ALOGDA s’engage – aux côtés de l’UNICEF pour son prix de littérature jeunesse 2023

Pour la quatrième année consécutive, nous avons fait le choix de nous engager aux côtés de l’UNICEF. Après une année de transition nécessaire au changement de leur emploi du temps pour s’adapter au calendrier scolaire, une nouvelle sélection a été proposée en juin dernier sur le thème « Un air de famille ». Cette thématique s’inscrit dans la Convention internationale des droits de l’enfant et la sélection permet d’aborder des sujets essentiels tels que les différentes formes de familles, l’éducation et la transmission, la précarité, la violence, …
Les votes se clôturant ce dimanche 30 avril, nous en profitons pour vous présenter la sélection !

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Catégorie 3-5 ans

Camille veut une nouvelle famille

Camille veut une nouvelle famille de Yann Walcker & Mylène Rigaudie, Auzou, 2013.

Camille trouve que sa maman lui donne trop de bisous, son papa n’est jamais disponible pour jouer avec lui et sa petite sœur est agaçante. Il décide alors de partir à la recherche de la famille idéale. Au fil des rencontres il découvre des familles monoparentales ou adoptives, des familles dans lesquelles les parents ont des origines différentes ou sont du même sexe, des familles différentes mais qui sont toutes idéales à partir du moment où l’amour est présent. Une jolie histoire qui parle de tolérance, de différence et de famille.

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Attends je vais t’aider !

Attends, je vais t’aider ! de Charlotte Bellière & Orbie, Alice, 2021

Que c’est compliqué de se préparer le matin ! Il faut assortir la jupe avec les chaussettes, mais aussi avec le t-shirt… D’ailleurs, la maman de Lisette est tellement exigeante que la petite fille n’a jamais pu aller à l’école.
Un matin, à la grande surprise de sa maman, Lisette décide de se préparer toute seule et d’enfin aller à la rencontre de ses camarades. Même si elle ressemble à un épouvantail.
Un album qui invite les enfants à essayer de se débrouiller. C’est en essayant que l’on apprend, et quelle fierté de constater ses progrès !

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Encore cinq minutes…

Encore cinq minutes… de Marta Altes, Circonflexe, 2019

Papa renard s’occupe beaucoup de ses petits renardeaux, mais il court sans cesse après le temps. Son aîné trouve d’ailleurs que son papa a une drôle de gestion du temps. « Papa a souvent du mal pour évaluer le temps. Papa pense qu’une heure c’est long mais c’est faux ! Une heure ce n’est pas très long : nous venons juste de commencer à jouer et papa dit toujours « il est temps de partir » alors que ce n’est pas vrai du tout. »
Un très joli album qui invite à réfléchir sur la perception du temps selon les moments de la journée, l’intérêt de l’activité… ou son rôle dans la famille !

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Pépé Ours

Pépé Ours d’Elodie Balandras, Didier jeunesse, 2020.

Quelle belle relation que celle qu’entretiennent Petite Ours et Pépé Ours ! L’enjeu traditionnel de ce printemps et de décrocher une ruche pleine de miel. Mais voilà, Pépé Ours vieillit et cela va être l’occasion pour Petite Ours de montrer à quel point elle a grandi.
Une histoire tendre qui aborde l’inévitable vieillesse des grands-parents, mais aussi le rôle des petits enfants qui gagnent chaque année en autonomie.

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Catégorie 6-8 ans

Mon premier demi-frère

Mon premier demi-frère de Davide Cali & Amélie Graux, Little Urban, 2019.

Mon premier demi-frère est issu d’une série de romans destinés aux nouveaux lecteurs sur des thèmes proches de leur quotidien.
Effectivement ce petit roman montre bien que la famille nucléaire n’est plus la norme, et les chamboulements que vit l’enfant quand son parent refait sa vie.
Si le but, louable, est de dédramatiser la situation, mettre en avant des avantages comme le nombre de cadeaux de Noël, la possibilité de manger plus de junk food ou de prétexter un oubli dans son autre maison lorsqu’on n’a pas fait ses devoirs n’est pas des plus pertinent. D’autant que la seule solution acceptable est que le demi-frère en question soit un camarade de classe, ce qui n’est pas la situation la plus fréquente.

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Je m’appelle Wakawakaloch !

Je m’appelle Wakawakaloch ! de Chana Stiefel & Mary Sullivan, Circonflexe, 2020.

Heureusement pour les adultes qui lisent cet album aux enfants, il s’ouvre sur l’explication de la prononciation adéquate du prénom de la petite héroïne (Wa-ka-wa-ka-lokh) ! Et ce prénom, c’est justement le souci de Wakawakaloch : il est long, il est bizarre, et elle en changerait bien pour un banal Ogg ou Gloop… Jusqu’à ce qu’elle découvre l’origine de son prénom dans son histoire familiale.
On peut d’ailleurs regretter que cette histoire ne prenne pas plus de place dans le récit que le désir de Wakawakaloch de trouver un t-shirt avec son nom de dessus. Toujours est-il que les enfants apprécient l’humour des anachronismes glissés par Mary Sullivan dans les illustrations (l’occasion d’apprendre le sens de ce « mot savant » ?). Aux adultes ils rappelleront la mythique Famille Pierrafeu.

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Barbouillé

Barbouillé d’Olivier Dupin & Quentin Zuttion, éditions petit lapin, 2020.

La famille mise en scène dans Barbouillé est pour le moins inquiétante. On y est maladroits et on s’y tâche très souvent. Or, une simple couleur peut revêtir un tout autre sens : un bleu de barbouillé est en réalité celui d’un maltraité, une ecchymose que l’on prend pour une peinture.
L’adulte comprend assez vite que ces tâches de peinture sont la symbolique de traces de coups. Car le père de famille bat sa femme et son fils. Celui-ci est le narrateur, ce qui permet d’aborder ce thème de la maltraitance à hauteur d’enfant.
Mais très clairement, il est indispensable d’accompagner cette lecture. Les quatre pages qui concluent l’album sont un début, mais il est préférable de laisser la place à un débat ou un réel temps d’échange avec les enfants sur ce sujet si délicat.
Le texte est simple, la métaphore très bien vue. Cet album prend aux tripes, c’est une vraie réussite.

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La maison bleue

La maison bleue de Phoebe Wahl, éditions des éléphants, 2021.

Cet album raconte les liens d’un père et son fils face à une épreuve : un déménagement imposé. Que leur maison bleue est charmante ! Un peu vieillotte et mal isolée mais tellement mignonne. On comprend qu’ils aient du mal à la quitter, mais ces éléments nous donnent aussi des indices sur les difficultés financières du duo.
Les illustrations sont très mignonnes, avec un effet de profondeur grâce à la superposition d’éléments découpés. Et elles comportent un amusant jeu de piste de références musicales et littéraires auxquelles se prêter en famille.

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Catégorie 9-12 ans

La colère de Rudy

La colère de Rudy de Sophie Rigal-Goulard, Rageot, 2021.

Un roman qui nous emmène sur les traces de Rudy qui vient d’être séparé de sa mère avec ses deux demi-soeurs, Hissa et Lilly pour aller vivre dans une maison situé à SOS Village d’enfants. Leur mère « SOS », Claire, les accueille avec chaleur et générosité mais Rudy refuse son aide. Nous suivons tout son cheminement intérieur au fil de ses premiers mois à SOS Village d’enfants, ses RDV chez la psychologue, ses premiers jours au collège, son amitié avec Gabin, ses tentatives pour récupérer la vie qu’on lui a volée… L’histoire de Rudy est vraiment poignante, intense, elle bouscule nos a priori sur ce qu’est une famille d’accueil, sur les règles qui les régissent, sur les liens qui s’y tissent. Sur le courage des femmes et des hommes qui choisissent cette mission, sur le courage des enfants qui leur sont confiés.

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La famille Puzzle

La famille puzzle – Petites chroniques d’une famille recomposée de Pascale Bougeault, Rue de l’échiquier jeunesse, 2020.

Album documentaire, La famille puzzle aborde sous forme de récit illustré des situations propres aux familles recomposées, de la rencontre des amoureux aux présentations des enfants, l’installation dans un même foyer de deux familles en garde partagée.
L’ensemble est assez didactique mais ne manque pas d’intérêt. Les enfants lecteurs et leur famille ne manqueront pas d’y retrouver des situations qu’ils, ou leurs copains, connaissent bien. Le tout est abordé avec simplicité et humour pour bien dédramatiser.

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Beurre breton et sucre afghan

Beurre breton et sucre afghan d’Anne Rehbinder & Vincent Bergier, Actes sud junior, 2021.

Les thèmes abordés dans Beurre breton et sucre afghan sont difficiles. Immigration, chômage, anxiété… Anne Rehbinder n’a pas choisi la facilité. Pourtant, elle les exploite sans tomber dans la facilité ni l’émotion forcée.
Il est ici question de famille de sang et de famille de cœur. Mais aussi d’ouverture aux autres et d’accueil de personnes issues d’une culture différente. Une lecture aussi douce et réconfortante qu’un kouign-amann à la fleur d’oranger.

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Les fleurs de grand frère

Les fleurs de grand frère de Gaëlle Geniller, Delcourt, 2019.

Quand on est un enfant, on n’aspire souvent qu’à une chose : être normal. Alors imaginez qu’un beau matin, vous vous éveilliez et constatiez que vous êtes arbitrairement, mais néanmoins irrémédiablement différent. Et que cette particularité se révélait, aux yeux de tous ! L’histoire de Grand frère qui constate un beau matin que des fleurs ont poussé sur sa tête permet de traiter avec originalité de l’acceptation de soi et de ses différences. Le dessin est plein de grâce : tout en rondeur, doux et expressif. Il en émane une onde de mélancolie, mais aussi beaucoup de poésie et quelque chose de très enfantin. Et la métaphore fonctionne très bien, surprend, bouscule, réconforte, émerveille. Avec ses bulles concises et une atmosphère douce comme une élucubration enfantine, cette BD a beaucoup d’arguments pour séduire les jeunes lecteur.ice.s… particulièrement celles et ceux qui ont des fleurs dans les cheveux !

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Catégorie 13-15 ans

Il était une forme

Il était une forme de Cruschiform, Maison Georges, 2021.

Voilà un album ingénieux qui nous invite à revoir notre vocabulaire géométrique ! Et si en effet derrière les triangles et autres parallélogrammes se cachait tout une réflexion métaphysique sur les rapports humains ? En reprenant la trame d’un conte classique mais à travers un dessin particulièrement graphique, des formes géométriques et un lettrage original, l’autrice nous invite à discuter des attentes qui pèsent sur nous, des conventions et autres limites à la liberté d’être soi. Et quelle audace de proposer un album dans la catégorie des 13-15 ans !

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Grand appartement bizarre

Grand appartement bizarre, tome 1 : Plein de chambres à louer de Nathalie Stragier, Syros jeunesse, 2021.

Après la mort de ses parents, Gabriel ne peut envisager de quitter son Grand appartement bizarre. Désespéré, il va envisager toutes les solutions lui permettant de le garder… Y compris en louer une partie à une famille qui rencontre des difficultés à se loger.
Ce roman aborde le thème de la famille du côté de celle qu’on se construit hors de tout lien de sang. Les personnages sont attachants, bien croqués, et si l’intrigue est un peu cousue de fil blanc elle n’en est pas moins agréable.

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Enterrer la lune

Enterrer la lune d’Andrée Poulin & Sonali Zohra, Alice, 2022.

Latika n’a qu’un souhait, enterrer la Lune, enterrer sa Lumière, ne plus voir ni ressentir la Honte qu’Elle dévoile, impudique. Car chaque nuit, Latika, sa sœur, sa mère, les filles et femmes de son village d’Inde convergent vers un champ pour s’y soulager. Et chaque jour, Latika redoute de voir arriver ses douze ans, qui l’empêcheront d’aller à l’école.
Un jour, un représentant-important-du-gouvernement est dans son village et demande aux villageois ce qu’ils veulent pour son village. Latika aimerait parler mais on en l’y autorise pas. Et c’est un puits qui sera construit. Alors Latika qui ne peut pas parler, à cause de la Honte, parce que c’est une fille, décide d’agir.
Ce roman rédigé en vers libres, comme pour en adoucir la dureté, aborde un sujet aussi délicat que terrible: l’absence de toilettes dans de nombreux villages, ici d’Inde, mais malheureusement encore partout dans le monde. Une absence qui entraîne ostracisation, maladies et décès, et souvent quasi qu’à l’encontre des filles et femmes. Ceci est tellement important qu’une Journée Mondiale des Toilettes a été instituée le 19 novembre.

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Un grand-père tombée du ciel

Un grand-père tombé du ciel de Marc Lizano, d’après Yaël Hassan, Jungle Pépites, 2022.

Leah découvre qu’elle a un grand-père et que celui-ci va venir s’installer chez eux. D’abord impatiente de faire sa connaissance, elle se met vite à regretter ne pas avoir un papi plus sympathique. Pourtant, ils s’apprivoisent peu à peu et la fillette découvre que son grand-père porte une douleur encore vive sur le cœur.
Adaptation du roman éponyme, cette bande-dessinée aborde des thèmes divers comme celui de la famille mais surtout revient sur des événements historiques marquants et le poids qu’il a laissé sur des générations : la déportation des juifs, l’antisémitisme toujours existant…
Un récit sensible à portée des jeunes lecteurs.

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Avez-vous lu certains de ces livres ? Avez-vous envie de les découvrir ? Nous vous invitons à guetter les lauréats de chaque catégorie sur le site my.unicef.fr.

ALODGA s’engage – aux cotés d’Handicap International pour parler du handicap

Ce samedi 24 septembre aura lieu dans plusieurs villes de France la fameuse pyramide de chaussures de l’ONG Handicap International.
Sous le Grand Arbre, nous avons décidé de saisir l’occasion pour vous proposer une sélection pour parler du handicap aux enfants.

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Cécité

L’histoire d’Helen Keller aurait pu figurer dans plusieurs catégories. En effet, cette petite fille est née en 1880 sourde, muette et aveugle. Enfermée dans ce qu’elle appellera sa « prison », elle ne parviendra à s’ouvrir au monde que grâce à la patience et à la ténacité de son institutrice, Ann Sullivan. Celle-ci saura éveiller la curiosité de sa petite protégée qui deviendra un modèle par son engagement. Un témoignage extrêmement touchant.

L’histoire d’Helen Keller, Lorena A. Hickok, Pocket, 1998.

L’avis de Lucie.

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Rien que la douceur qui émane de cette couverture, Les yeux fermés, invite à la découverte des sens.  A travers une mélodie jouée par son ami imaginaire ( ? ) Moe, Lily entend les cris plaintifs d’un jeune lapereau perdu. C’est en écoutant et fermant les yeux que Lily invite son ami à deviner le froissement d’une fleur qui éclot ou le friselis des blés dans un champ. Quelle belle poésie écrite par Catherine Latteux mis en images par Célina Guiné. Des illustrations douces, soignées, imprégnées de légèreté tel que le son si subtil que Lily peut attendre.

Les yeux fermés, Catherine Latteux et Célina Guiné, d2eux, 2020

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Du haut de mon cerisier est l’histoire de Mafalda, une fillette porteuse de la maladie de Stargardt, une maladie génétique rare qui entraîne une cécité progressive. L’auteure, atteinte de cette même maladie, nous livre un récit fort émotionnellement porteur d’un très beau message d’espoir. Mafalda est entourée de personnes bienveillantes qui l’encouragent à chercher ce qu’elle pourrait gagner plutôt qu’à ne penser qu’à ce qu’elle va perdre.

Du haut de mon cerisier de Paola Peretti, Gallimard Jeunesse, 2019.

Les avis d’Isabelle, de Linda et de Lucie.

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Thomas est un petit garçon pas tout à fait comme les autres puisqu’il ne voit pas. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas de ressenti, ni que les noms des différentes couleurs sont vides de sens pour lui. Chacune lui évoque un fruit, une sensation (une plume, craquèlement des feuilles mortes), une odeur (pluie, fraise), la météo (soleil, orage), … Mais celle qu’il préfère est le noir, car elle le rassure et lui rappelle sa mère.

Le livre noir des couleurs. Menena Cottin et Rosana Faria. Rue du Monde, 2007

Album au format à l’italienne, tout en noir, il est réhaussé de vernis sélectif pour un rendu tactile délicat. Son texte empreint de poésie est écrit en braille puis en mots blancs. Une petite biographie de Louis Braille le referme pour donner envie d’en savoir plus.

L’avis de Blandine ICI.

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Surdité

Shoko est née sourde ; même appareillée, elle peine à saisir les conservations. Par ailleurs timide et réservée, elle devient une cible facile pour sa classe qui la persécute physiquement et psychologiquement. Shoya, instigateur du harcèlement sera accusé comme seul bourreau quand la famille de la jeune fille portera plainte et la changera d’école. Ils se retrouvent des années plus tard… A Silence Voice aborde la difficulté d’intégration des enfants handicapés dans le milieu scolaire. L’auteure dénonce ce comportement en faisant du bourreau la victime. Se faire pardonner sera son chemin de rédemption et pour cela, il tentera de comprendre la différence de Shoko et de se rapprocher d’elle en pénétrant les mystères de son monde silencieux.

A Silent Voice (7 tomes) de Yoshitoki Oima, Ki-oon, 2015/2016.

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Leur rencontre fait partie de ces événements magiques qui subliment nos déambulations littéraires. Qu’est-ce qu’un cambrioleur de 21 ans et une jeune orpheline atteinte de surdité pourraient avoir en commun ? Le sentiment d’être désespérément seuls et différents, de voir leur destin dérailler et leur échapper. Chez Victor, on est braqueur de père en fils, mais lui est irrémédiablement gentil, sensible et… honnête. Yazel, d’une lucidité et d’une détermination déconcertantes pour son âge, perçoit un décalage désespérant avec les autres collégiens et surtout avec sa tante qui s’efforce de faire d’elle une jeune fille exemplaire. Ces deux destins qui s’entrechoquent font immédiatement des étincelles (le plus effrayé des deux n’étant pas celui qu’on croit…), déclenchant une grande vadrouille à travers l’Europe, en direction de la Bulgarie et du lac Pancharevo. Les répliques ciselées sont truffées de chouettes références littéraires. Un très joli roman qui ouvre une fenêtre sur le vécu de ceux qui n’entendent pas, le temps d’une cavale poétique et mouvementée.

Nos mains en l’air, de Coline Pierré, Le Rouergue, 2019.

L’avis d’Isabelle

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Un nouveau venu intègre la classe de Victoria. Il s’appelle Manolo, il vient de Malaga en Espagne, et il est sourd. Si la maîtresse maîtrise la LSF (que signe Manolo) et si Victoria est enchantée de l’apprendre, comme tout ce qui a trait à lui, ce n’est malheureusement pas le cas des parents d’élèves qui s’inquiètent du potentiel retard pris par leurs enfants en raison du « handicap » du nouveau. Victoria trouve le moyen de sensibiliser les enfants, puis eux leurs parents ensuite, à la surdité, pour chasser leurs idées reçues ou peurs, et accepter la différence comme un enrichissement mutuel.

Sandrine Beau nous livre ici un texte sensible sur la surdité, ses conséquences sociales et la dureté du monde à l’encontre de la différence. Pour autant, le récit est empreint d’humour et de clins d’œil, et les passages difficiles s’alternent avec ceux, de la vie de famille de Victoria, qui apportent souffle et légèreté. Tout comme les illustrations colorées de Gwenaëlle Doumont.

Le garçon qui parlait avec les mains. Sandrine BEAU et Gwenaëlle DOUMONT. Alice Editions, 2015

L’avis de Blandine ICI.

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Handicap physique

L’histoire de Camille, cette fille née sans bras qui doit se faire une place dans un nouveau collège, aurait pu être poignante. Mais Valentine Goby en a fait le récit solaire de la manière dont une différence peut être profondément libératrice pour celles et ceux qui ont du mal à entrer dans le moule. Autrement dit… pour chacun, ou presque ! Voilà une invitation bienvenue à surmonter nos clichés sur le handicap en nous posant d’excellentes questions : qu’est-ce que cela signifie exactement ? Et qu’est-ce que cela ne signifie pas ? Pourquoi cela heurte-t-il beaucoup de gens ? Ce chouette roman est porté par la plume vive et incarnée de Valentine Goby. Le message est résolument optimiste. Il donne envie de croire aux pouvoirs de l’entraide, de la tolérance et des passions communes (aux rang desquelles la lecture figure bien sûr en bonne place). Et de célébrer nos différences !

L’anguille, de Valentine Goby. Éditions Thierry Magnier, 2020.

Les avis de Linda, d’Isabelle et de Lucie.

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August est différent. Pas seulement hors-normes, c’est quelque chose de plus radical : il a beau essayer de cacher sa figure difforme – yeux asymétriques, oreilles presque inexistantes, bouche tordue – son apparition suscite des réactions épidermiques : regards appuyés ou fuyants, chuchotis, choc, curiosité, sollicitude ou hostilité. Une scolarité dans une classe « normale » est-elle envisageable pour un tel enfant ? En l’envoyant au collège, ses parents ne risquent-ils pas de l’exposer à des situations insupportables ? Anniversaires, photo de classe, travail en groupe, sorties, etc. ne seront-elles pas autant d’occasions de ressentir comme une claque à quel point il diffère ? Ce roman est porté par ses personnages magnifiques, à commencer par August qui révèle une lucidité et une humanité désarmantes. L’auteur opte pour une narration chorale qui donne une voix à plusieurs protagonistes et permet de varier les perspectives, nourrissant notre curiosité et révélant ce qui se cache derrière certains comportements et qu’August ne perçoit pas. L’ensemble donne un roman lumineux et inspirant, qui donne confiance et envie d’être plus tolérant.

L’avis d’Isabelle

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Narumi Shigematsu propose une série en trois volumes qui porte un regard bienveillant et optimiste sur le handicap. Portée par une jeune fille ayant perdu une partie de sa jambe droite suite à une maladie (sarcome osseux), l’histoire met en avant la joie du vivre et la force de continuer d’avancer au travers d’une passion. Le dépassement de soi est au cœur de cette histoire qui valorise le sport comme vecteur de réussite.

Running Girl, Ma course vers les Paralympiques (3 tomes) de Narumi Shigematsu, Akata, 2020.

L’avis de Linda.

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On retrouve tout le talent d’Annelise Heurtier pour prêter sa voix aux adolescents dans Envole-moi. Avec beaucoup de sensibilité, elle tisse une relation amoureuse entre Swann et Johanna. Celle-ci a perdu l’usage de ses jambes, et l’auteure évoque sans langue de bois les difficultés et les rêves d’une ado en fauteuil roulant. Une histoire pleine d’espérance.

Envole-moi, Annelise Heurtier, Casterman, 2017.

L’avis de Lucie.

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Handicap mental

La petite casserole d’Anatole d’Isabelle Carrier est un album au format carnet de voyage qui nous invite à suivre le parcours du jeune Anatole, un parcours semé d’embûches particulièrement difficiles à franchir pour lui qui traîne dans son dos une sacrée casserole. Elle se coince partout, elle le fait trébucher, elle le ralentit. Et surtout les gens ne remarquent qu’elle et ne le voient pas, lui, Anatole. Heureusement, parfois de belles rencontres permettent de trouver des chemins de traverse pour exister pleinement. A chaque rentrée, dans un joli collège de Haute-Gironde, l’enseignante du dispositif ULIS (Unité Locale d’Inclusion Scolaire) lit cet album avec ses élèves à tous les enfants qui rentrent en 6e. Une magnifique entrée en matière pour nous rappeler que nos relations aux situations de handicap sont avant tout une question de regard. Alors osons mettre les lunettes d’Anatole le plus souvent possible !

La Petite casserole d’Anatole, Isabelle Carrier, Bilboquet, 2009.

Voir aussi l’avis de Lucie.

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L’héroïne d’Un petit frère pas comme les autres est la sœur de Doudou-lapin. Cette histoire montre l’amour et la souffrance que ressent la fratrie, impuissante à aider et à protéger un frère atteint de Trisomie. A hauteur d’enfant, Marie-Hélène Delval aborde le thème du handicap mental avec beaucoup de justesse.

Un petit frère pas comme les autres, Marie-Hélène Delval, illustrations de Susan Varley, Bayard Jeunesse, 2003.

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Lundi dernier une lecture commune enthousiasmante a été publiée. L’histoire d’Annie, une jeune femme atteinte de trisomie 21 mais aussi l’histoire d’une famille et d’un concours de majorettes.

Annie au milieu, Emilie Chazerand, collection Exprim’, 2021

Les avis de Frédérique et de Lucie.

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Même si ce n’est pas à proprement parlé un livre de littérature jeunesse, il tenait à cœur à Colette d’intégrer à cette sélection le magnifique livre de Clara Dupont-Monod intitulé S’adapter qui a reçu le prix Goncourt des lycéens l’année dernière, preuve que nos adolescent.e.s sont particulièrement sensibles à la question du handicap. On y découvre l’histoire d’une fratrie qui voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’un enfant handicapé. A travers la voix de chaque frère et soeur, c’est toute une famille qui se livre dans sa pluralité. C’est un texte qui raconte un deuil inhabituel et un amour puissant au fil de choix narratifs originaux, qui creusent dans la mémoire un sillon de terre tendre pour accueillir toutes ces paroles qui se mêlent, sans jamais vraiment se rencontrer.

S’adapter, Clara Dupont-Monod, Stock, 2021.

Voir aussi l’avis d’Isabelle

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Pour en savoir plus sur cet événement et trouver une pyramide ou un lieu accueillant l’exposition itinérante près de chez vous, n’hésitez pas à visiter la page consacrée à la 28ème édition de la pyramide de chaussures.

ALOGDA s’engage – aux côtés de l’UNICEF.

Voilà deux ans que nous nous engageons aux côtés de l’UNICEF pour promouvoir le prix de littérature jeunesse que l’organisme propose depuis 2016. Cette année, l’UNICEF n’a pas proposé de sélection pour tenir compte des remarques formulées par les acteurs éducatifs qui déploraient que le rythme du prix ne soit pas celui d’une année scolaire. En effet, souvent accompagné.e.s par leurs enseignant.e.s, les élèves lisaient les livres de la sélection sur l’année scolaire mais ne savaient pas quelles œuvres avaient recueilli le plus de suffrages car les résultats étaient proclamés en novembre de l’année suivante alors qu’elles et ils avaient changé de classe. Donc cette année, on a eu le choix de se plonger dans une des sélections des années précédentes. Après concertation démocratique au pied de l’arbre, nous avons choisi un sujet qui nous enthousiasme, à une époque qui demande d’être repensée : le sujet de la sélection 2019, année des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, « Héros et héroïnes du quotidien, petits et grands combats de société » .

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Dans la sélection des 3-5 ans

Ce que j’aime vraiment d’Astrid Desbordes et Pauline Martin, Albin Michel jeunesse, 2017.

Archibald n’arrive pas à jouer au tennis. Il rate dès qu’il essaie. Aussitôt, il généralise cet échec, momentané et ciblé, à tout ce qu’il entreprend ou voudrait faire. Pour toute réponse, sa maman l’emmène en balade. En observant la nature et les animaux, la maman pose des questions à son fils, d’une manière très innocente, et apparemment sans rapport… Vraiment?

Cet album illustre parfaitement une certaine phrase qu’aurait prononcé Einstein sur la capacité de chacun pour nous démontrer que nous réussissions tous en quelque chose, parce que nous l’aimons, parce que nous y croyons. Un album au graphisme minimaliste et détaillé, empli de bienveillance pour instiller confiance en soi!

« Tu ne peux pas tout réussir, mais si tu trouves ce que tu aimes vraiment, ce qui est important pour toi, tu le réussiras. »

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Pour quelques gouttes d’eau d’Anne Jonas, Marie Desbons, Le buveur d’encre, 2017

Zahina vit dans un pays où l’eau est précieuse. Chaque jour elle accompagne sa famille au puits. Mais chaque jour elle en renverse un peu, happée par ses rêveries. Consciente de la valeur de l’eau, ce gâchis la rend triste et la fait culpabiliser. Mais elle a beau prendre des résolutions, rien n’y fait : son esprit divague le long du chemin. Jusqu’au jour où elle casse une jarre et ne peut cacher cette maladresse à son père.

Cet album d’Anne Jonas invite les jeunes lecteurs à réfléchir au prix de l’eau. S’il leur suffit d’ouvrir un robinet, ce n’est pas le cas de tous les enfants, loin s’en faut ! Mais il fait aussi la part belle à la rêverie et aux conséquences parfois merveilleuses de nos supposées maladresses. Les illustrations foisonnantes colorées de Maries Desbons nous invitent au voyage.

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Gros ours ? de Lisa Blumen, Kilowatt, 2017.

Gros Ours est un peu triste ce matin. La petite fille veut comprendre pourquoi et l’aider à aller mieux. Elle émet toutes sortes d’hypothèses et n’épargne pas sa peine pour prendre soin de son ami.

Cet album a remporté le prix UNICEF, et l’on comprend aisément pourquoi. En effet, quel enfant ne s’est pas retrouvé face à un ami ou un proche triste ? Quel enfant n’a pas essayé de comprendre et de le faire sourire ?
Car se préoccuper de son prochain est à la portée de tous, dès le plus jeune âge, et les enfants le savent bien !

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Palmir de Gilles Baum et Amandine Piu, Amaterra, 2018.

Palmir est de ces albums qui nécessitent un accompagnement. Car si les enfants peuvent n’y voir qu’un dragon se rendant à l’école, les adultes comprennent immédiatement que ce dragon fuit son pays en guerre. N’emportant qu’une petite valise, il traverse les épreuves avec courage. Sera-t-il bien accueilli une fois arrivé à destination ?

Un album qui raisonne fortement avec l’actualité et qui invite les enfants à accueillir l’Autre avec ses différences et son histoire.

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Un si petit cœur de Michel Gay, L’école des loisirs, 2018.

Sur le chemin de l’école, Nour recueille un oiseau blessé. Elle le protège, le nourri et en prend soin, jusqu’à ce qu’il puisse s’envoler.

Si l’histoire est extrêmement simple, son contexte interpelle les jeunes lecteurs. Pourquoi la petite fille porte-t-elle un foulard ? Que font ces gros camions ? Où sont les habitations ? Et les enfants de se rendre compte qu’ils réagissent de la même manière face à un être vivant fragile, quelque soit leur origine, leur sexe ou leur religion.

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Dans la sélection des 6-8 ans

Rosie Pink, le paradis des mauvaise herbes de Didier Levy et Lisa Zordan, Sarbacane, 2018.

Dans cet album, il est question de cultiver son jardin. Deux visions s’affrontent : celle de Rosie et celle d’Horace. Celle d’une enfant et celle d’un adulte. Celle de la nature sauvage et celle de la nature domestiquée. Et surtout dans cet album, il est question d’équilibre. Un équilibre offert par la nature elle-même à qui sait l’observer.

« Et soudain un matin, la lumière revient.

C’est le printemps !

La neige s’évapore et la roseraie réapparait.

Mais ce n’est plus tout à fait la même. »

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Chère toi que je ne connais pas d’Isabel Pin, Hélium, 2018.

Un album délicat où une petite fille écrit à une étrangère nouvellement arrivée dans sa classe pour l’inviter à venir prendre le goûter chez elle. Par petites touches, au travers de cette accueil bienveillant, c’est la vie de cette réfugiée avant la guerre qui est évoquée : celle d’une petite fille pas si différente de celle qui l’accueille aujourd’hui.

Chère toi,
Je t’invite samedi après-midi
à quatre heures,
pour un goûter chez moi.
On ne se connaît pas,
mais la maîtresse dit
que tu viens d’un autre pays…

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Fuis, tigre de Gauthier David et Gaëtan Dorémus, Seuil jeunesse, 2018.

Un tigre fuit, rampe, bondit pour échapper aux flammes. Il va devoir quitter sa terre natale et aller vers les terres étrangères, découvrir le monde domestique. Le tigre va trouver refuge dans une maison, dans la chambre d’un petit garçon. Un album qui, tout comme Palmir, aborde le sujet au combien d’actualité de l’exil forcé.

Fuis Tigre.
Tu es plus rapide que le feu.
Vif, déployé, tu le distances.
Fuis Tigre.
Enjambe. Rampe. Bondis.
Échappe aux flammes qui s’étirent pour te prendre.
Aux arbres qui tombent.
Au souffle terrifiant de l’incendie.
A la fumée suffocante, pluie de braises.
Fuis Tigre.
Ta terre natale disparaît derrière toi.
Il restera ton histoire.

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Les papillons de Risha d’Amarnath Hosany et Minji Lee-Diebold, Hongfei, 2018.

Dans un monde bruyant et indifférent, Risha, enfant muette, réunit sa famille pour un moment de partage véritable. Autour de Risha, petite fille d’aujourd’hui, le monde est bruyant mais on n’y communique bien peu. Même dans sa famille où maman, papa et frérot sont absorbés par leurs écrans. Alors Risha, petite fille muette, se réfugie dans un monde imaginaire où ses doigts légers dialoguent avec les nuages. Un soir, une panne d’électricité plonge le quartier dans l’obscurité. Tout le monde est désemparé. Sauf Risha !

Ça surfe, ça chat, ça zappe… en silence.
Les regards se croisent mais ne se rencontrent pas.
À la maison, c’est un film muet qui se joue quotidiennement.

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Le crayon magique de Malala de Malala Yousafzai et Kerascoët, Gautier-Langereau, 2018.

Dans cet album, Malala se remémore son enfance, lorsqu’elle rêvait, grâce à un crayon magique, de pouvoir transformer et améliorer par petites touches son quotidien et celui de sa famille.

Un crayon magique comme un moyen d’échapper à la réalité de son pays, le Pakistan. Un pays dans lequel la guerre, la pauvreté, la faim règnent. Un pays dans lequel les libertés, et notamment celles des filles, se trouvent réduites, pour aller à l’école, puis jusque dans leurs rêves.

Le crayon magique de Malala est devenu réalité. Entre ses mains, il a commencé à écrire sa vie, sa peur et celle de ses amies, son amour de l’école et du savoir. Pour que le monde sache. Avec courage, volonté et même obstination. Bienveillance, paix et amour.

« J’espère que mon histoire vous permettra de découvrir la magie dans votre vie quotidienne et d’oser dire ce en quoi vous croyez. »

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Dans la sélection des 9-12 ans

Vives et vaillantes de Praline Gay-Para, Didier jeunesse, 2018.

Non, les filles et les femmes des contes ne sont pas des « nunuches » soumises et passives qui attendent sans rien faire que le Prince Charmant viennent les délivrer et les épouser. Pour nous démontrer qu’elles sont volontaires, actives et actrices de leur destin, Praline Gay-Para, nous raconte sept contes méconnus issus de la Méditerranée, qu’elle a parfois mixé ou réactualisé pour coller à l’esprit d’aujourd’hui.

Ces contes en rappellent d’autres, et démontrent que la forme n’est pas fixe, qu’elle évolue, s’adapte en fonction des époques et des lieux mais sans pour autant perdre de sa facétie ou de son message.

« S’il existe des récits entiers ou des motifs du répertoire traditionnel sexistes, c’est à nous qui les transmettons aujourd’hui de faire le tri dans ce que nous racontons et de penser nos histoires ici et maintenant. »

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L’histoire du mouton qui sauva une école de Thomas Gerbeaux et Pauline Kerleroux, La joie de lire, 2018.

Drame sur l’île aux moutons : le ministre de l’éducation nationale a décidé de fermer l’unique classe car elle compte moins de 30 élèves et il faut, comme toujours, faire des économies (pourquoi ? ça on ne sait pas !) Mais c’est sans compter sur l’inventivité des habitant.e.s de l’île et notamment du « vétérimaire » et de sa fille Jeanne qui vont solutionner cet épineux problème avec humour.

Le jour où le ministre décida qu’il y avait trop de classes.

« Le puissant ministre de l’éducation nationale ne trouvait jamais de position confortable. Il n’était pas grand, pourtant il se cognait tout le temps. Il n’était pas maigre, pourtant il avait toujours froid. C’était comme ça. Eté comme hiver, le ministre avait froid. »

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Des fleurs sur les murs de Cécile Roumiguière, Nathan, 2018.

Des fleurs sur les murs, c’est l’histoire d’une enfant qui comprend que le monde est injuste. Et qu’elle a le pouvoir de dénoncer les injustices par l’engagement militant. C’est l’histoire de Léna, 9 ans en 1968, qui s’oppose à la fermeture de l’usine de son village.

« Ce soir, avant d’éteindre ma lampe de chevet, je regarde le nuage noir, celui que j’ai dessiné dans mon cahier. Je me dis qu’il faudrait balayer le ciel, c’est trop triste ! Je dois trouver un moyen pour que tout reste ouvert, l’usine, l’épicerie et le cœur des gens du village ! « 

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Six contre un de Cécile Alix, Magnard jeunesse, 2018.

Six contre un est le récit à la première personne de Ludo. Harcelé au collège à cause de son poids, son quotidien est un enfer. A tel point qu’il envisage de commettre l’irréparable.

Cécile Alix choisi la fiction pour montrer la douleur, la résignation et la peur qui habitent une victime de harcèlement. Ce roman a remporté le prix UNICEF, ce qui montre que le sujet touche particulièrement les lecteurs de cette tranche d’âge. Car, on le sait, il n’est pas facile d’en parler et de se faire aider dans une telle situation. Ludo est très attachant, et on ne peut qu’espérer que ce roman aidera les victimes et les témoins à réagir.

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La révolte ou la paix de Malorie Blackman, Rageot, 2018.

Ce court roman est situé dans un vaisseau spatial. Pour maintenir la paix, les habitants ont été équipés d’un Pacifieur qui inhibe leurs émotions. Plus de colère, de peur, de tristesse… Mais plus de joie non plus. Lorsque des extra-terrestres menacent de détruire la totalité du vaisseau et de ses habitants, Mikela réagit.

Ce roman, pensé pour les lecteurs « fragiles » (petits lecteurs ou dys) invite à exprimer et célébrer les émotions qui nous rendent humains.

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Dans la sélection des 13-15 ans

Le petit prince de Harlem de Mikaël Thévenot, Didier jeunesse, 2018.

En 2018, à la Nouvelle-Orléans, un musicien des rues écrit sur son carnet une histoire qui nous est racontée en parallèle, remontant le temps jusqu’en 1927. Découpé en trois parties comme autant de vues possibles du quartier d’Harlem (vue du ciel / vue d’en bas / vue de l’intérieur) , de ses habitants et de la façon d’y être et d’y vivre, de ses joies et dangers, le roman nous fait rencontrer Sonny, jeune ado qui se cherche.

On découvre la précarité, la frontière invisible mais réelle avec les Blancs, le bolito, la mafia et la prohibition. On y croise des personnes ou des noms ayant réellement existé (Duke Ellington, John Coltrane, Queenie, etc.). C’est passionnant ! Et, surtout, la musique, le saxophone, et la liberté qu’il procure.

Un roman à la fois doux, douloureux et généreux.

« Des silhouettes avec une tache claire au niveau du visage. Je me rappelle avoir fait une pause. Je ne savais pas où je mettais les pieds et je n’étais pas très rassuré. Je n’avais toujours été, en quatorze ans, qu’un Noir parmi d’autres Noirs. »

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Barricades de Charlotte Bousquet et Jaypee, Gulf Stream, 2018.

Sam vient d’arriver dans un nouveau lycée et, bien que souhaitant s’intégrer, elle reste sur la défensive. On sent ses parents inquiets car désireux du bien-être de leur fille. Car avant d’être Samantha, Sam était Samuel.
La haine, le rejet, le harcèlement, les ont forcé à fuir.
Grâce à la musique et au groupe de Nolan et Clovis que Sam intègre, la parole, les explications, l’écoute, l’amitié et l’entraide surviennent. Elle est acceptée pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait, ce qu’elle aime. Au-delà du genre, qui finalement importe (si) peu

L’excellente collection Les Graphiques de Gulf Stream Editeur traite des questions essentielles et actuelles de l’adolescence de façon aussi délicate que directe, et aborde ici le sujet difficile du transgenre et de la transidentité, avec pudeur et brio.

« …Je m’ancre en moi je deviens qui je suis…..« 

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Les étrangers de Pessan et Solminihac, L’école des loisirs, 2018.

Basile, en classe de 3e, voit passer sa vie puisqu’il ne la vit. Ecartelé entre son père qui a des absences, sa mère pétrie de tristesse qui endure en silence. Il observe Lou dans sa classe ou sur les réseaux sans oser l’aborder ou lui écrire, il rentre avec Simon sans parler. Jusqu’au jour, où sans savoir pourquoi, Basile ne tourne pas à l’endroit habituel pour continuer tout droit et se rendre à la gare désaffectée. Une rencontre va le faire basculer et lui ouvrir les yeux, le cœur, et le courage pour se sentir concerné par ce qui se passe « chez lui »: les Migrants qui vont, viennent, essaient de passer en Angleterre, disparaissent. Une soirée et une nuit qui vont l’ouvrir aux autres et à lui-même.

Un roman aussi difficile que subtil pour sensibiliser aux sorts des Migrants, au sort des enfants qui sont contraints de quitter leur pays, leur foyer, à cause de la guerre, à cause de maltraitance, et qui grandissent trop vite, contraints et forcés, qui s’endurcissent tout en restant si vulnérables.

J’ai l’impression que l’on vit tous dans des mondes parallèles.
On croit que les autres partagent notre réalité
alors qu’ils sont à des années-lumière de nous.
Des adolescents de mon âge traversent un quart de la planète pour échapper à la guerre,
d’autres sont contraints d’être les pères de leurs pères.

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La fillette au drapeau blanc de Saya Miyauchi, Akata, 2017.

La fillette au Drapeau Blanc s’appelle Tomiko Higa. Elle a 6 ans et habite sur l’île d’Okinawa. La photo a été prise en juin 1945 par le photoreporter John Hendrickson et dévoilée en 1977. Dix ans plus tard, Tomiko Higa sort de son anonymat, rencontre celui qui l’a immortalisée en 1988, et publie son roman autobiographique l’année suivante. En 2005, Saya Miyauchi adapte son histoire en manga. Mais il faudra attendre 2017 pour sa sortie française. Alors que le manuscrit « dormait » dans les cartons de la maison d’éditions Akata depuis des années, la vue du petit corps d’Aylan (2015) a décidé son éditeur à la publication, persuadé que les images heurtent et sensibilisent davantage que les mots.

Mai 1945, les Américains bombardent Okinawa et progressent très rapidement sur ses terres, précédés par l’horrible portrait et réputation propagés par les soldats et civils japonais. Avec ses frères et ses sœurs, Tomiko quitte la maison pour tenter de gagner le sud, mais est très vite esseulée, assistant à des horreurs encore plus inhumaines que la guerre. Elle trouve refuge dans une galerie souterraine, auprès d’un vieux couple qui prend soin d’elle et lui permet de survivre.

Ce manga est un récit de survie, dur, à la limite du soutenable, mais dont on retient surtout l’innocence, la pureté face à l’horreur et l’espoir constant de Tumiko.

« Le plus important, c’est la vie. »

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Des cailloux à ma fenêtre de Jessie Magana, Talents Hauts, 2016.

18 juin 1940, le Général de Gaulle lance son Appel depuis Londres. Sur l’Île de Sein, 128 hommes décident de le rejoindre alors que les femmes doivent subir leur absence et incertitudes comme endurer l’Occupation des Allemands. Parmi elles, Yvette et Marie, deux jeunes adolescentes, refusent de se résigner et d’attendre. Elles aussi veulent aider et parviennent à rejoindre la Résistance qui les base à Nantes. En parallèle, nous suivons Jean, jeune homme sénan qui s’est rendu en Angleterre, et qui, après l’attente des premiers mois, combat enfin sur mer avec son ami Pierre.

Récit fictionnel, ce roman se base tout de même sur un fait avéré: le large engagement des Sénans en faveur de la Résistance. La plume sensible de Jessie Magana nous permet de découvrir deux nuances de ce même acte héroïque avec le journal intime de Jean et l’arrivée massive et néanmoins inattendue et impréparée des Français en Angleterre, et le point de vue de Marie, frustrée de ne « servir à rien ».

Je repense à cette décision de partir, si rapide et pourtant si évidente. Échapper à la terre, prendre la mer, moi que rien ne destine à quitter cette île. pourquoi moi? Cette envie de fuir le chemin tout tracé, qui grandit en moi. Fille de marin, femme de. Une échappée, mais pas que. Agir, ne plus être spectatrice qui se contente de collecter les évènements, de les voir à distance. Prendre ma part. J’ai été choisie au hasard, mais je jouerai mon rôle.

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Avez-vous lu certains de ces livres? Avez-vous envie de les découvrir? Dîtes-nous!

Et rendez-vous sur le site de l’UNICEF pour découvrir la sélection 2023 sur la thématique « Un air de famille » !

ALOGDA s’engage – sensibiliser aux LGBTphobies.

Demain, nous célébrerons la journée mondiale contre les LGBTphobies. La date du 17 mai a été choisie pour commémorer la décision de l’OMS le 17 mai 1990 de ne plus considérer l’homosexualité comme une maladie mentale. Il faudra cependant attendre le 17 mai 2005 pour que la première journée ait lieu. Depuis 2005 la journée IDAHO (international day against homophobia and transphobia) mobilise l’opinion publique sur les problèmes liés aux LGBTphobies par le biais de colloques, de manifestations de rues ou d’évènements artistiques. Notre sélection du jour, à sa modeste mesure, est une manière pour nous de nous engager aux côtés des associations qui sensibilisent enfants, adolescents et adultes à ces questions.

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Des albums

Dans Julian est une sirène, Jessica Love met en scène un petit garçon fasciné par les « sirènes ». Et honnêtement on ne peut que le comprendre tant les illustrations sont fabuleuses ! Mais quelle sera la réaction de sa Mamita ? Un album dans lequel l’amour et la tolérance font loi.

Julian est une sirène, Jessica Love, ¨Pastel, 2020.

Les avis de Linda et d’Isabelle et Liraloin

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Derrière un titre intriguant, cet album cache une vérité universelle : les émotions animent notre corps, font du bruit, nous remuent. Qui que l’on soit, quelque soit la personne à laquelle on pense, le sentiment amoureux a les mêmes effets physiques et sonores. De quoi relativiser nos différences pour nous concentrer sur ce qui nous rassemble !

BOUM BOUM et autres petits et grands bruits de la vie, Catherine Latteux, illustrations de Mamz’elle Roüge, Editions Pourpenser, 2018.

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L’Histoire de Julie a été publié pour la première fois en 1976, une époque moins tolérante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Julie est une enfant pleine de vie qui aime courir, grimper aux arbres… Elle est ce que l’on appelait « un garçon manqué ». Ses parents aimeraient qu’elle soit plus calme, plus polie, plus obéissante. Julie ne peut s’empêcher de se demander si, puisqu’elle est un garçon manqué, elle n’est pas une fille réussie. Mais est-ce vraiment important ? La petite fille en pleine quête d’identité rappelle qu’elle se construit dans l’amour et sous le regard bienveillant des parents.

Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, Christian Bruel, Thierry Magnier, 2014.

L’avis de Linda.

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Voilà un album qui a longtemps était un livre de chevet chez Linda, à une époque où la question du genre était peu abordé en littérature jeunesse. Dans cette histoire, une enfant cherche sa place dans une société où les normes enferment les individus dans des cases selon leur sexe. Pas facile de s’identifier aux autres quand nos préférences diffèrent.

Marre du rose, Nathalie Hense, Albin Michel jeunesse, 2009.

L’avis de Linda.

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Dans la même lignée que Marre du rose, La dictature des petites couettes aborde la question du genre et de l’égalité des sexes. L’histoire joue sur les clichés et les stéréotypes pour aborder la question de l’égalité. Un très bel album qui appel à l’éveil les consciences et à l’éducation non genrée pour plus de tolérance.

La dictature des petites couettes, Ilya Green, Didier jeunesse, 2014.

L’avis de Linda.

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Pourquoi les contes ne pourraient-ils pas s’affranchir des schémas traditionnels ? Pimprenelle est une princesse, mais s’accommode bien mal du mode de vie que cela implique. Au moment où commence cette histoire défile une flopée de princes prêts à l’épouser, mais tous plus ennuyeux les uns que les autres. Jusqu’au jour où arrive, sur son cheval, Aliénor. Un album joyeusement subversif, porté par de chouettes illustrations.

Princesse Pimprenelle se marie, de Brigitte Minne et Trui Chielens, CotCotCot Éditions, 2020.

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Dans la sélection du prix littéraire de l’UNICEF, l’année dernière, les jeunes lecteurs de 9-11 ans ont pu découvrir l’album Je suis Camille de Jean-Loup Felicioli. On y suit la jeune Camille dans son nouveau collège, on y découvre comment elle se lie à Zoé et comment la question de sa transidentité vont compliquer sa vie quotidienne sans pour autant l’empêcher de vivre pleinement les émotions propres à l’adolescence.

Je suis Camille, Jean Loup Felicioli, Syros, 2019.

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Une BD

Quand Colette conseille des lectures à ses adolescent.e.s sur le sujet, elle leur parle de la BD Le Prince et la couturière. Dans cette BD tous les codes sont bouleversés : le prince est une princesse, la couture devient une source inépuisable de travestissement devient le moyen non pas de se cacher mais de se révéler. Et les liens qui se tissent entre le prince Sébastien et Francès, jeune couturière pleine de talent, ne sont pas les liens caricaturaux des contes de fée mais bien des liens complexes et puissants comme ceux que nous créons parfois et qui nous bousculent parce qu’on ne sait pas toujours très bien de quoi ils sont tissés. Une petite merveille graphique et narrative !

Le Prince et la couturière, Jen Wang, éditions Akileos, 2018.

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Des romans

S’il y a un roman que Colette aime un peu, beaucoup, passionnément pour parler d’amour avec les grands ados qu’elle a la chance de côtoyer, c’est Le Faire ou mourir de Claire-Lise Marguier. On y suit les premiers pas au lycée de Damien, jeune homme qui se cherche, et qui se trouve en Samy. C’est une histoire d’amour qui la bouleverse à chaque lecture. On y retrouve tous les ingrédients de l’amour tragique : les familles qui s’opposent, la figure paternelle autoritaire qui s’immisce dans les choix amoureux de son enfant, un amour que le héros n’assume d’abord pas, un amour qui le change et le fait devenir autre. Intense !

Le faire ou mourir, Claire-Lise Marguier, Rouergue, 2011.

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Si Le voyage de nos vies propose des personnages un peu (trop ?) chargés en drames familiaux ou personnels, il a le mérite de proposer un groupe d’ados avec des profils variés. Impossible d’en dire plus sous peine de dévoiler des ressorts essentiels à l’intrigue, mais ce road trip à travers les Etats Unis en compagnie d’un star internationale est une ode à la différence et à la tolérance.

Le voyage de nos vies, Chris Colfer, Michel Lafon, 2019.

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Si Météore ne fait guère plus de 80 pages, il n’en reste pas moins un récit bouleversant, véritable plaidoyer pour la tolérance. Le texte est en fait le monologue de Sara, née dans un corps de garçon, qui débute sa transition. Ce jour-là, elle décide de porter une robe pour aller faire des courses. Rapidement elle se confronte aux regards tantôt haineux, tantôt plein de pitié de ceux qui devinent, qui comprennent, ceux qui ne voient pas au-delà des apparences. De quoi gâcher une belle journée ensoleillée. L’écriture brutale, presque crue, dit toute la violence qu’un simple regard peut porter. Les émotions sont justes et appellent à plus d’humanité. C’est puissant !

Météore, Antoine Dole, Actes Sud Junior, 2020.

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Il n’y a parfois qu’un pas entre l’amitié et l’amour et c’est ce que les deux Will Grayson vont découvrir. Deux auteurs unis dans l’écriture pour donner vie à deux personnages qui ont bien plus en commun que leur patronyme. Leurs sentiments et leurs histoires s’entrecroisent autour de Tiny Cooper, un individu massif, ouvertement gay et dont la vie sentimentale est un véritable feuilleton. Un roman qui ne cherche pas à prendre position, des personnages attachants, des adolescents qui tombent amoureux réunis par quatre mains qui ne cherchent qu’à écrire une belle histoire d’amour.

Will & Will, John Green et David Levithan, Gallimard Scripto, 2014.

L’avis complet de Linda.

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Aristote et Dante sont deux jeunes qui ne trouvent pas vraiment leur place parmi leurs camarades. Différents, ils se sentent à part de cette société adolescente à laquelle ils n’ont pas l’impression d’appartenir. Différents l’un de l’autre, on se demande comment leur amitié peut être aussi forte… jusqu’à ce qu’on comprenne que c’est l’amour, le grand, le vrai, celui qui pousse à se dépasser, celui qui fait grandir, qui les unit ! Une très belle histoire d’amour portée par deux personnages touchants.

Aristote et Dante découvrent les Secrets de l’Univers, Benjamin Alire Saenz, PKJ, 2015.

L’avis complet de Linda et celui d’Isabelle.

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Le Renard et la Couronne est un roman flamboyant retraçant un destin hors du commun, une trajectoire incroyable et épique, à la charnière entre le 19ème et du 20ème siècle. On voyage à travers toute l’Europe, que l’on y rencontre toutes sortes de personnages fabuleusement romanesques. En arrière-plan de l’intrigue se dessine une fresque de l’Europe à la veille de la Première guerre mondiale – ses révolutions scientifiques, technologiques et artistiques, ses grands clivages politiques, ses débats de valeurs, ses balbutiements démocratiques, ses journalistes, ses brigands et ses tourments diplomatiques… Quel rapport avec cette sélection, nous direz-vous ? Et bien, cette histoire est aussi un joli parcours initiatique, celui d’Ana qui grandit, apprend à porter haut ses belles valeurs de solidarité, de respect, de pacifisme et d’émancipation. Nous n’en dévoilerons pas plus, mais ce roman trouve parfaitement sa place aux éditions Talents hauts, dont la sensibilité aux formes de discrimination, en particulier sexistes, est si bienvenue.

Le Renard et la Couronne, de Yann Fastier, Talents Hauts, 2018.

L’avis d’Isabelle

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Des documentaires

Un petit documentaire passe aussi de main en main en salle A09 où Colette accueille ses élèves, c’est le livre Je suis qui ? Je suis quoi ? publié par Casterman. Premier documentaire sur l’identité sexuelle destiné explicitement à des adolescent.e.s, ce livre rassemble des témoignages d’anonymes, des définitions claires et précises ainsi que des portraits de personnages célèbres, de Léonard de Vinci à Amélie Mauresmo.


Je suis qui ? Je suis quoi ? Sophie Nanteuil, Jean-Michel Billioud, Zelda Zonk et Terkel Risbjerg, Casterman, 2019.

L’avis d’Isabelle

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Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité répond à toutes les questions qu’un ado peu se poser. S’il n’est pas consacré à l’identité sexuelle, Myriam Daguzan Bernier a veillé à ce que figurent des entrées telles que Agenre, Diversité, Genre, LGBTQ+, Mégenrer, Neutre, Non binaire, Orientation sexuelle, Pansexualité, Queer, Trans (personne) pour n’en citer que quelques unes. Elle apporte des informations claires, avec bienveillance et humour. Indispensable.

Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité, Myriam Daguzan Brenier, illustrations de Cécile Gariépy, Editions du Ricochet, 2020.

Les avis d’Isabelle et de Lucie.

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Et vous, quels livres nous conseillerez-vous pour mettre de l’amour de toutes les couleurs dans nos vies ?

ALODGA s’engage- pour une pratique émancipatrice du net !

Après la lecture commune du roman Les Enfants sont rois de Delphine de Vigan, et parce que c’est un sujet qui nous intéresse depuis plusieurs mois, nous avons décidé de vous proposer aujourd’hui une sélection de titres qui mettent l’accent sur notre utilisation des réseaux sociaux, leurs dangers mais aussi leurs bénéfices. Parce que nous avons profité de l’espace virtuel que nous propose cette vaste toile pour faire pousser notre grand arbre, nous souhaitons nous engager pour une utilisation émancipatrice du net, une utilisation discutée, débattue, démocratique qui respecte l’intégrité de chacun.e. A notre manière à nous. Avec des livres !

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Pour aborder le sujet avec des (tout-)petits

Regarde papa ! d’Eva Montanari publié chez Thierry Magnier raconte – presque sans texte – comment un papa ours les yeux rivés à l’écran de son ordinateur puis de son téléphone loupe les aventures extraordinaires de son petit ourson embarqué par la magie d’un cirque. Il manque même de perdre son petit emporté par une énorme bulle de savon. C’est un petit album poétique qui a quelque chose d’intemporel dans le trait pour aborder cependant une réalité très moderne.

Regarde, papa d’Eva Montanari, Editions Thierry Magnier, 2020.

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C’est un livre ! de Lane Smith met en scène une discussion improbable entre un petit âne et son ami gorille. Face à face, chacun dans leur fauteuil, l’un accroc à son ordinateur, l’autre plongé dans son livre, ils se confrontent. Le petit âne ne comprend pas ce que fait son ami, il le harcèle de questions, toutes passées au filtre du seul mode de connexion au savoir et au monde qu’il connaisse : le numérique. Il lui demande par exemple : « On peut s’en servir pour chatter ? » , « On peut faire des combats entre les personnages ?  » ou encore « Ça envoie des textos ? ». Et son ami lui répond inlassablement : « Non, c’est un livre ! ». Jusqu’à ce que l’âne tente l’expérience et se plonge dans cette autre réalité virtuelle qu’il ne connaît pas. Et qu’il va savourer. Un régal d’humour et de subtilité pour discuter des supers pouvoirs de la lecture !

C’est un livre, Lane Smith, Gallimard Jeunesse, 2011.

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Par un jour où tout l’ennui du monde s’est donné rendez-vous, un petit garçon panse son vague à l’âme en jouant à la console. Lorsque le jeu se retrouve malencontreusement au fond de la mare, c’est un monde insoupçonné qui se révèle dans toute son intensité glaçante, troublante, fascinante, éblouissante. Le décor que l’enfant croyait connaître par cœur apparaît soudain sous un jour nouveau qui recèle mille et une expériences… qu’il devient urgent de partager avec un être aimé. Les fabuleuses illustrations de Béatrice Alemagna nous font ressentir le désarroi de ce petit chaperon orange fluo, puis la manière dont il s’affirme au contact de la nature. De quoi nous donner envie de lever les yeux de nos écrans et de prendre un grand bol d’air. D’empoigner de la terre humide à pleines mains. D’explorer les environs, au gré des rencontres et de son imagination, à la recherche de petits trésors. Un album aussi beau que profond !

Un grand jour de rien, de Béatrice Alemagna, Albin Michel Jeunesse, 2016.

L’avis complet d’Isabelle

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Pour aborder le sujet avec des plus grand.e.s

Documentaire sur le numérique accessible aux enfants dès 8 ans, Mission déconnection est arrivé à point nommé après la période d’école à la maison ! On y trouve un petit historique de la création d’Internet, des informations sur le coût énergétique de nos écrans, sur les données personnelles, sur les fake news et sur les effets des écrans sur notre santé. Il y a aussi quelques pages ludiques avec une BD, des tests et un jeu invitant les enfants à trouver des astuces pour se passer des écrans pour des tâches quotidiennes. Plus pratique, des règles de base sont suggérées pour permettre d’établir un contrat de confiance numérique en famille.

Mission déconnexion, Laurence Bril et Léo Louis-Honoré, Rue de l’échiquier Jeunesse, 2020.

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Pour aborder le sujet avec des adolescent.e.s

Comme des images commence comme un roman ado classique : « Il était une fois des enfants sages comme des images, dans un prestigieux lycée. » Sauf que suite à une rupture amoureuse, Tim envoie des images de Léopoldine à leurs camarades de classe pour se venger, et la machine s’emballe.
Un roman montrant la violence du harcèlement sur les réseaux sociaux, et ses conséquences.

Comme des images, Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2014.

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Sous haute dépendance est un best-seller primé dans l’espace germanophone (un million d’exemplaires vendus). On comprend pourquoi, à la lecture de ces pages intensément addictives ! On entre avec Nick dans un jeu vidéo fantastique. Disponible seulement sur invitation, il se joue dans le plus grand secret et en respectant à la lettre les instructions du Messager dont il s’agit de relever les quêtes pour progresser rapidement. De quoi devenir complètement accro et s’agacer, avec Nick, des interruptions liées aux contraintes du quotidien et aux intrusions parentales ! Mais le jour où le Messager s’adresse directement à Nick, et non à son avatar, pour lui confier une mission dans le monde réel en échange duquel il a la surprise de recevoir le T-shirt de son groupe préféré, il devient clair qu’Erebos n’est pas seulement un jeu particulièrement réussi. Comment peut-il le connaître aussi bien ? Jusqu’où mènera-t-il ses joueurs ? Qui tire les ficelles du jeu ? Le roman se dévore et donne à réfléchir aux mécanismes qui créent l’addition, aux conséquences pour l’équilibre psychologique et à l’intrusion effrayante dans la sphère privée que permettent les usages inconsidérés des jeux vidéo et des réseaux.

Sous haute dépendance, d’Ursula Poznanski, Bayard Jeunesse, 2013.

L’avis complet d’Isabelle

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Pour les parents (et les professionnels de l’enfance)

Psychiatre, chercheur en psychologie et co-rédacteur du rapport de l’Académie des sciences intitulé L’enfant et les écrans, Serge Tisseron propose avec ce petit livre des repères simples pour initier les plus jeunes aux écrans. Pas question de culpabiliser les usagers, il s’agit plutôt de réfléchir à nos modes de vie et aux maux qui conduisent à laisser trop souvent les enfants seul devant la TV ou la tablette. Et d’encourager les pratiques créatrices et socialisantes mobilisant les technologies numériques ! Sur la base d’un état des savoirs relatifs aux conséquences des écrans sur les enfants à différents âges, ce petit livre dresse une feuille de route simple et lisible, permettant d’éduquer les plus jeunes à l’auto-régulation et à la distance critique.

3-6-9-12. Apprivoiser les écrans et grandir, de Serge Tisseron. Éditions Érès, 2013 (réédité en 2017)

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Bonus !

A mettre dans vos oreilles !

Sur France Inter, si le sujet de l’influence du numérique sur la jeune génération vous intéresse, n’hésitez pas à aller faire un tour du côté du Podcast Le Code a changé de Xavier de La Porte. Une des émissions au titre provocateur – Sommes-nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ? – offre des pistes de réflexion intéressantes en nous faisant découvrir le travail d’Anne Cordier. C’est par !

Grandir connectés, les adolescents et la recherche d’informations, Anne Cordier,C&FEds, 2015.

On vous conseille également le podcast Arte Radio Vivons heureux avant la fin du monde de Delphine Satel notamment l’épisode intitulé GAFA tes gosses.

Illustration : Mathilde Rives.