Nos classiques préférés : Thierry Dedieu

Faut-il encore présenter Thierry Dedieu, un auteur-illustrateur lu dans toutes les écoles, les bibliothèques ? Très prolifique, Dedieu explore des univers tous très différents étant aussi à l’aise à l’écrit qu’au dessin. Découvrez nos raisons de vous ruer sur ses albums !

Thierry Dedieu, source : Wikipedia.

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Pour Linda, la Grande Guerre est un thème majeur qui mérite sa place dans la littérature de tout âge. 14-18 – Une minute de silence à nos arrière-grands-pères courageux est un petit chef d’œuvre pour au moins ces 10 raisons…

14-18 – Une minute de silence à nos arrière-grands-pères courageux de Thierry Dedieu, Seuil jeunesse, 2014.
  1. Pour l’hommage poignant aux Poilus, victimes, héros, tombés au combat, survivants de la Grande Guerre,
  2. Pour la brièveté du texte en introduction qui exprime l’indicible : « Chère Adèle, il n’y a plus de mots pour décrire ce que je vis. Gustave« ,
  3. Pour le réalisme saisissant des illustrations, tons sépia, qui suffisent à dire, à montrer,
  4. Pour le message entièrement dessiné qui dénonce la guerre et ses atrocités,
  5. Pour la solitude et la peur que l’on ressent en feuilletant ces pages,
  6. Pour ce que sous-entend de douleurs sourdes et d’horreur chaque illustration,
  7. Pour l’originalité et la qualité de cet album presque sans texte,
  8. Pour la lettre d’Adèle, placée dans son enveloppe en fin d’ouvrage, à déplier et à lire,
  9. Pour ce qu’elle laisse entendre des craintes de ceux et celles qui sont resté.es derrière,
  10. Pour le Devoir de Mémoire, et que jamais plus…

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Pour Liraloin, il n’a pas été si évident que ça de choisir un album de cet immense auteur-illustrateur tant son graphisme et ses sujets sont variés. Toujours avide de découverte, son choix s’est porté sur un album où la contemplation est au cœur de l’histoire au moins pour 10 raisons.

Le maître des estampes de Thierry Dedieu, Seuil jeunesse, 2010
  1. Pour le titre qui engage la/le lectrice/lecteur dans une aventure où la création de l’image sera au cœur de l’album.
  2. Pour ce tampon, signe de l’estampillage appartenant à un grand nom du dessin.
  3. Pour les accessoires qui caractérisent le maître des estampes : l’encre, les pinceaux et le papier que l’on découvrira plus tard, formidable terrain d’esquisses !
  4. Pour le décor épuré qui sert l’esprit du peintre, cette contemplation du vide et de la nature nourrissant sa créativité.
  5. … justement pour cet agacement et cette colère qui caractérisent si bien le riche mandarin, impatient et hautain.
  6. Pour les couleurs choisies par Dedieu qui invitent la lectrice/le lecteur à se concentrer sur la gestuelle du personnage du maître des estampes.
  7. … pour ce geste contrôlé qui à l’inverse met hors de contrôle le mandarin.
  8. Pour cette première de couverture qui invite la future lectrice/le futur lecteur à un moment de respiration.
  9. Pour ce carnet d’études, délicieux moment d’intimité dans les recherches d’une œuvre.
  10. Pour cette phrase : « Des deux vies du papillon, ce n’est pas celle de la chenille que l’on retient, mais celle du papillon. »

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Lucie s’est aperçue qu’elle ne connaissait pas si bien l’œuvre de Thierry Dedieu en dehors de ses grands classiques et a découvert de nombreux titres géniaux en préparant cet article. Son préféré jusque-là : Va-t’en guerre. Voici pourquoi.

Va-t’en guerre, Thierry Dedieu, Seuil jeunesse, 2012.
  1. Pour ce titre accrocheur et sa définition dès la première page, « Va-t’en-guerre : personne qui pousse à la guerre, qui recherche le combat, l’affrontement« .
  2. Pour ce noir et blanc aussi franc et tranchant que le personnage principal.
  3. Pour ces illustrations de vie quotidienne dans lesquelles le roi s’imagine dans des situations très différentes de celles qu’il vit.
  4. Pour l’inventivité dont celui-ci fait preuve dans sa recherche d’adversaire et sa création d’armes.
  5. Pour l’épitaphe pleine de bon sens : « il l’a voulue, il l’a eue« .
  6. Parce que cette envie de guerre fait immanquablement penser à un enfant qui tire par la manche en demandant « tu joues avec moi ?« 
  7. Et que les jeunes lecteurs rient de l’acharnement du roi.
  8. Parce qu’avec le talent qu’on lui connaît, Thierry Dedieu parvient à amuser petits et grands avec un personnage aussi bête que cruel.
  9. En dépit du fait que l’attitude de ce roi glace les parents par sa résonance avec l’actualité.
  10. Et pour la chute, dont l’absurde est dans la parfaite lignée de l’album.

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Quoi de mieux pour une collectionneuse de papillons que les conseils d’un expert des sciences naturelles pour regarder la nature autrement ? Quand Thierry Dedieu se fait le porte parole de Tatsu Nagata, on chausse loupe et jumelles pour se lancer à l’assaut du monde des petites bêtes et des grosses bêtes. Et n’importe quel scientifique en herbe se laisse prendre au jeu. Voici pourquoi.

  1. Parce que ce sont des documentaires particulièrement accessibles aux tout-petits sans les sous-estimer, et ici on aime tellement les livres qui ont de l’ambition pour les enfants.
  2. Parce qu’à chaque page, l’enfant accède à une connaissance précise, souvent étonnante.
  3. Parce que : « Le ver de terre se déplace en rampant. Il possède des poils en soie qui lui permettent de s’agripper pour avancer. »
  4. Parce que les illustrations qui accompagnent chaque donnée scientifique ont quelque chose de très direct, de coloré, de vivant… et d’infiniment marrant !
  5. Parce que la première page de l’album est toujours un petit condensé d’humour à hauteur d’enfant.
  6. Parce qu’on y a vraiment cru, pendant plusieurs années, à l’existence de Tatsu Nagata, chercheur, expert mondial des mutations des batraciens, vivant au Japon sur la petite île de Yaku. Et c’est en cherchant un jour sur Internet de plus amples informations sur notre gentil professeur à la blouse bleue que nous avons appris que c’était Thierry Dedieu qui se cachait derrière ce visage jovial et tout rond.
  7. Parce que ces livres font partie de ceux que nous avons empruntés mille fois à la médiathèque avant de se les offrir pour pouvoir les lire, les relire à notre guise. Et peut-être un jour les transmettre aux enfants de nos enfants.
  8. Parce que « Le ver de terre est aussi appelé lombric. Il n’a ni bras, ni pattes, ni yeux, ni os, ni poumons. »
  9. Parce que ces albums, sans en avoir l’air, sont une ode au vivant, aux écosystèmes, à ce monde incroyable auquel nous appartenons et qu’il est tellement important d’apprendre à mieux connaître.
  10. Et je finirai cette humble liste avec une citation de Tatsu Nagata lui-même : « Il suffit de retourner la terre pour observer le ver de terre. »

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Pour Séverine non plus, il n’a pas été évident de choisir parmi tous les albums ou romans signés Dedieu, au texte et/ou aux illustrations. Après avoir hésité entre Le baron bleu et Un royaume sans oiseaux, elle a finalement choisi…Le cheval qui galopait sous la terre. Pourquoi ?

Le cheval qui galopait sous la terre, de Thierry Dedieu, Eiditons Thierry Magnier, collection Petite poche, 2017
  1. Parce que les albums précités ont un auteur (et quel auteur, Gilles Baum !) dont il n’est pas (encore ?) question sous le grand arbre et qu’elle aurait peut-être eu plus à dire sur le texte que sur les illustrations de Dedieu, fort réussies au demeurant.
  2. Parce que le thème de la guerre (et surtout de la paix à souhaiter plus fort que tout) est déjà traité par les albums choisis par Linda et Lucie
  3. Parce que l’amitié entre un cheval et un humain lui a (déjà) permis de vivre des moments de lectures inoubliables, ce roman lui a donné envie de relire Crin-blanc, Cheval de guerre, Mon cheval s’appelle orage/mon frère est un cheval, Pony, Mon petit cheval Mahabat, etc. et qu’il fait désormais partie des incontournables, devenus des…classiques !
  4. Parce qu’il traite de la mine, celle des «gueules noires», des «toucheurs», des «galibots», des «hercheurs», et qu’en stéphanoise pure souche (ou presque !), petite-fille de mineur, elle ne pouvait qu’être touchée par ce récit, qu’elle a évidemment proposé à sa fille de 9 ans, curieuse de ce patrimoine qu’elle commence à peine à découvrir.
  5. Parce qu’il aborde des thématiques pour, en lecture accompagnée, ouvrir le dialogue entre passé et présent, histoire et sociologie, philosophie et pragmatisme : droits acquis, travail des enfants, congés payés, déterminisme social, bien-être animal…autant de sujets dont les enfants, dès 8-9 ans, peuvent s’emparer pour dire et réfléchir.
  6. Parce qu’il s’agit d’un roman sans images court, dense, intelligent, sensible, comme la plupart de la collection Petite poche des éditions Thierry Magnier, dont elle raffole.
  7. Parce qu’elle voudrait mettre en valeur le grand talent de Dedieu auteur, dont elle avait déjà eu la preuve avec un précédent ouvrage, de la même collection (L’homme qui perd le feu et le retrouve), et quelques-uns de ses albums.
  8. Parce que le contraste entre la sensation d’oppression du fond de la mine, qui saisit le/la lecteur.ice, et la poésie vibrante des journées de liberté dans le parfum et les couleurs de la nature sont remarquablement bien écrits.
  9. Parce que le titre à lui seul convoque cette dualité : « Grand-Gris, c’est le cheval qui galope sous la terre ! Et le noir n’y peut rien. »
  10. Parce que la fin est lumineuse et pleine d’espoir, elle met en marche l’imagination, elle est tout simplement belle.

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Et vous, connaissiez-vous ces titres ? Quelle est votre œuvre préférée de ce grand auteur-illustrateur ?

Notre auteur essentiel : Thomas Scotto

Notre choix de parler de ce grand auteur était une évidence. Choisir un texte parmi tant de romans, albums… l’a été moins mais chacune d’entre nous a été bouleversée à sa mesure, à sa sensibilité. En attendant l’interview de Thomas Scotto très prochainement, laissez-vous porter par sa poésie en découvrant notre billet.

Photo par © Armell Galli issue du site de l’auteur thomas-scotto.net

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Les choix de Séverine

Aux filles du conte, Thomas Scotto, illustrations de Frédérique Bertrand, Éditions du Pourquoi pas ?, 2022.

« J’étais une peur bleue, mais je serai l’horizon rouge.« 

Il y a 2 ans, je faisais tatouer sur ma peau quelques mots…

Deux lignes pour garder trace d’une première moitié de vie, statut(e) sous armure, étouffée par les injonctions, bâillonnée par les obligations, planquée derrière les convenances, dans une tour d’ivoire, un château de verre ou une prison dorée, plein de choses sûres à mes pieds, mais pas la bonne pointure.

Deux lignes sur mon bras gauche, celui qui est le plus près du cœur, pour devenir l’héroïne de mon propre conte, pour écrire une autre page de mon histoire. En changer la morale et retrouver ma voie.

Deux lignes pour marquer le renouveau de mes émotions. De plumes en plumes, apprendre à voler, sans tapis ni poussière d’aucune fée, mais avec un manifeste poétique pour m’accompagner.

Deux lignes pour (a)encrer la couleur de mes ciels, nuages et orages désormais acceptés, même pas peur ! J’étais la bûche et le feu, l’incendie aussi, je peux.

Deux lignes, cela va sans dire, et mon évidence de consigner une admiration… indélébile pour leur auteur, essentiel dans mon paysage humain et littéraire.

Deux lignes enfin, en dédicace à mes deux filles, pour une conviction d’égalité qu’elles doivent faire leur. Deux lignes, comme des chemins tenaces, qu’ils soient de famille et de liberté, que je leur souhaite de suivre pour toujours.

J’étais une peur bleue mais je serai l’horizon rouge.
Plus qu’un mantra, plus qu’une parole féminine et féministe, plus qu’un devoir, plus qu’un espoir : une ligne de vie. Pour ne plus jamais tomber.

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Quelques secondes encore, Thomas Scotto, Nathan, collection Court toujours, 2021

Monsieur Scotto,
J’ai lu votre roman « Quelques secondes encore », que mon fils m’avait fortement conseillé et je dois vous avouer qu’il m’a tant émue que j’ai souhaité vous adresser ces quelques mots de gratitude.
Vous savez que les idées se forgent aussi par le cœur. C’est pourquoi je voudrais d’abord vous remercier d’avoir épargné votre histoire si forte, d’un débat scientifique, mystique ou religieux qui, finalement, pèserait bien peu face aux émotions à l’état brut de votre héroïne, inoubliable sœur de fin du monde qui ne peut se résoudre à renoncer au don des organes de son frère. Elle y voit un moyen de préserver le frère, le fils, qu’il a été de rendre hommage à leur complicité, leurs joies, aux petits moments du quotidien qui faisaient leur bonheur. Dire oui, c’est ne jamais oublier et faire le choix de la vie qui ne perd pas totalement la partie, malgré la douleur.
Je voudrais vous remercier, également, d’avoir su retranscrire, sans pathos, ni électrochoc, à hauteur d’enfant, mais sans fausse candeur, les sentiments qui peuvent animer une adolescente face à cette urgence, dont on parle si peu, voire jamais, en littérature jeunesse. Merci d’avoir osé.
Je voudrais vous remercier, enfin, et d’une manière plus générale, d’avoir, depuis toutes ces années, offert à notre jeunesse des pépites de justesse et d’humanité, des bouquets merveilleux de couleurs, de fraîcheur, de fragilité aussi, pour comprendre le passé, déguster le présent et imaginer l’avenir…
Pour conclure, je vous remercie, Monsieur, de bien vouloir poursuivre votre carrière dans les mêmes conditions.
Signé : une maman reconnaissante.

PS : Vous l’auriez mérité, ce Prix Vendredi…

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Le choix de Liraloin

Demain dans une demi-heure de Thomas Scotto, illustré par Claire Gaudriot, A pas de loup, 2023

« Cher Livio

Tu es une promesse, une espérance à venir dans un monde en attente. Et puisque tout ne tourne pas rond sur cette Terre qui s’agite, tu as décidé que naître serait ton moment, ta décision. Cette lettre pourrait t’être destinée mais Thomas Scotto et Claire Gaudriot ont choisi de créer un album qui raconterait l’attente de ton histoire. La lettre devient alors une poésie que tu entends à travers l’eau de ton royaume. Ressens-tu les mains qui effleurent ta présence, le souffle qui chante des mots rassurants et doux. Laissons cette écriture à Thomas Scotto car nul ne sait mieux relater ton aventure que lui. »

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Le choix de Linda

Tout ce qui conte, Thomas Scotto, illustrations de Nicolas Lacombe, Balivernes, 2023.

Trésors du fabuleux de la nuit des temps rapportés
Objets du merveilleux à la poussière abandonnés.
Un atelier au bout d’une impasse oubliée
Trésors par Imelda préservés, d’une vie la mission.

Contes de fée, ces objets sont la clé
Et pour ne pas les oublier,

Que passeurs, que passeuses en quatre mots murmurent
Universelle formule magique qui toujours nous rappelle :
Il était une fois…

Clé dorée sur la couverture apposée,
Ouvre la porte de ce cabinet, inventaire, imagier
Nul ne pourra oublier fabuleux objets,
Trésors de conte de fée,
En un jeu de patience, contés.

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Le choix de Lucie

Des airs sauvages/Bal perdu, textes de Thomas Scotto et Jo Hoestlandt, Éditions du Pourquoi pas ?, 2024.

Publication de @Ninoskate :

Beau dimanche dans la rue Jean Jaurès ! Cela fait quelques semaines que l’on a trouvé ce spot, idéal pour skater avec la team. Playlist, copains, et scooter d’Elsa pour remonter. Parce qu’elle est bien pentue cette rue, c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’a élue. Il faudra qu’on se renseigne sur ce qu’a fait ce type pour avoir une rue à son nom… Venez nous voir, les habitants sont sympas, on kiffe, et on accueille tous les nouveaux venus. Peace.

#skate #musique #partage

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Commentaire le plus récent :

La bonne humeur de Nino ne l’a pas protégé de la violence gratuite d’un groupe alcoolisé hier. Tentons de conserver un regard sans haine sur le monde, malgré tout.

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Le choix de Colette

Une somme de souvenirs, Thomas Scotto, illustrations d’Annaviola Faresin, Éditions Notari, 2018.

3 souvenirs qui ne sont pas à vendre

C’est un vendredi d’avril. Une petite salle de l’IUT Métiers du livre de Bordeaux. Il est là. Magnifique tignasse brune et bouclée. Les enfants s’assoient autour de lui. Et il les interroge, une à une, un à un. Sur ce qu’ils et elles aiment le plus au monde. Cuisiner. Jouer. Dessiner. Se faire câliner. Je suis au dernier rang. Et ces enfants avec qui je travaille depuis pourtant déjà 8 mois tout d’un coup font leur apparition. C’est comme si jusque là, jusqu’à ce qu’il leur pose cette question, je ne les voyais pas vraiment. Cette apparition, ce jour là, ça n’a pas de prix.

C’est un vendredi d’avril, pas la même année, mais c’est encore à l’IUT Métiers du livre de Bordeaux. Les enfants ne sont pas les mêmes. Mais la magnifique tignasse, si. Des bagues incroyables habillent ses mains. Nous sommes filmés. Il y a plein de petits livres de chez Thierry Magnier sur la table. Les élèves ont envie qu’il leur lise une de ses histoires. Ils choisissent l’histoire d’Edouard, qui se croit le meilleur en tout. Alors sa voix, ses voix s’élèvent et c’est comme si les mots devenaient vivants. On rit beaucoup. Ensemble. Ce rire là, le nôtre mêlé à ses mots, ça n’a pas de prix.

C’est un jeudi du mois de mai. Mai 2021. Mes élèves portent des masques de papier bleu. Des masques chirurgicaux. Je ne verrai jamais leur sourire cette année là. Ni le bout de leur nez. Ni le rebondi de leurs joues. Je leur lis un album. L’histoire d’un certain Mr Wilson. Puis je leur tends une pochette de tissu rose qui contient des rubans de papier sur lesquels j’ai recopié les souvenirs de cet homme un peu perdu. Chacune, chacun pioche un souvenir. Puis se laisse envahir par lui. Pour en raconter l’écho et le vertige. Aux autres ou à soi, là sur les pages de son carnet. Ce moment suspendu aux souvenirs d’un autre, vraiment, ça n’a pas de prix.

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Le choix dHelolitla

A fond les manettes, de Thomas scotto et Félix Rousseau. Benjamin médias. 2021

Vroum vroum, rugit le bolide

Vroum vroum, conduit par la petite intrépide

qui fonce à fond les manettes

retrouver sa maminette !

Une course de voiture

et un goûter ?

Quelle bonne idée !

Pour combattre les clichés,

rien ne vaut la lecture.

Rose bonbon la couverture,

Rose fonçons vers l’aventure !

Filles comme garçons

sont des champions !

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Et vous, quels sont vos titres préférés de cet auteur-performeur ?

Notre auteur essentiel : Jean-François Chabas

Le travail de Jean-François Chabas, écrivain-voyageur nous enthousiasme pour plusieurs raisons. Il a l’art de faire voyager ses lecteurs, de les ouvrir à d’autres cultures et peuples. Mais c’est surtout son intérêt pour la nuance et pour ce qu’il se cache derrière les apparences qui nous séduit sous le Grand Arbre. L’entretien que cet auteur a eu la gentillesse de nous accorder en avril a été l’occasion de poursuivre la découverte de son œuvre. Voici donc nos titres préférés !

Photo issue du site officiel de Jean-François Chabas : www.jean-francois-chabas.com

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Lucie a choisi de présenter Le Coffre Enchanté, illustré par David Sala avec une interview du Coffre.

Le Coffre Enchanté, Jean-François Chabas, illustrations de David Sala, Les albums Casterman, 2011.

Enchantée de vous rencontrer monsieur le Coffre, je dois dire que je suis très honorée (et un peu intimidée) d’interviewer un objet de votre valeur !

Si vous l’êtes, c’est que vous êtes passée à côté de la morale de mon conte. En effet, Jean-François Chabas – mon créateur – avait à cœur de dénoncer les apparences trompeuses et la pléonexie. Vous voilà en plein dedans !

Ce que je voulais dire c’est qu’il n’est pas commun de discuter avec un objet inanimé, et encore moins lorsqu’il est le personnage central d’un album.

N’exagèrons rien. Comme vous le dites je suis un objet, c’est l’Empereur qui nourrit l’histoire. Sa curiosité le pousse à faire appel à toutes sortes de personnages pour m’ouvrir, et c’est cette succession d’apparitions qui plaît aux lecteurs.

Je suis persuadée que les lecteurs sont tout de même très intrigués de savoir ce que vous contenez. D’autant que David Sala vous a peint d’une manière somptueuse !

Merci, c’est gentil à vous. Les autres personnages ne sont pas mal non plus. Il est vrai que David a su créer une atmosphère à la fois faste et inquiétante qui me plaît beaucoup.

Nous n’allons évidemment pas révéler votre contenu à nos lecteurs, mais je suis persuadée que Jean-François Chabas à sciemment confié le rôle du révélateur à un animal. Qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord avec vous. La vérité et la sagesse viennent d’un animal et ce choix n’est pas du tout anodin, surtout au regard de l’œuvre de Jean-François. Les hommes deviennent fous dès qu’un trésor est en jeu, les animaux ne sont pas atteints par cette fièvre. J’aime beaucoup la fin de mon conte, je pense qu’elle invite les lecteurs à réfléchir et à discuter.

Merci de nous avoir accordé cet entretien. Nous espérons avoir donné envie de vous découvrir aux lecteurs qui ne connaissent pas encore votre histoire !

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Séverine a choisi L’arbre et le fruit, qui l’a plongée au cœur de l’histoire tragique d’une famille sous l’emprise du père violent et manipulateur. Cette lecture inoubliable, voyage intime au bout de l’enfer, et son épigraphe (« Ma sœur, ne garde pas pour toi le secret qui te ronge. Désigne aux yeux du monde celui qui lentement t’assassine. Et retrouve ta liberté. ») lui ont inspiré cet acrostiche, avec les lettres du titre, qu’elle adresse à son héroïne, Jewel Fairhope, aux initiales troublantes…

L’arbre et le fruit, Jean-François Chabas, Gallimard Jeunesse (Scripto), 2016

L‘innocence brisée de ton enfance

Anéantie et muselée par la violence :

Rage de ton père, tyran sans cœur,

Battements de peur, tremblements de taire,

Rien n’est jamais assez bien pour le satisfaire.

Emprise empire, enfer-mement pour ta Maman,

En réalité c’est lui le fou, personne n’y croit, car il sait y faire !

Taire la souffrance, les questions sans réponse, les humiliations, 

Le laisser faire, subir sans rien dire, à quoi bon ?

Et surtout protéger de toutes tes forces ta si petite sœur…

Fuir ? Aller où ? Qui te soutiendra ? Non…ne perds pas espoir…

Résister, mettre un terme au calvaire, écrire une autre histoire,

Un jour, instinct de survie, tu y parviendras, ton arbre refleurira.

Il n’aura pas gagné, le printemps reviendra, tu ne tomberas pas,

Tu retrouveras ton souffle, ta liberté, et tu raconteras.

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Blandine a choisi La loi du Phajaan, un roman dur et fort qui signe l’engagement profond de l’auteur pour la protection des animaux.

La loi du Phajaan. Jean-François CHABAS. Didier Jeunesse, 2017

Lire pour découvrir et apprendre
« On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a du cœur ou on n’en a pas. » Alphone de Lamartine
Ignorance à combattre

Défendre les éléphants
Utopie ?

Pauvreté et traditions, coutumes et transmissions
Hurlements de peur et de souffrances
Annihiler toute velléité, toute volonté, toute étincelle de « sauvagerie »
Asservissement des Hommes et anéantissement des Animaux
Justice ?
Au cœur d’une économie du tourisme et du travail
Nécessaire évolution de pratiques passéistes

Son avis complet ICI

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Liraloin a choisi un de ses albums préférés La colère de Banshee illustré par David Sala.

La colère de Banshee, Jean-François Chabas, illustrations de David Sala, les albums Casterman, 2010.

Dans cet album, Banshee, personnage légendaire tiré du folklore irlandais, prend l’allure d’une petite fille à la chevelure de feu et aux yeux dorés. L’illustration de la première de couverture ne nous laisse en aucun cas présager l’histoire dont nous allons être témoin. Grande admiratrice du travail de l’illustrateur David Sala, ici le texte de Jean-François Chabas et l’illustration se répondent parfaitement.

Voici LE passage préféré de tous les temps et vous allez en connaître les raisons :

« Le cri de fureur de Banshee remonte de son ventre, glisse le long de ses petites côtes, s’engouffre dans sa gorge, et jaillit enfin de ses lèvres. C’est un hurlement si incroyable qu’il se rit du vent et des vagues, qu’il file au-dessus des flots, comme une flèche stridente. »

Jean-François Chabas fait exploser cette colère si profonde à travers les mots. Une colère qui ne peut être contrôlée et rugit si fortement dans le corps de cette petite fille. Cet extrait évoque une montée en puissance, violente, démesurée mais émouvante comme si le personnage principal ne pouvait pas faire autrement. Les mots employés par l’auteur invite le lecteur lui-même à ressentir cette douleur du cri, celui qui fait mal.

J’ai eu l’occasion de le lire maintes fois en lecture à voix haute et lorsque ce passage arrive enfin il y a une force qui se matérialise sans doute grâce aux déchaînement des éléments marins.

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Héloïse est tombée sous le charme de Red Man, paru aux éditions Au Diable Vauvert. Un texte court et percutant qui nous dévoile les conséquences désastreuses de la colonisation de l’Australie sur les Aborigènes.

Red man, Jean-François Chabas, Au diable Vauvert, 2021

« Ils croient que leur technique – comme l’air conditionné dans lequel ils vivent du matin au soir (de leurs voitures à leurs supermarchés en passant par leurs bureaux et leurs maisons) – les rend supérieurs, mais ils n’ont pas compris que cela les isole de la nature. Ça les enferme dans une bulle, comme s’ils étaient dans un scaphandre sur une planète hostile. »

A travers le personnage de Marvellous, elle a découvert les horreurs que les colons ont fait subir aux indigènes : assassinats, enlèvements, vols, spoliation, essais nucléaires… Pour récupérer leurs terres, on a même été jusqu’à leur faire découvrir l’alcool et la drogue.

« […] il est des monstres réels qui habitent les peaux humaines, et valent les plus abominables des tyrans imaginaires. »

Red man est un roman engagé, intense, qui oscille entre dénonciation, légendes, et récit initiatique. Un texte qui est aussi très poétique, à découvrir.

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Linda a choisi Ma petite bonne qui dénonce la Kafala, forme d’adoption sans filiation qui s’apparente souvent à une forme d’esclavage moderne.

Ma petite bonne, Jean-François Chabas, Talents Hauts, 2022.

« N’est-ce pas elle, la peur, qui raidit, qui fait que l’on se cramponne à ce que l’on connaît, même si c’est mauvais ? Qui empêche de regarder l’autre avec plus de liberté ? Corsetée dans ses idées racistes, sa vision du monde qui lui assurait une fausse tranquillité d’esprit, Albertine n’apprendrait rien.
Mais ma mère, elle s’est libérée. Je lui ai vu pousser des ailes en même temps que poussaient les miennes. »

Cette citation lui a semblé importante car elle marque un tournant dans la relation de Nada, la narratrice, et Ife, sa petite bonne, en montrant l’évolution des mentalités au fil des générations.

Là où la grand-mère de Nada ne se remet pas en question, tant sa vision du monde est limitée à ce qu’on lui a enseigné depuis l’enfance, sa mère et elle vont se libérer en-même temps, en rapprochant la situation d’Ife à la leur, soumises aux hommes de la famille et limitées en droits.

Cela met en lumière la confrontation des traditions ancestrales à un fort désir de modernité qui tend à redéfinir la place des femmes en général et le rôle qu’elles ont à jouer dans leur émancipation, en commençant par regarder les autres femmes comme leurs égales.

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Féroce, Jean-François Chabas, illustré par David Sala, Les albums Casterman, 2012.

En se promenant dans la forêt, Colette a eu l’immense chance d’assister à un étrange spectacle, celui d’une jeune fille à la longue chevelure brune et d’un loup aux yeux injectés de sang. En s’approchant tout doucement du loup endormi, voici ce qu’elle entendit :

« J’ai parcouru mille chemins de traverse à ses côtés,

des sentes et des sentiers,

parfois même dans de minuscules ruelles nous nous sommes aventurés,

et toujours sa main sur mon dos elle a laissé.

Que j’aime sentir ses longs doigts s’agripper à ma fourrure,

que j’aime sa confiance,

ces mots qu’elle murmure quand un grognement monte instinctivement en moi.

Que j’aime sa voix qui chante, qui blague, qui rit.

Que j’aime cheminer avec elle,

Et redevenir ce loup que je suis vraiment,

celui qu’aucune sentence ne détermine,

un loup libre et aventureux. »

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Et vous, quels sont vos titres préférés de cet auteur-voyageur ?

Notre auteure essentielle : Joanna Concejo

Joanna Concejo est une autrice-illustratrice qui a publié presque une vingtaine d’albums. Si parfois elle laisse « les commandes » à d’autres auteur.e.s tels que Sébastien Joanniez, Olga Tokarczuk ou encore Laetitia Bourget, son travail d’illustration se remarque par son trait de crayon floral et les reproductions de photographies qui illuminent les écrits.

Voici donc les œuvres que nous avons aimés, présentées selon le goût de chacune : sous la forme de lettre, de poème, de récit-souvenir ou d’un abécédaire .

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Blandine a choisi Sénégal

Sénégal. Arthur SCRIABIN et Joanna CONCEJO. L’Atelier du Poisson Soluble, 2020

Souvenir d’une neige unique et improbable au Sénégal
Enfance qui sent et ressent sans avoir encore les mots
Nostalgie sans tristesse de la mère au chant larmoyant
Eparpillement et entremêlement des réminiscences
Galerie d’objets et d’émotions qui recomposent le passé, fait de photographies, fleurs séchées, anecdotes et symboles
Aux dessins de crayons de couleurs au charme délicatement suranné se joignent la poésie et la sensibilité des mots
L‘envoûtement de cet album se fait aussi poignant que saisissant

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Liraloin a choisi M comme la mer.

M comme la mer de Joanna Concejo, Format, 2020

M comme la Mer où comment assister au spectacle d’une danse entre un enfant et l’infini bleuté.

C’est au loin sur la plage que je l’ai aperçu la première fois, immobile comme s’il attendait une réponse de l’océan. La mer était scintillante si belle dans cette tenue, on aurait dit que des milliers d’écailles tentaient de recouvrir sa surface.

L’enfant, lui, tout à coup s’est mis à bouger, à shooter dans le sable, à courir puis s’est arrêté pour ramasser des coquillages et autres merveilles. De loin je l’ai observé jouant avec le sable et tous les petits cailloux granuleux. Je l’ai vu parler à la mer, le vent a emporté ses paroles. Mer confidente, à jamais tu emportes d’importants et mystérieux mots.

En revenant à moi, une fois rentrée, j’ai ouvert cette boîte à photos qui trainait depuis des lustres sur ma table de chevet : mes fils étaient de nouveau enfants, petits. J’ai joué longtemps avec les coquillages en repensant à ces instants à jamais figés, en repensant à cet enfant que moi-même j’avais été.

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Linda a choisi Une âme égarée.

Une âme égarée de Olga Tokarczuk, illustré par Joanna Concejo, Format, 2018.

A trop COURIR, l’homme a tendance à passer à côté de l’essentiel,
Et finit dans l’OUBLI de sa propre identité.
Il lui suffit pourtant de prendre le TEMPS,
Pour que son ÂME, depuis longtemps distancée, ne lui revienne.

Invitation à RALENTIR, Une âme égarée est un album à deux voix,
Dont celle des ILLUSTRATIONS de Joanna Concejo offre
Le plaisir de SE POSER pour un plaisir contemplatif,
Qui laisse la porte grande ouverte au retour des SOUVENIRS.

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Lucie a choisi le conte d’Andersen Les cygnes sauvages

Les cygnes sauvages de Hans Christian Andersen, illustré par Joanna Concejo, Notari Editions, 2011.

Chère Elisa,

Quelle triste histoire que la tienne ! Séparée de tes frères à cause de ton affreuse belle-mère, qui non contente de t’envoyer loin du château de ton père t’a enlaidie au point qu’il ne t’a plus reconnue… Heureusement, dans ses illustrations, Joanna Concejo a su t’entourer de diverses plantes pour adoucir ton malheur. Mais même ces plantes ont été utilisées contre toi, puisque pour sauver tes frères te voilà obligée de tisser des tuniques d’orties pour chacun de tes onze frères. Et en silence encore ! Courage et abnégation seront tes maitres mots pour parvenir au bout de ta tâche, ce qui force mon admiration. Tu auras bien mérité la fin heureuse que t’a réservé Hans Christian Andersen, dans la plus pure tradition du conte de fée. Auras-tu toi aussi beaucoup d’enfants ? Le veux-tu ?

Je te souhaite une longue et belle vie entourée de ceux que tu aimes, Lucie.

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Colette a choisi Entrez !

entrez !, Sébastien Joanniez, Joanna Concejo, Rouergue, 2010.

Chère Joanna,

J’aime bien laisser entrer dans mon cœur les petits dessins au crayon à papier, presque invisibles que vous avez glissés ici ou là entre les pages,

les petites additions, les phylactères, les nuages gris de pluie, le petit cheval en cavale.

J’aime bien laisser entrer les papillons rouges qui remplissent les tasses du goûter sur l’herbe, que votre narrateur, son père et sa mère improvisent dans le jardin. Non loin du cerisier.

J’aime bien le vent dans les jupes de la maman, la chemise à fleurs du papa, le pied nu du petit garçon.

J’aime bien vos dessins, Joanna. Ce sont autant de miettes de plaisirs minuscules, des miettes d’amour, des miettes de poésie dont on fourre nos poches pour les semer sur les chemins qu’il nous reste à parcourir.

J’aime bien le petit univers qui pousse sous vos crayons, qu’ils soient gris ou de couleur. Un univers comme un millefeuille à déguster tout doucement, lors des goûters sur l’herbe qu’on va s’inventer dès que la pluie aura cesser. Quand on ouvrira les grilles du jardin et qu’à la cantonade, on criera : « Entrez ! »

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Pour aller plus loin

  • à propos de sa façon de travailler et de tout ce qui l’inspire, c’est ici

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Et vous, quel album de Joanna Concejo préférez-vous ?

Nos classiques préféré.e.s : Un regard sur l’enfance avec Helen Oxenbury

Helen Oxenbury est une autrice et une illustratrice incontournable de la littérature jeunesse. Créatrice de la série emblématique Léo et Popi, elle s’illustre dans les albums pour les bébés et les jeunes enfants qui sont les héros aux joues rebondies des histoires qu’elle invente ou illustre pour d’autres auteur.e.s. Nous avons aussi grandi avec ses albums, c’est pourquoi il nous semblait impossible de ne pas l’inviter parmi nos classiques.

Voici une sélection de nos albums préférés.

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Pour Linda, partir à La chasse à l’ours est une histoire de famille à partager sans limite. Un album qui mérite bien sa place ici pour au moins ces dix raisons…

La chasse à l’ours de Michael Rosen, illustré par Helen Oxenbury, Kaléidoscope, 2001.
  1. Pour la nostalgie que sa lecture procure, nous rappelant l’enfant que l’on a été ou celui/ceux que l’on a/a eu,
  2. Pour l’esprit de famille qui règne au fil des pages, et le partage de ce jeu de chasse à l’ours qui réunit toute la famille,
  3. Pour l’intemporalité de son récit, confirmé par le succès de cet album depuis sa première publication,
  4. Pour la musicalité de son texte qui se répète comme le ferait une comptine ou une ritournelle,
  5. Pour les onomatopées qui viennent plonger le lecteur dans la promenade en pleine nature,
  6. Pour le plaisir que procure l’écoute de la version anglaise interprétée et chantée par son auteur, Michael Rosen,
  7. Pour la tension qui monte crescendo face aux obstacles de plus en plus difficiles à franchir, plus effrayants aussi,
  8. Pour les émotions qui viennent animer la bouille des petits lecteurs, pas si éloigné de celles des personnages,
  9. Pour les illustrations tout en douceur qui alternent la couleur et le noir et blanc,
  10. Pour la chute surprenante qui laisse les plus petits stupéfaits.

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Pour Isabelle, Helen Oxenbury, c’est notamment les illustrations de 2 petites mains et 2 petits pieds. Il y aurait au moins 10 raisons de penser à cet album qu’elle aime régulièrement offrir aux bébés de son entourage !

  1. Pour les bouilles réjouissantes des bébés célébrés, leurs adorables petites mains, leurs petits pieds. Leur venue au monde n’est-elle pas l’un des plus grands bonheurs qui soit ?
  2. Parce que les bébés aiment voir d’autres bébés dans les livres, les reconnaître au fil des lectures, s’amuser de leurs jeux et de leurs frasques.
  3. Pour la douceur des illustrations, si caractéristiques du style de Helen Oxenbury.
  4. Pour la joie de voyager autour du monde, dans des pays divers et variés, urbains, ruraux, nordiques ou orientaux…
  5. … et de découvrir à quel point les bébés du monde grandissent dans des conditions différentes
  6. Pour la manière dont cet album célèbre ce que tous ces bébés ont malgré tout en commun : « tous ces bébés, tout le monde le sait, ont deux petites mains et deux petits pieds » !
  7. Parce que malgré ce dépaysement, tous nos repères sont là. Grâce à la récurrence des adorables petites mains et petits pieds et de la petite phrase répétitive de l’album qui résonne comme une entraînante petite comptine que toute la famille entonne bientôt avec enthousiasme.
  8. Parce qu’au rythme de cette petite comptine, c’est joli de voir ces bébés grandir et être aimés.
  9. Pour la chute pleine de tendresse.
  10. Pour l’hymne réjouissant à la diversité, à la fraternité et aux câlins !

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Pour Colette, Helen Oxenbury, c’est l’album créé en partenariat avec Phyllis Root, judicieusement intitulé Quand Big Mama a créé le monde. Un album qui résonne au moins pour 10 raisons !

Quand Big Mama a créé le monde…, Phyllis Root, Helen Oxenbury, Père Castor, 2002.
  1. Tout d’abord, voilà un album dont le titre résonne à la fois comme un pied de nez et un hommage aux forces démiurgiques, car oui, ce livre là n’est rien moins qu’une réécriture d’un des textes fondateurs de notre culture judéo-chrétienne puisque qu’il s’agit pour les deux artistes de revisiter le premier texte de la Bible : le livre de la Genèse.
  2. Mais voilà que dès les premières pages, on découvre un vibrant hommage au pouvoir incommensurable des mères qui sont des divinités à part entière car elles parviennent à créer des mondes tout en s’occupant de leur progéniture.
  3. Et cet hommage prend les traits d’une femme aux formes généreuses, comme sait si bien les dessiner Helen Oxenbury, aussi bien quand elle croque les bouilles des bébés que les belles hanches et la poitrine gourmande de notre Big Mama.
  4. Cet album est aussi un ravissement d’oralité, on y retrouve le rythme du texte d’origine, mais comme enrichi de l’expressivité de notre généreuse divinité : onomatopées, points d’exclamations et ce refrain qui sans cesse vient ponctuer la parole de Big Mama : « Beau travail, Beau travail, ma foi ! » Un album tout en optimisme, quoi !
  5. Et comme un écrin précieux à ce texte qui raconte tout de même comment notre monde fut créé, les illustrations d’Helen Oxenbury font la part belle aux couleurs : du bleu, puis du blanc, puis du noir, du jaune, du vert et peu à peu les couleurs se complexifient au fur et à mesure que de nouvelles créatures viennent habiter auprès de Big Mama.
  6. Cet album c’est aussi un hymne lumineux à la nature, aux animaux, et aux humains, un appel à regarder le monde avec tendresse et émerveillement.
  7. C’est aussi un bel hommage à ce qui fonde notre humanité – et qui nous est si cher à l’ombre du grand arbre : notre capacité à raconter des histoires pour nous tenir compagnie. Car oui quand Big Mama a été bien fatiguée au matin du sixième jour, elle a choisi de modeler des « gens ». « Et chacun avait une histoire à raconter à Big Mama. »
  8. Parce que vraiment quelle idée malicieuse de mêler les corvées de lessive et les ateliers pâtisseries à ce grand récit fondateur, une manière de redonner avec humour leur place aux femmes, aux mères en particulier, à toutes celles qui ont été effacées des récits de création.Une manière de répondre à cette question que je me suis souvent posée : pourquoi Dieu ne serait-il pas une figure féminine ?
  9. Parce qu’au final cet album invite à penser certaines questions philosophiques que les enfants ne manqueront pas de se poser : d’où venons-nous ? où allons-nous ? Quelle est l’origine du monde ?
  10. Un album tout en joie, qui invite à voir autrement les questions spirituelles, c’était un pari osé, ici parfaitement réussi !

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Pour Liraloin, quel joie de relire cet album haut en couleur et en bonheur. Voici les dix raisons d’aimer cette histoire !

Très très fort ! de Trish Cooke & Helen Oxenbury, Père Castor, 1995
  1. Pour cette histoire en randonnée où le héros qui est au centre de toute l’attention est un tout-petit.
  2. Pour cet amour que les adultes et les jeunes enfants donnent à ce p’tit bonhomme !
  3. Pour le mouvement qui est donné par les illustrations d’Helen Oxenbury, les personnages ont une joie de vivre communicative, ils dansent presque…
  4. Pour ce défilé où tous les personnages ont un look particulier que la plupart de vos arbonautes ont connu : les couleurs vives des années 90’
  5. Pour la construction du texte : comme cette impression de lire une chanson, une ritournelle du bonheur qui donne envie de bouger et de s’émerveiller !
  6. Pour ces moments de respiration lorsque les personnages « ne font rien de spécial » à part attendre tranquillement. Chacun reprend son souffle.
  7. Pour ce véritable Vaudeville, cette porte qui ne cesse de s’ouvrir sur une tante, un cousin fou d’amour pour ce bébé.
  8. Pour cette couverture :  en 1994 (date de la première publication en Grande-Bretagne), c’est assez rare de voir un papa et son enfant.
  9. … comme il n’est pas banal de voir une famille à la peau noire héroïne d’un album jeunesse.
  10. Car lire cette histoire et faire défiler les superbes illustrations d’Helen Oxenbury nous donne une énergie folle !

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Et vous, quel est votre album préféré d’Helen Oxenbury ?