Lecture commune : Les tableaux de l’ombre

Depuis 2005 et la parution de Période glacière de Nicolas de Crécy, « Louvre éditions » donne carte blanche à des bédéastes de renom pour s’approprier les collections et l’architecture du célèbre musée national.

Jirô Taniguchi, Enki Bilal, Jean Dytar, Stéphane Levallois, Marc-Antoine Mathieu et bien d’autres proposent aux lecteurs une vision personnelle de ce lieu fascinant. La lecture de leurs albums offre tour à tour une vision intimiste, spectaculaire, historique ou moderne de ce musée national. Et, bien qu’il soit illusoire de vouloir faire une visite exhaustive de cet immense musée, ils donnent une irrésistible envie de suivre les traces des personnages.

Pour cette aventure, « Louvre éditions » s’est associé à deux éditeurs de BD chevronnés : Futuropolis pour les adultes et Delcourt pour les plus jeunes.

Colette et Lucie ont lu Les tableaux de l’ombre de Jean Dytar et ont eu envie de partager leurs impressions.

Les tableaux de l’ombre de Jean Dytar, Delcourt-Louvre éditions, 2019

Lucie : Colette, pourquoi avoir proposé ce livre pour une lecture commune ?

Colette : Comme tu le sais, j’adore les livres qui créent une fiction autour d’œuvres d’art. Je suis bien entendu amatrice de livres documentaires sur l’art mais qu’un.e auteur.e invente, crée, échafaude tout un récit autour d’œuvres d’art, je trouve toujours cela audacieux pour de multiples raisons. Déjà parce que cela signifie s’inscrire dans une lignée d’artistes et qu’il faut donc être sacrément gonflé.e, au sens positif du terme, pour se lancer ! Mais aussi parce que le procédé de mise en abyme me fascine depuis le jour même où je l’ai découvert lors de mes études avec Les Faux-Monnayeurs de Gide qui est devenue une œuvre phare pour moi pour caractériser ces livres qui mettent le procédé créatif au cœur même de leur narration. Pour moi, ce genre de littérature dans laquelle s’inscrit cette BD est toujours une célébration de la création artistique. Une célébration accessible à celles et ceux qui ne créent pas, qui sont « simplement » lectrices/lecteurs, spectatrices/spectateurs. Ce sont des œuvres pour lesquelles j’ai beaucoup de gratitude. Je les trouve hyper jouissives !
Mais peut-être peux-tu présenter l’intrigue de cette BD pour que mon petit avis soit plus clair pour celles et ceux qui nous lisent ?

Lucie : Avec plaisir ! C’est l’histoire d’un petit garçon qui visite le Louvre avec sa classe, mais il perd le groupe et se retrouve face aux cinq tableaux qui composent l’Allégorie des cinq sens d’Anthonie Palamedes et vont avoir une certaine influence sur sa vie. À moins que ce soit l’histoire des personnages de ces tableaux, qui depuis des années attendent qu’on les remarque, qu’on les regarde, jusqu’à ce qu’ils se mettent à exister grâce à l’attention de ce garçon. 
Qu’en penses-tu ?

Colette : C’est tout à fait ça : dès le départ, deux intrigues s’imbriquent l’une dans l’autre. Le fameux procédé des récits enchâssés dont je suis si friande et que j’aime à faire découvrir à mes collégien.ne.s dès que je le peux ! C’est un des aspects qui rend cette BD particulièrement ingénieuse : non seulement le fond est original, mais aussi la forme ! 
Est-ce que cela te dirait de présenter nos minuscules personnages, Tobias, Hilda, Caspar, Nils et Saskia, les habitant.e.s de cette fameuse Allégorie des cinq sens ?

Lucie : L’Allégorie des cinq sens est donc composée de cinq tableaux, chacun mettant en scène un personnage correspondant à un sens.
Le principal est Tobias qui figure l’ouïe, mais Saskia (la vue) est aussi assez dynamique. C’est elle qui initie la sortie des tableaux et les rencontres avec d’autres œuvres. Les trois autres sont plus en retrait, ce sont Hilda (le goût), Nils (le toucher) et Caspar (l’odorat).
Qu’as-tu pensé de ces personnages, de leurs personnalités, de leurs ressentis ?

Colette : Je les ai adorés ! On aurait dit une petite ruche, un microcosme fourmillant d’émotions, de questions, de désirs d’aventures, de désirs d’être aimé.e.s. L’auteur a réussi à leur créer de vraies personnalités, avec une psychologie crédible, et une amitié entraînante. Chacun.e est différent.e mais ce qui semble les animer tous et toutes c’est cette volonté d’être reconnu.e.s. Et là, gros coup de maître de l’auteur : derrière le besoin de reconnaissance de ces petits êtres qui nous ressemblent tant, il arrive à poser la question de ce qui fait un chef d’œuvre.
En effet, pourquoi cette Allégorie des cinq sens est-elle si peu connue, pourquoi n’inspire-t-elle pas plus l’intérêt des visiteurs ? N’est-ce pas la question qui guide le récit ? Qu’en penses-tu ?

Lucie : C’est exactement le thème de cette BD, et c’est d’ailleurs ce qui m’a le plus intéressée. Le passage où la Joconde discute avec Hilda, où elle lui explique que les visiteurs ne viennent plus pour l’admirer mais pour avoir vu un tableau célèbre… C’est très intéressant, et très juste dans notre société où l’on se prend en selfie devant un tableau ou un monument connu, comme pour dire « j’y étais ». En parallèle, on comprend parfaitement ce besoin d’être vu et d’exister pour les œuvres moins connues. Et j’ai aussi aimé que certains tableaux soient fans d’autres œuvres, encore une fois comme Hilda avec la Joconde.
Le jeu autour de ce que l’on sait des habitudes des peintres m’a aussi amusée, comme la Joconde inachevée (ce qui peut amener à une vraie réflexion sur le chef d’œuvre puisqu’on peut être à la fois inachevé et chef d’œuvre) et ces différents autoportraits de Rembrandt qui se croisent… Excellent !
En revanche j’ai trouvé les fêtes par école et l’embryon de révolution un peu artificiels. 
As-tu perçu un intérêt qui m’aurait échappé à ce sujet ?

Colette : J’ai du relire la BD pour te répondre concernant les fêtes par écoles et l’embryon de révolution car dans mon souvenir, ces deux éléments avaient tout à fait leur place dans la narration mais je n’avais pas d’arguments précis à donner. Alors après relecture, il me semble que les fêtes par écoles permettent d’introduire des notions d’histoire de l’art (d’un point de vue pédagogique, et il me semble que malgré tout dans les livres publiés par « Louvre éditions » cet aspect n’est pas négligeable) et nous amène à réfléchir à ce que nous comparons entre les œuvres et pourquoi dans les livres d’art et dans les musées, on ne les mélange pas.
Quant à la révolte des tableaux de l’ombre, j’avoue que je trouve ce ressort narratif hyper intéressant pour renforcer ce questionnement sur ce qui fait un chef d’œuvre ou pas. C’est cette révolution qui donne son titre à la BD, c’est cette révolution qui permet à certains personnages de l’Allégorie des cinq sens de prendre enfin la parole et de gagner en épaisseur. Je pense à Nils, si censé, si éloquent quand il s’agit d’arrêter cette révolte et je pense aussi à Hilda dont l’admiration sincère pour la Joconde nous questionne encore une fois sur ce que nous cherchons quand nous nous intéressons à ce que d’autres avant nous ont nommé « chef d’œuvre ». Je trouve que ce moment de révolution avortée permet de montrer aux lecteurs, lectrices ce qu’est la confrontation de points de vue au sein d’un même groupe qui partage le même vécu. Finalement, ce sont tous des tableaux de l’ombre, mais cela n’empêche pas certains d’adhérer à ce statut et de considérer sincèrement ceux et celles qui ne sont pas du même statut. Ça m’a vraiment fait penser au concept politique de « lutte des classes ». Par contre, j’avais le souvenir que c’était vraiment un ressort important de la BD et finalement il n’y a que quelques pages consacrées au soulèvement. Peut-être que c’est dans la brièveté du traitement que l’on peut lire une forme de superficialité. Qu’en penses-tu ?

Lucie : Je vois ce que tu veux dire concernant le côté pédagogique. Mais dans ce cas c’est vraiment survolé et ça nécessite un accompagnement. Aucune chance qu’un enfant percute seul, à mon avis. Et j’ai pourtant un amateur d’expo à la maison !
Je pense que cela aurait mérité un court développement, par exemple une tension entre l’école du Nord et l’italienne qui sont les deux citées. Ou au moins une note de bas de page.
Pareil pour les habitudes des peintres, j’ai été un peu frustrée qu’une si bonne idée soit seulement esquissée.
Alors je sais, c’est pour les enfants, et quand tu es face à un monument comme le Louvre j’imagine que ça fuse et que tu as envie de parler de tout. Mais c’est un peu l’impression que m’a laissé cette BD : beaucoup de super idées (peut-être trop ?) pas assez exploitées.
J’aime ton avis sur cette révolte. Et effectivement, elle vaut la peine pour l’intervention de Nils qui est géniale. Mais comme tu le dis, cette brièveté la rend un peu superficielle.
J’en reviens à ce que je disais juste avant : cette BD regorge d’idées géniales qui, pour moi, ne sont pas menées à terme. Il y avait de quoi faire plusieurs tomes !
L’idée qui est vraiment aboutie est celle de la mise en abyme. D’ailleurs tu en as parlé tout de suite dans cette lecture commune.
As-tu envie de développer ?

Colette : En effet, en relisant cette BD, j’ai pu constater que c’est vraiment le procédé de mise en abyme qui est au cœur du livre, en tout cas en nombre de pages. Un enfant découvre l’Allégorie des 5 sens dans son enfance, alors qu’il s’est perdu dans le musée pendant une visite de classe. Ces cinq petits tableaux captent son regard et lui apportent du réconfort dans un moment d’insécurité. Vingt ans plus tard, le petit garçon est devenu un jeune auteur de bande-dessinée et a consacré un an de sa vie a créer une BD sur cette Allégorie des 5 sens. Et c’est parce que cet auteur vient de publier une BD sur cette œuvre que de jeunes lectrices, de jeunes lecteurs s’y intéressent lors de leur venue au Louvre. D’autant plus d’ailleurs que Cyprien, Youtubeur populaire, a consacré une vidéo à la BD en question. J’ai beaucoup aimé ce procédé qui vise à nous interroger sur ce qui fait l’intérêt d’une œuvre aujourd’hui. Sans aucun jugement de valeur, l’auteur nous questionne sur nos goûts, sur nos centres d’intérêts, nos motivations : allons-nous voir tel film, telle exposition, allons-nous lire tel livre parce que nous y percevons une maîtrise, une technique, un sujet exceptionnels ou alors seulement parce que cette œuvre est populaire ? Voyons-nous encore la beauté derrière la célébrité ? L’exemple de la Joconde est tellement parlant. Je me suis toujours demandé pourquoi je n’étais pas plus touchée par ce tableau pourtant si célèbre alors que comme tout le monde je me suis précipitée dans la salle où elle est exposée quand j’ai visité le Louvre la première fois… Je trouve intéressant de poser ces questions à un jeune public, et j’ai trouvé particulièrement ingénieux de promouvoir la BD ou Youtube comme des médias qui peuvent influencer notre regard sur l’art. Je n’avais lu ça nulle part ailleurs et c’est une des raisons pour laquelle j’ai proposé cette LC.
Que penses-tu du message que semble véhiculer cette BD sur la question de la médiation : c’est avec la BD et la vidéo youtube de Cyprien que l’Allégorie des cinq sens devient célèbre ? Penses-tu que ce soit crédible ? Penses-tu que le livre soit un vrai moyen de médiatiser d’autres formes d’art ? D’autres œuvres ? Penses-tu que Youtube soit un moyen de médiatiser l’art ?
On remarquera cependant que cette nouvelle célébrité ne convainc pas les plus anciens chefs d’œuvre !
Y-a-t-il là aussi un clin d’œil à ce qui fait le classique, c’est-à-dire la célébrité d’une œuvre dans la durée ?

Lucie : Je suis non seulement persuadée que le message est crédible, mais en plus je trouve le fait que les différents supports se citent et se répondent passionnant. Je suis très friande de ce genre de choses dans l’art.
Je crois au personnage de roman qui admire un tableau, écoute une musique ou regarde un film que le lecteur va aller découvrir à son tour, et qui peut devenir plus populaire grâce à cela. Le premier exemple qui me vient à l’esprit c’est Le Chardonneret. Je suis sûre qu’il y en a plein. 
Est-ce que tu partages cet avis ? As-tu déjà découvert une œuvre ou un artiste par ce biais ?
Concernant YouTube je ne peux pas me prononcer parce que je ne regarde pas du tout les youtubeurs. Vu le nombre de followers qu’ils ont je me dis que s’ils parlent d’une œuvre d’art ou d’une expo, il y a des chances pour que celles-ci se retrouvent plus exposées pendant un moment. Mais par rapport à un livre, je pense qu’on est plus dans l’immédiateté. Je ne suis pas sûre que l’idée persiste si, par exemple, la personne n’est pas dans la ville où l’œuvre est exposée.
On est loin du « classique » qui a fait ses preuves dans le temps, ce clin d’œil est effectivement pertinent.
Mais c’est aussi intéressant ces coups de projecteurs sur des œuvres moins connues grâce à l’appropriation d’autres artistes (romanciers, bédéastes ou autres). Parce que les œuvres qui nous touchent le plus, nous l’avons dit, ne sont pas toujours les plus connues. On n’est jamais à l’abri de tomber sur une œuvre qui nous chamboulera au détour d’un livre ou d’un film !

Colette : Et sinon pour répondre à ta question très intéressante, oui, oui, oui ça m’arrive même souvent en fait d’aller découvrir une œuvre, un endroit, une musique citée dans un film ou un livre. Là tout de suite, je repense au roman Nos étoiles contraires qui évoquait Le journal d’Anne Franck. J’avais lu le Journal de cette brillante apprentie écrivaine quand j’étais ado, et j’en avais été comme émerveillée, mais de retrouver des bribes de ce que j’avais pu éprouver jadis dans ce roman ça m’a vraiment donné envie de me replonger dans ses écrits et, heureux hasard, cette année-là, nous sommes partis à Amsterdam avec mon amoureux pour notre premier week-end en tête à tête depuis des années, et nous avons eu la chance, sur un coup de tête une fois sur place, de visiter l’Annexe, l’endroit où Anne Franck et sa famille ont passé deux ans de clandestinité. Quand j’y repense ça me parait presque magique ce hasard des évènements… Je pense aussi au roman de Gary D. Schmidt, Jusqu’ici tout va bien que j’ai tellement, tellement aimé. Il y est question des dessins d’oiseaux d’Audubon. Et ça m’a fasciné tout au long de ma lecture. J’aimerais les voir en vrai.
Ce que j’ai aussi beaucoup aimé c’est de découvrir l’auteur lui-même dans sa BD, nous délivrant une sorte de message plus intime sur le pouvoir des œuvres d’art, sur celles qui nous accompagne dans des moments de peur, de désarroi : qu’as-tu pensé de cette scène où on le voit avec ses enfants au Louvre devant l’Allégorie des cinq sens ?

Lucie : J’ai bien aimé ce passage de l’auteur au Louvre avec les enfants. Ce petit moment d’intimité (vraie ou fausse, on s’interroge et ça fait partie du plaisir) partagée est très mignonne.
Cela montre aussi le rôle de la transmission. Ce papa emmène ses enfants au musée pour leur montrer les toiles dont il s’est inspiré pour sa dernière BD, mais il leur raconte aussi sa rencontre avec cette œuvre, ses ressentis et il écoute les leurs, qui peuvent être différents. C’est assez bien vu je trouve.
Et j’aime aussi le message sur le réconfort qu’une œuvre peut nous apporter à un moment de notre vie. J’en suis totalement convaincue et je soupçonne que toi aussi !

Colette : Oui, pour moi c’est la musique qui joue cette fonction de réconfort. Un coup de blues et hop, j’écoute On ne change pas de Céline Dion 😉
Qu’as-tu pensée des 2e et 3e de couverture qui présentent tous les tableaux avec les personnages qu’on retrouve dans la BD ? Y vois-tu une volonté didactique d’initier les lecteurs/lectrices à l’histoire de l’Art ou simplement un moyen de rappeler le cadre spatial de l’histoire ? 
Ce procédé m’a rappelé ce qu’a fait Anthony Browne dans Les Tableaux de Marcel.

Lucie : J’ai l’impression que de plus en plus de livres proposent des documents pédagogiques en fin d’ouvrage, quand l’histoire s’y prête. Ou alors j’y suis plus sensible depuis que je suis maman /enseignante ! J’aime assez parce que ça ancre le récit dans la culture, l’Histoire ou autre.
Ici, c’est intéressant de pouvoir regarder les tableaux tels qu’ils sont sans avoir besoin de se rendre au Louvre (ce qui de toute façon serait compliqué en ce moment). D’autant que l’auteur les a quand même beaucoup modifiés ! Je le vois plus comme une mini initiation à l’histoire de l’art, surtout du fait de l’explication des vanités.
Ce que j’apprécie c’est que ces explications soient simples, et que le lecteur ait le choix de les lire ou non selon son envie. J’imagine que pour certains l’histoire se suffit à elle-même et c’est très bien aussi. Mais pour les petits curieux, avoir un début d’explication est agréable.
Je ne connais pas Les tableaux de Marcel, de quelle manière est-ce exploité ?

Colette : Tu vas adorer Les Tableaux de Marcel. On y retrouve le petit singe anthropomorphe d’Anthony Browne, dans un album où il se retrouve dans des tableaux célèbres mais légèrement modifiés pour coller à l’univers de l’auteur. C’est un véritable jeu entre le style de Browne et celui des grands peintres. Et à la fin de l’album il y a une notice descriptive de chaque tableau cité.
Est-ce que tu as été sensible à l’univers graphique de l’auteur ?
J’ai apprécié le décalage entre les œuvres parfois reproduites de manière très fidèle et le dessin plus moderne du dessinateur.

Lucie : À la première lecture j’ai clairement été déçue par les dessins des personnages. Il faut dire que dans ma découverte du Louvre en BD, celle-ci arrive après Enki Bilal et Jirô Taniguchi dont j’aime beaucoup le style. Cela me rend probablement exigeante !
Du coup, je suis partagée quant aux choix graphiques de Jean Dytar. Il faut tenir compte du fait que cette BD est destinée aux enfants et que les dessins doivent être adaptés. Cependant, dans une BD ou un album ayant l’art pictural comme univers central je suis d’autant plus sensible au trait. L’auteur s’est approprié les personnages des différents tableaux, et c’était nécessaire. Mais j’aurais aimé un rendu un peu plus travaillé pour les personnages issus de ces tableaux. Les reproductions d’œuvres sont effectivement très réussies : peut-être aurait-il pu utiliser ce talent pour accentuer l’écart entre les œuvres prenant vie et les personnages « réels », comme il le fait au début, lors de la visite du musée du petit garçon avec sa classe ? Je trouve que ce que tu appelles « le dessin plus moderne » aurait été plus approprié s’il avait été réservé aux visiteurs du Louvre. Mais c’est vraiment une question de goût.
Cela ne t’a pas gênée ?

Colette : Cela ne m’a vraiment pas gênée mais je n’ai pas les éléments de comparaison en ta possession ! Et je ne connaissais pas du tout cet auteur, ce fut l’occasion de découvrir son univers.
Si tu devais conseiller cette BD à quelqu’un, sur quel aspect insisterais-tu ?

Lucie : Je ne connaissais pas Jean Dytar non plus, mais j’ai regardé ce qu’il a fait d’autre et sa Florida m’a tapé dans l’œil. Je ne compte pas m’arrêter à cet avis en demi-teinte ! Concernant cette BD, c’est quand même un beau point de vue sur le musée du Louvre. Je trouve qu’elle met l’art à la portée de tous, notamment grâce à ce discours sur les chefs d’œuvre et au choix de mettre en lumière une œuvre peu connue, même des amateurs. C’est ludique et ça donne envie d’aller au musée découvrir ces trésors méconnus ! Je ne sais pas trop à qui je recommanderai cette BD : à des enfants déjà sensibles à l’art ? Au contraire à des enfants pour lesquels ce serait un premier contact pas trop écrasant ? 
En tout cas j’ai trouvé qu’elle était très sympa en lecture partagée (ou commune !), pour discuter de tous les thèmes et de notre vision des œuvres d’art.

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Cette lecture commune et notre intérêt commun pour l’art nous ont donné envie de présenter d’autres ouvrages documentaires ou imaginaires sur ce sujet. Retrouvez nos sélections à la rentrée !

Et pour patienter jusque-là, le catalogue des bandes dessinées de « Louvre éditions » est ICI.

Prix A l’Ombre du Grand Arbre 2019 : Branches dessinées

EN cette fin de mois de février, nous venons vous proposer une troisième catégorie du Prix À l’Ombre du Grand Arbre 2019 : les Branches dessinées. Vous l’aurez compris, il s’agit des bandes-dessinées. Nous en avons sélectionné trois et c’est maintenant à vous de choisir celle que vous préférez.

Le principe est simple, c’est au public de faire son choix parmi les livres proposés.
Pendant les prochains mois, nous vous proposerons au vote les différentes catégories du Prix. Vous aurez donc jusqu’au dimanche 5 mai pour voter ! Les résultats seront diffusés le jour des 7 ans du blog, le 9 mai.

Prix ALOGDA 2019, catégorie Branches dessinées

Daphné Collignon - Calpurnia Tome 1 : .

Frédéric Bernard et Benjamin Flao - Le secret de Zara.

Loïc Clément - Chaque jour Dracula.

Quelle est votre bande-dessinée jeunesse préférée ?

  • "Chaque jour Dracula" de Loïc Clément et Clément Lefèvre chez Delcourt (75%, 70 Votes)
  • "Calpurnia 1" de Daphné Collignon chez Rue de sèvres (14%, 13 Votes)
  • "Le secret de Zara" de Frédéric Bernard et Benjamin Flao chez Delcourt (11%, 10 Votes)

Total Voters: 93

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A vos lectures et… à vos votes !

Prochain rendez-vous le lundi 25 mars pour les sélections Brindilles (albums petite enfance) et Petite feuilles (albums).

Des couleurs plein les yeux !

Quoi de mieux dans la grisaille de l’hiver que de se mettre des couleurs plein la vue !

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La littérature de jeunesse regorge de titres sur cette thématique et il a fallu choisir parmi nos références préférées.

Voici donc plein de couleurs en ce lundi, en espérant que cela vous donne la pêche pour longtemps.

J’avais un pot de jaune,
J’avais un pot de bleu, (bis)
Je les ai mélangés dans un grand saladier,
Et ça fait du vert,
C’est extraordinaire !

J’avais un pot de jaune,
J’avais un pot de rouge, (bis)
Je les ai mélangés dans un grand saladier,
Et ça fait du orange,
Comme c’est étrange !

J’avais un pot de bleu,
J’avais un pot de rouge, (bis)
Je les ai mélangés dans un grand saladier,
Et ça fait du violet,
Et cela me plaît !

 

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Yakatougris a une botte secrète : dans ce monde tout gris, il décide de sortir sa palette et d’aller colorer ce monde si triste. Un album réjouissant sur l’optimisme !

Le monde de Yakatougris, Sandra Piquée et Laurent Simon, NordSud

L’avis de Pépita

Les couleurs ne sont pas toujours synonymes de gaieté. Voici un thriller dans lequel elles sont utilisées au profit d’un projet scientifique machiavélique. Doublé à une enquête journalistique à la chute surprenante, ce roman ne vous laissera plus voir les couleurs de la même façon.

La noirceur des couleursMartin Blasco, Ecole des loisirs, Médium+
L’avis de Pépita et Sophie
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C’est un incontournable, un de ces classiques qui ne vieillissent pas, et qui font encore le bonheur des enfants, des décennies après leur sortie.
Il y est question d’amitié, de se (re)connaitre, de grandir aussi un peu. Et de couleurs !
Petit bleu et petit jaune, Leo Lionni, l’école des loisirs
L’avis de Chloé et Sophie
 
Un album minimaliste, qui déroule l’histoire d’une promenade, une histoire qui tient en une seule phrase mais beaucoup d’images.
Petit escargot rouge, Rascal, pastel
Les  avis de Chloé et de Bouma
********Une palette de bleus enchanteurs nous envahit littéralement à la lecture de cet album délicat qui nous plonge avec douceur dans cet instant éphémère ou le jour cède la place à la nuit.
L’heure bleue, Isabelle Simler, Éditions courtes et longues
Les avis d’Alice, de Bouma, de Pépita, de Sophie et de Chloé.
Un livre à l’esthétisme minimaliste, qui invite les tout-petits à observer les nuances d’une forme et d’une couleur et à s’enrichir des différences.
Rond rouge, Claire Garralon, Actes Sud
L’avis d’Alice
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 Un album splendide et hilarant qui donne envie d’attraper pinceaux et couleurs et d’en mettre partout : car folie, maladresse et imagination débridée peuvent parfois nourrir les créations les plus inattendues !
Max et son art, David Wiesner, Circonflexe, 2011.
 Et voici une bande-dessinée qui évoque un autre destin d’artiste, celui de Zara. Si ses parents, poussés à bout, croient pouvoir brider le souffle artistique de leur fille, ils se trompent ! Elle attend patiemment de grandir suffisamment pour pouvoir atteindre sur les étagères les peintures, couleur après couleur…
Le secret de Zara, Fred Bernard et Benjamin Flao, Delcourt, 2018.
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Voici deux albums avec des jeux de calques pour apprendre les couleurs.
Le premier met en scène des éléphants et se termine en mémory tandis que le deuxième permet de voir le mélange des couleurs en faisant aller le calque de gauche à droite.Un recette simple mais efficace pour faire apprendre les couleurs de manière ludique.
 Couleurs de Pittau et Gervais, Albin Michel, 2014
L’avis d’Aurélie
 
Les couleurs de Patrick Georges chez Bayard Jeunesse, 2012
 L’avis d’Aurélie
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Parmi toutes les couleurs, s’en cache une qui bien souvent est associée à la peur. Apprenons à mieux la connaître dans Le noir de Lemony Snicket et Jon Klassen chez Milan, 2015.
L’avis de HashtagCéline et de Pépita
 Une maison amusante où des chats colorés vont un à un se coucher…C’est à découvrir dans cet album ludique au style épuré.
Au lit les chats de Barbara Urio Castro chez Saltimbanque, 2018.
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Entre l’album et le roman, Marie Sellier invite à une réflexion autour de l’art et de l’existence des couleurs. A quoi servent-elles ? Pourquoi le bleu est-il azur ? Presque philosophique, ce livre est une invitation à la création picturale.
Brume et les Toucouleurs, Marie Sellier et Lima, Éditions Courtes et Longues
L’avis de Bouma
Un album pour les petits qui abordent les couleurs avec des objets de leur quotidien tout en posant la question fatidique : de quelle couleur sont les bisous ? Réponse en lisant ce livre rigolo et plein de peps.
De quelle couleur sont les bisous, Rocio Bonilla, Ed. Père Fouettard
L’avis de Bouma et Sophie
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Et pour finir notre exploration de cette thématique, nous vous conseillons très fortement la lecture de Colorama de Crushiform chez les éditions Gallimard. Il en existe également un jeu de société.
L’avis de Pépita

Nos coups de coeur de décembre

Le Père Noël est passé et l’année 2018 vient de se terminer. Entre les préparatifs et les cadeaux, entre le sapin et les guirlandes, entre l’attente et l’impatience, entre les bons repas et les doux moments passés en famille, entre la nuit de Noël et le réveillon du jour de l’an, quels sont les livres qui ont rendu le mois de décembre encore un peu plus magique ?

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Alice s’est émue de l’histoire dramatique et marquantes des indiens canadiens et des pensionnats dans lesquels ils étaient enfermés  jusqu’à la fin du XX°siècle.

Son avis************************

Sur son île aux trésors, Isabelle s’est laissé emporter dans le tourbillon artistique de Zara, en lisant la dernière BD de Fred Bernard et Benjamin Flao, Éditions Delcourt, 2018). Et si un véritable talent se cachait derrière la peinture débordante de Zara ?

Son avis

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Découvert sur les étagères de notre médiathèque préférée, nous avons dévoré en famille Le Fabuleux voyage du bateau-cerf, de Dashka Slater et The Fan Brother, publié chez Little Urban. Nous y avons suivi Marco, le jeune renard, et son insatiable curiosité à travers une traversée mouvementée de la Mer de Perle. Cet album au format à l’italienne, qui n’est pas sans rappeler le format des carnets de voyage, nous embarque sur un navire extraordinaire où les questions de Marco vont de plus en plus prendre un accent philosophique. Ma chère Pépita donne son avis par là. 

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Sophie de La littérature jeunesse de Judith et Sophie a été emporté par la Création, mise à l’honneur dans l’album 7 jours et après de Thomas Scotto et Annelore Parot, publié chez Gautier Languereau. Ce mythe est magnifiquement illustré en noir, blanc et doré et adapté pour correspondre à la création artistique dans son sens le plus large de la naissance de l’idée à sa matérialisation.

Son avis ici.

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Dans son Méli-Mélo de livres, transformé en Méli-Noël en ce mois de décembre, difficile de choisir tant, déjà, les choix ont été mûrement réfléchis ! Mais Pépita choisit celui qui a ensoleillé l’approche de l’hiver, ce poussin jaune Piouh, petit habitant du grand bois (d’Estelle Billon-Spagnol chez Grasset jeunesse) pour sa bonne humeur, son amour de la vie, sa légèreté et sa malice !

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Pour HashtagCéline, la dernière lecture du mois de décembre aura aussi été le dernier coup de coeur de l’année 2018 : Miss Crampon de Claire Castillon chez Flammarion Jeunesse. Ce roman est une belle invitation à s’assumer, à se détacher du regard des autres et surtout à ne plus avoir peur de dire haut et fort ce que l’on pense.

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Pour Aurélie, ce fut un coup de coeur pour un éditeur : Voce Verso.

Après les avoir rencontrés une première fois en 2017 au Salon de Montreuil où elle avait pu voir, Tout s’éclaire,un album avec un jeu de lumière faisait apparaître un élément de part et d’autre de la page. Elle fit à nouveau leur rencontre au salon cette année et pu découvrir leur collection premières lectures Ginko et leurs albums sans texte. D’ailleurs, elle a rapporté à ses loulous Et après ? de Malthilde Magnan et Un bal d’enfer de Cécile Emeraud dont elle parle dans sa dernière vidéo.

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Et vous, avec quoi avez-vous passé vos soirées au coin du feu, sous un plaid et un bon thé ?