Nos coups de cœur de septembre

Cette rubrique mensuelle nous rappelle à chaque fois combien le temps passe !

Nous avons lu en septembre, malgré nos obligations de la rentrée, le tri des photos des vacances d’été, la rentrée littéraire et mille autres occupations.

Et voici ce que nous avons aimé et que nous partageons avec vous !

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Difficile pour Méli-Mélo de livres de choisir : Pépita a tout aimé ! Alors tant pis, je mets tout… Pour lire les chroniques, c’est LA.

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Très difficile aussi ce mois-ci de désigner un seul coup de cœur sur l’île aux trésors ! Isabelle et ses garçons ont voyagé loin, très loin, grâce à la belle plume de Nathalie Bernard. Son dernier roman, Le dernier sur la plaine, paru fin août 2019 aux éditions Thierry Magnier, nous plonge au cœur de l’histoire des amérindiens des grandes plaines, avec pour fil rouge la vie incroyable du dernier chef Comanche. Magnifique. Son avis

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Sophie a vibré au côté de Abi en vivant avec elle ses épreuves. Après un accident de voiture, la jeune fille est amputée d’un bras. Elle doit réapprendre à vivre, à faire les gestes du quotidien et à redonner du sens à son existence pour se recréer un avenir.
Un si petit oiseau est un superbe roman de Marie Pavlenko qui nous fait passer par toutes les émotions !

Son avis

L’avis de Pépita

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Alice a été bouleversée par a rencontre avec Joseph, jeune ado, malmené, mal aimé.. et a vécu tant d’émotion à la lecture de son histoire !

Gary D . Schmidt, un auteur décidément incontournable….

L’avis de Pépita

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Adèle et Solectrice ont frémi de bonheur en suivant la cavale de Victor et Yazel, un cambrioleur qui veut échapper à l’emprise de son père et une adolescente sourde amatrice de haïkus. Deux êtres qui se côtoient avec douceur et nous invitent à observer ce qui nous entoure en coupant le son.

L’avis de Pépita. Le nôtre reste à venir.

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HashtagCéline a retrouvé avec une immense joie Séverine Vidal avec un nouveau roman d’une intensité extraordinaire pour une histoire de mères, de filles et de drames. Un beau moment de lecture et un coup de coeur énorme. Pour lire son avis c’est ICI.

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Bouma a craqué pour une jolie bande-dessinée : L’écorce des choses de Cécile Bidault chez Warum Éditions. Avec douceur et empathie, l’autrice nous invite dans le quotidien d’une jeune sourde à une époque où il lui était interdit de signer.

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Aurélie partage un coup de coeur adulte mais accessible aux ados. En effet, dans le cadre professionnel elle a eu le plaisir de rencontrer l’auteure Hélène Frédérick et son dernier roman « La nuit sauve » chez Verticales. L’écrivaine nous plonge dans son Québec natal en 1988. Une nuit où nous sommes plongés dans la tête de trois ados lors d’une fête : peur de grandir, mal-être,séduction tous les éléments sont là pour nous tenir en haleine. A cela, une quatrième voix qui nous devance (tel un choeur) qui nous laisse présager une catastrophe…

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Et maintenant, quelles pépites allons nous découvrir durant ce mois d’octobre…

Harcelés, harceleurs…

L’école est un lieu d’apprentissage et de sociabilisation. Mais pour certains, l’école est aussi un lieu de souffrance. Le constat est terrible mais le harcèlement scolaire peut  aujourd’hui toucher chaque élève, surtout dans notre société actuelle où l’apparence prime sur le reste et où les réseaux sociaux sont omniprésents…

Alors, pour combattre ce phénomène, il faut en parler, toujours et encore. Et en littérature jeunesse, de nombreux textes abordent ce sujet pour que les harceleurs comprennent la bêtise de leur comportement et que surtout, les victimes puissent trouver le courage de parler…

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Dans Rattrapage paru chez Actes Sud dans la collection d’Une seule voix, Vincent Mondiot nous parle du harcèlement, à sa façon : sans filtre. C’est très juste, assez glaçant mais très parlant.

L’avis de HashtagCéline et de Pépita.

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Dis non, Ninon ! de Lisa Chopale paru chez Gulf Stream parle de ce sujet… avec humour. Ce qui est, je l’avoue pour le moins original. Au final, l’autrice délivre un message plutôt positif grâce à l’intervention d’un double du personnage principal tout à fait farfelu. A découvrir !

L’avis de HashtagCéline.

 

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Paru dans la collection Presto chez Magnard, Six contre un de Cécile Alix s’adresse à un lectorat un peu plus jeune ( à partir de 11 ans). Ici, on suit le harcèlement de l’intérieur avec un texte à la première personne qui nous plonge au coeur de la détresse du jeune héros. Très touchant.

L’avis de HashtagCéline et de Sophie.

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Un court roman très positif qui, en plus d’aborder le sujet du harcèlement, offre de nombreuses pistes de réflexion. Le courage d’être soi de Marianne Rubinstein paru chez Nathan est un texte à découvrir !

L’avis de HashtagCéline.

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Rackette-moi si tu peux de Sophie Adriansen illustrée par Clerpée paru dans la collection Les Graphiques chez Gulf Stream vise ici les élèves de primaire. Sous forme de BD, on découvre l’histoire d’Enzo, victime de racket. Une histoire à hauteur d’enfants qui met bien en évidence que le harcèlement peut prendre bien des formes, quel que soit l’âge…

L’avis de HashtagCéline.

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Un chouette roman illustré qui aborde la thématique de cette sélection avec plus de profondeur qu’il y paraît au premier coup d’oeil. Les Z’héros de cette histoire sont bien décidés à ne pas rester sous le préau de la honte ! Le Préau des Z’héros d’Estelle Billon-Spagnol est paru aux éditions Alice Jeunesse dans la collection Primo.

L’avis de HashtagCéline, de Pépita et d’Alice.

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Attention ! Si ce texte aborde le harcèlement, il l’aborde d’une façon plutôt sombre. Guenon de Pierre Brossaud paru au Rouergue Jeunesse sonne juste mais offre un dénouement complètement… vous verrez. Un coup de coeur !

L’avis de HashtagCéline.

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Une lecture marquante que ce roman La file seule dans le vestiaire des garçons de Hubert Ben Kemoun chez Flammarion, dans lequel la tension monte sur fond de harcèlement et de surenchère. Quand rien ne semble pouvoir arrêter cette escalade. Terrifiant et poignant.

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L’avis de Pépita et de Alice.

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Ce roman Les regards des autres d’Ahmed Kalouaz au Rouergue se place du côté des conséquences du harcèlement sur la victime mais il aborde aussi une question cruciale : celui d’oser se confier à des adultes pour dénoncer et se reconstruire. Se dire que c’est possible, cette confiance-là.

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L’avis de Pépita

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Ils sont rares les albums qui abordent ce sujet : Rouge de Jan de Kinder chez Didier jeunesse pose le vrai problème du harcèlement : la solitude face à la force du groupe et aussi le rôle important de l’adulte. Un album fort sur une situation vue à hauteur d’enfant, sur la solidarité et le courage de dire non.

L’avis de Pépita

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Dans ce roman, La plus grande peur de ma vie (Ecole des Loisirs), Eric Pessan a su aborder ce sujet d’une manière subtile car lui aussi détruit et tue à petits feux. Les camarades de Norbert vont prendre conscience de sa souffrance et de leur lâcheté à son égard. C’est un roman sur la responsabilité de chacun face aux autres.

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L’avis de Pépita

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L’album « ça suffit ! » de Barroux et Claude Stanké chez 400 coups aborde le quotidien d’un louveteau harcelé à l’école. Il ne suffirait qu’à prononcer deux mots mais ils sont si durs à prononcer…

L’avis d’Aurélie

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L’album de Grosse baleine de Davide Cali chez Sarbacane montre la résilience d’une jeune fille traitée de baleine.

L’avis d’Alice.

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Edgar en marre de se faire enquiquiner à l’école, pour se protéger rien de mieux que d’adopter un lion. Un album pour évoquer le harcèlement aux plus petits.  Edgar et son lion chez les éditions les minots  de Céline Person  illustrée par Cécile Vangout.

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P’tit nez de cochon raconte les moqueries sur le physique. Mais certains savent voir au travers, l’union fait la force. P’tit nez de cochon de Pog  et Annette Boisnard chez Les braques.

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Un album plus édité mais qui traitait du harcèlement : ça chauffe à la récré de la série Marco et Zélie de Arnaud Alméras et Robin chez Amaterra.

 

 

Loupé ! une Lecture Commune à ne pas louper

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne j’aime beaucoup le travail de Christian Voltz. Les décors et personnages qu’il crée avec du matériel de récupération (notamment en ferraille) servent toujours un propos instructif.

Aussi, dans la continuité de la sélection thématique de la semaine dernière sur les écrans, avais-je envie de discuter avec les arbronautes autour de son album Loupé édité au Rouergue.

Voici le résultat de nos échanges.

Bouma : A quoi vous attendiez-vous face à cette couverture (titre, illustration, auteur…) ?

Alice : Clairement au vu de l’illustration de couverture : un petit bonhomme assis sur un banc attendant le bus (comme nous pouvons l’imaginer par le panneau signalétique), et avec un titre pareil, je me suis dis que c’était une histoire autour du fait d’avoir « loupé ! » le bus. Et puis, il est un peu âgé ce bonhomme, (sa cane en témoigne !) on peut douter de son pas leste et imaginer avec évidence son manque de réactivité à l’arrivée du transport en commun !

SophieJe n’avais pas vraiment d’attente sinon celle d’une bonne lecture avec le nom de Christian Voltz et la garantie de belles illustrations.

Pépita : Le souci, quand on est acquéreur de livres en bibliothèque, est qu’on sait ce qu’on achète et je savais de quoi cet album parlait. Mais c’est encore mieux en vrai. Effectivement, Christian Voltz, on ne peut pas le louper ! Et puis une couverture, elle se lit aussi derrière (la fameuse 4ème) et là on comprend que deux protagonistes vont faire le jeu de cette histoire. Et de jeu, il en est question sur toute la ligne.

Bouma  : Des visions différentes de ces premières informations, donc. Et après lecture, ne peut-on pas dire qu’il s’agit presque d’un album sans texte mais avec un fort contexte ?

Sophie : Oui on peut parler de sans texte car tout se joue dans le décor et dans les petits détails qu’il faut savoir observer.

Pépita : Pas besoin de mots en effet pour comprendre ce qui se joue là sur un même espace-temps très réduit (23 minutes) : deux attentes bien différentes. Une qui zappe et une qui contemple.

Alice : Tout est hyper compréhensible sans que rien ne soit écrit ! On est comme observateur d’un huis clos ; toutes les scènes se passent dans le même contexte, l’espace temps est très limité, il y a peu de personnages, c’est juste la situation qui évolue.
Christian Voltz s’amuse beaucoup aussi avec l’objet essentiel de ce livre : un téléphone portable. Tel une bulle de bande dessinée, il prend une taille disproportionnée pour montrer tout la place qui lui est donnée.

Bouma : Avez-vous tout lu, tout vu, du premier coup ? Ou comme moi (et un des héros), avez-vous eu besoin de plusieurs lectures pour tout comprendre ?

Alice : Une mouche, une chenille, des fourmis, une plante… Non bien sûr que non, je ne les ai pas vu de suite. A la première lecture on focalise sur les deux personnages qui on déjà des « mimiques » et des postures très parlantes. Et puis on cherche à imaginer la chute, sans que ces petits détails y soient pour quelque chose ! Et rien n’est fini, la dernière page tournée, il ne faut pas « louper » la 4ème de couverture » !

Sophie : J’ai vu le fameux spectacle à la première lecture mais pas dès les premières pages. En fait au bout d’un moment, j’ai cherché parce que je sentais qu’il manquait quelque chose, et c’est là que j’ai découvert ce qui se jouait innocemment sous mes yeux !

Pépita : Presque. Très rapidement, j’ai vu le croisement des deux vécus. Dans l’histoire, chaque personnage occupe chacun un côté de la page (sauf celle où le petit vieux parle au plus jeune et ça, c’est drôlement bien vu) et du coup, le cerveau a tendance à les dissocier. De plus, le portable a une place prépondérante dans l’image. Il n’ y a que lui qui compte alors que les petits détails à première vue insignifiants du côté du vieux monsieur ne sautent pas forcément aux yeux de suite, alors que eux racontent une histoire. Et ce que j’adore, c’est le côté bienheureux du bonhomme qui s’épanouit d’un côté alors que de l’autre côté c’est l’exaspération qui prime. Je ne sais pas pour vous, mais du coup le rire se déplace : on se moque intérieurement du jeune alors que le vieux, il nous attendrit.

Bouma : Finalement, n’est-ce pas l’illustration de deux générations qui se confrontent ? Sans aller jusqu’au « c’était mieux avant » n’est-ce pas une vision où les extrêmes se confrontent ?

Alice : Oh oui ! « Le confit de génération » : la jeunesse numérique, assoiffée d’informations, qui a du mal à lever les yeux de son écran et la personne âgée sage, patiente et observatrice. Une mise en scène un peu moqueuse, des personnages accentués dans leur caricature, pas de jugement entre les deux, juste un constat et une cohabitation amusante.

Sophie : Je pense que c’est plus complexe que la confrontation de deux générations. D’ailleurs le numérique prend de la place dans beaucoup de générations. Ici, je vois plus une invitation à REprendre le temps. Le temps de se poser, de regarder autour de soi…

Pépita : Oui et non, je ne pense pas qu’on est dans la confrontation là, ça ne sert à rien. C’est une description d’une réalité actuelle (car même dans le bus un autre personnage est rivé à son portable). Oui, une invitation à vivre le moment présent dans un album où la dérision est à son maximum. Et puis aussi une invitation à se scruter soi-même dans ses comportements. La chute (double chute) est absolument irrésistible ! Virtuel versus réel : 0-1.

Bouma : Avez-vous des retours d’enfants sur ce livre ? L’avez-vous déjà conseiller et pourquoi ?

Sophie : Morgan (6 ans) n’a pas vu tout de suite les petits détails, enfin sauf la partie de Candy Cruch qui lui a sauté aux yeux au point qu’il dise quel était le prochain mouvement… En revanche, il en est vite venu au petit spectacle qui se joue. Il n’a pas tout vu à la première lecture mais il a repris le livre seul après pour le revoir et j’ai eu le droit à des « Tu as vu là… et ça ! ».

Alice : Non, pas tester auprès des enfants mais je pourrais très bien le conseiller à des adultes. D’abord pour faire connaitre le travail de Christian Voltz et aussi car tout le monde peut s’amuser de cette farce et s’y retrouver quand même un peu !!!

Pépita : Non pas pour l’instant. C’est le retour des ados qui m’intéresserait beaucoup ! Car il est un formidable support pour démonter tous nos travers numériques ! Avec un beau message intergénérationnel.

Bouma : Si je devais résumer nos propos à toutes, je dirais donc que Loupé est un album à lire ensemble, à partager et à faire passer de main en main quelque soit l’âge, histoire de s’interroger sur nos pratiques face aux écrans. 

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Un grand merci à Pépita, Sophie et Alice pour cette discussion fort enrichissante et aussi ma chronique et celle de Chlop.

N’hésitez pas à nous donner vos impressions sur cette lecture.

« Le faire ou mourir » – lecture commune

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SophieLJ (La littérature jeunesse de Judith et Sophie) : Bonjour tout le monde. Aujourd’hui, on va discuter du premier livre de Claire-Lise Marguier : Le faire ou mourir. Entrons directement dans le vif du sujet : il parle de quoi ce roman au titre énigmatique ?

Carole (3 étoiles) : C’est l’histoire de Damien, dit Dam, un ado de 16 ans. Fraîchement débarqué dans un nouveau collège, il cherche sa place partout : dans sa famille, dans sa classe et surtout dans sa propre vie et son corps. Il va faire des rencontres, une surtout, celle avec Samy, qui vont le bouleverser et changer le cours de sa jeune et sombre vie. Le faire ou mourir, c’est l’histoire d’une quête, celle de l’adolescence malmenée, fragile, sensible, violente qui grandit via une appartenance à une tribu, la musique, les codes, des rituels, l’Amitié et l’Amour.

Dorot’ (Les livres de Dorot’) : Je pense qu’il est important de souligner le fait que Damien n’est bien nulle part. Dans sa famille, il y a la grande sœur qui passe avant lui dans tout, et à l’école, dès son plus jeune âge, il se fait malmener par des caïds de la cour de récré…

 

Dorot’ : La rencontre avec Samy m’a beaucoup marquée. Et vous ? Qu’est-ce que vous en pensez ? Pourquoi cette rencontre a évolué en amitié si intense ?

SophieLJ : Je ne sais pas s’il y a vraiment une explication, comme dans toutes les relations les choses se font sans qu’on ne puisse vraiment l’expliquer.

Si je devais quand même dire quelque chose, c’est que ça viendrait de leur profonde différence de caractères. Samy est un jeune homme plein d’assurance et de confiance en lui, il s’assume totalement et n’en devient pas hautain mais au contraire très gentil. C’est sûrement cette gentillesse qui l’a poussé vers Damien, garçon solitaire et torturé. Et vice-versa, Damien avait besoin de quelqu’un qui le rassure.

Carole : J’ajouterais qu’à l’adolescence, on fonctionne souvent en binôme, et souvent du même sexe. C’est vrai que Samy et Dam apparaissent opposés sur bien des points, et en même temps ils sont similaires dans la mesure où ils se comprennent. C’est une mise en abîme de la complexité de la personnalité adolescente je trouve. Ils ont en commun cette sensibilité et cette intelligence de cœur qui m’émeuvent.

 

Carole : Avez-vous été sensible à l’univers de ces ados ? Leur musique, les codes vestimentaires, leur façon d’exister ?

Dorot’ : Musique, codes, je suis passée un peu à côté. Par contre leur façon d’être, de se soutenir m’a émue énormément. Peut-être parce que ce genre de comportement était le mien à l’époque où je vivais en internat. Dans un groupe on voit sa famille, on est solidaire, on s’apprécie malgré les défauts de chacun. Un monde à part que tous les parents ne sont pas prêts d’accepter…

SophieLJ : Comme Dorot’, je ne me suis pas vraiment reconnue dans leurs codes autour du gothique et de la destruction de soi. En revanche, leurs sentiments m’ont beaucoup touchée et j’ai retrouvé des sensations que j’avais ressenties à l’adolescence : l’injustice et l’incompréhension des adultes en particulier.

Carole : Me concernant, j’ai été hyper sensible à leur musique, écoutant la même depuis toujours, sans le côté gothique et dépressif. Rien que la dédicace de l’auteure au leader du groupe Indochine m’a plongée directement dans l’ambiance. Évidemment, la sensibilité à fleur de peau de Damien a eu quelques échos à ma propre adolescence. Et comme vous, le conflit avec la génération parent m’a également parlé, sensation de compréhension renforcée par l’emploi du « je » comme le souligne Sophie.

 

SophieLJ : Qu’avez-vous pensé du style de l’auteur ?

SophieLJ : Elle écrit à la première personne via le personnage de Damien. Ses phrases sont assez courtes et saccadées. J’ai aimé ce style, ça rend la lecture particulièrement fluide et représente assez bien l’adolescence et la vitesse à laquelle on ressent les choses.

Carole : Le rythme est rapide, parfois confus, avec une ponctuation minimale : autant d’éléments de style qui soulignent la jeunesse des personnages, leur pensée en prise directe avec les évènements qu’ils vivent et tous ces chamboulements sensoriels et émotifs. Il y a tous les ingrédients de la littérature adolescente qui la transcendent au niveau universel pour tous les lecteurs ados mais aussi pour ceux et celles qui ont un jour traversé cette période riche et difficile à la fois. Bref j’ai ADORE ce livre qui m’a émue, beaucoup.

Dorot’ : Pour ce qui est l’écriture du roman, vous avez tout dit. J’adhère totalement à cette forme de narration et quand c’est bien écrit comme c’est le cas ici, c’est encore mieux.
Il y a juste une chose qui m’a froissée dans ce livre… Les parents respectifs de Damien et de Samy.
Le père de Damien complètement obtus et enfermé dans ses préjugés et la mère à Samy qui comprend tout et consent à tout… Pas de nuances de gris pour ces personnages, juste noir et blanc, dommage.

SophieLJ : C’est vrai que c’est regrettable de ne pas avoir de juste milieu pour les parents de Dam et Samy. De la même façon, la mère de Dam semble totalement soumise. Ça aurait été peut-être plus intéressant de lui donner un peu plus de caractère face à son mari parce qu’elle n’a pas toujours l’air d’accord avec son jugement.

Carole : Concernant, les personnages des parents, qui sont aux antipodes, ça ne m’a pas gênée à la lecture, j’ai plus focalisé sur Damien et Samy à vrai dire. Il faut de tout pour faire un monde, alors pourquoi pas ces parents-là !

 

ATTENTION si vous n’avez pas lu le livre, mieux vaut éviter de lire ce passage !

 

SophieLJ : Qu’avez-vous pensé de cette double fin ?

SophieLJ : En ce qui me concerne j’ai adoré. Ça donne une bonne dose d’adrénaline. J’ai été suffoquée par la première fin. Puis la seconde m’a rassurée, les choses peuvent parfois se finir bien !
En tout cas, ça montre bien que la vie peut basculer en quelques secondes.

Dorot’ : J’ai aimé le choix proposé par l’auteur pour finir son histoire…
Comme tu dis Sophie, en lisant la première issue on suffoque, on a mal pour Damien et les autres, on se demande pourquoi, même si on a un semblant de réponse !
Un brin d’espoir avec la deuxième proposition, même si tout n’est pas rose…

Carole : Pour la première fin, j’étais complètement angoissée à cette idée et en même temps assez fascinée parce que finalement cette fin est crédible, et c’est là tout le talent de l’auteure je trouve. Évidemment, la seconde fin est plus  » joyeuse  » si on peut dire, et toute aussi crédible.

 

Vous pouvez reprendre votre lecture sereinement.

 

SophieLJ : Le mot de la fin ?

Carole : Perso, j’ai vraiment adoré ce roman : j’ai ri, j’ai pleuré, j’ai souri, j’ai paniqué, j’ai chanté, j’ai visualisé… Bref toutes les émotions propres à la grande ado que je suis y sont passées !

Dorot’ : Pour finir, je voudrais juste ajouter que les premiers romans comme celui-ci sont rares. Écrit avec une sensibilité inouïe, et avec des mots justes. Les ados à qui je l’ai prêté, l’ont lu plusieurs fois et tous ont apprécié.

Un livre émouvant et bouleversant. Un livre qui a rappelé à l’adulte que je suis devenue, l’ado que j’ai été, et les émotions à fleur de peau qui nous perturbent tant à la puberté.

SophieLJ : En effet Dorot’, les premiers romans de cette qualité sont rares. J’ai adoré ce livre qui fait réfléchir et qui donne beaucoup d’émotions. J’ai hâte de découvrir la suite du travail de Claire-Lise Marguier.

 

Nos billets sur Le faire ou mourir

Dorot’ : http://www.livres-de-dorot.fr/le-faire-ou-mourir-claire-lise-marguier-a35494419
SophieLJ : http://litterature-jeunesse.over-blog.fr/article-le-faire-ou-mourir-108048837.html
Thierry : http://lecturejeunesse83.wordpress.com/2012/04/26/8250/

Le faire ou mourir
Claire-Lise Marguier
Éditions du Rouergue
Collection DoAdo