Notre choix de parler de ce grand auteur était une évidence. Choisir un texte parmi tant de romans, albums… l’a été moins mais chacune d’entre nous a été bouleversée à sa mesure, à sa sensibilité. En attendant l’interview de Thomas Scotto très prochainement, laissez-vous porter par sa poésie en découvrant notre billet.
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Les choix de Séverine
« J’étais une peur bleue, mais je serai l’horizon rouge.«
Il y a 2 ans, je faisais tatouer sur ma peau quelques mots…
Deux lignes pour garder trace d’une première moitié de vie, statut(e) sous armure, étouffée par les injonctions, bâillonnée par les obligations, planquée derrière les convenances, dans une tour d’ivoire, un château de verre ou une prison dorée, plein de choses sûres à mes pieds, mais pas la bonne pointure.
Deux lignes sur mon bras gauche, celui qui est le plus près du cœur, pour devenir l’héroïne de mon propre conte, pour écrire une autre page de mon histoire. En changer la morale et retrouver ma voie.
Deux lignes pour marquer le renouveau de mes émotions. De plumes en plumes, apprendre à voler, sans tapis ni poussière d’aucune fée, mais avec un manifeste poétique pour m’accompagner.
Deux lignes pour (a)encrer la couleur de mes ciels, nuages et orages désormais acceptés, même pas peur ! J’étais la bûche et le feu, l’incendie aussi, je peux.
Deux lignes, cela va sans dire, et mon évidence de consigner une admiration… indélébile pour leur auteur, essentiel dans mon paysage humain et littéraire.
Deux lignes enfin, en dédicace à mes deux filles, pour une conviction d’égalité qu’elles doivent faire leur. Deux lignes, comme des chemins tenaces, qu’ils soient de famille et de liberté, que je leur souhaite de suivre pour toujours.
… J’étais une peur bleue mais je serai l’horizon rouge.
Plus qu’un mantra, plus qu’une parole féminine et féministe, plus qu’un devoir, plus qu’un espoir : une ligne de vie. Pour ne plus jamais tomber.
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Monsieur Scotto,
J’ai lu votre roman « Quelques secondes encore », que mon fils m’avait fortement conseillé et je dois vous avouer qu’il m’a tant émue que j’ai souhaité vous adresser ces quelques mots de gratitude.
Vous savez que les idées se forgent aussi par le cœur. C’est pourquoi je voudrais d’abord vous remercier d’avoir épargné votre histoire si forte, d’un débat scientifique, mystique ou religieux qui, finalement, pèserait bien peu face aux émotions à l’état brut de votre héroïne, inoubliable sœur de fin du monde qui ne peut se résoudre à renoncer au don des organes de son frère. Elle y voit un moyen de préserver le frère, le fils, qu’il a été de rendre hommage à leur complicité, leurs joies, aux petits moments du quotidien qui faisaient leur bonheur. Dire oui, c’est ne jamais oublier et faire le choix de la vie qui ne perd pas totalement la partie, malgré la douleur.
Je voudrais vous remercier, également, d’avoir su retranscrire, sans pathos, ni électrochoc, à hauteur d’enfant, mais sans fausse candeur, les sentiments qui peuvent animer une adolescente face à cette urgence, dont on parle si peu, voire jamais, en littérature jeunesse. Merci d’avoir osé.
Je voudrais vous remercier, enfin, et d’une manière plus générale, d’avoir, depuis toutes ces années, offert à notre jeunesse des pépites de justesse et d’humanité, des bouquets merveilleux de couleurs, de fraîcheur, de fragilité aussi, pour comprendre le passé, déguster le présent et imaginer l’avenir…
Pour conclure, je vous remercie, Monsieur, de bien vouloir poursuivre votre carrière dans les mêmes conditions.
Signé : une maman reconnaissante.PS : Vous l’auriez mérité, ce Prix Vendredi…
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Le choix de Liraloin
« Cher Livio
Tu es une promesse, une espérance à venir dans un monde en attente. Et puisque tout ne tourne pas rond sur cette Terre qui s’agite, tu as décidé que naître serait ton moment, ta décision. Cette lettre pourrait t’être destinée mais Thomas Scotto et Claire Gaudriot ont choisi de créer un album qui raconterait l’attente de ton histoire. La lettre devient alors une poésie que tu entends à travers l’eau de ton royaume. Ressens-tu les mains qui effleurent ta présence, le souffle qui chante des mots rassurants et doux. Laissons cette écriture à Thomas Scotto car nul ne sait mieux relater ton aventure que lui. »
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Le choix de Linda
Trésors du fabuleux de la nuit des temps rapportés
Objets du merveilleux à la poussière abandonnés.
Un atelier au bout d’une impasse oubliée
Trésors par Imelda préservés, d’une vie la mission.
Contes de fée, ces objets sont la clé
Et pour ne pas les oublier,
Que passeurs, que passeuses en quatre mots murmurent
Universelle formule magique qui toujours nous rappelle :
Il était une fois…
Clé dorée sur la couverture apposée,
Ouvre la porte de ce cabinet, inventaire, imagier
Nul ne pourra oublier fabuleux objets,
Trésors de conte de fée,
En un jeu de patience, contés.
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Le choix de Lucie
Publication de @Ninoskate :
Beau dimanche dans la rue Jean Jaurès ! Cela fait quelques semaines que l’on a trouvé ce spot, idéal pour skater avec la team. Playlist, copains, et scooter d’Elsa pour remonter. Parce qu’elle est bien pentue cette rue, c’est d’ailleurs pour cela qu’on l’a élue. Il faudra qu’on se renseigne sur ce qu’a fait ce type pour avoir une rue à son nom… Venez nous voir, les habitants sont sympas, on kiffe, et on accueille tous les nouveaux venus. Peace.
#skate #musique #partage
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Commentaire le plus récent :
La bonne humeur de Nino ne l’a pas protégé de la violence gratuite d’un groupe alcoolisé hier. Tentons de conserver un regard sans haine sur le monde, malgré tout.
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Le choix de Colette
3 souvenirs qui ne sont pas à vendre
C’est un vendredi d’avril. Une petite salle de l’IUT Métiers du livre de Bordeaux. Il est là. Magnifique tignasse brune et bouclée. Les enfants s’assoient autour de lui. Et il les interroge, une à une, un à un. Sur ce qu’ils et elles aiment le plus au monde. Cuisiner. Jouer. Dessiner. Se faire câliner. Je suis au dernier rang. Et ces enfants avec qui je travaille depuis pourtant déjà 8 mois tout d’un coup font leur apparition. C’est comme si jusque là, jusqu’à ce qu’il leur pose cette question, je ne les voyais pas vraiment. Cette apparition, ce jour là, ça n’a pas de prix.
C’est un vendredi d’avril, pas la même année, mais c’est encore à l’IUT Métiers du livre de Bordeaux. Les enfants ne sont pas les mêmes. Mais la magnifique tignasse, si. Des bagues incroyables habillent ses mains. Nous sommes filmés. Il y a plein de petits livres de chez Thierry Magnier sur la table. Les élèves ont envie qu’il leur lise une de ses histoires. Ils choisissent l’histoire d’Edouard, qui se croit le meilleur en tout. Alors sa voix, ses voix s’élèvent et c’est comme si les mots devenaient vivants. On rit beaucoup. Ensemble. Ce rire là, le nôtre mêlé à ses mots, ça n’a pas de prix.
C’est un jeudi du mois de mai. Mai 2021. Mes élèves portent des masques de papier bleu. Des masques chirurgicaux. Je ne verrai jamais leur sourire cette année là. Ni le bout de leur nez. Ni le rebondi de leurs joues. Je leur lis un album. L’histoire d’un certain Mr Wilson. Puis je leur tends une pochette de tissu rose qui contient des rubans de papier sur lesquels j’ai recopié les souvenirs de cet homme un peu perdu. Chacune, chacun pioche un souvenir. Puis se laisse envahir par lui. Pour en raconter l’écho et le vertige. Aux autres ou à soi, là sur les pages de son carnet. Ce moment suspendu aux souvenirs d’un autre, vraiment, ça n’a pas de prix.
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Le choix d‘Helolitla
Vroum vroum, rugit le bolide
Vroum vroum, conduit par la petite intrépide
qui fonce à fond les manettes
retrouver sa maminette !
Une course de voiture
et un goûter ?
Quelle bonne idée !
Pour combattre les clichés,
rien ne vaut la lecture.
Rose bonbon la couverture,
Rose fonçons vers l’aventure !
Filles comme garçons
sont des champions !
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Et vous, quels sont vos titres préférés de cet auteur-performeur ?