Lecture commune: Le journal malgré lui de Henry K. Larsen

Nielsen Susin - Le journal malgré lui d'Henry K. LarsenSi chaque nouvelle parution d’Hélium est une bouffée d’air frais, chaque nouveau Susin Nielsen est un délice. On en déguste chacun des mots sans même les voir défiler tant ils sont plaisants, tant on les avale les uns après les autres sans indigestion. Susin Nielsen en effet manie l’art de la narration comme peu savent le faire, traitant de sujets graves, profonds, avec une légèreté indéniable, un humour sans faille, des personnages drôles, touchants.

Dans Le journal malgré lui, elle mêle de nombreuses intrigues, elle met au centre de son roman beaucoup de thèmes ambitieux, mais qu’elle aborde avec douceur, avec talent. Ses personnages s’entrecroisent et tissent leurs liens. Ses mots pénètrent le cœur du lecteur. Son histoire nous habite.

Débat sur ce roman vainqueur du Governor General’s Literary Avrard, le plus prestigieux prix canadien anglais pour les romans adolescents.

Nathan : On commence en douceur … avec une pensée pour ces Lecteurs pressés qui sont de passage et saisissent ces quelques mots au vol. Envoyez-leur quelques-uns au passage. Seulement quelques-uns pour poser l’intrigue et leur donner envie de se poser ici à leur tour.

Pépita : Un journal malgré lui, ça intrigue…  mais le titre ne triche pas. Le héros commence à écrire un journal sur le conseil de son psy alors qu’il lui fait croire le contraire. Psy ? Journal ? On se dit thérapie ? Mais pourquoi ?

Céline : Ce qui n’est pas le cas du sous-titre entre parenthèses : « écrit uniquement parce que mon psy y tient, mais franchement c’est moisi« . Loin d’être moisi, ce journal lui permet de mettre progressivement des mots sur ses maux. Côté lecteurs, il nous entraîne dans un festival d’émotions qui font le grand écart entre l’horreur et le rire ! Jubilatoire !

Alice : L’intrigue? Quelle est l’intrigue ? Y en a-t-il qu’une ? Ou bien y en a-t-il plusieurs ? Autant que de rencontres et de personnages ? Peut-être, mais l’intrigue c’est surtout CA, et CA, ça ne se dévoile pas. Petit à petit juste écouter les confidences d’Henry pour comprendre ce qui l’a amené à consulter un psy.

Bouma : Les thèmes cités précédemment : cruauté, fraternité, famille sont évidemment le centre de ce roman. Pourtant ce que je retiendrais c’est aussi le DRAME vécu par Henry K. Larsen et son journal malgré lui qui retransmet ses émotions. Tout tourne autour de CELA et sans en dévoiler plus qu’il n’en faut, je me suis dit être contente de ne pas vivre en Amérique du Nord. Pour CA.

Nathan : Vous le dites vous-mêmes … beaucoup de thèmes, beaucoup d’intrigues: une sacrée construction à démêler pour mettre de l’ordre dans ses idées. Mais vous, quel est le thème qui vous a le plus marqué, quel est le plus important selon vous ?

Alice : Sûrement le rejet et la cruauté des ados entre eux. Henry lui-même en est à la fois à l’origine et victime.

Au premier degré, les descriptions faites d’un bon nombre de personnage à travers ses yeux peuvent paraitre humoristiques, mais si on prend un peu de recul, elles sont assez moqueuses et parfois même très dures.

Pépita : Je partage l’avis d’Alice ! J’ajouterais la fratrie et les relations familiales dans ce qu’elles ont parfois de terrible dans les non-dits, les frustrations, l’amour et la haine.

Céline : De mon côté, je parlerais de traumatismes psychologiques, de blocages qu’il faut lever, du long et difficile chemin de la guérison…

Nathan : Si moi je suis resté profondément retourné par ce thème de la cruauté des ados entre eux qu’Alice souligne, je trouve vos autres idées pertinentes !

Pour réussir à en parler, Henry va devoir s’entourer de nombreux personnages … des voisins un peu lourds, des amis ringards, un psy miteux, des parents déchirés … quels sont ceux que vous retenez ? Ou que retenez-vous de cet ensemble ?

Alice : Particulièrement, le personnage de la maman. En tant que mère, comment se remettre de ce drame, comment ne pas culpabiliser, comment avoir encore envie d’avancer, comment ne pas accuser, comment continuer à donner de la place à Henry, comment vivre cette éloignement géographique… Et moi, comment aurais-je réagis à sa place ?

Pépita : Pas moi ! La maman, je ne comprends pas…  qu’elle puisse s’éloigner de ceux qui lui restent comme ça. Au contraire, j’aurais eu besoin de m’y accrocher. Sa froide distance m’a heurtée. Le papa, je l’ai trouvé très touchant dans sa fragilité et j’ai été tout autant touchée par cette relation faite de hauts et de bas, de pudeur masculine, de chagrin dissimulé mais partagé. J’ai beaucoup aimé Farley et le voisin qui apporte les petits plats, ses coups de gueule avec Karen, à laquelle je me suis curieusement identifiée. C’est un roman qui me rappelle sous certains aspects un autre que nous avons partagé en lecture commune sur le blog : La fourmilière de Jenny Valentine. Des personnages réunis là au hasard de la vie, avec leurs failles et qui vont devenir solidaires.

Bouma : J’ai eu un gros coup de cœur pour ce gentil voisin qui vient nourrir père et fils. On ne sent que de la bonne volonté de sa part à la recherche d’un contact. C’est beau et touchant. Je me suis amusée avec sa « copine » qui ne ressemble à aucune autre et j’ai été touchée par le personnage de son frère ainé dont la présence irradie le livre.

Tout comme Pépita, la flopée de personnages secondaires, chacun apportant un petit plus à l’intrigue générale m’a rappelé La fourmilière de Jenny Valentine, la pauvreté en moins peut-être…

Céline : Comme Bouma et Pépita, je pense que tous les personnages ont leur importance : un peu comme une série de pièces qui, prises séparément, n’ont guère d’allure mais qui, ensemble, constituent une belle image. C’est vrai, comme dans La fourmilière, c’est l’union qui fait la force et tous contribuent, d’une manière ou d’une autre, à surmonter le cataclysme vécu par le héros et son père. Le personnage que je retiens est le psy qui – on s’en rend compte lorsqu’il est remplacé par une autre psy bien moins douée, a vraiment le tour pour amener Henry sur les chemins de la parole… Sans lui, pas de journal et pas de mots sur le « Ça » et « l’Autre chose »…

Nathan : Il est vrai qu’il n’y a pas vraiment de personnage qui m’a considérablement marqué et je garde plus dans la tête une image d’ensemble sur cette « fourmilière » comme vous le soulignez … en revanche, je rejoins Bouma sur la présence du grand frère et des sentiments qu’éprouve Henry pour lui m’a beaucoup touché …

J’aimerais aussi aborder un élément qui réunit un peu tout le monde: la soirée familiale, la passion entre amis, les liens qui se nouent … et le point commun entre tout cela c’est le catch et l’émission hebdomadaire dont Henry est fan ! Votre point de vue sur ce point original et pertinent (ou non !) ?

Céline : Comme je l’écris dans mon billet, je ne suis pas du tout fan de catch ! Par contre, ici, ces combats sont autant de petites paraboles qui permettent de mieux comprendre où en sont les personnages. (Ces intermèdes « catchesques » m’ont d’ailleurs fait penser aux histoires que la Mamy rose d’Eric-Emmanuel Schmitt raconte à Oscar pour lui faire passer des messages.) De plus, cette passion commune qu’ils partagent est une des clés qui permettra à Henry de se relever. Donc, oui, cette thématique a toute son importance dans l’histoire.

Pépita : Pas spécialement férue de catch non plus mais comme le souligne Céline, le catch fait le lien. Avec la vie d’avant, celle de maintenant et peut-être celle d’après. Cette passion du catch est comme un cordon ombilical qui relie encore un peu Henry à sa maman, lui permet de penser à son frère en dehors du ça, amorce le peu de conversation qu’il a avec son père et lui fait mieux connaitre celui qui va devenir son meilleur ami, Farley. Il donne un sens concret à la vie d’Henry, le relance, le projette. C’est un élément essentiel du roman même si nous, Européens, n’avons pas cette culture. J’ajouterais que le catch agit comme un exutoire : le catch est codifié, c’est une violence encadrée, c’est truqué, les matchs se suivent, les combats prévisibles, alors que ce qui a surgi dans la famille d’Henry est bien réel et est d’une violence inouïe. Une fois que c’est joué, pas de retour en arrière possible.

Alice : Je vous rejoins sur votre analyse de l’utilisation du catch. Parfois, en plus, j’ai même ressenti le choix de cette parenthèse sportive et hebdomadaire comme un souffle de légèreté pour enlever du drame au drame.

Bouma : Le catch, même s’il arrive désormais en France, reste typiquement américain. La façon dont Susin Nielsen le traite permet aux non-initiés que nous sommes d’en comprendre les codes et les aboutissants. C’est un exutoire pour Henry mais pour le lecteur c’est aussi et surtout une touche d’humour et de légèreté dans un monde de brutes. Au final, cela pourrait être un tout autre hobby (théâtre, football, boxe, chant…) mais ce choix nous rappelle que même entre sociétés dites « modernes » ou « développées » les choses sont très différentes d’un pays à l’autre et pas uniquement sur les passe-temps…

Nathan : Puisque tu parles de ces références, j’ai remarqué qu’il y en avait certaines que je connaissais étonnamment ! Pour celles qui ne vous ont rien évoqué, cela vous a-t-il gêné ? Glisser tout un tas de petits éléments culturels comme celui-ci : pari risqué ou ancrage dans la réalité ?

Pépita : Cela ne m’a absolument pas gênée : j’ai lu les précédents romans de cette auteure et même sans ça, la littérature, c’est aussi la découverte d’autres univers, d’autres cultures, d’autres façons de faire, de dire, de se comporter. C’est une posture de curiosité sur le monde et dans ce roman, on est servi de ce point de vue-là. « Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire » a dit Victor Hugo.

Alice : Non, non, non, aucune gêne à la lecture et je rependrais bien ton terme « ancrage dans la réalité ». C’est exactement ça, cela nous permet de se plonger encore plus dans cette histoire, dans l’entourage d’Henry et donc dans notre bulle.

Bouma : La lecture de ce roman est tellement fluide que ces références ne m’ont absolument pas gênée.

Céline : Si tu parles des références culturelles, aucun problème pour moi non plus. Au contraire, ces clins d’œil sont plutôt sympathiques et plairont aux jeunes lecteurs fans de séries made outre-Atlantique. En outre, peu importe les lieux, les sujets traités sont eux universels. Pour ce qui est des références à ses précédents ouvrages, aucune gêne non plus puisqu’il s’agit du premier titre que je lis de Susin Nielsen. Bien au contraire, celles-ci m’ont donné envie de découvrir ces livres…

Nathan : Justement j’allais y venir ! Pour ceux qui ont lu les autres Susin Nielsen: qu’avez-vous pensé du personnage d’Ambrose réutilisé (un clin d’œil aux fidèles lecteurs que j’ai adoré !) ? Et quel est votre roman préféré écrit par cette auteur ?

Pour les autres cela vous a donc donné envie de lire les autres ? Le personnage d’Ambrose vous a-t-il plu ?

Alice : Oh oui alors, hâte de découvrir les autres titres de cette auteure que je n’avais pas lus jusque-là…  même si Dear Georges Clooney m’avait fait de l’œil il y a quelque temps !

Pépita : C’est très curieux car je n’ai pas réellement retrouvé le même personnage que dans le roman Moi, Ambrose, roi du scrabble. Dommage car l’idée est excellente ! Mon préféré ? Je ne sais pas, ils traitent de sujets différents mais toujours un personnage adolescent en souffrance comme héros principal, tous très attachants et des intrigues très bien menées. La même fluidité, le même humour, cet esprit décalé aussi. C’est une auteure que je suivrais.

Bouma : Dear George Clooney, me fait de l’œil depuis un moment aussi. Nul doute qu’au vu des qualités narratives de Susin Nielsen, je lirais cet autre roman un jour ou l’autre.

 Pour aller plus loin …

Nos billets: Nathan, Céline, Pépita, Alice

Autres romans de l’auteure : Dear George Clooney : Kik, Nathan, Pépita

Moi, Ambrose, roi du scrabble: Pépita, Nathan

Interview de l’auteur sur le blog Hélium

Nos coups de coeur de Septembre

Le temps hésite encore entre la chaleur de l’été et la douceur de l’automne. On sort les manteaux puis le lendemain on enfile un T-shirt et un short. Un peu perdus, il faut s’y retrouver, et surtout s’inscrire dans un rythme nouveau. Finies les grasses matinées, les journées sur la plage et les soirées fraîches. Il faut se lever tôt, reprendre le boulot pour certains, emmener les enfants à l’école, ou retourner au lycée et travailler tous les soirs, tous les week-end, en continu… Heureusement que parmi tout cela, on trouve encore le temps de lire, et d’avoir des coups de cœur ! Voilà quelques livres pour souffler un peu, sélectionnés rien que pour vous !

 Avec Alice, c’est rire garanti !

 Un vrai/faux documentaire sur l’Afrique, impertinent, drôle et faussement sérieux !
A lire et à relire ….

Le crocolion d’Antonin Louchard.
Thierry Magnier 2013

Avec Kik, laissez vous emporter …

Un immeuble. Des habitants avec chacun une histoire à partager, mais pas vraiment l’envie. Puis l’un après l’autre, ils se rencontrent, s’apprécient et s’entraident. Des morceaux de vie, qui se mélangent peu à peu.

La fourmilière de Jenny Valentine
L’école des loisirs, 2011

Avec Carole, on s’émeut.

Le choix est particulièrement difficile en cette rentrée littéraire !
Pour moi, ce sera ce roman…

Pas assez pour faire une femme de Jeanne Benameur
Thierry Magnier, 2013

Avec Céline, la lecture, c’est pour la vie !

Une fois n’est pas coutume, je pioche du côté des albums: un livre sur les livres ou plutôt LE livre, celui qui nous accompagne toute une vie !

Un livre m’attend quelque part de Maureen Dor et Andrea Alemanno
Editions Clochette, collection Le LivreAmi, 2013

 Avec Céline du Tiroir, on rêve un peu …

Et si on allait faire un petit tour dans les pensées de tous ces passants qui se pressent ? L’une rêve de nature, un autre cherche ses mots… Laurent Moreau croque leurs envies, pensées et souvenirs dans un superbe album aux illustrations qui transportent. Coup de coeur !

A quoi penses-tu ? de Laurent Moreau
Hélium, 2011

Avec Pépita, on se bat !

Un roman qui vous attrape dans son filet…Ce pourrait bien être celui de l’héroïne, entomologiste passionnée du haut de ses presque douze ans. Sous le regard bienveillant de son grand-père, passionné de nature lui aussi, elle découvre que la vie a de multiples facettes. En 1899, tout semble figé au fin fond de cette campagne du Texas. Pourtant, le nouveau siècle arrive avec ses promesses de progrès. Et si pour Calpurnia, le sens de sa vie s’écrivait à travers la science ? Un roman magistral et passionnant !

Calpurnia de Jacqueline Kelly,
Traduit par Diane Ménard
École des loisirs, collection Médium, 2013
Avec Bouma, on prend la pluie avec le sourire !
Une histoire de pluie, d’enfants et de parapluies toute en couleur et en rythme.
Un régal à raconter et à écouter dès le plus jeune âge.
Plic plac ploc d’Etsuko Bushikan, Kaori Moro
adapté par Michèle Moreau et traduit par Urara Shiokawa
Didier jeunesse, 2012
Avec Drawoua, la lecture est universelle …
Ce mois-ci ce n’est pas un coup de cœur mais deux pour le blog Maman Baobab, et elle ne triche presque pas puisque ces deux livres sont chroniqués dans la même chronique. Deux albums signés de grands noms, c’est ce qu’elle vous raconte et vous montre en photos dans sa chronique.
Les Etoiles de Miu d’Agnès Domergue
Editions Limonade, 2012
Le Yark de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard
Editions Grasset-Jeunesse, 2011
Avec Sophie, petite plongée sous-marine…
Océano est un magnifique album pop-up sur l’océan. On y découvre le trajet d’un bateau sur la mer et toute la vie qui se passe sous sa coque. Dans un esprit de protection de la nature, on voit le pire avec les déchets marins comme le meilleur avec une superbe barrière de corail ! Une merveille particulièrement bien conçue.
Océano de Anouck Boisrobert et Louis Rigaud
Hélium, 2013
Boucher Françoize - Le livre qui te rend super méga heureux
Avec Nathan, on trouve le bonheur …
Si j’arrive à lire entre deux devoirs, les coups de cœur ne se sont pas beaucoup manifestés ce mois-ci, et parmi toutes mes lectures, c’est la dernière, un livre pour les plus jeunes comme les plus grands, qui m’a le plus ravi. C’est un livre haut en couleurs, qui flashe, qui pète, qui a de l’énergie et de la joie à revendre !  Et c’est tant mieux car le thème du livre est celui universel du bonheur. Comme on l’atteint ? Comment on sait quand c’est fait ? Françoize Boucher, avec énormément d’humour et beaucoup de simplicité, livre là la recette du bonheur, pour montrer aux enfants (et aux adultes !) que pour être heureux il faut savoir s’aimer et aimer les autres. Grandiose et jouissif !
Le livre qui te rend super méga heureux de Françoize Boucher
Nathan, 2013
A toutes et tous bon courage, bel automne … et surtout bonne lecture A l’ombre de nos grands arbres qui revêtent l’été indien.

Carte postale en provenance de … l’Imaginaire de Victor Dixen

Parmi les plus beaux voyages qu’il est possible de vivre, la plupart sont imaginaires. Et si, comme beaucoup, je profite des vacances pour partir en vadrouille un peu partout en France, voire à l’étranger, l’été est chaque année pour moi synonyme de lecture. Ces trois semaines qui s’achèvent bientôt et que j’ai passées dans une maison de vacances appartenant à ma famille, pas très loin de chez moi, au bord de la mer, ont été très riches en lecture. J’ai dévoré bouquin sur bouquin, me suis attaché à des personnages, ai suivi leurs aventures avec passion, ai eu peur, ai tremblé, ri, ou presque pleuré pour eux. J’ai usé de cette magie des mots qui emmène le lecteur … ailleurs.

La carte postale qui vous parvient aujourd’hui a fait un long chemin, puisqu’elle revient sur une lecture du début de mois de Juillet, et est en provenance de l’univers, de l’imaginaire fascinant d’un auteur auquel je suis fidèle: Victor Dixen.

Victor Dixen

Peut-être ce nom ne vous dit pas grand chose. Et pourtant sa saga Le cas Jack Spark, dont le premier tome est paru en 2009 et le dernier tome l’année dernière chez Jean-Claude Gawsewitch, est aussi disponible partiellement chez Gallimard Jeunesse (coll. Pôle fiction) et Eté mutant est lauréat du Grand prix de l’Imaginaire du festival Etonnants Voyageurs de 2010. De plus, ayant eu un intense coup de cœur pour l’ensemble de cette saga, j’en ai beaucoup parlé au cours de l’année dernière, et notamment en septembre puisque, sur mon blog, le mois entier était consacré à cette série hors du commun. Le cas Jack Spark, c’est, en effet, les aventures ô combien passionnantes d’un adolescent insomniaque et allergique au sel qui va découvrir, à l’occasion d’un camp d’été pour adolescents « anormaux » qu’il n’est pas celui qu’il croit. Cette première œuvre mérite selon moi ce dernier qualificatif et surpasse toujours en style, en puissance et en inventivité Animale. Si je devais conseiller cet auteur, je m’ecrierai sans aucun hésitation: «Lisez Jack Spark !».Nul doute cependant qu’avant la parution d’un nouveau roman chez Gallimard Jeunesse, Victor Dixen saura se faire une place dans la cour des grands, et obtenir une certaine reconnaissance dans la littérature adolescente actuelle.Dixen Victor - Le Cas Jack Spark saison 1 Eté mutant (poche)

La trentaine, 5 romans écrits, un autre publié dans Je Bouquine et victime d’insomnies… en fouillant un peu on peut glaner quelques informations sur toi, mais tu sembles vouloir garder une aura de mystère autour de toi… Intimité ? Art du mystère ? Comment te définirais-tu en quelques mots ?

Je me considère avant tout comme un raconteur d’histoires. A ce titre, j’aime l’idée de m’effacer derrière mes romans et de leur laisser la vedette. Ou mieux encore : je souhaite faire office de passeur, me mettre au service des livres pour donner aux lecteurs l’envie de les découvrir.

La nuit est ton moteur, ton inspiration, le matériau sur lequel se forgent tes livres, et on le ressent fortement en les lisant. Ils sont assez sombres, souvent inquiétants et de nombreux passages sont nocturnes… as-tu toujours entretenu ce lien avec celle-ci, ou ne date-t-il que de cette fameuse expérience que tu as vécue plus jeune ?

En effet, j’étais sujet à dDixen Victor - Le Cas Jack Spark saison 2 Automne Traquées crises de somnambulisme étant jeune, peut-être à la suite d’un excès de loopings dans les montagnes russes du Tivoli de Copenhague. Le somnambulisme est passé avec l’âge, les insomnies sont restées. Du coup, je peux dire que la nuit fait vraiment partie de mon quotidien depuis toujours, ou presque. Non seulement elle me donne le temps nécessaire pour écrire, mais elle m’inspire aussi. C’est le temps du rêve, pour ceux qui dorment, c’est le temps de l’imaginaire pour ceux qui veillent – qu’ils lisent au creux de leur lit ou bien qu’ils écrivent au coin d’une table. Les ombres de la nuit ne sont pas vides : elles sont peuplées de présences que les livres peuvent éclairer.

Tu aurais paraît-il vécu une enfance de globe trotter, tes livres, on le remarque notamment dans Animale, sont imprégnés par cela et le lecteur voyage à ta suite entre Epinal, le Vatican, l’Europe nordique … sont-ils le moyen de te rattacher aux pays de ton enfance ou juste des décors faciles à planter puisque tu les connais ?

J’ai en effet beaucoup voyagé avec mes parents étant enfant et adolescent, et par la suite, devenu adulte, j’ai vécu dans plusieurs pays. Je crois que le voyage et la littérature sont très liés. Ouvrir un livre, c’est toujours commencer un voyage; voyager, c’est déchiffrer le grand livre du monde. Les lieux où j’ai habité m’ont certainement marqué, et ils me reviennent naturellement à l’esprit lorsque que je me mets à écrire: par exemple le Colorado et l’Irlande pour Le cas Jack Spark, le Danemark dans Animale. Ce sont pour moi bien davantage que des décors : des endroits que je continue à explorer à travers l’écriture, et qui continuent de me dévoiler leurs secrets.Dixen Victor - Jack Spark saison 3 Hiver Nucléaire

Les métamorphoses que subissent la plupart de tes personnages sont-elles la métaphore de l’adolescence dans laquelle ils se situent ?

Je crois que l’on se métamorphose tout sa vie durant – physiquement mais aussi et surtout psychologiquement. L’Homme est un être de changement. A certaines périodes de la vie, les changements sont plus évidents, comme bien sûr à l’adolescence. C’est pour cela que cet âge est si intéressant d’un point de vue littéraire : parce que c’est l’âge où tout change.

Dans Jack Spark comme dans Animale les personnages vivent cette métamorphose en devenant des créatures plus sombres que lumineuses… l’influence nocturne ou toujours une association à l’adolescence ?

Dans tout changement, il y a une part de deuil. On quitte un état pour en gagner un autre. Il y a toujours de l’incertitude, souvent de la peur. On peut avoir l’impression de ne plus savoir qui on est vraiment. Mais ces moments peuvent aussi être formidablement créatifs. Changer, ce n’est pas seulement risquer de se perdre: c’est surtout se donner une Dixen Victor - Jack Spark saison 4 Printemps Humainchance de se trouver.

Et dans les deux cas, l’amour apparaît comme une lumière à laquelle s’accrocher: est-ce ainsi que tu le vois ?

L’amour est l’un des plus puissants moteurs de changement qui soient, me semble-t-il. Que ne ferait-on, qui ne deviendrait-on pour plaire à l’être aimé ! C’est aussi une balise – une certitude qui demeure lorsque tout le reste semble sombre. Alors oui, comme tu le dis : une lumière, un phare dans la nuit.

Avec un an de recul, que représente désormais pour toi la série Jack Spark ? Les personnages te manquent-ils ? Pourrait-on bientôt les revoir ?

Le cas Jack Spark a constitué pour moi une formidable aventure, qui a occupé mes nuits pendant quatre ans. J’espère que les lecteurs auront perçu un peu de la passion qui m’a animé ces quatre années d’écriture. Les personnages du cas resteront toujours à mes côtés. J’ai voyagé avec eux aux quatre coins du monde, et à travers les époques. Quant à les revoir un jour … je ne dis jamais «jamais» !

Peux-tu nous parler du roman que tu as écrit pour Je Bouquine ? Que retiens-tu de cette expérience ? La réitèrerais-tu si tu en avais l’occasion ?Je Bouquine

J’ai beaucoup aimé l’expérience du format très court. Je Bouquine demande des textes de la longueur d’une nouvelle, mais qui contiennent les ingrédients d’un roman : un vrai début, une vraie fin, et surtout de vrais personnages qu’il faut parvenir à faire exister en quelques lignes. De surcroît, Versailles Académie a été pour moi l’occasion de plonger dans le passé de l’un des personnages les plus redoutables du cas Jack Spark.

Alors réitérer l’expérience : oui, bien sûr ! D’ailleurs c’est déjà fait, puisque mon prochain roman Je Bouquine paraîtra début 2014 dans les pages du magazine…

couvANIMALE.inddAnimale n’est qu’un one-shot : l’envie d’écrire quelque chose de court après 4 gros tomes de Jack Spark ?

J’avais en effet l’envie d’une histoire forte, qui se tienne en un volume, et que le lecteur dévore en une nuit sans pouvoir le lâcher – mes livres je crois sont plutôt à lire le soir, car c’est le soir qu’ils sont nés, qu’en penses-tu ?

Ceci dit, je crois aussi que Blonde n’a pas fini d’accomplir sa destinée, et qu’il reste de nombreux secrets qui demanderaient à être dévoilés…

Peux-tu présenter le roman aux lecteurs ?

Animale, pour moi, c’est comme un vitrail coloré dans une chapelle obscure. C’est une histoire lumineuse entourée de ténèbres, à la fois intime et épique. Un récit que l’on pourrait entendre à la veillée, et que l’on continuerait d’écouter jusqu’à l’aurore sans voir le temps passer. Je voudrais que ce récit reste longtemps avec le lecteur une fois le roman achevé.

Et puis Animale, c’est aussi une folle histoire d’amour, une histoire d’amour(s) fou(s). Le pluriel ici est volontaire !

Et Animale, c’est aussi la réécriture d’un conte de notre enfance: Boucle d’Or et les trois ours … que représentent les contes pour toi ? Lisais-tu beaucoup étant enfant ?

J’ai beaucoup lu les contes étant enfant, ceux du répertoire français, mais aussi de Scandinavie. Je continue d’en lire dès que j’en ai l’occasion, et ils continuent de me fasciner par leur mélange unique de simplicité apparente et de mystère inépuisable.

Et enfin comment se présente la suite ? Une série ? Un roman ? As-tu déjà des projets ?

Oui, plein de projets, plein d’envies d’écriture, et plein de nuits pour les réaliser ! Mais je n’en dis pas plus pour l’instant, le soleil n’est pas encore levé..

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dixen imaginales

Animale paraîtra dans tout juste une semaine, le 22 Août, chez Gallimard Jeunesse sous une très belle couverture dessinée par la talentueuse Mélanie Delon, artiste choisie par Victor lui-même ! Ce roman onirique, sombre et envoûtante réécriture de Boucle d’or et les trois ours, est LE roman fantastique de la rentrée littéraire jeunesse ! Je vous invite donc à découvrir ce jour-là ma chronique sur mon blog, qui sera suivie d’ici peu d’une semaine spéciale consacrée au roman : des questions et des réponses encore et encore, des cadeaux et d’autres surprises !

En attendant, vous pouvez redécouvrir sur mon blog le mois spécial Jack Spark qui avait eu lieu l’année dernière, mes chroniques consacrées à la saga et les interviews de l’auteur déjà réalisées…

Lecture commune: Never sky

Rossi Veronica - Never sky

Il était une fois un Grand Arbre. Un Grand et beau Arbre, qui n’avait qu’un an, mais au pied duquel quelques lecteurs, plus ou moins âgés lisaient, partageaient, échangeaient, débattaient, écrivaient … Un beau jour ils organisèrent un échange de colis, de cadeaux entre eux. Et dans celui que Nathan envoya à Pépita, puisque le thème était « Sans toi, je n’aurais pas lu… », il y eut une dystopie. Une dystopie parce que Pépita n’en est pas fan, une dystopie parce que pourtant, c’est un genre en vogue ! Cette dystopie parce que Nathan l’avait adorée, parce qu’elle l’avait touché. Après plusieurs semaines d’organisation, de discussion, après le départ de notre chère Dorota, après toutes ces feuilles qui sont tombées de l’Arbre, nous vous livrons notre débat sur ce roman pour adolescents qui a conquis Nathan et a laissé quelques-uns de ses acolytes mitigés.

Nathan : Comment résumeriez-vous l’univers de Never sky et son incipit en quelques mots ?

Pépita : En quelques mots ? J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet univers au début… et puis, j’ai persévéré et j’ai finalement trouvé un intérêt certain à cette lecture…mis à part l’écriture que je trouve assez limitée.

Never sky, c’est un univers futuriste pas très glamour à vrai dire : une Unification a tout bouleversé et le monde se divise entre les Sédentaires qui vivent dans des capsules où tout est programmé et les Etrangers, ceux restés à l’extérieur et dont le quotidien se résume à la survie la plus élémentaire sous un ciel tempétueux et criminel.

Kik : Le monde a subi de grands changements. Il y a ceux qui vivent à l’intérieur de bulles de verre aseptisées, et les autres du dehors. Normalement il n’est pas sensé y avoir de contact entre le dedans et le dehors. Qui est sûr d’ailleurs que des humains puissent survivre à l’extérieur ? L’air n’est pas respirable, le ciel est menaçant. Enfin c’est ce qu’Aria croit. Elle voit le monde à travers un SmartEye qui déforme la réalité, mais ça elle ne le sait pas encore. Chapitre après chapitre, les points de vue d’Aria et de Pérégrine s’alternent, on découvre peu à peu, le dedans mais aussi le dehors.

Dorot’ : Moi, j’aime beaucoup la dystopie, donc déjà le résumé m’a attirée immédiatement. Kik et Pépita ont très bien raconté l’essentiel. J’ajouterais juste, qu’Aria voit le monde complètement irréel, vu que grâce à son SmartEye c’est dans des décors virtuels qu’elle évolue la plupart du temps. La confrontation avec le monde extérieur sera bien mouvementée…

Kik : il y a un point que j’ai beaucoup aimé dans ce roman: l’exploitation des cinq sens. Le roman se démarque d’autres dystopies sur ce point. Tout un pan de l’histoire est axé sur les capacités sensorielles des personnages. Les « descriptions sonores et olfactives » m’ont particulièrement plu.

Pépita : Oui moi aussi, j’ai trouvé que ça donnait une autre dimension à l’histoire.

Nathan : Du coup, vous parlez de ces descriptions, qu’avez vous pensé du style de l’auteur (qui semble donc être celui du traducteur …) ?

Petit commentaire du traducteur sur le blog de Dorota Merci de reconnaître et d’apprécier le travail des écrivains de l’ombre que sont les traductrices et les traducteurs.
La difficulté chez Veronica Rossi, c’est la « sécheresse » du style narratif parfois carrément elliptique ; il faut donc mettre du liant, étoffer un peu parfois, sinon c’est indigeste en français. Les éditrices et moi-même nous l’avons constaté et avons tâché d’y remédier. Par ailleurs, on m’a reproché ici et là sur les blogs l’absence de négations dans les dialogues, j’en ai donc tenu compte. Quant à Tahereh Mafi, on a affaire à un style original, souvent métaphorique, délirant, qu’il faut pouvoir rendre en VF et la tâche n’est pas toujours aisée, je dois l’admettre. Cela dit, dans le 2e tome de la trilogie Insaisissable (Ne m’échappe pas / Unravel Me), que j’ai quasiment fini de traduire, il y a davantage d’action, moins de métaphores abracadabrantes, même si le monologue intérieur de Juliette demeure omniprésent.
Merci de faire vivre les bouquins au fil de vos passions et de vos chroniques.

Kik : Personnellement, je trouve que ce roman est bien traduit. Le style de l’écriture m’a plu. L’alternance des différents narrateurs est une construction de roman qui attire toujours mon attention. On ressent bien les différents points de vue.

 Comme je l’ai dit précédemment, les descriptions olfactives, visuelles, auditives tiennent une place importante dans l’histoire , surtout dans la deuxième partie. Les sensations sont très bien retranscrites.

Pépita : J’ai eu du mal au début avec ce style d’écriture. Puis, rapidement, l’histoire prend le pas. Et j’ai passé outre le style qui n’est pas franchement littéraire. Comme Kik, j’ai beaucoup aimé les aspects sensoriels. Ils apportent une autre dimension, plus humaine je dirai. Mais dans le fond, les ressorts de cette histoire restent assez classiques.

Kik : Je suis d’accord avec Pépita. Ce roman n’est pas le meilleur du genre, il n’a rien inventé d’exceptionnel, mais il a ce petit quelque chose en plus qui m’a plu.

Nathan : J’ai pourtant trouvé ce style d’écriture très poétique, et il m’a totalement séduit … toujours est-il que nous sommes d’accord : il y a ce « petit quelque chose en plus » qui est apporté par les sens … mais ceux-ci se mêlent directement, en plus de la dystopie, à une pointe fantastique assez inédite avec des pouvoirs que les personnages développent ! Vous avez aimé ?

Pépita : Oui, c’est ce qui m’a permis de trouver un intérêt supplémentaire à ce livre et me donne envie de découvrir la suite.

Kik : Comme Pépita, j’ai aimé au point de souhaiter lire le tome 2. On verra ce qu’il nous réserve et si je continue de suivre l’aventure Never Sky !

Nathan : Et les personnages ? Vous en dites quoi ? Charmées par Aria, la jeune-fille qui veut croire en la société dans laquelle elle vit ? Séduites par Perry, le ténébreux et jeune homme ?

Pépita : Perso, j’ai été charmée par les deux ! Quoiqu’Aria soit assez froide au début du roman…Avec Perry, elle s’épanouit, accepte de lâcher prise et elle devient en quelque sorte plus humaine. Quant à Perry, il m’a plu de suite … il est intègre, intelligent, courageux, sûrement beau, bref, l’exemple même du type qui ne peut que séduire !

Kik : personnellement ce ne sont pas les personnages, en eux-mêmes qui m’ont le plus plus dans ce roman, mais leur mise en scène, leurs interactions avec les sociétés créées. D’ailleurs l’histoire d’amour qui se met en place risque de prendre trop de place à mon goût. Affaire à suivre dans le deuxième tome.

Sortie le 26 Septembre 2013 Merci Tiboux pour la couverture !

Nathan : Et finalement … vous comptez lire la suite ? Qu’en attendez-vous ?

Kik : Même si celivre ne fut pas un coup de coeur, j’ai l’intention de lire la suite. L’univers créé m’a intrigué et plu. J’attends des révélations, une bonne construction de l’intrigue.J’espère revoir mon avis positivement. Le tome 2 sera pour moi une révélation ou une déception.

Pépita : Pourquoi pas ? Le deuxième tome dévoilera sans doute davantage sur l’histoire d’amour entre Aria et Perry, mais j’espère que l’auteur saura doser avec de l’aventure aussi.

Il faudra donc attendra la rentrée, pour voir si le tome 2 convaincra, ou non, les lecteurs de l’Ombre du Grand Arbre par de l’émotion, un peu plus d’action … et d’inventivité. De mon côté, je suis déjà séduit !

En attendant, retrouvez nos avis détaillés sur le premier tome chez Délivrer des livres, Dorota, Pépita, Kik, Nathan.

Amour & différence: l’homosexualité

Je vis dans un monde étonnant. Un monde étonnant parce qu’il est mystérieux. Un monde étonnant parce qu’il a su se développer plus qu’on aurait jamais pu l’imaginer. Un monde étonnant, parce qu’il fait peur…

Du haut de mes 16 ans, j’ose croire que vie est incertitude. Qu’avenir est bonheur. Que passé est beauté. Mais du haut de mes 16 ans, j’ai peur, aussi. Je vois un monde déchiré entre beauté, force, union, et conflits, haine, intolérance. Comment se trouver sans se perdre ? Comment se chercher sans trouver le rejet ? Comment … si différence est synonyme de solitude ?

Nous sommes libres, nous sommes égaux, nous sommes frères. Mais nous sommes différents. Nous sommes libres. Nous sommes nous alors ne cherchez pas à ce que nous soyons vous.

C’est dans ce contexte, dans ces temps où ce thème est plus que jamais présent, que se place cette sélection. C’est en ce sens que se tournent les auteurs. C’est ce que cherchent les personnages de ces ouvrages : eux. C’est ce que cherchent les auteurs : répondre à des questions. Parler. S’exprimer. Parce que nous sommes libres. Libres d’être nous, libres d’aimer qui on veut, libres d’être hétéro, homo, bi.

Coup de projecteur sur ces lectures qui nous ont marqués. Sur ces lectures qui vous marqueront peut-être.

Pour les enfants

A partir de 5 – 6 ans

Sophie vous propose … Tango a deux papas et pourquoi pas ?  de Béatrice Boutignon – éditions Le Baron Perché:

Au zoo, Marco remarque deux pingouins qui ne se quittent pas. Il observera ces deux mâles prendre soin de l’œuf qu’on leur a confié comme tous les autres couples savent le faire.
Cet album nous livre une adorable histoire autour de l’homoparentalité.

Pépita vous propose … Papa, c’est quoi un homme haut sékçuel ? Anna Boulanger.- Zoom éditions, Collection Gros béguin :

Et si on commençait par le début ? Tinig, un petit garçon, se pose bien des questions… Son papa est bien spécial, on l’affuble de bien de drôles de noms. Un album qui date de 2007 et qui a le mérite de poser la question à hauteur d’enfant et avec beaucoup de simplicité.

Jeunesse

A partir de 11 ans

img313Céline vous propose … Arc-en-cielles de Nina EMISSON, éditions Edilivre, coll. classique :

Pour Elliott, 12 ans, c’est la rentrée en 1ère année du secondaire. Même si ça lui « fout un peu les jetons », il se rassure en se disant qu’il n’est pas seul : Arthur, son meilleur ami, est dans la même classe que lui. Les choses se corsent pourtant lorsqu’il est pris à parti par les caïds de l’école qui le traitent de pédé. Pas évident, dans ces circonstances, d’avouer que sa mère, veuve, s’est remariée avec… une femme.
Avec des mots simples et beaucoup de pudeur, l’auteure réussit à propager son message d’amour et de tolérance. Ce titre s’adresse directement aux jeunes d’aujourd’hui mais doit également interpeller toutes les personnes qui ont un rôle d’éducation à jouer.

Pour les adolescents

A partir de 13 – 14 ans

Sophie vous propose … Frangine de Marion Brunet – éditions Sarbacane, coll. Exprim’ :

Une histoire de famille pas encore comme les autres. Des jeunes qui jugent, qui insultent. Une adolescente qui doit assumer sa famille homoparentale là où elle n’est pas encore reconnue comme telle.
Ce roman est une très jolie leçon de vie. Ce combat d’une famille soudée pour leur droit à la différence montre que ça vaut le coup de faire évoluer nos mentalités sur l’homoparentalité.

Pépita vous propose … Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier.-Editions du Rouergue, collection DoAdo :

Un roman bouleversant (et le mot n’est pas assez fort) sur le mal-être incommensurable et incompris de Damien, dit Dam. Une lecture qui vous poursuit longtemps et qui traduit remarquablement les contradictions de la crise identitaire propre à l’adolescence. Âmes sensibles s’abstenir.

Pépita vous propose … A copier cent fois d’Antoine Dole.-Editions Sarbacane, coll. Mini-romans :

Un garçon de 13 ans, dont on ne connait pas le nom, est le souffre-douleur des caïds de sa classe qui le traitent de « pédé ». A cela s’ajoute la pression de son père : « Il faut être un homme mon fils ». Un court roman coup de poing sur un cri silencieux et lourd. Quand il sortira enfin, sera-t-il trop tard ?

Collectif - Will & WillNathan vous propose … Will & Will de David Levithan et John Green – éditions Gallimard Jeunesse, coll. Scripto :

 Will & Will est un roman pour aborder l’homosexualité en toute légèreté ! Humour, rire, cynisme, dérision … vous allez rire et sourire ! Mais ces deux grands auteurs s’associent aussi pour créer un roman véritablement touchant et très juste. Une belle histoire sur la recherche de soi, de sa sexualité, de l’amour.

Drawoua vous propose … La Déclaration d’anniversaire d’Eléonore Cannone, Editions Océan, coll. ados :

 La déclaration d’anniversaire est une vraie déclaration d’envie, de souhait, de devenir. La déclaration d’anniversaire n’est pas un livre sur l’homosexualité. La déclaration d’anniversaire est celle d’Aurélien qui va souffler ce soir là sa dix-septième bougie avec toute sa famille. Il a quelque chose de très important à leur annoncer. Pas ce que l’on pourrait croire. Par contre si j’ai choisi d’intégrer ce roman pour ados à cette sélection, c’est qu’elle traite en filigrane du sujet qui réunit les livres que nous vous proposons. Aurélien aura quelque chose à dire à ses parents, à ses deux mamans.

Bouma vous propose … Boys don’t cry de Malorie Blackman – éditions Milan jeunesse, coll. Macadam :

 Adam, cadet de cette famille d’hommes, aimerait que son frère et son père ouvrent les yeux sur la réalité de sa vie. Car même s’il assume sa sexualité, le quotidien est loin d’être facile, surtout quand les préjugés ont la vie dure.
Une fois de plus, Malorie Blackman signe un texte fort, vibrant et dépeint avec douleur les affronts et blessures dont les jeunes homosexuels sont victimes.

 sur-les-quaisCarole vous propose … Sur les quais d’Ingrid Chabbert et Anne Loyer – éditions Les Lucioles

 Un roman écrit à 4 mains, 2 jeunes filles Jeanne et Lisbeth, une amitié immuable qui peu à peu se transforme en Amour.
 » Pourquoi faut-il mettre des mots sur ce qui nous semble aller de soi ?  » se demande Jeanne…tout est dit dans la douceur.

Collectif - Rouge TagadaNathan vous propose … Rouge Tagada de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini – éditions Gulf Stream (BD) :

 Le texte délicieusement poétique de Charlotte Bousquet les dessins doux et sucrés de Stéphanie Rubini permettent au lecteur une lecture douce, sincère, touchante et qui met le baume au coeur : un tandem réussi !

 Aussi chez BoumaCaroleKik – et en janvier, il était déjà A l’ombre du grand arbre !

Alice vous propose … Qui suis-je ? de Thomas Gornet – éditions L’école des loisirs, coll. Medium :

Sans fioriture, l’auteur évoque l’homosexualité naissante d’un jeune ado et son désarroi face aux premiers émois. Découverte de sa différence, chute des notes scolaires, perte de repères, incompréhension de ses plus proches amis, insultes homophobes dans les vestiaires du gymnase… tout y est raconté dans la plus juste simplicité.

Un roman sans prétention, mais d’utilité publique !

Alice vous propose … Princesse aime princesse de Lisa Mandel – éditions Gallimard Jeunesse, coll. Bayou :

Un récit particulier, mêlant codes des contes de fées, personnages déjantés et délire futuriste complétement décalé.

Un conte un brin cruel, parfois effrayant, porteur de réflexion sur l’éveil au sentiment amoureux.

Alice vous propose … 50 minutes avec toi de Cathy Ytak – éditions Actes sud Junior :

 Un court monologue de 76 pages. La voix d’un adolescent à un moment critique de son existence. Un récit fort et poignant, où Cathy Ytak va a l’essentiel. (…)

Un roman parfaitement maitrisé qui se lit d’un seul souffle.

D’autres livres sur l’homosexualité chez … PépitaNathan