Après les romans la semaine dernière la semaine dernière, voici les trois titres des deux catégories suivantes : Racines (documentaires) et Branches dessinées (BD). Vous avez jusqu’au 6 juin pour nous indiquer vos titres préférés !
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Catégorie Racines
Les documentaires ne sont pas les lectures vers lesquelles nous allons le plus spontanément sous le Grand Arbre. Aussi, quand un titre attire notre attention, nous l’aimons et le défendons bec et ongles. Cette année, sept titres étaient en lice, et la sélection que nous vous proposons reflète notre inquiétude face à la montée des extrêmes, la méconnaissance et la peur des « étrangers ». Trois titres qui invitent au dialogue et à la découverte de l’Autre pour montrer que les barrières et les conflits perdent tout leur sens dès que l’on prend un peu de recul. En route !
Quand on arrive en France est un livre d’histoire au sujet très spécifique. En effet, cet ouvrage retrace l’histoire de l’accueil des étrangers en France de 1830 (et le « Code noir ») à nos jours. En se plaçant dans cette perspective historique, ce documentaire apporte le recul nécessaire et propose une vision apaisée de ce phénomène mondial. Chiffres a l’appui, les auteurs démontent les idées reçues, détaillent les inégalités d’accueil et les recurences dans les discours racistes. L’ouvrage est dense mais sa forme variée (textes, photos, BD, encarts) le rend très clair. Nous avons aimé cet ouvrage essentiel pour la mise en lumière des rôles que les immigrés ont joué dans l’histoire de France.

Qu’est-ce qu’une frontière ? Voilà une question à laquelle il n’est pas facile de répondre. Certaines suivent des éléments naturels (fleuve, côte ou montagne), d’autres sont héritées de l’histoire des pays qu’elles encadrent. Certaines sont grandes ouvertes, d’autres fermées par des murs et des armées. Ce documentaire, écrit par une auteure coréenne, nous a plu car il n’est pas européocentré. Un peu de recul ne nuit pas, surtout sur ce type de questions ! Et si Gudol développe les tensions et les difficultés, elle explique aussi différentes curiosités, apporte de l’espoir et rappelle que les frontières évoluent mais ne peuvent limiter les éléments naturels (animaux, courants marins, mais aussi pollution). De quoi nourrir des discussions passionnantes et répondre plus sereinement aux questions d’actualité des enfants.
Dans Origine, Nat Cardozo signe une série de magnifiques portraits d’enfants vivant au sein de peuples autochtones. Le choix artistique des illustrations nous a séduites : les visages portent leur territoire dessiné sur leur peau, dans leurs cheveux. Nous avons aussi été sensibles à ce qui rapproche ces communautés : un fort sens du collectif, une place privilégiée accordée aux anciens et un lien à la nature exceptionnel. Malheureusement, l’ensemble de ces peuples sont confrontés à une fragilisation de leur habitat par la colonisation, la création des frontières, l’exploitation des ressources et le dérèglement climatique. Il est urgent de prendre conscience que ces peuples, qui ont su trouver des stratégies pour survivre dans des conditions souvent extrêmes, ont des traditions bien plus précieuses que les ressources pour lesquelles ils sont chassés de leurs territoires.
À vous de voter pour départager ces titres !

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Catégorie Branches dessinées
Du côté des graphiques, il a été difficile de choisir, vu la pléthore de très bons titres parus en 2024 ! Le premier, qui a remporté tous les suffrages, c’est l’adaptation du roman de Flore Vesco : D’or et d’oreillers. Sa réécriture moderne et féministe de plusieurs contes (notamment La princesse au petit pois) est sublimée par le graphisme original et soigné de Mayalen Goust, qui alterne entre explosions de couleurs et atmosphère sombre, intimiste, effrayante. Un ouvrage plein de sensualité, qui met en avant la découverte du corps et la liberté.

Deuxième titre de la sélection Branches dessinées, Minuit passé nous emmène lui aussi dans un vieux manoir, en compagnie de Guerlain, un restaurateur d’art, et de son fils Nisse. Mais il s’y passe de drôles de choses, la nuit… Gaëlle Geniller propose un graphique très onirique, qui nous transporte entre rêve et réalité, entre passé et présent. Les illustrations, très détaillées, renforcent l’atmosphère de doute et de merveilleux de l’histoire. Les costumes et décors regorgent de petits détails tout en élégance, la colorisation est particulièrement réussie. Entre nostalgie, retour en enfance et tendre complicité père-fils, Minuit passé est une très belle bande dessinée au charmé rétro indéniable !

Jean Jambe et le mystère des profondeurs a marqué les arbronautes par son originalité. Jeanjambe, c’est ce drôle de petit bonhomme aux longues jambes et aux oreilles de lapin, que l’on suit dans les profondeurs avec une paire de lunettes 3D. Pas de dialogues, pas de texte, une plongée sous terre au milieu des éléments naturels sublimés. Matthias Picard joue avec des éléments naturels, la profondeur de champ et des références multiples pour proposer une aventure unique, un voyage au centre de la Terre qui regorge de mystères et de merveilleux.

À vous de voter pour départager ces titres !
