Noël généreux

Noël, la seule évocation de ce mot nous met des étoiles dans les yeux, des souvenirs dans le cœur, et le sourire aux lèvres grâce aux diverses illuminations. Des effluves d’épices et d’agrumes nous transportent et vient le souhait de faire plaisir à ceux que nous aimons, à ceux qui nous sont proches, avec l’envie de se réunir et de partager.
Pourtant, pour beaucoup malheureusement, Noël est un moment rendu encore plus difficile et douloureux par la solitude, l’éloignement ou le dénuement.

Alors que l’actualité nous enjoint à davantage porter attention à toutes nos consommations et à l’Humain, A l’Ombre du Grand Arbre, nous avons voulu orienter nos lectures vers l’esprit de partage, d’entraide et d’empathie que cette période de l’année suppose et suscite.

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Spontanément, Blandine pense à deux albums emplis de générosité et de solidarité.

La Grande Nuit. Texte de Nancy GUILBERT et illustrations de Séverine DALLA. Éditions Vert Pomme, 2014

Délaissé en bordure de forêt en compagnie d’autres objets et détritus divers, l’Ourson Barnabé craque. Heureusement, les voici tous emmenés par un vieil homme qui les répare, les recoud, les rafistole, pour les ramener à la vie. Il prend le temps de s’occuper de chacun d’eux. avant de les transporter dans un grand chariot et sous un ciel magnifique, jusqu’à une grande clairière où les attendent des enfants émerveillés.

Entre album et petite BD, toute en rimes et références, La Grande Nuit est un récit qui nous invite à l’émerveillement et au don, à réparer plutôt qu’à jeter, à offrir du temps et à échanger des savoir-faire. Cette histoire fait d’autant plus sens qu’elle est publiée chez VertPomme, une petite maison d’éditions normande, sensible à l’écologie et dont les livres sont conçus et imprimés en France.

L’avis complet de Blandine ICI.

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Le petit singe de la Cinquième Avenue. Texte de Kate DICAMILLO et illustrations de Bagram IBATOULLINE. Editions Tourbillon, octobre 2008

C’est bientôt Noël, et à l’angle de la Cinquième Avenue et de la Rue de la Vigne, un petit singe tout de rouge et vert vêtu est apparu au bras de son maître, qui joue de l’orgue de Barbarie. N’arrivant pas à dormir, Clara regarde par la fenêtre de l’appartement et les aperçoit. Lorsqu’elle passe devant eux avec sa maman, dont elle tente d’attirer l’attention, celle-ci ne semble pas l’entendre ni les voir, et lui demande même de se dépêcher. Elles vont être en retard au spectacle de l’Eglise auquel participe Clara qui a juste le temps de leur dire de venir.

Le soir, alors que Clara est costumée et que c’est à son tour de parler, seule, elle repense aux vieux monsieur et à son singe, seuls dans la rue si froide… Quand la porte s’ouvre.

Ce bel album carré grand format et au dessin désuet partage de belles valeurs de Noël: entraide, altruisme et générosité, par le biais de métaphores et symboles forts. Tout en délicatesse, il nous montre les paradoxes qui sont les nôtres: inculquer de belles valeurs de partage et détourner les yeux devant la misère, aller à l’Eglise pour aider et ne pas tendre la main à celui qui est devant nous, dans le besoin, etc.

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Lorsque cette sélection a été évoquée, c’est à L’abri que Lucie a pensé en premier. Car si ce magnifique album n’aborde pas frontalement le thème de Noël, il traite de la solidarité et de l’accueil, deux valeurs fortes de cette fête.

Alors qu’une tempête approche, les animaux de la forêt rejoignent tous leur abri. Mais voilà qu’arrivent deux frères ours qui demandent l’hospitalité. Faut-il s’en méfier ou les accueillir ?

L’abri, Céline Claire et Qin Leng, Bayard Jeunesse, 2017.

L’avis de Lucie.

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Très friande des adaptations de classiques en BD, Lucie conseille aux plus grands celle de L’embranchement de Mugby de Charles Dickens par Rodolphe et Estelle Meyrand. Elle propose une réflexion sur les choix qui déterminent nos vies, matérialisés par une multitude de voies de chemin de fer que va emprunter un homme en quête du bonheur. Les illustrations cotonneuses et les palettes de couleurs accordées à chaque ville traversée par monsieur Barbox Frères plongeront les plus réticents dans l’esprit de Noël.

L’embranchement de Mugby, Rodolphe et Estelle Meyrand d’après Charles Dickens, Delcourt, 2010.

L’avis de Lucie.

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Pour Liraloin, il est des lectures qui emportent tellement qu’il est difficile de trouver les mots justes pour décrire cette sensation qu’est de vivre la magie du moment présent. Quelqu’un m’attend derrière la neige de Timothée de Fombelle en fait partie.

Comme un cadeau que l’on n’a pas envie d’ouvrir tout de suite, j’ai attendu longtemps avant de me décider à lire ce livre trônant doucement sur un meuble. Au fond de moi, je savais que j’allais être happée par les mots de Timothée de Fombelle. Dans ce conte la liberté, la fraternité et surtout l’amour inconditionnel celui qui est vif et vrai, non calculé s’infiltrent dans tous les mots. Vous ne ressortirez pas indemne de votre lecture…

Quelqu’un m’attend derrière la neige de Timothée de Fombelle & Thomas Campi, Gallimard jeunesse, 2019

Retrouvez l’avis d’Isabelle

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Cette année Colette s’est penchée sur deux classiques grâce aux conseils avisés de certaines de ses bonnes fées. Il y a tout d’abord eu Un Chant de Noël de Dickens dans une édition de 1988. L’histoire d’Ebenezer Scrooge a souvent été reprise en film ou dessin animé, mais quel plaisir de lire « pour de vrai » dans une traduction approuvée par l’auteur lui-même, l’histoire de ce vieillard d’une avarice sans nom qui découvre par le biais de trois voyages dans le temps qu’il n’est jamais trop tard pour ouvrir les yeux sur l’autre, le proche, le voisin, le frère et lui offrir la place qu’il mérite. Et que ce cadeau là est sans doute le plus précieux, bien plus précieux que les affaires, le commerce et les bourses lourdes de pièces d’or.

Un chant de Noël, Charles Dickens, Lisbeth Zwerger, Duculot, 1988.

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Et puis il y a eu la découverte des Lettres du père Noël de J.R.R Tolkien. Un recueil qui présente une sélection de trente lettres que le célèbre auteur de Bilbo le Hobbit écrivit à ses enfants chaque année de 1920 à 1943. L’auteur y invente des aventures incroyables au père Noël et à son assistant l’ours polaire. Dans ce projet de Tolkien, c’est tout l’esprit de Noël qui se trouve condensé, c’est le désir de laisser le merveilleux s’immiscer dans le quotidien et tout emporter dans sa lumière. Même quand la guerre s’est installée. C’est le désir d’offrir, d’offrir un instant, d’offrir de l’évasion, de l’imaginaire. Ces choses impalpables qui resserrent nos liens quand le froid nous pousse à nous mettre à l’abri. Les uns contre les autres.

Lettres du père Noël, J.R.R Tolkien, Pocket, 2013.

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Isabelle a découvert l’envers de la féérie de Noël avec un classique venu du Royaume-Uni. Sacré boulot pour le Père Noël que de devoir braver le froid et la cendre des cheminées dans son costume rouge pour distribuer des cadeaux sur toute la planète ! Sacrée neige ! Sacrés pieds gelés ! Sacrés logements inaccessibles ! L’homme grogne et bougonne, rouspète et ronchonne… au point que cela devient entraînant et qu’on se prend à râler joyeusement de concert. Il y a aussi quelque chose de satisfaisant à le voir accomplir si bien sa tâche pour le bonheur des habitant.e.s du monde entier. Puis goûter un repos bien mérité.

On pourrait croire que l’humeur du sacré Père Noël s’améliorerait aux beaux jours ? Et bien pas du tout. Parce que figurez-vous que dans la deuxième histoire rassemblée dans l’intégrale que Grasset Jeunesse vient de publier, le Père Noël s’est mis en tête de jouer les touristes dans un pays aux mœurs étranges : la France ! Le trait, les couleurs et les détails ont un charme vintage tout à fait assorti au protagoniste. Raymond Briggs laisse percer chez ce grincheux une tendresse désarmante et, il faut bien le dire, adorable. Déjà une cinquantaine d’années que le bonhomme ravit les enfants à Noël. La parution de cette intégrale promet de beaux échanges intergénérationnels !

L'intégrale du Sacré Père Noël, de Raymond Briggs | Éditions Grasset
L’intégrale du Sacré Père Noël, de Raymond Briggs, Grasset Jeunesse, 2022.

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L’équipage de L’île aux trésors a aussi savouré une gourmandise new-yorkaise parfaite pour lire au pied du sapin : Il était une fois la chouette de Noël. L’oiseau nous scrute de ses yeux ronds, perdue au creux de son immense forêt ! Pas rassurée, elle se blottit dans son trou d’arbre en faisant claquer son bec bien fort. Mais voilà qu’un boucan de tous les diables fait trembler tout le bois…

L’aventure de l’adorable volatile nous font passer de la perplexité à la terreur, de l’exaspération au réconfort dans un merveilleux décor hivernal. La tension est encore accentuée par la verticalité du format qui souligne les dimensions vertigineuses du grand pin où niche la protagoniste. Quel ravissement d’apprendre que Daisy Bird et Anna Pirolli se sont inspirées d’une histoire vraie pour imaginer ce conte de Noël ! Il nous a laissé une douce méditation sur les rapports homme-nature et sur les épreuves de la vie qui secouent et qui font grandir.

Anna Pirolli - Saltimbanque éditions
Il était une fois la chouette de Noël, de Daisy Bird et Anna Pirolli, Saltimbanque, 2022.

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Dans la bibliothèque de Noël de Linda, Noël chez Ernest et Célestine a une place très particulière car il fait parti des albums de son enfance. C’est aussi un album qu’elle a lu et relu à ses enfants un nombre incalculable de fois. La même magie illumine ses yeux et les mêmes émotions font vibrer son cœur à la lecture de cette histoire de générosité et de partage.

Ernest a promis à Célestine qu’elle pourrait fêter le réveillon avec ses amis, mais à quelques jours de la fête, Ernest ne voit pas comment rendre cela possible alors qu’ils sont complètement fauchés. Célestine ne manque ni d’idées ni de ressources. Ensemble ils font alors preuves d’inventivité et font avec les moyens du bord pour préparer une après-midi inoubliable. Les décorations et les costumes seront réalisés à partir d’objets de récupération, les cadeaux seront fait de leurs mains. Mais ce sont les histoires racontées par Ernest et sa musique qui feront de cette journée un moment si spécial aux yeux des enfants impatients de remettre ça.

Gabrielle Vincent enchante par la douceur de son trait et par la générosité de ses personnages. Si les évènements s’enchainent rapidement, cela n’enlève rien à la beauté des illustrations et des valeurs transmises ; l’amitié et la générosité sont ici emballées par la chaleur de l’amitié !

Noël chez Ernest et Célestine de Gabrielle Vincent, Casterman, 2011.

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Mais Linda et ses ladies ont aussi ajouté un nouveau titre à leur collection cette année. La Trêve de Noël revient sur ces cessez-le-feu non officiels qui se produisirent en plein no man’s land durant la nuit de Noël 1914. A divers endroits de la ligne de front, les soldats des deux camps levèrent le drapeau blanc pour partager leur repas de Noël, jouer au foot, rire et oublier, le temps d’une nuit, la folie des combats, l’éloignement des familles, la mort d’un frère, d’un ami, la fatigue harassante de combats qu’on leur avait promis brefs.

Michael Morpurgo déploie son talent de conteur pour mettre en scène cette histoire de fraternité universelle et en fait un souvenir intemporel auquel Michael Foreman donne vie dans des illustrations de toute beauté. Ces cieux nocturnes aux couleurs froides sont teintés par la chaleur du levant ; les étoiles deviennent les seules témoins de la fraternité de ces soldats, qui le temps d’une nuit sont redevenus simplement des hommes. Magnifique !

La Trêve de Noël de Michael Morpurgo, Gallimard, 2018.

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Les livres de Noël se déclinent sous tous les formats et pour tous les âges. Cette sélection n’est représentative que de textes qui nous touchent par les valeurs qu’ils véhiculent, mais il y en a bien d’autres.

Et vous, quels titres vous font rêver durant l’Avent ?

6ème édition du Prix Vendredi !

C’est maintenant une tradition, nous avons lu (presque toute) la sélection du Prix Vendredi ! Alors que le lauréat sera annoncé ce lundi 7 novembre, voici nos avis subjectifs sur ces romans destinés aux adolescents.

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Bayuk, Justine Niogret, 404 éditions, 2022.

Présentation de l’éditeur :
On raconte que c’est arrivé un soir sans Lune, au village de Coq-Fondu, dans l’endroit le plus reculé du bayou. Qu’une jeune fille a été maudite pour les crimes de sa mère, la pirate la plus redoutée des mers, qu’elle n’a jamais connue. Où qu’elle aille, les esprits iront aussi, la traquant sans merci.
On raconte encore que pour briser cette malédiction, elle devra dire adieu à tout ce qu’elle a toujours connu pour partir en quête de l’épave du Mermaid’s Plague, le légendaire pavillon de la cruelle capitaine.
Cette histoire, c’est celle de Toma. Mais c’est aussi celle de Boone et celle de Roi-Crocodile, qui l’accompagneront dans sa quête de vérité.

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Et le ciel se voila de fureur, Taï-Marc Le Thanh, L’école des loisirs, 2022.

Et le ciel se voila de fureur est un pur western, genre peu fréquent en littérature jeunesse. Paysages, voyages, poussière, rencontre avec des rustres, dangers… Ce récit est d’autant plus dépaysant qu’il est illustré de magnifiques croquis réalisés par l’auteur. La violence annoncée par le titre est omniprésente : tous les personnages sont animés par la vengeance, à tel point qu’elle étouffe tous les autres enjeux. Taï-Marc Le Thanh en esquisse pourtant certains que l’on aurait aimé voir développés comme la place des femmes, les relations dans une famille recomposée, la résilience… Ils auraient permis d’étoffer l’histoire et d’apporter de la profondeur aux personnages. Car malgré la plume toujours impeccable de l’auteur, leur côté un peu monolithiques peut finir par lasser.

L’avis de Lucie.

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L’honneur de Zakarya, Isabelle Pandazopoulos, Gallimard Jeunesse, 2022.

Mutisme tête baissée, nom arabe, précédents multiples : Zakarya n’est-il pas le coupable idéal ? Mais qui est-il vraiment ? C’est ce que les jurés appelés à délibérer sur une affaire de meurtre vont devoir déterminer. Cette tragédie entre trois actes – JUGER, PROUVER, CONDAMNER – nous entraîne au cœur d’un procès d’assises. Les faits et la personnalité de Zakarya sont passés au crible pour aboutir à un jugement. Le récit du procès est ponctué de flash-backs de la jeunesse de l’accusé et du soir des faits. Ces fragments entretiennent le doute, dessinent un portrait complexe. Ado impulsif insuffisamment cadré par sa mère ? Petite frappe ? Rebelle à la rage brûlante ? Garçon solaire, déterminé à tenir la dragée haute aux préjugés ? Manipulateur hors-pair ? Ou abîme de fragilité ? Le mystère reste entier puisque Zakarya se tait. On brûle de le percer et le roman se dévore. La construction par flash-backs est impeccable et montre magistralement comment la tentation de plaquer des idées toutes faites peut nous induire en erreur. Les tentatives de comprendre Zakarya ont beau s’adosser à tous les gages d’apparence, de respectabilité et d’expertise, elles semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Un roman « coup de poing » tout en subtilité et en sensibilité.

Les avis de Liraloin et d’Isabelle

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La Dragonne et le Drôle, Damien Galisson, Sarbacanne, 2022.

L’univers et les personnages de La Dragonne et le Drôle sont cohérents, ce qui est toujours appréciable dans un roman fantasy. Le Drôle est un héros particulièrement touchant et son rapport aux animaux apporte un peu de douceur dans un univers plutôt brutal. Le moyen de communication entre les deux personnages principaux donne lieu à des passages très poétiques. Car Damien Galisson propose un vrai parti pris formel : entre les vers libres et les jeux de mise en page, son texte n’est pas banal ! Au lecteur de décider s’il accepte ou non de consacrer à ce roman exigeant l’attention constante que sa lecture requiert.

L’avis de Lucie.

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Les Errantes, Jo Witek, Actes Sud Junior, 2022.

Trois jeunes filles, tourmentées par des apparitions surnaturelles, s’allient pour retrouver le cours de leur existence en affrontant leur peur, et pour venir en aide aux âmes tourmentées de femmes venues d’un autre temps. Des femmes ayant réellement existées ou inspirées par d’autres et qui interrogent sur l’héritage reçu de toutes celles qui nous ont précédées, sur la place à leur rendre pour gommer les inégalités et les erreurs qui leur ont portées préjudice pour avoir osé aller à contre-courant de croyances ou de codes sociaux en vigueur à leur époque.

Les errantes est un roman féministe, qui emprunte au fantastique et à l’historique pour rendre hommage à des femmes restées longtemps oubliées, porté par trois jeunes filles fortes et déterminées qui font preuve d’un magnifique esprit de sororité.

L’avis complet de Linda.

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Les histoires des autres, Muriel Zürcher, Thierry Magnier Editions, 2022.

Présentation de l’éditeur : Une petite fille vivant dans un appartement empli jusqu’au plafond de sacs de croquettes pour chien. Un jeune à la dérive, le cœur brisé par le long silence de son ami, qui s’accroche à son rêve d’escalader avec lui les plus beaux ponts de la planète. Un vieux sans-abri découpant inlassablement des magazines pour reconstituer le visage d’une femme au fil des pages de ses cahiers d’écolier. Une lycéenne que son chien entraîne dans une drôle d’histoire qui n’a rien d’une histoire drôle. Et si la fantaisie et l’innocence de l’une transformait la vie des autres ? Lilibelle, Soan, Hector, Aricia et les autres, une petite troupe d’humanité cabossée dans un roman teinté d’humour où la vie déborde de partout.

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Les Longueurs, Claire Castillon, Gallimard Jeunesse, 2022.

« Outre : peau d’animal cousue en forme de sac et servant de récipient. »
Simplement une peau et plus personne, aucune âme, aucune vie, aucun souffle pour l’habiter. Cette peau est celle d’Alice au doux diminutif de Lili 15 ans. Avant Lili a eu 7 ans puis 8 ans et c’est à ce moment-là que son tout s’est changé en noir, dans cette vie sans papa juste maman. Un papa qui vit aux USA mais il y a un homme Georges dit Mondjo toujours présent jouant le rôle du confident, du père absent, de l’amant de sa maman, de l’homme destructeur : « -Mais non, me répond-il, quand on se dit je t’aime avec le corps, on peut s’appeler autrement, tu veux bien t’appeler Anna, dans notre secret ? je réponds oui parce que j’adore la Reine des Neiges. »
Alice se rend compte que Mondjo fait tout pour l’éloigner de ses ami(e)s et de son père : «… J’ai quinze ans et j’ignore donc que les personnes comme Mondjo sont des hors-la-loi ? Je le sais, alors pourquoi je ne le dis pas ? Parce que lui et moi c’est l’amour, ou c’était. Ces jours-ci, je ne l’aime plus, mais si on retire le sexe, peut-être que je l’aimerais encore ? »

Durant la lecture de ce roman il est compliqué de se défaire de cette boule au ventre, de cette gorge serrée. Parfois et même souvent on oublie de respirer, on est juste le témoin du drame qui se joue dans la tête et le corps d’Alice. Lili lutte en permanence entre ses sentiments de soumission, de compréhension et d’acceptation. Claire Castillon réussit à écrire avec grande intelligence sur un sujet trop peu présent en littérature surtout dans celle destinée aux adolescents. A l’image de la couverture du livre, de cet homme prenant le contrôle sur cette jeune fille aux yeux fermés tout comme Mondjo prend le contrôle d’Alice et de sa mère, marionnettes aux fils cassants et fragiles.

L’avis d’Isabelle

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On a supermarché sur la Lune, Sébastien Joanniez, Joie de Lire, 2022.

Au hasard des moments volés au train-train de l’existence, Rosa écrit son journal. La collégienne extériorise en les écrivant les milliers de choses qui bouillonnent en elle : scènes du quotidien, poèmes, réflexions, ressentis bruts, coups de gueule, déclarations d’amour… Tout cela forme une sorte de kaléidoscope assez déstabilisant. Les personnages sont nombreux à graviter autour de la protagoniste, leurs apparitions sont trop fugaces pour nous laisser le temps de nous attacher et leurs dialogues sont minimalistes, à la limite de la caricature. Le fil conducteur ne se révèle qu’à petites touches : il faut s’accrocher, se laisser porter par le texte pour voir où il nous mène. Mais il y a un rythme, un flow dans les mots de Rosa, une poétique de l’adolescence. Une fougue pour dire le mal-être et les révoltes, la famille qui devient trop étroite, les rêves, les fulgurances, l’intensité des émotions avec force points d’exclamation. Sous nos yeux, Rosa se cherche et se trouve. C’est chaotique, parfois douloureux, joli aussi. Et finalement, la forme éclatée de ce roman est à l’image de la manière dont on grandit.

L’avis complet d’Isabelle

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Rien nous appartient, Guillaume Guéraud, Pocket Jeunesse, 2022.

Dans Rien nous appartient, Guillaume Guéraud se met dans la peau de Malik, un jeune en rupture sociale qui s’apprête à commettre l’impassable. Critique sociale, le texte prend la forme d’un témoignage, un testament dans lequel le jeune homme raconte sa famille, ses amis, la cité, […] son parcours atypique pour expliquer son geste et dire sa vérité d’un monde qu’il rêve plus juste, plus égalitaire. Par ailleurs, le texte soulève de nombreuses questions sur notre société et son fonctionnement, mais on retiendra principalement celle de l’accompagnement, de l’écoute et de la prise en charge des personnes (des jeunes) en situation d’échec ou de fracture sociale.

L’avis complet de Linda.

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Ton absence, Guillaume Nail, Rouergue, 2022.

Pour valider son BAFA, Léopold participe à un stage d’approfondissement avec sa nouvelle bande de potes, La Coterie.
Le jour du départ, un garçon solitaire et solaire le trouble et l’attire, Matthieu.
Il n’est pas le seul. Damien, le chef autoproclamé de la bande, a pris le jeune homme en grippe et enchaîne remarques et comportements, aussi humiliants que vulgaires, pour l’ostraciser. Et pire, le groupe le suit.
Léopold est offusqué, blessé même. Pourtant, par peur du rejet, il ne fait rien et se soumet même.
Pourtant, dorénavant, il y a « son absence » et Léopold en est forcément transformé.

Dans un récit multiforme qui joue sur les dualités, Guillaume Nail explore, non pas le désir homosexuel, mais la force du groupe sur ce désir. Cette force qui peut rassurer mais aussi étouffer et enfermer, quitte à se détester soi pour ne pas être détesté, pour ne pas être délaissé par les autres.
Un roman qui ne laisse pas indifférent.

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Hors compétition (puisque Vincent Mondiot a déjà été lauréat du Prix Vendredi)

Emergence 7, Vincent Mondiot et Enora Saby, Actes Sud Junior, 2022.

Vingt ans l’Émergence 7, Léon peut enfin retourner sur les lieux. Il y trouve le cimetière de sa jeunesse et des réminiscences traumatisantes, celles de cette journée qui a vu son enfance voler en éclats… On peut être frustré par rapport à ce qui semble au départ se dessiner comme l’intrigue principale : Que sont les Émergences et que dissimule l’État à leur sujet ? Qui a survécu parmi les protagonistes ? L’essentiel est finalement ailleurs. Les aller-retours entre le temps de la narration, les souvenirs du jour de l’Émergence, des années antérieures et postérieures permettent de varier les rythmes et les perspectives sur la catastrophe, alternant récit de survie et méditation sur la fin de l’enfance, la fragilité des liens humains, les traumatismes des survivants. On navigue ainsi entre teen novel, thriller post-apocalyptique et drame. Surtout : c’est un nouveau format au croisement du roman et de l’album qu’inventent Vincent Mondiot et Enora Saby, leur permettant de jouer sur les deux tableaux. L’ampleur du texte en surimpression sur des illustrations pleine page permet de développer une intrigue nourrie. Mais la narration portent le récit au moins autant que les mots. C’est hyper réussi, haletant et très original, bien que très sombre. Ce titre fondera-t-il un genre à la croisée entre roman et album ? Pour sa part, Isabelle adorerait retrouver ce format.

L’avis complet d’Isabelle

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Pour savoir qui succèdera à Amour Chrome, Les derniers branleurs, L’Estrange aventure de Mirella, Les amours d’un fantôme en temps de guerre et L’aube sera grandiose, rendez-vous sur le site du prix !

Et vous, lequel avez-vous préféré ?

La mythologie antique dans le monde

La mythologie est l’ensemble de récits fabuleux unifiant un peuple autour de son histoire, de ses croyances, légendes et êtres au destin extraordinaire.

Elle raconte le monde, de sa naissance à ses phénomènes les plus mystérieux ou terrifiants.

Liant les Hommes à la Nature, elle apporte des explications, des raisons, des clés de compréhensions à ce que l’on ne saisit pas, phénomènes naturels comme comportements humains, par le biais d’aventures de personnages hors normes.

Parce que la Mythologie est un vaste sujet, aussi foisonnant que fascinant, parce que souvent nous vient d’abord à l’esprit la gréco-romaine, nous avons choisi de scinder notre Sélection Thématique pour vous parler de la Mythologie dans toute sa diversité.

Notre premier billet concentrait des références sur la mythologie gréco-romaine, celle-ci nous emmène partout dans le monde.

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Ces deux ouvrages nous emmènent à la rencontre de différentes mythologies pour nous raconter la Naissance et les premiers Temps du Monde comme ceux des Hommes: Grèce, Japon, Dogon, Tibet, Chine, Rome, Inde. Subdivisés en récits plus ou moins connus, ils sont enrichis par des encarts précisant vocabulaire, rôles des personnages, lieux ou coutumes, liens avec d’autres mythologies ou textes ultérieurs.

Deux ouvrages riches et complets pour découvrir ou redécouvrir les Mythologies.

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Dans les Temps Anciens, le Mal voulut s’emparer du monde par l’entremise de six Dieux Mauvais.
Chacun fut défait par six Dieux Gentils dotés d’armes extraordinaires.
Vaincu, le Mal fut emporté et scellé dans le désert rouge de la planète Mars.
Jusqu’à aujourd’hui. La venue d’une mission spatiale japonaise a malheureusement libéré le Mal qui se répand à nouveau sur Terre sous l’apparence de ces six Dieux, en investissant le corps de six hommes.
Les descendants des Six Héros, ignorant tout de leur condition, découvrent tour à tour leur destin. Tous sont accompagnés de leur aïeul revenu sous la forme d’un esprit de petite taille aux traits ronds et enfantins, un brin comiques.

Chacun des six premiers tomes de la série nous présente donc tour à tour ces six descendants, avant de les voir découvrir Gaïa et le Chaos et de s’allier pour combattre le Mal. Ainsi fait-on connaissance avec Yuko descendante de Raijin (Japon); de Parvâti avec Durga (Inde); Amir avec Horus (Egypte); Abigapil avec Freya (Scandinavie); Miguel avec le Quetzalcóatl (Mexique) et Néo avec Heraclès (Grèce).

La série est dynamique et très expressive avec un dessin japonisant, un atout pour les jeunes lecteurs. Son intrigue est pleine de rebondissements, de références et d’humour et permet une première approche de la mythologie mondiale. Le premier cycle comprend 10 tomes et un nouveau vient de s’ouvrir.

L’avis de Blandine sur les 10 premiers tomes ICI.

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MYTHOLOGIE EGYPTIENNE

Chez Isabelle, la mythologie égyptienne est particulièrement prisée : pour sa poésie, mais aussi pour la beauté pharaonique des pages qu’inspire aux auteur.ice.s l’esthétique de cette époque. Format imposant, couleurs lumineuses, illustrations majestueuses : La déesse indomptable a quelque chose de princier, de divin qui attire le regard comme une parure antique. Le récit reprend une légende égyptienne ancestrale : suite à une violente querelle avec le dieu Soleil Rê, sa fille Bastet est furieuse. Qu’à cela ne tienne, la déesse chatte se transforme en lionne et s’exile, laissant Rê désemparé. Celui-ci compte sur l’art oratoire et la force de persuasion de Thot, le dieu savant, qui semble avoir mille et une histoires dans son sac. Viendra-t-il à bout du courroux de la déesse indomptable ? L’histoire raconte l’amertume de la colère, la douceur de la réconciliation et la valeur de l’entraide – et ce ne sont pas toujours ceux qu’on pense qui ont besoin de secours !

La déesse indomptable, de Viviane Koenig et Marie Caillou. La Martinière Jeunesse, 2019.

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Un autre livre chouchou d’Isabelle et de ses moussaillons pour voyager en Egypte est l’incontournable Egyptomania : un album précieux, orné à chaque page de somptueux motifs égyptiens aux couleurs dorées et éclatantes, que l’on parcourt en retenant son souffle, avec l’impression de pénétrer dans quelque pyramide sacrée… L’album brosse une fresque de l’Égypte ancienne : son histoire, sa géographie et son économie façonnées par le Nil, son mode de vie, ses fameuses pyramides et, bien sûr, sa mythologie. La lecture est, là encore, sublimée par les splendides illustrations. Les autrices font un usage très créatif de rabats et de parties mobiles qui semblent par exemple donner vie aux saisons qui se succèdent le long du Nil, ou nous donner l’impression d’entrer pas à pas dans un temple, une pyramide, un sarcophage… Un régal pour les yeux et l’esprit, accessible de 7 à 77 ans !

Egyptomania, d’Emma Giuliani et Carole Saturno, Les Grandes Personnes, 2016.

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Les Secrets des Dieux Egyptiens. Suzon LACROIX, Alea LEFEVRE et Diana CALLICO. Editions Le Héron d’Argent, 2021

Les Editions Le Héron d’Argent publient des ouvrages aussi magnifiques et soignés, qu’instructifs et richement documentés. Dans celui-ci, le panthéon égyptien nous est expliqué: les liens entre chaque Dieu, avec la Nature et envers les Hommes dans tous les aspects de leur vie: religion, politique, écriture, Arts, la guerre, la mesure du Temps…

Fascinant!

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MYTHOLOGIE JAPONAISE

Chez Colette, on est adepte des créatures japonaises les plus fantasmagoriques : des Yokaîs aux Pokemons, on ne cesse depuis des années de tenter de les apprivoiser. Notre livre préféré pour apprendre à les connaître est le magnifique A l’intérieur des Yokaï de Shigeru Misuki. Il se présente comme un documentaire qui donne à voir le fonctionnement interne de chaque créature ! C’est une merveille esthétique mais aussi documentaire qui permet d’appréhender une culture très différente de la culture européenne.

A l’intérieur des Yokaï, Shigeru Mizuki, Cornélius, 2018.

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MYTHOLOGIE NORDIQUE

Pour sa première bande-dessinée consacrée à la famille Vieillepierre, le talentueux Joe Todd-Stanton puise son inspiration dans une mythologie nordique dont on découvre tout le charme. L’Islande, terre de forêts et de glaces, de cavernes et de falaises offre un décor envoûtant aux aventures d’Arthur. Il s’agit-là d’une véritable épopée, avec ce qu’il faut d’épreuves, de territoires à explorer, d’alliances à créer et de monstres à terrasser. Tout cela est superbement illustré, avec de ravissantes couleurs chaudes et une multitude de petits détails à savourer au fil des lectures. Un tome qui se suffit parfaitement à lui-même, mais dont on peut avec profit découvrir les suivants qui explorent d’autres contrées mythologiques…

Arthur et la Corde d’or, de Joe Todd-Stanton, Sarbacane, 2019.

L’avis d’Isabelle

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Astra Saga livre vraiment un hommage inattendu à la mythologie nordique puisque ces références sont importées dans un space opera aux accents steampunk. Le désastre du Ragnarök a beau avoir marqué profondément le paysage galactique, les espèces survivantes à cette extermination réciproque des Ases et des géants Jötun semblent avoir la mémoire bien courte. L’empire qui a prospéré sur le champ de mines est menacé de l’intérieur par une rébellion et, de l’extérieur, par un Ase rescapé du Ragnarök. La flotte impériale va avoir fort à faire pour maintenir l’ordre et la cohésion des provinces… Ce premier tome pose les bases d’une intrigue ample, mais d’autant plus intéressante que plusieurs des camps semblent traversés par des clivages internes. Les illustrations sont vraiment remarquable : profusion de détails à la précision quasi-photographique, clarté et dynamisme du trait, couleurs splendides. Très original !

Astra Saga, tome 1 : L’or des Dieux, de Philippe Ogaki. Delcourt, 2021.

L’avis d’Isabelle

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MYTHOLOGIE INDIENNE

Le Ramayana. Pascal FAULIOT. Casterman, 2015

Le Ramayana fait le récit de l’épopée extraordinaire de Rama, Prince de l’Inde. Courageux, Compatissant et respectueux du Dharma, Rama est un homme parfait, et son épouse, Sita, ne l’est pas moins. Dès lors, comment échapper à la cupidité et la convoitise des Hommes et des Démons?

Figure majeure de l’hindouisme jusqu’à être l’incarnation de Vishnou (le Dieu supérieur préservateur de l’univers), Rama fait l’objet d’un véritable culte et plusieurs lieux de pèlerinages lui sont consacrés. Ce texte de Pascal Fauliot est une condensation de deux versions majeures et a fait l’objet d’une adaptation pour être plus accessible aux lecteurs d’aujourd’hui.

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BONUS : DES ROMANS NOURRIS PAR LES MYTHES

En bonus, deux romans (étrangement tous les deux ancrés dans un monde de… lapins) qui nous parlent de la genèse et des fonctions remplies par les mythes. Comment occupait-on jadis les longues soirées d’hiver ? En racontant des histoires au coin du feu, bien sûr ! Il y a très longtemps, il était même fréquent que certains en fassent leur métier et deviennent « bardes » qui collectaient les anecdotes et devaient une mémoire vivante de la communauté. Certaines histoires étaient répétées si souvent qu’elles finissaient composer un univers de références partagées…

Dans la société médiévale imaginée par Kieran Larwood, la légende de Podkin le brave fait incontestablement partie de ce patrimoine. Le récit épique qu’en fait un vieux barde très informé nous raconte la façon brutale dont une guerre civile les a tirés, lui et ses frère et sœur, de leur enfance insouciante dans le clan de leur père, arrachés à leurs parents et poussés à la fuite. Rencontres et péripéties s’enchaînent avec beaucoup de rythme, faisant de cette épopée une expérience initiatique qui permet à l’insouciant Podkin de trouver le courage de résister… La morale de l’histoire, puisque fables et légendes servent aussi à éduquer les enfants suspendus aux lèvres du barde, suggère ainsi à la fois que les personnes a priori les moins héroïques peuvent déployer des ressources insoupçonnées et que c’est en réalité l’union qui fait la force… Une introduction géniale à l’heroic Fantasy, accessible aux plus jeunes !

La légende de Podkin le Brave, Kieran Larwood, 3 tomes parus chez Gallimard Jeunesse

L’avis d’Isabelle sur les tomes 1, 2 et 3

Les lecteur.ice.s un peu plus grand.e.s pourront se plonger avec délice dans Watership Down, un classique anglais magnifique réédité en français par Monsieur Toussaint Louverture. Une extraordinaire intrigue à rebondissements qui se noue à partir de l’exil forcé d’une poignée de lapins suite à une inquiétante prophétie. Le périple vers les collines de Watership Down est semé d’embuches face auxquelles les petits héros devront rester unis et clairvoyants. Ils seront heureusement inspirés et réconfortés, dans l’adversité, par toute une collection de mythes fondateurs. Les moussaillons d’Isabelle ont adoré les aventures du légendaire lièvre Shraavilshâ. Mais surtout, ces lapins qui s’efforcent de « faire société » seront un jour eux-mêmes au coeur de mythes… Un roman immersif qui fait rire, vibrer et trembler. Et qui multiplie les clins d’oeil aux mythes antiques, de Cassandre au cheval de Troie, en passant par l’enlèvement des Sabines.

Watership Down, de Richard Adams. Monsieur Toussaint Louverture, 2020.

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N’hésitez pas à aller voir du coté des sélections de l’association Arrête ton char qui a initié en 2020 un prix Littérature Jeunesse et Antiquité. Cette association a créé le plus vaste site francophone de ressources pour les Langues & Cultures de l’antiquité : une mine d’or !

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Découvrir tous les livres qui abordent la mythologie est aussi passionnant que fascinant! Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges, sans qu’on puisse se lasser! Et vous, comment aimez-vous lire la Mythologie?

Mythologie antique : la gréco-romaine

La Mythologie est l’ensemble de récits fabuleux unifiant un peuple autour de son histoire, de ses croyances, légendes et êtres au destin extraordinaire.

Elle raconte le monde, de sa naissance à ses phénomènes les plus mystérieux ou terrifiants. Liant les Hommes à la Nature, elle apporte des explications, des raisons, des clés de compréhensions à ce que l’on ne saisit pas, phénomènes naturels comme comportements humains, et véhiculent valeurs et héritages par le biais d’aventures de personnages hors normes.

Parce que la Mythologie est un vaste sujet, aussi foisonnant que fascinant, parce que souvent nous vient d’abord à l’esprit la gréco-romaine, nous avons choisi de scinder notre sélection thématique pour vous parler de la Mythologie dans toute sa diversité.

Ce premier billet concentre des références sur la mythologie gréco-romaine, la suivante nous emmènera dans le reste du monde.

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Ulysse. Patricia CRETE et Pierre BARON. Bruno WENNAGEL et Matthieu FERRET. Quelle Histoire, 2014

Un album souple et de petit format pour découvrir au gré de 15 tableaux qui était Ulysse, de sa vie sur Ithaque, à la Guerre de Troie jusqu’à l’Odyssée de son retour vers son île et les retrouvailles avec son épouse Pénélope. Elle prolonge par une carte, quelques personnages importants d’alors, des petits jeux et un quiz.

Un album parfait pour le découvrir et donner envie d’en savoir plus.

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Cette collection, issue de la collaboration entre Little Io et l’excellente maison d’éditions Palette, propose de redécouvrir des mythes par le biais de l’Art, et plus précisément de peintures. Il nous est d’abord conté d’une manière très détaillée et illustré par plusieurs tableaux de différentes époques. Ils nous sont ensuite expliqués dans une deuxième partie. Ce faisant, c’est aussi un portrait de chaque époque qui nous est transmise: par la technique, la représentation des personnages, les couleurs utilisées, les points de vue et perspectives adoptés, les croyances et valeurs. Les albums se ferment sur une chronologie et une page de questions pour permettre à l’enfant de s’exprimer suite à cette lecture et ces découvertes.

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Chaque petit roman de cette collection permet de découvrir un épisode mythique. Le récit est chapitré et encore largement illustré pour accompagner la lecture des mots. Selon le niveau de lecture, un mini-dico et des jeux referment, ou pas, le livre.

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Sur l’Olympe, les Dieux s’ennuient et leur vie est devenue bien monotone depuis que les Hommes semblent les avoir oubliés. Déconnectés, ils ne sont plus du tout au fait des nouvelles réalités et coutumes en vogue. Ils décident donc de descendre « discrètement » et « incognito » sur Terre pour rattraper leurs siècles de retard et la réalité des Hommes d’aujourd’hui.

Fanny Gordon (alias Véronique Delamarre Bellégo et Pascale Perrier) livrent ici une série pétillante et pleine d’humour, qui allie mythologie et préoccupations actuelles et / ou adolescentes : réseaux sociaux, amour, écologie, amitié, protection des animaux…

L’avis de Blandine sur le tome 2 (avec Poséidon ) – La série en compte 4 pour le moment.

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De l’autre côté du mytheAriádnê. Flora BOUKRI. Gulf Stream Editeur, 2020

Avec ce roman (premier d’une série de trois titres pour le moment), Flora Boukri nous propose de changer notre perspective, d’aller « de l’autre côté du mythe » pour en découvrir toutes les facettes et connaitre tous les points de vue, notamment celui des personnages féminins. Le mythe nous apparaît ainsi dans toutes ses nuances et tous ses possibles. Le roman est scindé en trois « chants », à la manière du théâtre grec antique et entrecoupés d’intermèdes laissant la parole aux Dieux. Elle a également choisi de conserver les noms des personnages dans leur écriture grecque.

Nous voici donc révélée une autre version de l’histoire d’Ariane, fille du roi Minos de Crète, de Thésée, fils d’Egée, et du Minotaure en son Labyrinthe.

L’avis de Blandine ICI.

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Télémaque – Tome 1. Kid TOUSSAINT et Kenny RUIZ. Editions Dupuis, mars 2018

Cette série (de 4 tomes pour le moment) nous invite à découvrir L’Odyssée du point de vue de Télémaque, fils d’Ulysse, qui part à la recherche de son père avec trois compagnons. Bien que maladroit et un peu prétentieux, sa quête nous permet de découvrir les lieux où s’est rendu Ulysse, de rencontrer ceux qu’il a vus, et de nous dévoiler aussi plusieurs de ses traits de caractère.
Les personnages féminins nous en disent long sur leur condition et les rôles auxquels les femmes étaient alors réduites et cantonnées.

Le dessin est dynamique et ne manque pas d’humour et références, comme le scénario!

L’avis de Blandine ICI.

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Les petits Mythos. Philippe LARBIER et Christophe CAZENOVE. Éditions Bamboo

Les Petits Mythos est une série de 12 tomes (pour le moment + une BD documentaire) qui met en scène des caricatures de Dieux, Déesses, Héros et Héroïnes de la mythologie grecque dans des gags de une ou deux planches au trait enfantin mais avec plusieurs degrés de lectures. Certains ont une chute attendue, d’autres sont hilarantes. Chaque tome comprend des pages bonus plus « sérieuses » qui viennent enrichir les gags.

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Les mythes grecs. Editions Usborne, 2017

Cet album documentaire nous permet de découvrir les mythes (dont quatre en détails) et Dieux de l’Antiquité grecque par le biais de portraits, anecdotes et objets d’Art (peintures, sculptures, poteries…) issus de l’Antiquité à nos jours. La présentation est dynamique, variée et riche.

L’avis de Blandine LA.

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Un petit dessin pour devenir une légende en mythologie. Sandrine CAMPESE. Le Robert, novembre 2021

Par le procédé de la mnémographie (mémorisation par l’image), Sandrine Campese nous invite à (re)découvrir la mythologie grecque avec plusieurs de ses origines, Dieux/Déesses, Héros/Héroïnes, Lieux et Créatures. Chacun est brièvement présenté et enrichi de trois informations différentes (l’équivalent roman, une anecdote, une explication, un attribut particulier, ou de l’étymologie…) L’idée est aussi ludique qu’originale.

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L’Odyssée illustrée. Homère. Usborne – 2017

Dans ce volume à la couverture mousse et au marque-page ruban, c’est toute l’épopée du retour d’Ulysse vers son île Ithaque à l’issue de la Guerre de Troie qui nous est contée. Le récit est chapitré et agrémenté de très belles illustrations qui permettent de se représenter les personnages, évènements ou métaphores. Le livre se termine par une carte qui reprend toutes les étapes du périple, ainsi que par la présentation succincte des différents personnages : humains, dieux, êtres mythiques, Morts…

L’avis de Blandine ICI.

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La bibliographie de Richard Normandon, enseignant de français et de latin, est centrée sur la mythologie grecque. Il a notamment écrit deux séries publiées chez Gallimard Jeunesse : La conspiration des Dieux (4 tomes) et Les enquêtes d’Hermès (4 tomes). Si les caractéristiques des figures de Héros, Dieux et Demi-Dieux sont respectées, les trames d’enquêtes apportent dynamisme et suspense au contexte antique. Et pour ne rien gâcher, les personnages ne manque pas d’humour !

Les enquêtes d’Hermès, tome 1 : Le mystère de Dédale, Richard Normandon, 2016.

L’avis de Lucie sur ce premier tome.

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Série en 6 tomes de Lucy Coats, Beasts Of Olympus a pour héros Pandémonius, fils de Pan (le dieu des bergers) et d’une humaine. Il adore les animaux et a le pouvoir de parler avec eux. Un jour, son père décide de l’emmener sur le mont Olympe, pour qu’il débarrasse les étables divines de leur puanteur monstrueuse et soigne les bêtes légendaires des dieux grecs.

Beats Of Olympus, tome 1 : Un amour de monstre, Lucy Coats, Hachette Jeunesse, 2017.

Le premier tome de cette série nous avait été présentée par Antoine dans sa lecture d’enfant.

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Colette adore proposer les magnifiques albums grand format d’Yvan Pommaux consacrés à la mythologie. Deux d’entre eux ont sa préférence : Ulysse aux milles ruses et Orphée et la morsure du serpent. Le premier raconte de manière assez fidèle le récit d’Ulysse de retour de Troie, récit fondateur du récit d’aventure. Et le deuxième narre la fabuleuse histoire d’amour et de mort du poète Orphée et de sa jeune épouse Eurydice, mythe fondateur de la poésie lyrique. Les illustrations d’Yvan Pommaux qui jalonnent le texte permettent à ces récits de rencontrer les jeunes lecteurs et lectrices dès 6-7 ans jusqu’à l’adolescence. Un bonheur en lecture à haute voix, pour, à la suite d’Homère, devenir à son tour un aède.

Ulysse aux mille ruses, Yvan Pommaux, Ecole des loisirs, 2011.
Orphée et la morsure du serpent, Yvan Pommaux, Ecole des loisirs, 2009.

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Du côté des romans, sur les étagères de Colette, on trouve Moi, le Minotaure de Sylvie Baussier dans la collection de Scrineo Mythologies. L’autrice y utilise une technique narrative passionnante : elle choisit pour narrateur le monstre qui a effrayé tant et tant de lecteurs et de lectrices des siècles durant. En inversant ainsi le regard traditionnel qui est porté sur ce personnage terrible, elle nous invite à parcourir de nouvelles mythologies.

Moi, le Minotaure, Sylvie Baussier, Scrineo Mythologie, 2020.

L’avis de Colette.

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Chez Isabelle aussi, on raffole de mythologies. Alors s’il faut sélectionner, on ira vers le très, très beau. Les albums d’Emma Giuliani et de Carole Saturno sont de vrais joyaux. Majestueux et élégant, Grecomania exerce une attraction magnétique. Le voyage temporel est porté par le texte et le charme des illustrations qui rendent un hommage moderne à l’univers esthétique de la Grèce ancienne… Outre une présentation des protagonistes de l’Olympe, de l’Iliade et de l’Odyssée, on y trouve des contenus extrêmement complets sur l’histoire et la société grecque. Les deux autrices font un usage intelligent et créatif des frises chronologiques, cartes, rabats dépliants et éléments pop-up. Tout cela contribue à organiser, animer et égayer la lecture. Un vrai show ! 

Grecomania, d’Emma Giuliani et Carole Saturno. Les Grandes Personnes, 2016.

L’avis d’Isabelle

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Si malgré toutes ces suggestions, vous persistez à trouver les mythes grecs touffus, si l’arbre généalogique des occupants de l’Olympe vous semble toujours singulièrement emmêlé, si vous avez encore du mal à vous y retrouver dans les intrigues à tiroir qui ponctuent la guerre de Troie ou les idylles de Zeus, Le fil d’Ariane est fait pour vous ! L’idée de l’auteur-illustrateur polonais Jan Bajtlik est géniale : restituer l’essentiel des mythes grecs sous forme de fabuleux labyrinthes, illustrés et légendés, permettant de suivre pas à pas la création du monde et de l’Olympe, les douze travaux d’Hercule ou encore les péripéties de l’Iliade et de l’Odyssée. Ainsi présenté, ce n’est pas sorcier et c’est même très amusant de chercher son chemin dans ces enchevêtrements prodigieux !  

Le fil d’Ariane, de Jan Bajtlik, La Joie de Lire, 2019.

L’avis d’Isabelle

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Et pour tout connaître de la mythologie grecque et des récits homériques, la référence incontournable restent les merveilleux feuilletons de Murielle Szac. Agrémentés de jolies illustrations stylisées, ils se dévorent ou, mieux, se prêtent idéalement à une lecture à voix haute, permettant de renouer avec la tradition orale de transmission des mythes. On redécouvre ainsi ces récit et leurs rebondissements. C’est tragique, c’est captivant, tour à tour trash et émouvant. En bref, addictif comme nos séries d’aujourd’hui !

La mythologie grecque en cent épisodes, par Murielle Szac chez Bayard Jeunesse. Tomes disponibles : Le feuilleton d’Ulysse (2015), Le feuilleton de Thésée (2011), Le feuilleton d’Hermès (2006) et Le feuilleton d’Artemis (2019).

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En bonus, n’hésitez pas à aller voir du coté des sélections de l’association Arrête ton char qui a initié en 2020 un prix Littérature Jeunesse et Antiquité. Cette association a créé le plus vaste site francophone de ressources pour les Langues & Cultures de l’antiquité : une mine d’or !

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Découvrir tous les livres qui abordent la mythologie est aussi passionnant que fascinant. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges, sans qu’on puisse se lasser ! Et vous, comment aimez-vous lire la Mythologie ?

De l’humour noir au rire jaune – grands lecteurs, grandes lectrices

Après la sélection sur l’humour pour les petits lecteurs, petites lectrices la semaine dernière, voici l’arc-en ciel des couleurs de l’humour pour les plus grands !

L’humour noir et l’ironie / le sarcasme

Calvin et Hobbes (22 tomes), Bill Watterson, Presses de la cité.

Comment ne pas parler de la série Calvin et Hobbes de Bill Watterson ? Dans ces bandes dessinées, l’humour noir est élevé au rang d’art.
Calvin est un petit américain de six ans qui porte sur le monde un regard acerbe. Hobbes, son tigre en peluche, prend vie quand ils sont seuls et participe activement aux bagarres, blagues et autres réflexions désespérées sur l’espèce humaine. Mordant, drôle, mais aussi plein d’humour et de réflexions pertinentes… Lucie et Blandine en sont fans.

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La ferme des animaux, George Orwell, Le Livre de Poche Jeunesse, 2021.

Satire politique, La ferme des animaux d’Orwell utilise l’humour noir pour critiquer le régime stalinien et les états totalitaires en général. Il y dénonce notamment le pouvoir et la cruauté exercés par des tyrans. Publié pour la première fois en 1945, le récit n’a pas pris une ride et son sujet résonne encore avec le monde moderne. Le texte court et la format de fable animalière rendent la lecture accessible par les enfants dès l’âge de 10-11 ans pour les plus curieux.

L’avis de Linda, celui d’Isabelle et de Lucie. On pourra aussi lire l’avis d’Isabelle sur la version illustrée par Quentin Gréban ICI. Et l’avis de Linda et celui d’Isabelle sur l’adaptation en BD pour la jeunesse.

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Pour Lucie, Roald Dahl est un maître incontesté dans le domaine. Que ce soit dans Matilda, La potion magique de Georges Bouillon, Les deux gredins, Un conte peut en cacher un autre ou son autobiographie Moi, Boy, l’auteur anglais a le chic pour croquer d’affreux personnages. On adore les détester et on rit, tellement !, de leurs mésaventures.

Retrouvez aussi les avis de Linda, Blandine, Isabelle sur ce génie de l’humour.

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Les Willoughby : un roman abominablement écrit et ignominieusement illustré par l’autrice, Loïs Lowry – Ecole des loisirs, 2010 pour la première édition, 2019 pour l’édition collector

Les Willoughby ne sont pas une famille attachante. Les parents sont particulièrement odieux et les enfants sont agaçants. Cependant, ils ont tous un point commun : ils ne s’aiment pas. Alors c’est tout naturellement qu’un bébé abandonné sur leur perron se retrouve vite expédié chez le voisin, Mr Melanoff, un veuf inconsolable vivant dans une énorme maison-taudis !Le sort va-t-il s’acharner contre ce bébé ? De quels horribles moyens les enfants vont-ils user afin de se débarrasser de leurs parents et vice versa ?

L’ambiance de cette histoire a plongé Liraloin dans les romans de Roald Dahl mais aussi dans celle de Nanny McPhee. Tout va très vite et les évènements s’enchaînent un peu comme au théâtre. Les situations sont souvent loufoques et chaque personnage fait avancer l’histoire de manière maladroite. Une bonne dose d’humour noir et malgré tout, les ondes positives rayonnent dans ce roman farfelu.

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Monstre effrayant avide de chair d’enfant, le Yark est aussi… un animal en voie d’extinction. C’est que la pauvre bête a l’estomac fragile et ne digère que les enfants sages. Cette créature pleine de scrupules préférerait mille fois se nourrir de gamins insupportables, elle n’a pas vraiment le choix. Comme beaucoup, donc, le Yark regrette amèrement les enfants bien élevés, propres et innocents de jadis et désespère de trouver de quoi se mettre sous la dent… Tout est génial dans cet album qui s’impose déjà comme un classique : l’objet livre est magnifique (encore plus la réédition de 2021), la couverture et les illustrations (signées Laurent Gapaillard) de toute beauté, les rimes audacieuses, les péripéties à hurler de rire. Incontournable dans une sélection sur l’humour !

Le Yark, de Bertrand Santini, illustré par Laurent Gapaillard. Grasset Jeunesse, 2011 (réédité en 2021).

L’avis d’Isabelle et de Linda

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L’humour burlesque, le comique de situation

La souris et le voleur de Jihad Darwiche & Christian Voltz – Didier jeunesse, collection : A petits petons, 2002

Tout commence par un gros ménage de printemps chez la souris. Sous cette poussière, un p’tit trésor : un sou ! Alors, « Elle court chez le boucher. Elle lui donne sa pièce et revient chez elle avec un beau morceau de viande. » Notre souris, économe, décide que la moitié qui ne sera pas mangée régalera son p’tit bidon le lendemain. Malheureusement la nuit s’achève sur un réveil colérique : un voleur lui a piqué sa gourmandise. Elle va vite raconter ses malheurs au juge qui lui dicte cette drôle de formule-magique-spéciale destinée au voleur trop goulu : « Rentre dans ta maison. Mets du caca dans une assiette, pose l’assiette sur l’étagère, plante des clous à l’envers dans le mur, mets un serpent dans la bassine d’eau, cache un âne derrière la porte, accroche un coq au plafond et dors tranquille. » Bon s’il en est ainsi, allons-y! Alors quoi, vous ne devinez pas la suite….

Cette histoire est vraiment très drôle à lire et surtout à raconter (parole de pro du livre : les enfants aiment les histoires de caca). Le comique de répétition fonctionne à merveille. Le passage où notre pauvre voleur tombe sur tous les pièges laissés par la souris sont à mourir de rire. Les illustrations de Christian Voltz y sont pour beaucoup. Il alterne papier découpé et matériel de récupération donnant des expressions si farfelues aux personnages.

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Le journal de Gurty (10 tomes), Bertrand Santini, Sarbacane, 2015.

A-t-on encore besoin de présenter Gurty, l’adorable petite chienne de Bertrand Santini ? Les enfants adorent lire son journal et ses réflexions sur la vie, le quotidien, son maître et ses rencontres. Le regard qu’elle porte sur son environnement (très premier degré) est hilarant !

Retrouvez les avis de Blandine, Lucie, Linda et Isabelle.

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C’est qu’ils passeraient presque inaperçus, dans leur tranquille banlieue londonienne… Une famille qui déborderait certes d’énergie, dont les membres pourraient bien paraître un peu plus velus et dentus que la moyenne, mais alors vraiment en y regardant de près… La seule chose qui pourrait bien les trahir, c’est leur propension irrépressible à hurler de rire à la moindre occasion. Car oui, mais que cela reste entre nous, hein ! La vérité, c’est que les Zarnak sont une famille de hyènes ! Il souffle sur ce roman une loufoquerie toute britannique. Les péripéties des Zarnaks qui peinent à ne pas attirer l’attention, le comique de situation et les blagues intempestives de M. Zarnak sont désopilants. Et sur le mode du rire, ce roman invite à la réflexion sur les stéréotypes (car voyez-vous, les hyènes ne sont bien vues ni des hommes, ni des autres animaux), l’aliénation des humains passée au révélateur du regard des hyènes, leurs liens avec le monde animal, l’anticonformisme et la valeur de la tolérance. On en redemande !

Les Zarnak, de Julian Clary, illustré par David Roberts. abc melody, 2016.

L’avis complet d’Isabelle

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Comment résister au bouc Cornebique, gaillard tout en jambes, doté d’un don pour le banjo, d’un solide appétit, d’une bonne dose d’auto-ironie et d’un cœur tendre à souhait ? Ravagé par un chagrin d’amour, notre héros se résout à quitter le pays des boucs, pourtant si sympathique. Il est loin d’imaginer les rencontres et les aventures extraordinaires que lui réserve cette ballade à travers le vaste monde… Jean-Claude Mourlevat est un conteur incroyable et la magie opère immédiatement : difficile de reposer le livre, une fois ouvert. Les dialogues sont mémorables, les frasques de Cornebique hilarants. Vous aimez la fête, la musique folk, les courses-poursuites et les concours en tous genres ? Ce livre est fait pour vous !

La ballade de Cornebique, de Jean-Claude Mourlevat. Folio Junior, 2003.

Les avis de Lucie et d’Isabelle

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L’humour par l’absurde et le farfelu

Cochon-Neige, Vincent Malone, Seuil Jeunesse, 2004.

Cochon Neige est une réécriture de Blanche-Neige… avec un cochon dans le rôle-titre. Ce point de départ donne une assez bonne idée de la folie de Vincent Malone qui, non content d’offrir à son lecteur une parodie enlevée, multiplie les notes de bas de page toutes plus tordantes les unes que les autres.

L’avis de Lucie.

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En colère, la petite Jo s’enfonce dans la forêt et emboite le pas à de curieuses petites créatures bavardes, quitte à entrer dans un tunnel obscur… pour déboucher dans un monde où souffle un vent de fantaisie, une sorte de quatrième dimension où l’univers des contes percuterait celui des années 1970. On y croise de petits enfants aux oreilles de chats côtoyer un cyclope en Birkenstocks et un crocodile en blouson de cuir, sous la direction musclée d’un renard mal léché. Tout ce petit monde a décidé de s’élever contre le despote qui terrorise le pays. Ce dernier organise justement un bal costumé : notre fine équipe ne devrait pas avoir de mal à s’infiltrer dans sa forteresse… Ce n’est pas une BD d’humour à proprement parler, mais elle fait beaucoup rire, par la malice du trait de Camille Jourdy, les clins d’oeil qui fourmillent un peu partout, les dialogues mêlant savoureusement l’ironie et l’absurde.

Les Vermeilles, de Camille Jourdy, Actes Sud, 2019.

L’avis d’Isabelle

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Un enfant fait une rencontre extraordinaire : celle de Karlsson, petit bonhomme à la langue bien pendue, sûr de lui, débordant d’idées et d’imagination, et doté d’une hélice lui permettant de voler et de rejoindre sa petite maison… sur le toit de l’immeuble ! Le quotidien prend alors un tour inattendu. Karlsson se laisse complètement aller au jeu, expérimente tout ce qui lui passe par la tête sans tabou, se vante et ment sans vergogne, s’empiffre de sucreries, ne partage pas ses bonbons mais aime à jouer les justiciers… ravissant les petits lecteurs qui aimeraient parfois pouvoir se conduire ainsi. Les répliques du bonhomme (« Du calme, pas de panique ! » ou « Tout ça c’est purement matériel » quand il a détruit quelque chose…) sont vraiment cultes. Un classique suédois porté par l’humour d’Astrid Lindgren.

Karlsson sur le toit, d’Astrid Lindgren. Le Livre de Poche, 1955.

L’avis complet d’Isabelle

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Les jeux de mots et l’humour par les mots

Histoires comme ça, Rudyard Kipling, Milan jeunesse, 2009.

Rudyard Kipling est un magicien des mots. Si son roman le plus célèbre est le Livre de la Jungle, ses Histoires comme ça sont un monument d’humour.
Jeux de mots, comique de répétition, comique de situation… Ecrit pour sa fille, qu’il interpelle régulièrement dans les nouvelles, ces contes des origines publiés en 1902 n’ont pas pris une ride et sont devenus incontournables chez Lucie !

Son avis complet ICI.

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Comme Isabelle, Blandine, Linda et Frédérique, Lucie est séduite par la plume pleine de fantaisie de Flore Vesco. Depuis De cape et de mots jusqu’à D’Or et d’Oreillers, en passant par L’Estrange Malaventure de Mirella, l’auteure, véritable virtuose de la langue, joue avec le vocabulaire et les sonorités. Ses romans sont à la fois délicieux et pleins d’humour.

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Et vous, quels auteurs vous font rire ? N’hésitez pas à partager vos coups de cœur !