Après Lucie, Liraloin et Séverine, il est temps pour Héloïse – Helolitla de relever le défi de ces billets d’été sur le sport !
Le sport, un moyen de résister à l’oppression, un moyen de s’évader, à la montagne ou ailleurs… et aussi, parfois, unmoyen de surmonter un traumatisme, de dépasser un drame. Le sport, un moyen de rebondir, de se reconstruire.
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C’est le cas par exemple de Glenn, qui a perdu son père, décédé dans un accident d’avion. Finies les courses à pied le long de la plage de Sydney, moments de partage et de communion avec son père et la nature, puisque Glenn doit aller vivre chez ses grands-parents, en France. Finies ? Non, Glenn ressent au fond de de lui ce besoin irrépressible de courir. Et pourrait bien trouver un allié pour reprendre ce sport…
« Plus je courais, plus je sentais la vie monter en moi.«
Un court roman intense qui célèbre l’endurance et le running.
Courir avec des ailes de géant, Hélène Montardre, Rageot, 2017.
Jade, elle, a subi une agression sexiste et raciste : elle a été passée à tabac par des inconnus, en sortant de la piscine. Une agression violente dont elle peine à se remettre, jusqu’au jour où elle découvre le free fight. C’est ce sport qui va lui permettre de retrouver confiance en elle, de faire la paix avec son corps, de transcender cette colère qui l’anime en quelque chose de beau. Grâce au free fight, Jade trouve sa place. C’est comme une évidence pour elle.
« Quand je suis sur le tapis, j’ai l’impression d’être moi. Je suis bien dans mon corps, dans ma tête. Le reste du temps, mon cœur bat au ralenti. »
Enfin, le free fight est pour Jade un moyen de lutter contre les stéréotypes en montrant à tous que, oui, une fille peut se battre, et être douée.
Un roman coup de poing.
Frapper comme une fille, Yves-Marie Clément, Auzou, 2024.
Les difficultés, Astrid, Hakima et Mireille connaissent aussi. Toutes trois subissent régulièrement des moqueries sur leur physique, et cette année, elles ont été élues « Boudins » du collège. C’en est trop pour elles, elles décident de ne pas se laisser faire. Elles se lancent donc un défi : rejoindre Paris, en partant de Bourg-en-Bresse, à vélo, en vendant des boudins.
Les petites reines vont transcender ce harcèlement avec le vélo, et indirectement, alerter la population sur les dangers du harcèlement. Entre humour et émotions, un road-trip cycliste qui ne les laissera pas indemnes, et va leur permettre de se trouver elles-mêmes.
Les petites reines, Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2015.
Kasienka, 12 ans, émigre avec sa mère en Angleterre. Nouveau pays, nouvelle langue, et difficile acclimatation pour la jeune fille. Son seul refuge : la piscine, et la natation. Kasienka est une très bonne nageuse, et ce sport lui permet de mettre de côté son quotidien difficile. C’est une jeune fille touchante, en pleins émois adolescents. Une jeune fille en décalage avec les autres, moquée, harcelée, qui peine à se faire une place, hors de l’eau.
Un roman en vers libres, rythmé, puissant, sur les difficultés liées à l’intégration.
« Quand je suis dans l’eau Mon corps tangue comme une vague : Violent, un peu. Beau, surtout.
Poitrine dressée, Bras étendus, Jambes en arrière, Je m’apprête à frapper l’eau.
Et je tire, Je pousse, Je glisse. Ainsi avance le Papillon. »
C’est la peur qui pousse Tony et Antoine un matin à s’enfuir. Les deux amis ne se concertent pas, ils se regardent, et partent en courant… Ils ne vont pas au collège.
Ce qui commence comme un jeu continue en course effrénée. Ils fuient tous deux quelque chose : l’un un père violent, l’autre le risque d’être expulsé de France. Une course pendant plusieurs jours, au-delà des limites, pour fuir, et dépasser ces traumatismes. Une course pleine d’espoir, au goût de liberté.
« On est invincibles, on file et nos pieds claquent de joie sur le bitume. On court comme on éclate de rire, comme on envoie balader une mauvaise pensée, comme on s’approche du bord de la piscine l’été pour se jeter en avant les bras grands ouverts vers la fraîcheur. On court dans le bonheur de l’instant. »
Aussi loin que possible, Eric Pessan, L’école des Loisirs. 2019.
Et puisque qu’Héloïse trouve que le basket se prête bien à cette idée de rebondir après un drame, et que c’est le sport « familial », voici quelque titres qui l’ont marquée !
Après Frères, Kwame Alexander a imaginé l’adolescence de Charlie « Chuck » Bell, le père de Joshua et Jordan, dans un autre roman en vers libres. Nous sommes en 1988, c’est l’été, le premier été pour Charlie depuis que son père est mort. L’été où le basket, et un séjour chez ses grands-parents, lui ont redonné le goût de vivre. Durant cet été de grands changements, Chuck, aidé par sa cousine Roxie, découvre une passion qui ne le quittera plus.
« C’était l’été 1988, l’été où le basket m’a donné des ailes,
où j’ai dû apprendre à rebondir
sur le terrain et dans la vie. »
Les vrais champions dansent dans le blizzard est un roman qui file à merveille la métaphore du basket pour rebondir après un drame. Un texte en vers libres poétique et résilient, qu’Héloïse ne se lasse pas de relire !
Les vrais champions dansent dans le blizzard, Kwame Alexander, Albin Michel Jeunesse, 2019.
Marie Vareille s’est attachée au sujet aussi, avec Le syndrome du spaghetti. Léa, basketteuse de haut niveau, qui vise une place en WNBA, voit sa vie s’écrouler du jour au lendemain. Mais il y a Anthony, rencontré par hasard. Anthony dont le basket est le seul échappatoire. À deux, ils vont tenter de surmonter les épreuves de la vie…
Deuil. Maladie. Le sport, une passion pour se reconstruire. Entraide. Amour. Marie Vareille découpe son roman avec les cinq étapes du deuil, nous montre avec justesse les émotions qui emportent Léa. C’est émouvant, vibrant, poignant.
Une ode à la vie, au sport, à l’amour.
Le syndrome du spaghetti, Marie Vareille, Pocket Jeunesse, 2020.
Pour conclure ce billet,Hélolitlà s’éloigne un peu du sujet, mais elle souhaitait vous parler de ce roman qui l’a beaucoup touchée : ABC…, d’Antonio Da Silva.
Jomo grandit au Mali mais est repéré par un chasseur de têtes. Envoyé en France, dans un centre d’entraînement créé par Tony Parker, il se perfectionne en basket... et se heurte aux pattes de mouche, partout. Car Jomo ne sait pas lire… Il suit donc des cours du soir, en plus de ses entraînements.
Entre récit initiatique, poésie, sport, histoire d’amour tragique, l’auteur a su toucher Héloïse. Nous découvrons des personnages cosmopolites, profondément humains. Entraide et solidarité sont les maîtres-mots de cet ouvrage d’une grande délicatesse, qui met la vie au centre.
Pour accompagner les Jeux Olympiques puis Paralympiques, nos billets d’été seront consacrés au sport ! Les listes de livres mettant en scène des sportifs étant nombreuses, nous avons choisi de présenter les nôtres sous un angle un peu différent.
Cette semaine, pour donner le coup d’envoi de cette thématique, Lucie vous propose de découvrir une sélection de romans consacrés à des coureurs ayant utilisé leur sport pour résister.
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Biographies romancées
Jessie Owens est une figure mythique des J.O. et de la course. Athlète à la peau noire dans un pays qui pratique encore la ségrégation, il traverse l’atlantique pour aller s’imposer dans un stade allemand sous les yeux d’Adolf Hitler. Son histoire est une ode à l’abnégation et à l’humanité puisqu’il profitera de son séjour pour sympathiser avec Luz Long, coureur allemand farouchement opposé aux idées nazis. De retour aux USA auréolé de ses quatre médailles d’or, il devra emprunter l’entrée de service pour rejoindre la soirée organisée en l’honneur des athlètes américains, et le président Franklin D. Roosevelt (alors en pleine campagne électorale) refusera de le féliciter de vive voix.
Jesse Owens Le coureur qui défia les nazis, Élise Fontenaille, Rouergue, 2020.
Sohn Kee-chung a remporté la médaille d’or du marathon aux J.O. de 1936. Ceux-là même où Jesse Owens a brillé. Et leur parcours a une autre similitude : si la médaille du marathonien figure au palmarès du Japon, il est en réalité coréen. Mais voilà, à l’époque son pays est envahi par les japonais et n’a plus d’existence légale. Courir alors que l’on est considéré comme un sous-homme par certains de ses compatriotes, voilà une idée qui doit être familière à l’athlète américain. Jusqu’à sa mort Sohn Kee-chung se battra pour que sa médaille soit attribuée à la Corée, sous son vrai nom (les japonais l’avaient renommé Son Kitei). Ce sera chose faite en 2011, 9 ans après son décès.
Le garçon qui courait, François Guillaume Lorrain, Sarbacane, 2017.
Les athlètes qui ne gagnent pas méritent tout autant que l’on raconte leur histoire. L’important c’est de participer, et en l’occurrence, de résister. Saamiya Yusuf Omar en est un exemple frappant. Spécialiste du sprint, la coureuse d’origine somalienne avait foulé le stade Olympique de Pékin en 2008. Elle était arrivée dernière du 200 m, mais son exploit était ailleurs : être l’une des deux seuls représentants son pays lors de cette manifestation, alors qu’il était dominé par les fondamentalistes islamistes. Elle est décédée en 2012 en tentant de traverser la Méditerranée pour trouver un entraîneur en vue des Jeux Olympiques de Londres, victime parmi tant d’autres des « charrettes de la mer ».
Je m’étais énormément entraînée et je voulais à tout prix gagner.
Gagner pour moi, gagner pour montrer à tout le monde que la guerre ne pouvait pas tout arrêter, gagner pour faire plaisir à aabe et à hooyo.
p.55
Ne me dis pas que tu as peur, Giuseppe Catozzella, Seuil, 2014.
Dans La fille d’avril, Annelise Heurtier donne la parole à Catherine qui raconte à sa petite fille son quotidien dans les années 1960. À l’époque, les filles ne font pas de sport et il est admis que courir fait pousser les poils partout (y compris sur le visage) et rend stérile. Mais voilà, Catherine a pris goût à la course et refuse de se soumettre aux préjugés de son temps. Une détermination qui va la pousser à remettre en cause la place de la femme dans la société.
La fille d’avril, Annelise Heurtier, Casterman, 2018.
Une histoire de transmission entre grand-parent et petit-enfant tend aussi l’intrigue du Garçon qui courait plus vite que ses rêves. La vie de Solomon prend une direction tout à fait inattendue le jour où son grand-père décide de partir avec lui pour Addis-Abeba. Cela représente tout de même une marche de plus de 30 km, mais il est ravi de l’opportunité car ce séjour correspond au retour des athlètes éthiopiens médaillés aux Jeux Olympiques. Or, Solomon adore courir, et il va avoir l’occasion de montrer ses capacités tout en découvrant un pan de son histoire familiale. Elizabeth Laird montre avec ce roman que, loin d’être seulement une fuite en avant, la course peut permettre de montrer son courage et de réaliser son destin.
Ce jour-là, j’appris la plus importante de toutes : courir ne dépend pas que de vos jambes et de vos bras. Certes, ce sont eux qui font le travail (vos jambes surtout), mais ce qui compte réellement, c’est ce qui se passe dans votre tête.
p.115
Le garçon qui courait plus vite que ses rêves, Elizabeth Laird, Flammarion, 2016.
Dans Une fille de…, Jo Witek nous présente Hanna qui court pour fuir les commentaires injurieux sur sa mère, mais surtout pour se forger un corps fort. Un corps qui lui obéit parfaitement et dont personne ne pourra abuser contre son gré. La ténacité de cette jeune fille vient de l’histoire de sa mère qui a subit mensonges, violences et abus de toutes sortes de la part d’hommes malintentionnés. Elle court aussi vers un avenir qu’elle se trace elle-même par son travail et sa résistance.
C’est aussi la fuite de son passé qui pousse Castle (alias Ghost) à courir dans Go ! Ghost de Jason Reynolds. Son père, alcoolique et violent, est en prison. Sa mère peine à joindre les deux bout avec son emploi de cantinière. Et Ghost a cette colère en lui qu’il ne parvient pas à contrôler et qui le pousse à multiplier les « incidents » au collège. Jusqu’à ce qu’il pose le pied sur une piste d’athlétisme. L’entrainement va lui permettre de reprendre confiance en lui et de trouver des personnes sur lesquelles il peut compter. Mais cela suffira-t-il à l’empêcher de replonger ?
Le héros de Cours ! de Davide Cali est confronté à une situation similaire. En colère contre son père parce qu’il a quitté sa famille, contre sa mère et ses frères, frustré par sa pauvreté et la racisme qu’il subit dans son « école des Blancs », Ray passe son temps à se battre. Mais voilà qu’après avoir été confronté à des adultes le punissant sans chercher à comprendre il rencontre un proviseur qui va lui proposer de courir pour apprendre à canaliser son énergie. Éloge du sport comme pédagogie : il permet non seulement d’évacuer la colère mais aussi d’apprendre le goût de l’effort et de reprendre confiance en soi. Et Ray d’échapper à un destin tout tracé pour devenir un champion. Les magnifiques illustrations de Maurizio A.C. Quarello portent un récit plein d’espoir.
Cours !, Davide Cali, illustrations de Maurizio A.C. Quarello, Sarbacane, 2016.
Les enfants adorent interroger le monde, les parents qui sont passés par la phase des « pourquoi » le savent ! Mais il est intéressant de soutenir cette habitude et de favoriser les discussions en famille. Les éditeurs ne s’y sont pas trompés et de plus en plus de livres à destination des petits et de leurs aînés les invitent à réfléchir. Il n’est d’ailleurs pas toujours aisé de s’y retrouver. Voici donc nos préférés !
« On a grand tort de peindre la philosophie inaccessible aux enfants, et d’un visage renfrogné, sourcilleux et terrible. Qui me l’a masqué de ce faux visage, pâle et hideux ? Il n’est rien de plus gai, de plus gaillard, de plus enjoué, pour un peu je dirais de plus folâtre. Elle ne prêche que fête et bon temps. »
Montaigne, Les Essais, ch. 26, « De l’Institution des enfants »
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La philo avec les tous petits, c’est accessible ! Grâce à la créativité des auteurs et autrices d’albums qui parviennent à provoquer de véritables réflexions philosophiques. Par exemple, Alfredo Soderguit nous interroge sur ce qui distingue (ou pas) l’humain de l’animal, à partir d’une affirmation troublante : « Je suis un animal ». Qui parle ? Le principe est simplissime – de grandes doubles pages colorées avec, à gauche, des états parmi les plus familiers (« quand j’observe », « quand j’écoute », « quand je mange », « quand je dors »…) et à droite, une illustration représentant un animal. Mots et images s’entrechoquent, nous interrogeant sur notre animalité. Les plus jeunes liront cet album comme un imagier, les un peu plus grands se laisseront aller à réfléchir à la question passionnante de la démarcation pas si évidente entre humains et animaux. L’occasion de prendre conscience de notre part d’animalité… mais aussi de réaliser que les animaux, comme nous, dansent, rient, jouent et rêvent.
Je suis un animal, d’Alfredo Soderguit. Didier Jeunesse, 2018.
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Une autre question fascinante pour les tous petits est celle du temps : difficile d’en prendre la mesure, de saisir pourquoi certaines minutes semblent interminables alors que de belles journées passent en un clin d’oeil ! Pour nos têtes blondes, chaque saison représente une éternité et un an dure un siècle et pourtant, la perspective très lointaine de parvenir au bout de la vie les inquiète. Impossible de réaliser le temps de la vie de leurs parents et de leurs grands-parents ; mais les enfants ne s’en passionnent pas moins pour les dinosaures et les autres acteurs d’un passé antédiluvien. Mais le temps structure la journée, l’année et la vie. Il s’agit donc là d’un enjeu incontournable qui peut être abordé sur la base d’un merveilleux album de Henri Meunier et Aurore Petit. Nous observons un enfant qui lance un caillou dans l’étang. Au fil des pages, des heures, des saisons, des années, le décor se transforme, nous invitant à scruter les marques du temps écoulé : transformations du paysage, cheminement des randonneurs, trajectoire de l’avion et de l’escargot, chenille qui se transforme… Le texte nous interpelle : qui du caillou, de l’enfant ou de l’étang était là le premier ? Combien de temps le caillou met-il à tomber ? S’agit-il vraiment du même enfant ? Le temps a-t-il un début et une fin ? On se laisse volontiers entraîner dans cette amusante méditation qui nous ferait presque oublier le temps qui ne cesse de s’écouler… Jusqu’à ce que, plouf, le livre touche à sa fin et nous ramène aux préoccupations du présent.
1 temps, de Henri Meunier et Aurore Petit. Éd. du Rouergue, 2018.
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Plusieurs albums, l’air de rien, l’air de raconter une histoire, qui souvent se passe ailleurs et dans des temps non définis, posent, présentent, répondent à des questionnements d’ordre philosophiques.
Les trois questions. D’après Léon Tolstoï. Jon J. MUTH. Circonflexe, 2003
Près d’une plage, jouant au cerf-volant, Nikolai se pose trois questions. Quel est le meilleur moment pour agir ? Quelle est la personne la plus importante ? Quelle est la meilleure chose à faire ?
Jon J. Muth s’est librement approprié un conte de Léon Tolstoï, pareillement intitulé et publié en 1903, pour aborder le sens de la vie, notre rapport au monde et à l’autre. Des questionnements aussi universels qu’intemporels. Il y répond par l’histoire, par les personnages qu’il met en scène, jusqu’à leurs prénoms et symboliques, et même les couleurs. C’est très doux, avec plusieurs niveaux de lecture et de sublimes illustrations aquarellées.
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Petits Contes Zen
Collection Petits contes zen – Antoine GUILLOPPE. Piquier Jeunesse
Antoine Guilloppé a écrit plusieurs albums pour cette collection « Petit conte zen » chez Picquier Jeunesse. Chacun développe une aptitude, un trait de caractère d’un des héros, et notamment de la jeune Akiko, puisque cinq albums lui sont consacrés, mais il y a aussi Takiji, qui découvre la notion de vivre-ensemble.
Une belle collection au graphisme épuré.
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Les Petits Philosophes
Quelle belle découverte que les ateliers de philosophie en maternelle avec le superbe film documentaire de Pierre Barougier et Jean-Pierre Pozzi joliment intitulé Ce n’est qu’un début. On y suit une enseignante de maternelle,Pascaline Dogliani, à la Mée-sur-Seine dans une ZEP de Seine-et-Marne qui met en place des ateliers philosophiques avec ses élèves. Et c’est vraiment une expérience étonnante, vivifiante et motivante que de voir ces tout petits aborder des questions existentielles avec la naïveté, le sérieux et la curiosité caractéristiques de la petite enfance.
Ce n’est qu’un début, Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier, Ciel de Paris production, 2010.
L’enseignante travaille notamment à partir de livres et surtout à partir de la rubrique de Pomme d’api intitulée « Les p’tits philosophes » dont les aventures ont été regroupées dans plusieurs albums qui portent le même nom. On suit à travers différents scénarii un groupe de 4 amis-animaux : Chonchon, Mina, Plume et Raoul, qui se posent les grandes questions universelles au hasard de leur vie quotidienne. Noël est l’occasion de se demander « qu’est-ce qu’un cadeau ? », une promenade à la montagne invite à se demander « pourquoi faut-il faire des efforts ? », faire du vélo sans roulettes est l’occasion de se demander « qu’est-ce que grandir ? »…
En écoutant les dialogues naïfs de nos 4 petits amis-animaux, ce livre nous invite à avoir une véritable démarche de questionnement qui permet d’aborder avec son enfant une certaine forme de spiritualité qu’on réserve encore trop d’habitude aux « grands ». La formation de l’esprit critique, l’apprentissage du débat, de l’écoute de l’autre commence dès que l’enfant entre dans le langage et qu’il peut mettre des mots sur ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ce qu’il pense. En s’interrogeant avec Chonchon, Plume, Mina et Raoul, c’est une aventure passionnante engageant toute la famille qui commence : l’enfant est accompagné dans ses questions par ses parents et les parents se fabriquent un nouveau regard sur le monde face à des questions qu’ils n’osaient parfois plus se poser.
Prendre le temps ENSEMBLE de s’interroger sur la vie, l’humain, le monde est une aventure de tous les instants que ce petit livre nous invite à partager. Alors tout devient prétexte à philosopher !
Les Petits Philosophes, Sophie Furlaud (parfois avec Jean Charles Pettier), illustrations de Dorothée de Monfreid (parfois avec Soledad Bravi), Bayard éditions.
Titres disponibles, dès 4 ans : Les Petits Philosophes tome 1 : Mystère et boule de gomme, Les Petits Philosophes tome 2 : Chut… on pense, Les Petits Philosophes tome 3 : Comme des poissons dans l’eau, Les Petits Philosophes tome 4 : Hauts comme trois pommes, Les Petits Philosophes tome 5 : Bataille de questions, Les Petits Philosophes : 24 grandes questions pour bien grandir.
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« Un et multiple », « Fini et infini », « être et apparence », « Liberté et nécessité », « Moi et autrui », « Corps et esprit »… autant de concepts philosophiques qu’Oscar Brenifer explore dans Le livre des contraires philosophiques. Ici on aborde la pensée par le jeu d’une question – « Le temps peut-il durer une éternité? », « La liberté peut-elle exister sans prendre en compte la nécessité ? » – question à laquelle les images symboliques et étrangement réalistes de Jacques Desprès vont ouvrir des réponses. Le docteur en philosophie Oscar Brenifer va quant à lui y ajouter les bases d’un raisonnement conceptuel à travers des textes courts, écrits au présent de vérité générale, histoire de lancer la jeune lectrice, le jeune lecteur dans une démarche de recherche de vérité et d’universalité.
Le Livre des grands contraires philosophiques, Oscar Brenifier, Jacques Desprès, Nathan, 2009.
Dans la même collection, on retrouvera d’autres titres comme L’amour et l’amitié, Le sens de la vie ou encore La question de Dieu.
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Piccolophilo
Présentation de l’éditeur : Piccolophilo est une collection d’albums, au dessin vif et enjoué, qui racontent, sous forme d’histoires les questions et raisonnements quotidiens d’un enfant de 5 ans. En fin d’ouvrage, « l’atelier philo de Piccolo » (avec un petit grain de sel philo et des jeux) aborde différemment des interrogations soulevées par l’histoire et permet des échanges en famille.
Petites et grandes questions philo de Piccolo, Michel Piquemal, illustrations de Thomas Baas, Albin Michel Jeunesse, 2014.
Titres disponibles : C’est à moi !, Aïe ! j’ai mal !, Non, c’est pas moi !, Parle-moi, petit chat !, Achète-moi la moto rouge !, Mais je suis déjà Grand !, C’est pour de vrai ou pour de faux ?, C’est pas juste !, C’est quoi la mort ? et un recueil : Petites et grandes questions philo de Piccolo.
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Les Goûters Philo
Présentation de l’éditeur : « Les Goûters philo », la collection qui donne faim d’idées ! Pas de « prêt-à-penser » dans ces ouvrages, qui n’ont d’autre but que de faire goûter aux lecteurs dès 8 ans le plaisir de manier les idées et de progresser dans la pensée en rendant la philosophie accessible. Des exemples simples et concrets, des textes courts et faciles à lire, pour amorcer le débat et réfléchir avec les enfants aux questions qu’ils se posent. La collection indispensable pour muscler l’esprit critique !
Les Goûters Philo, Brigitte Labbé avec Michel Puech ou Pierre-François Dupont-Beurier, illustrations de Jacques Azam, éditions Milan.
Plus de quarante titres disponibles dès 6/7 ans, dont : Les garçons et les filles, La tolérance et l’intolérance, Le succès et l’échec, Obéir et désobéir, La dictature et la démocratie, Libre et pas libre, Croire et savoir, Prendre son temps et perdre son temps, La guerre et la paix, L’homme et l’animal, Moi et les autres…
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Les Philo-fables de Michel Piquemal
Présentation de l’éditeur : Faire de la philo avec les 8/9 ans par le biais de courtes histoires, fables, paraboles ou contes. Les enfants ont soif de questionner en grand, de « philosopher » et de réagir à des thèmes essentiels. Nous avons délaissé la philosophie classique européenne qui ne raconte pratiquement pas d’histoires (elle préfère définir des concepts, des notions) et nous sommes allés puiser dans les traditions du monde entier ; nous y avons trouvé des histoires qui amusent, étonnent et donnent à réfléchir sur l’amitié, le bonheur, la justice, le droit, le destin, la mort, la vérité, le détachement, la pauvreté…
Chaque histoire est : – introduite par deux ou trois mots-clés ; – resituée dans son origine ; – suivie d’un court questionnement qui apostrophe le lecteur : « Dans l’atelier du philosophe ».
Les philo-fables, Michel Piquemal, illustrations de Philippe Lagautrière, Albin Michel, 2008.
Titres disponibles : Les philo-fables, Les philo-fables pourvivre ensemble, Les philo-fables pour la Terre, Le conteur philosophe (chaque tome est composé d’un sommaire des titres et d’un index des mots-clés).
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Les petits Platons
Présentation de l’éditeur : Avec Les petits Platons, les enfants tombent amoureux de la philosophie !
Socrate, Descartes, Leibniz, Lao-Tseu, saint Augustin, Ricoeur, Diogène, Einstein, Pascal, Heidegger, Rousseau, Denys l’Aréopagite, Épicure, Érasme, Bachelard… racontés à partir des histoires qui traversent leurs oeuvres, dans des albums illustrés drôles, intelligents et graphiques ! La collection a été testée auprès d’enfants et d’adolescents de 9 à 14 ans. Les plus jeunes adorent l’histoire et les illustrations, les plus mûrs rentrent pleinement dans la dimension philosophique. Petit secret : les adultes aussi sont enthousiastes !
Coffret jaune : Le petit théâtre de Hannah Arendt raconté par Marion Muller-Colard & illustré par Clémence Pollet – Les petits Platons, 2015.
Parler philosophie avec les enfants qu’ils soient petits ou grands est parfois franchement pas facile. Ce que j’aime dans les ouvrages pour la jeunesse c’est que même en étant « adulte », tout devient plus clair. N’étant pas une spécialiste ni une passionnée de philo cette série de petits livres m’a tout de suite séduite.
Pourquoi ? Attirée par la couverture, la mise en page, le soin donné à rendre ce documentaire attractif.
Le contenu ? Facile et intelligent, le texte est une aventure dans les idées d’Hannah Arendt. Imaginez un jeu de questions-réponses avec votre double de 10 ans : « – Tu n’es pas seulement venue au monde pour la vie de ton corps. Tu es venue aussi… :
Pour la vie de l’esprit ! complète la fillette qui se souvient du livre que la grande Hannah est en train d’écrire.
Pour penser, vouloir, juger…et entrer sur scène ! »
D’autres coffrets existent également : le vert qui rassemble certains titres de grands philosophes comme Heiddeger, Blaise Pascal… le orange qui, lui, nous livre des textes de Socrate, Kant…
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POCQQ des Éditions du Ricochet
Parce que la réflexion a parfois besoin de s’appuyer sur du concret, et que l’actualité et la société sont source de questions des jeunes.
Présentation de l’éditeur : Pourquoi ? Où ? Comment ? Qui ? Quand ? Face aux enjeux profonds de notre société, s’interroger, débattre… c’est essentiel ! Pour les ados, de grands sujets d’actualité sont ici traités avec la distance qui permet à chacun de se faire son opinion.
Pourquoi la laïcité ?, Ingrid Seithumer, illustrations d’Elodie Perrotin, Editions du Ricochet, 2022.
Titres disponibles, dès 13 ans : Qui sont les LGBT+ ?, Comment s’informer ?, Pourquoi la laïcité ?, Où va le climat ?, Pourquoi les vegans ?, Pourquoi les pandémies ?, Pourquoi la conquête spatiale ?, Qui sont les hackers ?, Où va l’économie ?, Qui sont les féministes ?, Que dit la mode ?, Qui sont les transhumanistes ?
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Philoado des Éditions Rue de l’Échiquier
Présentation de l’éditeur : Une collection de livres à destination des adolescents, offrant un éclairage philosophique sur des événements auxquels ils se trouvent confrontés dans la vie de tous les jours et des sujets qui les concernent directement : l’amour, la liberté, le bonheur, le mensonge, la responsabilité. Pour donner aux adolescents le goût de la philosophie, leur apprendre à réfléchir et à penser par eux-mêmes, les aider à grandir et à devenir des adultes autonomes.
Perdre son temps, Malcolm Hammer, Rue de l’Échiquier, 2010.
Titres disponibles, dès 15 ans : Mourir, Désobéir, Voler, Avoir peur, Être jaloux, Rêver, Se venger, Tomber amoureux, Mentir, Perdre son temps.
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Quels sont vos éditeurs et collections préférés ? Avez-vous l’occasion de parler philo avec des enfants ? C’est avec plaisir que nous attendons vos retours !
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Philonimo de chez 3oeil
La collection incontournable pour philosopher avec les plus jeunes, c’est PHILONIMO, des éditions 3oeil. Dix petits livres, beaux tant sur la forme que sur le fond, avec des textes épurés et des illustrations poétiques, pour inviter les petit.es à réfléchir sur le monde qui les entoure, à s’ouvrir à l’altérité et à penser par eux/elles-mêmes. Un beau programme.
Présentation de l’éditeur : La collection Philonimo est une série d’albums jeunesse créée à l’initiative de l’autrice Alice Brière-Haquet pour faire découvrir des concepts philosophiques aux enfants à travers les métaphores animalières des grands philosophes.[…] Un voyage vers de nouveaux univers graphiques, sans frontière d’âge …et à plus de 3 cette fois : 10 livres, 10 philosophes, 10 illustrateurs.
Liste des titres disponibles :
L’abeille de Saint-Simon d’Alice Brière-Haquet et Mai-Li Bernard
Le loup de Hobbes d’Alice Brière-Haquet et Herbéra
La colombe de Kant d’Alice Brière-Haquet et Emilie Vast
Le cygne de Popper d’Alice Brière-Haquet et Janik Coat
Le canard de Wittgenstein d’Alice Brière-Haquet et Loïc Gaume
Le chien de Diogène d’Alice Brière-Haquet et Kazuko Matt
Le lézard de Heidegger d’Alice Brière-Haquet et Sophie Wissière
Le papillon de Tchouang-Tseu d’Alice Brière-Haquet etRaphaële Enjary
Le corbeau d’Epictète d’Alice Brière-Haquet et Csil
Le porc-épic de Schopenhauer d’Alice Brière-Haquet et Olivier Philipponeau
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Ni oui ni non de Tomi Ungerer chez Ecole des loisirs
Ni oui ni non, Tomi Ungerer- Ecole des loisirs, 2018
En matière de philo à hauteur d’enfants, il serait dommage de passer à côté de ce livre, issu d’une collaboration entre le grand Tomi Ungerer et Philosophie Magazine, qui regroupe 100 questions posées par des enfants et les réponses apportées, en mots et en images, par cet auteur essentiel en littérature jeunesse, avec cette idée directrice :
« Moi, je prends la liberté de penser par moi-même et j’aime plonger dans les profondeurs, la mienne et celle des autres, tout en cherchant des solutions aussi simples que pratiques. Ma cervelle a les deux pieds sur terre- et prend parfois ses jambes à son cou. »
Présentation de l’éditeur : Comment dire à quelqu’un qu’on l’aime ? Et se faire des amis quand on est timide ? Pourquoi on a des couleurs préférées ? Pourquoi y a-t-il de l’argent ? Dans cette compilation des chroniques parues dans Philosophie Magazine, Tomi Ungerer commente et illustre ses réponses à cent grandes questions d’enfant, entre philosophie et poésie : « Répondre aux enfants, c’est se mettre à leur place. Expliquer en utilisant un vocabulaire adulte compréhensible. Illustrés par des exemples tirés de la réalité, ou soutirés de l’imagination. Démontrer que tout se surmonte avec le sourire et le respect. Et que grâce à l’absurde, nous sommes tous des apprentis sorciers.»
Thématiques : Amitié, amour, animaux, argent, cosmos et univers, enfants et adultes, famille, humain et nature humaine, morale et société, mort, nature et science, pensée et savoir, peur, préjugés, religion.
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Nous attendons vos retours sur les titres que vous aimez ? Est-ce que la philo vous intéresse?
C’est ce mardi 16 avril que sera allumée, à l’aide des rayons du soleil, la première torche du Relais de la Flamme Olympique de Paris 2024. La cérémonie se déroulera, selon la tradition, dans le sanctuaire d’Olympie, en Grèce, où se déroulaient les Jeux antiques.
Cet évènement majeur de l’année en France, nous a donné envie de proposer une sélection de livres sur les jeux d’hier et d’aujourd’hui, en attendant de passer avec vous un été sportif !
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Murielle Szac, forte de ses connaissances en mythologie grecque, revient avec un récit en quatorze épisodes pour nous présenter les jeux antiques dans toutes leurs étapes : de la sélection des hellanodices, ces juges des jeux, à la grande victoire de celui qui donnera son nom aux jeux de l’année. Au travers de ses personnages elle met en en avant les valeurs des jeux olympiques depuis leurs origines : amitié, respect et excellence, tout en apportant un peu de modernité avec des valeurs de tolérance au travers du combat pour défendre l’égalité de genres, des droits et pour le respect des minorités.
Présenté comme un parcours fléché, Louvre Olympique est bien plus qu’un simple documentaire sur la représentation des jeux antiques dans l’art. C’est aussi un parcours fléché et un véritable guide de visite pour une balade dans le musée du Louvre, à la découverte des œuvres du passé qui mettent le sport à l’honneur. Il sera un compagnon idéal pour accompagner les lecteurs dans leur découverte de ces amphores, coupes et autres sculptures ou statuettes qui valorisent les jeux dans leur représentations symboliques et historiques. Proposition intéressante et pertinente que de nous présenter les jeux en revenant aux origines et nous faire comprendre le but de cet événement, ses bienfaits sur le corps et l’esprit dans ce que cela représente aux yeux des grecques de l’époque, les lieux, les disciplines, les récompenses mais aussi la place des femmes, la trêve politique… Le tout à grand renfort de représentations mythologiques et artistiques, et d’explications lexicales.
Dans Les jeux Olympiques, Sylvie Baussier et Catherine Destephen proposent un tour d’horizon des principaux moments et des épreuves de cet événement mondial. Après un petit rappel historique, les disciplines classées par grandes catégories (athlétisme, gymnastique, cyclisme, sports nautiques ou de ballon…) sont rapidement expliquées. Un documentaire simple et efficace pour se renseigner et rêver en attendant de pouvoir admirer les athlètes en action !
Les jeux Olympiques, Sylvie Baussier en collaboration avec Catherine Destephen, illustrations de Robert Barborini, Milan Jeunesse, 2008.
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Dans cette pièce on assiste à une vie de sportive qui ne connaît aucun repos, aucun amour, juste la passion d’aller toujours plus loin pour gagner. Être sportif de haut niveau, c’est le destin que s’est choisi Julie Linard, jeune athlète qui dispute aujourd’hui les Jeux Olympiques. Le spectateur-lecteur assiste au rythme effréné des commentaires des deux journalistes sportifs obnubilés par une éventuelle victoire de ce bel espoir ! Il faut dire qu’elle a un sacré mental cette jeune femme : « Trois fois championne de France, vice-championne d’Europe. Je suis trop petite pour le huit cents mètres. Mais moi aussi, je vais marquer l’histoire. » De l’autre côté, son frère Alex, trop fragile pour n’importe quel sport, assiste à la chute de sa sœur à travers la petite lucarne… « Le sport est lié au plaisir et à la souffrance. Le plaisir de dépasser sa souffrance et le sentiment d’avancer, d’aller toujours plus loin, de construire quelque chose d’unique. Les plus grandes sensations sont liées au plus grand dépassement de soi. » Conditionner sa tête, conditionner son corps mais que se passe-t-il lorsque tout s’effondre en quelques millièmes de secondes ?
Je ne cours pas, je vole ! d’Elodie Menant – L’avant-scène théâtre, 2021.
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« Plus vite, plus loin, plus fort » n’est pas seulement la devise des jeux olympiques, c’est aussi celle de tout accro aux livres qui se respecte. Oui, elle/il va plus vite que son ombre en librairie, loin de chez elle/lui s’il le faut, dénicher les livres des auteurs/illustrateurs qu’elle/il aime fort fort fort ! Par exemple le dernier album, paru chez Seuil Jeunesse, écrit par Guillaume Guéraud, illustré par Ronan Badel, deux artistes qui ne manquent pas à chacune de leur parution, de faire vibrer et pleurire (entre pleurer et rire, on ne sait que choisir). Celui-ci, excellente alternative pour parler de sport avec les enfants quand on n’est pas forcément très inspiré par le sujet au quotidien, ne fait pas exception. A quelques mois des jeux olympiques de Paris, ces Jeux Folympiques rivalisent d’humour et d’imagination pour faire s’activer les zygomatiques des lecteur.ices, petit.es et grands.es. Il permet également d’une part, de réviser ou découvrir quelques disciplines sportives, d’autre part, de s’amuser à en inventer. Pédagogique et ludique à la fois, c’est donc un champion toutes catégories. Il remporte d’or(es) et déjà la médaille de la joie, parce qu’il est absolument jubilatoire !
Les Jeux Folympiques, Guillaume Guéraud, illustrations de Ronan Badel, Seuil jeunesse, 2024.
Voilà un documentaire pas comme les autres qui se présente comme une liste quelque peu surréaliste de curiosités olympiques : les sports de démonstration. Colombophilie, Ski-jöring, course de tandem, pelote basque, ballet à ski, combat de cannes… Au fil des pages, nous découvrons une ribambelle de sports étranges et poétiques qui nous invitent à voir le sport dans toute sa créativité ! Les illustrations de Cécile Gariépy avec ses corps élastiques et ses couleurs franches participent de l’originalité de cet album qui ne se contente pas de donner des informations savantes sur cette catégorie spéciale créée en 1912 par le Comité international olympique, et font de cet album un objet ludique, drôle, voire même émouvant.
Drôles de sports, curiosités olympiques, Cécile Gariépy, Simon Drouin, La Pastèque, 2021.
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Allez-vous suivre les Jeux Olympiques de Paris 2024 ? Avez-vous des titres à nous recommander ?
Colette. – Hé, les copinautes, ça vous dirait une sélection thématique dédiée au théâtre ?
Frédé. – Ah ! Oui ! Très bonne idée
Isabelle. – Ouh la la, les filles, je vais avoir du mal à vous suivre car J’ADORE aller au théâtre mais je ne lis jamais de pièce de théâtre.
Blandine. – Idem, autant j’aime beaucoup aller au théâtre mais je ne suis pas du tout sensible à sa forme livresque.
Héloïse. – Idem, je n’en lis jamais.
Lucie. – J’ai vu des adaptations d’albums ou de romans au théâtre mais je ne crois pas avoir lu du théâtre en littérature jeunesse, je suis curieuse de découvrir vos suggestions !
Linda. – Ca tombe bien ! J’ai quelques propositions à vous faire en effet !
Au cœur du forum, un brouhaha se fait entendre, entrecoupé de silences gênés. Les arbronautes continuent de discuter et se mettent finalement d’accord pour vous proposer une ST.
Les trois coups retentissent.
Rideaux !
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Pour Colette, il est une maison d’édition incontournable en ce qui concerne le théâtre jeunesse : ce sont les fabuleuses éditions théâtrales jeunesse (mais nous aurons sans doute l’occasion de vous en reparler !) Et au cœur de leur incroyable catalogue, deux pièces reviennent chaque année ponctuer les lectures des élèves de sixième de la collectionneuse de papillons et d’histoires, deux pièces de Suzanne Lebeau : L’Ogrelet et Gretel et Hansel. A chaque fois, il s’agit pour la dramaturge de revisiter des figures archétypales issues des contes traditionnels et à chaque fois il s’agit pour elle de redonner le pouvoir aux enfants à travers une langue poétique, délicate, savoureuse qui nous amène à explorer, au delà du merveilleux, les liens qui se tissent au sein des familles : dans L’Ogrelet, il s’agira de triturer ce qui se joue entre une mère et son fils, dans Gretel et Hansel, c’est la fratrie qui est mise à mal. Mais à chaque fois, de leur quête initiatique, les personnages de Suzanne Lebeau ressortent grandis, magnifiés, puissante et puissant. Tout ce que l’on souhaite aux jeunes lectrices et aux jeunes lecteurs qui se plongeront dans leur histoire.
Gretel et Hansel, Suzanne Lebeau, éditions théâtrales jeunesse, 2014.
Pour une lecture commune de L’Ogrelet, c’est par là.
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Pour Linda, la collection Théâtre des éditions L’école des loisirs est un autre incontournable en théâtre jeunesse dont le catalogue offre une grande diversité de beaux textes à lire à voix haute et à plusieurs et, pourquoi pas, mettre en scène. Parmi leur abondante collection, deux titres ont su toucher Linda et ses demoiselles, notamment grâce à leur mise en scène par des compagnies professionnels : Le pays de rien et La jeune fille, le diable et le moulin. A chaque fois, les auteurs empruntent aux codes du conte pour écrire un récit plus personnel qui amènent des questionnements sur la prise de pouvoir décisionnaire de l’enfant dans son émancipation. Ainsi dans Le pays de rien, Nathalie Papin écrit une pièce philosophique qui interroge la question du pouvoir et de son endoctrinement. De part une écriture précise et concise, elle parle d’émancipation et de la quête de liberté chez une enfant prisonnière de son héritage. Alors que de son côté, Olivier Py construit son intrigue à partir de personnages et symboles stéréotypés des contes traditionnels, ici La jeune fille sans main des frères Grimm, tout en parvenant à créer une œuvre à part entière, écrite d’une plume imagée et poétique. Il conserve ainsi le merveilleux et la lutte entre le bien et le mal pour interroger la cupidité dans la prise de décision d’un père prêt à tous les sacrifices. Récits initiatiques, il est question, dans les deux pièces, d’une rencontre déterminante dans le cheminement d’une jeune fille qui puise force et courage d’affronter l’autorité paternelle pour conquérir sa liberté.
Le pays de rien de Nathalie Papin, l’école des loisirs, 2002.
La Jeune Fille, le Diable et le moulin d’Olivier Py, l’école des loisirs, 1995.
Pour un retour sur la pièce Le pays de rien par la compagnie La petite fabrique, c’est ICI.
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Pour Liraloin, le théâtre est une belle histoire. Durant ses jeunes années la pratique de cet art fut un réel plaisir et maintenant en lire est devenu une évidence. Les Editions espaces 34 – collection Théâtre jeunesse offrent une multitude de textes avec des thématiques actuelles. Voici quelques pièces inspirantes !
Ma langue dans ta poche de Fabien Arca, 2020
Loubia est un vrai moulin à paroles, elle est tout le contraire de Louis. Après tout, il a peut-être raison Louis de ne pas s’exprimer ? Loubia ça la rassure ce silence en compagnie de Louis, elle pense ou réfléchit à des situations qui l’aide à mieux comprendre le monde : «Ton silence il me rassure. Dans ton silence, je peux m’entendre. ». Louis lui permet d’exister car entre une mère dépressive qui répète sans cesse d’être « gentille » et un frère trop intrusif, Loubia tente de se « défendre » de cette vie trop morose comme elle peut. Dans cette pièce Loubia nous livre des pensées et nous parle de situations pas toujours faciles à vivre au quotidien. Forte tête et bavarde, Loubia respire au même rythme que Louis dès leur première rencontre. Ralentir pour observer et mieux comprendre le monde des adultes. Ce quasi monologue ponctué de poèmes nous révèle une écriture d’une belle fraicheur.
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Melody et le Capitaine de Gilles Granouillet , 2022
Le Covid est passé par là, Mélody est forcée de passer ses vacances avec un papy qu’elle ne connait pas. La joie n’est pas au rendez-vous surtout que pour rejoindre la maison de son grand-père il faut effectuer une traversée en rafiot, qui n’a pas l’air de toute première jeunesse. Incompréhension et rébellion règnent sur le bateau mais bientôt d’autres perturbations sont attendues. Vivant et joyeux ce texte nous réserve bien des surprises dont les événements vont crescendo pour notre plus grand plaisir.
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L’arbre boit de Christophe Tostain, 2015
Après l’hiver, Jeune Branche profite du printemps pour pousser, se faire belle et accueillir de nouveau son amie hirondelle, celle qui revient de voyage, celle qui fait rêver Jeune Branche d’un ailleurs si exaltant… rien à voir avec la vie menée et rythmée par les bons vouloirs de Vieille Racine qui décide de la distribution d’eau. La soif tiraille non seulement Jeune Branche mais aussi Grand Tronc et la Colonie des Feuilles… Au cœur de cette pièce pour le très jeune public il est question non seulement du vivre ensemble mais aussi de la soif de liberté et le prix à payer pour l’atteindre peut être parfois très fort…
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Et Isabelle, donc, ne lisait pas de pièces de théâtre, préférant aller voir jouer les pièces – en tout cas jusqu’à la cogitation sur cette sélection qui la fera sans aucun doute changer d’avis. Quel plaisir, pourtant, de compléter cette sélection avec un titre consacré à LA star de la littérature anglaise : Sir William Shakespeare himself ! Avec lui, c’est l’histoire du théâtre qui se dévoile, au fil des pages du fabuleux documentaire édité par les éditions Little Urban. À Londres, à l’époque, 1/5 de la population assistaient quotidiennement à un spectacle. Ce n’était pas de la tarte entre les risques d’épidémie (le premier théâtre londonien se situait hors des murs de la ville, plus prudent), une bonne dose d’impro vu le nombre de pièces que les comédiens devaient s’approprier en peu de temps, le taux de mortalité parmi les personnages et le sang qui giclait par le truchement de poches de sang d’animaux… Les anecdotes sont réjouissantes, mises en valeur par ces pages joyeusement colorées. Au fil des pages, on ne peut qu’être sidéré.e par la richesse de l’œuvre shakespearienne qui couvre tous les genres, de la tragédie à la comédie et aux pièces historiques, en passant par la romance et la poésie. Maintenant « to read or not to read, that is the question ! »
Le Monde Extraordinaire de William Shakespeare, d’Emma Roberts, Little Urban, 2022.
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Lisez-vous du théâtre ? Avez-vous quelques textes à nous partager?