Harcelés, harceleurs…

L’école est un lieu d’apprentissage et de sociabilisation. Mais pour certains, l’école est aussi un lieu de souffrance. Le constat est terrible mais le harcèlement scolaire peut  aujourd’hui toucher chaque élève, surtout dans notre société actuelle où l’apparence prime sur le reste et où les réseaux sociaux sont omniprésents…

Alors, pour combattre ce phénomène, il faut en parler, toujours et encore. Et en littérature jeunesse, de nombreux textes abordent ce sujet pour que les harceleurs comprennent la bêtise de leur comportement et que surtout, les victimes puissent trouver le courage de parler…

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Dans Rattrapage paru chez Actes Sud dans la collection d’Une seule voix, Vincent Mondiot nous parle du harcèlement, à sa façon : sans filtre. C’est très juste, assez glaçant mais très parlant.

L’avis de HashtagCéline et de Pépita.

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Dis non, Ninon ! de Lisa Chopale paru chez Gulf Stream parle de ce sujet… avec humour. Ce qui est, je l’avoue pour le moins original. Au final, l’autrice délivre un message plutôt positif grâce à l’intervention d’un double du personnage principal tout à fait farfelu. A découvrir !

L’avis de HashtagCéline.

 

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Paru dans la collection Presto chez Magnard, Six contre un de Cécile Alix s’adresse à un lectorat un peu plus jeune ( à partir de 11 ans). Ici, on suit le harcèlement de l’intérieur avec un texte à la première personne qui nous plonge au coeur de la détresse du jeune héros. Très touchant.

L’avis de HashtagCéline et de Sophie.

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Un court roman très positif qui, en plus d’aborder le sujet du harcèlement, offre de nombreuses pistes de réflexion. Le courage d’être soi de Marianne Rubinstein paru chez Nathan est un texte à découvrir !

L’avis de HashtagCéline.

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Rackette-moi si tu peux de Sophie Adriansen illustrée par Clerpée paru dans la collection Les Graphiques chez Gulf Stream vise ici les élèves de primaire. Sous forme de BD, on découvre l’histoire d’Enzo, victime de racket. Une histoire à hauteur d’enfants qui met bien en évidence que le harcèlement peut prendre bien des formes, quel que soit l’âge…

L’avis de HashtagCéline.

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Un chouette roman illustré qui aborde la thématique de cette sélection avec plus de profondeur qu’il y paraît au premier coup d’oeil. Les Z’héros de cette histoire sont bien décidés à ne pas rester sous le préau de la honte ! Le Préau des Z’héros d’Estelle Billon-Spagnol est paru aux éditions Alice Jeunesse dans la collection Primo.

L’avis de HashtagCéline, de Pépita et d’Alice.

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Attention ! Si ce texte aborde le harcèlement, il l’aborde d’une façon plutôt sombre. Guenon de Pierre Brossaud paru au Rouergue Jeunesse sonne juste mais offre un dénouement complètement… vous verrez. Un coup de coeur !

L’avis de HashtagCéline.

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Une lecture marquante que ce roman La file seule dans le vestiaire des garçons de Hubert Ben Kemoun chez Flammarion, dans lequel la tension monte sur fond de harcèlement et de surenchère. Quand rien ne semble pouvoir arrêter cette escalade. Terrifiant et poignant.

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L’avis de Pépita et de Alice.

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Ce roman Les regards des autres d’Ahmed Kalouaz au Rouergue se place du côté des conséquences du harcèlement sur la victime mais il aborde aussi une question cruciale : celui d’oser se confier à des adultes pour dénoncer et se reconstruire. Se dire que c’est possible, cette confiance-là.

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L’avis de Pépita

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Ils sont rares les albums qui abordent ce sujet : Rouge de Jan de Kinder chez Didier jeunesse pose le vrai problème du harcèlement : la solitude face à la force du groupe et aussi le rôle important de l’adulte. Un album fort sur une situation vue à hauteur d’enfant, sur la solidarité et le courage de dire non.

L’avis de Pépita

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Dans ce roman, La plus grande peur de ma vie (Ecole des Loisirs), Eric Pessan a su aborder ce sujet d’une manière subtile car lui aussi détruit et tue à petits feux. Les camarades de Norbert vont prendre conscience de sa souffrance et de leur lâcheté à son égard. C’est un roman sur la responsabilité de chacun face aux autres.

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L’avis de Pépita

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L’album « ça suffit ! » de Barroux et Claude Stanké chez 400 coups aborde le quotidien d’un louveteau harcelé à l’école. Il ne suffirait qu’à prononcer deux mots mais ils sont si durs à prononcer…

L’avis d’Aurélie

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L’album de Grosse baleine de Davide Cali chez Sarbacane montre la résilience d’une jeune fille traitée de baleine.

L’avis d’Alice.

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Edgar en marre de se faire enquiquiner à l’école, pour se protéger rien de mieux que d’adopter un lion. Un album pour évoquer le harcèlement aux plus petits.  Edgar et son lion chez les éditions les minots  de Céline Person  illustrée par Cécile Vangout.

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P’tit nez de cochon raconte les moqueries sur le physique. Mais certains savent voir au travers, l’union fait la force. P’tit nez de cochon de Pog  et Annette Boisnard chez Les braques.

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Un album plus édité mais qui traitait du harcèlement : ça chauffe à la récré de la série Marco et Zélie de Arnaud Alméras et Robin chez Amaterra.

 

 

Sélection thématique : Les secrets

Après la lecture commune de l’Arrêt du coeur, les blogueuses d’À l’ombre du grand arbre ont remarqué que le secret concernait beaucoup de lectures de leurs bibliothèques. Elles vous en proposent quelques-unes cette semaine.

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La forêt s’agite. Renarde a un secret, qu’elle décide de partager. Les animaux se le transmette d’oreille en oreille jusqu’à ce que ça n’en soit plus un ! Un livre tendre sur la naissance.

Le secret, Emile Vast. Editions Mémo. 2015

Les avis d’Alice et Aurélie.

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Un secret sur fond de colonialisme.

Tous les oiseaux savent. Claire Mazard. Oskar jeunesse. 2017

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L’histoire d’un garçon particulièrement secret, à la recherche de ses origines…

Vango. Timothée de Fombelle.Folio Junior. 2010

Les avis d’Isabelle et de Bouma

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Un roman à huis clos où une mère embarque sa fille dans une cabane au fond des bois et se dévoile le temps d’une nuit.

L’aube sera grandiose. Anne-Laure Bondoux. Gallimard jeunesse. 2017

Les avis de Pépita, SophieHashtag Céline et Aurélie et notre lecture commune.

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Une BD touchante et un secret omniprésent…

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill. Jean Regnaud et Emile Bravo. Gallimard. 2007.

Les avis de Bouma et de Sophie.

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Un jeu de piste à découvrir pour percer à jour le secret d’une maison singulière !

Volubilis. Max Ducos. Sarbacane. 2006

Les avis d’Isabelle et de Sophie

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Une série BD.

Les carnets de Cerise. Joris Chamblain et Aurélie Neyret . Soleil. 2012. 

Les avis de Bouma et Solectrice.

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Un album mettant en scène un loup qui doit affronter tous les préjugés sur son espèce. Mais grâce à la pureté d’un petit garçon, il a désormais un secret.

Le secret du loup. Florian Pigé et Morgane de Cadier. Hong Fei éditions. 2017

Les avis de Sophie, Chlop et Aurélie.

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Une petite souris trouve un trésor (une pomme) et souhaite le garder secret, elle l’enterre. Mais la nature va vite se dévoiler.

Le secret. Eric Battut. Didier Jeunesse. 2004.

L’avis de Chlop.

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L’histoire d’une jeune fille qui enquête sur la mort mystérieuse de ses parents.

Un si terrible secret. Evelyne Brisou-Pellen. Rageot.  1997 (réédition 2017)

L’avis de Yoko Lulu

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Un roman avec des énigmes à résoudre.

Le secret du grand-oncle Arthur . Véronique Delamarre-Bellego. Oskar Jeunesse. 2012

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Quand une inconnue fait voler ta famille en éclats

Comme une envie de voir la mer. Anne Loyer. Alice éditions. 2015

Les avis de Pépita, Bouma et Alice

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Un livre d’art.

L’arbre de Sobo. Marie Sellier et Charlotte Gastaut .Réunion des Musées Nationaux. 2018

L’avis de Pépita

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Un secret en plein cœur de la première guerre mondiale.

Capitaine Rosalie. Timothée de Fombelle et Isabelle Arsenault. Gallimard. 2018

Les avis de Pépita, Hashtag Céline et Sophie. Lecture en duo à lire sur le blog.

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Un splendide album écologique et un secret qui fait peur à tous, sauf à la petite Erine qui est bien décidée à le percer à jour…

Le secret du rocher noir. Joe Todd-Stanton. L’Ecole des loisirs. 2018

Les avis de Pépita, Isabelle et Sophie.

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Les non-dits familiaux (dont l’anorexie) dans le contexte de la deuxième guerre mondiale.

Sobibor. Jean Molla. Gallimard. 2003

Mémoire en eaux troubles, de Joëlle Van Hee. Éditions du Jasmin. 2017

L’avis d’Isabelle

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Des romans adultes à mettre dans les mains de nos ados :

Rien ne s’oppose à la nuit. Delphine de Vigan. J-C Lattès.2011

Un secret. Grimbert Philippe. Grasset. 2007

Nous espérons que tous ces secrets vous auront inspirés…

 

 

 
 
 
 
 

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Souvenirs


Avant de changer d’année, des souvenirs pleins la tête, explorons quelques lectures qui nous ramènent en arrière. Voilà un thème qui traverse de nombreuses fictions jeunesse, qu’il soit seulement évoqué ou au centre de l’histoire. Entre réminiscences familiales et moments durs à digérer, ces fenêtres ouvertes sur le passé nous touchent souvent.

 

Dans Le Tiroir à histoires

June et Jo – les souvenirs de Séverine Vidal et Amélie Graux

La maison en petits cubes de Kunio Katô et Kenya Hirata

 

Lire les avis de Bouma, Sophie et de Pépita.

 

Bouche Cousue de Marion Muller-Collard

Ce récit tourne autour d’un souvenir de jeunesse qui remonte à la surface suite à un événement.

Lire l’avis de Pépita

 

 

Sur Méli-Mélo de livres

 

Le jardin des ours Fanny Ducassé. Thierry Magnier.

Quand se souvenir de ses deux grands-pères, aujourd’hui disparus, donne un album d’une rare sensibilité et aux illustrations magnifiques.

Lire aussi les avis de Céline et Sophie

 

L’armoire Anne Cortey, illustré par Claire de Gastold. Grasset jeunesse.

Une armoire, métaphore de la grand-mère disparue et dont la présence angoisse une petite fille. Quand les souvenirs rattrapent les générations qui suivent, une approche bien vue.

 

La couverture : une histoire en petits carreaux (de tissu) Isabel Minhos Martins Yara Kono. Editions Notari.

Une histoire qui sublime le souvenir, le partage, la transmission entre générations.

 

Sur les Lectures Lutines

Le Jardin de Minuit d’Edith. Editions Noctambule.
Quand un enfant partage mystérieusement les souvenirs d’une demoiselle dans un fabuleux jardin.
Lire aussi les avis de Bouma et Sophie

La belle histoire d’une Vieille Chose, de Louis Emond et Steve Adams.

Quand une voiture se souvient de ce qu’elle a été avant de n’être plus qu’une vieille chose.

 

Les bruits chez qui j’habite de Claire Cantais et Séverine Vidal.

Des souvenirs sonores que l’on goûte délicieusement. De petites portes qui s’ouvrent vers un monde de l’enfance que l’on n’a pas oublié.

 

 
A lire au Pays des Merveilles
La mémoire en blanc de Isabelle Colombat. Thierry Magnier, 2015
Quand pour se réconcilier avec sa propre histoire, Léonie se construit sur de de bouleversants souvenirs et nous oblige à (re)découvrir un épisode récent de l’Histoire du Rwanda. N’oublions pas…

Après la peine / Ahmed Kalouaz. Rouergue, 2014.

 

Un tête à tête mélancolique entre un père et son fils entre souvenirs et révélations.

Lire aussi les avis de Pépita et de Bouma.

Vide-grenier / Davide Cali, Marie Dorléans. Sarbacane, 2014
Bric à brac de souvenirs entassés dans le grenier ; il suffit de remettre le nez dans les cartons oubliés pour retomber en enfance et décidé .. de ne plus s’en séparer !
Lire aussi l’avis de Chlop.
Sur Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait Livresse
Les souvenirs, ça se construit aussi ! Ou comment transformer le malheur en bonheur ? Une belle illustration de résilience avec une galerie de personnages hauts en couleur.
Lire aussi les avis d’Alice et de Pépita.
Souvenirs de papier de Baptistine Mesange et Jessica Lisse.
Dans cet « album-souvenir », le narrateur revient sur les amis de papier qui ont peuplé son enfance : un ours en peluche à qui il a offert une partie de son cœur, une jolie poupée et son amie imaginaire, un coffret pour y glisser tous ses secrets… Un album très psychologique voire philosophique qui aborde avec beaucoup de justesse, de tendresse et une petite pointe de mélancolie le passage de l’enfance au monde adulte.
Dans Un Petit bout de Bib(liothèque)
Mon grand-père de Christine Schneider et de Gilles Rapaport.

Un livre sensible qui rappelle tous ces moments de l’enfance passés avec son grand-père, ceux qui restent malgré la disparition de l’être cher.
Lire l’avis de Pépita
Le Marchand de souvenirs de Ghislaine Biondi.
Quand on n’a pas eu de père, difficile de s’en souvenir. C’est pourtant ce que propose ce marchand de souvenirs…
Un album intemporel qui rappelle que chaque être humain est passé par mille vies avant de devenir celui que l’on connaît. Avec tout le talent de Lane Smith, en plus.
Chez La Collectionneuse de Papillons
Quelqu’un qu’on aime de Séverine Vidal.

Partir à la recherche de ses souvenirs, une quête qui n’a pas de prix, surtout quand elle permet à une jeune homme de construire le lien avec son grand-père.
Lire l’avis de Pépita
La Gigantesque petite chose de Béatrice Alemagna.
Béatrice Allemagna signe un album gigantesque pour évoquer ces moments infiniment précieux que nous chérissons tous au fond de notre mémoire.
Dans la Littérature enfantine de Chlop
 
Guirlandes de poupées, J. Donaldson R. Cobb Kaléidoscope
Entre réel et imaginaire, une fillette joue avec une guirlande de poupées. Jusqu’au moment où elles croisent une paire de ciseaux bien réels, et c’en est fini de la guirlande de poupée… Mais il reste toujours quelque chose des bons moments passés, une place attend les poupées disparues dans la mémoire de la fillette.
Dans la maison de ma grand-mèreAlice Melvin, Albin Michel jeunesse
Nous suivons une petite fille qui traverse la maison de sa grand-mère, dans la quelle chaque pièce, chaque objet, lui évoque un doux souvenir.
Lire l’avis de Pépita
Dans l’Atelier de Cœurs
Mon bison de Gaya Wisniewski chez Mémo
L’histoire d’une amitié entre une petite fille et un bison racontée par une vieille femme.
Une somme de souvenirs de Thomas Scotto et Annaviola Faresin chez Notari
L’histoire d’un homme qui décide de se séparer de ses souvenirs et qui ignore qu’ils ont aussi du sens pour les autres.
Le grenier de Mona Leuleu chez Seuil Jeunesse
Des souvenirs à découvrir à l’aide d’une torche à lumière bleue.
Mamie est partie de POG et Lili la Baleine chez Gautier Langereau
Une petite fille qui arrive à faire le deuil de sa grand-mère grâce aux souvenirs qu’elle lui rapportait de ses voyages.
Sur l’île aux trésors
Mémoire en eaux troubles de Joëlle van Hee
 
Un roman qui évoque à la fois les souvenirs de la deuxième guerre mondiale, à travers le grand-père du protagoniste, et la perte de mémoire suite à la maladie d’Alzheimer.

 

 

Bons souvenirs de 2018 !

En attendant nos coups de cœur de l’année qui vient de s’écouler, toute l’équipe A l’Ombre du Grand Arbre vous souhaite un joyeux réveillon !

Comme un funambule sur son fil…

Il ne s’agit pas d’une sélection sur le cirque…

Mais d’un roman d’une jeune auteure belge prometteuse, Marie Colot, illustré par Rascal, belge lui aussi. Publié chez Alice jeunesse, dans la collection Deuzio.

Et qui de mieux pour partager cette lecture que ma copinaute Céline, belge elle aussi ?

Une lecture commune donc en tête-à-tête (qui n’est pas une première pour nous deux) sur un roman qui est loin de laisser indifférent : une relation particulière entre une jeune fille et une vieille dame, sur fond de drame familial…

Jugez plutôt…

Pépita : Le titre m’a beaucoup intriguée : Souvenirs de ma nouvelle vie. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Et toi ?

Céline : Moi non plus… Surtout que le mot « souvenirs » évoque davantage le passé que l’avenir ! Du coup, ce titre m’a d’emblée intriguée ainsi que l’illustration de Rascal. Quel allait pouvoir être le dénominateur commun entre les deux ? Le résumé de 4e de couverture n’a fait que jeter davantage le trouble… J’étais ferrée. Plus qu’une seule solution : entamer l’histoire…
C’est toi qui la résume ?

Pépita : Exactement comme toi…souvenirs…nouvelle vie…un appareil photo…de quoi ça parle ?
C’est l’histoire d’une jeune fille de presque 12 ans, Charlie, dont l’ambiguïté du prénom la gêne beaucoup même si elle en joue. Elle vient de vivre le « pire des pires jours de sa vie » et ce déménagement en est la conséquence, ainsi que des parents hyper-étouffants et hyper-protecteurs. Pour tuer l’ennui, Charlie décide de faire connaissance avec ses voisins d’immeuble. Munie de son Polaroïd, elle leur demande l’autorisation de prendre une photo de la vue de chaque étage. En même temps, elle « vole » ou « emprunte » un objet de chaque personne sur son passage. Elle va essuyer des refus mais aussi faire des rencontres surprenantes, notamment cette vieille femme excentrique du troisième, Mme Olga. Va se tisser entre elles un lien curieux, fragile mais fort. Quelque chose à ajouter Céline ?

Céline : Non, cela me semble parfait… Juste préciser que Charlie a une façon bien à elle d’appréhender le monde qui l’entoure, ce qui en fait un personnage terriblement attachant qui nous accroche le cœur dès les premiers mots. Je pense que le succès de ce titre est en partie lié à sa personnalité hors du commun et à son idée géniale de voyager sans quitter son immeuble ! Son « Carnet d’exploration des étages », on aurait bien envie de l’adopter, nous aussi, et de l’adapter à notre sauce…

Pépita : Je l’ai trouvée aussi épatante cette Charlie ! Une sacrée personnalité, des ressources qu’elle puise en elle, une volonté de faire les choses qu’elle a décidé envers et contre tout, une exigence dans ses relations aux autres, un regard très lucide sur le monde des adultes, une façon de gérer le drame familial traversé et dont elle souffre aussi énormément, mais elle a décidé d’en faire une force. Sans le savoir, elle se guérit toute seule, sinon elle sent bien qu’elle pourrait s’écrouler elle aussi et sombrer. Un vrai tourbillon qui emporte dans son sillage les adultes, Mme Olga et aussi ses propres parents.
D’ailleurs, comment tu les as perçu les parents de Charlie ?

Céline : Comme des parents, foudroyés par un drame – ou plutôt des drames ! Le père tente tant bien que mal de maintenir l’église au milieu du village, mais ce n’est pas simple. La famille doit faire le deuil de tant de choses… Tous leurs repères sont bouleversés, toutes leurs façons de faire balayées. Ils ne sont plus les parents qu’ils étaient. Et qui sommes-nous pour leur jeter la première pierre car, le pire des pires jours de leur vie, personne ne voudrait le vivre ! Comme tu le dis, grâce à sa personnalité et à ses rencontres, Charlie se guérit mais, dans son sillage, elle guérit aussi son entourage. As-tu le même ressenti ?

Pépita : Oui, par rapport à ses parents, c’est terrible. Ils essaient de se maintenir la tête hors de l’eau. Le papa m’a beaucoup touchée dans sa façon de vouloir garder le cap malgré tout. Il n’a pas rompu le dialogue avec Charlie. Pour la maman, c’est très différent. Cependant, j’ai trouvé que Charlie a bien du mal à trouver sa place dans tout ça et que ses parents ne lui tendent guère de perche. Ils sont trop ensevelis par leur chagrin et comme tu dis, on ne peut pas leur en vouloir. Charlie secoue tout ce petit monde, elle refuse de se laisser submerger, elle fait un très beau chemin de résilience et réussit à redonner le sourire et l’envie de vivre à ses parents, surtout à sa maman. C’est un aspect du roman absolument lumineux.
Et Mme Olga, cette fameuse Madame Olga, comment tu l’as perçue ? Intrigante, non ? J’ai encore même du mal à comprendre leur attirance réciproque…

Céline : Oui, tu as raison pour la mère. Mais, en même temps, elle est doublement victime, et dans son cœur et dans sa chair ! Pour Olga et Charlie, je pense qu’elles ont toutes les deux les mêmes fêlures. Toutes les deux vivent des événements qui brisent le cours de leur vie, un accident pour l’une, la maladie pour l’autre. Les relations familiales ne sont en outre pas simples, ni pour l’une ni pour l’autre. Elles sont toutes les deux sur le fil… Pour ne pas sombrer, elles recourent à leur imaginaire : l’exploration des étages pour l’une, la vie par procuration pour l’autre… Elles partagent aussi cette même soif de vivre, ce même regard curieux sur ce qui les entoure. Bref, malgré leurs différences (la première étant la différence d’âge), je pense que chacune se retrouve dans l’autre et y puise la force d’aller de l’avant. Et toi, qu’est-ce qui t’intrigue tant chez cette madame Olga ?

Pépita : Ce personnage m’a mise mal à l’aise. Elle trompe Charlie et j’ai trouvé cet aspect difficile. Charlie donne plus d’elle que Mme Olga ne le fera jamais. Je l’ai « excusée  » à un moment donné en me disant qu’avec l’âge, elle devenait gâteuse. Mais non. Elle se cache derrière son affabulation. Et elle la sert à Charlie qui, elle, a été loyale avec elle. Quand elle s’en aperçoit, elle le vit comme une trahison d’ailleurs. Mais une trahison qui va prendre le chemin du pardon. Dans ce roman, ce sont les adultes qui apprennent des enfants et non l’inverse.

Céline : Pour te répondre, j’ai relu la fin… Et non, je ne partage pas ton avis. Le personnage d’Olga m’a fait penser à ma grand-mère qui travestit de plus en plus la réalité. Même si Charlie est trop jeune pour mettre des mots sur ce qui arrive à son amie, elle finit par le comprendre. Le lecteur aussi, grâce au carnet d’Olga et à la petite carte qui se trouve à la fin. Une autre habitante de l’immeuble lui explique « le truc du funambule » : « Il existe un fil invisible sur lequel chacun marche. Il arrive que certains basculent. Et tombent. On ne sait où. Parce qu’il n’y a ni trou ni vide. » Olga est tombée ! Charlie le sent, ce qui explique son projet final et la chute de l’histoire…

Pépita : La résilience, c’est aussi le thème de ce roman que l’auteure a choisi d’aborder par cette métaphore de l’appareil photo de Charlie. Ce parti pris est accentué par les illustrations de Rascal : des sortes de tampons-images en noir. Tu l’as ressenti aussi comme cela ?

Céline : Oui et cet appareil a une fonction différente pour l’une et pour l’autre. Pour Charlie, il lui permet de s’évader de la cage dorée que ses parents dressent, bien malgré eux, autour d’elle et, pour Olga, c’est l’inverse il me semble : ses photos la raccrochent à une certaine réalité qu’elle fuit inexorablement. Les illustrations en noir et blanc renforcent cette idée de négatif et de positif, cette idée aussi de funambule qui, à tout moment peut basculer d’un côté ou de l’autre… De par leur duo improbable, elles arrivent à trouver un équilibre et à se sauver l’une l’autre.

Pépita : Tout à fait d’accord avec toi pour la fonction révélatrice à l’endroit à l’envers de l’appareil photo. Pour Olga, je vais donc relire la fin alors…Manifestement, je suis passée à côté de quelqu’un…

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Dans ses romans, Marie Colot a l’art de rendre vivants ses personnages, à tel point qu’ils nous paraissent de chair et de sang !  Il suffit de parcourir notre discussion pour s’en convaincre.  J’espère que celle-ci donnera envie à d’autres lecteurs de découvrir cette jeune auteure de talent.  Merci Pépita pour ce moment de partage.  J’ai envie d’emprunter ta citation fétiche pour conclure :

« Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade. »
Julien Green

Ce fut doublement le cas avec ce titre !

* Nos billets :
Souvenirs de ma nouvelle vie sur Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse et sur Méli-Mélo de livres
En toutes lettres, le premier roman de Marie Colot
Le site de Marie Colot

Son dernier roman paru en avril dernier :

A l’origine de ce roman singulier, une aventure d’écriture collective de sept mois avec dix-huit classes d’enfants de dix à douze ans…