Joanna Concejo est une autrice-illustratrice qui a publié presque une vingtaine d’albums. Si parfois elle laisse « les commandes » à d’autres auteur.e.s tels que Sébastien Joanniez, Olga Tokarczuk ou encore Laetitia Bourget, son travail d’illustration se remarque par son trait de crayon floral et les reproductions de photographies qui illuminent les écrits.
Voici donc les œuvres que nous avons aimés, présentées selon le goût de chacune : sous la forme de lettre, de poème, de récit-souvenir ou d’un abécédaire .
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Blandine a choisi Sénégal
Souvenir d’une neige unique et improbable au Sénégal
Enfance qui sent et ressent sans avoir encore les mots
Nostalgie sans tristesse de la mère au chant larmoyant
Eparpillement et entremêlement des réminiscences
Galerie d’objets et d’émotions qui recomposent le passé, fait de photographies, fleurs séchées, anecdotes et symboles
Aux dessins de crayons de couleurs au charme délicatement suranné se joignent la poésie et la sensibilité des mots
L‘envoûtement de cet album se fait aussi poignant que saisissant
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Liraloin a choisi M comme la mer.
M comme la Mer où comment assister au spectacle d’une danse entre un enfant et l’infini bleuté.
C’est au loin sur la plage que je l’ai aperçu la première fois, immobile comme s’il attendait une réponse de l’océan. La mer était scintillante si belle dans cette tenue, on aurait dit que des milliers d’écailles tentaient de recouvrir sa surface.
L’enfant, lui, tout à coup s’est mis à bouger, à shooter dans le sable, à courir puis s’est arrêté pour ramasser des coquillages et autres merveilles. De loin je l’ai observé jouant avec le sable et tous les petits cailloux granuleux. Je l’ai vu parler à la mer, le vent a emporté ses paroles. Mer confidente, à jamais tu emportes d’importants et mystérieux mots.
En revenant à moi, une fois rentrée, j’ai ouvert cette boîte à photos qui trainait depuis des lustres sur ma table de chevet : mes fils étaient de nouveau enfants, petits. J’ai joué longtemps avec les coquillages en repensant à ces instants à jamais figés, en repensant à cet enfant que moi-même j’avais été.
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Linda a choisi Une âme égarée.
A trop COURIR, l’homme a tendance à passer à côté de l’essentiel,
Et finit dans l’OUBLI de sa propre identité.
Il lui suffit pourtant de prendre le TEMPS,
Pour que son ÂME, depuis longtemps distancée, ne lui revienne.
Invitation à RALENTIR, Une âme égarée est un album à deux voix,
Dont celle des ILLUSTRATIONS de Joanna Concejo offre
Le plaisir de SE POSER pour un plaisir contemplatif,
Qui laisse la porte grande ouverte au retour des SOUVENIRS.
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Lucie a choisi le conte d’Andersen Les cygnes sauvages
Chère Elisa,
Quelle triste histoire que la tienne ! Séparée de tes frères à cause de ton affreuse belle-mère, qui non contente de t’envoyer loin du château de ton père t’a enlaidie au point qu’il ne t’a plus reconnue… Heureusement, dans ses illustrations, Joanna Concejo a su t’entourer de diverses plantes pour adoucir ton malheur. Mais même ces plantes ont été utilisées contre toi, puisque pour sauver tes frères te voilà obligée de tisser des tuniques d’orties pour chacun de tes onze frères. Et en silence encore ! Courage et abnégation seront tes maitres mots pour parvenir au bout de ta tâche, ce qui force mon admiration. Tu auras bien mérité la fin heureuse que t’a réservé Hans Christian Andersen, dans la plus pure tradition du conte de fée. Auras-tu toi aussi beaucoup d’enfants ? Le veux-tu ?
Je te souhaite une longue et belle vie entourée de ceux que tu aimes, Lucie.
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Colette a choisi Entrez !
Chère Joanna,
J’aime bien laisser entrer dans mon cœur les petits dessins au crayon à papier, presque invisibles que vous avez glissés ici ou là entre les pages,
les petites additions, les phylactères, les nuages gris de pluie, le petit cheval en cavale.
J’aime bien laisser entrer les papillons rouges qui remplissent les tasses du goûter sur l’herbe, que votre narrateur, son père et sa mère improvisent dans le jardin. Non loin du cerisier.
J’aime bien le vent dans les jupes de la maman, la chemise à fleurs du papa, le pied nu du petit garçon.
J’aime bien vos dessins, Joanna. Ce sont autant de miettes de plaisirs minuscules, des miettes d’amour, des miettes de poésie dont on fourre nos poches pour les semer sur les chemins qu’il nous reste à parcourir.
J’aime bien le petit univers qui pousse sous vos crayons, qu’ils soient gris ou de couleur. Un univers comme un millefeuille à déguster tout doucement, lors des goûters sur l’herbe qu’on va s’inventer dès que la pluie aura cesser. Quand on ouvrira les grilles du jardin et qu’à la cantonade, on criera : « Entrez ! »
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Pour aller plus loin
- à propos de l’album Monsieur Personne
- à propos de sa façon de travailler et de tout ce qui l’inspire, c’est ici
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Et vous, quel album de Joanna Concejo préférez-vous ?