’émotion à la lecture du roman Une paillette dans l’iris, de la collection Le grand Bain chez Seuil Jeunesse, qu’elle affectionne particulièrement. Destiné aux enfants dès 8-9 ans, il traite de la mort d’un frère, du deuil et du chagrin et de comment être heureux.se quand même. Le ton, les mots sonnent juste. L’écueil, avec ce thème, est de verser dans le pathos, ou de s’adresser plus aux adultes qu’au jeune lectorat. Il est ici parfaitement évité. Avec une candeur délicieuse, un humour délicat, une profonde empathie, des trouvailles topographiques et textuelles, avec, surtout, une sensibilité et une tendresse exceptionnelles, l’autrice, très joliment accompagnée par des illustrations toutes douces, l’a emportée, malgré un sujet douloureux, aux confins d’une émotion baignée de lumière.

Une paillette dans l’iris, de Charlotte Pons et Inbar Heller Algazi, Seuil Jeunesse, 2024

Son avis complet ICI.

******

Pour Liraloin, le coup de cœur de cet été est signé Antonio Carmona, lauréat du concours du premier roman de chez Gallimard jeunesse 2023. Dans On ne dit pas sayonara, il y a des rencontres qui font changer, évoluer et enfin peut-être accepter l’inacceptable.

On ne dit pas Sayonara d’Antonio Carmona, Gallimard jeunesse, 2023

Retrouvez son avis complet ICI ainsi que celui de Linda et de Lucie.

******

Cet été Colette a décidé d’explorer les rayonnages de sa bibliothèque personnelle et de fouiller parmi ces livres posés sur l’étagère depuis des années et qu’on regarde en passant comme de précieuses promesses de voyage à venir. Et elle en a tiré Miss Charity de Marie-Aude Murail. Quel enchantement que le récit de la vie de Charity Tiddler dont on suit avec délectation les aventures, de l’enfance à l’âge adulte. Quel personnage extraordinaire et pourtant si humble que cette enfant solitaire qui explore le monde avec une honnêteté et une curiosité qui mettent du baume au cœur à chaque page. Et puis c’est une ode à la créativité, à l’indépendance, à la puissance féminine mais aussi un hommage vibrant à la nature à laquelle nous appartenons, à travers cette ribambelle d’animaux qui peuplent la vie et l’œuvre de notre héroïne. Difficile à résumer ce roman, fausse autobiographie, pièce de théâtre, illustré des magnifiques aquarelles de Philippe Dumas. Mais tellement agréable à savourer ! Un délice !

Miss Charity, Maire-Aude Murail, L’école des loisirs, 2016.

L’avis d’Isabelle par, celui de Linda et celui de Lucie. Linda a même chroniqué son adaptation en BD par ici et ici.

Et si le coeur vous en dit de (re) découvrir les romans de Marie-Aude Murail, on lui avait consacré un billet « Nos classiques préféré.e.s » par là-bas !

******

De son côté, Héloïse – Ileautresor a aimé un album qui lui a évoqué la rentrée et l’automne. Dans Chez Bergamote, l’automne apparaît avec des feuilles colorées juchées sur le sol tout autour de la maison. Tout est calme dans le jardin : un tableau de toute beauté. Qu’est-ce qui se passe ? Pas grand-chose pourtant. Juste une ambiance automnale. Le chat de la maison se tient sur le pas de la porte, à l’entrée du jardin.

Et cependant, une grande poésie d’échappe de ces petits moments juste ces instants du quotidien mais qui parlent du bonheur, tout simplement. Un enfant passe du temps chez Bergamote, ses deux chats et ses trois chatons.
Il joue à cache-cache dans le jardin tout près du vieux pommier puis prend son goûter avant que son père vienne le chercher.

Junko Nakamura parvient à évoquer avec justesse ces instants de bonheur de façon fugitive, avec délicatesse.
Un album délicieux !

Chez Bergamote, Junko Nakamura, Éditions MeMo, 2023.

*****

Cet été, Héloïse a tenté de diminuer sa pile à lire avant la rentrée littéraire et ses nombreuses sorties alléchantes. Elle a fait de belles découvertes, de jolies relectures pour son billet d’été, a continué quelques séries qu’elle apprécie énormément, comme Pallas, de Marine Carteron, ou Crookhaven, de JJ Arcanjo. Parmi elles, le très émouvant Et derrière nous le silence, de Nancy Guilbert, paru en aux éditions Gulfstream. Dans ce roman ado, trois adolescent.es aux prises avec ce qu’il y a de pire. La violence, le harcèlement, l’emprise, l’égoïsme. Trois adolescents confrontés à de la violence, au sein même de leur famille.

Un ouvrage qui aborde avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité des thématiques difficiles. Un texte qui a énormément ému Héloïse, tant par la souffrance que vivent ses personnages, que par la résilience nécessaire à surmonter ces épreuves. Un peu comme dans Gazelle punch, un autre roman de l’autrice qu’elle a apprécié, l’autrice évoque le pire, mais aussi la reconstruction. Et derrière nous le silence est une lecture abrupte, bouleversante. Pour briser la loi du silence et réparer.

Et derrière nous le silence, de Nancy Guilbert. Ed. Gulfstream, février 2022.

Sa chronique détaillée ICI.

*

Côté album, C’est Fermez la porte !, de Koen Van Biesen aux éditions Obriart, qui a conquis la famille d’Héloïse. Ses enfants ne se lassent pas de relire cet ouvrage interactif et bourré d’humour. À l’intérieur : deux chiens, qui essaient de lire et de travailler dans la brasserie Bouledogue. Mais quelqu’un a laissé la porte ouverte… Laissant entrer la pluie… et pas seulement !

Fermez la porte ! est un excellent album, aux airs surréalistes, qui joue avec le lecteur. Dans chaque double-page, des détails cachés rendent la lecture encore plus folle et plus fun. Le comique de répétition joue son effet, tout comme les visages expressifs des personnages : on sourit, on rit, et on en redemande !

Fermez la porte ! de Koen Van Biesen. Ed. Obriart. novembre 2023

Sa chronique ICI.

*****

Peu de lectures jeunesse pour Blandine cet été, mais ces trois-là lui restent au cœur !

Blandine aime les abécédaires et leur diversité. Ici Emilie Vast, de son dessin aussi épuré que précis, allie à chaque lettre un animal, un verbe et un végétal, avec un vocabulaire riche et recherché, pour le plus grand bonheur des petites et grandes oreilles !

Alphabet des plantes et des animaux. Emilie VAST. Editions MeMo, novembre 2017

*

Un album au dessin clair et léger qui accompagne des pensées empreintes de poésie sur le monde qui nous entoure et qui nous impacte comme nous relie. C’est sobre, doux, beau.

Presque soi. Martine DELERM. Editions du Seuil, mars 2023

*

Une histoire d’amour adolescente, deux rêves à accomplir, un récit d’ouverture et d’acceptation. Car Joanna est en fauteuil roulant et rêve de danser. Swann lui, adore la guitare et vient d’acquérir celle qu’il convoite depuis tant de temps. L’écriture douce et sensible d’Annelise Heurtier nous propulse auprès d’eux et nous fait ressentir toutes leurs émotions. Un très beau roman !

Envole-moi. Annelise HEURTIER. Casterman Jeunesse, mars 2021

*****

Et vous, quelles belles découvertes avez-vous faites cet été ?

Billet d’été : Du (handi)sport pour accepter son corps

Alors que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 vont commencer ce mercredi 28 août, Blandine a souhaité mettre en valeur le handisport comme moyen de résilience, d’acceptation, de résistance et de performance. Des thématiques déjà bellement abordées dans les billets de Lucie, Frédérique, Séverine, Héloïse – Helolitla, Héloïse – Ileautresor, Linda et Colette.

Pour la petite histoire, les Jeux Paralympiques ont fait leur apparition en 1960, pour les Jeux d’été de Rome, et en 1976 à Örnsköldsvik en Suède, pour ceux d’hiver.

Qu’il soit de naissance, consécutif à un accident ou à une maladie, le handicap bouleverse le rapport au corps et la représentation qu’on en a. Par le sport, ce (nouveau) corps devient allié et synonyme de possibles, de beautés et de réussites. Pourtant, le handicap est souvent abordé en littérature jeunesse, mais quasi uniquement sous l’angle moteur et scolaire. Rendant le handisport peu connu, peu accessible, peu accepté, car sous-représenté. Les quelques titres dénichés sont donc d’autant plus forts et importants.

*******

INSÉPARABLES, Charlotte Fairbank et Claire Morel Fatio, La Martinière Jeunesse, 2024.

Charlotte Fairbank a perdu l’usage de ses jambes à 9 ans suite à un « accident un peu bête » et a dû apprendre à utiliser son nouveau corps, à devenir « cap » et c’est ainsi qu’elle a découvert le handisport puis le fauteuil-tennis plus récemment grâce à un joueur, Dani. Cet album, en plus de nous raconter un récit de vie, un courage et une obstination exemplaires, nous montre les différents types d’handicaps existants, visibles et invisibles, afin de les normaliser. Charlotte Fairbank a été sélectionnée pour compétiter durant les Jeux Paralympiques 2024.

*******

Envole-moi, Annelise Heurtier, Casterman Jeunesse, 2020.

Lorsque Swann, 15 ans, voit Joanna lors d’une brocante, un coup de foudre le frappe. Il est subjugué et il faut croire que c’est partagé car elle lui donne son alias Facebook. Elle est dans un autre lycée, dans une autre ville même, aime les blagues idiotes et créer des jeux atypiques qui deviennent bientôt des petites habitudes entre eux. Et elle adore la danse classique et les Ballets. Avec sa cousine, c’était d’ailleurs leur rêve : réussir le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris. Chiara a réussi. Joanna n’a pas pu tenter. Car elle est en fauteuil roulant depuis un accident de voiture. Dès lors, Swann n’a plus qu’une idée en tête, lui permettre de danser. Mais le projet s’avère bien plus difficile à réaliser que pensé.

Je ne veux pas être le gentil garçon qui aide la pauvre fille handicapée. Je suis celui qui aide la fille qu’il aime, point.

Outre la belle histoire d’amour qui se noue entre ces deux adolescents, ce sont surtout les questions autour du handicap et ce qu’il induit qui sont intéressantes. Sortir avec une fille en fauteuil, c’est être hors-cadre, hors des schémas, et il faut être prêt à accepter regards et remarques, maladroits comme intentionnels, et l’exclusion. Lorsque Swann recherche des cours dans sa région, il va se heurter à une dure réalité qui n’est pas toujours le fait de mauvaises volontés. Annelise Heurtier, par sa plume douce les décrit bien, comme les affres dans lesquels se retrouve plongé Swann. Un très beau roman !

*******

Running Girl est une courte série en trois tomes des Editions Akata, dans laquelle nous rencontrons Rin, jeune adolescente amputée sous le genou droit suite à un sarcome osseux. Sa prothèse lui fait mal, elle n’arrive pas à gagner de l’assurance pour marcher sans béquilles, elle n’a plus goût à rien et sa convalescence est bien plus longue que pour les autres. C’est comme cela que son rééducateur à l’hôpital l’oriente vers un orthoprothésiste qui travaille avec un certain Kazami. Impressionnée par sa personne autant que par ses conceptions, Rin se découvre une volonté insoupçonnée, une envie de vivre et de réussir, un optimisme à toutes épreuves. Sa nouvelle ambition : courir. Et courir vite pour être sélectionnée aux prochains Jeux Paralympiques !

Running Girl est un manga passionnant. Par l’histoire de Rin, c’est tout le développement du parathlétisme et de la course en particulier qui nous est raconté. La conception des lames, la manière de les utiliser pour performer, les emboîtements, les entraînements entre sportifs en situation de handicap et sportifs valides, le coût des équipements, plus élevés, encore en expérimentation donc peu/pas assez rentables… C’est tout un envers du décor qui nous est expliqué et c’est fortement instructif et intéressant.

*

Toujours chez Akata et le parathlétisme, faîtes connaissance avec Shôta dans le manga Fends le vent ! (en 5 tomes).

*******

Jeux Paralympiques. Kara7, Kat-chan, Reptilian, Fondation Ipsen, 2021.

Dans ce manga, trois histoires inspirées de trois handisportifs sont rassemblées. Celle de Renaud Clerc (athlétisme), Sonia Heckel (boccia) et Ryadh Sallem (rugby-fauteuil). Trois parcours de vie frappés par le handicap que le sport a permis de relever et de transformer. Ces trois récits nous permettent de voir combien le sport peut redonner envie, confiance en soi et en l’avenir, comme de connaître ces sports, telle la boccia, sorte de pétanque italienne, uniquement jouée par les handisportifs et accessible à plusieurs types de handicaps.

*******

REAL, Takehiko Inoue, Kana, 2024. 16 tomes

Tomomi Nomiya est lycéen plein de morgue. Basketteur hors pair, il agace ses camarades et professeurs qui n’apprécient pas son attitude. Renvoyé du lycée, il ne joue plus au basket depuis qu’un accident de moto a laissée handicapée la fille qui l’accompagnait ce soir-là. Culpabilisant, c’est à la suite d’une de ses visites à l’hôpital qu’il fait la rencontre de Kiyoharu Togawa, jeune homme amputé d’une jambe suite à une maladie, féru de basket mais n’y jouant plus malgré l’insistance de sa sœur. La rencontre des deux jeunes hommes va se révéler musclée. Pendant ce temps, Hisanobu Takahashi prend la tête de l’équipe lycéenne de basket mais son prestige tourne court.

Le premier tome de cette série manga (non terminée) est percutant et nous donne terriblement envie de suivre les parcours de ces trois jeunes hommes dont les portraits psychologiques sont finement dressés. Au-delà, il nous montre comment le handibasket est pratiqué, le type de fauteuil à avoir, les facultés à acquérir, les types de déplacements…

*******

Les Stars des Jeux olympiques et paralympiques. Françoise Ancey, Hugo Jeunesse, 2023.

Si les portraits de sportifs valides, historiques, ou encore féminins sont nombreux, rares sont les portraits des handisportifs. Cet ouvrage documentaire leur donne une visibilité en y associant une histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Certes, les portraits paralympiques sont moins étayés et souvent groupés, mais ils ont le mérite d’être présents et le livre est de belle facture.

Un premier documentaire qui en verra d’autres, plus complets, plus exclusifs aussi, on l’espère !

*******

120 jeux SPORTS Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Hugo Jeunesse, 2024.

Il existe plusieurs façons de découvrir les sports olympiques et paralympiques, et le jeu en fait partie ! Ce cahier indiqué dès 7 ans est une très bonne première approche, d’autant qu’il ne contient aucun didactisme. Labyrinthes, jeux d’ombres, rébus, charades, pêle-mêles… se succèdent pour les découvrir, « l’air de rien ». Et c’est très bien ainsi !

*******

Pour aller plus loin et découvrir d’autres ressources :
*Album : L’envol de Dimitri. Cécile Baquey-Moreno et Sébastien Chebret, Éditions Cépages, juin 2024. Sur Dimitri Pavadé, athlétisme
*Album : Tomber 8 fois, se relever 9. Frédéric Marais, Editions HongFei, avril 2024. Sur Eugène Criqui, boxeur
*BD : Balle au pied. – Tome 1 – Remise en jeu. Lyllian et Lesdeuxpareilles. Éditions Glénat, juin 2024
*Film : Un p’tit truc en plus. Par Artus (2024)
*Podcast : « Succès d’ »Un p’tit truc en plus » : nouveau regard sur les handicaps mentaux ? ». France Inter
*Manga à paraître chez Akata : Les Artisans du possible. Le 5 septembre 2024
*Différentes vidéos sur France TV autour du handisport et du Paralympisme

*******

Vous intéressez-vous à l’handisport et regarderez-vous les Jeux Paralympiques ? Avez-vous d’autres références de livres jeunesse ?

Billet d’été : Réflexions d’un sportif de 10 ans.

Ce billet d’été m’a été inspiré par mon fils cadet, un garçon de 10 ans qui tourbillonne, court, saute, grimpe, danse, lance depuis qu’il est né, avec une grâce et une dextérité qui m’a toujours émerveillée. Quand il a su que les Jeux Olympiques et Paralympiques auraient lieu dans son pays cette année, il a été pris d’une irrésistible passion pour le sujet et en quelques mois, il est devenu l’expert de la famille. Palmarès, biographies, records des athlètes qui nous ont fait vibrer cet été sont devenus ses mantras et comme savent si bien le faire les enfants, il a engrangé un nombre incroyable de connaissances sur le sujet en quelques mois. C’est à cette passion dévorante que je voulais dédier mon billet d’été, car si le sport est entré dans ma vie c’est bien grâce à cet athlète en devenir qui grandit dans mon nid.

Colette. – Nathanaël, comment est née ta passion pour le sport ?

Nathanaël. – Ma passion pour le sport est née grâce au mouvement. Jouer avec un ballon, sans ballon, courir, m’amuser, gagner, perdre, apprendre, voilà tout ce que j’adore !

Colette. – Est-ce que tu te rappelles de la première fois que tu as fait du sport ?

Nathanaël.- oui, à 5 mois quand j’ai commencé à jeter des choses ! Et quelques mois plus tard quand j’ai découvert que je pouvais courir !

Colette. – Quel est ton sport préféré ?

Le handball évidemment, parce que j’aime jouer avec un ballon, gagner, perdre, courir apprendre à être fair play, apprendre à jouer en équipe, avec mes copains. Je fais du handball depuis que j’ai 8 ans, j’ai été initié par mon frère aîné qui en fait depuis qu’il a 10 ans.

Colette. – Pour nourrir cette passion, nous sommes souvent allés à la médiathèque ou à la librairie. Quels sont les livres qui t’ont marqué ?

Nathanaël. – J’aime bien lire la vie des athlètes, en ce moment sur ma table de chevet il y a la vie de Rafael Nadal par exemple, que j’admire beaucoup.

Rafa, Rafael Nadal et John Carlin, J’ai lu, 3013.

J’aime aussi le livre que tu m’as offert pour mon mois-siversaire de Mai Les Stars des jeux olympiques et paralympiques de Françoise Ancey où on découvre la vie de nombreuses champion.nes olympiques et paralympiques des JO d’Athènes en 1896 à 2020.

Les Stars des Jeux olympiques et paralympiques, Françoise Ancey, Hugo Jeunesse, 2023.

J’aime aussi les documentaires dédiés à un sport en particulier par exemple celui sur le handball que nous avons emprunté à la médiathèque.

Le handball raconté aux enfants, Frédéric Brindelle, La Matinière jeunesse, 2009.

J’ai aussi adoré le livre que j’ai lu à l’école sur Clarisse Agbégnénou.

Combattre pour être soi, les conseils d’une championne, Clarisse Agbégnénou, Rageot, 2021.

Et celui que tu m’as offert sur la plus jeune championne olympique des JO de 1936, Marjorie Gestring, qui a participé aux côtés du champion Jesse Owens dont j’ai découvert l’histoire à l’école.

La véritable histoire de Marjorie Gestring, la plus jeune championne aux Jeux de 1936, Sophie Adriensen, Mary-Gaël Tramon, Bayard Jeunesse, 2024.

Colette. – Mais je sais qu’il n’y a pas que les livres qui nourrissent ta curiosité sur les JOP. Peux-tu nous présenter les autres médias que tu as découverts pour assouvir ta passion des JOP ?

Nathanaël.– J’ai bien aimé écouter le podcast « Théo, le taxi » avec Théo Curin, nageur handisport, conférencier, mannequin, acteur, chroniqueur, qui conduit un taxi et qui prend dans sa voiture un.e athlète pour l’interviewer. J’ai aimé l’épisode avec Elodie Clouvel qui a été médaillée d’argent au pentathlon dimanche 11 août. Il interviewe aussi des athlètes des jeux paralympiques comme Natenin Keita championne de para-athlétisme ou Axel Bourlon en para-altérophilie..

Colette. – Pourquoi aimes-tu cette émission en particulier ?

Nathanaël. – Parce qu’il montre des athlètes, comment il et elles sont vraiment, combien de chances ils ou elles peuvent avoir aux JOP Paris 2024. Théo fait des petits défis ludiques avec l’athlète invité.e : l’athlète choisit un endroit où il/elle veut aller : par exemple Clarisse Agbégnénou a voulu aller à l’aréna du champ de Mars où elle serait en compétition pendant les JOP.

Et dans mes émissions télévisées préférées, j’ai bien aimé « Aux jeux citoyens », notamment le feuilleton des jeux où tu te focalises sur un.e athlète, par exemple Séraphine Okemba, joueuse de rubgy à 7, même si elle n’a pas eu de médaille aux JO. Et avant le feuilleton des jeux, il y avait un focus sur les chances de médailles. Aujourd’hui, nous sommes le 11 août, c’est le dernier jour des JO, alors je peux comparer avec les données qu’on avait à ce moment là, c’est très intéressant de comparer maintenant avec les prévisions, on peut voir le chemin parcouru.

https://www.france.tv/france-3/aux-jeux-citoyens/

J’ai aussi vu des documentaires, par exemple celui sur Teddy Riner de 2013 à 2016, j’ai bien aimé car c’est une idole pour moi, au judo, je l’adore, comme mon père. Parce qu’il est grand, massif, costaud, il est dans la catégorie des plus de 100 kg, il a été 11 fois champion du monde, 5 fois champion olympique. J’ai bien aimé ce documentaire car il parle de sa vie, il raconte comment ça allait se passer pour les JOP de Rio, la finale était contre l’athlète Japonais qu’il a gagné en 20 secondes. C’est très impressionnant.

Teddy dans l’ombre de Riner, Yann Lhénoret, 2016.

Colette. – Qu’est-ce que tout ce que tu as lu, regardé ou écouté sur les JOP t’a apporté ? Des émotions particulières ? Des modèles dont tu aimerais t’inspirer ? Des connaissances sur le sport ?

Nathanaël. – Me renseigner sur les sportifs et les sportives m’inspirent car j’aimerais jouer au handball professionnellement et à travers les histoires des champion.nes je peux comprendre les qualités nécessaires pour se dépasser sportivement. Et puis le sport permet d’éprouver de grandes joies, des joies communicatives, qu’on partage avec tous.tes les spectateurs et les spectatrices.

Colette. – Quel est le sportif ou la sportive que tu préfères ? Pourquoi ?

Nathanaël. – Chez les femmes, c’est Clarisse Agbégnénou, c’est une wonderwoman, elle peut tout faire, être mère, championne du monde de judo, championne olympique, elle est marraine de plusieurs associations et combat le tabou des règles dans le sport en soutenant une entreprise française qui fabrique des culottes menstruelles. Chez les hommes, il y a Teddy Riner dont j’ai déjà parlé et LeBron James pour les mêmes raisons, il est costaud, massif et très fort.

Colette. – De toutes les anecdotes que tu connais maintenant sur la vie des champions et des championnes, est-ce qu’il y en a une que tu aimerais raconter ?

Nathanaël. – J’ai été très impressionnée par le parcours de l’escrimeuse Bébé Vio, elle a été atteinte à 11 ans d’une méningite fulminante à méningocoque C dont elle n’a pu être sauvée que grâce à l’amputation de ses 4 membres et surtout grâce à son rêve de refaire de l’escrime, sport qu’elle pratique depuis qu’elle a 5 ans. Je trouve cette championne très courageuse.

Colette. – Tu as eu la chance d’aller aux JOP de Paris 2024 : quel est ton meilleur souvenir ?

Nathanaël. – Un des meilleurs moments que j’ai vécus, c’est après le match de handball masculin entre le Danemark et l’Argentine, quand les spectateurs et les spectatrices sont restés dans l’Arena Paris Sud 6 pour regarder en direct la finale du 200 mètres brasse masculin sur nos téléphones et où ensemble on acclamait Léon Marchand qui nageait à plusieurs kilomètres de là où nous étions ! Quand il a gagné, on s’est tous.tes mis.e.s à chanter la Marseillaise, et on était joyeux ensemble. C’était un moment magique.

******

J’ai aimé observer la passion de Nathanaël grandir au fil de ses découvertes sur les jeux olympiques et paralympiques, j’ai aimé écouter ses questions sur les chances de médailles de la France, définir ce qu’est l’optimisme et le pessimisme par rapport à cette question qui a rythmé nombreux repas de famille, j’ai aimé aborder avec lui ce continent qui m’était jusque là complètement inconnu. Celui de l’olympisme, ses valeurs, ses règles, ses rêves. L’olympisme dont le discours sur l’humain, sur ce dont il est capable, quand le corps et l’esprit sont unis, m’ont peu à peu touchée. Bousculée. Chamboulée. Au point que même sans mon fils à mes côtés, je me suis surprise à regarder la mini-série documentaire « Le nouvel essor de Simone Biles » et à réclamer de faire une halte culturelle lors de notre séjour parisien au Palais de la porte dorée pour découvrir l’incroyable exposition « Olympisme, une histoire du monde ».

Parce que l’Olympisme, visiblement, nous permet de grandir en philosophe !

Billet d’été : Quand le Sport se décline au Féminin

L’été est déjà bien entamé et les billets sportifs se sont enchaînés autour de divers thématiques. Cette semaine, Linda vous propose de découvrir une sélection de livres consacrés aux sportives.

******

Femmes déterminées, Sportives engagées

Pour commencer, voici quelques titres qui mettent en avant des questionnements sur la place de la femme dans le sport au travers de réflexions ou de portraits qui valorisent l’engagement et le combat de ces héroïnes du sport. Ils sont aussi l’occasion de (re)découvrir des femmes qui ont marqué leur époque et ont contribué à changer le monde du sport.

*

Portraits de sportives, de femmes fortes, de battantes, essai féministe et engagée, Femmes & Sport nous rappelle le chemin parcouru entre 1930 et 2007 (informations remises à jour en 2023 pour la réédition) par et pour les femmes, les sportives et spectatrices qui ont toutes un rôle à jouer.
Constitué d’une cinquantaine de textes courts écrits par un collectif d’auteur.es qui, chacun dans son style, amènent une réflexion sur le rapport de la femme au sport, mais aussi et surtout, sur le rapport du sport aux femmes.

Femmes & Sport, Collectif, hélium, 2024.

Son avis complet est ICI.

*

Composé de huit nouvelles écrites par huit auteurices réuni.es par Carole Trébor, directrice d’ouvrage, Les Olympes s’inscrit dans une thématique féministe et engagée en proposant huit portraits de femmes qui ont contribué à changer l’image des sportives en montrant comment elles ont su s’imposer dans leur discipline, en transgressant les codes vestimentaires et/ou de genre et de couleurs, et en faisant preuve de force physique et mentale pour ouvrir la voie aux suivantes en se libérant du poids des stéréotypes.

Ces histoires reviennent sur les victoires de Gertrude Ederle, Rena Kanokogi, Kathrine Switer, Florence Artaud, Serena Williams, Kiran Gandhi, Megan Rapiroe et de l’équipe de beach handball norvégienne et nous rappelle que la lutte pour l’égalité existe depuis longtemps et n’est pas encore fini.

Les Olympes, Collectif, Albin Michel, 2024.

Son avis complet est ICI.

*

Il faisait parti de notre sélection documentaire lors du dernier Prix ALODGA, Surfeuses dresse le portrait de neuf femmes qui se sont battues pour avoir le droit de pratiquer cette activité sportive au même titre que les hommes. Pionnières, elles se sont imposées dans la pratique et ont contribué à faire évoluer les mentalités et le surf en la rendant accessible à toutes.

Surfeuses de Paola Hirou, Hélium, 2023.

L’avis complet d’Isabelle.

*

Véritable catalogue, cet album propose de découvrir 65 sportives, dont 50 françaises, au travers d’une présentation de leur pratique sportive, leur palmarès et leur combat pour s’imposer dans leur discipline.
Chaque portrait se présente sur une double page. La page de gauche dresse une présentation sommaire mais pourtant complète, la page de droit est une illustration de la championne et propose un petit encadré récapitulatif du palmarès des médaillées.
Un album documentaire à découvrir en famille, dès 5/6 ans.

Les super-héroïnes du sport d’Andrès Ramos & Syanie Dalmat, Talent Sport, 2024.

******

Portraits de Sportives

Voici ensuite une sélection de titres qui mettent en avant le parcourt de femmes qui ont marqué leur discipline par leur performance en s’imposant jusqu’à devenir des figures inspirantes pour leur génération et les petites et jeunes filles qui feront les sportives de demain.

*

Première star internationale du tennis féminin, Suzanne Lenglen, surnommée la Divine, a révolutionné le monde du sport en s’imposant sur les courts. Mais au-delà de son palmarès impressionnant, c’est sa façon d’imposer un style encore jamais vu chez les femmes qui en font une figure marquante de son époque.
Elle brave les mœurs de la société en se libérant du carcan qui enferme les femmes dans un corset et joue en tenue décontractée tout en imposant un style de jeu alors réservé aux hommes. Au fil des années, elle défie la Fédération du Tennis en devenant professionnelle alors que seule les amateurs sont acceptés sur les tournois et ne perçoivent aucun salaire.

Suzanne de Tom Humberstone, Ankama, 2024.

Son avis complet est ICI.

*

Première médaillée olympique de l’histoire des jeux modernes, Betty Robinson est une athlète qui aura marqué son époque et les Etats-Unis pour son parcours aussi exceptionnel que fulgurant. Philippe Nessmann retrace son histoire et son parcours de ses débuts dans l’athlétisme à l’âge de 16 ans à sa dernière participation à une compétition officielle lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Entre exploit sportif et récit historique, Une fille en or est un roman à découvrir dès 9-10 ans !

Une fille en or de Philippe Nessmann, Flammarion jeunesse, 2021.

Son avis complet est ICI et celui d’Héloïse – Ileautrésor ICI.

*

Six fois championnes du monde, Clarisse Agbégnénou affiche un palmarès impressionnant et s’impose comme une figure majeur du judo féminin français. Dans ce petit roman, elle raconte son combat dès sa naissance pour vivre – née prématurément sans grand espoir de survie. Elle raconte ensuite son enfance et sa difficulté à se poser jusqu’à sa rencontre avec le judo, ses premières compétitions et ses rêves de championne du monde.
Si le récit est assez simple, il est parfaitement adapté aux jeunes lecteurs qui en plus d’y découvrir une jeune fille incroyable, y trouveront des conseils pour s’accepter tels qu’ils sont, le droit à l’erreur, l’importance de se trouver une activité qui stimule et passionne dans la construction de l’estime et la confiance de soi.
Enfin, il est aussi appréciable d’y trouver des informations de bases sur le judo et son vocabulaire spécifique purement japonais.

Combattre pour être soir – Les conseils d’une championne de Clarisse Agbégnénou, Rageot, 2021.

******

Corpsobjet

Il est difficile de parler du sport en féminin sans évoquer les abus sexuels. Mais sans avoir besoin de sombrer dans le voyeurisme, le sujet mérite d’être traité avec pudeur en insistant sur l’importance de parler.

Annelise Heurtier parvient parfaitement à nous introduire dans le gymnase auprès de ces adolescentes dont la vie s’articule autour de leur passion commune. Sa jeune héroïne, Tessa, nous y décrit les entrainements, le dépassement de soi, les relations entre les différentes sportives, les sélections, les compétitions…les relations particulières qui s’installent entre le sportif et son coach. Jusqu’au drame qui vient éclabousser le club et chambouler l’organisation bien huilée du groupe avant qu’elles osent briser le silence ensemble.

Push d’Annelise Heurtier, Casterman, 2021.

Son avis complet est ICI.

******

Fiction

Pour finir, voici une petit série fictive fort sympathique qui, tout en abordant différents sujets, met en avant le parcours et le combat d’une jeune fille d’origines maliennes dans le monde de la danse. Il est reconnu que le parcours de danseuse étoile n’est pas des plus simples mais quand on a comme Eve la peau noire, il faut se battre encore plus pour s’imposer et faire sa place.

Son avis complet sur le tome 1 et le tome 2.

******

Quelle figure du sport féminin vous inspire ? Quelles lectures recommanderiez-vous ?