Le prix ALODGA est de retour !

Pour fêter le onzième anniversaire du Grand Arbre, nous sommes heureuses de vous annoncer le retour du prix ALODGA !

Comme tous les ans, nous vous avons préparé une sélection de trois titres enthousiasmants dans chacune des six catégories : Belles Branches (roman ado) et Grandes Feuilles (roman jeunesse) ; Brindilles (album premier âge) et Petites feuilles (album pour « grands ») ; Branches dessinées (BD) et Racines (documentaires). Chaque semaine à partir d’aujourd’hui, nous vous présenterons les titres retenus dans deux catégories et nous vous invitons à voter pour votre favori. Nous commençons aujourd’hui avec les romans, pour vous laisser la possibilité de découvrir les titres qui vous intéresseraient d’ici la clôture des votes le vendredi 9 juin. À suivre la semaine prochaine avec nos sélections d’albums. D’ici là, bonnes lectures et à vos votes !

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Catégorie Grandes feuilles

Cette catégorie met en avant nos romans jeunesse préférés, triées sur le volet parmi nos lectures de 2022 !

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Vous avez aimé découvrir Jefferson ? Vous allez adorer la suite de ses aventures ! Suite sans l’être d’ailleurs, car les deux romans peuvent se lire indépendamment. Mais quel plaisir nous avons eu à retrouver ce charmant hérisson et ses compagnons Ballardeaux ! Pour cette nouvelle enquête, nous voici entraînés à la recherche de Simone, la lapine esseulée. Nous avons adoré raisonner par déduction avec les protagonistes, rire de leurs frasques, sillonner le pays des animaux, croiser des rappeuses sanglières féministes, une flopée de joueurs de rugby et de sacrés tartuffes. Aventure et humour sont au rendez-vous, mais aussi une réflexion pertinente sur la vulnérabilité des personnes seules. Le tout délicieusement enrobé dans la langue précise de Jean-Claude Mourlevat. Un formidable souffle d’air frais !

Jefferson fait de son mieux, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard Jeunesse, 2022.

Retrouvez les avis de Frédérique, Isabelle, Linda et Lucie.

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Si nous l’avons beaucoup aimé, nous avons eu du mal à classer Rosalie. Entre roman et album, il entre dans la catégorie des premiers romans et comporte de ce fait très peu de texte. Cela n’enlève évidemment rien à l’émotion qu’il nous a procurée : nous avons toutes eu un coup de cœur pour cette Méhari vert pomme, membre à part entière d’une famille en pleine reconstruction. L’énergie folle qui se dégage de la figure de la maman, portée par les illustrations vert et fuchsia nous ont séduites. Et nous avons toutes vérifié si l’on trouvait encore des Méharis. Saurez-vous résister à l’attrait de la route ?

Rosalie, Ninon Dufrénois, illustrations de Julien Martinière, Voce Verso, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

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Skandar est un peu le titre surprise de cette sélection. Ni la couverture ni les licornes ne nous attirait vraiment, et pourtant ! Le premier tome de cette série nous a convaincus. Les licornes sont bien loin des paillettes et des arc-en-ciel attendus : brutales, violentes elles sont particulièrement dangereuses. Mais Skandar rêve depuis toujours d’être sélectionné pour devenir Cavalier et monter sa propre licorne. Pour cela, il devra surmonter des épreuves, suivre des enseignements et se confronter aux autres. Un roman qui n’est pas sans rappeler l’univers d’Harry Potter. L’autrice a su, à sa manière, transposer dans son univers imaginaire des choses que les enfants et les ados reconnaîtront facilement : la quête de soi, les attentes des professeurs et des parents, la difficulté de prendre confiance en soi, la stigmatisation des minorités ou encore les dérives de la désinformation. Un roman addictif, truffé de rebondissements, drôle – de ceux que l’on dévore et que l’on fait découvrir aux copains et copines !

Skandar et le vol de la licorne, A. F. Steadman, Hachette, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

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A vous de jouer pour départager ces trois titres !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Grandes feuilles" ?

  • Rosalie, de Ninon Dufrénois, illustrations de Julien Martinière (Voce Verso) (60%, 73 Votes)
  • Jefferson fait de son mieux, de Jean-Claude Mourlevat (Gallimard Jeunesse) (37%, 45 Votes)
  • Skandar et le vol de la licorne, de A. F. Steadman (Hachette) (3%, 4 Votes)

Total Voters: 122

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Catégorie Belles branches

Cette catégorie célèbre nos romans ados préférés (à partir de 12 ans).

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Le jour des vacances de Noël, voilà Oscar envoyé sans plus de cérémonie chez une vieille tante londonienne qu’il n’a jamais vue. Ce ne sont pas tout à fait les vacances qu’il envisageait, d’autant que celle-ci lui a organisé un stage dans un musée ! Mais Oscar ne va pas tarder à découvrir que ce musée cache un secret des plus intriguants. Camille Guénot nous invite à un jeu de piste entre enquête dans le monde de l’art, fantastique et récit initiatique. Elle épingle avec humour les excès des artistes, multiplie les références et croque des personnages très attachants. Et quelle belle idée que de situer son intrigue à la National Gallery !

Oscar Goupil, A London Mystery, Camille Guénot, L’école des loisirs, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

Avec Ma petite bonne, Jean-François Chabas s’empare de la tradition de la kafala, cette forme d’esclavage moderne qui perdure dans certains pays du Moyen-Orient. L’excellente idée de l’auteur est de confier la narration de son histoire à une femme adulte se remémorant de son adolescence libanaise. Cela permet au lecteur à la fois d’être plongé dans le Liban des années 1990 et à la narratrice d’avoir pris suffisamment de recul pour dénoncer les traditions de son pays. Jean-François Chabas signe un titre sensible et percutant, qui interroge sur le pouvoir des hommes dans les sociétés patriarcales, sur la place des femmes et le rôle qu’elles ont à jouer dans leur émancipation, en commençant peut-être par regarder les autres femmes comme leurs égales.

Ma petite bonne, Jean-François Chabas, Talents Hauts, 2022.

Retrouvez les avis de Linda et Lucie.

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Attention, titre inclassable ! Pour bien faire, il aurait fallu créer une catégorie spécialement pour Aux filles du conte. Le texte de Thomas Scotto tient du manifeste et de la poésie en vers libres tandis que les illustrations de Frédérique Bertrand sont à la limite de l’abstraction.
Les auteurs nous poussent à nous interroger : si elles vivent dans de beaux chateaux, « se marient et ont beaucoup d’enfants », est-ce vraiment le souhait de ces jeunes filles ? Les références aux contes traditionnels sont subtiles et les montrent accablées d’injonctions, enfermées, malmenées. Nous avons aimé que les « filles du conte » prennent la plume et donnent (enfin !) leur point de vue, évoquent leurs rêves et leurs désirs.

Aux filles du conte, Thomas Scotto, illustrations de Frédérique Bertrand, Editions du pourquoi pas, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

A vous de jouer pour départager ces trois titres !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Belles Branches" ?

  • Oscar Goupil, A London Mystery, de Camille Guénot (L'école des loisirs) (57%, 117 Votes)
  • Aux filles du conte, de Thomas Scotto et Frédérique Bertrand (Éditions du Pourquoi Pas) (41%, 85 Votes)
  • Ma petite bonne, de Jean-François Chabas (Talents Hauts) (2%, 5 Votes)

Total Voters: 207

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Quel roman a votre préférence ? N’oubliez pas de voter dans chacune des catégories et de guetter l’annonce des lauréats le 12 juin !

Lecture commune : Jack et la grande aventure du Cochon de Noël

Cette année, pour Noël, nous avons eu envie de nous retrouver pour discuter de Jack et la grande aventure du Cochon de Noël de la grande J. K. Rowling. Un conte qui, par ses thématiques, rejoint notre envie d’un Noël généreux présenté lors de la sélection de la semaine dernière !

Jack et la grande aventure du Cochon de Noël, J. K. Rowling, Gallimard Jeunesse, 2021.

Blandine : L’an passé, quelle a été votre réaction première à l’annonce du nouveau roman à paraître de J. K. Rowling ?

Lucie : Youpi ! Bien sûr, pour commencer. Nous sortions juste de l’Ikabog que nous avions adoré et j’avais hâte de me laisser entraîner dans un nouvel univers par cette auteure fabuleuse.

Isabelle : Tout comme Lucie ! Nous n’allions pas manquer ça, je n’ai même pas regardé le résumé avant de l’acheter.

Linda : A ce moment-là je crois que je pensais surtout qu’il plairait à mes filles, mais je ne me souviens plus vraiment ce que j’ai pu ressentir à l’annonce. J’ai sans doute dû me dire : « Tiens, un nouveau J. K. Rowling »… Pour cette auteure, je ne me pose pas trop de question. Je me souviens juste que je ne me suis pas précipitée, j’ai attendu le moment propice pour me le procurer et l’Avent s’est révélé être ce moment-là !

Blandine : Que pensez-vous du titre et de la couverture ? Quelles sont les idées, thématiques qui vous sont venues à leur découverte ?

Isabelle : C’est une couverture qui joue sur le kitsch de Noël, avec ses branches de sapin et ses couleurs rouges et dorées. Je pense que je n’aurai pas été la seule à penser spontanément au film Toy Story en la découvrant ! Je ne suis pas forcément hyper fan de ce type de graphisme digital dans les livres mais qu’importe : mes moussaillons et moi avons aimé que le titre promette de l’aventure et depuis Harry Potter, nous lisons tout ce que publie J. K. Rowling.

Linda : La couverture et son titre sont pleins de promesses d’une aventure merveilleuse au cœur de la magie de Noël. Bien sûr, comme Isabelle, j’ai aussi pensé à Toy Story avec ce jouet qui s’anime. Je suis très fan de ce cochon qui semble entrainer Jack sous le sapin. Regardez son regard pétillant, son bras tendu vers ce qui semble être quelque chose d’extraordinaire. Il nous invite nous aussi à venir découvrir ce qui se cache sous ce sapin en tournant la couverture.

Lucie : Le titre m’a étonnée. Je ne voyais pas bien le lien entre un cochon et Noël. Du coup, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Et c’est aussi bien ! Comme Isabelle je ne suis pas hyper fan de la couverture. Cela fait très film d’animation, et pas le genre que j’aime.
Et toi Blandine, te souviens-tu de tes premières impressions ?

Blandine : Un nouveau J. K. Rowling = je le veux. Elle fait partie de ces auteurs pour lesquels je ne me pose même pas la question du sujet. Et puis, il y avait « Noël » dans le titre. Cela ne pouvait être que merveilleux ! !
Comme Linda, je me suis questionnée sur ce cochon tout rose « de Noël » qui est écrit bien en gros sur la couverture et qui figure au premier plan, bien devant Jack. On devine de suite que c’est lui le véritable héros de cette aventure. Au-delà, il me semble que c’est un joli pied-de-nez à certaines traditions alimentaires de Noël qui servent encore du porc rôti lors de ce repas festif. Ici, le cochon est bien vivant et actif ! La couverture m’a immédiatement attirée avec ses couleurs et ce cochon qui nous tend la patte, comme pour nous rejoindre, ou nous appeler à l’aide. Côté graphisme, j’aime beaucoup ! Et bien sûr, le parallèle avec Toy Story (que j’aime beaucoup aussi) a été instantané.

Linda : Je n’avais pas du tout pensé au côté « alimentaire » du cochon, peut-être parce que je ne mange pas de viande et que je ne perçois plus les animaux comme tels depuis longtemps. Mais c’est peut-être tout simplement parce que je suis restée dans le côté fantastique avec le jouet qui prend vie. C’est cependant une réflexion intéressante et j’aimerais bien savoir ce qu’en pensent Isabelle et Lucie ?

Lucie : Je n’y ai pas pensé non plus. Pour moi il a tout de suite été évident que ce cochon était un jouet, alors je ne me suis pas posé la question. Mais c’est une remarque pertinente, et vu l’expérience de J. K. Rowling je pense que le choix de cet animal n’est pas anodin.

Isabelle : Moi non plus, ça ne pas traversé l’esprit d’imaginer que ce cochon aurait pu être sur la table !

Blandine : Je trouve intéressant, intriguant, que ce soit le cochon qui soit mis en avant, avant l’humain (même s’il est vrai qu’on va beaucoup suivre Jack).

Lucie : Avant d’être plongés dans le merveilleux avec le Pays des choses perdues, nous rencontrons Jack et sa famille. Il me semble que c’est la première fois que J. K. Rowling décrit une famille si « normale » et contemporaine, telle que nous en connaissons tous. 
Qu’avez-vous pensé d’eux et de leurs relations ?

Linda : Normale et contemporaine dans le sens « famille recomposée » ? Elle est en effet à l’image des familles d’aujourd’hui, une famille à l’image de celle de J. K. Rowling elle-même d’ailleurs. Je pense que c’est avant tout une famille qui cherche son équilibre et que cela passe par celui des enfants. Holly étant à cet âge où le besoin de s’affirmer se développe, elle devient l’élément perturbateur, l’épine dans le pied de cette famille. De plus, elle ne vit avec eux qu’un week-end sur deux ce qui fait qu’elle a, je suppose, besoin de plus de temps pour s’adapter à cette nouvelle vie. Sa relation à Jack est clairement dictée par la jalousie de partager un père qu’elle aimerait voir plus souvent. Tout cela me semble plutôt crédible… Maintenant, je perçois la famille de Jack comme une façon d’asseoir l’histoire et son contexte, pas comme élément essentielle à l’histoire donc je ne me suis pas trop attardée sur ce point du livre. J’avoue par-ailleurs que, grande romantique et mère de famille nombreuse, je me sens plus proche, dans l’univers de cette auteure, de la famille Weasley…

Isabelle : D’accord avec toi, Linda. C’est une famille comme il y en a tant, ni parfaite, ni horrible comme celle de Harry Potter. Elle illustre à quel point, même quand on a des parents aimants qui font de leur mieux, la vie et l’enfance peuvent présenter des passages difficiles, liés dans l’histoire au divorce des parents suivis d’un déménagement et d’une cohabitation compliquée avec la famille du nouveau conjoint de la mère. Du point de vue narratif, cela permet d’introduire le cochon de Jack, qu’il aime tant même s’il est délavé et rapiécé. Cela parlera à tous ceux qui, comme mon moussaillon cadet, sont irrémédiablement attachés à un animal en peluche élimé ou à certaines reliques de tranches de vie dont il est hors de question de se séparer. Cet attachement est d’autant plus fort chez Jack qu’il a l’impression que son existence tombe en lambeaux. Il est évident que lorsque le cochon disparaît, Jack est prêt à aller jusqu’au pays des Choses perdues pour le retrouver.

Blandine : Dans cette grande aventure promise par le titre, nos héros passent par différents mondes, tour à tour merveilleux et terrifiants. Comment avez-vous trouvé leurs enchaînements et descriptions ?

Linda : J’ai aimé la façon de pénétrer chaque nouveau monde par des « portes » différentes qui confrontent les héros à différentes difficultés. J.K. Rowling est assez méticuleuse dans son travail de création et ça se ressent vraiment à la lecture. Rien n’est jamais laissé au hasard, elle donne un maximum d’informations pour qu’à la lecture on puisse visualiser l’univers qu’elle a créé. Son écriture est très visuelle et immersive. De même, la succession de ces mondes semble rythmer vers la fin de vie d’un produit : de la perte à la destruction en passant par les différentes étapes de l’oubli. J’ai trouvé cela très intéressant car cela questionne réellement notre rapport aux objets et met en relief les effets de l’obsolescence programmé d’un point de vue économique et écologique.

Lucie : Je te rejoins Linda, ces différents « mondes » m’ont surtout intéressée pour ce qu’ils disent de notre rapport aux objets. La salle des Egarés dans laquelle les objets attendent dans l’espoir d’être retrouvés, puis ce tri entre les différents objets selon leur valeur pécuniaire mais aussi affective.
J’ai beaucoup aimé cette nuance qui montre bien qu’un objet peut avoir une valeur affective énorme en dépit de son faible coût. Le fait que les objets chers comme les bijoux se croient supérieurs aux autres aussi… Tout cet aspect est vraiment traité de manière très fine.

Isabelle : Effectivement, ce pays des Choses Perdues, c’est une idée géniale pour nous donner à réfléchir à tout ce qui peut se perdre ! Des objets utiles ou superflus, ceux qui ont une valeur surtout sentimentale comme tu le dis Lucie ou absolument vitale. En imaginant un univers où toutes ces choses prendraient vie, J. K. Rowling nous interroge sur le consumérisme ambiant. Les différents mondes dont tu parles, Blandine, soulignent l’ampleur de ce qu’on peut perdre (et remplacer en un clin d’oeil) au quotidien, les Objets Sans Valeur, les affaires égarées de Zutcéouça, les Regrettés… Alors, le procédé peut avoir quelque chose de répétitif, on passe d’un monde à l’autre, il y a chaque fois de belles rencontres, des dangers et des péripéties jusqu’au passage vers la contrée suivante et on se doute bien qu’elles seront toutes explorées. Mais l’autrice réalise la prouesse de susciter l’attachement vers des objets, mon moussaillon s’est passionné pour le destin d’un ange fabriqué en papier toilette. On voit, au passage, que les Objets « gentils » sont ceux qui ont été perdus par inadvertance et regrettés (Ange brisé, Boussole, Poésie ou Lapin bleu), alors que les « méchants » comme par exemple Râpe-Fromage ont été abandonnés à dessein. Après, l’autrice s’amuse en réfléchissant à la perte de choses plus abstraites, comme les principes, les ambitions ou l’inspiration. C’est hyper malin et amusant.

Blandine : J’ai moi aussi beaucoup aimé ces portes qui permettent de passer d’un monde à l’autre, comme des sas de décompression, pour avancer dans notre réflexion quant aux objets, leur utilité, leur valeur émotionnelle et pécuniaire.
J. K. Rowling use de beaucoup de jeux de mots dans ses romans, cela semble enfantin, presque trop facile. Et pourtant cela a un impact à la fois amusant et percutant. 
Aimez-vous ce genre d’écriture ? Pensez-vous que cela soit percutant ou au contraire préjudiciable ?

Lucie : J’adore les inventions de J. K. Rowling. Son travail sur le vocabulaire est génial. En revanche, je pense toujours au traducteur avec compassion !
Quand c’est bien fait (ce qui est toujours le cas chez cette auteure) ces trouvailles sont très ludiques. J’aime bien chercher ce qui a servi à composer le mot, le sens qu’elle a voulu y mettre en plus des mots originaux. Comme les univers qu’elle crée sont très créatifs, pour moi la forme rejoint « simplement » le fond.

Linda : Je suis d’accord avec Lucie. Ces jeux de mots sont un peu la marque de fabrique de J. K. Rowling et je trouve que cela apporte une certaine richesse à ses textes ainsi qu’à ses univers. Cela donne aussi du sens à ses créations et permet parfois un double niveau de lecture qui permet de toucher un public plus large. Quelque part je trouve que son écriture est fédératrice de lien entre les parents et leurs enfants.

Isabelle : Qu’avez-vous pensé du dénouement du roman ? Trouvez-vous aussi qu’il s’agit d’un roman initiatique et, le cas échéant, qu’auriez-vous retiré de cette initiation ?

Linda : La fin de l’histoire est l’aboutissement de ce voyage initiatique au cours duquel Jack a appris que la perte fait partie des étapes de la vie et que les accepter nous fait grandir. La perte est un thème récurent dans la bibliographie de J. K. Rowling et elle est généralement associée à un changement important dans l’évolution, la construction de ses personnages. Ici la fin apporte la lumière et l’espoir dont avaient besoin Jack et Cochon de Noël dans leur vie, mais c’est aussi une fin lumineuse pour Lo Cochon, et je trouve que c’est vraiment fort de la part de l’auteure de finir son récit de cette façon si lumineuse.

Lucie : Je qualifierais cette fin de douce-amère. Elle est à la fois apaisée, car effectivement Jack est prêt à laisser cette part de son histoire derrière lui, il accepte de grandir et d’avancer. Mais je crois beaucoup à la conservation de la part d’enfance, et je suis sûre que vous êtes d’accord avec ça ! Alors j’avoue avoir tout de même été peinée de cette séparation. Séparation inenvisageable pour mon loulou, qui a tout bonnement refusé de lire ce roman à cause de la fin.

Linda : Il est certain que la séparation est difficile mais on ne peut nier que cela fait partie de la construction de l’enfant (et de l’adulte) et qu’elle nous fait avancer, grandir.

Isabelle : Je vous rejoins toutes les deux. Comme ton loulou, Lucie, mon moussaillon a eu une réaction très forte face à la séparation que tu évoques. Mais comme tu le soulignes, Linda, ce dénouement n’est pas triste – et in fine, mon fils a vraiment adoré lire (et terminer) ce roman. Jack a traversé énormément d’épreuves au pays des Choses perdues, il a grandi et s’est affirmé comme un jeune héros courageux qui apprend à lâcher prise et finit par faire son deuil.

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Merci à Blandine d’avoir initié cette lecture commune ! Et vous, avez-vous lu Jack et la grande aventure du Cochon de Noël ? Qu’en avez-vous pensé ?

Lecture commune : Annie au milieu d’Emilie Chazerand

Très fan des histoires d’Emilie Chazerand c’est tout naturellement que Liraloin a proposé de faire une lecture commune de son dernier roman Anne au milieu. Merci à Lucie pour son enthousiasme et Colette pour le mot de la fin !

Annie au milieu d’Emilie Chazerand, Sarbacane – collection Exprim’, 2021

Liraloin

Est-ce que la couverture t’as attiré ? Comment interprètes-tu la dédicace ?

Lucie

J’ai trouvé cette couverture très solaire : Annie, au milieu, au sens propre, avec ces sortes de rayons qui partent du titre… Au milieu de quoi ? Qui est cette Annie ? J’avais hâte de le découvrir car je n’avais pas lu le résumé. Comme tu l’as proposé alors que je venais de terminer La fourmi rouge et que j’étais en plein milieu de Falalalala de la même auteure, j’ai foncé sans chercher plus loin.

La dédicace est magnifique. Elle donne l’impression d’un sentiment très fort entre mère et fille. Je ne crois pas en avoir jamais lue de semblable.
Plus tard dans le roman, une fois le sujet dévoilé, j’y ai repensé et je me suis demandé si Émilie Chazerand n’était pas directement concernée par la trisomie 21. Bref, cette dédicace est magnifique en tant que telle, mais elle m’a interrogée à posteriori.

Liraloin

Cette dédicace est forte et très personnelle. Je me dis, en tant que lectrice, que ce roman a quelque chose de très spécial pour son autrice. Pour moi, sans en dire plus sur la vie personnelle d’Emilie Chazerand, je crois qu’il est plus question d’entourer et de protéger un membre de la famille plus fragile. C’est le cas dans ce roman d’ailleurs.

Lucie
Et toi, qu’est-ce qui t’avais attiré en premier lieu ? L’auteure, la couverture, le sujet ?

Liraloin

C’est rigolo car le solaire rejoint parfaitement le coté psychédélique de la couverture, enfin pour ma part. En plus les couleurs le sont assurément avec ce ton orange ! J’ai été attiré par ce roman car j’aime beaucoup les romans, albums d’Emilie Chazerand. Son écriture est pétillante, pleine d’humour et pourtant ses sujets sont souvent graves comme ici où il est question d’Annie qui est handicapée.

Liraloin

Avant de rentrer dans le récit en lui-même, est-ce que tu as écouté la play-list en lisant ? C’est une des spécialités de la collection Exprim’.

Lucie

Hé bien non ! Pas par manque de curiosité mais parce que je lis la plupart du temps sans écran à portée de main, et ensuite j’oublie.
Je suis partagée sur ces playlists. Au tout début des liseuses, j’imaginais que les auteurs pourraient programmer des musiques ou des chansons qui pourraient (ou non) être déclenchées à des moments précis de la lecture. Et honnêtement j’aime bien regarder les titres que les auteurs indiquent. C’est un peu comme les citations en exergue, ça inscrit le roman dans une certaine tonalité. Mais je n’aime pas écouter de la musique en lisant : je suis plongée dans le texte et je n’ai pas envie d’en être distraite.
Dans le cas précis d’Annie, écouter le morceau d’Orelsan serait pertinent puisqu’il joue un rôle primordial dans l’histoire. Mais imaginer me suffit la plupart du temps…
J’ai dans l’idée que ton point de vue sur le sujet est très différent : tu écoutes toute la playlist ? Avant, pendant ou après ta lecture ?

Liraloin

Que de choses à dire!! Tout d’abord tout comme toi je n’aime pas écouter de la musique en lisant sauf cas très particulier. Pour ainsi dire cela est arrivé deux fois dont une lors d’une lecture d’un roman de cette collection justement. C’était du métal et comme je suis une quiche en anglais, les paroles ne m’ont pas dévié de la lecture. En ce qui concerne Annie, en posant cette question et en regardant de plus près les titres, je me suis aperçue qu’aucune chanson n’était là au hasard. La playlist s’ouvre sur un titre Amour fou et continue avec Kathy, je ne vais pas décortiquer tous les morceaux mais nous parlons d’une famille qui assiste à l’enterrement d’une grand-mère nommée Kathy. Little Star ne serait-elle pas dédicacée à Annie la majorette ….
Bref, j’ai tout écouté et cette playlist est super ! Que de morceaux et paroles en lien avec l’histoire qui se déroule sous nos yeux.

La citation de Ricky Gervais est tirée d’une réplique sortie de la série After Life. Est-ce que tu accordes beaucoup d’importance aux citations ? Te semblent-elles nécessaires ?

Lucie

Certaines citations sont plus pertinentes que d’autres. Quelquefois elles prennent sens après la lecture !
Je connais Ricky Gervais pour The Office, pas pour After Life. Mais en lisant le pitch, je me dis que si Émilie Chazerand a choisi de faire un lien avec cette série c’est probablement pour que ses lecteurs s’interrogent : comment réagir quand un drame nous tombe dessus ? En choisissant d’enlever tous les filtres et de devenir odieux comme le personnage d’After Life (c’est bien ça ?) ? Ou en tenant bon malgré tout, en faisant de son mieux pour rester une bonne personne ? La citation choisie apporte la réponse, que l’auteure va développer tout au long du roman. S’il arrive qu’elle se plante, la famille d’Annie fait sincèrement de son mieux pour faire le bien. La question subsidiaire est : qu’est-ce que ça coûte ? Qu’est-ce que ça apporte de faire ce choix ? Mais on en parlera peut-être plus tard pour ne pas trop en dévoiler dès le début !
Entrons dans le vif du sujet : le roman s’appelle Annie au milieu et la narratrice du premier chapitre est Velma. 

Te souviens-tu de ce que tu as pensé de l’introduction de ce personnage ?

Liraloin

Merci Lucie pour ta réflexion sur la citation, je ne dirais pas mieux. Je me souviens d’avoir eu super mal pour ce personnage, Velma qui s’efface, Velma qui est le modèle sans le chromosome en plus. On entre de manière très forte dans le vif du sujet, Velma qui fera tout en son pouvoir pour protéger sa soeur Annie, celle qui peut chanter « l’oreille contre l’épaule de papa. »
D’ailleurs, tu as sans doute remarqué, Lucie, que Velma parle en strophes, comme si elle déclamait sa condition, ses douleurs en se mettant en scène.

Comment as-tu ressenti l’introduction des deux autres enfants de la famille : Annie et Harold?

Lucie

Même si les problématiques rencontrées par Harold sont vraiment intéressantes, Velma est clairement le personnage qui m’a le plus touchée.
C’est un peu la laissée pour compte, elle se sent extérieure à la famille, comme transparente. D’ailleurs en plus d’être en strophes, son texte est écrit dans une typo plus petite. Cette peur de déranger, jusque-là !
C’est aussi celle qui est censée « réparer », comme si ses parents l’avaient conçue pour se prouver qu’ils pouvaient avoir un enfant avec le nombre habituel de chromosomes après Annie. Il y a un passage très beau où elle discute de tout ceci avec sa mère. Tu te souviens ?
Velma sera supposée s’occuper d’Annie quand ses parents ne seront plus là pour le faire d’après la grand-mère. Je l’ai sentie écrasée par cette perspective. Et cela donne tout de suite un autre sens à cette fameuse majorité atteinte par Harold, qui a une vie en dehors de la famille, un ailleurs auquel elle a l’impression de ne pas avoir droit. C’est terrible !

L’alternance entre les points de vue de Velma, Harold et Annie est vraiment riche. Car chacun a sa personnalité, son ressenti, et qu’ils sont très différents ! Grâce à l’écriture un peu à la manière d’un journal, le frère et la sœur ne cachent ni les difficultés ni les bonheurs d’avoir une sœur comme Annie.
Les personnes porteuses de ce fameux chromosome sont particulièrement attachantes, mais on n’est pas dans le monde des Bisounours : au quotidien cela peut être un poids. Ne serait-ce que pour trouver sa place alors qu’Annie prend toute la lumière (malgré elle) ! J’ai trouvé cette ambivalence particulièrement bien rendue.

Liraloin

Je ne me souviens pas de ce passage mais Velma m’a beaucoup émue car elle est souvent en colère mais en sourdine. Lorsqu’elle dit qu’elle n’est pas Wonder Annie, c’est facile d’être Annie, de ne pas comprendre les drames qui se jouent dans cette famille. Tu ne trouves pas que quelqu’un qui est un milieu est particulièrement gênant car, généralement, on a peu de place pour passer. Il faut se faufiler et essayer de passer l’obstacle. Annie est l’enfant du milieu dans tous les sens du terme. C’est un peu ce que j’ai ressenti en lisant Harold, il se faufile ou il peut et doit se débrouiller seul depuis tellement longtemps. Je me souviens du passage où le père refuse d’inscrire Harold dans une école Montessori sous prétexte qu’il est faignant et qu’ils n’ont pas le choix d’y inscrire Annie du fait de son handicap. Cette ambivalence est fine et bien menée. Il n’y a que la grand-mère Marie-Claire qui ose dire les choses comme pour réveiller la famille !

Lucie

Je suis d’accord avec toi. Emilie Chazerand montre vraiment bien la manière dont la famille tourne autour d’Annie, sans que personne n’ose vraiment manifester le manque d’attention qu’il subit. Parce que si les deux autres voix sont celles du frère et de la sœur, on peut aisément comprendre que les parents aussi ont fait des sacrifices (les amis du père, le travail de la mère) et qu’ils ont probablement oublié leur vie personnelle et leur couple en route.
Cet exemple de l’école Montessori est très représentatif en effet.
Du coup le personnage de Marie-Claire est hyper rafraîchissant. Heureusement qu’elle est là pour donner des coups de pieds dans la fourmilière !
Au début je l’ai trouvée un peu gonflée de s’imposer, de critiquer une famille qui fait comme elle peut. Mais c’est sa manière de leur montrer (certes maladroitement) qu’elle les aime et de les mettre face à leurs incohérences. C’est d’ailleurs elle qui lance l’idée de ce défilé de majorettes !

Tu te souviens de ce passage ? Qu’as-tu pensé de l’éviction d’Annie, de cette idée de former un nouveau groupe, de la réaction de la famille ?

Liraloin

Je me souviens de l’éviction d’Annie, plus particulièrement du passage où la jeune prof n’arrive plus à tenir le groupe et dit quelque chose comme : « OK Annie a le droit de faire n’importe quoi – sous-entendu car elle handicapée- mais les autres non ! »J’ai vraiment apprécié la réaction de la mère qui ne tient plus et balance une belle insulte, comme si au quotidien on ne mesurait jamais ses efforts à elle pour être patiente et aimante avec sa fille alors qu’une prof de sport peut se permettre de renvoyer Annie et de l’oublier.
Alors oui Marie-Claire est trop forte et ma première impression ça été : « mais de quoi je me mêle, elle est gonflée tout de même de débarquer comme cela et hop de mettre sens dessus dessous la famille avec ses idées ». Elle y va franco avec les réactions de tous les membres de la famille en dénonçant surtout ce qui ne va pas depuis des lustres. Elle les met au pied du mur pour les faire sortir de leur vie réglée autour d’Annie.


D’ailleurs, les listes des 21 choses évoquent bien cette sensation que tout tourne autour d’Annie. Qu’en as-tu pensé ?

Lucie

J’ai trouvé ces listes à la fois douces et tristes. Ce rappel d’Annie, à chaque fois, montre bien l’importance qu’elle a dans l’existence de Velma. Et c’est normal ! Mais aussi écrasant. Seule la dernière liste (ce que je changerais dans ma vie) donne l’impression que Velma a enfin trouvé sa place et accepté sa famille dans toute sa richesse et sa complexité.
Ces listes ont quelque chose de poétique malgré tout. Ajouté au texte consacré à Velma qui a un rythme particulier, cela donne l’impression qu’elle a une sensibilité particulière, que c’est l’artiste de la famille. Même si personne ne le voit !
Velma est clairement mon personnage préféré.

Quel est le tien et pourquoi ?

Liraloin

Ces listes sont de bonnes respirations dans le livre. Je suis d’accord avec toi, elles sont douces et tristes, remplies de p’tites choses de tous les jours. Sans trop divulgâcher, la dernière liste est surprenante. Je ne sais pas si j’ai un personnage préféré mais Harold m’a vraiment ému, il est tellement anxieux, et tout se bouscule beaucoup trop vite en lui ! Un personnage qui m’a fait rire est celui de Dolorès. 

Tu la trouve comment toi, cette nouvelle prof de sport-chorégraphe ?

Dolorès est extra. Elle aussi apporte un peu d’air et de franc parler dans cette famille ! Je l’ai beaucoup aimée. Elle est là pour entraîner des amateurs, et elle ne se prive pas de leur dire quand ils sont mauvais. Même à la mamie qui pour une fois se trouve face à quelqu’un qui la recadre !
Je trouve, et c’est une constante dans les romans que j’ai pu lire d’elle, qu’Émilie Chazerand a le chic pour camper un personnage en quelques mots. Dolorès n’est pas un personnage principal, mais elle est pleine de peps et très incarnée dans les quelques apparitions qu’elle fait. Pareil pour Hui et sa maman. Ils existent presque plus que le papa, pratiquement absent, excepté pour la confrontation qui l’oppose à Harold. 

Souhaites-tu revenir sur certains personnages qui t’ont marquée ? Qu’as-tu pensé de ce père transparent ?


Liraloin

Oui tu as bien vu, cette confrontation incarne bien le fait que le père et le fils sont dans l’impossibilité de dialoguer, ils sont peur de leurs propres réactions. Je dirais même que la mère est transparente dans le fait qu’elle a mis sa vie entre parenthèse et n’existe plus que pour sa famille, enfin surtout pour Annie… Cette dévotion n’est pas naturelle, elle l’est devenue par la force des choses.

Lucie

Nous avons beaucoup parlé des personnages. J’aurais aimé connaître ton avis sur le fond, c’est à dire sur le traitement d’un personnage handicapé dans un roman.

Je trouve que, lorsqu’elle prête sa plume à Annie, Émilie Chazerand trouve le ton juste. La syntaxe désordonnée de certaines phrases a un peu gêné ma lecture, pour être honnête. Mais dans les ressentis face aux situations et aux personnes, je l’ai trouvée très bonne. Et toi ?
Par ailleurs, l’ambivalence des gens face au handicap est aussi très pertinente : d’un côté on a une coach de majorettes qui accepte Annie dans son groupe tant qu’il n’y a pas d’enjeu mais la vire en vue du défilé.
D’un autre côté, c’est en jouant sur le politiquement correct face au handicap que la famille parvient finalement à défiler. Cette ambivalence dit quelque chose de la société de manière assez fine, je trouve. 

Liraloin

Tout d’abord, la voix d’Annie est intéressante. Ce paradoxe entre être complétement à coté de la plaque et comprendre ce qui ne va pas lorsqu’un membre de la famille ne va pas bien ou attend d’elle une attitude correcte. Je suis d’accord avec toi mais contrairement à toi, rien de m’a gêné dans la lecture. Cette écriture est très caractéristique, on la retrouve dans Falalalala et la Fourmi rouge également.
Exactement, cette ambivalence est un peu le reflet de notre société et elle est finement démontrée dans ce récit. Le handicap gêne (tu as raison, la coach a honte… très surement) et en même temps j’ai comme l’impression que si tu ne vis pas de drames dans ta vie (handicap et autres…) et bien tu n’as rien vécu.
Ici cette ambivalence est significative mais en même temps, je me demande si finalement n’importe quel parent n’aurait pas fait la même chose si son enfant (handicapé ou pas), passionné par un sport ou autre, avait été évincé d’un groupe.

Et en prime la réaction de Colette, très émue à la lecture de ce roman :

Que j’ai pleuré les filles ! Que j’ai pleuré en lisant l’histoire de cette famille bancale et si lumineuse !!!!

J’ai pleuré quand Camille arrive chez les Desrochelles pour l’entraînement et qu’il est accueilli comme un membre de la famille tant attendu, j’ai pleuré quand Del et tous les réfugiés du camp où elle travaille font la chorégraphie d’Annie et les barjorettes, j’ai pleuré quand Solange propose à Velma de s’inscrire au stage de dessin… Que j’ai pleuré ! Parce que quand même ce bouquin, au-delà du handicap, il nous parle surtout de la FAMILLE, de ce qui la compose, des liens qui se tissent souvent silencieusement, au fil du quotidien mais aussi à travers générations. La relation entre Solange et Del est tellement puissante. J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteure fait ressurgir implicitement ce que les personnes étaient avant, ce que cet avant a laissé de traces sur leur corps, leurs cheveux, leur regard et que les autres membres de la famille perçoivent parfois comme dans un éclair lumineux et parfaitement éphémère. Bien sûr ce roman est un incroyable conte de fée, tout va très vite, des magiciennes et des magiciens interviennent spontanément de manière peut-être un peu surnaturelle (je pense à Dolorès qui accepte de faire la coach sportive alors qu’elle connaît à peine Velma, je pense à la mère de Hui, incroyable costumière, qui réalise sans poser de question les improbables tenues de la tribu, je pense au patron de la brasserie qui embauche Harold sans trop poser de questions) mais c’est un conte de fée qui célèbre la solidarité et que ça fait du bien !!!! Merci pour le conseil de lecture.

Si vous voulez aller plus loin et lire d’autres titres de cette autrice, retrouvez les avis de Liraloin sur La Société des Pépés à Adopter, Ma vie moisie, Dieu et moi, Shirley Banana, Falalalala et Annie au milieu. et ceux de Lucie sur Falalalala, La Fourmi rouge, Chiens et Annie au milieu.

Enfin mon p’tit doigt me dit que cette fabuleuse autrice s’est confiée récemment à l’équipe du blog pour une interview qui déboite ! Soyez prêt et ouvrez vos mirettes …

Prix A l’Ombre du Grand Arbre 2022 : Belles Branches

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Après les sélections BrindillesPetites Feuilles et Grandes Feuilles présentées les semaines dernières, voici le trio de tête pour la catégorie Belles Branches qui célèbre nos romans ado préférés !

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Quelques secondes encore, de Thomas Scotto

Suite à un dramatique accident de parkour, cette activité sportive acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains, Alban est en état de mort cérébrale. Les médecins pressent la famille à prendre une décision concernant un don d’organes. Anouk, seize ans, veille son frère. Anouk veille aussi sur sa mère et tente de la convaincre qu’Alban aurait souhait ce don, sauver des vies lorsque la sienne ne peut plus l’être. Comme toujours, Thomas Scotto va droit au but, pesant chaque mot pour mieux nous bouleverser. Des secondes qui relient, des secondes pour affronter l’inaffrontable noir de la perte. Une nouvelle puissante qui aborde un sujet délicat avec pudeur et sensibilité.

Quelques secondes encore, Thomas Scotto, Nathan, 2021.

Les avis de Linda et de Liraloin.

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D’or et d’oreillers, de Flore Vesco

Avec tout le talent qu’on lui connaît, Flore Vesco signe une réécriture réjouissante et subversive du conte de La princesse au petit pois ! À la lecture des aventures des prétendantes du richissime lord Henderson conviées à passer une épreuve des moins conventionnelles, on ne sait plus si on frissonne de plaisir ou d’épouvante. Blenkinsop Castle a quelque chose du manoir de Dracula, avec ses couloirs lugubres et ses mystères qui nous donneraient envie de tourner les pages plus vite. Mais pas trop vite, mais pas tout de suite : on prend le temps de profiter de tout. Délicieux dialogues sur le mariage et l’amour. Merveilleux personnage féminin qui fait voler en éclats tous les stéréotypes de genre. L’ironie qui vient décaper les contes, révélant leur saugrenuité et leur hypocrisie (les règles de bienséance passent vite à l’arrière-plan lorsqu’une fortune est en jeu). Et surtout, l’ode rare et savoureuse à la sensualité.

D’Or et d’Oreillers, de Flore Vesco, L’école des loisirs, 2021.

Les avis d’Isabelle, de Lucie, de Linda et de LiraLoin.

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L’enfant Pan, d’Arnaud Druelle

Bien sûr, vous connaissez le Pays Imaginaire, cette contrée accessible seulement par les airs, en allant vers « la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin ». Ce lieu hors du temps où l’on joue à longueur de journée, avec quelques frayeurs délicieuses. Bien sûr, vous avez déjà croisé la boudeuse Fée Clochette, les joyeux Garçons Perdus, le cruel Capitaine Crochet et sa horde de pirates, les enchanteresses sirènes, les Indiens Peaux-Rouges… Et, évidemment, celui sans lequel rien ne serait : Peter Pan.
Mais savez-vous quand, comment et pourquoi ce garçon versatile est arrivé au Pays Imaginaire ? L’enfant Pan nous propose une origine possible qui mêle le Mythe et l’Histoire. L’auteur s’approprie les codes du roman de Barry pour les réinventer dans un récit fantastique qui joue sur le temps. Il signe un roman cohérent, aussi sensible qu’intense, puissamment sensoriel, porté par une plume délicate et immersive.

L’enfant Pan, d’Arnaud Druelle, Gulf Stream, 2021.

Les avis de Blandine, Linda et Lucie.

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Une sélection qui nous transporte vers des lieux réels et imaginaires passionnants et qui n’hésite pas à parler franchement des grandes questions !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Belles Branches" ?

  • L'enfant Pan, d'Arnaud Druelle, Gulf Stream, 2021. (56%, 76 Votes)
  • Quelques secondes encore, Thomas Scotto, Nathan, 2021. (32%, 43 Votes)
  • D'Or et d'Oreillers, de Flore Vesco, L'école des loisirs, 2021. (12%, 16 Votes)

Total Voters: 135

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Prix A l’Ombre du Grand Arbre 2022 : Grandes Feuilles

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Après les sélections Brindilles et Petites Feuilles présentées les semaines dernières, voici le trio de tête pour la catégorie Grandes Feuilles qui célèbre nos romans jeunesse préférés !

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Notre première journée à la mer

Aujourd’hui, c’est décidé, toute la classe partira au bord de la mer. Si vous aimez les péripéties d’écoliers et les maitresses farfelues, suivez le guide et peut-être oserez-vous la baignade dans une mer peu engageante.

Notre première journée à la mer de Marie Colot & Florence Weiser, Editions Alice, 2021

Retrouvez l’avis de Blandine

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Le ciel est à tout le monde

Il y a des récits de vie qui bouleversent et Le ciel est à tout le monde en fait partie. C’est l’histoire d’une fratrie soudée mais également malmenée. C’est l’histoire d’un mal qui ronge et qui ne laisse aucun répit. C’est l’histoire de plusieurs vies qui se jouent et c’est bouleversant.

Le ciel est à tout le monde de Fanny Chartres, l’Ecole des Loisirs, 2021

Retrouvez l’avis de Liraloin

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Amari et le Bureau des affaires surnaturelles

Est-ce que vous êtes assez volontaire et armé pour intégrer le Bureau des affaires surnaturelles ? Attention aux pouvoirs insoupçonnés qui peuvent émerger sans crier gare ! Dans l’adversité, il faudra user de toutes les ressources pour être la hauteur et conquérir sa place envers et contre les préjugés.

Amari et les Bureau des affaires surnaturelles de B.B Alston, Bayard jeunesse, 2021

Retrouvez les avis d’Isabelle, de Linda et la lecture d’enfant publiée sur ce blog.

Une sélection qui ne manque pas de sensations fortes, d’aventure et d’émotions !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Grandes feuilles" ?

  • Notre première journée à la mer de Marie Colot & Florence Weiser, Editions Alice, 2021 (53%, 19 Votes)
  • Le ciel est à tout le monde de Fanny Chartres, l'Ecole des Loisirs, 2021 (33%, 12 Votes)
  • Amari et les Bureau des affaires surnaturelles de B.B Alston, Bayard jeunesse, 2021 (14%, 5 Votes)

Total Voters: 36

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