Ca y est, l’été se termine, la rentrée des classes est arrivée à vitesse grand V. Sous le Grand Arbre c’est l’occasion de partager nos lectures de l’été. Car si nous aimons voyager comme nous l’avons expliqué dans nos billets d’été, nous aimons aussi ces moments de calme à l’ombre, avec un livre et une boisson fraiche à portée de main que permet cette pause estivale.
Nous souhaitons une belle année scolaire à tous les petits, moyens et grands lecteurs ainsi qu’à leurs encadrants !
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Une fois n’est pas coutume, Lucie a sélectionné trois titres : un album, un roman et une pièce de théâtre. Il faut dire qu’il n’a pas été facile de faire un choix parmi toutes les belles découvertes de l’été…
Le cadeau est un album très touchant. Son héroïne est une petite fille accompagnée par une grande silhouette dans ses activités du quotidien et guette la lune chaque soir. Qu’attend elle avec tant d’impatience ? C’est tout l’enjeu et la beauté de cette histoire pleine d’émotions. Un album sur l’attente, la séparation et les retrouvailles illustré avec beaucoup de douceur par Barroux.
Son avis complet, celui d‘Hélolitlà.
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Cela faisait longtemps que Lucie avait envie de lire NOUS, le dernier roman de Christelle Dabos. Avec, comme toujours, le risque d’être déçue. Mais une nouvelle fois, elle a été emportée par l’univers et l’imagination sans bornes (semble-t-il) de cette auteure. Dans une société dystopique régie par les « Instincts » à la fois crédible et réjouissante (le côté rétro futuriste est particulièrement maîtrisé), elle brasse tous les thèmes qui lui sont chers. Les enjeux, les personnages, l’univers… tout est surprenant, questionne, divertit. Cette lecture est de celles auxquelles on pense encore longtemps après avoir refermé le livre.
Son avis complet, celui d’Héloïse ici.
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Enfin, si elle ne lit pas souvent de pièce de théâtre, Lucie a été bouleversée par la Mauvaise Pichenette de Magali Mougel. Trois personnages, une cuisine, une économie de mots au service de l’efficacité. Car c’est un texte coup de poing qui traduit les revendications, les peurs, la violence aussi de certains ados qui ne trouvent pas leur place dans la société. En 48 pages, la dramaturge questionne la famille, la transmission, l’accueil de la différence et la difficulté de dialoguer lorsqu’on ne se retrouve plus sur l’essentiel. Puissant.
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En juillet, Héloïse a été bouleversée par sa lecture de Nos Constellations, de Florence Quentin. une histoire qui tourne autour de deux lycéens : Maxence. Aurélien. Deux anciens amis d’enfance, à la relation fusionnelle, brutalement séparés. Après sept ans sans se voir, ils se retrouvent un été. Avec cette question, au fond d’eux : l’alchimie qu’ils ont ressenti étant enfants est-elle toujours là ?
Héloïse a été transportée, émue, bouleversée parfois par ces deux jeunes hommes et les personnages qui gravitent autour d’eux, par cet amour naissant et si profond qu’il renverse tout sur son passage. c’est un roman plein de tendresse, d’humour, d’émotions, de tristesse et de joie. Deuil, homophobie, harcèlement,… les thématiques sont difficiles, mais l’histoire est lumineuse, pleine de poésie , et terriblement romantique. Un coup de cœur, un coup au cœur.
Sa chronique Complète ICI.
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D’autres romans ont énormément marqué Héloïse, et elle a bien du mal à choisir ! La saga des mystères, de Jeff Wheeler, qu’elle dévore ? A season for Scandal, une douce enquête engagée de Laura Wood, qu’elle a adoré ? Hyper, le dernier roman d’Émilie Chazerand, qui l’a marqué, bouleversée, essorée ? Il faut dire qu’elle a fait d’excellentes lectures !
Mais le dernier roman ado en date qu’elle a trouvé très chouette, c’est le premier tome de L’Odyssée des Tranchevent, de Noémie Delpra. Héloïse a particulièrement apprécié l’héroïne : une héroïne en fauteuil roulant, ce n’est déjà pas très courant, et en plus, elle est très généreuse et résiliente. Et puis l’univers, ces îles perchées dans le ciel, dans lequel les gens sont « appairés » avec des créatures volantes, est particulièrement poétique, tout comme la plume de l’autrice.
Avec cet ouvrage, Héloïse a vécu une très belle aventure. Peuplée de dangers, de mystères, de découvertes hautes en couleurs, c’est une histoire envoûtante et passionnante dont elle a hâte de lire la suite !

Sa chronique complète ICI.
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Pour Liraloin, l’été a été marquée par des lectures complétement différentes. Entre poésie et romance piquante, le voyage s’est également invité. Des coups de cœur qui font du bien pour dynamiser cette rentrée qui démarre en trompe ! Vive le plein de bonnes lectures !
Ouvrons le bal et quel bal… avec l’histoire de Blythe et Briggs. De la romance dites-vous? oui mais pas que ….Tout est électrique dans ces planètes qui ne s’alignent pas et se manquent perpétuellement. Justement parlons-en des dialogues piquants, un vrai régal à lire et on sent toute l’influence de Jane Austen. L’ensemble est frais, caustique à souhait et ne tombe jamais dans le romantisme mièvre, au contraire l’amusement est au rendez-vous.
Son avis complet ici
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Les éditions du Port a jauni est spécialisé dans la poésie et nous offre un panel de textes dont les illustrations viennent chaleureusement compléter les mots. Dans Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti, illustré par Gabriella Corcione, on crie des poèmes, on murmure des poésies. On attrape des mots au vol qui tournent dans la bouche et le cœur. Attendre parfois, relire souvent. La poésie est une invitation à la lenteur. Ce n’est pas au hasard que Gabriella Corcione a choisi la samare comme illustration d’intérieure de couverture. Des petites ailes jetées, tourbillonnant par-dessus les toits. Pierre Soletti dans sa nostalgie invite son lectorat à voyager en lui pour mieux s’interroger sur autrui.
« De mon toit d’ardoises
je t’écris
des cartes postales
à la craie »

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Enfin, le voyage ouvre grand ses bras pour un moment de contemplation intense et cette sensation ne se refuse pas. Il faut parfois faire des petits efforts pour être amplement récompensé !
Sac à dos, chaussures de rando, vêtements de pluie car quand elle tombe cette pluie, elle n’est pas en reste. Carnet à dessin à la main, surtout ne pas laisser passer un paysage, un visage, une rencontre entre deux arrêts de bus ou de train. Quel périple d’efforts moultes fois récompensés par l’instant présent capté à la pointe du crayon.
Au fil de son parcours, Nicolas Jolivot nous invite à filer avec lui sous les volcans de l’île du Soleil-levant. Suivre avec lui cette balade entre zone rurale et urbaine nous transporte un peu dans cette vie japonaise qui s’organise, en témoignent les somptueux dessins de ce carnet.

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Les coups de cœur de l’été de Séverine font partie, selon elle, de ce que la littérature pour ados produit de mieux dans cette littérature du réel qu’elle affectionne. Sujets actuels, style, ampleur. Ils sont rivés au monde d’aujourd’hui. Exigeants, on ne s’en empare pas à la légère. Mais les ados les méritent.
Dans Anse rouge, la psychologie des personnages a été fouillée de fond en comble par Sandrine Caillis, elle n’a rien laissé au hasard. Ni les regards, ni les corps qui s’expriment, ni les dialogues au couteau…Ils tendent un récit magistral sur le mépris et la domination de classe, d’autant plus violents qu’ils sont perpétrés par une jeunesse désinvolte et superficielle. On sort rincé.e de cette expérience de cruauté juvénile, où l’espoir, toutefois, se fraye un chemin. Que dire de plus, sinon que la plume de Sandrine Caillis est haletante, elle serre la gorge, les larmes ne sont jamais loin, de détresse ou de colère. Pour autant, elle est aussi d’une grande justesse, avec juste ce qu’il faut de poésie et de sensibilité. Poignant.
Séverine est tombée dans les magnifiques filets de Cécile Alix il y a quelque temps déjà et, par exemple, son A(ni)mal est un des romans (ado mais pas que) qui l’a la plus marquée ces dernières années. Son dernier roman, Enragée, c’est l’histoire de Fauve, adolescente furieuse fugueuse, qui préfère vivre dans la rue, avec tout ce qu’elle comporte de dangers pour une jeune femme, plutôt que de vivre chez sa mère biologique et subir la séparation forcée d’avec sa famille de cœur. Écrits dans une langue au plus près des peurs, des doutes, des espoirs, des sentiments qui traversent cette aventurière de l’extrême sensibilité, certains passages sont écrasants de noire tension, de désespoir, de douleur insoutenable. Pour autant, grâce aux belles rencontres qu’elle fait, à sa passion pour la danse, à l’amour qui pointe le bout du nez, le positif résiste. Un roman fort qui résonnera longtemps…
Le dernier roman de Marine Carteron, Les effacées, récit d’une nuit teintée de paranormal, mêlant histoire de l’art, féminisme, sororité… invite à la réflexion, émeut, encourage, il consolide…Les femmes seraient-elles vouées éternellement à être les faire-valoir, les éphémères, celles qu’on abandonne une fois qu’on leur a tout pris ? No way ! C’est cette conviction qui guidera Joséphine, après sa nuit forcée au musée d’Orsay, au cours de laquelle elle fera une rencontre décisive pour le reste de sa vie. Tout en poésie et émotions, entre solitude et prise de conscience, Marine Carteron peint finalement, de ses vers libres et mots sensibles, un très beau portrait de fille qui grandit et s’émancipe, prête à prendre place, à s’exposer et s’encrer au monde.

Emile Chazerand peut faire pouffer de rire Séverine et lui faire verser des larmes de crocodile en lisant la même page, c’est une prouesse assez rare pour être soulignée. Son dernier roman, Hyper, traite de sujets sensibles comme le suicide, la santé mentale, la grossophobie, la solitude, les relations intrafamiliales cabossées, avec une profondeur abyssale, un style phénoménal et un sens des dialogues dinguissime. Sans pour autant faire sombrer à son tour dans une dépression irréversible, grâce à un humour féroce, décalé, qui fait sans cesse des pirouettes. Séverine vécu un grand moment de lecture. Elle n’oubliera jamais Miriam, adolescente complexée qui traîne sa carcasse et ses névroses dans un environnement hostile, héroïne hyper (il fallait bien le placer🤷♀️) attachante. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir été emportée, puisque prochainement, une lecture commune sous le Grand arbre, viendra détailler plus particulièrement tout ce qui touche dans ce très beau roman.
Sa chronique groupée ICI. Celle de Liraloin
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pour Blandine, l’été fut autant propice à de belles et nombreuses lectures qu’à de chouettes balades forestières, maritimes et même citadines !
Nos maisons disent beaucoup de nous-mêmes. Elles nous ressemblent et sont refuges, aussi faut-il les choisir avec soin, même si cela prend du temps. Après « Sur mon chemin », Nancy Guilbert et Séverine Duchesne se retrouvent pour nous offrir ce très bel album, aux mots-poésies et aux illustrations combinant objets réels, dessins, découpes et collages. Une jolie merveille !
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Paris, 1803. Auparavant diseuse de bonne aventure, Louise travaille, et habite, désormais, avec la célèbre Marie-Anne Lenormand, cartomancienne et nécromancienne, chez qui le beau monde accourt. Mais un jour, Marie-Anne est arrêtée et emprisonnée pour « trahison ». Résolue à aider sa mentore, Louise va mener l’enquête avec l’inspecteur Brandicourt. Elle sollicite l’aide de l’Impératrice Joséphine elle-même et n’hésite pas à se mettre en danger pour résoudre une mystérieuse affaire de meurtre, qui pourrait bien être liée à ce qui est reprocher à Marie-Anne.
L’apprentie cartomancienne est un thriller historique haletant qui nous plonge avec réalisme dans le Parie et la société d’alors; nous décrivant ses bas-fonds, ses croyances, ses rouages et ses complots à tous niveaux.
Ibrahim vit dans une cité du nord de Paris. Les tours, les habitudes, les deals en tout genre, les codes à respecter, Ibrahim veut voir autre chose. Alors il prend son vélo pour remonter le canal et aller pêcher, au milieu de la nature, et du silence surtout. Pour oublier la mort de son frère aîné et ce que ça a entraîné dans sa famille, pour faire silence, pour réfléchir à Chéryne. Mais chaque nuit, un cauchemar plus réaliste que la réalité l’assaille et le questionne. Et si il y avait un message à comprendre ?
Ce court roman nous offre une immersion dans une cité, avec sa culture et ses lois, tout comme une réflexion sur nos lignées et choix de vie ; sommes-nous condamnés à suivre nos ascendants, sommes-nous conditionnés, ou pouvons-nous faire des choix qui nous ressemble, pour s’accomplir individuellement, tout en faisant société? Tout sonne juste, terrible ou beau.
pour les plus grands, une lecture intense, immersive, réelle, tour à tour joyeuse et grave, qui nous emmène dans une cité du 9-3, auprès d’un ado de 17 ans, qui vit seul avec sa mère, avec qui il ne partage rien, car elle ne l’aime pas et lui reproche le départ de son père plus de dix ans auparavant. Malade, elle est hospitalisée. Notre ado en profite pour se rendre sur le toit de sa tour et cultiver de l’herbe. Mais comme rien ne peut se faire sans l’accord du caïd des lieux, El-Ghaib, il va lui demander l’autorisation de cultiver des fleurs. Ce dernier accepte tout en lui ordonnant d’offrir chaque jour un bouquet à une personne différente. Sinon… En parallèle, ses livraisons personnelles l’amènent à passer le seuil d’une librairie atypique, tenue par Sophie.il va y découvrir le pouvoir des mots, l’amour des livres, la préciosité de l’amitié, la valeur de la vie.
Le Jardin dans le ciel est un roman au ton faussement léger, écrit dans une langue très orale, au phrasé de cité, à l’argot des rues, qui nous plonge instantanément dans le quotidien de notre ado, pour qui on se prend très vite d’affection. C’est qu’il est tendre ce jeune homme, et sa vie pas facile. Ce roman c’est un concentré d’émotions, de sensibilités, de subtilités aussi. Outre les débats littéraires et poétiques, on y découvre différentes variétés de fleurs, ce que signifie prendre soin des autres et comment. C’est un roman de vie, de la vie, avec ses rencontres, ses joies, ses difficultés, et son métissage. Un vrai bonheur de lecture !
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Si l’été et les vacances tournent la page, celles des livres demeurent, et n’ont pas besoin de saisons pour se laisser lire ! Partagez-vous nos Coups de Cœur ? Quels ont été les vôtres ? Bonne Rentrée !