Alors que les Jeux Paralympiques de Paris 2024 vont commencer ce mercredi 28 août, Blandine a souhaité mettre en valeur le handisport comme moyen de résilience, d’acceptation, de résistance et de performance. Des thématiques déjà bellement abordées dans les billets de Lucie, Frédérique, Séverine, Héloïse – Helolitla, Héloïse – Ileautresor, Linda et Colette.
Pour la petite histoire, les Jeux Paralympiques ont fait leur apparition en 1960, pour les Jeux d’été de Rome, et en 1976 à Örnsköldsvik en Suède, pour ceux d’hiver.
Qu’il soit de naissance, consécutif à un accident ou à une maladie, le handicap bouleverse le rapport au corps et la représentation qu’on en a. Par le sport, ce (nouveau) corps devient allié et synonyme de possibles, de beautés et de réussites. Pourtant, le handicap est souvent abordé en littérature jeunesse, mais quasi uniquement sous l’angle moteur et scolaire. Rendant le handisport peu connu, peu accessible, peu accepté, car sous-représenté. Les quelques titres dénichés sont donc d’autant plus forts et importants.
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Charlotte Fairbank a perdu l’usage de ses jambes à 9 ans suite à un « accident un peu bête » et a dû apprendre à utiliser son nouveau corps, à devenir « cap » et c’est ainsi qu’elle a découvert le handisport puis le fauteuil-tennis plus récemment grâce à un joueur, Dani. Cet album, en plus de nous raconter un récit de vie, un courage et une obstination exemplaires, nous montre les différents types d’handicaps existants, visibles et invisibles, afin de les normaliser. Charlotte Fairbank a été sélectionnée pour compétiter durant les Jeux Paralympiques 2024.
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Lorsque Swann, 15 ans, voit Joanna lors d’une brocante, un coup de foudre le frappe. Il est subjugué et il faut croire que c’est partagé car elle lui donne son alias Facebook. Elle est dans un autre lycée, dans une autre ville même, aime les blagues idiotes et créer des jeux atypiques qui deviennent bientôt des petites habitudes entre eux. Et elle adore la danse classique et les Ballets. Avec sa cousine, c’était d’ailleurs leur rêve : réussir le concours de l’école de danse de l’Opéra de Paris. Chiara a réussi. Joanna n’a pas pu tenter. Car elle est en fauteuil roulant depuis un accident de voiture. Dès lors, Swann n’a plus qu’une idée en tête, lui permettre de danser. Mais le projet s’avère bien plus difficile à réaliser que pensé.
Je ne veux pas être le gentil garçon qui aide la pauvre fille handicapée. Je suis celui qui aide la fille qu’il aime, point.
Outre la belle histoire d’amour qui se noue entre ces deux adolescents, ce sont surtout les questions autour du handicap et ce qu’il induit qui sont intéressantes. Sortir avec une fille en fauteuil, c’est être hors-cadre, hors des schémas, et il faut être prêt à accepter regards et remarques, maladroits comme intentionnels, et l’exclusion. Lorsque Swann recherche des cours dans sa région, il va se heurter à une dure réalité qui n’est pas toujours le fait de mauvaises volontés. Annelise Heurtier, par sa plume douce les décrit bien, comme les affres dans lesquels se retrouve plongé Swann. Un très beau roman !
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Running Girl est une courte série en trois tomes des Editions Akata, dans laquelle nous rencontrons Rin, jeune adolescente amputée sous le genou droit suite à un sarcome osseux. Sa prothèse lui fait mal, elle n’arrive pas à gagner de l’assurance pour marcher sans béquilles, elle n’a plus goût à rien et sa convalescence est bien plus longue que pour les autres. C’est comme cela que son rééducateur à l’hôpital l’oriente vers un orthoprothésiste qui travaille avec un certain Kazami. Impressionnée par sa personne autant que par ses conceptions, Rin se découvre une volonté insoupçonnée, une envie de vivre et de réussir, un optimisme à toutes épreuves. Sa nouvelle ambition : courir. Et courir vite pour être sélectionnée aux prochains Jeux Paralympiques !
Running Girl est un manga passionnant. Par l’histoire de Rin, c’est tout le développement du parathlétisme et de la course en particulier qui nous est raconté. La conception des lames, la manière de les utiliser pour performer, les emboîtements, les entraînements entre sportifs en situation de handicap et sportifs valides, le coût des équipements, plus élevés, encore en expérimentation donc peu/pas assez rentables… C’est tout un envers du décor qui nous est expliqué et c’est fortement instructif et intéressant.
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Toujours chez Akata et le parathlétisme, faîtes connaissance avec Shôta dans le manga Fends le vent ! (en 5 tomes).
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Dans ce manga, trois histoires inspirées de trois handisportifs sont rassemblées. Celle de Renaud Clerc (athlétisme), Sonia Heckel (boccia) et Ryadh Sallem (rugby-fauteuil). Trois parcours de vie frappés par le handicap que le sport a permis de relever et de transformer. Ces trois récits nous permettent de voir combien le sport peut redonner envie, confiance en soi et en l’avenir, comme de connaître ces sports, telle la boccia, sorte de pétanque italienne, uniquement jouée par les handisportifs et accessible à plusieurs types de handicaps.
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Tomomi Nomiya est lycéen plein de morgue. Basketteur hors pair, il agace ses camarades et professeurs qui n’apprécient pas son attitude. Renvoyé du lycée, il ne joue plus au basket depuis qu’un accident de moto a laissée handicapée la fille qui l’accompagnait ce soir-là. Culpabilisant, c’est à la suite d’une de ses visites à l’hôpital qu’il fait la rencontre de Kiyoharu Togawa, jeune homme amputé d’une jambe suite à une maladie, féru de basket mais n’y jouant plus malgré l’insistance de sa sœur. La rencontre des deux jeunes hommes va se révéler musclée. Pendant ce temps, Hisanobu Takahashi prend la tête de l’équipe lycéenne de basket mais son prestige tourne court.
Le premier tome de cette série manga (non terminée) est percutant et nous donne terriblement envie de suivre les parcours de ces trois jeunes hommes dont les portraits psychologiques sont finement dressés. Au-delà, il nous montre comment le handibasket est pratiqué, le type de fauteuil à avoir, les facultés à acquérir, les types de déplacements…
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Si les portraits de sportifs valides, historiques, ou encore féminins sont nombreux, rares sont les portraits des handisportifs. Cet ouvrage documentaire leur donne une visibilité en y associant une histoire des Jeux Olympiques et Paralympiques. Certes, les portraits paralympiques sont moins étayés et souvent groupés, mais ils ont le mérite d’être présents et le livre est de belle facture.
Un premier documentaire qui en verra d’autres, plus complets, plus exclusifs aussi, on l’espère !
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Il existe plusieurs façons de découvrir les sports olympiques et paralympiques, et le jeu en fait partie ! Ce cahier indiqué dès 7 ans est une très bonne première approche, d’autant qu’il ne contient aucun didactisme. Labyrinthes, jeux d’ombres, rébus, charades, pêle-mêles… se succèdent pour les découvrir, « l’air de rien ». Et c’est très bien ainsi !
Qu’est-ce que le Black History Month, appelé également African American History Month ?
Le Black History Month est une commémoration annuelle qui dure tout le mois de février. Il a pour but de rappeler l’histoire des Noirs aux Etats-Unis, du commerce triangulaire et de l’esclavage jusqu’à aujourd’hui. Avant d’être célébrée durant tout le mois de février, le Black History Month a d’abord été le « Negro History Week » (1926). En 1976, dans le cadre du bicentenaire des États-Unis, le président Gerald Ford appelle les Américains à « saisir l’opportunité d’honorer les réussites trop souvent ignorées des Noirs américains dans tous les domaines à travers notre histoire ». C’est en 1986 que le Congrès déclare le mois de février « National Black History Month ». Par le biais de livres, films, documentaires, témoignages, expositions, etc, sont mis en avant des modèles, des traditions, des cultures, des luttes (notamment celle pour les Droits Civiques), des héritages mais aussi les discriminations et revendications qui n’ont pas cessé mais qui ont pu se transformer au fil du temps.
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Esclavage, commerce triangulaire
Un roman-fleuve sur l’esclavage, en trois tomes et en vers libres, cela pique la curiosité ! Kwame Alexander, fervent défenseur de la poésie, a su donner à son texte un rythme tenant du récit oral, un peu comme une mélopée qui épouse parfaitement son propos. Ce premier tome est composé de deux parties. La première consacrée à la présentation de Kofi : sa famille, son quotidien dans le Haut-Kwanta (libre réinterprétation du Ghana par l’auteur) au milieu du XIXème siècle. Riche en personnages au fort caractère, en couleurs et en lumières, elle rend la seconde partie d’autant plus violente puisqu’elle raconte sa capture et le commerce triangulaire, du point de vue des prisonniers. Un roman qui allie puissance narrative et poétique, à réserver aux lecteurs aguerris.
Autre trilogie sur l’esclavage, dans un genre très différent mais tout aussi poétique : Alma de Timothée de Fombelle. Nous avions fait une lecture commune de ce roman au souffle épique porté par une jeune fille au fort tempérament. Si l’histoire débute dans une vallée enchanteresse (et imaginaire), la famille d’Alma se retrouve rapidement éparpillée aux quatre coins du continent africain, puis de part et d’autre de l’océan Atlantique. L’auteur, marqué dans sa jeunesse par la visite des forts parsemant la côte africaine, s’est considérablement documenté pour rendre justice aux hommes, femmes et enfants arrachés à leur terre, traités et vendus comme du bétail. Mais il a su fait oublier ce travail de recherche pour emporter ses lecteurs dans une fresque historique aussi époustouflante que nuancée. Ce n’est pas peu dire que nous attendons le troisième – et dernier – tome avec impatience !
Des sauvages et des hommes contribue à raviver la mémoire d’un phénomène historique terrible, mais longtemps refoulé : celle des zoos humains où des habitants de pays colonisés furent exposés sous couvert d’expositions d’ethnographie coloniale. Attiré par la perspective de voir du pays et la promesse de pouvoir présenter sa culture, Edou quitte la Nouvelle-Calédonie et embarque à bord du navire pour la France. Le groupe déchante rapidement lorsqu’il se retrouve installé dans un enclos affublé d’une pancarte : « CANNIBALES ». Edou est un beau personnage dont on partage les rêves et la curiosité, l’amour de sa mère, la désorientation, la peur, la révolte – bref, l’humanité. Une humanité qui nous renvoie à la sauvagerie des faits dont le roman reste très proche, soulignée par de saisissants documents d’époque insérés au fil des page. L’alternance de points de vue révèle aussi le cynisme méprisant des tenanciers de zoos humains et la curiosité malsaine des visiteurs (plus d’un milliard et demi entre 1810 et 1940 tout de même, nous dit l’historien Pascal Blanchard en post-face). Si les romans d’Annelise Heurtier sont si inspirants, c’est qu’ils évoquent toujours le courage infini de ceux qui osent ouvrir les yeux et s’exposer en première ligne pour repousser les obscurantismes et conquérir de nouveaux droits.
Glaçant, Missié est le récit tragique d’une époque pas si lointaine où la ségrégation avait court dans nombreux états américains. Si l’esclavage y était aboli depuis 1865, le racisme n’en était pas moins violent à l’égard d’une population privée de ses droits élémentaires et tenue responsable de tous les maux. C’est ainsi qu’en dix minutes à peine, Martin fut condamné à mort pour le meurtre de deux fillettes blanches. Christophe Léon signe un roman, court et terriblement percutant, inspiré de l’histoire vraie de George Junius Stinney Jr., condamné en 1944 à la chaise électrique alors qu’il n’avait que 14 ans. Sans preuves, le jugement fut expédié et l’enfant fut exécuté trois mois plus tard sans avoir même pu revoir ses parents. Il reste aujourd’hui encore le plus jeune condamné à mort de l’histoire des Etats-Unis. Le texte, écrit à la première personne du singulier, s’adresse directement au lecteur, l’immergeant complètement dans cette terrible époque, rythmé par les « missié » de Martin qui se répètent inlassablement comme une prière, un appel à l’aide qui résonnera encore bien après la lecture. Les illustrations sobres de Barroux viennent appuyer la dureté et la violence de certaines scènes.
Missié de Christophe Léon, illustré par Barroux, D’eux, 2022.
Née petite dernière d’une fratrie de quatre enfants, Katherine montre très vite des aptitudes hors normes en mathématique. Protégée, aimée et encouragée par sa famille, cette jeune femme modeste ira jusqu’au bout pour y arriver. Elle deviendra cette femme, celle de l’ombre qui jouera un rôle essentiel dans l’avancée des recherches de la conquête spatiale américaine. « Je ne suis pas meilleure que les autres, mais les autres ne sont pas meilleurs que moi » telle est la phrase que Katherine Coleman (avant de devenir Johnson) se répètera sans cesse pour lutter contre la ségrégation et enfin accéder à un métier où les femmes restent minoritaires surtout lorsqu‘elles sont de couleur. Carole Trèbor nous livre un récit très bien documenté avec beaucoup de références sur la vie des Afro-Américains en 1930. La ségrégation, hélas, trop présente dans le système éducatif nord-américain. Les notes en bas de page apportent de l’éclaircissement. D’ailleurs l’histoire est ponctuée de références : « Elle gagnerait 50 dollars par mois. Une telle rémunération lui paraissait énorme ! Et lorsqu’une de ses amies de l’AKA lui avait proposé que l’Etat attribuait 65 dollars mensuels aux enseignantes blanches du comté, Katherine avait balayé cette réticence d’un revers de la main : elle avait pris la résolution de ne pas s’appesantir sur les aspects négatifs. »
Combien de pas jusqu’à la lune de Carole Trébor, Albin Michel – collection Litt, 2020
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Dans Bluebird, Tristan Koëgel met en scène Minnie et son père chanteur itinérant alors qu’ils font escale dans une plantation. Minnie rencontre Elwyn, dont elle tombe amoureuse, mais se voit obligée de fuir dans le Nord suite au passage à tabac de son père par des membres du Ku Klux Klan. Voyage au cœur des Etats Unis du milieu du 20ème siècle, à la fois social et culturel. Le périple de Minnie permet au lecteur de traverser la campagne agricole, mais aussi les villes de plus en plus urbanisées grâce aux descriptions inspirées de l’auteur. Ce roman aborde donc la ségrégation, mais aussi les débuts du Blues, musique éminemment liée à l’histoire afro-américaine.
Bluebird, Tristan Koëgel, Didier Jeunesse, 2015.
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Ce joli roman graphique fait résonner le souvenir des aventures de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn : on y retrouve les rives du Mississippi, des répliques réjouissantes, des affaires louches et surtout des mouflets qui font les 400 coups et que les manigances des adultes laissent perplexes. Ces pages célèbrent la manière dont les amitiés enfantines transcendent les clivages sociaux et raciaux. Si vous craignez les chaleurs de plomb, les mocassins d’eau, les alligators et les bateaux hantés, passez votre chemin ! Mais ne vous y trompez pas, le graphisme rond et les blagues potaches des protagonistes masquent un propos plus grave. L’innocence des enfants agit comme un révélateur de la violence des rapports de classe et de race sudistes. Beau et émouvant.
Est-il encore besoin de présenter Sweet Sixteen, roman phare d’Anne-Lise Heurtier ? 1957, alors que la Cour Suprême vient de mettre légalement fin à la ségrégation raciale dans les écoles publiques américaines, neuf élèves noirs s’inscrive dans le lycée le plus prestigieux de Little Rock, jusque-là réservé aux Blancs. Il leur faudra faire preuve de courage et de ténacité pour faire face à l’hostilité des 2500 autres élèves et de leurs familles. Pour ce roman, l’auteure s’est inspirée de faits réels pour confronter les points de vues de Molly Costello, l’une des « neuf », à celui de Grace Sanders, jeune fille de bonne famille qui se retrouve dans la même classe. La ségrégation les sépare comme un fossé insurmontable, mais l’une comme l’autre voit l’année qui devait être celle de ses sweet sixteen complètement bouleversée.
Ce matin-là en classe l’enseignante présente un tableau à ses élèves et leur demande ce qu’ils voient et pensent de cette scène surprenante où l’on voit une petite fille encadrée de quatre adjoints du marshal. Ce tableau s’intitule The problem we all live with et a été peint par Norman Rockwell en 1964 durant le Mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Il représente la petite Ruby Brigdes, protégée par les agents fédéraux, alors qu’elle se rend à l’école. La scène se déroule en Louisiane et dénonce la ségrégation, pourtant abolie, et la violence qui en découle au travers de cette enfant noire qui vient d’être admise dans une école jusqu’ici réservé aux seuls enfants blancs. S’inspirant de ce tableau et de ce fait, Irène Cohen-Janca raconte l’histoire de la petite Ruby, qui du haut de ses six ans, ne comprend pas la situation qu’elle vit : elle ne sait pas la haine de l’homme blanc, elle ne comprend pas ce que font ces gens devant l’école chaque matin à crier et scander des messages de haine, elle n’a même pas conscience qu’ils sont là contre elle. Avec pertinence et sensibilité, le message passe à l’enfant qui écoute le récit, l’enfant ne manque pas de s’interroger lui aussi sur cette situation. Qu’a donc bien pu faire cette petite fille pour être ainsi accompagnée à l’école ? Pourquoi ne peut-elle aller à l’école comme tous les autres enfants ? Message de tolérance, le texte est magnifiquement mis en images par Marc Daniau dont les peintures s’inspirent de celle de Rockwell et viennent lui rendre hommage.
Ruby tête haute d’Irène Cohen-Janca & Marc Daniau, Editions des éléphants, 2017.
S’il est une figure qui émerge instantanément à l’évocation de l’histoire des Noirs Américains, c’est celle de Martin Luther King. De nombreux livres de la littérature jeunesse le présente, lui et son engagement et lui rendent ainsi hommage. Cet album se divise en deux parties. La première, biographique et dessinée, raconte en les croisant les parcours de Martin Luther King et de Rosa Parks. La seconde, documentaire, nous immerge dans cette époque par des photographies et des documents pour restituer le contexte historique avec les différences Nord/Sud, les lois Jim Crow, le Ku Klux Klan, les différents combats jusqu’à aujourd’hui (2008), l’hymne du mouvement pour l’égalité des Droits (« We shall overcome »). Un album essentiel !
Martin et Rosa. Raphaële FRIER et Zaü. Rue du Monde, 2013
Si Mohamed Ali fut un très grand champion de boxe, il fut aussi une figure de lutte pour les Droits Civiques. L’album reprend donc les grands moments de sa vie sportive comme ses prises de positions. Les mots, tout en rimes, se font poésie, comme un clin d’œil à ceux qu’il récitait inlassablement, pour déstabiliser, sur et hors du ring.
Mohamed Ali. Champion du monde. Jonah WINTER et François ROCA. Albin Michel Jeunesse, 2015
Le racisme et les combats pour l’égalité restent, plus que jamais, d’actualité. Pour le Black History month, pourquoi ne pas lire aussi des textes qui présentent le vécu et le point de vue de personnes racisées ?
Ghost, c’est une chouette leçon de vie signée Jason Reynolds. Il y est question de sport, de dépassement et de réalisation de soi, pour celui à qui la société et le sort n’ont pas donné les meilleures cartes. En rencontrant un coach et une équipe d’athlétisme, Ghost découvre que la course pourrait prendre un autre sens que celui de fuir pour sauver sa peau : une motivation puissante, l’intégration dans une équipe et, pourquoi pas, une source de fierté ! Mais l’adolescent parviendra-t-il à laisser derrière lui la violence et à canaliser sa rage pour parvenir à rester dans la course, déjouant ainsi les déterminismes sociaux et raciaux ? Malgré la misère, les stigmas sociaux et le poids du passé, Ghost fait tout ce qu’il peut pour trouver son chemin. Son histoire tient en haleine de bout en bout. L’auteur s’inspire de textes de rap, ses mots claquent et vont droit au cœur.
L’autrice de Signé poète X dédie ce roman en vers libres à ses élèves et aux « petites sœurs qui rêvent de se voir représentées ». Effectivement, Elizabeth Acevedo tend un miroir à celles qui ont trop peu l’occasion de se reconnaître en littérature – et, sans doute, encore moins en poésie. Mais c’est une lecture dont les autres ne devraient surtout pas se priver ! Car ce livre, c’est une fenêtre ouverte sur des mondes qui ne nous sont pas familiers – Harlem et les communautés américaines-dominicaines, le slam, la poésie. Une altérité qui n’empêche en rien de s’identifier à Xiomara, seize ans, qui grandit dans une famille d’immigrés dominicains et se pose de plus en plus de questions sur son corps qui change, sur ce Dieu qui préoccupe tant sa mère, sur la façon dont l’Église et la société traitent les filles, sur les garçons et le désir. Mais ses doutes et ses révoltes grondent en silence, sous une carapace bien verrouillée – qui, de toute façon, s’intéresse à ce qu’elle aurait à dire ? Un jour, cependant, se crée un club de slam dans son lycée. Et puis il y a l’attention d’une professeure, l’amour du frère jumeau, l’amitié de Caridad et la douceur d’Aman… Xiomara range ses bottes de combat, descelle ses lèvres et trouve peu à peu sa voix. L’intensité, les colères et bouleversements adolescents sont dits avec une férocité implacable mais souvent drôle. Mais Xiomara dit aussi et surtout, avec une justesse bouleversante, la libération de pouvoir les exprimer, d’être entendue et de renouer le dialogue. Impossible de ne pas vibrer passionnément pour elle, par la magie des mots, qu’on soit une femme, un.e ado dont le corps devient à la fois trop grand et trop étroit, ou tout simplement humain.
Voici l’histoire de Starr Carter, 16 ans, mais aussi de Kahlil, Maverick et Lisa, Seven et Sekani, Kenya, DeVante, Carlos, Maya, Chris, etc. Nous les suivons sur treize semaines, cinq parties et vingt-six chapitres. Starr a 16 ans, jet est la fille d’un ancien membre respecté de gang, Maverick surnommé Big Mav’ qui tient une épicerie, elle habite à Garden Heights, un quartier ghetto décrépi. Mais elle va dans un lycée de Blancs à 45 mn de chez elle et sort avec un Blanc, Chris. Alors qu’elle quitte une soirée où il y a eu des coups de feu avec son ami d’enfance Khalil, ils sont arrêtés par un policier. Ce dernier fait feu sur Khalil. Il meurt. Elle est la seule témoin. Starr accepte d’aller faire une déposition mais à aucun moment l’innocence de Khalil ou la culpabilité du policier, matricule cent quinze, ne sont mentionnées, envisagées. Starr va accepter de parler, de témoigner, pour qu’on rendre justice à Khalil, et d’une manière plus large, à la communauté noire, si souvent bafouée. Le titre de ce roman est un hommage à Tupac Shakur, rappeur noir américain (1971-1996), fils de Black Panthers, et à l’origine de l’acronyme T.H.U.G. L.I.F.E (The Hate U Give Little Infants Fucks Everybody, soit « la haine qu’on donne aux bébés fout tout le monde en l’air.« ) La « Thug Life » n’est pas une apologie de la violence mais bien une philosophie de vie, un appel à la tolérance, à l’égalité raciale et sociale, en s’élevant soi-même par l’effort, le travail et la résilience, mais aussi avec une action venant du monde politique. Il y a donc tout ça dans ce roman. La ghettoïsation, le déterminisme social, les préjugés en fonction de la couleur de la peau, la haine raciale, le racisme ordinaire, les gangs, la violence latente, la drogue, l’argent (facile), mais aussi la volonté de changer les choses en agissant à son niveau et avec ses possibles. Il délivre différents messages de Lutte pour les Droits des Noirs et s’inspire d’autres figures historiques. Ainsi, Martin Luther King est à peine évoqué quand Malcom X ou Huey P. Newton (membre fondateur des Black Panther avec Bobby Seale) le sont tout du long.
The Hate U Give – La haine qu’on donne. Angie THOMAS. Nathan, 2018
Injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Amal a été condamné parce qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment. Depuis le centre pénitentiaire, le lycéen maintient son humanité au travers de son art qui s’exprime par la peinture et les mots. Et ce sont les mots qui nous happent ici puisque le texte, écrits en vers libres, nous raconte l’enfance, le procès mais surtout l’emprisonnement de ce jeune homme sensible condamné d’avance à cause de la couleur de sa peau… Inspiré de l’histoire de Yusef Salaam, l’un de ses auteurs, le récit dénonce les violences raciales et les condamnations abusives contre la communauté afro-américaine, encore bien trop courantes aux Etats-Unis, et fait écho au mouvement Black Lives Matter. La puissance des mots se déverse dans une palette d’émotions qui renvoie à la force moral de son jeune héros qui tente de survivre à l’enfer du monde carcéral et de maintenir son humanité au travers de l’expression artistique qui l’anime. Puissant !
Mes coups seront mes mots d’Ibi Zoboi & Yusef Salaam, Gallimard jeunesse, 2021.
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Connaissez-vous certains de ces titres ? En avez-vous à nous recommander ?
C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse, de corps comme d’esprit. Et si tous débutent par un premier pas, nous ne pouvons savoir jusqu’où ils vont nous mener.
La sélection de Blandine nous emmène sur les chemins et les routes, à pied ou en transports, en vacances, en voyage, seul ou accompagné, entre découvertes, rencontres et retrouvailles, de l’Autre et, surtout, de Soi.
Départ et poursuite
Cette nuit on part en vacances. Charlotte BELLIERE et Ian DE HAES. Alice Editions, 2020
Tout est dans le titre de ce bel album au format à l’italienne. Les vacances ne commencent pas dès l’arrivée à destination, mais bien dès que la voiture commence à rouler, dès le voyage, et davantage quand il se fait de nuit où les perceptions sont autres.
Entre quelques phases de sommeil, les lumières si particulières enchantent notre petit narrateur qui transforme les différentes étapes du trajet en épiques scènes d’aventures. Les illustrations aux teintes nocturnes nous baladent tour à tour entre intimité et immensité, entre cadre de la fenêtre ou pleines pages immersives, entre souvenirs et rêveries.
Le Tour du Monde en 80 jours. Jean-Michel COBLENCE et Younn LOCARD, Casterman, 2020
Voici le roman de Jules Verne ici adapté en BD (Prix du meilleur album Angoulême de 2020) pour nous restituer l’extraordinaire pari du fortuné Philéas Fogg qui entend bien profiter des nombreuses avancées technologiques en matière de transports pour faire le Tour du Monde en 80 jours.
Bien que réduite, leur formidable épopée reste très fidèle au récit initial dont sont conservés les moments forts. Le texte est sobre, à l’image de Philéas, et adopte un vocabulaire varié riche de considérations de l’époque. Le graphisme au trait fin foisonne de détails, avec un peu de comique, pour notre plus grand plaisir !
Sur mon chemin. Nancy GUILBERT et Séverine DUCHESNE. Alice Jeunesse, 2022
S’inspirant des haïkus, ces petits poèmes japonais qui, en si peu de mots, saisissent toute l’évanescence d’un moment, d’une émotion, et leur empreinte pourtant si profonde sur nous et le temps, Nancy Guilbert et Séverine Duchesne illustrent en mots et images-objets le départ d’un petit garçon vers Sa Vie.
Onirisme des mots, beauté de la Nature, impressions philosophiques, clins d’œil variés, illustrations délicates pour dire la vie et ses traversées, les rencontres et les étapes, la confiance et l’imprévu, la quête identitaire et l’autonomie.
D’apparence simple, cet album, aussi universel qu’intime, est un trésor qui permettra à chacun de trouver ses résonnances et références.
Au bout du voyage. Meg ROSOFF. Albin Michel Jeunesse, 2014
Mila et ses parents, Gil et Marieka, viennent pour les vacances aux Etats-Unis chez le meilleur ami de son père, Matthew. Mais ce dernier est parti avant leur arrivée, sans mot dire, comme s’il fuyait. Gil, Mila et Honey, la chienne de Matthew, prennent alors la route vers un chalet au nord de l’état, dans lequel Matthew pourrait se trouver. Commence alors une véritable quête, géographique et émotionnelle, troublante et révélatrice, ponctuée de discussions favorisées par une météo capricieuse.
Mila, mature malgré ses douze ans, découvre son père sous un nouvel angle et s’interroge sur le décalage des générations, les relations humaines, l’amitié, l’âge adulte, sur ce qui demeure et change alors que la vie, les idéaux de jeunesse et les gens passent.
La nuit où les étoiles se sont éteintes. Nine GORMAN et Marie ALHINHO. Albin Michel Jeunesse, 2021
Ado cabossé et rebelle, Finn ne croit pas en l’avenir. Il vit au jour le jour, fait ou ne fait pas les choses, fume de la weed et gagne de l’argent en travaillant au café mais surtout dans des combats clandestins pour payer l’avocat de sa mère, qui est en prison. Renvoyé de différentes familles d’accueil, il arrive finalement à la Nouvelle-Orléans chez Cliff, son oncle musicien qu’il ne connaît pas, et intègre bon gré et surtout mal gré une bande de potes au lycée composée de Kenna, Nate, Kurt et Jaeger.
Tout au long de chapitres à la temporalité croisée, nous suivons l’arrivée de Finn et la construction de leur relation ensemble et à chacun, comme leur road-trip à eux tous l’été qui précède la poursuite de leurs études supérieures.
De nombreux thèmes identitaires et difficiles se révèlent au fur et à mesure, rendant les personnages attachants et si réels dans leurs doutes, fragilités, tâtonnements et espérances.
Découvrir l’Humanité par le prisme d’autres êtres ou objets
Il n’y a pas que les Humains qui vont de par le monde et ceux qui sont les voyageurs de ces trois livres ont un fort pouvoir d’évocation et de révélation sur les relations qu’ils entretiennent avec eux et eux avec la Nature.
La Perle. Anne-Margot RAMSTEIN et Matthias ARÉGUI. La Partie, 2021
Le personnage principal de cet album sans texte n’est pas l’humain, mais une perle. Une perle qui va entreprendre un long voyage, à l’échelle d’une vie, à la fois trépidant, angoissant et merveilleux. Un voyage qui nous invite à observer, d’une manière rapprochée ou plus élargie, nos habitudes, nos consommations, nos loisirs, nos espoirs, nos goûts ici ou ailleurs…
Nous invitant à revoir nos perspectives, cet album aussi élégant qu’étonnant nous rappelle combien nous sommes tous liés, qui que nous soyons et d’où que nous soyons.
A l’Ombre du Grand Arbre, nous l’avons tellement aimé que nous en avons fait une Lecture Commune à retrouver ICI.
De l’autre côté de la mer. Yukiko Noritake. Actes Sud Junior, 2022
La mer nous permet de se nourrir, de voyager, de vivre des aventures, de nous apaiser. Pourtant nous la blessons par nos activités de loisirs, consuméristes et commerciales, par nos gestes et objets quotidiens en apparences anodins et qui, pourtant, la polluent toujours plus.
La mer nous lie et nous relie et l’autrice nous le montre avec cet album grand format à double entrée. En deux endroits du monde, deux enfants du même âge interrogent leur père sur ce qui se trouve de l’autre côté de l’océan. D’un côté, comme de l’autre de l’album, au fil de leurs réponses qui convoquent souvenirs et connaissances, les illustrations pleine page se meuvent, se remplissent, transforment les paysages. Et le lien indubitable entre tous sur Terre se fait évident. La mer nous unit, nous permet de nous rencontrer, mais colporte également ce que nous y laissons… Cet album permet une prise de conscience et un débat écologique plus que nécessaire.
Bulle ou la voix de l’océan. René FALLET. Folio Junior, 1987
Bulle est un magnifique coquillage de l’Océan Indien qui vit dans le Quartier de Lune. S’il est doué de pensées, Bulle ne peut se déplacer seul et s’en désepère. Par un extraordinaire concours de circonstances, Bulle, arrive sur un bateau pirate avant d’être amenée sur la terre ferme où elle est vendue, volée, reprise, achetée, choyée, oubliée, délaissée puis comprise avec Petit-Pierre.
Bulle ou la Voix de l’Océan est un très beau roman d’aventures, d’apprentissage et d’amitié, du temps de la flibuste, qui regorge de métaphores et de réflexions sur le besoin d’avoir, sur les apparences et les illusions, l’espoir et l’évidence, sur les relations entre les hommes et avec la nature, et notamment la mer. L’écriture est tendre, facétieuse, parfois cruelle, toujours poétique.
Pour clore cette sélection, Blandine vous propose deux films, des adaptations aussi belles que réussies de deux romans.
Sur les chemins noirs. D’après le roman éponyme de Sylvain Tesson. Avec Jean Dujardin (2023)
Suite à une chute de plusieurs étages qui le laisse un peu diminué, Pierre remet sa vie en perspective. Ecrivain à succès, flambeur et fêtard à qui tout sourit, il décide d’entreprendre un long voyage à pied : traverser la France du Mercantour au Cotentin. Seul. Ce voyage, c’est celui de la renaissance, du nouveau départ, et de sa reconnexion à l’essentiel et à lui-même. Pierre est bourru et pas spécialement attachant, mais il s’attendrit. Il est parfois rejoint dans sa marche, ce qui l’ouvre. Les paysages sont magnifiques, Jean Dujardin tient parfaitement son rôle, et le film est vraiment émouvant.
L’Improbable voyage d’Harold Fry (2023) D’après le roman de Rachel Joyce, La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi…
Harold Fry, retraité, reçoit un matin une lettre de son ancienne collègue Queenie qui lui annonce qu’elle est gravement malade. Tant bien que mal, il rédige une réponse, forcément maladroite et qui ne le satisfait pas. C’est aussi pourquoi il n’arrive pas à poster sa lettre. Aussi va-t-il de boite postale en boîte postale jusqu’à appeler d’une cabine téléphonique la Maison de Santé où se trouve Queenie pour annoncer qu’il arrive, qu’il se met en marche dans l’instant et qu’elle doit tenir bon. « You will not die. Die you will not. » sera désormais son mantra. Et il part comme ça, avec juste sa veste sur le dos et ses mocassins, son portefeuille et sans prévenir sa femme. Le voyage sera long, 800 km, mais il va en sortir transformé. Seul face à lui-même, il repasse le film de sa vie, ses échecs surtout, et fait des rencontres mémorables et empreintes d’humilité. En parallèle, nous sommes aussi avec sa femme, laissée ainsi. Et nous comprenons comment ils en sont arrivés à vivre dans un quotidien sans aucun éclat, minuté, triste.
Jim Broadbent (qui a incarné le Professeur Horace Slughorn dans Harry Potter) livre ici une magnifique, émouvante et sincère prestation.
Noël, la seule évocation de ce mot nous met des étoiles dans les yeux, des souvenirs dans le cœur, et le sourire aux lèvres grâce aux diverses illuminations. Des effluves d’épices et d’agrumes nous transportent et vient le souhait de faire plaisir à ceux que nous aimons, à ceux qui nous sont proches, avec l’envie de se réunir et de partager. Pourtant, pour beaucoup malheureusement, Noël est un moment rendu encore plus difficile et douloureux par la solitude, l’éloignement ou le dénuement.
Alors que l’actualité nous enjoint à davantage porter attention à toutes nos consommations et à l’Humain, A l’Ombre du Grand Arbre, nous avons voulu orienter nos lectures vers l’esprit de partage, d’entraide et d’empathie que cette période de l’année suppose et suscite.
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Spontanément, Blandine pense à deux albums emplis de générosité et de solidarité.
La Grande Nuit. Texte de Nancy GUILBERT et illustrations de Séverine DALLA. Éditions Vert Pomme, 2014
Délaissé en bordure de forêt en compagnie d’autres objets et détritus divers, l’Ourson Barnabé craque. Heureusement, les voici tous emmenés par un vieil homme qui les répare, les recoud, les rafistole, pour les ramener à la vie. Il prend le temps de s’occuper de chacun d’eux. avant de les transporter dans un grand chariot et sous un ciel magnifique, jusqu’à une grande clairière où les attendent des enfants émerveillés.
Entre album et petite BD, toute en rimes et références, La Grande Nuit est un récit qui nous invite à l’émerveillement et au don, à réparer plutôt qu’à jeter, à offrir du temps et à échanger des savoir-faire. Cette histoire fait d’autant plus sens qu’elle est publiée chez VertPomme, une petite maison d’éditions normande, sensible à l’écologie et dont les livres sont conçus et imprimés en France.
Le petit singe de la Cinquième Avenue. Texte de Kate DICAMILLO et illustrations de Bagram IBATOULLINE. Editions Tourbillon, octobre 2008
C’est bientôt Noël, et à l’angle de la Cinquième Avenue et de la Rue de la Vigne, un petit singe tout de rouge et vert vêtu est apparu au bras de son maître, qui joue de l’orgue de Barbarie. N’arrivant pas à dormir, Clara regarde par la fenêtre de l’appartement et les aperçoit. Lorsqu’elle passe devant eux avec sa maman, dont elle tente d’attirer l’attention, celle-ci ne semble pas l’entendre ni les voir, et lui demande même de se dépêcher. Elles vont être en retard au spectacle de l’Eglise auquel participe Clara qui a juste le temps de leur dire de venir.
Le soir, alors que Clara est costumée et que c’est à son tour de parler, seule, elle repense aux vieux monsieur et à son singe, seuls dans la rue si froide… Quand la porte s’ouvre.
Ce bel album carré grand format et au dessin désuet partage de belles valeurs de Noël: entraide, altruisme et générosité, par le biais de métaphores et symboles forts. Tout en délicatesse, il nous montre les paradoxes qui sont les nôtres: inculquer de belles valeurs de partage et détourner les yeux devant la misère, aller à l’Eglise pour aider et ne pas tendre la main à celui qui est devant nous, dans le besoin, etc.
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Lorsque cette sélection a été évoquée, c’est à L’abri que Lucie a pensé en premier. Car si ce magnifique album n’aborde pas frontalement le thème de Noël, il traite de la solidarité et de l’accueil, deux valeurs fortes de cette fête.
Alors qu’une tempête approche, les animaux de la forêt rejoignent tous leur abri. Mais voilà qu’arrivent deux frères ours qui demandent l’hospitalité. Faut-il s’en méfier ou les accueillir ?
L’abri, Céline Claire et Qin Leng, Bayard Jeunesse, 2017.
Très friande des adaptations de classiques en BD, Lucie conseille aux plus grands celle de L’embranchement de Mugby de Charles Dickens par Rodolphe et Estelle Meyrand. Elle propose une réflexion sur les choix qui déterminent nos vies, matérialisés par une multitude de voies de chemin de fer que va emprunter un homme en quête du bonheur. Les illustrations cotonneuses et les palettes de couleurs accordées à chaque ville traversée par monsieur Barbox Frères plongeront les plus réticents dans l’esprit de Noël.
L’embranchement de Mugby, Rodolphe et Estelle Meyrand d’après Charles Dickens, Delcourt, 2010.
Pour Liraloin, il est des lectures qui emportent tellement qu’il est difficile de trouver les mots justes pour décrire cette sensation qu’est de vivre la magie du moment présent. Quelqu’un m’attend derrière la neige de Timothée de Fombelle en fait partie.
Comme un cadeau que l’on n’a pas envie d’ouvrir tout de suite, j’ai attendu longtemps avant de me décider à lire ce livre trônant doucement sur un meuble. Au fond de moi, je savais que j’allais être happée par les mots de Timothée de Fombelle. Dans ce conte la liberté, la fraternité et surtout l’amour inconditionnel celui qui est vif et vrai, non calculé s’infiltrent dans tous les mots. Vous ne ressortirez pas indemne de votre lecture…
Quelqu’un m’attend derrière la neige de Timothée de Fombelle & Thomas Campi, Gallimard jeunesse, 2019
Cette année Colette s’est penchée sur deux classiques grâce aux conseils avisés de certaines de ses bonnes fées. Il y a tout d’abord eu Un Chant de Noël de Dickens dans une édition de 1988. L’histoire d’Ebenezer Scrooge a souvent été reprise en film ou dessin animé, mais quel plaisir de lire « pour de vrai » dans une traduction approuvée par l’auteur lui-même, l’histoire de ce vieillard d’une avarice sans nom qui découvre par le biais de trois voyages dans le temps qu’il n’est jamais trop tard pour ouvrir les yeux sur l’autre, le proche, le voisin, le frère et lui offrir la place qu’il mérite. Et que ce cadeau là est sans doute le plus précieux, bien plus précieux que les affaires, le commerce et les bourses lourdes de pièces d’or.
Un chant de Noël, Charles Dickens, Lisbeth Zwerger, Duculot, 1988.
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Et puis il y a eu la découverte des Lettres du père Noël de J.R.R Tolkien. Un recueil qui présente une sélection de trente lettres que le célèbre auteur de Bilbo le Hobbit écrivit à ses enfants chaque année de 1920 à 1943. L’auteur y invente des aventures incroyables au père Noël et à son assistant l’ours polaire. Dans ce projet de Tolkien, c’est tout l’esprit de Noël qui se trouve condensé, c’est le désir de laisser le merveilleux s’immiscer dans le quotidien et tout emporter dans sa lumière. Même quand la guerre s’est installée. C’est le désir d’offrir, d’offrir un instant, d’offrir de l’évasion, de l’imaginaire. Ces choses impalpables qui resserrent nos liens quand le froid nous pousse à nous mettre à l’abri. Les uns contre les autres.
Lettres du père Noël, J.R.R Tolkien, Pocket, 2013.
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Isabelle a découvert l’envers de la féérie de Noël avec un classique venu du Royaume-Uni. Sacré boulot pour le Père Noël que de devoir braver le froid et la cendre des cheminées dans son costume rouge pour distribuer des cadeaux sur toute la planète ! Sacrée neige ! Sacrés pieds gelés ! Sacrés logements inaccessibles ! L’homme grogne et bougonne, rouspète et ronchonne… au point que cela devient entraînant et qu’on se prend à râler joyeusement de concert. Il y a aussi quelque chose de satisfaisant à le voir accomplir si bien sa tâche pour le bonheur des habitant.e.s du monde entier. Puis goûter un repos bien mérité.
On pourrait croire que l’humeur du sacré Père Noël s’améliorerait aux beaux jours ? Et bien pas du tout. Parce que figurez-vous que dans la deuxième histoire rassemblée dans l’intégrale que Grasset Jeunesse vient de publier, le Père Noël s’est mis en tête de jouer les touristes dans un pays aux mœurs étranges : la France ! Le trait, les couleurs et les détails ont un charme vintage tout à fait assorti au protagoniste. Raymond Briggs laisse percer chez ce grincheux une tendresse désarmante et, il faut bien le dire, adorable. Déjà une cinquantaine d’années que le bonhomme ravit les enfants à Noël. La parution de cette intégrale promet de beaux échanges intergénérationnels !
L’intégrale du Sacré Père Noël, de Raymond Briggs, Grasset Jeunesse, 2022.
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L’équipage de L’île aux trésors a aussi savouré une gourmandise new-yorkaise parfaite pour lire au pied du sapin : Il était une fois la chouette de Noël. L’oiseau nous scrute de ses yeux ronds, perdue au creux de son immense forêt ! Pas rassurée, elle se blottit dans son trou d’arbre en faisant claquer son bec bien fort. Mais voilà qu’un boucan de tous les diables fait trembler tout le bois…
L’aventure de l’adorable volatile nous font passer de la perplexité à la terreur, de l’exaspération au réconfort dans un merveilleux décor hivernal. La tension est encore accentuée par la verticalité du format qui souligne les dimensions vertigineuses du grand pin où niche la protagoniste. Quel ravissement d’apprendre que Daisy Bird et Anna Pirolli se sont inspirées d’une histoire vraie pour imaginer ce conte de Noël ! Il nous a laissé une douce méditation sur les rapports homme-nature et sur les épreuves de la vie qui secouent et qui font grandir.
Il était une fois la chouette de Noël, de Daisy Bird et Anna Pirolli, Saltimbanque, 2022.
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Dans la bibliothèque de Noël de Linda, Noël chez Ernest et Célestine a une place très particulière car il fait parti des albums de son enfance. C’est aussi un album qu’elle a lu et relu à ses enfants un nombre incalculable de fois. La même magie illumine ses yeux et les mêmes émotions font vibrer son cœur à la lecture de cette histoire de générosité et de partage.
Ernest a promis à Célestine qu’elle pourrait fêter le réveillon avec ses amis, mais à quelques jours de la fête, Ernest ne voit pas comment rendre cela possible alors qu’ils sont complètement fauchés. Célestine ne manque ni d’idées ni de ressources. Ensemble ils font alors preuves d’inventivité et font avec les moyens du bord pour préparer une après-midi inoubliable. Les décorations et les costumes seront réalisés à partir d’objets de récupération, les cadeaux seront fait de leurs mains. Mais ce sont les histoires racontées par Ernest et sa musique qui feront de cette journée un moment si spécial aux yeux des enfants impatients de remettre ça.
Gabrielle Vincent enchante par la douceur de son trait et par la générosité de ses personnages. Si les évènements s’enchainent rapidement, cela n’enlève rien à la beauté des illustrations et des valeurs transmises ; l’amitié et la générosité sont ici emballées par la chaleur de l’amitié !
Noël chez Ernest et Célestine de Gabrielle Vincent, Casterman, 2011.
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Mais Linda et ses ladies ont aussi ajouté un nouveau titre à leur collection cette année. La Trêve de Noël revient sur ces cessez-le-feu non officiels qui se produisirent en plein no man’s land durant la nuit de Noël 1914. A divers endroits de la ligne de front, les soldats des deux camps levèrent le drapeau blanc pour partager leur repas de Noël, jouer au foot, rire et oublier, le temps d’une nuit, la folie des combats, l’éloignement des familles, la mort d’un frère, d’un ami, la fatigue harassante de combats qu’on leur avait promis brefs.
Michael Morpurgo déploie son talent de conteur pour mettre en scène cette histoire de fraternité universelle et en fait un souvenir intemporel auquel Michael Foreman donne vie dans des illustrations de toute beauté. Ces cieux nocturnes aux couleurs froides sont teintés par la chaleur du levant ; les étoiles deviennent les seules témoins de la fraternité de ces soldats, qui le temps d’une nuit sont redevenus simplement des hommes. Magnifique !
La Trêve de Noël de Michael Morpurgo, Gallimard, 2018.
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Les livres de Noël se déclinent sous tous les formats et pour tous les âges. Cette sélection n’est représentative que de textes qui nous touchent par les valeurs qu’ils véhiculent, mais il y en a bien d’autres.
Et vous, quels titres vous font rêver durant l’Avent ?
Une histoire bien secouée, Corinne Dreyfus, Thierry Magnier, 2021. (39%, 11 Votes)
Des fourmis s’invitent dans une histoire et mettent sans dessus dessous les mots qui la racontent. Arriverez-vous à les faire partir pour en connaître le fin mot ? Un album drôle et interactif !