Nos coups de cœur de mai

En attendant de connaître enfin les lauréats de notre Prix ALODGA la semaine prochaine, voici les coups de cœur de notre mois de lecture écoulé.

Rappel : vous avez jusqu’au 6 juin 20h30 pour nous indiquer vos titres préférés, n’oubliez pas de voter !

 Belles branches (romans ado), Grandes feuilles (romans jeunesse)Racines (documentaires) et Branches dessinées (BD).  Petites feuilles (albums pour les grands) et Brindilles (albums pour les petits).

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Pour Liraloin, il y a des albums qui laissent une certaine nostalgie planner lorsque la lecture se termine. C’est le cas du dernier album d’Anne Cortey, magnifiquement illustré par Hualing Xu. En effet, les illustrations nous plongent dans une atmosphère qui oscille entre rêve et réalité. Les couleurs évoluent selon les heures de la soirée et apportent ainsi une inquiétude mêlée d’aventure. A la fois complices et rassurants, Papi Toni, Marthe, Louis et Dorémus observent cette Nature et ses animaux livrer un fabuleux spectacle au crépuscule. Quel bonheur de lire une histoire de « doudou » si inventive et poétique, elle qui apprécie tant l’écriture d’Anne Cortey.

L’heure des lapins d’Anne Cortey & Illustré par Hualing Xu, Thierry Magnier, 2025

Retrouvez son avis complet ICI ainsi que celui de Séverine.

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Lucie doit son roman coup de cœur du mois à sa bibliothécaire. En effet, elle n’aurait probablement jamais emprunté L’année perdue sur son titre ou sa couverture tristounette. Et cela aurait été vraiment dommage de passer à côté ! Alors que Matthew, 13 ans est confiné avec sa mère et son arrière-grand-mère, il se voit contraint d’aider cette dernière à trier ses cartons de souvenirs. Une photo va attirer son attention et révéler un secret de famille caché depuis près d’un siècle. Entre les États-Unis d’aujourd’hui et l’Ukraine des années 1930, Katherine Marsh tisse des liens entre les personnages inspirés de sa famille en prenant comme contexte l’épisode dramatique mais méconnu de l’holodomor. Les chapitres sont courts, la reconstitution historique implacable et l’émotion au rendez-vous.

L’année perdue de Katherine Marsh, Gallimard jeunesse, 2023.

Son avis complet ICI.

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L’autre coup de cœur de Lucie n’est pas une surprise. En lien avec la lecture commune qu’elle a partagée avec Liraloin de La Belle et la Bête revisité par Cécile Roumiguière et Benjamin Lacombe (qu’elles publieront sous peu), elle a lu d’autres versions de ce conte qu’elle adore. Et notamment celle illustrée par David Sala mentionné par Liraloin au détour d’une conversation. Si le texte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont n’est pas son favori à cause de son côté un brin moralisateur, les illustrations de David Sala ont été à la hauteur de ses attentes. Quelle splendeur dans les arabesques, les motifs floraux et les détails signifiants ! Cet album a pris une place de choix dans sa collection. Merci Liraloin pour cette magnifique découverte !

La Belle et la Bête, Madame Leprince de Beaumont, illustrations de David Sala, Casterman, 2014.

Son avis complet ICI.

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Pour ce joli mois de mai, Helolitla a été merveilleusement émue par les mots de Marie Pavlenko, avec Un si petit oiseau. Dans ce roman pour adolescents, Abi, une jeune femme de vingt ans, amputée à la suite d’un accident de voiture. Une jeune femme qui voit sa vie et ses rêves brisés en en instant.

Une tante un peu fofolle, un chat-dorable, des recueils de Blaise Cendrars, et des oiseaux, beaucoup d’oiseaux. Entre humour décapant et drame, Marie Pavlenko a une fois de plus touché Héloïse avec cette histoire de reconstruction, bouleversante, abrupte, parfois, poétique, aussi. Elle a été émue par cette héroïne en colère, qui souffre le martyre, dans sa chair comme dans son cœur. Elle a été émue par cette famille haute en couleur, cette amitié avec Aurèle, passionné d’ornithologie.

Un si petit oiseau, de Marie Pavlenko. Ed. Flammarion, mars 2022

Son avis ICI.

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Helolitla a également craqué pour un autre roman ado, Julien de la révolte, d’Elise Fontenaille. Dans un style plus court mais tout aussi poétique et engagé, l’autrice raconte la rencontre entre une jeune fille perdue et un fermier amoureux de la littérature. Elen et Julien. Deux âmes qui apprennent à s’apprécier au cœur de la nature, au milieu des vaches et des livres.

Ce roman, bref, intense, a beaucoup plu à Héloïse, pour ses belles réflexions sur le vivant, sur cette vie en harmonie avec la nature. Un roman poétique, mais aussi terriblement dramatique, qui pointe du doigt les conditions de travail, la lourdeur de l’administratif pour les agriculteurs, et les absurdités du système.

Julien de la révolte, d’Elise Fontenaille. Ed. Du Rouergue jeunesse. Janvier 2025

Sa chronique ICI, celle de Linda.

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Pour Séverine, le coup de cœur du mois de mai est une superbe réédition de l’album Julie capable de Thierry Lenain, illustrée par Laurent Pinabel, dont elle découvre le travail très graphique, poétique et percutant, entre profondeur, trouble, douceur et éclat. Son rouge au cœur du noir en est l’incarnation. Il s’agit en fait de la troisième version de son album préféré de cet auteur qu’elle vénère, qui raconte Julie qui casse tout, qui rate, qui perd, qui subit, Julie capable de rien, sauf, pense-t-elle, d’avoir échoué à sauver sa maman de son histoire-poison… »Si je l’avais aimée plus fort, elle ne serait morte« , pense-t-elle. Bouleversant. Mais l’histoire bouleverse tout autant quand la lumière rejaillit, quand Julie capable de rien devient Julie capable de tout, après une nuit passée auprès des chats du cimetière, qui vont lui apprendre à comprendre et accepter le passé, pour, enfin, vivre une vie d’enfant apaisée. Lumineux.

Sa chronique complète : ICI.

Julie capable, de Thierry Lenain, illustré par Laurent Pinabel, Editions Les 400 coups, 2025

Séverine a également eu deux autres coups de cœur pour deux albums, en écho, car ils sont chacun une libre déclinaison de la célèbre citation de Martin Niemöller : « Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Puis, ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour protester. »

Quand l’un, « Quand ils sont venus »(Editions de l’Isatis, 2024), traite très directement des totalitarismes et de la lutte nécessaire contre les intolérances en tous genre, l’autre « Jusqu’au dernier » (Balivernes, 2025), a pour thème le respect des espèces animales menacées et leur préservation.

Le premier est rude dans son propos, mais son traitement sous forme de conte animalier et des illustrations douces au crayon de couleur, ainsi qu’un dossier pédagogique en fin d’ouvrage, en font néanmoins un livre bien adapté au jeune public. Le second, quant à lui, d’un duo dont c’est la première collaboration, est enchanteur de par son texte tout en rimes, simple et rythmé, du grand Michael Escoffier, associé aux merveilleuses illustrations de Romain Lubière.

Et vous, quels jolis titres avez-vous découverts en ce mois de mai ?

Prix ALODGA – catégories Petites feuilles et Brindilles

Vous connaissez les sélections des catégories Belles branches (romans ado), Grandes feuilles (romans jeunesse), Racines (documentaires) et Branches dessinées (BD). Voici les deux dernières : Petites feuilles (albums pour les grands) et Brindilles (albums pour les petits). Rappel : vous avez jusqu’au 6 juin 20h30 pour nous indiquer vos titres préférés !

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Catégorie Petites feuilles

En lisant Notre histoire – comment nous en sommes arrivés là et où nous pourrions aller, on se surprend à rêver, réfléchir, interroger, et imaginer de nouveaux horizons. Ce n’est vraiment pas un album comme les autres, c’est à la fois un voyage dans le temps et une conversation existentielle entre adultes et enfants soucieux des futurs qui se profilent à l’horizon. Cet album nous a particulièrement interpellées à l’ombre du grand arbre, nous en avions d’ailleurs livré une lecture commune par ici.

Notre histoire – Comment nous en sommes arrivés là, et où nous pourrions aller, Oliver Jeffers, L’école des loisirs/Kaléidoscope, 2024

Quelle idée extravagante que de transformer une croûte en personnage de fiction ! D’une extravagance dont seule Béatrice Alemagna a le secret ! On admirera notamment avec quelle poésie – improbable, mais n’est-ce pas toute la beauté de la poésie ? – l’héroïne de l’album se lie d’amitié avec ce bout d’elle-même un peu dérangeant qui lui est poussé sur le genou. Se lier d’amitié au point de se détester, puis de s’adorer puis de se séparer. Et vivre ainsi jusque dans sa chair l’histoire éternelle du deuil et de la disparition.

Bertha et moi, Béatrice Alemagna, L’école des loisirs, 2024.

En voilà un album savoureux, joyeux, jubilatoire ! Que ce soit le texte ou les illustrations, tout y est vibrant, vivant, pétillant ! On y suit une enfant qui insiste pour que sa grand-mère l’accompagne à la piscine municipale. Et au fil des pages, ce n’est plus l’enfant qui est au coeur de la narration, mais bien la vieille femme qui traîne des pieds comme cela peut nous arriver si souvent quand il s’agit de se mettre en maillot de bain, d’enfiler son bonnet en plastique et de se glisser sous les douches collectives ! Mais une fois dans l’eau, voilà notre grand-mère mé-ta-mor-pho-sée ! Que de sensations agréables ! Légèreté, souplesse, énergie, élégance retrouvée ! Qu’il est bon d’être dans l’eau ! Si bien que…

A l’eau, Heejin Park, trad. Charlotte Grison, éditions Cot Cot Cot, 2024

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À vous de voter pour départager ces titres !

Quel titre de la sélection "Petites feuilles" préférez-vous ?

  • À l'eau (56%, 20 Votes)
  • Bertha et moi (28%, 10 Votes)
  • Notre Histoire (17%, 6 Votes)

Total Voters: 36

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Catégorie Brindilles

Dans ce recueil la poésie s’écrit, se picore sans attente de la rime parfaite. Le rythme, la musicalité sont présents et invitent le jeune enfant à l’écoute de cette langue qui l’emmène à partager un moment délicieux. Alors quoi de mieux que d’apprécier des poèmes du quotidien, des poèmes de l’ordinaire, ponctué aussi d’extraordinaire, des poèmes débordants de sentiments et d’émotions pour pouvoir les exprimer, des encouragements et des explications, simplement.

Petits poèmes pour toi et moi de Milja Praagman, Gallimard jeunesse, 2024

Peut-on toujours tout verbaliser lorsque les sentiments les plus grands envahissent un cœur ? Les mots ne sont pas suffisants et le silence exprime sans doute beaucoup de choses qui n’arrivent pas à sortir de soi. Dans une société où nous avons l’habitude de valoriser la parole, le vocabulaire, la discussion quel place donner au silence ? Dans ce bel album, le très jeune enfant exprime les « vides » du langage. Parce que si tout le monde parle, de moins en moins de personnes écoutent. Certaines choses sont indicibles et ne peuvent être perçues qu’en prenant le temps.

Quand je garde le silence de Zornitsa Hristova & illustré par Kiril Zlatkov, traduit par Marie Vrinat-Nikolov – Six citrons acides, collection : Around the langue, 2024 – publié pour la première fois en 2014 en Bulgarie, 2024

Cet album doté de ses pages rigides et rabats, se destine clairement aux petites mains. Mais cela ne l’empêche pas de plonger le tout-petit dans des questions philosophiques. Qu’est-ce qui fait que je suis moi ? Qu’est-ce qui me différencie des autres mais fait tout de même de moi un être humain ? Ici les questions que cet enfant peut se poser le défini à part entière et c’est une belle approche sur l’identité. Un livre qui invite à réfléchir sans donner de leçon.

Qui suis-je de Stéphane Servant et illustré par Aurore Petit, Didier jeunesse, 2024

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À vous de voter pour départager ces titres !

Quel titre de la sélection "Brindille" préférez-vous ?

  • Quand je garde le silence (37%, 7 Votes)
  • Qui suis-je ? (32%, 6 Votes)
  • Petits poèmes pour toi et moi (32%, 6 Votes)

Total Voters: 19

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C’était notre dernière sélection, vous espérons que ces titres sauront vous séduire autant que nous, et nous avons hâte de découvrir les lauréats. Votez pour vos favoris jusqu’au vendredi 6 juin à 20h30, annonce des gagnants lundi 9 juin à 8h !

Prix ALODGA 2025 – catégories Racines et Branches dessinées

Après les romans la semaine dernière la semaine dernière, voici les trois titres des deux catégories suivantes : Racines (documentaires) et Branches dessinées (BD). Vous avez jusqu’au 6 juin pour nous indiquer vos titres préférés !

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Catégorie Racines

Les documentaires ne sont pas les lectures vers lesquelles nous allons le plus spontanément sous le Grand Arbre. Aussi, quand un titre attire notre attention, nous l’aimons et le défendons bec et ongles. Cette année, sept titres étaient en lice, et la sélection que nous vous proposons reflète notre inquiétude face à la montée des extrêmes, la méconnaissance et la peur des « étrangers ». Trois titres qui invitent au dialogue et à la découverte de l’Autre pour montrer que les barrières et les conflits perdent tout leur sens dès que l’on prend un peu de recul. En route !

Quand on arrive en France est un livre d’histoire au sujet très spécifique. En effet, cet ouvrage retrace l’histoire de l’accueil des étrangers en France de 1830 (et le « Code noir ») à nos jours. En se plaçant dans cette perspective historique, ce documentaire apporte le recul nécessaire et propose une vision apaisée de ce phénomène mondial. Chiffres a l’appui, les auteurs démontent les idées reçues, détaillent les inégalités d’accueil et les recurences dans les discours racistes. L’ouvrage est dense mais sa forme variée (textes, photos, BD, encarts) le rend très clair. Nous avons aimé cet ouvrage essentiel pour la mise en lumière des rôles que les immigrés ont joué dans l’histoire de France.

Quand on arrive en France, histoire de l’immigration, Jean-Michel Billioud et Michaël Sterckeman, Casterman, 2024.

Qu’est-ce qu’une frontière ? Voilà une question à laquelle il n’est pas facile de répondre. Certaines suivent des éléments naturels (fleuve, côte ou montagne), d’autres sont héritées de l’histoire des pays qu’elles encadrent. Certaines sont grandes ouvertes, d’autres fermées par des murs et des armées. Ce documentaire, écrit par une auteure coréenne, nous a plu car il n’est pas européocentré. Un peu de recul ne nuit pas, surtout sur ce type de questions ! Et si Gudol développe les tensions et les difficultés, elle explique aussi différentes curiosités, apporte de l’espoir et rappelle que les frontières évoluent mais ne peuvent limiter les éléments naturels (animaux, courants marins, mais aussi pollution). De quoi nourrir des discussions passionnantes et répondre plus sereinement aux questions d’actualité des enfants.

Qu’est-ce qu’une frontière ?, Gudol et Haerang, La Partie, 2024.

Dans Origine, Nat Cardozo signe une série de magnifiques portraits d’enfants vivant au sein de peuples autochtones. Le choix artistique des illustrations nous a séduites : les visages portent leur territoire dessiné sur leur peau, dans leurs cheveux. Nous avons aussi été sensibles à ce qui rapproche ces communautés : un fort sens du collectif, une place privilégiée accordée aux anciens et un lien à la nature exceptionnel. Malheureusement, l’ensemble de ces peuples sont confrontés à une fragilisation de leur habitat par la colonisation, la création des frontières, l’exploitation des ressources et le dérèglement climatique. Il est urgent de prendre conscience que ces peuples, qui ont su trouver des stratégies pour survivre dans des conditions souvent extrêmes, ont des traditions bien plus précieuses que les ressources pour lesquelles ils sont chassés de leurs territoires.

Origine, Nat Cardozo, Rue du Monde, 2024.

À vous de voter pour départager ces titres !

Quel titre de la sélection "Racine" préférez-vous ?

  • Qu'est-ce qu'une frontière ? (42%, 14 Votes)
  • Origine (42%, 14 Votes)
  • Quand on arrive en France (15%, 5 Votes)

Total Voters: 33

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Catégorie Branches dessinées

Du côté des graphiques, il a été difficile de choisir, vu la pléthore de très bons titres parus en 2024 ! Le premier, qui a remporté tous les suffrages, c’est l’adaptation du roman de Flore Vesco : D’or et d’oreillers. Sa réécriture moderne et féministe de plusieurs contes (notamment La princesse au petit pois) est sublimée par le graphisme original et soigné de Mayalen Goust, qui alterne entre explosions de couleurs et atmosphère sombre, intimiste, effrayante. Un ouvrage plein de sensualité, qui met en avant la découverte du corps et la liberté.

D’or et d’oreillers, d’après le roman éponyme de Flore Vesco, adapté par Mayalen Goust. Ed. Rue de Sèvres, Septembre 2024

Deuxième titre de la sélection Branches dessinées, Minuit passé nous emmène lui aussi dans un vieux manoir, en compagnie de Guerlain, un restaurateur d’art, et de son fils Nisse. Mais il s’y passe de drôles de choses, la nuit… Gaëlle Geniller propose un graphique très onirique, qui nous transporte entre rêve et réalité, entre passé et présent. Les illustrations, très détaillées, renforcent l’atmosphère de doute et de merveilleux de l’histoire. Les costumes et décors regorgent de petits détails tout en élégance, la colorisation est particulièrement réussie. Entre nostalgie, retour en enfance et tendre complicité père-fils, Minuit passé est une très belle bande dessinée au charmé rétro indéniable !

Minuit passé, de Gaëlle Geniller, Ed. Delcourt, octobre 2024.

Jean Jambe et le mystère des profondeurs a marqué les arbronautes par son originalité. Jeanjambe, c’est ce drôle de petit bonhomme aux longues jambes et aux oreilles de lapin, que l’on suit dans les profondeurs avec une paire de lunettes 3D. Pas de dialogues, pas de texte, une plongée sous terre au milieu des éléments naturels sublimés. Matthias Picard joue avec des éléments naturels, la profondeur de champ et des références multiples pour proposer une aventure unique, un voyage au centre de la Terre qui regorge de mystères et de merveilleux.

Jeanjambe et le mystère des profondeurs, de Matthias Picard. Ed. 2024, octobre 2024.

À vous de voter pour départager ces titres !

Quel titre de la sélection "Branches dessinées" préférez-vous ?

  • Jean Jambe et le mystère des profondeurs (67%, 37 Votes)
  • Minuit passé (22%, 12 Votes)
  • D'or et d'oreillers (11%, 6 Votes)

Total Voters: 55

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Prix ALODGA 2025 – catégories Belles branches et Grandes feuilles

Nous vous en parlons depuis des semaines, voici enfin la nouvelle édition du Prix ALOGDA ! Comme les années précédentes, nous avons sélectionné trois titres dans six catégories différentes :

  • Belles branches (romans ado)
  • Grandes Feuilles (romans jeunesse jusqu’à 11 ans)
  • Petites feuilles (albums pour « grands »)
  • Brindilles (albums premier âge)
  • Branches dessinées (BD)
  • Racines (documentaires)

Durant trois semaines, nous vous présenterons deux de ces catégories, ainsi que les titres concernés, et nous vous inviterons à élire votre préféré. Les votes se termineront le 6 juin 2025 à 20h30, et nous annoncerons les lauréats le 9 juin à 8h !

Ouvrons dès à présent le bal avec les romans ados et jeunesse !

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Catégorie Belles branches

Dans cette catégorie, 16 titres étaient en lice. Nous avons lu frénétiquement, avec délectation et naturellement certains romans se sont démarqués. Voici notre trio de tête avec comme vous pouvez le constater : des titres tous très différents des uns des autres et heureusement d’ailleurs !

Angélino est un jeune adolescent en décalage avec les autres doté d’une candeur qui le rend si attachant. Le jeune garçon ne veut pas se séparer de son ami Krok. Malheureusement, ce jeune gars se retrouve bousculé dans son bonheur par les décisions des adultes, par la sauvagerie du monde. Mais bien vite, il va changer, se rendre compte que ce n’est pas une vie pour lui. Une prise de conscience qui se fait tout en douceur…

Il y a beaucoup d’humour dans ce texte malgré les propos qui nous donnent à réfléchir sur la captivité des animaux. C’est un roman qui est donc à la fois drôle, parce parfois bien farfelu, mais aussi émouvant, et pédagogique. Une lecture fun et sérieuse.

Krok d’Hervé Giraud, Thierry Magnier, 2024

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Arsinoé Ouvrard est coupable d’avoir aimé « l’ennemi », d’avoir découvert l’Amour avec Hannes. « Jugée » coupable d’aimer, cette femme est humiliée, abandonnée à la violence masculine de ses compatriotes. Des hommes cherchant la gloire dans la détresse de ces femmes. Le destin de ces « poules à boches » rappelle que les dérives existent dans tout mouvements de foules.

Ce roman, également sélectionné pour le Prix Vendredi cette année, nous a bouleversées. Un roman court et puissant qui nous rappelle des faits historiques peu exploités en littérature et notamment dans celle destinée aux adolescents.

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Dans la tête et dans le corps de ce jeune garçon, rien ne va plus depuis des mois. Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une circonstance trop forte pour que tout bascule. Pas un signe avant-coureur, pas un cri, juste une respiration qu’il faut apprendre à régler pour se donner du courage. S’enfermer n’est pas un choix mais une survie qui s’organise. Dans ce roman, aussi sélectionné pour le Prix Vendredi de cette année, on s’interroge avec lui : que s’est-il passé ? Crise d’adolescence ou prise de conscience ?

La réponse ouvre la réflexion sur le rapport compliqué au monde d’une jeunesse qui a de plus en plus de mal à respirer… Pourtant, on continue à croire que l’espoir jamais ne s’essouffle et cela fait aussi la force du roman : rester optimiste. Un roman qui nous fait entrer en totale empathie avec le personnage principal et son entourage.

La cabane de Ludovic Lecomte, Ecole des Loisirs, collection : M+, 2024

À vous de voter pour départager ces titres !

Quel titre de la sélection "Belles branches" préférez-vous ?

  • KroK (56%, 232 Votes)
  • Vindicte (41%, 170 Votes)
  • La cabane (3%, 14 Votes)

Total Voters: 416

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Catégorie Grandes feuilles

Nous avons dévoré les 11 titres présélectionnés avec nos yeux d’enfants, c’est-à-dire curieuses de découvrir des univers éclectiques et extra-ordinaires, qui ont à nous dire quelque chose du monde. Histoires fortes ancrées dans l’imaginaire, fictions réalistes ou récits autobiographiques, d’hier, d’aujourd’hui, ou dans un passé dont il s’agit de tirer les leçons, nous avons plongé avec plaisir dans ces romans qui aident à grandir et à comprendre, sans perdre de vue le plaisir de lire.

Pour le trio de tête, la famille, même dysfonctionnelle, est presque le premier rôle de l’histoire. Les ambiances et les styles sont bien différents, sur des thématiques (très) fortes.

Coup de cœur presque unanime pour ce roman qui coche de nombreuses cases : originalité, humour, découverte, réflexion. C’est un ouvrage étonnant, qui change de ce que l’on peut lire aujourd’hui. Le génie sous la table, c’est lui, l’illustrateur Eugène Yelchin, Yevgeny, de son vrai prénom, un enfant qui grandit en URSS et qui a du mal à trouver sa place, coincé entre le talent de son frère aîné, la gouaille de sa mère, ou les rêveries de son père. Espionnage, antisémitisme et conditions de vie précaires…tel est le quotidien de cet enfant, dont nous avons adoré suivre les réflexions et sa vision des rouages et des dérives du communisme. Des sujets graves, mais son regard à la fois naïf et interrogatif sur ce qui l’entoure apporte beaucoup de fraîcheur.

Le génie sous la table, d’Eugène Yelchin, L’Ecole des loisirs, collection Neuf, 2024

A la poursuite des animaux arc-en-ciel est une lecture exigeante, parfois difficile, qui traite d’un sujet peu exploité en littérature « juniors » : la dépression. Il raconte quelques semaines de la vie de Nora, 10 ans, dont la maman solo souffre de cette maladie, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Seule, très mûre pour son âge, la petite fille vit en fait dans une sorte de déni, s’auto-persuadant que tout va bien, qu’il n’y a aucun problème, que sa vie est normale. Jusqu’au jour où commencent à lui apparaître des animaux qu’elle seule peut voir…Sur le fond, très belle trouvaille que ces animaux arc-en-ciel, qui vont se succéder pour aider Nora à aller vers les autres et accepter de se faire aider, jolie fin ouverte mais sans angélisme. Sur la forme, les arbronautes ont particulièrement apprécié l’objet-livre : couverture cartonnée, titre scintillant, dos graphique, illustrations soignées, police aérée, et plusieurs bonus en fin d’ouvrage.

A la poursuite des animaux arc-en-ciel, de Sarah-Ann Juckes, illustré par Sharon King-Chai, Little Urban, 2024

Harlem, le court roman d’Anne Cortey, illustré par Chales Berberian, est largement inspiré d’une histoire vraie, celle d’une amie de l’autrice ayant grandi dans ce quartier emblématique de New York, dans les années 60. A l’époque, la ségrégation raciale bat son plein, mais la lutte pour les droits civiques émerge et l’on découvre au fil des pages les espoirs nés des actions de Martin Luther King ou Rosa Parks. Nous avons admiré ses deux petites héroïnes au caractère bien trempé, qui refusent que leur couleur de peau les sépare. Un belle histoire pleine de sensibilité, joliment illustrée, dont le message général est porteur d’espoir, invitant à réfléchir, avec bienveillance, à la justice et à l’égalité.

Harlem, d’Anne Cortey, illlustré par Charles Berberian, L’Ecole des loisirs, collection Neuf, 2024

À vous de voter pour départager ces titres !

Quel titre de la sélection "Grandes feuilles" préférez-vous ?

  • A la poursuite des animaux arc-en-ciel (57%, 58 Votes)
  • Harlem (30%, 31 Votes)
  • Le génie sous la table (13%, 13 Votes)

Total Voters: 102

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Nos coups de cœur d’avril

Le mois de mai, son muguet, ses jours fériés, ses ponts pour les plus chanceux… et sous le Grand Arbre nous voilà fin prêtes pour le Prix ALODGA qui marque traditionnellement l’anniversaire du blog. Pour vous aider à patienter jusqu’à la semaine prochaine et la présentation des deux premières sélections (Belles branches et Grandes feuilles), nous vous proposons nos lectures « coup de cœur » du mois dernier.

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Cela a encore été un mois riche en belles découvertes pour Lucie. Pas facile de faire un choix ! Deux romans et deux albums sortent du lot, qu’elle va présenter en quelques mots pour laisser la place à ses camarades.

Côté roman, si la forme est différente ses deux favoris présentent des similitudes. Ils abordent des sujets graves, traités de manière accessible et invitent à la réflexion. D’une part, Aurélien Malte de Jean-François Chabas qui donne la parole à un prisonnier de longue peine, de l’autre Entre leurs mains d’Annelise Heurtier qui raconte l’effroyable expérience des blanchisseries de la Madeleine en Irlande. Deux romans puissants, révoltants, émouvants et essentiels écrits par des auteurs que nous avons eu la chance d’interviewer et qui ont fait l’objet d’un article sur nos essentiels.

L’avis complet de Lucie sur Aurélien Malte et ceux de Linda et Lucie sur Entre leurs mains.

Côté album, il a été tout aussi difficile de départager Quand je garde le silence et Cinq contes, qui n’ont absolument rien à voir ! Alors que l’album de la bulgare Zornitsa Hristova – dont c’est le premier livre traduit en français – brille par sa sobriété et l’émotion qu’il dégage, celui de Posy Simmonds témoigne de l’humour mordant de l’auteure de BD anglaise à la renommée internationale. Un point commun malgré tout : ces albums raviront autant les petits que les grands lecteurs !

Les avis de Lucie sur Quand je garde le silence et Cinq Contes.

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Nos incendies était le premier roman de cette autrice que Séverine lisait. Depuis, elle s’est bien rattrapée et a dévoré ses deux autres, qui ont confirmé cette évidence : Sandrine Caillis était faite pour elle. Elle a énormément vibré pour cette histoire de rencontres qui changent la donne… surtout celle avec soi-même… Non seulement elle a admiré chez cette autrice un grand respect pour la jeunesse qui s’engage et qui rage, celle qu’elle avait déjà croisée chez Marion Brunet ou Eric Pessan, sans toutefois occulter ses excès, mais elle a trouvé très pointu son regard sur les relations intrafamiliales, sur les fractures, sur l’engagement, les moyens de dire non, sur le cœur qui (s’)affirme. Mention spéciale pour les titres des chapitres qui, à eux seuls, mis bout à bout, pourraient former un superbe poème en prose. Certes, l’écriture de Sandrine Caillis est exigeante, il faut, pense Séverine, être un.e jeune lecteur.ice aguerri.e pour bien en distinguer toutes les nuances, mais elle est ciselée, intense comme l’adolescence, qu’elle magnifie. Elle sait entrer dans les pensées intimes de ses personnages, dans un mélange incandescent de sensibilité, de mouvement et de fureur contenue. La fin apaisée sublime ce récit initiatique à 2 voix, qui se démarque de ce que l’on lit trop souvent en littérature ado, entre ennui, romances niaises ou au contraire trop sombres, et sensiblerie. Chez Séverine, Nos incendies a allumé une flamme qui n’est pas prête de s’éteindre !

Nos incendies, de Sandrine Caillis, Editions Thierry Magnier, 2025

Son avis complet ICI.

Coup de cœur également pour un album illustré, dans un tout autre registre. Séverine aime l’univers tendre et sensible des albums de Maylis Daufrene, qui se saisissent avec délicatesse de thématiques qui la touchent à chaque fois. Il faut avouer qu’elle est toujours bien accompagnée pour la faire vibrer, yeux émerveillés. Ici, sublimé par les magnifiques illustrations de Fanny Ducassé, fourmillantes de détails plus mignonnissimes les uns que les autres, bucoliques à souhait, aux couleurs délicates propices à l’apaisement, son texte dit la rencontre de deux solitudes qui s’apprivoisent. Au cours d’une jolie déambulation nocturne où les étoiles brillent plus fort que la phobie du noir et la peur du silence des jours trop longs, il est question, sens aux aguets, la nature et la forêt comme alliées, de cœurs à ouvrir et de craintes à dépasser. Avec Rose et Célestine, le duo nous invite à semer les petits cailloux de l’amitié sur nos chemins trop « balisés ».

Son avis complet ICI

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Pour Liraloin, un des romans proposé dans la catégorie Belles Branches pour le Prix ALODGA emporte le coup de cœur. Il s’agit de Madou en 5 actes écrit par Guillaume Nail. Et oui : 5 actes pour sans doute devenir quelqu’un ou rester « personne ». 5 moments décisifs pour apprendre à se faire confiance, se trouver du haut de ses 18 ans. 5 chutes ou 5 succès pour apprendre à écrire, laisser aller ce trop plein et enfin éclore au grand jour…

Madou en 5 actes de Guillaume Nail – Milan, 2024

Retrouvez son avis complet ICI et ainsi que celui de Lucie, de Linda et de Séverine : .

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Helolitlà a retrouvé avec plaisir la plume de Nancy Guilbert dans Sweet home, un roman ado intense et prenant qui l’a énormément touchée. Au beau milieu de ces pages : la beauté sauvage de l’Irlande, des adolescents et des adultes blessés, qui souffrent et peinent parfois à communiquer. L’écriture, comme biais salvateur ; la rédemption, après le pire. Les secrets du passé, qui étouffent, cet horrible épisode des couvents de la Madeleine. Et puis l’espoir, la lumière, l’amitié et l’entraide qui transcendent tout. Une belle famille de cœur quand la vraie famille est défaillante. Des sujets forts, traités avec toute la justesse et la finesse dont l’autrice sait faire preuve. Une lecture dure mais non dénuée de poésie, percutante.

Sweet Home, de Nancy Guilbert. Didier jeunesse. Octobre 2024

L’avis complet de Liraloin

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C’est un autre roman qui a envoûtée Helolitla en avril. Une lecture-doudou qui fait du bien au cœur avec le troisième tome de Crookhaven : Le grand cambriolage de l’île. Un troisième tome qui a des accents de retour à la maison, dans un univers qu’elle apprécie et dont elle savoure tous les rebondissements. Gabriel et sa bande d’amis, qui effectuent leur troisième rentrée à l’école des voleurs, vont devoir à nouveau se surpasser pour déjouer les pièges qui les attendent. Entre secrets, complots et révélations, Héloïse a pris grand plaisir à les voir grandir, évoluer, tant dans leur caractère que dans leurs relations.

Crookhaven, tome 3 : Le grand cambriolage de l’île, de J.J. Arcanjo. Pocket jeunesse. Janvier 2025

L’avis complet de Lucie.

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Pour Colette, son coup de coeur d’avril c’est le dernier album de Gilles Bachelet, auteur dont les arbronautes sont tellement friandes (vous pouvez retrouver notre sélection dédiée à cet auteur prolifique ici et l’entretien qu’il a eu la gentillesse de nous accorder par ). Cette fois-ci, l’auteur nous invite à suivre Eliot, un jeune lapin en marinière, dans les allées d’un magasin très particulier à l’enseigne intrigante : l’Hypermarquête. Ici on trouve tout ce qu’il faut de montures incroyables, de potions aux pouvoirs étranges, de créatures amies ou ennemies afin de s’équiper pour partir vivre l’aventure de toute une vie.

L’Hypermarquête, Gilles Bachelet, Seuil jeunesse, octobre 2024.

Mais l’aventure la plus joyeuse de cet album est celle proposée aux lecteurs, aux lectrices qui vont pouvoir fouiner dans les images foisonnantes créées par l’artiste pour y retrouver de nombreux clins d’oeil aux épopées les plus célèbres, aux légendes médiévales de notre patrimoine littéraire et pour les plus fans aux autres albums de Gilles Bachelet. Car le plaisir de cet album c’est aussi celui de retrouver par ici une glimouille cultivée sur la planète de XoX et Oxo, une monture qui ressemble beaucoup au chat de l’auteur ou des créatures qui nous rappellent celles de la Résidence Beauséjour !

L’avis complet de Lucie.

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Dix petites souris s’en vont à Paris. Colin THIBERT et Haydé. La Joie de Lire, 2022

Blandine adore Paris, et sa nièce de 3 ans adore les souris! Il n’en fallait pas plus pour qu’elles craquent toutes les deux sur cet album cartonné au format à l’italienne. Mais nos dix petites souris, au prénom en -ine, vont-elles vraiment aller à Paris? C’est parti pour une cocasse aventure toute en rimes !

Confucius. Toute une vie. Chun-Liang Yeh et Clémence POLLET. HongFei, 2018

Qui était Confucius ? Et quel est son enseignement? Cet album, au dessin aussi sobre que coloré, et que Blandine aime énormément, nous apprend ceci et plus encore !

KroK. Hervé GIRAUD. Thierry Magnier, 2024

Ce roman nous emmène dans un cirque auprès d’Angelino et de « son » tigre, KroK. Depuis « toujours », le cirque se déplace et ainsi passent la vie, les générations, les manières d’être et de faire. Mais voilà que plusieurs évènements contraignent ces êtres nomades, et libres (?), de rester sur place plus longtemps que prévu !

Dans ce roman, la candeur rivalise avec la liberté, avec la condition animale et humaine, avec les lois de la Nature et de l’Humain. C’est drôle et très juste !

Ce roman avait aussi été un coup de cœur pour Séverine : son avis et ceux de Lucie et Helolitlà.

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Et vous, quelles lectures vous ont fait vibrer le mois dernier ? Avez-vous envie de découvrir ces titres ?