La grisaille de novembre pointe le bout de son nez, les envies de cocooning se font plus pressantes…. C’est le moment idéal pour découvrir les titres qui nous ont fait vibrer en octobre, et pourquoi par commencer à répéter des titres à déposer au pied du sapin !
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Lucie a été intriguée par ce titre sélectionné par le salon de Montreuil dans la catégorie « Pépite fiction ado ». Et pour entrer dans La danse sauvage d’Harmonie Stark, mieux vaut chausser ses bottes et son Stetson : voyage et aventure au menu ! Sigrid Baffert et Jean-Michel Payet plongent leurs lecteurs en plein Ouest américain du 19ème siècle, au milieu des convois de colons et des desperados. Nous voici chevauchant aux côtés de Grand et Petit. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Où vont-ils ? Ne comptez pas sur elle pour vous le dire !
Sachez seulement que la fameuse Harmonie Stark ne fait son apparition qu’au bout d’une centaine de pages et qu’il vaut mieux se concentrer (et avoir le cœur bien accroché) pour démêler le fil de sa vie. Heureusement niveau humour et émotion, le binôme Grand – Petit fonctionne à merveille. Outre l’aspect « western » et les personnages féminins aux caractères bien trempés, Lucie a beaucoup apprécié la recherche de vocabulaire et de sonorités des auteurs, qui ont fait un vrai travail pour que leurs mots sonnent « vrai ». Et les titres de chapitres sont de belles trouvailles !
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Autre genre, autre coup de cœur. Cela faisait longtemps qu’Un océan d’amour était dans la liste de Lucie. Il faut dire qu’avec sa couverture façon boîte de conserve, cette impostante BD (224 pages) a de quoi titiller la curiosité du lecteur. Plus encore lorsqu’il s’aperçoit qu’elle) ne contient aucun texte. Tour de force ? Très certainement, d’autant que le pari audacieux de Wilfrid Lupano et Grégory Panaccione ne s’arrête pas là.
D’amour il est question, mais l’amour à l’épreuve du quotidien – au départ ; puis de la distance – par la suite. Sans un mot. Mais pas sans émotion !
Les auteurs mettent en scène un couple breton, traditionnelle Bigoudène flanquée de son pêcheur de mari. Mais voilà que la journée de pêche tourne au drame, et madame guette le retour de son époux sur le port. L’occasion d’aborder pèle-mêle (mais pas tant que cela) la pollution, la surpêche, la malbouffe, les pirates, l’opportunisme des dirigeants et le retour en grâce des traditions, du do it yourself aux recettes de grand-mères. Toujours sans un mot. Pour ne rien gâcher, les personnages sont adorables, exagérés juste ce qu’il faut pour les rendre attachants, et tant les décors que les couleurs sont splendides.
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Héloïse – Ileautresor a eu un coup de cœur pour cet album grand format. D’après les belles couleurs de ses pages et de la couverture orangée, il donne une impression de chaleur. Mr Henri le blaireau part se promener dans la forêt parée de couleurs dorées. Il aime l’automne : c’est sa saison préférée. Il aime prendre le temps de rêver…
Il songe à ce billet reçu dans la matinée…Timide, sensible, timide, il aime sa tranquillité. Il trouve vraiment curieux, qu’on lui parle d’émois amoureux…Mais soudain… Toc toc toc…Quelqu’un frappe à sa porte. Qui donc lui rend visite pour le goûter?
C’est son amie Moufflette ! Tant mieux, il vient justement de préparer un bon gâteau à la courge qu’ils vont partager. Or le récit est mêlé à de savoureuses préparations: soupe à l’oignon, tarte aux champignons, sont aussi évoqués cookies à la cannelle et flan aux oeufs vanillé. Tout a l’air si délicieux !
Les deux amis sont bien campés et très différents. A la balançoire, lui, plus prudent, va plus doucement. Elle s’élance volontiers dans le vent. A bicyclette, ils forment un drôle de cortège: un blaireau et une mouffette….Une autre lettre de l’inconnue mystère invite Mr Henri à une fête déguisée où chacun fait un vœu, en secret, en tournant autour du feu…
L’album évoque la douceur de l’amitié entre un blaireau et une mouffette … et peut-être plus d’ailleurs…le lecteur l’aura peut-être deviné ! Avec toute la chaleur ensoleillée de belles journées, l’album adopte les couleurs dorées et vermeilles. C’est une merveille !
Son avis complet est à lire ICI.
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Séverine ne connaissait pas cet album de Bernadette Gervais, dont elle appréciait jusqu’alors le grand talent pour illustrer la nature, la magnifier, croquer l’enfance joyeuse… Elle ne s’attendait pas à être sidérée par une œuvre, certes, toujours graphiquement splendide, mais surtout d’une force inouïe pour traiter, avec les plus petit.es, le sujet des violences intra-familiales, au sein du couple, et partout où il y a maltraitance….
Sous couvert d’un conte animalier, c’est une situation hélas bien humaine que raconte l’autrice : celle d’une vie quotidienne sous emprise, coincée dans les rouages du dénigrement, de l’isolement, de la culpabilité, du déni, voire du syndrome de Stockholm…L’atteinte à l’intégrité physique y est également abordée de front, avec néanmoins toute l’acuité indispensable quand on s’adresse au très jeune lectorat. Le ton est simple, juste, les illustrations illuminent et adoucissent la difficulté du propos.
« Petite et grande Ourse » raconte l’histoire d’une petite ourse qui subit, jour après jour, les colères, les humeurs, les insultes et brimades de sa mère adoptive, parfaite incarnation d’un.e pervers.e narcissique, brillant.e en société, très sombre dans le secret du foyer. Quand Petite ourse ose tout révéler, personne ne la croit. Elle se résigne…Jusqu’au jour de trop…Elle suit alors le conseil de Grande Ourse (sa conscience ?) et fuit, malgré sa crainte de l’inconnu. Ici, l »optimisme reste de mise, puisque tout est bien qui finit bien et c’est, tout en finesse, que Bernadette Gervais nous dit : fort est qui abat, plus fort est qui se relève.
A hauteur d’enfant et en très grand !
Son avis complet est ICI.
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Autre coup de cœur du mois d’octobre pour Séverine, qui a enfin lu le seul roman ado d’Hervé Giraud qui manquait à son palmarès. On se souvient qu’elle a découvert cet auteur seulement un an auparavant et que, depuis, chaque lecture l’emporte dans un univers unique qui floute la frontière entre humour et tragédie. Solal, le héros de « Y aller », décide, à la suite de la vexation ultime (« t’es pas un vrai mec« ), de quitter sa chambre-grotte, sa console de jeux vidéos, sa manette et tout ce qui le lie au virtuel. « Quand tu aimes, il faut partir » ? Vive l’aventure ! Sac au dos, pouce en l’air, ocarina et autres babioles essentielles en poche, direction le centre de la France, à savoir Bruère-Allichamps (Cher, 566 habitants), pour prouver à la terre entière, Laëtitia Duvernois (par qui le scandale est arrivé) et surtout lui-même, qu’il saura cumuler les points, gagner des vies, la Vie, et aussi la partie ! Il ne perdra pas un bras au champ de bataille, mais un bout de doigt dans son périple, et même un peu plus…Road-trip décalé et décapant, peuplé de personnages secondaires plus loufoques les uns que les autres, ce roman moins léger qu’il n’y paraît, est une exhortation à être moins con…necté.es et à profiter des merveilles que nous offre la réalité. Il est absolument parfait pour les gamers et autres geeks, ou tout simplement, celles et ceux qui aiment les romans qui naviguent joliment entre sourires et émotions.
Sa chronique complète est ICI.
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Linda a eu un coup de cœur pour cet album fraichement publié aux éditions Voce Verso qui aborde l’importance d’accueillir les émotions et de les laisser s’exprimer pour mieux les affronter et les dépasser. Le texte de Sébastien Joanniez dégage une douceur et une poésie qui s’expriment dans la métaphore de l’océan, utilisée pour parler du vague à l’âme et du torrent d’émotions capable de submerger.
La tristesse s’exprime dans les illustrations de Sara Stefanini par l’utilisation d’un beau camaïeu de bleus, la palette de couleurs se réchauffant au rythme de l’apaisement de l’enfant. Son trait tout en rondeur et la colorisation très graphique appuient par ailleurs l’émotion du texte par le mouvement ondulatoire de l’eau. Quand l’eau semble enfin s’écouler vers l’extérieur du corps de l’enfant, l’effet n’en est que plus fort.
Son avis complet est ICI.
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Du côté des romans, Linda a eu plusieurs coup de cœur, notamment dans la sélection du Prix Vendredi mais pour ce billet, elle avait envie de mettre en avant un titre qui rend hommage aux sœurs Brontë, en commençant par Charlotte qui donne son nom au titre, un titre qui est aussi et surtout l’histoire d’une rencontre improbable, d’une premier amour porté par deux adolescents que tout oppose.
Jeanne est une jeune fille discrète, presque effacée, dont la passion pour l’œuvre de Charlotte Brontë l’anime d’un enthousiasme communicatif et la rend terriblement attachante dans sa capacité à se perdre dans ce roman et l’histoire de son autrice. Ne laissant rien au hasard, elle pousse ses recherches à l’extrême pour mieux en appréhender les nuances.
Au fil des pages se dessine le portrait de cette adolescente qui semble s’être volontairement coupée du monde dans lequel elle vit pour s’enfermer dans l’illusion naïve de cette vie romanesque qu’elle perçoit dans le récit de Jane Eyre. Pourtant ses recherches vont peu à peu la confronter à la réalité plus sombre et au destin plus dramatique des enfants Brontë. Par ailleurs, en opposant ses idées à celles d’Alex et, en apprenant à le connaître, Jeanne va peu à peu réapprendre à vivre dans cette réalité qui est la sienne.
Son avis complet est ICI.
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Quant à Liraloin et sa tête complétement immergée dans la littérature japonaise, il était un p’tit peu évident que son coup de cœur allait voyager au pays du Soleil Levant.
« Dans le train de Monsieur Shô-Shô, il y a des bonsaïs, des cerisiers en fleurs, des buveurs de thé et des buveurs de saké… ». Ici, les wagons sont colorés et accueillent les voyageurs aux moultes envies. Après avoir déposé son bagage, éventuellement mis son fidèle compagnon en gardiennage, vous pourrez filez « à la japonaise ». Bienvenue à bord pour un voyage où les escales sont tantôt des izakaya (petites échoppes pour boire et manger) où des magasins pour y faire des petites emplettes et tout cela sur les rails bien évidemment. Avez-vous remarqué cet arbre ou vous pourrez vous installer le temps d’une lecture à la douce lumière d’une lanterne traditionnelle ? …
Dans ce grand album à l’talienne sans texte, la voyageuse-lectrice ou le voyageur-lecteur peut observer toute la diversité de la culture nipponne. Les intempéries n’empêcheront pas d’arriver à la gare de Shitamachi sous une pluie de fleurs de cerisier. Qu’il est bon d’observer les dessins crayonnés hachurés et colorés. Yoki kokai wo !
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Suite à l’écoute du très bel épisode de Folie douce, le podcast de Lauren Bastide consacré à la santé mentale, qui louait la beauté de ces amitiés qui soignent, Colette s’est plongée dans un roman des années 2000 qui avait eu un succès incroyable à l’époque de sa publication : Kiffe kiffe demain de Faïza Guène, invitée du podcast.
Doria a quinze ans et tout son univers se structure autour des habitants et des habitantes de la cité où elle vit seule avec sa mère dans la banlieue de Livry- Gargan. Au fil des pages, on découvre le quotidien de sa mère, femme de ménage dans un Formule 1, à Bagnolet, tout juste abandonnée par son mari, reparti au Maroc trouver une femme plus jeune. On y lit ses discussions avec Hamoudi, qu’elle connaît depuis qu’elle est « haute comme une barrette de shit », les compte-rendus de ses rendez-vous avec Mme Burlaud, psychologue de l’Education Nationale (à l’époque où il en existait encore !) ou les récits des visites de l’assistante sociale qui s’occupe de leur dossier. C’est son quotidien, ses interrogations que Doria nous livre avec une verve très particulière et un humour décapant qui pointe du doigt le racisme latent de la société française et de son idéal bancal d’intégration, tout en explorant cet âge si particulier qu’est l’adolescence. Mais le plus intéressant avec ce roman, c’est d’observer la France qui y est décrite et de prendre en pleine face les changements qui caractérisent cette même France aujourd’hui, notamment en ce qui concerne le sort réservé aux classes populaires, aux personnes issues de l’immigration et à la vie en banlieue. Et d’ailleurs que dirait Doria de la France d’aujourd’hui ? Comment a-t-elle grandi ? Kiffe-t-elle toujours l’avenir ? Et bien c’est à ces questions – et à de nombreuses autres – que l’autrice s’est attelée en écrivant, 20 ans plus tard, Kiffe kiffe hier ? . On y retrouve Doria, 35 ans. Et un humour toujours aussi décapant pour affronter une France beaucoup moins « black, blanc, beur » que dans les années 2000.
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Hélolitlà s’est plongée dans des lectures d’automne pré-Halloween en octobre, et quoi de mieux pour cela que Camera Obscura : Le chant des morts, le dernier roman de Maëlle Desard, qui plonge ses lecteurs dans une ambiance gothique follement déjantée ? Un mystérieux brouillard qui recouvre la ville de Londres, des disparitions, des morts qui se relèvent, un mal qui tue à petit feu… l’intrigue a beaucoup plu à Héloïse.
Mais ce qui en a fait une lecture qu’elle n’est pas près d’oublier, ce sont les personnages hauts en couleurs et très attachants, les dialogues relevés, les piques et l’humour bien présent malgré le contexte et l’ambiance angoissante. L’autrice en profite d’ailleurs pour dénoncer ces arrivistes prêts à tout pour gagner toujours plus d’argent.
Une lecture mordante, très addictive !
Sa chronique ICI.
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Helolitla a aussi succombé au charme de Raconte ! La véritable histoire du premier rat de bibliothèque, qui l’a entraînée dans les coulisses de la Bibliothèque nationale de France.
Rature est un jeune rat maladroit qui dévore les livres dans sa petite bibliothèque d’Ankara. C’est en discutant avec son grand-père qu’il va se voir confier une mission surprenante : retrouver l’exemplaire du roman écrit par ce dernier, qui serait stocké à la BnF. Un livre écrit par un rat ? Est-ce vraiment possible ? Rature part à l’aventure…
Un récit d’aventures passionnant pour tous les amoureux des livres, qui a conquis Héloïse et ses enfants. Une visite face visible et face cachée de cette bibliothèque hors norme, pleine de rencontres, d’humour et de rebondissements.
Sa chronique ICI, celle de Lucie, celle de Linda.
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Le mois d’octobre de Blandine a été riche en coups de cœur ! Très diversifiés dans leurs sujets comme dans leurs graphismes, ils l’ont enchantée!
Entre album et BD, cet OLNI reprend les principes des « livres dont vous êtes le héros » pour nous plonger dans une recherche de couleurs qui est aussi une recherche de souvenirs et du temps de l’enfance. Et c’est très réussi !
L’article complet ICI !
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Pour sa nièce de 4 ans, Blandine a choisi un album de la bande des Quiquoi, qui s’en vont en forêt avec un petit chaperon jaune avec des bandes réfléchissantes pour qu’on la voie dans la nuit. Vous voyez l’histoire ? Enfin presque ! Et c’est vraiment très drôle !
Son avis complet LA !
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Savez-vous que les coqs, selon le pays, ne disent pas forcément « Cocorico »? Découvrez avec cet album carré et cartonné ce qu’il dit ailleurs dans le monde !
Petite question: Est-ce vraiment le cri du coq qui est différent ou notre oreille qui n’entend pas de la même manière selon notre pays ?!
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Et vous, quelles belles découvertes avez-vous faites en octobre ?