Nos Coups de cœur de Février

Si Février est le mois le plus court de l’année, ce n’est pas par un nombre moins important de lectures, et ce ne sont pas les quelques journées presque printanières qui nous aurons tirées de sous nos plaids. Entre lectures personnelles, lectures communes et préparation du Prix ALODGA, nous avons eu de quoi faire de belles découvertes. C’est avec toujours beaucoup de plaisir que nous vous présentons nos derniers coups de cœur !

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Pour Linda, les lectures jeunesse n’ayant pas été si nombreuses, le choix a été assez simple. C’est en effet le dernier titre d‘Élise Fontenaille qui l’aura faite vibrer d’émotions. Un récit poignant, inspiré de faits réels, qui dénonce le poids des contraintes administratives et le manque de respect de l’homme, de l’animal ou de la terre dans le travail des éleveurs, condamnés à suivre un modèle de production unique élaboré par des bureaucrates qui ne connaissent rien aux métiers de l’agriculture.
Le texte écrit d’une plume sensible amène une réflexion sur le bien-être animal en interrogeant les modes de productivités modernes qui visent davantage la quantité que la qualité.

Julien de La Révolte d’Élise Fontenaille, Rouergue (doado), 2025.

Son avis complet est ICI.

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Lucie a au contraire – et encore une fois – été éblouie par de nombreux titres proposés par les arbronautes. Pas de doute, la sélection du prix ALODGA va être de haute volée ! Le choix s’est fait difficilement, avec l’idée de mettre en lumière des titres exigeants qui osent aborder des sujets ardus.

Tout d’abord, le très beau A la poursuite des animaux arc-en-ciel de Sarah Ann Juckes. Derrière cette couverture tout en ombres et lumières se cache l’histoire de Nora, petite fille volontaire qui vit avec un lourd secret, la dépression de sa mère. Alors qu’elle se convainc depuis des mois qu’elle va très bien, des animaux arc-en-ciel surgissent dans son quotidien et la poussent à aller vers les autres. Et à accepter de l’aide. Ce roman met la maladie mentale à portée des enfants, explique et déculpabilise de manière magistrale. C’est intelligent, touchant, et très fort. Une réussite à tous points de vue.

A la poursuite des animaux arc-en-ciel, Sarah Ann Juckes, illustrations de Sharon King-Chai, Little Urban, 2024.

Son avis complet ICI.

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Ensuite le glaçant Caillou de Thierry Dedieu qui commence et se termine par cette phrase : « Les hommes sans mémoire n’ont pas d’avenir« . Et c’est avec son talent habituel (s’habitue-t-on jamais à un tel talent ?) que l’auteur illustre cette maxime. Couleurs tranchées, texte sans concession, fin suspendue. Thierry Dedieu assume ses choix et va courageusement au bout de ses idées. La bêtise humaine est exposée dans ce qu’elle a de plus intolérable et le lecteur est invité à tirer ses propres conclusions. Magistral.

Le caillou, Thierry Dedieu, Seuil jeunesse, 2016.

Son avis complet ICI.

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Pour Liraloin la peur chez le tout-petit est un sujet intéressant et malheureusement il existe bien trop peu d’albums qui le traitent intelligemment ! Quelle joie d’apprendre que le coup de cœur de février est sélectionné dans la catégorie Carrément Beau Mini 2025 du fameux Prix Sorcières. Cet album est aussi en lice dans la catégorie Brindilles du Prix ALODGA 2025.

Un énorme coup de cœur pour cet album qui revisite, avec brio, la peur du soir et du noir ! Ici, la chambre s’ouvre sur d’immenses doubles pages afin que nous soyons immergées dans cette pièce entourée de jouets, de livres… et l’imagination dû à la semi obscurité peut démarrer. Aimer se faire peur ne nous quitte jamais vraiment.

Alors, parents… abandonnez vite Tchoupi a peur du noir ou Petit Ours Brun fait des cauchemars (ces titres sont du hasard mais cependant doivent exister) car cet album est d’une richesse que les yeux de votre enfant peuvent percevoir bien plus loin que vous ne le pensez !

Peurs du soir de Laurie Agusti – la Partie, 2024

Son avis complet ICI et celui de Lucie.

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Comme le dit si bien Lucie, les titres des différentes catégories du Prix ALODGA nous amènent à lire beaucoup et ainsi découvrir des romans exceptionnels c’est le cas de S’arracher de l’auteur Marc Daniau. Pour Liraloin, cette lecture a remué pas mal de sentiments.

L’urgence happe la lectrice et le lecteur, soixante-deux pages où notre regard alterne entre la douleur de Lucas et de l’animale. La lecture est fluide, le rythme est saccadé, calqué sur ce besoin de s’échapper, un besoin vital et nécessaire. Marc Daniau joue avec nos nerfs, notre sensibilité est mise à l’épreuve. Intemporel, ce récit est libérateur malgré l’état d’urgence dans lequel il nous plonge.

S’arracher de Marc Daniau, Rouergue, 2024

Son avis complet ICI, celui de Linda, de Séverine et celui de Lucie.

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En février, Héloïse et ses enfants ont particulièrement apprécié deux albums. Le premier, c’est la suite d’un de leurs chouchous, Chevalier Chouette, qu’ils ne se lassent pas de relire.

Chevalier Chouette et Petite oiselle, c’est la rencontre entre notre chouette préférée, devenue capitaine de la garde, et une oiselle survoltée qui l’admire et rêve de devenir comme lui. Un album qui nous montre qu’il ne fait pas si fier aux a priori, et ne pas fuir face au changement. C’est une chouette histoire d’amitié et de complémentarité, servie par de magnifiques illustrations, et une belle dose d’humour. Craquant !

Chevalier Chouette et Petite Oiselle, de Christopher Denise, ed. Kaleidoscope, Janvier 2025

Sa chronique complète ICI.

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Avec Moi j’aime (pas) les livres, c’est le rapport à la lecture et l’appétence que Mariajo Ilustrajo, l’autrice de Débordés, met en avant. Helolitla avait repéré cet album pour son titre et son autrice, et elle n’a pas été déçue du voyage.

L’héroïne, c’est une petite fille qui n’aime pas lire, mais qui doit le faire : c’est son devoir du week-end. Sa mère l’emmène donc à la bibliothèque, mais devant les rayonnages, l’enfant reste sceptique. Jusqu’à ce que sa mère lui conseille LE livre qu’elle avait adoré à son âge. Pas motivée, elle le commence… et vous devinez la suite, a bien du mal à le lâcher !

Un très bel album qui évoque avec humour et en couleur la magie des livres, leur pouvoir d’évasion, ainsi que la transmission. C’est beau, c’est doux, bref, on ne peut que valider !

Moi, j’aime (pas) les livres, de Mariajo Ilustrajo, Ed. Glenat jeunesse, septembre 2024

Sa chronique ICI.

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Ce mois-ci, ce sont deux albums pour tout-petits que Colette a envie de vous présenter. Touché est un imagier qui vous intriguera dès sa couverture, soyez-en sûr.e.s ! On y perçoit deux mains en relief aux paumes tournées vers le ciel. Et puis au fil des pages, on retrouvera ces deux mains qui caressent une feuille, se glissent derrière un rideau que la brise soulève, déchirent l’emballage d’un biscuit, recueillent quelques gouttes de pluie, tracent un tait dans la poussière , s’enfoncent dans la chantilly qui décore une part de gâteau… Un imagier de sensations s’ouvre avec cet album au graphisme épuré, tout en noir et blanc, qui donne le monde à voir autrement, dans son humble simplicité, dans son incroyable diversité.

Touché, Woshibai, (Les Grandes Personnes), septembre 2024.

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Grain de chagrin a quelques point communs avec l’album précédent : une couverture en creux, un graphisme épurée, une simplicité assumée, une poésie ordinaire. Il y est question des larmes, et des sensations que les larmes nous font. Martine Perrin, comme à son habitude, joue avec la page, avec ce qu’elle cache, avec ce qu’elle révèle. Grâce à un jeu de découpe, la larme prend corps à chaque double-page, et on découvre à travers le trou dans la page le détail d’une image qui se révèle en entier quand on déplie la double-page de droite. Ingénieuse simplicité qui permet de mettre des mots doux sur l’amertume de nos chagrins, petits ou grands, et de les envisager en couleurs.

Grain de chagrin, Martine Perrin, Seuil Jeunesse, 2021.

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En février, Séverine a beaucoup lu. Des romans adultes, de la poésie, et aussi, comme toute passionnée qui se respecte, énormément de littérature jeunesse : romans, romans ados, poésie, encore, albums, documentaires…La plupart des titres ont été des coups de cœur, mais il y en a 2 qui se démarquent.
Le premier vient d’être nominé pour le Prix Sorcières, catégorie fiction. Original par sa forme, puisqu’il s’agit d’un album épistolaire, il est d’une puissance rare pour dire, parfois même à la simple force d’une illustration sans texte, les liens qui se brisent, se distendent ou se renforcent, au sein d’une famille bouleversée par l’incarcération longue durée du père. Il y est question d’incompréhension, de culpabilité, de rêves d’enfant, de la vie qui continue avec ses joies et ses peines, du temps qui fait son œuvre pour panser les blessures, de pardon…il est si riche ! Tout en émotion retenue ( quoique Séverine n’ait pas retenu la sienne longtemps…), d’une tendresse et d’une sensibilité qui font mouche, sur un sujet rare en littérature jeunesse, Séverine est d’avis que cet album, du duo surdoué Germano Zullo et Albertine, fera date…

Tous les bateaux ne prennent pas la mer, de Germano Zullo, illustré par Albertine Zullo, La joie de lire, 2024

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Le deuxième signe le retour à la littérature jeunesse de Marcus Malte, qui est décidément selon Séverine un grand écrivain, avec un court roman destiné aux jeunes adolescent.e.s. Il raconte trois siècles d’Histoire à travers les yeux, les émotions et les souvenirs d’un… bonhomme de neige ! Le héros de cette fable initiatique naît, meurt et renaît en différents lieux, à différentes époques, il est le témoin des faiblesses humaines, des guerres et des catastrophes nées de l’action (auto)destructrice de l’Homme. Mais ses nombreuses vies lui permettent aussi de connaître de grands bonheurs : avoir une famille, apporter de la joie et du réconfort, ressentir de l’empathie, s’émerveiller de la beauté de la nature, l’amour, l’amitié…La rencontre avec un certain Jack L. et son chien Buck, ainsi que le clin d’œil à un précédent roman de l’auteur ont particulièrement plu à Séverine qui ne sait, finalement, si elle a préféré la poésie, le réalisme magique, l’intelligence ou la sensibilité de ce texte. À la fois manifeste écologique, pacifiste, humaniste, ce roman philosophique s’il en est, ne manque ni de finesse, ni d’émotion, ni d’humour pour transmettre un message essentiel sur l’être l’humain et son environnement : attention, fragile !

Le dernier hiver, de Marcus Malte, éditions du Rouergue jeunesse, 2025.

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Blandine ne vous présente pas un titre, mais une collection. Celle des Grandes Vies chez Gallimard Jeunesse. Des albums au format quasiment carré, intimistes, couverture toilée à médaillon, ornée d’éléments distincts concernant la personnalité mise en avant. Les auteurs et illustrateurs diffèrent à chaque opus, variant les approches et contenus.

Le texte et les illustrations se répondent et se complètent pour nous présenter un parcours de vie ayant œuvré dans le sport, la science, la justice, etc. Chacun se termine par une chronologie et une petite annexe, fort intéressante, et qui donne envie de prolonger la découverte !

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Héloïse – ileautresor a eu un coup de cœur pour un bel album aux couleurs polaires de l’autrice néerlandaise Marieke Ten Berge.

La passion du Grand Nord se ressent dans ce délicieux récit sur Rana, une petite renarde arctique. À la fin de l’été, le froid est glacial. Rana aime écouter les histoires de sa maman. Celle-ci évoque la longue nuit polaire, la Grande Ourse et les neiges éternelles.
Rana suit les empreintes d’un ours blanc. Mais il est difficile de retrouver son chemin. Le vent est glacé. La neige recouvre tout… Epuisée, Rana s’enroule dans son épaisse fourrure blanche. Soudain, elle sursaute : un ours polaire surgit… Grâce à son aide, elle se remémore un récit de sa maman : les renards arctiques peuvent donner naissance à une aurore boréale ! Désormais, en suivant la lumière, Rana retrouve son chemin… et sa maman ! Une merveilleuse histoire composée de magnifiques paysages.

Rana ou la légende des aurores boréales, de Marieke Ten Berge, Rue du Monde, 2024.

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Connaissez-vous certains de ces titres ? Quels sont vos derniers coups de cœur ?

Nos Coups de Cœur de Janvier

L’hiver est bien installé, saison propice à la lecture au coin de la cheminée et/ou sous un plaid. Nous vous présentons nos meilleurs lectures de ce premier mois de l’année 2025.

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Pour Linda, de nombreuses lectures sont venues enrichir son début d’année mais deux titres se démarquent clairement du lot.

Tout d’abord, la bande dessinée de Gaëlle Geniller dont l’ambiance onirique amène une réflexion pertinente sur le temps qui passe et sur ce qu’il nous reste de l’enfance. Les personnages sont attachants, le mystère, emprunt de spiritisme, est parfaitement maitrisé par ce jeu du temps rythmé par le tic tac de l’horloge et les insomnies de son héros !

Minuit Passé de Gaëlle Geniller, Delcourt/Mirages, 2024.

Son avis complet est ICI.

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Et puis il y a eu le dernier roman d’Annelise Heurtier avec lequel elle confirme un peu plus son habileté à écrire des récits historiques qui dénoncent ce que l’homme peut faire de pire. Inspiré de l’histoire vraie des couvents de la Madeleine, ce très beau texte livre un récit profondément engagé, porteur d’un message féministe emprunt d’un bel élan de sororité.
Destiné à un public adolescent, le récit aborde ce sujet grave avec une certaine pudeur, l’autrice ne cherchant pas à choquer mais à sensibiliser, et elle y parvient magnifiquement.

Entre leurs mains d’Annelise Heurtier, Casterman, 2025.

Son avis complet est ICI.

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Comme Linda, lancée dans la préparation du prix ALODGA, Lucie a eu la chance de découvrir beaucoup de très beaux titres suggérés par ses copinautes ce mois-ci. Difficile de faire un choix, mais deux albums coups de cœur se détachent pourtant par leur originalité ou leur propos.

Jeanjambe et le mystère des profondeurs est une bande dessinée totalement atypique. D’abord parce qu’elle est pratiquement muette, ensuite parce qu’elle est en 3 dimensions. Le lecteur y suit le voyage de Jeanjambe, drôle de personnage mi lapin mi bonhomme bâton, dans son exploration sous-terraine à la suite d’un mystérieux fil. Lunettes bicolores sur le nez, nous voici plongés dans l’univers minéral aussi beau que poétique composé par Matthias Picard. Nul doute que cette aventure aux multiples références saura séduire petits et grands !

Jeanjambe et le mystère des profondeurs, Matthias Picard, Éditions 2042, 2024.

Son avis complet ICI et celui de Linda .

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Si elle reconnaît volontiers perdre toute objectivité quand il s’agit des albums d’Olivier Jeffers, Lucie est tombée en admiration devant Notre histoire : comment nous en sommes arrivés là, et où nous pourrions aller. Parce que sous couvert de raconter l’histoire de l’humanité, l’auteur-illustrateur d’origine irlandaise nous propose de la retrouver. En montrant l’inepsie de nos frontières et de l’opposition « eux »/ »nous », il invite ses lecteurs à prendre du recul et à proposer une nouvelle histoire, tournée vers l’autre. Un beau projet on ne peut plus d’actualité pour 2025.

Notre histoire, Olivier Jeffers, Kaléidoscope, 2024.

Son avis complet ICI.

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Pour Liraloin, un album se démarque pour ce rituel billet coup de cœur, il s’agit de Quand je garde le silence de Zornitsa Hristova & illustré par Kiril Zlatkov, traduit par Marie Vrinat-Nikolov.

« Les mots ne contiennent pas le rêve des autres que tu t’efforces d’entendre ». Peut-on toujours tout verbaliser lorsque les sentiments les plus grands envahissent un cœur ? Les mots ne sont pas suffisants et le silence exprime sans doute beaucoup de choses qui n’arrivent pas à sortir de soi. Alors oui, les mots aident et grâce à eux nous ne sommes jamais tout à fait perdus et pourtant leurs présences ne riment pas avec le silence.

Cet album est une poésie bouleversante car elle offre aux jeunes lecteurs des moments de tendresse et d’interrogation à la fois. Les illustrations en noir et blanc sont tout en finesse et complètent la richesse de ce poème qui voyagera longtemps dans son p’tit cœur de lectrice-rêveuse.

Quand je garde le silence de Zornitsa Hristova & illustré par Kiril Zlatkov, traduit par Marie Vrinat-Nikolov – Six citrons acides, collection : Around the langue, 2024 – publié pour la première fois en 2014 en Bulgarie, 2024

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Pour Séverine, le coup de cœur jeunesse de janvier, c’est Un jardin pour Maman / Dédée, paru chez les bien-aimées Editions du pourquoi pas ?, dont la ligne engagée et citoyenne la séduit chaque année un peu plus. Quatrième de leur collection Faire humanité, il aborde en douceur deux thèmes plutôt rares en littérature jeunesse, avec le juste ton, entre réalisme et délicatesse, en mots choisis, où simplicité et poésie ne sont pas antinomiques, pour sensibiliser les enfants sur des sujets graves, sans toutefois les noyer sous le sceau du pessimisme. Son format original, marque l’identité de la collection -deux textes en vis-à-vis, qui se font face, très joliment illustrés, une page centrale magnifique comme un pont entre deux rives -apporte fraîcheur et fantaisie, ingrédients essentiels de la littérature à destination du jeune lectorat. Dans les deux histoires qu’il raconte, les âmes blessées par la violence des hommes ou la société qui broie, parfois même complices, trouvent refuge et joie dans les fleurs, belles métaphores de résilience, en bleu et blanc, bleu comme confiance, blanc comme paix, ça ne peut que la toucher… Enfin, dans ces belles histoires teintées de sombre, mais qui finissent bien, en lumière et en humanité, elle y a retrouvé beaucoup de son amie Claire Beuve, l’autrice, dont c’est le premier roman.

Dédée/Un jardin pour Maman, Claire Beuve, illustré par Tildé Barbey, Editions du pourquoi pas ?, Collection Faire humanité, 2025

Sa chronique complète ICI.

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En ce mois de janvier, Héloïse – Helolitla a vibré pour le premier tome du Royaume des géants, de Dana B. Chalys. Un mélange de fantasy et de science-fiction, un monde futuriste dans lequel les terres sont en grande partie recouvertes par les eaux. Safh, qui a grandi bercée par les légendes de dragons de sa grand-mère, ne rêve que d’une chose : explorer les nuages. Pour ce faire, elle se rend à la grande ville, espérant y dénicher la personne qui pourrait l’aider à « arranger » sa Pami – son hoverboard – afin qu’elle vole plus haut. Mais un étrange nuage s’approche de la ville…

Enquête, aventure et magie sont au cœur de ce roman addictif qui a conquis Héloïse. Elle a aussi apprécié la richesse et la diversité des personnages, le mélange entre technologie, écologie et légendes, et les messages de tolérance et de partage sous-jacents.

Le royaume des géants, tome 1 : Le secret des nuages, de Dana B. Chalys, Ed. Gulf Stream. Octobre 2024.

Sa chronique détaillée ICI.

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Côté album, elle a craqué pour Lady Papa, et sa couverture si flashy.

Un enfant grandit au côté de son papa drag queen. Le matin, ce dernier porte un jean pour l’accompagner à l’école, mais le soir, de retour de l’école, sous les yeux ébahis et admiratifs de son enfants, il se transforme à l’aide de pinceau, de maquillages et de robes sublimes.
Lady Papa est un album d’Émilie Chazerand plein d’humour et de tendresse, aux couleurs chatoyantes et vibrantes, qui aborde un thème peu représenté en littérature jeunesse. Tolérance, amitié et positivité sont mis en avant, pour mieux faire fondre le lecteur devant la belle relation qui unit cet enfant et son père.
Solaire, virevoltant, profondément humain et bienveillant, Lady Papa est parfait pour déconstruire préjugés et stéréotypes !

Lady Papa, d’Émilie Chazerand, illustré par Diglee, La ville brûle, Aout 2024

Sa chronique ICI.

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Blandine a craqué pour l’album de Philippe Jalbert (un auteur qu’elle affectionne particulièrement) Il était une fois Une souris verte… lu avec sa nièce.

Il était une fois Une souris verte… Philippe JALBERT. Seuil Jeunesse, février 2023

Est-ce une histoire, la comptine… Dès le départ, on se questionne et Philippe Jalbert entend bien entretenir la confusion des genres en mélangeant aux paroles des éléments incongrus… Bien sûr, il est de bon ton de d’abord connaître la chanson pour bien se régaler des petites et même grosses incartades de l’auteur, qui nous régale également avec son trait !

Un album vraiment drôle !

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Et vous, quelles lectures vous ont fait vibrer en ce mois de janvier ?

Lecture commune : Le tour du monde des contes, Gilles Bizouerne & Fabienne Morel

Linda et Lucie sont passionnées par les contes traditionnels, leurs réécritures et leurs adaptations. Ce recueil des éditions Syros ne pouvait qu’attirer leur attention ! Comme son titre l’annonce en partie, il présente quatre contes célèbres et en propose des versions d’autres pays. De quoi ouvrir leurs horizons et alimenter une discussion…

Le tour du monde des contes de Gilles Bizouerne & Fabienne Morel, Syros, 2024.

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Lucie : Nous avons toutes deux été attirées par ce titre dans le catalogue des éditions Syros, pourquoi il t’a intéressée ?

Linda : J’aime beaucoup redécouvrir les contes au travers des réécritures, c’est d’ailleurs un thème plutôt en vogue (je pense par exemple à Flore Vesco et ses divers réécritures), et l’idée de découvrir des contes traditionnels dans des versions étrangères me plaisait bien. Je me suis d’ailleurs amusée en cherchant les similitudes entre les différentes versions d’un même conte.

Lucie : Connaissais-tu les quatre « grands contes » dont les auteurs présentent différentes versions ?

Linda : Je ne connaissais pas très bien les musiciens de Brême et finalement, pas trop non plus le Tom Pouce alors que j’étais persuadée l’avoir déjà lu. Et je me suis aussi rendue compte en lisant Les trois petits cochons que je me souvenais plutôt mal de la fin. Je crois que j’en avais une idée erronée à cause du court métrage de Walt Disney (1933) que j’ai beaucoup vu avec les enfants et qui propose un final moins sombre, forcément, avec notamment le méchant qui est puni et les cochons qui survivent.

Lucie : Il est vrai que Walt Disney s’est beaucoup inspiré des contes traditionnels européens et en a modifié notre perception. Mais j’avoue adorer cette version…

Linda : Je suis aussi une grande fan.

Lucie : Revenons à ce recueil, quel corpus t’a le plus intéressée ?

Linda : Le lièvre et la tortue ! Mais c’est aussi parce que j’ai un faible pour cette histoire que je trouve moins violente. Ici c’est la ruse qui est mise en avant. J’ai d’ailleurs particulièrement aimé la version bretonne Le renard et l’escargot dans lequel c’est l’escargot qui se montre rusé alors qu’on a plutôt l’habitude que ce soit le goupil.

Lucie : J’ai beaucoup aimé ce corpus aussi. D’autant que pour moi Le lièvre et la tortue était une Fable et pas un conte, cette lecture est très enrichissante tant sur le fond que sur la forme.

Linda : C’est pour ça que l’histoire est moins violente… 

Lucie : Ma version préférée est celle avec les taupes. Je l’ai trouvée franchement géniale !

Linda : C’est probablement la plus drôle aussi.

Lucie : En revanche, j’ai parfois peiné à voir les liens entre les différents contes proposés, surtout dans ceux qui sont associés aux Musiciens de Brême.

Linda : C’est vrai qu’il m’a parfois fallu une deuxième lecture pour faire des liens. La version chinoise de ce conte est assez particulière. Et j’ai de fait apprécié les explications qu’on trouve dans le dossier de fin d’ouvrage. Je me suis d’ailleurs demandée s’il n’était pas plus difficile pour nous de faire du lien avec certains textes justement parce qu’ils s’éloignent davantage de notre culture et nos représentations. Je ne sais pas si c’est pareil pour toi mais j’ai surtout eu du mal à faire le lien avec les versions venues d’Asie, voire parfois même d’Europe de l’est.

Lucie : Tu as raison, les cultures sont si différentes que les écarts de thèmes sautent plus facilement aux yeux. Mais pour ma part j’avais eu l’occasion de lire la version roumaine de Tom Pouce, Neghiniţă présente dans le recueil Hadji Tudose de Barbu Delarancea traduit par Gabrielle Danoux. Et comme cette lecture était plus récente que celle du conte original je n’ai pas été trop perdue !

Lucie : Comme tu le disais précédemment, j’ai moi aussi beaucoup apprécié les explications en annexe du recueil, et notamment l’utilisation des codes de classification des contes qui explicitent les liens qui ne sautent pas forcément aux yeux à la première lecture. Connaissais-tu cette classification ?

Linda : Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris cette histoire de code (les T quelque chose) mais les informations sont, elles, bien claires et aident bien à la compréhension et à faire du lien entre chaque texte.

Lucie : Il s’agit de la classification des contes Aarne-Thompson-Uther dont parle aussi Lou Lubie dans son excellent Et à la fin ils meurent. Elle aborde y aussi les adaptations de Disney de manière assez amusante.

Linda : Entre le conte de Bardu Delarencea et ce livre de Lou Lubie, j’ai des références à ajouter à mon catalogue de livres à lire !

Et à la fin ils meurent de Lou Lubie, Delcourt, 2021.

Lucie : Qu’as-tu pensé des illustrations ?

Linda : J’ai aimé que chaque histoire ait un.e illustrateur.ice attitré.e car je trouve que cela crée une forme de cohésion entre chaque texte du corpus et renforce l’unité.

Lucie : Je suis d’accord avec toi, j’ai bien aimé cette unité visuelle malgré les variations des histoires.

Lucie : Tout en discutant avec toi je feuillette le livre et je suis tombée sur la dernière page qui liste les autres titres de la collection. Je suis curieuse : est-ce que l’un d’entre eux t’attire particulièrement ?

Linda : Les Belles très certainement… Je suis une fan inconditionnelle de La Belle et la Bête donc en lire d’autres versions me plairait bien, d’autant qu’elles sont annoncées “incroyables”. Et toi ?

Lucie : Moi aussi je suis très très fan de La Belle et la Bête (je me suis d’ailleurs offert la magnifique version illustrée par MinaLima) et le recueil des Belles me tente bien. Je me dis que les princesses ont peut-être plus d’espace et de caractère à exprimer que dans les adaptations qui en ont été faites. Même si on remarque une tendance aux personnages féminin plus affirmés depuis les années 2000.

Le tour du monde d’un conte, Les Belles, Fabienne Morel et Gilles Bizouerne, Syros, 2021.

Lucie : Concluons avec la question rituelle : à qui recommanderais-tu cette lecture ?

Linda : Aux amateurs de contes d’abord. Ensuite, peut-être aux enseignants (je crois me souvenir qu’il y a une séquence sur le conte en 6ème) : pour mettre en avant des textes du monde de la même manière qu’on le fait avec les textes fondateurs. Après je pense que si les histoires en elles-même peuvent plaire aux enfants (pas trop jeunes quand même), cela reste un livre qui parlera aussi aux adultes, justement parce qu’il met en avant des explications assez complexes.

Lucie : Je me dis que les enfants peuvent certainement apprécier ces contes sans en chercher les liens (peut-être les feront-ils seuls d’ailleurs, ils sont souvent étonnants à ce niveau-là). Mais en tant que recueil, effectivement les fans de contes et les enseignants semblent les plus à même d’exploiter la richesse des liens entre ces histoires.

Linda : Je trouve les contes trop souvent violents et effrayants pour être lus aux enfants. Certains donnent aussi un regard assez négatif sur certains personnages tel le loup pour n’en citer qu’un et c’est aussi pour ça que j’ai du mal à le recommander aux jeunes lecteurs.

Lucie : Dans ce recueil je n’ai pas été gênée par la violence, peut-être parce qu’il me semble qu’un certain nombre de versions originales abordent de toute manière des sujets très difficiles tels que l’abandon d’enfants, les meurtres, la manipulation… Il faut peut-être simplement mettre en garde les lecteurs et les inviter à choisir les contes les plus appropriés à l’âge de leurs auditeurs ?

Linda : Oui sans doute. Et puis, dans le cadre familial, je pense que chaque parent est capable de savoir ce qu’il peut lire à son enfant. Chacun a un seuil de tolérance propre, certains enfants ne voient pas forcément l’horreur comme une peur, ils la surmontent dès la page tournée… 

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Avez-vous envie de découvrir ce Tour du monde des contes ? Connaissez-vous des versions étonnantes ou peu connues de contes ? Lequel préférez-vous ?

La Grande Guerre – Devoir de mémoire

Signé le 11 novembre 1918 au matin, l’Armistice met fin aux combats de la Première Guerre Mondiale et reconnaît la victoire des Alliés et la défaite de l’Allemagne.
En ce lundi 11 novembre 2024, nous vous proposons une sélection de livres qui racontent la Grande Guerre et rendent son histoire compréhensible par tous.

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Un très bel album pour raconter la guerre à travers les yeux d’une enfant qui voit son frère partir dès août 1944. Envoyé à Verdun, il lui fait parvenir des lettres qui permettent de découvrir la (sur)vie sur place. Pendant ce temps au village, les familles endeuillées se multiplient et la petite Lulu assiste désemparée au chagrin de ces ami.es et voisins, gardant l’espoir de voir revenir son frère vivant. Touchant dans son propos, l’histoire aborde des thèmes centraux de cette Grande Guerre : la couleur de l’uniforme, les tranchées et le manque d’hygiène, les Poilus, les traumatismes et autres séquelles physiques…

Lulu et la grande guerre de Fabian Grégoire, l’école des loisirs collection Archimède, 2005.

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En débloquant un tiroir secret d’un bureau qu’il restaure, le narrateur découvre une boîte contenant une lettre adressée à une certaine Mrs Jim Macpherson. Curieux il se met à lire cette correspondance dans laquelle un mari raconte à son épouse les événements incroyables de cette nuit hors du temps, de cette matinée glaciale au cours de laquelle des soldats des deux camps levèrent le drapeau blanc pour partager leur repas de Noël, jouer au foot, rire et oublier, le temps d’une nuit, la folie des combats, l’éloignement des familles, la mort d’un frère, d’un ami, la fatigue harassante de combats qu’on leur avait promis brefs.

Michael Morpurgo déploie son talent de conteur pour mettre en scène cette histoire de fraternité universelle et en fait un souvenir intemporel auquel Michael Foreman donne vie dans des illustrations de toute beauté. Ces cieux nocturnes aux couleurs froides sont teintés par la chaleur du levant, seul témoin de la fraternité de ces soldats, qui le temps d’une nuit sont redevenus simplement des hommes. Au-delà de la lettre, l’auteur pare son récit des valeurs de Noël en faisant de son narrateur le porteur d’une surprise à une vieille femme qui croyait avoir perdu pour toujours cet homme chéri, lui apportant par-là même, le repos de l’âme avant son dernier voyage. Tout simplement magnifique !

La trêve de Noël de Michael Morgurgo & Michael Foreman, Gallimard jeunesse, 2018.

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Un album pour dire l’absurdité de la guerre, c’est ainsi que Petit Soldat se définit.
Glorifié pour avoir fait prisonniers plusieurs soldats ennemis, Pierre va ensuite être puni, condamné pour l’exemple, alors qu’il rejoint son campement déserté deux jours plus tôt. Le texte de peu de mots suffit à montrer l’horreur de sa situation et à toucher. L’album séduit par son originalité graphique, les auteurs ont reconstruit et photographié chaque scène avec des soldats de plomb rendant l’expérience encore plus poignante de réalisme.

Petit soldat de Pierre-Jacques Ober & Jules Ober, Seuil, 2018.

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La Première Guerre Mondiale s’est déroulée il y a plus d’un siècle, et pourtant elle est toujours là, parmi nous, avec nous. Tous les jours, Elle se rappelle à nous : par ses monuments aux Morts, par un jour Férié, par une photo familiale, par des Archives, par un film, par des objets, et bien sûr, par les livres. Ceux écrits alors. Ceux écrits aujourd’hui. Car la Grande Guerre n’a de cesse de résonner.

A partir d’objets d’époque, d’avant la guerre et pendant le conflit, les auteurs ont imaginé une histoire. Une histoire certes fictive, mais qui en regroupe tant d’autres, des vraies. Ces objets sont des poupées, des jeux d’enfants, des cartes, des affiches, un coupe-papier, des petits soldats, une lanterne, une gamelle, des photos. Des objets ordinaires, du quotidien, devenus extraordinaires, lourds d’histoires, et désormais porteurs du devoir de mémoire.

Un album fort en émotions qui nous fait traverser tout le conflit par une approche belle, originale, intime et émouvante.

La guerre en mille morceaux ou le musée du soldat Machin. Texte d’Alain SERRES et illustrations de Zaü. Editions Rue du Monde, novembre 2018

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Joey, un jeune cheval élevé dans une ferme en Angleterre, a été vendu à l’armée. Passer du travail de cheval de ferme à celui de cheval de guerre n’aurait sans doute pas été si facile si son nouveau maître n’avait pas été aussi bon qu’Albert, le fils du fermier, qui prenait soin de lui tel un ami. C’est au travers de ces yeux que l’histoire nous est présentée, proposant un point de vue très intéressant et original qui permet de ne se positionner dans aucun camp

Ces mêmes visages gris regardant de dessous la casque, je les avais déjà vus quelque part. La seule différence, c’était les uniformes: aujourd’hui, ils étaient gris avec un liserés rouge et les casques n’étaient plus ronds et à larges bords.

Les horreurs de la guerre sont aussi dures et bouleversantes dans les yeux d’un cheval que dans ceux de l’Homme et ce n’est que grâce à l’amitié de Topthorn, un magnifique pur-sang noir, que Joey traverse les épreuves de la guerre avec force et courage, survivant à bien de cruelles situations. Leur quotidien est fait de durs labeurs, de peur, de faim, de saleté, de blessures et de maladie, seul le soutien qu’ils s’apportent l’un l’autre le maintient en vie. Mais comme les Hommes, les chevaux garderont des blessures de l’âme et se trouveront à jamais changés par les horreurs de ces sombres années.

Cheval de guerre, Michael Morpurgo, Folio junior, 2018.

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30 Juillet 1914, Adèle va sur ses quatorze ans. Elle est la troisième d’une famille de quatre enfants, et la seule fille. La Première guerre mondiale est imminente et Adèle ressent le besoin de se confier à quelqu’un. C’est comme ça qu’elle décide de commencer à écrire un journal. Roman épistolaire sur fond de première guerre mondiale, on suit Adèle et sa famille, ses amis, et les habitants de son village, Crécy en Bourgogne, pendant les quatre longues années que durera la guerre. Au travers de cette jeune fille, Paule du Bouchet relate la vie de ceux qui n’étaient pas sur le front, les femmes en premier lieu, mais également les enfants et les vieillards, leur quotidien et l’attente douloureuse des nouvelles…

 Comme elles sont douloureuses, ces séparations! Douloureuses au point de maudire ces permissions tant désirées… 

Le journal d’Adèle de Paule Du Bouchet, folio junior, 2017.

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Saviez-vous que c’est dans le contexte de la Première guerre mondiale que démarre l’histoire de l’ourse ayant inspiré le célèbre Winnie l’ourson ?

Achetée par le lieutenant Harry Colebourn alors que son régiment était en route pour l’Europe, la petite Winnipeg a été mascotte de son régiment de cavalerie canadienne avant d’être confiée au zoo de Londres lors de la dernière escale des soldats avant de rejoindre la France. C’est au zoo elle fera la rencontre de Christopher, fils d’A.A.Milne qui décidera d’écrire leurs aventures. Mais il y a fort à parier que sans l’attachement qui liait l’oursonne à son maître, jamais des enfants n’auraient pu entrer dans sa cage. Et Winnie l’ourson : Histoire d’un ours-comme-ça (certes moins connu que l’adaptation qu’en ont fait les studios Disney) n’aurait pas été écrit.

Winnie et la grande guerre, Lindsay Mattick et Josh Greenhut, L’école des loisirs, 2020.

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Une nuit. Une nuit pour évoquer l’enfance. Une nuit pour raconter les horreurs de la première Guerre Mondiale. Une nuit pour passer définitivement à l’âge adulte. À travers le récit de Tommo, Michael Morpurgo déploie tout son talent de conteur pour partager ses valeurs humanistes. La famille Peaceful, malgré un nom de bonne augure, aura son lot de tragédies et de difficultés. Mais elle saura rester unie, protégée par une mère aimante et attentive.

C’est par le récit de cette enfance dans la campagne anglaise que Morpurgo ferre son lecteur. Et il ne le lâchera plus. Contraint et forcé, conscient du drame inévitable, il suivra les frères Peaceful sur le front, dans les tranchées. En quelques pages, le froid, la peur, la fatigue, les rats, la vermine, tout est dit. La bêtise humaine aussi, le danger le plus mortel de tous. Un grand roman sur la guerre, motif récurent dans l’œuvre de Morpurgo, à poursuivre avec le film Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick.

Soldat Peaceful, Michael Morpurgo, Gallimard jeunesse, 2018.

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La Grande guerre comme source d’une violence qui va emporter toute une famille sur plusieurs générations. C’est la vision que propose Anne-Laure Bondoux dans Nous traverserons des orages. Les hommes y subissent la violence des combats, le traumatisme de la mort et la rapportent dans leur foyer.

Il y a quelque chose de désespérant à lire ces destins fracassés par l’Histoire. Le sentiment que le cercle vicieux ne pourra pas s’arrêter. Pourtant, chacun est témoin des erreurs de son père, se jure que l’on ne l’y prendra pas. Et le lecteur d’y croire avec eux, jusqu’au geste fatal. Avec une grande maîtrise, l’auteure oblige ses lecteurs à s’interroger sur la source de cette violence. Se transmet-elle dans les gènes ? Vient-elle du vécu de ces hommes envoyés au front puis confrontés à un quotidien frustrant ? Quelle place pour les femmes dans ce cercle vicieux ? L’autre force de ce récit, c’est que chacun pourra associer l’expérience et les doutes d’un personnage à un père, un grand-père ou un arrière-grand-père.

Nous traverserons des orages, Anne-Laure Bondoux, Gallimard jeunesse, 2023.

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Ce livre est issu du projet de six musées des Vosges qui, en 2014, se sont associés à l’École Supérieure d’Art d’Epinal et aux Éditons du pourquoi pas ? pour créer un parcours d’expositions à l’occasion du centenaire la Grande Guerre. Illustré par Zoé Thouron, ancienne élève de l’École, « La vie encore« , est le texte écrit à cette occasion par Thomas Scotto. Dans chaque musée, un personnage avait été choisi : le musicien, l’enfant, la femme, le peintre et le passant, que l’on retrouve au fil des pages, dans lesquelles c’est la guerre elle-même qui tient le rôle principal. Rien n’est épargné : ni l’horreur des combats, bruits et cris mêlés, ni le sang, les mutilations, ni la peur dans les tranchées, ni les morts, ni la désolation après son passage… Pourtant, et c’est là la grande force de ce texte, la poésie et la délicatesse pour dire l’indicible se faufilent au détour d’une phrase, d’une situation, si bien qu’il ne tombe jamais dans le glauque ou le pathos. Et quand, avec toute la puissance et la magie de ses mots, Thomas Scotto raconte aussi les femmes restées au pays qui endossent des rôles nouveaux, la solidarité entre soldats car la guerre « fabrique des frères« , l’instant de grâce d’une mélodie sur un violoncelle improvisé, la vie qui « résiste au creux des plus petits endroits« , ce n’est pas le désespoir qui nous saisit, mais bien l’espérance de matins nouveaux, où l’on f(s)era décidément, et définitivement, la paix.

La vie encore, Thomas Scotto, Zoé Thouron, Editions du Pourquoi Pas ?, 2014

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Avec ce roman, Hervé Giraud sort ici de ses thématiques habituelles… par la grande porte ! Dans une dualité de temporalité, de ton, d’enjeu, très complémentaires et qui font l’originalité du roman, c’est à la fois la Grande Guerre qu’il raconte, son horreur, son traumatisme, par la voix du soldat Botillon, et un récit initiatique, par la voix de son arrière-petit-fils, passant de l’innocence de l’enfant qui joue à la guéguerre, à la conviction qu’il peut être un messager de paix…Et la petite histoire rejoint la grande. Grandiose !
Comme toujours avec cette auteur, on passe du rire aux larmes le temps de le lire et c’est ce qui fait de ses romans des OLNI (Objets Littéraires Non Identifiés) uniques.
On est tour à tour horrifié.e par les descriptions, du champ de bataille comme des mutilations subies, on est indigné.e par le mépris des états-majors pour la chair à canon, les yeux se mouillent quand on lit l’amour entre le soldat Bottillon et sa dulcinée, quand on observe, comme lui, le cœur battant, dans l’ombre, sa fille qui grandit et devient une star adulée, on est bouleversé.e par la solitude de l’après, pour celui qui, gueule-cassée, ne trouve la sérénité qu’à la nuit tombée. Quant à la révélation finale, elle est complètement renversante. Avec ce roman pacifiste et engagé, Hervé Giraud offre aux jeunes générations un très beau récit, d’une humanité sincère et émouvante, pour un devoir de mémoire plus nécessaire que jamais.
 

Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon, d’Hervé Giraud, Thierry Magnier jeunesse, 2013.

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Et vous, quels titres vous permettent d’aborder cette période dramatique et de toucher du doigt le quotidien des civils comme des soldats en temps de guerre ?

Le Prix Vendredi 2024, c’est parti !

Comme c’est le cas depuis quelques années, nous avons lu les titres de la sélection du Prix Vendredi – 8ème édition. Le Lauréat sera annoncé mardi 5 novembre dans la journée, et pour patienter nous vous proposons de découvrir nos avis sur ces romans destinés aux adolescents.

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Avec Chabon bleu, Anne Loyer fait découvrir à ses lecteurs la vie des mineurs du Nord de la France au XIXème siècle. Ermine, son héroïne, à échappé à la mine et pu poursuivre ses études. Jusqu’à ce qu’un drame vienne bouleverser son quotidien. Anne Loyer, ancienne journaliste, brosse un contexte étouffant tant dans le village que la famille ou dans la mine. La figure d’Ermine, dont l’esprit et la curiosité ont interpellé son professeur, détonne et attire les jugements. Elle illumine aussi ce récit par son courage et son intelligence. Qui lui permettent de faire une magnifique rencontre.

Les gravures de Gérard Dubois illustrent à merveille ce récit tout en contrastes. Les contours sont rugueux, les aplats de noir prennent beaucoup de place, et pourtant le blanc – éclatant – attire l’œil. Ce choix est en parfaite adéquation avec le texte très poétique de l’auteure.

Charbon bleu d’Anne Loyer, illustré par Gérard Dubois, D’eux, 2023.

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Un court roman ado bouleversant, d’une tristesse infinie par son sujet, si lumineux pourtant. Gros coup de cœur pour Séverine. Des jours comme des nuits raconte, par sa voix, l’histoire de Manon. Elle est collégienne. Petit frère turbulent. Mère qui cuisine fréquemment des pâtes. Elle se souvient. Elle n’est pas d’accord. Elle rêve. Elle pleure. Elle écrit. Elle est triste, souvent, heureuse, parfois. Elle grandit sans père. Elle a trouvé son corps, pendu au poirier de son enfance, le jour où il s’est suicidé. Il y a ses jours qui sont comme des nuits et ses nuits qui seront douces à nouveau, un jour. Il y aura ce jour où la vie gagne à la fin. Pour écrire ce deuil impossible, le manque, l’absence, le vide et le trop-plein de douleur, la présence partout, l’oubli jamais, et le sentiment de ne pas avoir assez profité du bonheur, la reconstruction d’une famille après la pire des tempêtes, Sébastien Joanniez déploie toute sa sensibilité et son empathie, tout en nuances et en subtilité, à l’image de la superbe couverture signée Anne Brouillard. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Ce roman, sous son apparente douceur, et ses murmures de désespoir, est un immense cri d’amour. Après sa récente Mention spéciale du jury pour On a supermarché sur la lune (sélection 2022), cette année pourrait bien être pour Sébastien Joanniez, l’année de la consécration. J’y crois.

Séverine

Des jours comme des nuits de Sébastien Joanniez, Rouergue, 2024

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Au fil d’une playlist de 51 titres, de Bowie à Gala, en passant par les Pink Floyd, Aurélien nous conte son histoire. L’histoire de ses deux mois chez Andréa. Andréa, c’est le frère de sa mère, de sa mère alcoolique qui dérive, dérive, loin de lui. Alors pendant qu’elle dérive, lui, Aurélien, s’amarre comme il peut. A son oncle, secret, silencieux et pourtant si attentif. A cette ville de bord de mer, Saint-Malo, où le parfum des embruns se mêle à celui des glaces sur la plage. A ses émotions qui l’habitent, le hantent, le bousculent. Et surtout à William. A sa présence. A ses silences. Nombreux. Précieux.

Je n’en dirai pas plus car le reste il faut aller le goûter entre les lignes de Julien Dufresne-Lamy. Dans son écriture, dans ses ritournelles, dans ce rythme si particulier qui nous plonge dans la tête d’un jeune adolescent des années 1990. Pas si différent des adolescents des années 2020 sans doute. Et j’aime à croire que si cette histoire d’amour et de filiation peut exister aujourd’hui et être porté par le prix Vendredi c’est que tout n’est pas aussi sombre qu’on veut parfois nous le faire croire. C’est que nos esprits se sont ouverts. Comme celui d’Andréa, un homme tellement loin des stéréotypes masculinistes qui peuvent parfois resurgir d’ici de là, qu’on en souhaite sur les chemins de tous nos jeunes qui vacillent. Pour s’amarrer puis reprendre le large quand le vent se lèvera.

Deux mois chez Andréa de Julien Dufresne-Lamy, Nathan, 2024

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« Infiltré » raconte, dans une langue drue, efficace, sous tension, le passage à l’Ouest, puis l’émigration aux Etats-Unis, du jeune Dietrich, étudiant brillant formé à la Caserne des Mathématiques et des Sciences de Berlin-Est, qui vise officiellement à former les ingénieurs de la RDA naissante. A moins que… Nous sommes dans les années 60, en pleine Guerre Froide. Dietrich intègre la prestigieuse université de Stanford, il y découvre la douceur de l’American way of life, il se lie d’amitié, tombe amoureux et en oublierait presque sa mission d’infiltration. Les retrouvailles avec sa mère, qui avait elle aussi fui le régime autoritaire est-allemand, marquent le début du déchirement et des choix à opérer. Une chose est sûre : la trahison sera forcément de la partie. L’amour maternel, l’amour tout court, ne le sauveront pas de son destin. Le roman oscille entre roman d’espionnage et roman d’apprentissage, le suspense et l’émotion sont, alternativement au rendez-vous.

Si, sortir de sa zone de confort, découvrir des univers inconnus, plonger au cœur d’histoires décalées, c’est ce qu’autorise la littérature, ce premier roman pour adolescents de Laurent Petitmangin, auteur multiprimé de littérature générale, a bien rempli sa mission. Pour ce qui me concerne. En revanche, je ne suis pas persuadée que ce roman ait bien sa place en jeunesse. Son héros manque, me semble-t-il, de proximité avec les émotions des ados d’aujourd’hui. A contrario, l’intrigue, le contexte géopolitique ne ne me paraissent pas assez développés pour un lectorat plus âgé, intéressé par l’Histoire du vingtième siècle. Peut mieux faire.

Infiltré de Laurent Petitmangin, Actes Sud Jeunesse, 2024.

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Au moment où Ludovic Lecomte invite le lecteur dans sa tête, voilà six mois que le narrateur de La cabane n’est pas sorti de chez lui. Pourquoi ? Quelles conséquences sur sa vie et son entourage ? Va-t-il parvenir à sortir ? Dans le décompte parfaitement maîtrisé des deux heures qui le séparent de son rendez-vous avec l’extérieur, l’auteur propose à son lecteur de tenter de comprendre ce que traversent les personnes touchées par le « syndrome de la cabane », ou hikikomori pour les japonais.

Une centaine de pages et 17 chapitres à rebours mêlent habilement émotions, flash-backs et stratégies pour reprendre le contrôle. Sans chercher à tout expliquer, Ludovic Lecomte parvient à ce que l’on soit en complète empathie, tant avec son personnage qu’avec son entourage. Ce qui est un exploit en soi ! Un roman poignant, malheureusement d’une grande actualité.

La cabane de Ludovic Lecomte, l’école des loisirs, 2024.

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La Chasse propose un postulat intéressant : Maureen Desmailles annonce dès le début que le genre du narrateur ne sera pas dévoilé et pousse ses lecteurs à s’interroger sur les stéréotypes. Et en effet, le narrateur ou la narratrice chasse, drague, pleure, couche, etc. sans jamais dévoiler si c’est une fille ou un garçon. J’ai trouvé ce parti pris assez stimulant d’autant que, collection L’Ardeur « oblige », l’ado va découvrir sa sexualité. Et force est de reconnaître que l’auteure tient son pari jusqu’au bout et se montre aussi créative dans les ébats de ses personnages que dans les actes et le vocabulaire employé. Cependant, si le sexe du personnage principal n’est jamais un motif pour s’y attacher, il faut reconnaître que ne pas savoir est intriguant au début, mais que cela peut – étrangement – freiner l’identification. D’autant que certaines des motivations des personnages sont difficiles à saisir. Un roman très pensé qui questionne, mais dont la réussite n’est pas aussi éclatante qu’on aurait pu l’espérer.

La chasse de Maureen Desmailles, Thierry Magnier, 2023.

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L’histoire prend place dans les Cévennes au dix-septième siècle et adopte le point de vue de ceux qui ne comptaient pas et n’étaient guère plus considérés que comme des vagabonds et des inutiles. En s’appuyant sur des documents historiques (notes d’un médecin, lettres et correspondances, ordonnances de Louis XIV…) cités à chaque début de chapitre, l’auteur nous renseigne sur cette époque à laquelle les gouvernants « établissent des codes forestiers pour chasser ceux qui s’y sont réfugiés et y trouvent de quoi survivre, accaparent les biens communs et affermissent leur contrôle sur ces territoires qui leur échappent.« 

Le récit est emprunt d’un message écologique qui résonne étrangement avec notre époque, tout en portant un regard féministe non moins actuel, au travers de cette jeune héroïne qui se bat pour préserver la forêt sauvage. L’écriture, entrainante, oscille entre la narration à la troisième personne et le vers libre, expression des pensées de La Louve ayant renoncé à la parole, des pensées bien plus expressives que les longs discours. L’ensemble forme un hymne puissant à la nature et à la liberté !

La louve d’Antonin Sabot, Talents Hauts, 2024.

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Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été aborde des thématiques fortes. Maladie mentale (dépression) et quête d’identité sexuelle… Il fallait que Clara Héraut maîtrise suffisamment son récit pour éviter les écueils, béants, de tels sujets. Et c’est fort heureusement le cas ! En donnant la parole à deux sœurs successivement, elle parvient à alterner les points de vue d’une manière très maline. Chacune est enfermée dans ses problèmes, incapable de voir ceux de sa sœur ou même de communiquer avec elle, et très remontée qu’on ne lui accorde pas plus d’attention. Les tensions sont très bien amenées et sonnent parfaitement juste. L’auteure accorde une place à chacun de ses personnages, même les secondaires. Les émotions sont fortes, les sujets traités avec nuance. Et pour ne rien gacher l’atmosphère du pays Basque est charmante.

Les coquillages ne s’ouvrent qu’en été de Clara Héraut, Hachette, 2024.

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Reine de l’Ouest est un titre sur lequel nos avis sont partagés. Nous vous proposons donc les deux versants, et vous invitons à vous faire votre propre opinion si le cœur vous en dit !

Un avis peu enthousiaste : Avec sa Reine de l’Ouest, H. Lenoir propose de renouer avec le roman dont vous êtes le héros d’une manière modernisée. Modernisée de par le caractère de son héroïne aventurière, les personnages aux origines et aux orientations sexuelles variées, mais aussi en raison de la forte tendance de Miss Jones à coucher avec la plupart les personnages qu’elle rencontre. Autant être prévenu, cette lecture est réservée à un public très averti.

Si le concept est – par essence – ludique, on peut regretter qu’il ait empêché l’auteure de proposer des personnages à la psychologie plus fouillée. De même, la multitude de rapports sexuels peine à se renouveler et ce qui est amusant au début peut devenir un peu systématique, voire gênant. Le tout en utilisant des clichés éculés. On a connu l’auteure de Félicratie plus inspirée et on espère qu’elle retrouver sa verve et son humour très bientôt !

Un avis plus enjoué : « faites vos jeux… rien de va plus… » Entre une arrivée à Cottonwood ou Silver Falls, il va falloir faire un choix et de cette décision découlera votre aventure. La lectrice joueuse va incarner Miss Jones, jeune femme au caractère bien trempé et il en faut pour déjouer les pièges dans une vie de femme en 1892. Selon son envie et les possibilités laissées par l’autrice, l’aventure peut prendre une teinte rocambolesque saupoudrée d’érotisme ou bien de sagesse…

Ce roman peut étonner mais chacune peut y trouver son compte. Les deux aventures qui se sont offertes m’ont permis d’incarner Miss Jones très différemment et cela m’a amusé car le personnage est intelligent, piquant et surtout rien ne l’arrête. J’avais hâte de lire ce qui m’attendrais au prochain chapitre. Les scènes explicites ne sont pas choquantes et comme le dit Sonia Petit sur la 4ème de couverture : « Drôle, original et juste ce qu’il faut de « spicy » !

Reine de l’Ouest d’Hélène Lenoir, Sarbacane, 2024.

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Gildas Guyot parvient à insuffler de la nuance dans le récit historique communément admis, et c’est d’autant plus appréciable qu’elle s’attelle à l’épisode de la Libération. Oui, les occupants allemands ont fui, oui les alliés et les résistants ont pris le contrôle. Mais qu’en est-il du reste de la population, qui avait fait son possible pour traverser les années de collaboration ? L’auteure prend ici pour narratrice une femme tombée amoureuse d’un allemand. On sait quel sort a été réservé aux « poules à boches », mais à quoi ont-elles pu penser durant cette humiliation publique ? Autant de réponses à cette question que de femmes, de situations, de sentiments. Certaines ont fait ce qu’elles ont pensé judicieux pour survivre, d’autres ont simplement aimé. Toutes ont été « jugées » de la même manière, catalyseur de la compromission d’une grande majorité de la population.

Cette injustice est portée par la parole intérieure d’Arsinoé Ouvrard, qui malgré l’affront qu’elle subit en public reste une femme fière, amoureuse et endeuillée. En un mot, touchante. Cette « Vindicte » rappelle que la foule s’excite vite et fort, que ses dérives sont fréquentes. Trop de rancœurs à exprimer.

La France est libérée, mais la paix n’est pas pour tout le monde.

Vindicte de Gildas Guyot, Faction, 2024.

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Avez-vous lu certains de ces titres ? Lequel a votre préférence ? En attendant l’annonce du lauréat le 5 novembre, à vos pronostics !