Coups de coeur de l’été

Ca y est, l’été se termine, la rentrée des classes est arrivée à vitesse grand V. Sous le Grand Arbre c’est l’occasion de partager nos lectures de l’été. Car si nous aimons voyager comme nous l’avons expliqué dans nos billets d’été, nous aimons aussi ces moments de calme à l’ombre, avec un livre et une boisson fraiche à portée de main que permet cette pause estivale.

Nous souhaitons une belle année scolaire à tous les petits, moyens et grands lecteurs ainsi qu’à leurs encadrants !

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Une fois n’est pas coutume, Lucie a sélectionné trois titres : un album, un roman et une pièce de théâtre. Il faut dire qu’il n’a pas été facile de faire un choix parmi toutes les belles découvertes de l’été…

Le cadeau est un album très touchant. Son héroïne est une petite fille accompagnée par une grande silhouette dans ses activités du quotidien et guette la lune chaque soir. Qu’attend elle avec tant d’impatience ? C’est tout l’enjeu et la beauté de cette histoire pleine d’émotions. Un album sur l’attente, la séparation et les retrouvailles illustré avec beaucoup de douceur par Barroux.

Le cadeau, Louison Nielman, illustrations de Barroux, D’eux, 2024.

Son avis complet, celui d‘Hélolitlà.

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Cela faisait longtemps que Lucie avait envie de lire NOUS, le dernier roman de Christelle Dabos. Avec, comme toujours, le risque d’être déçue. Mais une nouvelle fois, elle a été emportée par l’univers et l’imagination sans bornes (semble-t-il) de cette auteure. Dans une société dystopique régie par les « Instincts » à la fois crédible et réjouissante (le côté rétro futuriste est particulièrement maîtrisé), elle brasse tous les thèmes qui lui sont chers. Les enjeux, les personnages, l’univers… tout est surprenant, questionne, divertit. Cette lecture est de celles auxquelles on pense encore longtemps après avoir refermé le livre.

NOUS, Christelle Dabos, Gallimard jeunesse, 2024.

Son avis complet, celui d’Héloïse ici.

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Enfin, si elle ne lit pas souvent de pièce de théâtre, Lucie a été bouleversée par la Mauvaise Pichenette de Magali Mougel. Trois personnages, une cuisine, une économie de mots au service de l’efficacité. Car c’est un texte coup de poing qui traduit les revendications, les peurs, la violence aussi de certains ados qui ne trouvent pas leur place dans la société. En 48 pages, la dramaturge questionne la famille, la transmission, l’accueil de la différence et la difficulté de dialoguer lorsqu’on ne se retrouve plus sur l’essentiel. Puissant.

Mauvaise pichenette, Magali Mougel, Espaces 34, 2024.

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En juillet, Héloïse a été bouleversée par sa lecture de Nos Constellations, de Florence Quentin. une histoire qui tourne autour de deux lycéens : Maxence. Aurélien. Deux anciens amis d’enfance, à la relation fusionnelle, brutalement séparés. Après sept ans sans se voir, ils se retrouvent un été. Avec cette question, au fond d’eux : l’alchimie qu’ils ont ressenti étant enfants est-elle toujours là ?

Héloïse a été transportée, émue, bouleversée parfois par ces deux jeunes hommes et les personnages qui gravitent autour d’eux, par cet amour naissant et si profond qu’il renverse tout sur son passage. c’est un roman plein de tendresse, d’humour, d’émotions, de tristesse et de joie. Deuil, homophobie, harcèlement,… les thématiques sont difficiles, mais l’histoire est lumineuse, pleine de poésie , et terriblement romantique. Un coup de cœur, un coup au cœur.

Nos Constellations, de Florence Quentin. Edité par Didier Jeunesse, Juin 2025

Sa chronique Complète ICI.

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D’autres romans ont énormément marqué Héloïse, et elle a bien du mal à choisir ! La saga des mystères, de Jeff Wheeler, qu’elle dévore ? A season for Scandal, une douce enquête engagée de Laura Wood, qu’elle a adoré ? Hyper, le dernier roman d’Émilie Chazerand, qui l’a marqué, bouleversée, essorée ? Il faut dire qu’elle a fait d’excellentes lectures !

Mais le dernier roman ado en date qu’elle a trouvé très chouette, c’est le premier tome de L’Odyssée des Tranchevent, de Noémie Delpra. Héloïse a particulièrement apprécié l’héroïne : une héroïne en fauteuil roulant, ce n’est déjà pas très courant, et en plus, elle est très généreuse et résiliente. Et puis l’univers, ces îles perchées dans le ciel, dans lequel les gens sont « appairés » avec des créatures volantes, est particulièrement poétique, tout comme la plume de l’autrice.

Avec cet ouvrage, Héloïse a vécu une très belle aventure. Peuplée de dangers, de mystères, de découvertes hautes en couleurs, c’est une histoire envoûtante et passionnante dont elle a hâte de lire la suite !

L’odyssée des Tranchevent, tome 1 : La Dame sans déesse, de Noémie Delpra. Édité par Gulfstream éditeur, août 2025.

Sa chronique complète ICI.

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Pour Liraloin, l’été a été marquée par des lectures complétement différentes. Entre poésie et romance piquante, le voyage s’est également invité. Des coups de cœur qui font du bien pour dynamiser cette rentrée qui démarre en trompe ! Vive le plein de bonnes lectures !

Ouvrons le bal et quel bal… avec l’histoire de Blythe et Briggs. De la romance dites-vous? oui mais pas que ….Tout est électrique dans ces planètes qui ne s’alignent pas et se manquent perpétuellement. Justement parlons-en des dialogues piquants, un vrai régal à lire et on sent toute l’influence de Jane Austen. L’ensemble est frais, caustique à souhait et ne tombe jamais dans le romantisme mièvre, au contraire l’amusement est au rendez-vous.

Romance à l’anglaise de Erica George – Casterman, 2025

Son avis complet ici

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Les éditions du Port a jauni est spécialisé dans la poésie et nous offre un panel de textes dont les illustrations viennent chaleureusement compléter les mots. Dans Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti, illustré par Gabriella Corcione, on crie des poèmes, on murmure des poésies. On attrape des mots au vol qui tournent dans la bouche et le cœur. Attendre parfois, relire souvent. La poésie est une invitation à la lenteur. Ce n’est pas au hasard que Gabriella Corcione a choisi la samare comme illustration d’intérieure de couverture. Des petites ailes jetées, tourbillonnant par-dessus les toits. Pierre Soletti dans sa nostalgie invite son lectorat à voyager en lui pour mieux s’interroger sur autrui.

« De mon toit d’ardoises

je t’écris

des cartes postales

à la craie »

Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti & illustrations de Gabriella Corcione – Le port a jauni, collection : Poèmes, 2021

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Enfin, le voyage ouvre grand ses bras pour un moment de contemplation intense et cette sensation ne se refuse pas. Il faut parfois faire des petits efforts pour être amplement récompensé !

Sac à dos, chaussures de rando, vêtements de pluie car quand elle tombe cette pluie, elle n’est pas en reste. Carnet à dessin à la main, surtout ne pas laisser passer un paysage, un visage, une rencontre entre deux arrêts de bus ou de train. Quel périple d’efforts moultes fois récompensés par l’instant présent capté à la pointe du crayon.

Au fil de son parcours, Nicolas Jolivot nous invite à filer avec lui sous les volcans de l’île du Soleil-levant. Suivre avec lui cette balade entre zone rurale et urbaine nous transporte un peu dans cette vie japonaise qui s’organise, en témoignent les somptueux dessins de ce carnet.

Japon, à pied sous les volcans de Nicolas Jolivot – HongFei, 2018

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Les coups de cœur de l’été de Séverine font partie, selon elle, de ce que la littérature pour ados produit de mieux dans cette littérature du réel qu’elle affectionne. Sujets actuels, style, ampleur. Ils sont rivés au monde d’aujourd’hui. Exigeants, on ne s’en empare pas à la légère. Mais les ados les méritent.

Dans Anse rouge, la psychologie des personnages a été fouillée de fond en comble par Sandrine Caillis, elle n’a rien laissé au hasard. Ni les regards, ni les corps qui s’expriment, ni les dialogues au couteau…Ils tendent un récit magistral sur le mépris et la domination de classe, d’autant plus violents qu’ils sont perpétrés par une jeunesse désinvolte et superficielle. On sort rincé.e de cette expérience de cruauté juvénile, où l’espoir, toutefois, se fraye un chemin. Que dire de plus, sinon que la plume de Sandrine Caillis est haletante, elle serre la gorge, les larmes ne sont jamais loin, de détresse ou de colère. Pour autant, elle est aussi d’une grande justesse, avec juste ce qu’il faut de poésie et de sensibilité. Poignant.

Anse rouge, de Sandrine Caillis, Editions Thierry Magnier, 2022

Séverine est tombée dans les magnifiques filets de Cécile Alix  il y a quelque temps déjà et, par exemple, son A(ni)mal est un des romans (ado mais pas que) qui l’a la plus marquée ces dernières années. Son dernier roman, Enragée, c’est l’histoire de Fauve, adolescente furieuse fugueuse, qui préfère vivre dans la rue, avec tout ce qu’elle comporte de dangers pour une jeune femme, plutôt que de vivre chez sa mère biologique et subir la séparation forcée d’avec sa famille de cœur. Écrits dans une langue au plus près des peurs, des doutes, des espoirs, des sentiments qui  traversent cette aventurière de l’extrême sensibilité, certains passages sont écrasants de noire tension, de désespoir, de douleur insoutenable. Pour autant, grâce aux belles rencontres qu’elle fait, à sa passion pour la danse, à l’amour qui pointe le bout du nez, le positif résiste. Un roman fort qui résonnera longtemps…

Enragée, de Cécile Alix, Slalom, 2025

Le dernier roman de Marine Carteron, Les effacées, récit d’une nuit teintée de paranormal, mêlant histoire de l’art, féminisme, sororité… invite à la réflexion, émeut, encourage, il consolide…Les femmes seraient-elles vouées éternellement à être les faire-valoir, les éphémères, celles qu’on abandonne une fois qu’on leur a tout pris ? No way ! C’est cette conviction qui guidera Joséphine, après sa nuit forcée au musée d’Orsay, au cours de laquelle elle fera une rencontre décisive pour le reste de sa vie. Tout en poésie et émotions, entre solitude et prise de conscience, Marine Carteron peint finalement, de ses vers libres et mots sensibles, un très beau portrait de fille qui grandit et s’émancipe, prête à prendre place, à s’exposer et s’encrer au monde.

Les effacées, de Marine Carteron, illustré par Mathilde Foignet, Editions du Rouergue jeunesse, 2025

Emile Chazerand peut faire pouffer de rire Séverine et lui faire verser des larmes de crocodile en lisant la même page, c’est une prouesse assez rare pour être soulignée. Son dernier roman, Hyper, traite de sujets sensibles comme le suicide, la santé mentale, la grossophobie, la solitude, les relations intrafamiliales cabossées, avec une profondeur abyssale, un style phénoménal et un sens des dialogues dinguissime. Sans pour autant faire sombrer à son tour dans une dépression irréversible, grâce à un humour féroce, décalé, qui fait sans cesse des pirouettes. Séverine vécu un grand moment de lecture. Elle n’oubliera jamais Miriam, adolescente complexée qui traîne sa carcasse et ses névroses dans un environnement hostile, héroïne hyper (il fallait bien le placer🤷‍♀️) attachante. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir été emportée, puisque prochainement, une lecture commune sous le Grand arbre, viendra détailler plus particulièrement tout ce qui touche dans ce très beau roman.

Hyper, d’Emilie Chazearnd, PKJ, 2025

Sa chronique groupée ICI. Celle de Liraloin

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pour Blandine, l’été fut autant propice à de belles et nombreuses lectures qu’à de chouettes balades forestières, maritimes et même citadines !

Dans nos maisons. Nancy GUILBERT et Séverine DUCHESNE. Alice Editions, 2024

Nos maisons disent beaucoup de nous-mêmes. Elles nous ressemblent et sont refuges, aussi faut-il les choisir avec soin, même si cela prend du temps. Après « Sur mon chemin », Nancy Guilbert et Séverine Duchesne se retrouvent pour nous offrir ce très bel album, aux mots-poésies et aux illustrations combinant objets réels, dessins, découpes et collages. Une jolie merveille !

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L’apprentie cartomancienne. Aurélie CROIZÉ. Gulf Stream Editeur, 2024

Paris, 1803. Auparavant diseuse de bonne aventure, Louise travaille, et habite, désormais, avec la célèbre Marie-Anne Lenormand, cartomancienne et nécromancienne, chez qui le beau monde accourt. Mais un jour, Marie-Anne est arrêtée et emprisonnée pour « trahison ». Résolue à aider sa mentore, Louise va mener l’enquête avec l’inspecteur Brandicourt. Elle sollicite l’aide de l’Impératrice Joséphine elle-même et n’hésite pas à se mettre en danger pour résoudre une mystérieuse affaire de meurtre, qui pourrait bien être liée à ce qui est reprocher à Marie-Anne.

L’apprentie cartomancienne est un thriller historique haletant qui nous plonge avec réalisme dans le Parie et la société d’alors; nous décrivant ses bas-fonds, ses croyances, ses rouages et ses complots à tous niveaux.

Amnesia. Juan ECHEVERRIA. Actes Sud Jeunesse, 2024

Ibrahim vit dans une cité du nord de Paris. Les tours, les habitudes, les deals en tout genre, les codes à respecter, Ibrahim veut voir autre chose. Alors il prend son vélo pour remonter le canal et aller pêcher, au milieu de la nature, et du silence surtout. Pour oublier la mort de son frère aîné et ce que ça a entraîné dans sa famille, pour faire silence, pour réfléchir à Chéryne. Mais chaque nuit, un cauchemar plus réaliste que la réalité l’assaille et le questionne. Et si il y avait un message à comprendre ?

Ce court roman nous offre une immersion dans une cité, avec sa culture et ses lois, tout comme une réflexion sur nos lignées et choix de vie ; sommes-nous condamnés à suivre nos ascendants, sommes-nous conditionnés, ou pouvons-nous faire des choix qui nous ressemble, pour s’accomplir individuellement, tout en faisant société? Tout sonne juste, terrible ou beau.

Le Jardin dans le ciel. Romain POTOCKI. Albin Michel, 2025

pour les plus grands, une lecture intense, immersive, réelle, tour à tour joyeuse et grave, qui nous emmène dans une cité du 9-3, auprès d’un ado de 17 ans, qui vit seul avec sa mère, avec qui il ne partage rien, car elle ne l’aime pas et lui reproche le départ de son père plus de dix ans auparavant. Malade, elle est hospitalisée. Notre ado en profite pour se rendre sur le toit de sa tour et cultiver de l’herbe. Mais comme rien ne peut se faire sans l’accord du caïd des lieux, El-Ghaib, il va lui demander l’autorisation de cultiver des fleurs. Ce dernier accepte tout en lui ordonnant d’offrir chaque jour un bouquet à une personne différente. Sinon… En parallèle, ses livraisons personnelles l’amènent à passer le seuil d’une librairie atypique, tenue par Sophie.il va y découvrir le pouvoir des mots, l’amour des livres, la préciosité de l’amitié, la valeur de la vie.

Le Jardin dans le ciel est un roman au ton faussement léger, écrit dans une langue très orale, au phrasé de cité, à l’argot des rues, qui nous plonge instantanément dans le quotidien de notre ado, pour qui on se prend très vite d’affection. C’est qu’il est tendre ce jeune homme, et sa vie pas facile. Ce roman c’est un concentré d’émotions, de sensibilités, de subtilités aussi. Outre les débats littéraires et poétiques, on y découvre différentes variétés de fleurs, ce que signifie prendre soin des autres et comment. C’est un roman de vie, de la vie, avec ses rencontres, ses joies, ses difficultés, et son métissage. Un vrai bonheur de lecture !

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Si l’été et les vacances tournent la page, celles des livres demeurent, et n’ont pas besoin de saisons pour se laisser lire ! Partagez-vous nos Coups de Cœur ? Quels ont été les vôtres ? Bonne Rentrée !

Notre auteure – illustratrice essentielle : Isabelle Simler

Isabelle Simler s’impose dans le paysage des auteures-illustratrices depuis quelques années et la littérature de jeunesse en est ravie. Celles qui y ont participé ont d’ailleurs un souvenir ému de la lecture commune de son album Les idées sont de drôles de bestioles. Nous apprécions grandement son trait ou plutôt ses nombreux traits qui pleuvent pour créer de magnifiques illustrations. Justement la précision vient de la pointe de sa palette de crayons qui lui permet également d’obtenir une reconnaissance à l’échelle internationale. Et comme, à notre grande joie, elle a accepté de répondre à nos questions, c’est l’occasion de présenter les titres qui nous ont le plus marquées !

Isabelle Simler lors de sa venue à la fête du livre de Villeurbanne, photo issue du site de la ville.

Le choix de Lucie

Lucie a choisi Cette nuit-là… au musée. Ce n’est pas forcément son album préféré mais il est situé dans un lieu qu’elle connaît bien : le musée des Confluences, à Lyon. C’est un papillon qui relate son aventure dans son journal.

Cette nuit-là au musée, Éditions courtes et longues, 2015.

Je voudrais me souvenir de Cette nuit-là toute ma vie… J’avais le cafard depuis notre emménagement au musée des Confluences. Notre précédent lieu d’accueil, le musée Guimet, ressemblait tellement plus à un musée d’histoire naturelle ! Arriver dans cet espace moderne, vide et froid à déprimé toute la collection.

Mais cette nuit-là, quelque chose de magique s’est produit. J’ai commencé à remuer une patte, puis une aile… et je me suis envolé ! D’abord dans les couloirs du musée, puis je suis allé saluer les copains. Et tous se sont animés à leur tour. Quelle fête ! Nous avons investi le hall, les escaliers, le toit et même le jardin. À l’aube nous étions épuisés et chacun a réintégré sa place. Ça y est, après cette nuit de déambulation nous nous sentons enfin chez nous au musée des Confluences !

Citron de Provence

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Les choix de Liraloin

Pour Liraloin, Maison et la série Une nuit... sont le reflet des moments partagés à observer la Nature. Vu que l’escargot est son « animal-totem » il fallait bien lui inventer une page. Tandis que la nuit s’annonce pour tous les habitants de cette Terre, c’était le timing parfait pour apprécier et écrire autour du manteau noir clair et obscur.

Maison, Editions Courtes et longues, 2022

Cabane en spirale
de l’escargot des champs après la pluie.

Je suis en émulation lorsque vient la pluie. Mes balades journalières sont un régal pour la terre qui s’aère à mon passage.
Le mucus brillant et visqueux apporte des bienfaits que même les humains reconnaissent, c’est pour dire son pouvoir surpuissant !

A la fois utile et gourmand je peux tout de même faire un peu de dégât dans les potagers. Fan de salades et des fraises mûries à point, lentement mais surement mon festin n’en sera plus que royal aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que ma maison si particulière ne se partage pas mais elle peut se vider parfois.

Alors à ce moment-là, des petits doigts pourront me saisir délicatement pour contribuer à une belle collection tourbillonnante.

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Une nuit… La savane, La ville, L’Océan – la Martinière jeunesse, 2023-2024

Nuit… de ton manteau obscur, tu m’offres à la fois une enveloppe protectrice et dangereuse.

Si les prédateurs sont aux aguets, sortir de sa coquille, de son terrier ou de son repère ne peut se faire qu’en mouvements organisés et feutrés. La lune guide mon chemin parmi les étendues désertiques ou boisées vers ma nourriture essentielle.

Le bleu de mon eau turquoise se fonce lorsque les nuages cachent l’éclat lunaire. Il faut pourtant s’aventurer entre les coraux multicolores.

Alors, une nuit en ville, dans la savane ou sous l’océan n’est pas sans danger et lorsque l’aurore s’annonce c’est un soulagement.

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Le choix de Blandine

Dans les poches d’Alice, Pinocchio, Cendrillon et les autres… Editions Courtes et Longues, 2015

Cailloux, clés, roudoudous, miettes, montres, plumes, fleurs, avant chaque lessive, c’est le même rituel. Faire les poches de tous ces petits trublions et ne surtout pas mélanger ce qu’elles contiennent. C’est que chacun a ses propres trésors trouvés, ramassés, glanés… même s’ils les oublient là, il leur tient à cœur de les retrouver intacts quand ils s’en souviennent ou qu’ils leur manquent.

Et si par mégarde, il m’arrivait de ne plus savoir à qui ils appartiennent, il me suffit de les observer attentivement pour aussitôt en déterminer le propriétaire. Car tous ces petits « quelques choses » reflètent leur caractère, leurs habitudes, leurs volontés et même leurs craintes. C’est amusant quand on y songe, d’ailleurs.

Oh, un bouton ! Mais à qui peut-il bien être celui-là ? Et s’il me servait à tous les lier et relier ? Une idée me vient… mais assez d’histoires à me raconter, pour le moment, il me faut poursuivre ma tâche…

« Mère l’Oye 2.0 »

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Le choix de Séverine

C’est le dernier album d’Isabelle Simler que Séverine a choisi, dont elle possède un exemplaire d’autant plus précieux qu’il est dédicacé ! Bien que charmée par la plume envoûtante, sensible et rythmée de Stéphane Servant, elle considère que les illustrations d’Isabelle Simler accompagnent merveilleusement le propos. Elles le subliment et lui apportent le supplément d’âme sans lequel l’album ne serait pas ce qu’il est. C’est l’histoire d’une vie que nous racontent nos deux artistes. La douceur, la tendresse, tout comme le mouvement, le souffle, l’élan vital, au travers les crayonnés colorés d’Isabelle Simler, nous saisissent, jusque dans le moindre détail. Et puisqu’il s’agit d’une ode poétique à la vie, c’est en acrostiche que Séverine veut lui rendre hommage.

Vivant, de Stéphane Servant et Isabelle Simler, Editions courtes et longues, 2024

Viens mon tout petit, viens ma toute petite !
Invente la danse du monde que tu habites.
Va où ton cœur te porte, où le vent t’invite,
Avance, grandis, envole-toi, sans limite
Ne crains rien, joue, ris, aime et profite
Tes racines et tes ailes sache que tu les mérites

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Et vous, quel est votre ouvrage préféré de cette auteure essentielle ? Pour en savoir plus, nous vous conseillons de visiter son site.  

Billet d’été : Entre procuration et préparation, quand les livres font le voyage

Après les échappées lointaines de Liraloin et Héloïse, après les échappées graphiques de Lucie, les échappées familiales de Séverine, puis les quêtes d’Héloïse, Blandine vous propose de prolonger ou préparer les prochaines échappées et vacances avec différents livres, entre albums, documentaires et guides. C’est parti !

ALBUMS

L’Imagier des Landes. Par Anna & Marion. Auto-édition, novembre 2023

Pour mettre en valeur la région du Sud-Ouest, et plus particulièrement les Landes et Capbreton dont elles sont originaires, Marion Dando et Anna Passicos ont eu la bonne idée de créer cet imagier pour les petits (et les grands !)

Sur des fonds unis de différentes couleurs, des dessins blancs et sobres représentent des éléments incontournables de la culture landaise (estacade, pignes, cèpes, fronton, pala, etc.). Un régal à découvrir puis à voir in situ.

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Ker-Is. La légende de la ville au milieu des flots. Jean-Pierre KERLOC’H et Jérémy MONCHEAUX. Albin Michel Jeunesse, 2010

La Bretagne est une terre de légendes, et l’une des plus connues, et incontournable, est celle de Ker-Is (ou Ker-Ys, ou simplement Ys), la cité engloutie du Roi Gradlon. On dit que lorsque la mer est calme, non loin des côtes de Douarnenez, on peut apercevoir dans l’eau, les reflets de la cité, et entendre dans le vent, une chanson résonner…

Et ceux qui savent dire encore la langue d’autrefois aiment à rappeler l’antique prophétie :
Pa vo beuzet Paris

Ec’h advaso Ker-Is

Quand Paris sera noyé sous les eaux
Alors Ker-Is ressurgira des flots.

L’avis de Blandine

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Oh ! Málaga. Alejandro VILLEN. Lovingbooks, 2011

Málaga est une ville située en Andalousie dans le sud de l’Espagne, au bord de la Méditerranée. Tentaculaire, elle s’étend jusque sur les montagnes environnantes, mais son cœur historique est très petit. Elle attire chaque année de nombreux touristes et étudiants étrangers.

Ce très bel album aux dessins faits aux crayons et aquarelles, est bilingue, espagnol et anglais . Il s’ouvre et se ferme avec un « cherche-et-trouve » regroupant les symboles et traditions de la ville. Après un plan de la ville et un bref retour chronologique, il nous fait visiter, grâce à une petite fille accompagnée de son poisson dans un aquarium à hélice, le centre historique de Málaga, admirer ses monuments, connaître sa cuisine, il nous conte sa longue histoire et son évolution au fil des siècles, entre inspirations et dominations.

L’avis complet, et en photographies, de Blandine

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Les Editions Casterman ont eu la belle idée de rééditer les albums de métropoles créés par Miroslav SASEK dans les années 1960. Et de n’en rien changer ! Le dessin, agrémenté de collages, est vintage à souhait, tout comme les descriptions des villes, des habitants (de leurs vêtements à leurs voitures), des monuments, des coutumes locales, etc. C’est un régal à observer et à comparer avec aujourd’hui !

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Les Editions Les P’tits Bérets ont édités plusieurs albums sur les voyages scolaires, et un en famille, écrits et illustrés par Laurent AUDOUIN. Sous la forme d’un journal, le lecteur est invité à découvrir un lieu, une ville, une expérience (classe verte, de neige), des histoires, des monuments, et le tout avec beaucoup d’humour ! Et en creux, de préparer ou dédramatiser cet évènement, pour les enfants comme pour les parents !

DOCUMENTAIRES

La Collection « Histoire d’un PORT » par les Editions Gulf Stream permet de découvrir et de connaître l’histoire d’une ville par un autre prisme. Et c’est passionnant. Si le texte est assez dense, il y a aussi de nombreuses illustrations, dessins, documents, photographies et reproductions de tableaux ou autres gravures, pour nous immerger totalement et nous donner à ressentir cette histoire, et son évolution, comme si nous y étions. D’ailleurs, un petit plan en loupe de la ville et de ses quartiers est souvent joint pour pouvoir ensuite se rendre sur place et découvrir de manière plus tangible encore ce qui est décrit dans ces livres.

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ANTARCTIQUE. Expéditions en Terre Inconnue. Giulia VETRI. De La Martinière Jeunesse, 2018

Si l’Antarctique fait rêver Blandine, ce n’est que par procuration ! Il y fait bien trop froid ! Mais les récits qui accompagnent sa découverte, la « course au Pôle », les différentes expéditions et ce qui le compose, la fascinent tout autant qu’ils la passionnent.

Ce documentaire, entièrement dessiné, nous en retrace les histoires, les animaux qui y résident, les mers qui le composent, les expéditions et les recherches qui y sont menées. Il s’agrémente de demi-pages ou de rabats qui se déploient pour nous dévoiler toute son ampleur et sa richesse.

GUIDES

Les guides touristiques et/ou de voyages ne sont plus totalement ce qu’ils étaient, et c’est tant mieux ! Ils se réinventent afin de donner à ressentir « l’âme » d’un lieu en plus de données pratiques, et depuis quelques années, plusieurs s’adressent aux plus jeunes. Car ce qui intéresse les adultes n’est pas forcément le cas pour des enfants. Aussi, ces guides rivalisent-ils d’ingéniosité pour rendre toute visite aussi attractive que passionnante. Et pas trop longue, surtout s’il fait chaud ! Pensez à vous munir d’un stylo et de crayons, car ils s’agrémentent de petits jeux, devinettes et énigmes qui régaleront petits et grands. Et ainsi, tout le monde apprend !

Guides ... des Enfants. Editions Bonhomme de chemin

Depuis plusieurs années, Blandine emporte systématiquement un livre-guide des Editions Bonhomme de chemin quand elle part en vacances « ailleurs ». Certains concernent un pays en entier avec quelques-unes de ses villes-phares, d’autres proposent des parcours découvertes directement dans les villes. Et c’est génial ! C’est un moyen ludique d’apprendre l’histoire d’un lieu, de regarder des bâtiments et monuments d’un autre œil pour y déceler ce que l’on ne voit pas d’ordinaire, pour passer par des rues inattendues, pour connaître une anecdote, l’origine d’un nom de quartier, d’artères. Il en existe beaucoup plus que ce que la photo montre !

Pour découvrir tous leurs livres, c’est par ICI

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Graines de Voyageurs. Editions Graine 2

Les guides Graines de Voyageurs proposent chacun plusieurs dizaines de visites à réaliser et expliquent la richesse, l’histoire, les légendes, les coutumes de chaque lieu. Ces guides sont davantage à lire qu’à compléter, même si quelques pages sur la fin permettent d’accueillir impressions et souvenirs papier à coller.

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Rome expliqué aux kids. Des histoires rigolotes pour découvrir la ville. Lonely Planet Junior.

Ce guide est divisé en 19 chapitres thématiques pour découvrir Rome autrement ! On y trouve bien sûr des informations comme dans tout guide, mais surtout des anecdotes, des points de détails à dénicher et observer, afin de rendre les visites le plus ludique possible. Les dessins alternent avec des photographies ou documents pour un résultat visuel très dynamique et foisonnant !

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Vous connaissez certainement la collection des Livres dont vous êtes le héros ?! Cette collection des Editions du Routard, dédiée aux enfants, s’en inspire ! Chaque guide regroupe plusieurs missions que l’enfant est invité à mener. Pour cela, il devra suivre un parcours, choisir où aller, quitte à revenir sur ses pas et pages, observer, élucider. Chaque mission s’agrémente d’un contexte et d’informations pour aider ou approfondir. C’est drôle et bien pensé. Et comme tout guide du Routard, il y a bien sûr une rubrique des bonnes adresses !

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Voyager, ce n’est pas forcément partir loin. Et souvent, ce sont les lieux qui sont les plus proches de chez nous que l’on connaît le moins, ou que l’on a vus il y a… plus ou moins longtemps. Ainsi, ces guides nous permettent de les (re)découvrir, et surtout de partager avec nos enfants et amis .

C’est dans ce but que le site Balad’Enigm propose des promenades urbaines et jeux de pistes, à Paris et en Province. Car le meilleur moyen de découvrir un lieu, une ville, un quartier, c’est en marchant, en levant les yeux, en cherchant, en scrutant, en s’en imprégnant ! Découvertes et bon temps assurés avec ces balades ! Après achat de la Balad’Enigm en ligne, il ne vous reste qu’à imprimer les supports et à partir « à l’aventure » !

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Et ainsi se terminent nos billets d’été ayant pour thème le voyage. Nous espérons qu’ils vous ont plu, enchantés et même transportés ! Et c’est à peine fini que vous voilà fin prêts à (re)partir pour votre prochaine destination de vacances ou simplement de balades !

Billet d’été : voyages : quête initiatique, quête de liberté ou d’une nouvelle vie…

Après les échappées lointaines de Liraloin et Héloïse, après les échappées graphiques de Lucie et enfin les échappées familiales de Séverine...

Cet été, Héloise – Ileautresor avait envie de parler du voyage qui devient une quête initiatique : comme dans celui du Passager de l’été (Jean-Philippe Blondel) vers le Nord de l’Europe ou dans celui du Don de Lorenzo enfant de Camargue (Michaël Morpurgo). Le voyage peut être aussi l’occasion de se retrouver en famille en traversant l’océan comme dans Rio et la baleine perdue (Hannah Gold).

Mais le voyage peut toutefois ne pas être un choix : dans Alma : le vent se lève, Timothée de Fombelle évoque la traversée des natifs d’Afrique, contraints d’embarquer à bords de navires en partance pour les îles… Désormais, les voyageurs seront en quête de liberté : ils rechercheront leurs proches et leur bonheur perdu.
Le voyage peut enfin être entrepris pour avoir de meilleures conditions de vie – comme dans Au bout des longues neiges (Jean-Côme Noguès) qui met en scène des pionniers partis d’Irlande vers le Nouveau Monde. Le départ était alors entrepris en chariot ou en caravane pour découvrir le sol canadien à la conquête de nouvelles terres vers un rêve de vie meilleure.

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Dans le Passager de l’été, Jean-Philippe Blondel nous présente le beau projet de Samuel : travailler dur dans la restauration pour s’offrir un voyage en train avec son ami.
Tout à coup, tout s’effondre… son meilleur ami, Adrien le « lâche » : il préfère des vacances au soleil…
Mais Samuel tient bon. Il décide de partir malgré tout. C’est une quête. Rien ne lui fera renoncer à son projet de voyage. Seul, avec son sac sur le dos, Samuel va apprendre à se débrouiller.

Amsterdam. Hambourg. Copenhague. Lund. A chaque étape, a lieu une nouvelle rencontre avec une personne qui lui confie son histoire. Désormais, chaque rencontre est comme une histoire au coeur de l’histoire : une mise en abyme… qui vous emporte encore ailleurs.
Mais ce voyage permet aussi de savoir que les personnes rencontrées ont parfois des secrets qui les ont transformés.
Petit à petit, il se découvre lui-même.
J’ai adoré ne pas savoir où ce voyage me conduirait ni quels récits je connaîtrai avec Samuel… qui se découvre lui-même.
Ce roman est une quête initiiatique, qui permet bien sûr à Samuel de partir à la recherche de soi-même.
A la fin de ce voyage, Samuel se sera aussi métamorphosé. Il a grandi intérieurement. Vers plus de maturité.

C’est une aventure passionnante, un roman rythmé, comme je les aime… Avec ce livre, j’ai découvert l’auteur : Jean-Philippe Blondel, et je ne le regrette pas… le temps d’une lecture, il m’a emporté de ville en ville – d’étape en étape – et j’ai beaucoup aimé ce tour d’Europe. Ce livre, c’est une vraie traversée. Un roman passionnant. Une découverte. Dans la relation à d’autres, c’est aussi une vraie découverte de soi-même, d’un soi en devenir… Dans une quête tout aussi passionnante qu’un tour en Europe…

Passager de l’été, Philippe Blondel, Actes Sud Jeunesse, 2023.

Rio et la baleine perdue de Hannah Gold raconte la très belle histoire sur un enfant parti rencontrer sa grand-mère inconnue. Là, le voyage en mer conduit à un retour vers ses origines à travers un merveilleux amour pour les baleines.

Rio et la baleine perdue, Hanna Gold, Seuil jeunesse, 2024.

Le don de Lorenzo de Michaël Morpurgo est un roman attachant, qui parle d’amitié et de rencontres, avec en toile de fonds la Camargue. Vincent, le narrateur, visite la Camargue, le pays des chevaux sauvages et des flamants roses. Il rencontre Kenza, qui le soigne, et Lorenzo, un jeune garçon qui tisse un lien particulier avec les chevaux sauvages et les flamants roses caractéristiques de cette région. L’histoire parle de la rencontre entre Kenza, une enfant du voyage, et Lorenzo, qui a un véritable don pour soigner les animaux sauvages. Le roman a aussi pour sujet l’amitié qui lie les différents personnages, une amitié indéfectible tissée au cours du temps, liée aussi à la liberté et à la vie sauvage, dans la nature camarguaise, au milieu des étangs et des marais. Un roman sur la rencontre de différences et d’amitiés dans ce voyage au pays des chevaux blancs et des flamants roses: les animaux blessés que Lorenzo aime et excelle à soigner.

Le don de Lorenzo, Michael Morpurgo, illustrations de François Place, Folio Junior, 2022.

Dans Alma : le vent se lève (premier tome d’un trilogie), Timothée de Fombelle invite le lecteur dans la vallée d’Afrique où vit paisiblement une famille, celle d’Alma, comme dans un petit paradis. Cependant, Lam, le petit frère d’Alma, a disparu. Qu’est-il devenu ? A-t-il trop écouté les histoires qu’ inventait Alma pour lui ? Leur père les avait pourtant bien mis en garde… Nul ne pouvait entrer ou sortir de la vallée !
Par ailleurs, un beau navire, la Douce Amélie, est prêt à prendre le large, toutes voiles dehors : à son bord, les matelots ont embarqués, prêts à partir à l’aventure. Un clandestin, Joseph Mars, et le redoutable capitaine Gardell sont à la recherche d’un trésor.

C’est aussi l’histoire de la famille d’Alma. Cette dernière vivait heureuse, cachée dans une vallée à l’abri des regards… avant que les marchands d’esclaves ne menacent leur bonheur. Tous les membres de leurs famille sont éparpillés dans le monde entier … Ils vont être embarqués dans de beaux navires, en partance pour les îles ou l’Amérique…

C’est un roman d’aventures avec des pirates et une belle demoiselle de la Rochelle : Amélie, une jeune fille de bonne naissance mais qui va se livrer au commerce triangulaire pour ne pas perdre ses précieuses ressources.
C’est une belle histoire à la fois poétique et romanesque qui permet de voyager à bord d’un navire, la Douce Amélie (un bien doux nom pour un navire de traite d’esclaves). Il s’agit d’un récit qui permet de faire connaissance avec des pirates à la recherche d’un trésor… ou peut-être juste avec des personnes qui sont en quête d’un bonheur perdu et voudraient juste retrouver leurs proches et leur liberté…

Alma, Le vent se lève, Timothée de Fombelle, illustrations de François Place, Gallimard jeunesse, 2020.

Au bout des longues neiges de Jean-Côme Noguès est un roman historique agréable à lire. L’histoire se déroule en Irlande, au milieu du XIXe siècle. Or une grande famine ravage tout le pays.

La famille O’ Connell décide de partir pour le Canada. Ce départ peut-être lui permettre de survivre… Après une longue marche, tous les membres de la famille embarquent à bord d’un voilier vétuste. Parviendront-ils à bon port ?
Après la traversée sur le bateau délabré, la famille irlandaise finit par se retrouver à terre au complet. Ils sont enfin arrivés au Nouveau Monde !
Il faut encore marcher jusqu’à la concession située après le confluent où la rivière Saguenay se jette dans le St Laurent.
Mais les difficultés ne sont pas terminées, loin de là…

Tous les soirs, Dennis Hopper, le responsable de la caravane, installe le campement en plaçant les chariots en cercle sous bonne garde. Petit à petit, les voyageurs se rapprochent de leur concession – qui font encore partie des « terres indiennes ».

Quand enfin le père O’Connell prend possession de ses terres, il faut encore défricher la terre du potager… C’est un travail considérable et de longue haleine pour parvenir à s’implanter.
Mais Finn parvient toutefois à courir dans les bois. Il retrouve enfin sa liberté de mouvement. Il rencontre alors un jeune amérindien sourd-muet, avec qui il va lier amitié : Plumes-Noires.

Ce dernier lui apprend à marcher sans bruit sur les sentiers de la forêt. Il l’emmène aussi dans un canoë sur la rivière jusqu’à un superbe lac canadien. Ainsi, petit à petit, Finn découvre le sol canadien.
C’est un roman historique bien écrit, accessible et agréable à lire. J’ai bien aimé ce récit d’aventures qui décrit la dure vie des pionniers, leur rencontre avec les premiers amérindiens et la solidarité dont font preuve les pionniers entre eux. Un roman d’aventures captivant, avec des passages sur la beauté de la forêt canadienne à la fin de l’été.

Au bout des longues neiges, Jean-Côme Noguès, Nathan, 2014.

Et vous, quels titres auriez-vous proposé ?

Billet d’été : mes vacances inoubliables auprès de mes grands-parents

Après les échappées lointaines de Liraloin et Héloïse, après les échappées graphiques de Lucie, à mon tour de vous parler voyage, vacances et découvertes… De lieux, de paysages, d’humains différents ? Oui, peut-être. Mais peut-être bien aussi des voyages au bout de soi, au-delà des apparences, dans les méandres du cœur, les secrets de famille, la profondeur des sentiments… Pas besoin de partir au bout du monde pour passer des vacances inoubliables ou bouleversantes. Dans la sélection que je vous propose aujourd’hui, il suffit d’être avec ou chez papi et /ou mamie ! En album, BD, premières lectures, ou roman, c’est parti !

Le premier livre que je vous présente aurait pu se glisser dans la sélection d’Héloïse. En effet, Le van de Mona, c’est l’histoire d’un jeune garçon, Liam, en vacances chez sa grand-mère, qui à l’occasion d’une partie de cache-cache, découvre dans le garage un véhicule sortant de l’ordinaire ! D’abord fâchée contre lui, mamie lui raconte qu’il s’agit du vieux van rafistolé dans lequel elle a parcouru le monde entier avec son papi aujourd’hui décédé. Cela lui rappelle des souvenirs devenus douloureux et elle n’a pas l’intention de réutiliser ce véhicule jusqu’à son propre décès. C’est sans compter le pouvoir de persuasion, l’énergie contagieuse, la curiosité de Liam ! Il n’a plus qu’une idée en tête : dormir dans cette maison roulante. S’ensuit alors un road-trip improbable, parsemé de rires et de complicité, de souvenirs et de confidences, de tendresse et beaucoup d’amour, au bout duquel chacun, en quelque sorte, ressortira grandi, ouvert à la vie qui continue. Les illustrations crayonnées apportent une touche spontanée et authentique, de type carnet de voyage, elles sont empreintes de délicatesse… J’ai été très touchée.

Le van de Mona, de Baptiste Puaud, illustré par Adèle Tariel, Editions du Père Fouettard, 2025

J’éprouve une admiration sans faille pour Rascal, qui demeure indéniablement au fil des années l’un de mes artistes jeunesse préférés, lorsqu’il illustre les mots des autres que quand il signe des albums aux textes intelligents, subtils, drôles ou émouvants. Mais aussi quand il est seul maître à bord. Je l’ai également découvert et apprécié romancier, avec ce petit roman tendre et nostalgique, qui s’éloigne sensiblement de ses thèmes habituels. Nous suivons au gré des saisons une année de la vie de Rose, une petite citadine qui passe toutes ses vacances à la campagne chez ses grands-parents. Cueillette de champignons, confection de gâteaux, promenades en forêt rythment le lien fort qui l’unit à eux, tissé de petits bonheurs et de transmission silencieuse, de joie et de confiance. Un roman tout en nuances, en contemplation et en poésie, très joliment accompagné par les illustrations sépia de Nathalie Novi, pour appréhender le temps qui passe et les souvenirs qui aident à grandir.

C’est mon père qui a choisi mon prénom. Mon père, il dit que l’on ne devrait donner aux filles que des prénoms de fleurs.
Je suis heureuse que le mien porte des épines.

Les quatre saisons de Rose, de Rascal, illustré par Natahlie Novi, Rue du monde, 2004

Avec La cabane du bonheur, nous suivons également le rythme des saisons. Jaune, c’est la couleur que Papi Martin a choisi pour sa cabane de bord de mer, afin qu’elle ait toujours l’air ensoleillé. C’est là qu’à chaque période de vacances, une fratrie de trois enfants passe des moments délicieux avec leur grand-père, entre courses contre la pluie, pique-niques, jeux de cartes, contemplation des étoiles, cerf-volants et bains de mer. Des moments de partage, d’apprentissage, de joie que l’on croit éternels quand on a six ou sept ans. Mais parfois, les papis tombent malades et les cabanes ne résistent pas aux tempêtes… Après ça, « il est où, le bonheur, il est où ? » Perdu à jamais ?… à moins que l’esprit de famille et le souvenir des jours heureux ne donne le courage de retrousser ses manches et de l’emporter sur la tristesse. Très joliment illustré, avec des couleurs éclatantes et un mouvement permanent, cet album sensible et lumineux permet d’aborder en douceur des thèmes comme la maladie et la mort, tout en délivrant un message intemporel : profitons des gens qu’on aime, notamment les plus âgés, et notre joie demeurera, même après leur disparation.

La cabane du bonheur, de Tom Hopgood, traduit par Rosalind Elland-Goldsmith, Bayard, 2023

Douceur, encore… avec la réédition de cet album de 2019, publié d’abord chez Margot, ressorti cette année à l’Ecole des loisirs, avec une nouvelle couverture. Autant annoncer la couleur : il s’est immédiatement hissé dans le top 10 des plus beaux que j’aie jamais lus. L’auteur-illustrateur Thibault Prugne, que j’appréciais déjà énormément dans un registre humoristique (notamment sa série Renard jubilatoire), m’a ici bluffée par la grâce, la mélancolie, la sensibilité de son texte et de ses illustrations, évidemment, absolument somptueuses. Chaque nouvelle page est plus éblouissante que la précédente. Je défie quiconque de ne pas être touché.e par cette histoire où la noirceur de l’époque, en proie à la guerre qui fait rage, est adoucie par la relation magique entre un grand-père original et une petite fille curieuse, par cette histoire de transmission intergénérationnelle et de passion, par cette histoire mêlant écologie et pacifisme, par cette histoire où les petits riens font le grand tout… Par cette histoire d’amour. Imprégnée de tant de lumière et de beauté, la parenthèse enchantée et émouvante qu’offre cet album a tout simplement le parfum du chef-d’œuvre.

Je me souviens de sa cabane qui flottait dans les champs comme un phare sur l’océan ; des feuilles du vieux frêne scintillant au soleil, de l’odeur du linge qui séchait au fond du jardin, du bourdonnement des  abeilles et du chant des mésanges. Pépé Léon faisait partie de ces gens qui aimeraient que rien ne change jamais. Qui ne veulent pas refaire le monde, juste vivre au  milieu et l’écouter respirer. Je m’appelle Louise et ceci est mon histoire.

Le parfum des grandes vacances de Thibault Prugne – Ecole des Loisirs, 2019

Ces grandes vacances-là aussi se déroulent par temps de guerre, la deuxième guerre mondiale, plus précisément. L’histoire commence a l’été 1939, tandis que deux petits parisiens, Colette, 6 ans et Ernest, 11 ans, passent les vacances en Normandie chez leurs grands-parents. Mais le 3 septembre, la guerre est déclarée, leur père est envoyé au front, leur mère tombe gravement malade et ce qui ne devait être qu’un séjour estival va devoir se prolonger…. Ce seront des grandes grandes vacances ! Dès lors, nous suivons au fil des 5 tomes, leur intégration à leur nouvel environnement, leur quotidien à la ferme avec leurs aïeuls, les amitiés naissantes et les rivalités de clans, leurs prises avec le monde et les décisions des adultes, leur confrontation à la mort, etc. sous le regard toujours bienveillant et plein d’amour de leurs grands-parents. Pas sombre du tout, sans toutefois occulter les problématiques liées à la guerre mais à hauteur d’enfant (des éléments explicatifs historiques et des précisions de vocabulaire y sont intégrés), cette BD destinée aux enfants à partir de 9 ans, est très fidèle à la série TV diffusée sur Okoo dont elle est issue. Publiée au printemps 2025 dans une superbe édition collector intégrale, c’est une belle réussite car elle allie savamment fiction et Histoire. Pour ma part, les dessins signés Emile Bravo n’y sont pas étrangers.

Les grandes grandes vacances, de
Gwenaëlle Boulet, illustré par Emile Bravo, BD KIDS, 2025

Pour les plus jeunes lecteur.ic.es, particulièrement friand.e.s de la collection Mouche de l’Ecole des Loisirs, Anne Cortey et Thomas Baas proposent le récit simple et doux de quelques journées d’été de Nonna et Marta, respectivement grand-mère et petite-fille. Elles se soutiennent, se transmettent mutuellement, partagent promenade et baignade, ce qui ne les empêche pas de se chamailler gentiment. Quand la fatigue de l’une et l’énergie de l’autre entrent en collision, le respect de l’altérité est la belle leçon de vie qu’en tire la petite fille. Si j’ajoute que la forêt, la rivière, omniprésentes, gracieuses et chantantes, la sérénité de ce petit coin de paradis loin des tumultes citadins, incitent aussi le.la jeune lecteur.ice à savourer le temps présent, à profiter des joies offertes par la nature et à prendre conscience de sa nécessaire protection, c’est un peu la cerise sur le gâteau… ou disons… les haricots dans le ragoût, puisque c’est le plat préféré de Marta !

Ma chronique complète ICI.

Nonna et Marta, d’Anne Cortey, illustré par Thomas Baas, L’Ecole des loisirs, 2024

Les vacances qui ont tout changé, ce sont pour Gabin -situation familiale compliquée – celles qu’il a passé avec sa mamie dans un village-vacances des Vosges, parmi des personnes (âgées) bizarres, dont certaines sont en fauteuil roulant… Présentée ainsi, l’histoire ne fait pas rêver ! Mais c’est sans compter le talent de son auteur pour se glisser dans la peau de ce pré-adolescent perturbé par les disputes quotidiennes de ses parents sur le point de divorcer, et qui se cache derrière l’humour pour ne pas s’avouer qu’il a terriblement peur de l’avenir… Mais lors de son séjour, d’abord vécu comme une sinécure, il fait la connaissance de la pétillante et bavarde Manon, une jeune fille de son âge, et tout change. Dès lors, il participe aux activités proposées aux vacanciers, sans les juger, il apprend la tolérance, le respect, la générosité… et au final, il grandit et murît, il comprend…il se murmure même que… Chut ! Je vous laisse découvrir ce court roman drôle, frais, bienveillant et pas aussi léger qu’on pourrait le penser, idéal pour l’été.

Les vacances qui on tout changé, d’Arnaud Dudek, illustré par Benoît Perroud, Actes sud jeunesse, 2024

Pour les ados, j’avoue avoir eu plus de difficultés à sélectionner parmi mes lectures marquantes, des histoires mettant en scène des petits-enfants et des grands-parents.

Mon choix s’est tout d’abord arrêté sur le roman Apitoxine de Mélody Gornet. Eté 2020, post confinement. Son héroïne Gwendoline, 17 ans, quitte Paris pour échapper pendant deux mois à la pression sociale et familiale qu’elle subit. Elle décide de passer les vacances scolaires d’été dans le village de ses grands-parents maternels, qu’elle connaît peu et en profiter pour faire le point sur sa situation, ses névroses, ses aspirations… Sur place, guidée par sa cousine, elle découvre un monde rural différent du sien et surtout, s’embarque avec elle dans une enquête qui, résolue, la mènera à une vérité qu’elle n’aurait jamais imaginée… Il s’agit d’un roman où ce sont finalement moins les grands-parents que les secrets de famille et les non-dits qui tiennent le premier rôle, mais il a malgré tout sa place dans une sélection « vacances bouleversantes chez les grands-parents » ! En le lisant jusqu’au bout, on comprend évidemment pourquoi ! Bravo à l’autrice pour la justesse des personnages, les thématiques abordées (mal-être adolescent, relations familiales, engagement écologique, asexualité…) la tension palpable, l’écriture tendue, et pour ce premier voyage inattendu avec elle, en ce qui me concerne.

Apitoxine, de Mélody Gornet, Thierry Magnier, 2023

Enfin, c’est tout naturellement qu’Albert s’est imposé ! Un été avec Albert, c’est un roman dans lequel on retrouve les thèmes (préservation du végétal et de la biodiversité) et les personnages (jeunes femmes ou adolescentes à personnalité affirmée, environnement familial défaillant voire toxique) chers à son autrice. Le tout saupoudré d’un style percutant, d’un humour qui fait mouche, d’une bonne pincée de mystère, d’un suspense à tendance fantastique qui pousse immanquablement à dévorer les pages jusqu’à la fin, tout en offrant ici et là des scènes ou des pensées d’une tendresse infinie, un concentré de Pavlenko en vérité. Il raconte en un peu plus de 200 pages, l’été de Soledad, fraîchement bachelière, dans le village pyrénéen de sa grand-mère qu’elle aime, mais qu’au fond, elle connaît peu… Alors qu’elle rêvait de vacances de folie entre copains, elle a atterri dans ce « trou paumé » après que ses parents lui ont annoncé leur divorce et que son père s’enfonce dans la dépression. Mais ce qui aurait pu virer au récit un peu gnangnan autour du retour aux sources, aux joies simples, au partage des souvenirs et à une nostalgie douce-amère devient, grâce au super-pouvoir de conteuse de Marie Pavlenko, une histoire virevoltante, haletante et oui, un peu effrayante parfois… L’été de Soledad avec Albert sera finalement hors du commun et inoubliable, bien plus qu’aurait pu l’être un séjour au camping avec ses ami.e.s. Mais au fait… qui est Albert ?

Un été avec Albert, de Marie Pavlenko, Flammarion jeunesse, 2021

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