Notre auteure essentielle : Flore Vesco

Vous le savez, cela fait longtemps que nous sommes conquises par la plume de Flore Vesco. Et pour compléter l’interview qu’elle nous a accordée en mai 2021, nous avions très envie de consacrer un billet à son œuvre. Car oui, Flore Vesco est l’une de nos auteures essentielles. La preuve : nous avons lu la totalité de ses romans !

Voici donc les œuvres que nous avons aimées, présentées selon le goût de chacune : sous la forme de lettres, d’une liste de dix raisons, d’un ordre de mission ou d’un journal intime.

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Le choix d’Isabelle

De Cape et de Mots, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2015.

Chère Séraphine Marie-Geneviève Alexandrina de Notre-Dame Chancies du Jousselinier Senestre les Castiche de l’Auberivière sié l’Ostel de la Colline,

Vous m’avez accordé, chère Comtesse, la grâce de demander des nouvelles de notre province pourtant distante de plus de trois siècles. Nul doute que beaucoup des mœurs d’aujourd’hui vous siéraient : les dames portent à leur fantaisie leurs cheveux courts ou des pantalons (égayés ou non de printintailles), les filles rêvent volontiers d’étudier les matières scientifiques ou d’écrire des romans – les bibliothèques débordent d’ailleurs de titres mirifiques qui vous remuent délicieusement les méninges.

Il faut que je vous annonce que le roi est mort, nous nous en sommes débarrassés il y a quelques temps déjà. Cela dit, vous ne seriez pas dépaysée de découvrir que notre souverain habite toujours un palais coquet comme une esperlune. Les cérémonies, la distribution de bons-mots et de blâmes, la présidence des conseils des ministres et la promulgation des décisions à coups de 49.3 l’embesognent considérablement, et puis il y a les rues à traverser pour trouver un emploi aux incapables, le « pognon de dingue » les espèces sonnantes et trébuchantes à trouver pour financer la subsistance des autres… Heureusement, il ne laisse pas de s’entourer de toute une cour dont chacun des membres pourraient rivaliser de talent avec la grande demoiselle. Notre ministre de l’intérieur, par exemple, n’est pas un attrape-bernet et n’hésite pas à se retrousser les manches lorsqu’il s’agit de veiller à ce que nos jeunes lecteurs ne lisent pas de pages trop affriolantes !

N’allez tout de même pas imaginer que tout est brillant comme une lifrejole. Sans relations, parures ni maîtrise des codes des courtisans, aujourd’hui comme hier, vous avez toutes les chances de rester une personne de bas aloi. Votre parcours n’en est que plus réjouissant et invite à cultiver dès le plus jeune âge son sens de la répartie et de la justice sociale. N’auriez-vous pas de fortune envie de venir visiter le palais de l’Elysée ? Je ne doute point que vous y déchagrineriez l’ambiance.

Vous agréez que je fasse mes très humbles baisemains à Messire Léon, aux robustes lavandières ainsi qu’à tous les cubistétères de la cour.

Votre très humble et dévouée lectrice,

Isabelle

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Le choix de Colette

Louis Pasteur contre les Loups-Garous, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2016.

Chère Constance,

Je vous écris depuis l’an 2023 soit près de 181 ans après votre première rencontre avec Louis. Rappelez-vous c’était une nuit de septembre, vous veniez de faire votre rentrée comme préfète à l’Institution Royale Saint-Louis. Côté filles bien entendu. Une belle responsabilité qui convenait parfaitement à votre esprit solidaire et déterminé. Vous avez tout de suite apprécié, j’en suis certaine, ce jeune homme aux épaules charpentées et au regard franc dont l’entrée brutale dans votre vie fut aussitôt auréolée de mystère. Je tenais à vous écrire pour vous témoigner toute mon admiration car le mystère, vous n’avez pas eu peur de l’affronter, de le provoquer, pour mieux le déchiffrer. Et vous l’avez fait en dépassant les préjugés et les codes établis et en restant intègre à vous-même quelque que soient les obstacles qui se sont dressés devant vous.
Chère Constance, j’aimerais savoir ce que vous êtes devenue : avez-vous couru les concours d’escrime ? Obtenu un doctorat en cryptozoologie ? Découvert d’improbables vaccins dont personne n’a soupçonné l’existence puisque destinés à d’étranges créatures velues ? Et surtout, surtout, ma chère Constance, qu’en est-il la de la Société Super Secrète des Savants et Sciences Surnaturelles ? Nous sommes tellement à vouloir en savoir plus sur les aventures que vous avez pu vivre avec Louis et sans doute de nombreux autres compagnons et nombreuses autres compagnes. Pensez-vous que de là où vous êtes – Enfers, Tartare ou Paradis – vous pourriez nous conter l’histoire de votre vie ? Si vous ne vous sentez pas l’âme d’une écrivaine – oui, oui, on dit écrivaine aujourd’hui ! – n’hésitez pas à contacter Flore Vesco, c’est une autrice contemporaine à l’incroyable talent dont la plume sera sans aucun doute à la hauteur de votre intrépidité.

A la science et à vous,

Colette.

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Le choix de Blandine

Gustave Eiffel et les âmes de fer, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2018.

S.S.S.S.S.S – Ordre de Mission
Gustave Eiffel

• But : Localisation du phénix
• Où : Manufacture de métallurgie Aldinni & Cie à Levallois-Perret
• Couverture : Contre-maître
• Comment : Amélioration des conditions de travail des manœuvres et augmentation de la productivité grâce aux récents progrès industriels
• Alliés : Alfred Nobel et Constance
• Contact : L’Ordinal
• Danger : le feu
• Moyens : Humour technique, aventure métallique et atmosphère steampunk
• Supérieur : Louis Pasteur

Rédigé et accepté à Paris en 1855

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Le Choix de Liraloin

226 Bébés, Flore Vesco, Didier Jeunesse, 2019.

Pour Liraloin il y a pas mal de raison d’aimer ce roman, dix points pour vous donner envie de lire ce titre c’est déjà pas mal !

  1. Pour les 126 mots différents qui désignent les bébés. Au lecteur de reconnaître les inventions et ceux qui existent parmi les petitout, angelot, minouchet, poulbot, mouflet, touchatous, katpatts, couroucouches, miochons…moultes petits sobriquets pour nommer les bébés les plus adorables de la terre.
  2. Pour ces titres de chapitres aux jeux de mots autour du bébé (embêbété, rebébelle, bébérézina, béberceuse…), simplement et tellement gouteux !
  3. Pour Bert, notre jeune homme de 76 ans qui arrive à discerner les 226 bébés et ainsi reconnaître leur petit caractère : je vous présente Claude1, Claude2, Claude3….Claude226 !
  4. Pour ce long et grand voyage que Bert va entreprendre aux pays des contes (et ainsi au passage, tenter de refiler ces 226 adorables bébés).
  5. Pour les qualités de la superbe « machine-bébé » et toutes les adorables attentions que ces derniers peuvent mettre en branle pour surprendre un éventuel ennemi. Il paraît que pour le bébé « les études montrent qu’avec ses poings, un nouveau-né exerce une force cinétique d’au moins 400 atmosphères, soit une pression supérieure à celle qu’exerce la mâchoire d’un crocodile quand elle se referme sur sa proie ».
  6. Pour la lutte entre ceux qui se font la guerre « pour ou contre les raisins secs dans le taboulé », oui il y a de quoi s’énerver ! et pour le petit clin d’œil en fin d’ouvrage sur les « guerres imbébéciles »
  7. Pour les remerciements de l’autrice en direction de son jeune lectorat. Des classes qui ont participé à la folle aventure du Feuilleton des Incorruptibles.
  8. Pour les illustrations de Stéphane Nicolet. Vraiment chapeau car mettre en image autant de bébés relève de l’exploit !
  9. Pour l’humour tant aimé de Flore Vesco !
  10. Car lire des titres de cette autrice est une entrée en littérature de jeunesse des plus appréciable.

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Le choix de Lucie

D’Or et d’Oreillers, Flore Vesco, L’école des Loisirs, 2021.

Extrait du journal intime de Mrs Watkins

Quel remue-ménage a suivi la visite de Mrs Barrett ce matin ! Bien sûr, elle a fait quantité de chichis avant de nous annoncer la nouvelle qu’elle était venue porter, mais quelle nouvelle ! Le jeune Lord Handerson est de retour dans la région, il cherche une épouse et dispose d’une rente de plus de 80 000 livres sterling. Quelle aubaine pour Margaret, Maria et May ! Quand je pense que nous nous serions contentés d’un mariage avec un homme à 20 000 livres… Heureusement que l’occasion ne s’est pas présentée !
Mrs Barrett qui soit dit en passant avait envoyé sa fille au château, seule et sous la pluie. Je me suis bien sûr empressée de la raccompagner chez elle pour laisser la place qui leur revient à mes filles. Cela m’a obligée à les laisser sans chaperon chez Lord Handerson. Mais avec 80 000 livres en jeu, certains principes méritent d’être oubliés. Quand j’y pense… La région ne parlera que de ce mariage pendant des années !
Heureusement que j’avais pris soin d’emmener Sadima pour les aider à se présenter sous leurs meilleurs atours. Jolie, cette Sadima. Un peu trop. Et un fort caractère. J’aurais peut-être dû conseiller aux filles de la confiner dans une chambre…

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Et vous, quel roman de Flore Vesco préférez-vous ?
Que pensez-vous de cette nouvelle rubrique ?

Nos classiques préféré.e.s : l’humour de Gilles Bachelet

Cela faisait longtemps que nous souhaitions vous partager nos albums favoris de Gilles Bachelet. Sous le grand arbre, nous sommes particulièrement friandes de son humour et des clins d’oeil qui parsèment ses illustrations. Nous nous étions d’ailleurs régalées en discutant de sa Résidence Beau Séjour.

Plus le propos est fantaisiste, plus le réalisme et le soin apportés aux détails me paraissent indispensables.

GIlles BAchELET, La ReVue Des Livres pour enfants N°301 (juin 2018)
Gilles Bachelet. source : site de son éditeur Seuil Jeunesse.

Si cet auteur illustrateur est surtout connu pour la série d’albums qu’il a consacré à son chat, voici ceux que nous préférons et pourquoi !

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Pour Colette et ses Petits-Pilotes, XOX et OXO est vraiment l’album-remède-en-cas-de-coup-de-mou tellement il est jubilatoire !

Xox et Oxo, Gilles Bachelet, Seuil Jeunesse, 2018.

Et voilà pourquoi :

  1. Pour son titre imprononçable et tellement visuel !
  2. Pour ses personnages extra-terrestres à l’étrange visage bleu, aux yeux transparents comme le verre des billes avec lesquelles hélas on ne joue plus dans les cours de récréation.
  3. Pour sa fascisante double page documentaire sur la machine à Glimouilles et puis oui, tiens d’ailleurs, pour toutes les glimouilles qui rythment cet album réjouissant !
  4. Pour la personnalité de XOX et OXO qui ont trouvé en eux les ressources pour ne plus s’ennuyer sur leur planète où résonne la solitude.
  5. Pour son discours joyeux et enthousiasmant sur la créativité.
  6. Pour son discours tout aussi joyeux et enthousiasmant sur l’inspiration, celle qui vient d’ailleurs, celle qui se nourrit de l’autre, des œuvres du passé, des œuvres contemporaines, cette inspiration que nourrit l’incroyable curiosité de nos protagonistes et que l’on souhaite à tous les enfants qui passeront le seuil de la planète Ö !
  7. Et en parlant d’art, quel plaisir de jouer à « Cherche-et-trouve-des-oeuvres-d’art-célèbres-qui ont-été-glimouillisées » dans l’atelier de XOX et OXO ! Dali, Rodin, Duchamp, De St Phalle, Degas… Nos extra-terrestres ont autant de génie que tous.tes nos artistes humain.e.s réuni.e.s.
  8. Pour le questionnement philosophique qui parcourt le livre jusqu’à la dernière page : mais à quoi sert l’art ? L’art peut-il nous rendre heureux, heureuse ? Faut-il qu’il ait un public pour que l’art soit reconnu ?
  9. Et bien sûr pour l’incroyable humour qui jalonne tout cet album, qui parvient à aborder tant de sujets en quelques pages colorées d’une extrême précision !
  10. Sans parler de l’invitation finale qui nous invite à « mettre le cap sur la constellation du Beignet aux Pommes » pour retrouver XOX et OXO et leur incroyable musée ! En avant toute !

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Le choix de Liraloin s’est porté sur cette épopée qu’est Chevalier de ventre-à-terre. Et pourquoi aime-t-elle autant cette histoire à lire et à raconter ? C’est par ici…

Le chevalier de ventre-à-terre, Gilles Bachelet, Seuil Jeunesse, 2021.
  1. Parce que je parie que vous n’avez jamais assisté à une bataille aussi inattendue qu’imprévisible
  2. Pour cette couverture à faire pâlir plus d’un auteur de saga chevaleresque. Quelle somptueuse armure dont est doté notre Chevalier de Ventre-à-Terre.
  3. Pour cette vie d’escargot-chevalier qui exige une stricte discipline de vie pour autant que l’on y ajoute le bisou baveux. D’ailleurs le lectorat, un tantinet très observateur, remarquera à quelle grande vitesse se prépare un chevalier prêt à en découdre !
  4. Pour toutes les références à la littérature de jeunesse, et il y en a un paquet : comment ça vous n’êtes pas jalouse de cette merveilleuse glacière à l’effigie d’Hello Kitty !! Petit indice : la chambre d’enfants en est truffée.
  5. Pour cette affiche, que personnellement, j’aimerais voir dans ma cuisine « 5 salades et champignons par jour ». N’est-ce pas la base d’une excellente alimentation d’escargot ?
  6. Pour l’illustration représentant le bureau du Chevalier, son équipement tout dernier cri afin de répondre en temps réel sur les réseaux sociaux. Tiens donc Saint-Procrastin a quitté mon foyer pour échouer ici… quel joli clin d’œil à l’auteur lui-même.
  7. Pour cette gigantesque épopée qui se trame sous vos yeux ébahis et qui se retrouvera surement gravé sur un champignon au détour d’un chemin.
  8. Pour ce suspens insoutenable : Chevalier de Ventre-à Terre va-t-il enfin croiser le fer avec ce malotru de voisin baveux grignoteur de fraises : le Chevalier de Corne-Molle ?
  9. Pour ce dénouement parfait et cette chute vertigineuse !
  10. Pour l’humour si particulier de Monsieur Gilles Bachelet. Des albums aux références qui parlent autant aux grands qu’aux petits.

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Le choix de Lucie s’est rapidement porté sur Une histoire d’amour, voici pourquoi :

Une histoire d’amour, Gilles Bachelet, Seuil Jeunesse, 2017.

1- Parce que cette histoire d’amour, comme celle de tous les couples heureux, est d’une banalité exemplaire…
2- Jusqu’à ce que l’on découvre ses personnages principaux !
3- Pour le voyage de noces exotique.
4- Pour cette brosse à ongles – chien, qui compte parmi les meilleures trouvailles.
5- Pour la réplique de Georges : « Des enfants ? Mais… nous avons déjà un chien ! »
6- Et l’illustration de la page suivante mettant en scène des familles d’objets usuels, du papier toilette au sèche cheveux.
7- Parce que Gilles Bachelet réussi le pari de faire vivre ses personnages dans un monde à échelle humaine, au milieu des objets du quotidien à taille réelle.
8- Pour les petits (ou gros) détails hilarants que recèlent les illustrations.
9- Parce que chez Georges et Josette, le partage des tâches semble fonctionner à merveille.
10- Et parce que le couple traditionnel n’est peut-être pas à la pointe de la modernité, mais que (comme le montre le doigt qui leur sert de tête) Georges et Josette s’en moquent.

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Et vous, quel est votre album préféré de cet auteur fantastiquement fantasque ?

Nos classiques préféré.e.s : les facéties de Tomi Ungerer

« Si j’ai conçu des livres d’enfants, c’était d’une part pour amuser l’enfant que je suis, et d’autres part pour choquer, pour faire sauter à la dynamique (sic) les tabous, mettre les normes à l’envers : brigands et ogres convertis, animaux de réputation contestable réhabilités… ce sont des livres subversifs, néanmoins positifs » (extrait du livret publié par l’école des loisirs – Tout sur votre auteur préféré).

Pas étonnant qu’un musée ait ouvert ses portes à Strasbourg il y a quelques années, lui qui a légué une multitudes de dessins à sa ville natale. Très prolifique, Tomi Ungerer a publié soixante-dix ouvrages, dont il a pour moitié écrit les textes également.

Nous n’avions que l’embarras du choix pour vous présenter les dix raisons qui nous poussent à préférer tel ou tel album.

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Pour cet album paru aux éditions l’école des loisirs pour la première fois en 1968, Liraloin a eu un très grand coup de cœur, il s’agit du titre Les trois brigands. Voici les dix raisons de lire et relire ce livre :

1– Pour cette première de couverture qui fait blêmir de peur plus d’un enfant et cela depuis des générations : focus sur les yeux menaçants et cette immense hache rouge.
2 – Pour le choix des couleurs primaires et surtout ce bleu qui domine faisant ressortir l’aspect lugubre de l’histoire. La seule pointe de lumière émane de la présence de Tiffany, petite fille blonde aussi précieuse que la lune et l’or…
3 – De mémoire de médiathécaire, les illustrations pleine page d’une telle noirceur n’était pas chose commune à l’époque.
4 – Pour ces attaques orchestrées, organisées et d’une rare violence. La double page montrant un des brigand casser la roue d’une carrosse est très angoissante !
5 – Pour ce trésor amassé depuis des années et des années, mais au juste à quoi sert-il exactement?
6 – Pour ce texte, ce conte qui se prête tellement à la lecture à voix haute, un régal !
7 – Pour cet étrange revirement de situation … les trois brigands auraient-ils un cœur finalement?
8 – Pour l’adaptation cinématographique qui reste, entre autre, fidèle aux jeux d’ombres de l’album.
9 – Pour son adaptation théâtrale vu un jour sur scène, d’une grande finesse dans la recherche des détails.
10 – Pour qu’à jamais cette histoire soit transmise aux générations futures de lectrices et lecteurs.

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Otto, autobiographie d’un ours en peluche est peut-être le premier album qui a permis à Lucie de réaliser que l’on pouvait aborder des sujets extrêmement graves en littérature jeunesse : rien de moins que la Shoah, à hauteur d’enfant.

1– Car Tomi Ungerer détourne volontairement la figure de l’ours en peluche, symbole de la douceur de l’enfance pour la confronter aux horreurs dont sont capables les êtres humains.
2 – Pour cette phrase d’ouverture qui incarne immédiatement Otto dans ce qu’il a de commun avec les Hommes (ne pas se voir vieillir) mais aussi ce qui l’en éloigne (il peut être vendu) : « J’ai compris que j’étais vieux le jour où je me suis retrouvé dans la vitrine d’un antiquaire ».
3 – Parce que donner le rôle du narrateur à un ours en peluche offre un regard naïf et précieux sur l’enfance…
4 – … Mais fait aussi de lui une victime passive, tributaire des adultes comme le sont les enfants.
5 – Pour la période heureuse qui précède le drame, les jeux entre David et Oskar, les souvenirs, les aventures, l’encrier reçu sur la tête, le tatouant d’une tâche violette pour le restant de ses jours.
6 – Pour la beauté du geste de David qui confie Otto à son ami Oskar alors qu’il s’apprête à être déporté.
7 – Et pour le périple qui s’en suit, des Etats-Unis à une poubelle, et enfin l’espoir qu’il faut malgré tout conserver jusqu’au bout.
8 – Parce qu’Otto est, à sa manière, un héros de guerre lui aussi.
9 – Pour les indices délicatement distillés que perçoivent les grands enfants et les adultes et permettent un double niveau de lecture.
10 – Parce qu’Otto existe vraiment et que l’on peut le retrouver au musée Tomi Ungerer.

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Pour Colette qui aime à faire découvrir à ses plus jeunes élèves les figures d’Ogres, d’Ogresses ou d’Ogrelets, il est un album incontournable d’Ungerer : Le Géant de Zéralada. Et voilà pourquoi !

Le Géant de Zeralda, Tomi Ungerer, L’école des loisirs, 1971.
  1. Pour cette première de couverture particulièrement ambigüe : quel duo étrange que cette petite fille blonde aux joues roses et cet homme à la barbe grisonnante aux sourcils sévères et aux dents acérés. Elle ne semble pas en danger et pourtant que dire de ce couteau à la lame tranchante qui occupe le premier plan ?…
  2. Parce que cette histoire possède tous les atours du conte traditionnel, de la calligraphie gothique du titre au célèbre « il était une fois » qui introduit le texte, en passant par les personnages traditionnels de l’ogre et de la fillette aimable à souhait !
  3. Parce que très vite, on comprend que l’auteur va jouer avec ces codes du conte traditionnel de manière subtile et originale ! Ici point de réécriture à la sauce contemporaine, mais plutôt un bel esprit de subversion : Zeralda aime faire la cuisine, oui, oui, et c’est là tout son pouvoir ! Et c’est grâce à ses talents de cheffe qu’elle va mettre KO notre géant car grâce à elle il va découvrir qu’il y a d’autres goûts dans la nature que celui de la chair fraîche !
  4. Parce que j’ai toujours adoré les listes, leur poésie si particulière, et dans cet album là, l’amatrice de listes est servie sur un plateau d’argent :  » Un potage de cresson à la crème, Des truites fumées aux câpres, Des escargots au beurre et à l’ail, Des poulets rôtis, Un cochon de lait »
  5. Des listes gourmandes vous l’aurez compris ! Car cet album est une véritable ode à la gourmandise, à la profusion, aux banquets, à la générosité ! Aussi bien au niveau du texte qu’au niveau des images, notamment avec cette double page au cœur de l’album qui présente le menu du « souper tout à fait moyen » préparé par Zeralda une fois rentrée au service du géant.

6. Parce que la véritable héroïne du conte, ce n’est pas le géant dont l’horrible figure trône sur la couverture mais cette petite fille de six ans, ingénieuse, créative et courageuse.
7. Parce que vraiment « Zeralda » c’est un joli prénom ! Et qui commence par un « Z » en plus !
8. Parce qu’on pressent que derrière cette histoire, il y a du lourd du côté de la psychanalyse, parce que, bon, quand même, Zeralda, 6 ans, va rester au service du géant rencontré par hasard un jour de marché et qu’elle va finir par l’épouser des années plus tard. Certes, elle est devenue adulte mais tout de même, Ungerer ici encore va bien au delà des codes établis. Sa princesse et son prince charmant sont d’un tout autre acabit que celles et ceux qu’on rencontre habituellement dans les histoires pour enfant.
9. Et puis parce qu’ici l’enfant guérit l’adulte et délivre d’une manière bien surprenante toute la ville de la menace que ce géant représentait tant qu’il se livrait à sa passion de la chair d’enfant.
10. Enfin parlons des couleurs et du trait de l’artiste : c’est un voyage dans le temps à chaque page ! Un temps où la littérature jeunesse osait la parabole, l’allégorie, le second degré, tout en gardant une apparence de naïveté.

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Le maître des brumes fait partie des albums culte des moussaillons de L’île aux trésors qui en connaissent chaque détail. Un livre qui se relit avec un plaisir intact, pour au moins dix raisons !

Maître des Brumes, de Tomi Ungerer. L’école des loisirs, 2013.


1 – Pour l’Irlande un peu magique qui lui offre son décor de falaises et de prairies, de pubs et de marées.
2 – Pour les animaux qui peuplent ces pages : chien, chat, oies, cochons, moutons, mais peut-être aussi des bestioles plus inattendues ?
3 – Pour la jolie complicité frère-sœur qui traverse ces pages.
4 – Parce que s’imaginer pouvoir explorer les côtes irlandaises dans son propre curragh, what else ?
5 – Pour l’attrait magnétique et inquiétant exercé par l’île aux Brumes qui émerge des flots à l’horizon, « comme une vieille dent de sorcière ».
6 – Parce que les illustrations de Tomi Ungerer font VRAIMENT frissonner : cette brume dans laquelle la barque des enfants dérivent et dans laquelle on ne distingue plus rien, ces rochers qui semblent nous observer gravement, ces plantes grimpantes qui ressemblent à des griffes…


7 – Pour l’idée géniale et vertigineuse imaginée par l’auteur pour expliquer l’origine des brouillards, entre magie et rouages steampunk.
8 – Pour les doutes délicieux qui subsistent : tout cela s’est-il vraiment passé ?
9 – Parce que cette histoire, c’est finalement un peu l’anti-chèvre de M. Seguin. Explorer le monde, c’est certes dangereux, mais aussi captivant…
10 – Pour le bonheur immense de retrouver Papa et Maman après une aventure pareille.

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Le choix de Blandine s’est porté sans hésitation sur Le Nuage Bleu.

Le Nuage Bleu. TomI UNGERER. Ecole des Loisirs, 2000
  1. Pour cette couverture, faussement candide, un brin facétieuse, et surtout libre
  2. Pour l’indépendance et l’optimisme de ce petit nuage qui va son chemin
  3. Parce qu’il ne se laisse pas influencer, quitte à être seul
  4. Pour la poésie utopiste qui s’en dégage
  5. Pour ses couleurs éloquentes
  6. Pour les nombreuses références, historiques, populaires, culturelles, littéraires
  7. Pour son message universel de paix, de tolérance et d’ouverture à l’Autre
  8. Pour le petit détail qui dit tout
  9. Pour la Différence nécessaire
  10. Un album pour donner envie de découvrir les autres de l’auteur

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Et vous ? Avez-vous lu Tomi Ungerer et quel titre auriez-vous choisi ?

Notre autrice essentielle : Annelise Heurtier

En cette rentrée, nous vous proposons une nouvelle rubrique : nos auteur.e.s essentiel.le.s !
L’idée est de vous y présenter sous des formes variées les œuvres d’un.e auteur.e à l’univers fort, dont nous aimons toutes les œuvres.

Comme c’est en interviewant Annelise Heurtier en avril dernier qu’est née cette envie, il nous a paru logique de commencer par ses romans. Voici donc les œuvres qui nous ont le plus touchées, présentées sous forme de lettre à un personnage, d’abécédaire ou d’une interview.

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Le choix de Colette

Combien de terre faut-il à un homme ? Annelise Heurtier, Raphaël Urwiller, d’après Tolstoï, Editions Thierry Magnier, 2014.

2 août 2023

Cher Pacôme,

je vous écris depuis le XXIe siècle où votre histoire résonne encore et toujours. TRAGIQUEMENT. Combien de terre faut-il à un homme ? A l’heure où l’humanité a épuisé les ressources renouvelables en un an de la planète, nous pourrions même transformer la question en mettant une majuscule au mot Terre.

Cher Pacôme, vous chez qui j’ai senti l’amour de la terre, celle qui nourrit, qui fleurit, qui enveloppe, qui soutient, pourquoi n’avoir pas su vous réjouir de votre « petit champ balayé par les vents » , de l’odeur du bortsch qui flotte dans l’isba où se réunit toute votre famille à l’heure du déjeuner ? Je vous pose cette question, Pacôme, mais je ne vous blâme pas. Moi aussi, souvent je suis animée de l’irrépressible besoin de posséder. Il faut dire qu’encore plus qu’à votre époque, toute la société dans laquelle je vis m’y encourage. Mais j’ai une bonne nouvelle cependant, mon cher Pacôme, il me semble que des hommes et des femmes, ici ou là, chantent désormais un nouveau refrain, un refrain qui loue la sobriété, l’humilité et la gratitude. Un refrain sans doute semblable aux chants des Bachkirs dont je nous souhaite d’entendre les joyeuses leçons, celles que nous n’avez pas reconnues mais qui grâce à votre histoire parviennent à nos oreilles aujourd’hui. Je nous souhaite comme eux de nous retrouver au son des balalaïkas, des kalimbas et autres târs pour célébrer nos jardins, nos forêts, nos déserts et tous nos « petits champs balayés par les vents ». De là où vous êtes, mon cher Pacôme, j’espère que vous entendrez ce chant.

Colette, collectionneuse de papillons et de jolies histoires.

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Le choix de Lucie

La fille d’avril, Annelise Heurtier, Casterman, 2018.

Bonjour Izia ! Peux-tu nous expliquer ton rôle dans La fille d’avril ?
Je n’apparais que très peu ! Je suis un peu le catalyseur, l’excuse qui permet à ma grand-mère de raconter sa jeunesse.

Qu’as-tu découvert ?
Tout ! J’adore ma grand-mère, mais je n’avais jamais pris le temps de l’interroger sur sa vie. A travers son histoire j’ai beaucoup appris sur notre famille, son parcours, mais aussi sur la condition des femmes dans les années 60.

Quelles informations t’ont le plus marquée ?
Ce n’est peut-être pas l’essentiel, mais j’ai trouvé que les détails concrets étaient particulièrement signifiants. Le fait qu’il n’existait pas de baskets pour les femmes, l’harnachement nécessaire pour les règles, l’interdiction de porter des pantalons, et cette méconnaissance de la physiologie féminine ! Je savais que cela avait existé mais je n’imaginais pas que ma grand-mère l’avait vécu !

Pour finir, cette discussion a-t-elle changé ton regard sur ta grand-mère ?
A l’amour que je lui porte s’est ajouté une immense admiration pour sa force et sa ténacité. Qu’elle ait partagé son histoire et ses rêves nous a rendu encore plus complices qu’avant. J’adore ça !

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Le choix d’Isabelle

Sweet Sixteen, Annelise Heurtier, Casterman, 2013

Chère Molly,

Nous vivons dans des époques et des pays différents mais nous partageons les mêmes rêves : des rêves d’égalité, d’une éducation digne de ce nom.

Hier comme aujourd’hui, cela ne coule pas de source, même quand on a la loi de son côté. Tu en as fait l’amère expérience en 1957, suite à la décision de la cour suprême américaine de mettre fin à la ségrégation dans les écoles publiques américaines. Forte de tes espoirs et confiante en tes capacités, avec huit autres élèves noirs, tu t’es inscrite au lycée le plus prestigieux de Little Rock jusque-là réservé aux Blancs. Réalisais-tu le pas que cela représentait, le courage immense qu’il vous faudrait face à l’hostilité des 2500 autres élèves et à la violence des réactions qui embrasèrent toute la ville, obligeant le président Eisenhower à vous faire protéger par l’armée ? Nulle vexation, humiliation ou intimidation ne vous aura été épargnée. Je n’ose imaginer à quel point cette année, qui devait être celle de tes Sweet Sixteen, a été dure. Personne, et surtout aucun enfant, ne devrait avoir à traverser de telles épreuves. Je voudrais pouvoir les effacer mais je n’en ai pas le pouvoir.

Ce que je peux faire, c’est te dire que cela n’aura pas été en vain. Tu as écrit une page importante de l’histoire des droits civiques. En t’exposant en première ligne, tu es devenue une pionnière de la conquête de nouveaux droits au respect et à l’éducation. Tu as contribué à repousser l’horizon des possibles pour des milliers de personnes. J’ai été bouleversée par la volonté sans faille que toi et les autres avez opposée à la foule forcenée. Alors certes, les mentalités n’évoluent que lentement et difficilement. Mais les Little Rock Nine et toi avez prouvé que pas à pas, les luttes émancipatrices peuvent faire bouger les lignes.

Pour ton courage et ta contribution à une société plus égalitaire, merci !

Isabelle

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Le choix de Liraloin

Des sauvages et des hommes, Annelise Heurtier, Casterman, 2022

HOMME

H :  je t’ai vu, au début je n’ai pas osé te regarder, tu es un homme si différent. J’étais certainement impressionné par cet accoutrement tellement loin de ce que je connais car je vis ici et toi là-bas mais quelque chose en moi me pousse à vouloir te connaître.

O : c’est un peu comme cette cage, cet enfermement qui nous rapproche, il n’y a pas de début ni de fin, juste un trait qui se rejoint. Toi, ici, loin de chez toi, moi, ici, chez moi mais en aucune façon libre de choisir ma voie et mon destin.

: comme cette mer que tu as traversé pour venir dans ce lieu d’espoir, d’avenir pour ta famille restée au pays. Une famille qui attend beaucoup de toi, c’est un poids sur les épaules que je ressens également. Héritage infernal, vie toute tracée…

M : comme le mensonge, à toi l’espoir vite brisé par cette gigantesque mascarade. A moi cette honte qui m’envahit en pensant à ce que des hommes peuvent créer et imaginer pour s’enrichir, n’hésitant pas à anéantir ses propres semblables.

: Egalité :  voilà ce que j’écris depuis ce matin, car aujourd’hui ma décision est prise et j’irais là où personne ne m’attend, j’irais contre tous quitte à être chassé, banni et rejeté. Je suis prêt !

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Le choix de Blandine

Le carnet rouge. Annelise HEURTIER. Casterman romans, 2011

Lycénne de 16 ans, Marie
Emotions d’adolescence et d’identité

Chercher à connaître malgré les silences de sa mère
Alex, l’ami précieux
Révélations par les pages d’un carnet confié
Népal, pays des origines
Enfant-Déesse Kumari
Traditions hindouistes et bouddhistes

Relations mères-filles à apaiser
Ouvrir, communiquer, grandir, s’émanciper
Un roman aux thématiques entremêlées
Grande sensibilité d’écriture
Et avoir envie d’en découvrir davantage

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Et vous, quel roman d’Annelise Heurtier préférez-vous ? Que pensez-vous de cette nouvelle rubrique ?

Nos classiques préféré.e.s : la peinture d’Anne Brouillard est sa lumière.

Anne Brouillard s’illustre dans le monde de la littérature jeunesse par sa peinture qui nous offre des albums aux aventures humaines et aux paysages uniques. Tantôt autrice-illustratrice, elle collabore aussi avec d’autres auteurs et autrices. Pour en savoir plus : un article extrait du blog Le Carnet et les Instants. Retrouvez nos raisons d’apprécier et de lire Anne Brouillard.

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Pour Liraloin, voici les dix raisons d’aimer se retrouver immergée dans les illustrations de cette autrice avec Voyage d’hiver !

1 – Pour son édition leporello qui en fait un livre tout à fait original, complété d’un petit coffret de 44 cartes à histoires.
2 – Pour ses images immersives sans texte.
3 – Pour ce paysage qui va se dérouler sous nos yeux. Etes-vous prêts pour un voyage d’hiver sans retour ?
4 – Pour se précipiter à bord d’un train et admirer la vue d’un cadre figé par le froid.
5 – Pour traverser cette nature endormie, ressentir cette fraicheur hivernale bien à l’abri dans sa voiture de voyageur.
6 – Pour imaginer la vie qui peut se dérouler dans ces maisons que l’on pourrait presque toucher.
7 – Pour cette neige qui couvre les branches des arbres et fond sur les toits des maisonnées au loin.
8 – Pour cette ville qui s’étend peu à peu et nous laisse entrer dans une autre gare : clap de fin d’un voyage hivernal.
9 – Pour cette magnifique peinture que nous offre Anne Brouillard.
10 – Pour avoir l’envie immédiate de remonter à bord mais seulement si nous sommes accompagnées des cartes et s’offrir un voyage différent.

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Pour Linda, la lumière d’Anne Brouillard n’a pas son pareil pour s’exprimer dans cet album sans texte.

L’orage de Anne Brouillard, Grandir, 1998.
  1. Parce qu’il n’est pas besoin de mots pour que s’exprime l’orage qui s’installe,
  2. Parce qu’il suffit d’un chat qui sursaute, d’une fenêtre qui s’ouvre, d’un vase qui se brise pour ressentir la violence du vent,
  3. Parce que la tension monte progressivement, rendue palpable par un mouvement de travelling avant-arrière,
  4. Parce qu’un seul couple permet de voir la rapidité avec laquelle l’orage arrive, se mettant à l’abri,
  5. Pour la luminosité des illustrations et leur réalisme,
  6. Pour toutes les sensations que l’on ressent au fil des pages, nous donnant l’impression d’être dans l’orage,
  7. Parce que le trait d’Anne Brouillard éveille nos sens : on sursaute quand le vase se brise, on frissonne quand le vent souffle, on entend la pluie qui frappe sur les fenêtres restées ouvertes, on sent l’odeur de l’herbe mouillé quand la pluie laisse derrière elle les prés détrempés?
  8. Parce que chaque illustration est une véritable œuvre d’art, un vrai tableau,
  9. Et pour tout ça à la fois car c’est ce qui rend son art si unique.

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La Grande Forêt fait partie des chouchous de la bibliothèque d’Isabelle. Ses moussaillons aiment les histoires aux confins de la réalité et aussi celles où humains et animaux se côtoient. Ils sont complètement entrés dans ce monde imaginaire et, depuis, ne se lassent pas d’y retourner. Dix raisons qui font de cet album une lecture incontournable !

La Grande Forêt, de Anne Brouillard, Pastel. 2016

1 – Parce que cet album nous emmène en voyage, dans une contrée exotique au possible qu’on ne trouve pas facilement sur un atlas habituel : le pays des Chintiens !
2 – Parce que cette contrée vaut le détour, avec ses forêts de bouleaux, sa culture singulière et tout son bestiaire de petits habitants tous plus surprenants les uns que les autres
3 – Pour la forme réjouissante de ce livre, objet littéraire non identifié qui trace son propre sillon entre album illustré, bande-dessinée et documentaire, avec cartes topographiques et schémas à l’appui
4 – Pour la saveur de l’amitié partagée avec Killiok, sympathique créature à mi-chemin entre le chien et le moumine, et son amie humaine Véronica
5 – Pour la manière dont l’enquête des deux compères met sous tension leur périple : qu’est-il advenu de leur ami Vari Tchésou qui n’a plus donné de nouvelles depuis des mois ?
6 – Pour l’aventure avec un grand A : entre les inconnus qui rôdent dans la forêt, les lumières étranges qui brillent la nuit et les créatures bizarres qui prétendent se rendre à un festival, le voyage est mouvement !
7 – Parce que cette histoire est de celles où le chemin compte plus que la destination : on se régale de multiples curiosités, d’une intrigue souvent à la limite de l’absurde…
8 – … mais aussi et surtout des petits moments de bonheur dont Anne Brouillard semble avoir le secret : le plaisir de préparer tous les détails de l’expédition, de planter sa tente dans un panorama à couper le souffle, ou tout simplement de partager une tasse de café fumante en contemplant la forêt.
9 – Pour les illustrations qui reflètent si bien cet imaginaire avec leurs mille détails, leur forêt frémissante, les arbres qui semblent avoir des yeux et les buissons qui s’agitent impatiemment
10 – Pour la manière dont cette lecture en fait résonner d’autres, comme les romans de Michael Ende (cette ligne de chemin de fer au milieu de nulle part), d’albums de Claude Ponti (Ma Vallée, en particulier), mais aussi par exemple les aventures de Fifi Brindacier dans lesquelles elle part en expédition seule avec ses amis dans une nature aussi enthousiasmante qu’inquiétante.

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Lucie a découvert l’univers d’Anne Brouillard en préparant cet article. Et si tous les titres qu’elle a lus ne l’ont pas enthousiasmée, Les aventuriers du soir l’ont définitivement séduite. Voici pourquoi :

Les aventuriers du soir, Anne Brouillard, Les éditions des éléphants, 2015.

1 – Pour ce cocon de feuilles qui entoure le personnage dès la couverture.
2 – Parce que Gaspard dans sa cabane renvoie immédiatement les lecteurs qui ont la chance d’en avoir (eu) une à leurs souvenirs d’enfance,
3 – Et que se raconter des histoires à l’abri des regards adultes est l’un des privilège des enfants.
4 – Parce qu’observer ses parents à distance raisonnable (du haut d’un arbre par exemple !) est le premier pas vers l’indépendance,
5 – Mais que la maison familiale éclairée est un phare dans le noir.
6 – Parce que chaque imprévu est intégré à l’histoire que l’enfant se raconte, magie de l’imagination !
7 – Parce que les illustrations d’Anne Brouillard sont empruntes de douceur,
8 – Et qu’elles évoquent à merveille ce petit blues de la nuit qui tombe,
9 – Au point qu’on en ressent presque les douces odeurs et le petit air frais grâce à ses illustrations.
10 – Parce que cet album sent les vacances d’enfance à plein nez.

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En préparant les vacances d’été au bord du lac de Côme, Colette avait préparé une petite sélection de livres ayant un lac comme cadre géographique. C’est à cette occasion qu’elle découvrit De l’autre côté du lac.

De l’autre côté du lac, Anne Brouillard, Le Sorbier, 2011.

Alors toute la famille vous le recommande :

  1. pour cette manière si poétique qu’a l’autrice de chanter les aventures minuscules, celles qui nous attendent à chaque coin de nature chérie et qu’il suffit d’un peu d’audace et d’imagination pour tenter.
  2. pour ces beaux liens qui unissent les adultes et les enfants, hors du cadre de la famille triangulaire, ici entre Tante Nadège et Lucie.
  3. parce que Tante Nadège est la première à vouloir partir explorer l’autre côté du lac, parce qu’elle encourage Lucie, parce qu’elle prend le temps.
  4. parce que les animaux sont des personnages à part entière, doués de parole, membres à part entière de la famille ou du clan, forces de proposition, soutiens inconditionnels.
  5. parce qu’Anne Brouillard y dépeint aussi bien la chaleur d’un intérieur modeste mais généreux qu’une nature immense et sereine. Dans cet album se jouent d’intrigants allers-retours entre les maisons isolées à l’orée de la forêt et le lac qui les sépare.
  6. parce que l’alternance des vignettes, et des double pages muettes, crée un rythme de lecture tout particulier, surtout si on goûte cet album à voix haute. Y règne une certaine lenteur. D’ailleurs n’est-ce pas une particularité des albums de cette artiste, faire l’éloge lumineux de la lenteur ?
  7. parce que la nature y est sublimée à chaque page, dans les moindres détails, les oiseaux, les reflets de l’eau, les troncs noueux des arbres, les lueurs orangés du soleil couchant.
  8. parce qu’il y est question de pique-nique de l’autre côté du lac et que vraiment nous adorons les pique-niques au bord de l’eau !
  9. parce qu’il y est aussi question de rencontre, d’amitié naissante, de l’autre, d’abord étranger puis apprivoisé.
  10. parce qu’à chaque fois que nous lisons un album d’Anne Brouillard c’est un peu comme si nous nous offrions une parenthèse hors du monde, de son bruit, de sa fureur. Et c’est une sensation très agréable !

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Et vous quel est votre livre préféré d’Anne Brouillard ?