Billet d’été : Du (handi)sport pour accepter son corps

Alors que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 vont commencer ce mercredi 28 août, Blandine a souhaité mettre en valeur le handisport comme moyen de résilience, d’acceptation, de résistance et de performance. Des thématiques déjà bellement abordées dans les billets de Lucie, Frédérique, Séverine, Héloïse – Helolitla, Héloïse – Ileautresor, Linda et Colette.

Pour la petite histoire, les Jeux Paralympiques ont fait leur apparition en 1960, pour les Jeux d’été de Rome, et en 1976 à Örnsköldsvik en Suède, pour ceux d’hiver.

Qu’il soit de naissance, consécutif à un accident ou à une maladie, le handicap bouleverse le rapport au corps et la représentation qu’on en a. Par le sport, ce (nouveau) corps devient allié et synonyme de possibles, de beautés et de réussites. Pourtant, le handicap est souvent abordé en littérature jeunesse, mais quasi uniquement sous l’angle moteur et scolaire. Rendant le handisport peu connu, peu accessible, peu accepté, car sous-représenté. Les quelques titres dénichés sont donc d’autant plus forts et importants.

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INSÉPARABLES, Charlotte Fairbank et Claire Morel Fatio, La Martinière Jeunesse, 2024.

Charlotte Fairbank a perdu l’usage de ses jambes à 9 ans suite à un « accident un peu bête » et a dû apprendre à utiliser son nouveau corps, à devenir « cap » et c’est ainsi qu’elle a découvert le handisport puis le fauteuil-tennis plus récemment grâce à un joueur, Dani. Cet album, en plus de nous raconter un récit de vie, un courage et une obstination exemplaires, nous montre les différents types d’handicaps existants, visibles et invisibles, afin de les normaliser. Charlotte Fairbank a été sélectionnée pour compétiter durant les Jeux Paralympiques 2024.

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Envole-moi, Annelise Heurtier, Casterman Jeunesse, 2020.

Lorsque Swann, 15 ans, voit Joanna lors d’une brocante, un coup de foudre le frappe. Il est subjugué et il faut croire que c’est partagé car elle lui donne son alias Facebook. Elle est dans un autre lycée, dans une autre ville même, aime les blagues idiotes et créer des jeux atypiques qui deviennent bientôt des petites habitudes entre eux. Et elle adore la danse classique et les Ballets. Avec sa cousine, c’était d’ailleurs leur rêve : réussir le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris. Chiara a réussi. Joanna n’a pas pu tenter. Car elle est en fauteuil roulant depuis un accident de voiture. Dès lors, Swann n’a plus qu’une idée en tête, lui permettre de danser. Mais le projet s’avère bien plus difficile à réaliser que pensé.

Je ne veux pas être le gentil garçon qui aide la pauvre fille handicapée. Je suis celui qui aide la fille qu’il aime, point.

Outre la belle histoire d’amour qui se noue entre ces deux adolescents, ce sont surtout les questions autour du handicap et ce qu’il induit qui sont intéressantes. Sortir avec une fille en fauteuil, c’est être hors-cadre, hors des schémas, et il faut être prêt à accepter regards et remarques, maladroits comme intentionnels, et l’exclusion. Lorsque Swann recherche des cours dans sa région, il va se heurter à une dure réalité qui n’est pas toujours le fait de mauvaises volontés. Annelise Heurtier, par sa plume douce les décrit bien, comme les affres dans lesquels se retrouve plongé Swann. Un très beau roman !

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Running Girl est une courte série en trois tomes des Editions Akata, dans laquelle nous rencontrons Rin, jeune adolescente amputée sous le genou droit suite à un sarcome osseux. Sa prothèse lui fait mal, elle n’arrive pas à gagner de l’assurance pour marcher sans béquilles, elle n’a plus goût à rien et sa convalescence est bien plus longue que pour les autres. C’est comme cela que son rééducateur à l’hôpital l’oriente vers un orthoprothésiste qui travaille avec un certain Kazami. Impressionnée par sa personne autant que par ses conceptions, Rin se découvre une volonté insoupçonnée, une envie de vivre et de réussir, un optimisme à toutes épreuves. Sa nouvelle ambition : courir. Et courir vite pour être sélectionnée aux prochains Jeux Paralympiques !

Running Girl est un manga passionnant. Par l’histoire de Rin, c’est tout le développement du parathlétisme et de la course en particulier qui nous est raconté. La conception des lames, la manière de les utiliser pour performer, les emboîtements, les entraînements entre sportifs en situation de handicap et sportifs valides, le coût des équipements, plus élevés, encore en expérimentation donc peu/pas assez rentables… C’est tout un envers du décor qui nous est expliqué et c’est fortement instructif et intéressant.

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Toujours chez Akata et le parathlétisme, faîtes connaissance avec Shôta dans le manga Fends le vent ! (en 5 tomes).

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Jeux Paralympiques. Kara7, Kat-chan, Reptilian, Fondation Ipsen, 2021.

Dans ce manga, trois histoires inspirées de trois handisportifs sont rassemblées. Celle de Renaud Clerc (athlétisme), Sonia Heckel (boccia) et Ryadh Sallem (rugby-fauteuil). Trois parcours de vie frappés par le handicap que le sport a permis de relever et de transformer. Ces trois récits nous permettent de voir combien le sport peut redonner envie, confiance en soi et en l’avenir, comme de connaître ces sports, telle la boccia, sorte de pétanque italienne, uniquement jouée par les handisportifs et accessible à plusieurs types de handicaps.

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REAL, Takehiko Inoue, Kana, 2024. 16 tomes

Tomomi Nomiya est lycéen plein de morgue. Basketteur hors pair, il agace ses camarades et professeurs qui n’apprécient pas son attitude. Renvoyé du lycée, il ne joue plus au basket depuis qu’un accident de moto a laissée handicapée la fille qui l’accompagnait ce soir-là. Culpabilisant, c’est à la suite d’une de ses visites à l’hôpital qu’il fait la rencontre de Kiyoharu Togawa, jeune homme amputé d’une jambe suite à une maladie, féru de basket mais n’y jouant plus malgré l’insistance de sa sœur. La rencontre des deux jeunes hommes va se révéler musclée. Pendant ce temps, Hisanobu Takahashi prend la tête de l’équipe lycéenne de basket mais son prestige tourne court.

Le premier tome de cette série manga (non terminée) est percutant et nous donne terriblement envie de suivre les parcours de ces trois jeunes hommes dont les portraits psychologiques sont finement dressés. Au-delà, il nous montre comment le handibasket est pratiqué, le type de fauteuil à avoir, les facultés à acquérir, les types de déplacements…

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Les Stars des Jeux olympiques et paralympiques. Françoise Ancey, Hugo Jeunesse, 2023.

Si les portraits de sportifs valides, historiques, ou encore féminins sont nombreux, rares sont les portraits des handisportifs. Cet ouvrage documentaire leur donne une visibilité en y associant une histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Certes, les portraits paralympiques sont moins étayés et souvent groupés, mais ils ont le mérite d’être présents et le livre est de belle facture.

Un premier documentaire qui en verra d’autres, plus complets, plus exclusifs aussi, on l’espère !

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120 jeux SPORTS Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Hugo Jeunesse, 2024.

Il existe plusieurs façons de découvrir les sports olympiques et paralympiques, et le jeu en fait partie ! Ce cahier indiqué dès 7 ans est une très bonne première approche, d’autant qu’il ne contient aucun didactisme. Labyrinthes, jeux d’ombres, rébus, charades, pêle-mêles… se succèdent pour les découvrir, « l’air de rien ». Et c’est très bien ainsi !

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Pour aller plus loin et découvrir d’autres ressources :
*Album : L’envol de Dimitri. Cécile Baquey-Moreno et Sébastien Chebret, Éditions Cépages, juin 2024. Sur Dimitri Pavadé, athlétisme
*Album : Tomber 8 fois, se relever 9. Frédéric Marais, Editions HongFei, avril 2024. Sur Eugène Criqui, boxeur
*BD : Balle au pied. – Tome 1 – Remise en jeu. Lyllian et Lesdeuxpareilles. Éditions Glénat, juin 2024
*Film : Un p’tit truc en plus. Par Artus (2024)
*Podcast : « Succès d’ »Un p’tit truc en plus » : nouveau regard sur les handicaps mentaux ? ». France Inter
*Manga à paraître chez Akata : Les Artisans du possible. Le 5 septembre 2024
*Différentes vidéos sur France TV autour du handisport et du Paralympisme

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Vous intéressez-vous à l’handisport et regarderez-vous les Jeux Paralympiques ? Avez-vous d’autres références de livres jeunesse ?

ALODGA s’engage – aux cotés d’Handicap International pour parler du handicap

Ce samedi 24 septembre aura lieu dans plusieurs villes de France la fameuse pyramide de chaussures de l’ONG Handicap International.
Sous le Grand Arbre, nous avons décidé de saisir l’occasion pour vous proposer une sélection pour parler du handicap aux enfants.

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Cécité

L’histoire d’Helen Keller aurait pu figurer dans plusieurs catégories. En effet, cette petite fille est née en 1880 sourde, muette et aveugle. Enfermée dans ce qu’elle appellera sa « prison », elle ne parviendra à s’ouvrir au monde que grâce à la patience et à la ténacité de son institutrice, Ann Sullivan. Celle-ci saura éveiller la curiosité de sa petite protégée qui deviendra un modèle par son engagement. Un témoignage extrêmement touchant.

L’histoire d’Helen Keller, Lorena A. Hickok, Pocket, 1998.

L’avis de Lucie.

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Rien que la douceur qui émane de cette couverture, Les yeux fermés, invite à la découverte des sens.  A travers une mélodie jouée par son ami imaginaire ( ? ) Moe, Lily entend les cris plaintifs d’un jeune lapereau perdu. C’est en écoutant et fermant les yeux que Lily invite son ami à deviner le froissement d’une fleur qui éclot ou le friselis des blés dans un champ. Quelle belle poésie écrite par Catherine Latteux mis en images par Célina Guiné. Des illustrations douces, soignées, imprégnées de légèreté tel que le son si subtil que Lily peut attendre.

Les yeux fermés, Catherine Latteux et Célina Guiné, d2eux, 2020

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Du haut de mon cerisier est l’histoire de Mafalda, une fillette porteuse de la maladie de Stargardt, une maladie génétique rare qui entraîne une cécité progressive. L’auteure, atteinte de cette même maladie, nous livre un récit fort émotionnellement porteur d’un très beau message d’espoir. Mafalda est entourée de personnes bienveillantes qui l’encouragent à chercher ce qu’elle pourrait gagner plutôt qu’à ne penser qu’à ce qu’elle va perdre.

Du haut de mon cerisier de Paola Peretti, Gallimard Jeunesse, 2019.

Les avis d’Isabelle, de Linda et de Lucie.

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Thomas est un petit garçon pas tout à fait comme les autres puisqu’il ne voit pas. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas de ressenti, ni que les noms des différentes couleurs sont vides de sens pour lui. Chacune lui évoque un fruit, une sensation (une plume, craquèlement des feuilles mortes), une odeur (pluie, fraise), la météo (soleil, orage), … Mais celle qu’il préfère est le noir, car elle le rassure et lui rappelle sa mère.

Le livre noir des couleurs. Menena Cottin et Rosana Faria. Rue du Monde, 2007

Album au format à l’italienne, tout en noir, il est réhaussé de vernis sélectif pour un rendu tactile délicat. Son texte empreint de poésie est écrit en braille puis en mots blancs. Une petite biographie de Louis Braille le referme pour donner envie d’en savoir plus.

L’avis de Blandine ICI.

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Surdité

Shoko est née sourde ; même appareillée, elle peine à saisir les conservations. Par ailleurs timide et réservée, elle devient une cible facile pour sa classe qui la persécute physiquement et psychologiquement. Shoya, instigateur du harcèlement sera accusé comme seul bourreau quand la famille de la jeune fille portera plainte et la changera d’école. Ils se retrouvent des années plus tard… A Silence Voice aborde la difficulté d’intégration des enfants handicapés dans le milieu scolaire. L’auteure dénonce ce comportement en faisant du bourreau la victime. Se faire pardonner sera son chemin de rédemption et pour cela, il tentera de comprendre la différence de Shoko et de se rapprocher d’elle en pénétrant les mystères de son monde silencieux.

A Silent Voice (7 tomes) de Yoshitoki Oima, Ki-oon, 2015/2016.

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Leur rencontre fait partie de ces événements magiques qui subliment nos déambulations littéraires. Qu’est-ce qu’un cambrioleur de 21 ans et une jeune orpheline atteinte de surdité pourraient avoir en commun ? Le sentiment d’être désespérément seuls et différents, de voir leur destin dérailler et leur échapper. Chez Victor, on est braqueur de père en fils, mais lui est irrémédiablement gentil, sensible et… honnête. Yazel, d’une lucidité et d’une détermination déconcertantes pour son âge, perçoit un décalage désespérant avec les autres collégiens et surtout avec sa tante qui s’efforce de faire d’elle une jeune fille exemplaire. Ces deux destins qui s’entrechoquent font immédiatement des étincelles (le plus effrayé des deux n’étant pas celui qu’on croit…), déclenchant une grande vadrouille à travers l’Europe, en direction de la Bulgarie et du lac Pancharevo. Les répliques ciselées sont truffées de chouettes références littéraires. Un très joli roman qui ouvre une fenêtre sur le vécu de ceux qui n’entendent pas, le temps d’une cavale poétique et mouvementée.

Nos mains en l’air, de Coline Pierré, Le Rouergue, 2019.

L’avis d’Isabelle

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Un nouveau venu intègre la classe de Victoria. Il s’appelle Manolo, il vient de Malaga en Espagne, et il est sourd. Si la maîtresse maîtrise la LSF (que signe Manolo) et si Victoria est enchantée de l’apprendre, comme tout ce qui a trait à lui, ce n’est malheureusement pas le cas des parents d’élèves qui s’inquiètent du potentiel retard pris par leurs enfants en raison du « handicap » du nouveau. Victoria trouve le moyen de sensibiliser les enfants, puis eux leurs parents ensuite, à la surdité, pour chasser leurs idées reçues ou peurs, et accepter la différence comme un enrichissement mutuel.

Sandrine Beau nous livre ici un texte sensible sur la surdité, ses conséquences sociales et la dureté du monde à l’encontre de la différence. Pour autant, le récit est empreint d’humour et de clins d’œil, et les passages difficiles s’alternent avec ceux, de la vie de famille de Victoria, qui apportent souffle et légèreté. Tout comme les illustrations colorées de Gwenaëlle Doumont.

Le garçon qui parlait avec les mains. Sandrine BEAU et Gwenaëlle DOUMONT. Alice Editions, 2015

L’avis de Blandine ICI.

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Handicap physique

L’histoire de Camille, cette fille née sans bras qui doit se faire une place dans un nouveau collège, aurait pu être poignante. Mais Valentine Goby en a fait le récit solaire de la manière dont une différence peut être profondément libératrice pour celles et ceux qui ont du mal à entrer dans le moule. Autrement dit… pour chacun, ou presque ! Voilà une invitation bienvenue à surmonter nos clichés sur le handicap en nous posant d’excellentes questions : qu’est-ce que cela signifie exactement ? Et qu’est-ce que cela ne signifie pas ? Pourquoi cela heurte-t-il beaucoup de gens ? Ce chouette roman est porté par la plume vive et incarnée de Valentine Goby. Le message est résolument optimiste. Il donne envie de croire aux pouvoirs de l’entraide, de la tolérance et des passions communes (aux rang desquelles la lecture figure bien sûr en bonne place). Et de célébrer nos différences !

L’anguille, de Valentine Goby. Éditions Thierry Magnier, 2020.

Les avis de Linda, d’Isabelle et de Lucie.

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August est différent. Pas seulement hors-normes, c’est quelque chose de plus radical : il a beau essayer de cacher sa figure difforme – yeux asymétriques, oreilles presque inexistantes, bouche tordue – son apparition suscite des réactions épidermiques : regards appuyés ou fuyants, chuchotis, choc, curiosité, sollicitude ou hostilité. Une scolarité dans une classe « normale » est-elle envisageable pour un tel enfant ? En l’envoyant au collège, ses parents ne risquent-ils pas de l’exposer à des situations insupportables ? Anniversaires, photo de classe, travail en groupe, sorties, etc. ne seront-elles pas autant d’occasions de ressentir comme une claque à quel point il diffère ? Ce roman est porté par ses personnages magnifiques, à commencer par August qui révèle une lucidité et une humanité désarmantes. L’auteur opte pour une narration chorale qui donne une voix à plusieurs protagonistes et permet de varier les perspectives, nourrissant notre curiosité et révélant ce qui se cache derrière certains comportements et qu’August ne perçoit pas. L’ensemble donne un roman lumineux et inspirant, qui donne confiance et envie d’être plus tolérant.

L’avis d’Isabelle

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Narumi Shigematsu propose une série en trois volumes qui porte un regard bienveillant et optimiste sur le handicap. Portée par une jeune fille ayant perdu une partie de sa jambe droite suite à une maladie (sarcome osseux), l’histoire met en avant la joie du vivre et la force de continuer d’avancer au travers d’une passion. Le dépassement de soi est au cœur de cette histoire qui valorise le sport comme vecteur de réussite.

Running Girl, Ma course vers les Paralympiques (3 tomes) de Narumi Shigematsu, Akata, 2020.

L’avis de Linda.

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On retrouve tout le talent d’Annelise Heurtier pour prêter sa voix aux adolescents dans Envole-moi. Avec beaucoup de sensibilité, elle tisse une relation amoureuse entre Swann et Johanna. Celle-ci a perdu l’usage de ses jambes, et l’auteure évoque sans langue de bois les difficultés et les rêves d’une ado en fauteuil roulant. Une histoire pleine d’espérance.

Envole-moi, Annelise Heurtier, Casterman, 2017.

L’avis de Lucie.

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Handicap mental

La petite casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier est un album au format carnet de voyage qui nous invite à suivre le parcours du jeune Anatole, un parcours semé d’embûches particulièrement difficiles à franchir pour lui qui traîne dans son dos une sacrée casserole. Elle se coince partout, elle le fait trébucher, elle le ralentit. Et surtout les gens ne remarquent qu’elle et ne le voient pas, lui, Anatole. Heureusement, parfois de belles rencontres permettent de trouver des chemins de traverse pour exister pleinement. A chaque rentrée, dans un joli collège de Haute-Gironde, l’enseignante du dispositif ULIS (Unité Locale d’Inclusion Scolaire) lit cet album avec ses élèves à tous les enfants qui rentrent en 6e. Une magnifique entrée en matière pour nous rappeler que nos relations aux situations de handicap sont avant tout une question de regard. Alors osons mettre les lunettes d’Anatole le plus souvent possible !

La Petite casserole d’Anatole, Isabelle Carrier, Bilboquet, 2009.

Voir aussi l’avis de Lucie.

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L’héroïne d’Un petit frère pas comme les autres est la sœur de Doudou-lapin. Cette histoire montre l’amour et la souffrance que ressent la fratrie, impuissante à aider et à protéger un frère atteint de Trisomie. A hauteur d’enfant, Marie-Hélène Delval aborde le thème du handicap mental avec beaucoup de justesse.

Un petit frère pas comme les autres, Marie-Hélène Delval, illustrations de Susan Varley, Bayard Jeunesse, 2003.

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Lundi dernier une lecture commune enthousiasmante a été publiée. L’histoire d’Annie, une jeune femme atteinte de trisomie 21 mais aussi l’histoire d’une famille et d’un concours de majorettes.

Annie au milieu, Emilie Chazerand, collection Exprim’, 2021

Les avis de Frédérique et de Lucie.

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Même si ce n’est pas à proprement parlé un livre de littérature jeunesse, il tenait à cœur à Colette d’intégrer à cette sélection le magnifique livre de Clara Dupont-Monod intitulé S’adapter qui a reçu le prix Goncourt des lycéens l’année dernière, preuve que nos adolescent.e.s sont particulièrement sensibles à la question du handicap. On y découvre l’histoire d’une fratrie qui voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’un enfant handicapé. A travers la voix de chaque frère et soeur, c’est toute une famille qui se livre dans sa pluralité. C’est un texte qui raconte un deuil inhabituel et un amour puissant au fil de choix narratifs originaux, qui creusent dans la mémoire un sillon de terre tendre pour accueillir toutes ces paroles qui se mêlent, sans jamais vraiment se rencontrer.

S’adapter, Clara Dupont-Monod, Stock, 2021.

Voir aussi l’avis d’Isabelle

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Pour en savoir plus sur cet événement et trouver une pyramide ou un lieu accueillant l’exposition itinérante près de chez vous, n’hésitez pas à visiter la page consacrée à la 28ème édition de la pyramide de chaussures.

Lecture commune : Annie au milieu d’Emilie Chazerand

Très fan des histoires d’Emilie Chazerand c’est tout naturellement que Liraloin a proposé de faire une lecture commune de son dernier roman Anne au milieu. Merci à Lucie pour son enthousiasme et Colette pour le mot de la fin !

Annie au milieu d’Emilie Chazerand, Sarbacane – collection Exprim’, 2021

Liraloin

Est-ce que la couverture t’as attiré ? Comment interprètes-tu la dédicace ?

Lucie

J’ai trouvé cette couverture très solaire : Annie, au milieu, au sens propre, avec ces sortes de rayons qui partent du titre… Au milieu de quoi ? Qui est cette Annie ? J’avais hâte de le découvrir car je n’avais pas lu le résumé. Comme tu l’as proposé alors que je venais de terminer La fourmi rouge et que j’étais en plein milieu de Falalalala de la même auteure, j’ai foncé sans chercher plus loin.

La dédicace est magnifique. Elle donne l’impression d’un sentiment très fort entre mère et fille. Je ne crois pas en avoir jamais lue de semblable.
Plus tard dans le roman, une fois le sujet dévoilé, j’y ai repensé et je me suis demandé si Émilie Chazerand n’était pas directement concernée par la trisomie 21. Bref, cette dédicace est magnifique en tant que telle, mais elle m’a interrogée à posteriori.

Liraloin

Cette dédicace est forte et très personnelle. Je me dis, en tant que lectrice, que ce roman a quelque chose de très spécial pour son autrice. Pour moi, sans en dire plus sur la vie personnelle d’Emilie Chazerand, je crois qu’il est plus question d’entourer et de protéger un membre de la famille plus fragile. C’est le cas dans ce roman d’ailleurs.

Lucie
Et toi, qu’est-ce qui t’avais attiré en premier lieu ? L’auteure, la couverture, le sujet ?

Liraloin

C’est rigolo car le solaire rejoint parfaitement le coté psychédélique de la couverture, enfin pour ma part. En plus les couleurs le sont assurément avec ce ton orange ! J’ai été attiré par ce roman car j’aime beaucoup les romans, albums d’Emilie Chazerand. Son écriture est pétillante, pleine d’humour et pourtant ses sujets sont souvent graves comme ici où il est question d’Annie qui est handicapée.

Liraloin

Avant de rentrer dans le récit en lui-même, est-ce que tu as écouté la play-list en lisant ? C’est une des spécialités de la collection Exprim’.

Lucie

Hé bien non ! Pas par manque de curiosité mais parce que je lis la plupart du temps sans écran à portée de main, et ensuite j’oublie.
Je suis partagée sur ces playlists. Au tout début des liseuses, j’imaginais que les auteurs pourraient programmer des musiques ou des chansons qui pourraient (ou non) être déclenchées à des moments précis de la lecture. Et honnêtement j’aime bien regarder les titres que les auteurs indiquent. C’est un peu comme les citations en exergue, ça inscrit le roman dans une certaine tonalité. Mais je n’aime pas écouter de la musique en lisant : je suis plongée dans le texte et je n’ai pas envie d’en être distraite.
Dans le cas précis d’Annie, écouter le morceau d’Orelsan serait pertinent puisqu’il joue un rôle primordial dans l’histoire. Mais imaginer me suffit la plupart du temps…
J’ai dans l’idée que ton point de vue sur le sujet est très différent : tu écoutes toute la playlist ? Avant, pendant ou après ta lecture ?

Liraloin

Que de choses à dire!! Tout d’abord tout comme toi je n’aime pas écouter de la musique en lisant sauf cas très particulier. Pour ainsi dire cela est arrivé deux fois dont une lors d’une lecture d’un roman de cette collection justement. C’était du métal et comme je suis une quiche en anglais, les paroles ne m’ont pas dévié de la lecture. En ce qui concerne Annie, en posant cette question et en regardant de plus près les titres, je me suis aperçue qu’aucune chanson n’était là au hasard. La playlist s’ouvre sur un titre Amour fou et continue avec Kathy, je ne vais pas décortiquer tous les morceaux mais nous parlons d’une famille qui assiste à l’enterrement d’une grand-mère nommée Kathy. Little Star ne serait-elle pas dédicacée à Annie la majorette ….
Bref, j’ai tout écouté et cette playlist est super ! Que de morceaux et paroles en lien avec l’histoire qui se déroule sous nos yeux.

La citation de Ricky Gervais est tirée d’une réplique sortie de la série After Life. Est-ce que tu accordes beaucoup d’importance aux citations ? Te semblent-elles nécessaires ?

Lucie

Certaines citations sont plus pertinentes que d’autres. Quelquefois elles prennent sens après la lecture !
Je connais Ricky Gervais pour The Office, pas pour After Life. Mais en lisant le pitch, je me dis que si Émilie Chazerand a choisi de faire un lien avec cette série c’est probablement pour que ses lecteurs s’interrogent : comment réagir quand un drame nous tombe dessus ? En choisissant d’enlever tous les filtres et de devenir odieux comme le personnage d’After Life (c’est bien ça ?) ? Ou en tenant bon malgré tout, en faisant de son mieux pour rester une bonne personne ? La citation choisie apporte la réponse, que l’auteure va développer tout au long du roman. S’il arrive qu’elle se plante, la famille d’Annie fait sincèrement de son mieux pour faire le bien. La question subsidiaire est : qu’est-ce que ça coûte ? Qu’est-ce que ça apporte de faire ce choix ? Mais on en parlera peut-être plus tard pour ne pas trop en dévoiler dès le début !
Entrons dans le vif du sujet : le roman s’appelle Annie au milieu et la narratrice du premier chapitre est Velma. 

Te souviens-tu de ce que tu as pensé de l’introduction de ce personnage ?

Liraloin

Merci Lucie pour ta réflexion sur la citation, je ne dirais pas mieux. Je me souviens d’avoir eu super mal pour ce personnage, Velma qui s’efface, Velma qui est le modèle sans le chromosome en plus. On entre de manière très forte dans le vif du sujet, Velma qui fera tout en son pouvoir pour protéger sa soeur Annie, celle qui peut chanter « l’oreille contre l’épaule de papa. »
D’ailleurs, tu as sans doute remarqué, Lucie, que Velma parle en strophes, comme si elle déclamait sa condition, ses douleurs en se mettant en scène.

Comment as-tu ressenti l’introduction des deux autres enfants de la famille : Annie et Harold?

Lucie

Même si les problématiques rencontrées par Harold sont vraiment intéressantes, Velma est clairement le personnage qui m’a le plus touchée.
C’est un peu la laissée pour compte, elle se sent extérieure à la famille, comme transparente. D’ailleurs en plus d’être en strophes, son texte est écrit dans une typo plus petite. Cette peur de déranger, jusque-là !
C’est aussi celle qui est censée « réparer », comme si ses parents l’avaient conçue pour se prouver qu’ils pouvaient avoir un enfant avec le nombre habituel de chromosomes après Annie. Il y a un passage très beau où elle discute de tout ceci avec sa mère. Tu te souviens ?
Velma sera supposée s’occuper d’Annie quand ses parents ne seront plus là pour le faire d’après la grand-mère. Je l’ai sentie écrasée par cette perspective. Et cela donne tout de suite un autre sens à cette fameuse majorité atteinte par Harold, qui a une vie en dehors de la famille, un ailleurs auquel elle a l’impression de ne pas avoir droit. C’est terrible !

L’alternance entre les points de vue de Velma, Harold et Annie est vraiment riche. Car chacun a sa personnalité, son ressenti, et qu’ils sont très différents ! Grâce à l’écriture un peu à la manière d’un journal, le frère et la sœur ne cachent ni les difficultés ni les bonheurs d’avoir une sœur comme Annie.
Les personnes porteuses de ce fameux chromosome sont particulièrement attachantes, mais on n’est pas dans le monde des Bisounours : au quotidien cela peut être un poids. Ne serait-ce que pour trouver sa place alors qu’Annie prend toute la lumière (malgré elle) ! J’ai trouvé cette ambivalence particulièrement bien rendue.

Liraloin

Je ne me souviens pas de ce passage mais Velma m’a beaucoup émue car elle est souvent en colère mais en sourdine. Lorsqu’elle dit qu’elle n’est pas Wonder Annie, c’est facile d’être Annie, de ne pas comprendre les drames qui se jouent dans cette famille. Tu ne trouves pas que quelqu’un qui est un milieu est particulièrement gênant car, généralement, on a peu de place pour passer. Il faut se faufiler et essayer de passer l’obstacle. Annie est l’enfant du milieu dans tous les sens du terme. C’est un peu ce que j’ai ressenti en lisant Harold, il se faufile ou il peut et doit se débrouiller seul depuis tellement longtemps. Je me souviens du passage où le père refuse d’inscrire Harold dans une école Montessori sous prétexte qu’il est faignant et qu’ils n’ont pas le choix d’y inscrire Annie du fait de son handicap. Cette ambivalence est fine et bien menée. Il n’y a que la grand-mère Marie-Claire qui ose dire les choses comme pour réveiller la famille !

Lucie

Je suis d’accord avec toi. Emilie Chazerand montre vraiment bien la manière dont la famille tourne autour d’Annie, sans que personne n’ose vraiment manifester le manque d’attention qu’il subit. Parce que si les deux autres voix sont celles du frère et de la sœur, on peut aisément comprendre que les parents aussi ont fait des sacrifices (les amis du père, le travail de la mère) et qu’ils ont probablement oublié leur vie personnelle et leur couple en route.
Cet exemple de l’école Montessori est très représentatif en effet.
Du coup le personnage de Marie-Claire est hyper rafraîchissant. Heureusement qu’elle est là pour donner des coups de pieds dans la fourmilière !
Au début je l’ai trouvée un peu gonflée de s’imposer, de critiquer une famille qui fait comme elle peut. Mais c’est sa manière de leur montrer (certes maladroitement) qu’elle les aime et de les mettre face à leurs incohérences. C’est d’ailleurs elle qui lance l’idée de ce défilé de majorettes !

Tu te souviens de ce passage ? Qu’as-tu pensé de l’éviction d’Annie, de cette idée de former un nouveau groupe, de la réaction de la famille ?

Liraloin

Je me souviens de l’éviction d’Annie, plus particulièrement du passage où la jeune prof n’arrive plus à tenir le groupe et dit quelque chose comme : « OK Annie a le droit de faire n’importe quoi – sous-entendu car elle handicapée- mais les autres non ! »J’ai vraiment apprécié la réaction de la mère qui ne tient plus et balance une belle insulte, comme si au quotidien on ne mesurait jamais ses efforts à elle pour être patiente et aimante avec sa fille alors qu’une prof de sport peut se permettre de renvoyer Annie et de l’oublier.
Alors oui Marie-Claire est trop forte et ma première impression ça été : « mais de quoi je me mêle, elle est gonflée tout de même de débarquer comme cela et hop de mettre sens dessus dessous la famille avec ses idées ». Elle y va franco avec les réactions de tous les membres de la famille en dénonçant surtout ce qui ne va pas depuis des lustres. Elle les met au pied du mur pour les faire sortir de leur vie réglée autour d’Annie.


D’ailleurs, les listes des 21 choses évoquent bien cette sensation que tout tourne autour d’Annie. Qu’en as-tu pensé ?

Lucie

J’ai trouvé ces listes à la fois douces et tristes. Ce rappel d’Annie, à chaque fois, montre bien l’importance qu’elle a dans l’existence de Velma. Et c’est normal ! Mais aussi écrasant. Seule la dernière liste (ce que je changerais dans ma vie) donne l’impression que Velma a enfin trouvé sa place et accepté sa famille dans toute sa richesse et sa complexité.
Ces listes ont quelque chose de poétique malgré tout. Ajouté au texte consacré à Velma qui a un rythme particulier, cela donne l’impression qu’elle a une sensibilité particulière, que c’est l’artiste de la famille. Même si personne ne le voit !
Velma est clairement mon personnage préféré.

Quel est le tien et pourquoi ?

Liraloin

Ces listes sont de bonnes respirations dans le livre. Je suis d’accord avec toi, elles sont douces et tristes, remplies de p’tites choses de tous les jours. Sans trop divulgâcher, la dernière liste est surprenante. Je ne sais pas si j’ai un personnage préféré mais Harold m’a vraiment ému, il est tellement anxieux, et tout se bouscule beaucoup trop vite en lui ! Un personnage qui m’a fait rire est celui de Dolorès. 

Tu la trouve comment toi, cette nouvelle prof de sport-chorégraphe ?

Dolorès est extra. Elle aussi apporte un peu d’air et de franc parler dans cette famille ! Je l’ai beaucoup aimée. Elle est là pour entraîner des amateurs, et elle ne se prive pas de leur dire quand ils sont mauvais. Même à la mamie qui pour une fois se trouve face à quelqu’un qui la recadre !
Je trouve, et c’est une constante dans les romans que j’ai pu lire d’elle, qu’Émilie Chazerand a le chic pour camper un personnage en quelques mots. Dolorès n’est pas un personnage principal, mais elle est pleine de peps et très incarnée dans les quelques apparitions qu’elle fait. Pareil pour Hui et sa maman. Ils existent presque plus que le papa, pratiquement absent, excepté pour la confrontation qui l’oppose à Harold. 

Souhaites-tu revenir sur certains personnages qui t’ont marquée ? Qu’as-tu pensé de ce père transparent ?


Liraloin

Oui tu as bien vu, cette confrontation incarne bien le fait que le père et le fils sont dans l’impossibilité de dialoguer, ils sont peur de leurs propres réactions. Je dirais même que la mère est transparente dans le fait qu’elle a mis sa vie entre parenthèse et n’existe plus que pour sa famille, enfin surtout pour Annie… Cette dévotion n’est pas naturelle, elle l’est devenue par la force des choses.

Lucie

Nous avons beaucoup parlé des personnages. J’aurais aimé connaître ton avis sur le fond, c’est à dire sur le traitement d’un personnage handicapé dans un roman.

Je trouve que, lorsqu’elle prête sa plume à Annie, Émilie Chazerand trouve le ton juste. La syntaxe désordonnée de certaines phrases a un peu gêné ma lecture, pour être honnête. Mais dans les ressentis face aux situations et aux personnes, je l’ai trouvée très bonne. Et toi ?
Par ailleurs, l’ambivalence des gens face au handicap est aussi très pertinente : d’un côté on a une coach de majorettes qui accepte Annie dans son groupe tant qu’il n’y a pas d’enjeu mais la vire en vue du défilé.
D’un autre côté, c’est en jouant sur le politiquement correct face au handicap que la famille parvient finalement à défiler. Cette ambivalence dit quelque chose de la société de manière assez fine, je trouve. 

Liraloin

Tout d’abord, la voix d’Annie est intéressante. Ce paradoxe entre être complétement à coté de la plaque et comprendre ce qui ne va pas lorsqu’un membre de la famille ne va pas bien ou attend d’elle une attitude correcte. Je suis d’accord avec toi mais contrairement à toi, rien de m’a gêné dans la lecture. Cette écriture est très caractéristique, on la retrouve dans Falalalala et la Fourmi rouge également.
Exactement, cette ambivalence est un peu le reflet de notre société et elle est finement démontrée dans ce récit. Le handicap gêne (tu as raison, la coach a honte… très surement) et en même temps j’ai comme l’impression que si tu ne vis pas de drames dans ta vie (handicap et autres…) et bien tu n’as rien vécu.
Ici cette ambivalence est significative mais en même temps, je me demande si finalement n’importe quel parent n’aurait pas fait la même chose si son enfant (handicapé ou pas), passionné par un sport ou autre, avait été évincé d’un groupe.

Et en prime la réaction de Colette, très émue à la lecture de ce roman :

Que j’ai pleuré les filles ! Que j’ai pleuré en lisant l’histoire de cette famille bancale et si lumineuse !!!!

J’ai pleuré quand Camille arrive chez les Desrochelles pour l’entraînement et qu’il est accueilli comme un membre de la famille tant attendu, j’ai pleuré quand Del et tous les réfugiés du camp où elle travaille font la chorégraphie d’Annie et les barjorettes, j’ai pleuré quand Solange propose à Velma de s’inscrire au stage de dessin… Que j’ai pleuré ! Parce que quand même ce bouquin, au-delà du handicap, il nous parle surtout de la FAMILLE, de ce qui la compose, des liens qui se tissent souvent silencieusement, au fil du quotidien mais aussi à travers générations. La relation entre Solange et Del est tellement puissante. J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteure fait ressurgir implicitement ce que les personnes étaient avant, ce que cet avant a laissé de traces sur leur corps, leurs cheveux, leur regard et que les autres membres de la famille perçoivent parfois comme dans un éclair lumineux et parfaitement éphémère. Bien sûr ce roman est un incroyable conte de fée, tout va très vite, des magiciennes et des magiciens interviennent spontanément de manière peut-être un peu surnaturelle (je pense à Dolorès qui accepte de faire la coach sportive alors qu’elle connaît à peine Velma, je pense à la mère de Hui, incroyable costumière, qui réalise sans poser de question les improbables tenues de la tribu, je pense au patron de la brasserie qui embauche Harold sans trop poser de questions) mais c’est un conte de fée qui célèbre la solidarité et que ça fait du bien !!!! Merci pour le conseil de lecture.

Si vous voulez aller plus loin et lire d’autres titres de cette autrice, retrouvez les avis de Liraloin sur La Société des Pépés à Adopter, Ma vie moisie, Dieu et moi, Shirley Banana, Falalalala et Annie au milieu. et ceux de Lucie sur Falalalala, La Fourmi rouge, Chiens et Annie au milieu.

Enfin mon p’tit doigt me dit que cette fabuleuse autrice s’est confiée récemment à l’équipe du blog pour une interview qui déboite ! Soyez prêt et ouvrez vos mirettes …