La guerre de la boue…

Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, A l’ombre du grand arbre veut se souvenir…  Ce conflit qui a fait dix-neuf millions de victimes est toujours bien présent dans les mémoires de nombreux d’entre nous qui se souviennent des anecdotes terribles transmises de génération en génération par les arrière-grands-parents, les grands-parents, les parents…  A notre tour de transmettre cette mémoire collective.

Pour la jeune génération, ce conflit semble lointain.  Un siècle, cela parait une éternité !  Et pourtant…  Les « plus jamais ça » serinés après ces années d’effroi n’ont pas empêché la Seconde Guerre, encore plus dévastatrice.  L’Histoire est un éternel recommencement. L’ignorer c’est risquer de reproduire encore et encore les erreurs du passé…

Tout au long de cette semaine, vous retrouverez une sélection de titres (romans, albums, …) pour aborder ce pan important de notre histoire avec les plus jeunes. En outre, plusieurs d’entre nous donneront à leur billet un éclairage personnel en plongeant dans leur histoire familiale : anecdotes, lettres, carnets…

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© Céline Brijs (archive familiale : extrait d’une lettre de Henry Choisis à sa tante Célina Braive, Front, 2/04/1918)

Histoire de se rendre compte qu’au cœur de ce conflit, il y avait des hommes et des femmes…  semblables à nous, partageant les mêmes rêves et les mêmes espoirs : vivre libres et en paix !

Nous espérons que cette sélection vous plaira et vous donnera envie à votre tour de retrouver ces témoignages du passé.

Bonnes lectures…  et bonne semaine de commémoration avec nous !

Le livre d’où je viens – Céline du flacon

A l’Ombre du grand arbre cet été, on va vous révéler un petit bout de nous, un petit peu de cette sève qui chacun(e) nous anime, un petit de peu de ce feuillage qui nous réunit.

Un brin nostalgique mais tout à fait réjouissant, chacun notre tour, nous allons vous dévoiler le livre qui a changé notre vie ou qui du moins, nous a beaucoup marqué, voire qui nous a donné envie de créer un blog.

Alors, revenez par ici chaque semaine de cet été, et laissez-vous nous raconter  :

« Le livre d’où je viens »

oooOOOooo

Je pourrais vous parler des séries qui ont bercé mon enfance, dans les années 70 : les Petite Abeille de Tamara Danblon, les Martine de Marcel Marlier et Gilbert Delahaye, les Sylvie de René Philippe, …  et plus tard Le club des cinq de Enid Blyton et les Six compagnons de Jean-Jacques Bonzon.  

Reflet de leur époque, ces séries ont pour la plupart mal voire très mal vieilli. Pourtant, il serait un peu présomptueux de ma part de les renier aujourd’hui sous prétexte, qu’avec nos yeux actuels, elles sont bourrées de clichés entre autres sexistes et véhiculent des idées complètement surannées.  Je préfère me souvenir des heures et des heures de plaisir qu’elles m’ont procurées.

Mais à y réfléchir un peu plus sérieusement, mon amour des livres n’est pas lié à un titre ou une série en particulier.  Non !  En réalité, cette passion prend son origine dans l’acte même de lire.  Une activité qui ne se limite pas à la vue, loin de là.  Pour moi, lire c’est aussi toucher, sentir, écouter…  Tous les sens sont en éveil, excepté (peut-être) le goût !!!!

(Pour ceux qui s’interrogeraient, les deux petits figurines qui pendent sont Tchantchès et Nanesse, deux personnages issus du folklore liégeois (Belgique).)

J’en ai pris conscience, très jeune, lorsque je puisais allègrement dans la bibliothèque de mes parents.  Sur l’étagère du bas, à portée de main, se trouvait toute une collection de livres de la bibliothèque rose.  Pas les pâles copies plus actuelles qui, pour la plupart, au fil des rééditions, se sont vu remanier, alléger, adapter…  Non, les éditions originales avec la couverture pleine toile rouge, les tranches dorées et les illustrations gravées sur bois. Pour mes yeux d’enfant, ces apparats avaient quelque chose de royal. Je ne me lassais pas d’en caresser les reliefs.  Et que dire de l’intérieur avec ce papier épais, légèrement pelucheux au toucher, qui dégageait déjà à l’époque cette odeur caractéristique des vieux papiers.

Ces sensations quasi sensuelles, je les recherche toujours à travers mes lectures d’aujourd’hui.  Ainsi, j’apprécie au plus haut point les couvertures en relief, le bruit de neige qui crisse des livres au papier plus artisanal, les belles calligraphies, les illustrations en noir et blanc, l’odeur du papier…

Toutes ces sensations participent à mon ivresse de lecture.  Le nom de mon blog, Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse, n’est d’ailleurs pas étranger à ces premières expériences de l’enfance.

Lire c’est aussi s’enivrer de mots, rêver, imaginer, s’évader…  Je l’ai appris aussi à la lecture de ces ouvrages.  A cette époque, on ne parlait pas de version simplifiée ou abrégée, sous prétexte que les enfants ne sont pas (plus) capables d’efforts !  Quand on aime, on ne compte pas.  Je me souviens notamment de ce pavé, le Sans famille d’Hector Malot que j’ai dégusté à mon rythme, sans rechigner.  A cette époque, la télévision n’avait pas la place qu’elle occupe aujourd’hui et, à la lecture de ces pages, c’est tout un cinéma intérieur qui défilait sous mes yeux.  Je me souviens aussi qu’une fois fatiguée, je me roulais sur le dos, la tête renversée en arrière, pour observer la course des nuages dans le ciel.  Ces pauses me permettaient de faire le point sur ce que j’avais lu.  Il m’arrive encore parfois de m’y adonner…  avec toujours le même plaisir !

Plaisir…  Voilà le fin mot de l’histoire.  Tous ces titres font partie de mon histoire.  Je ne les ai plus relus depuis.  Par contre, à chaque nouvelle rencontre littéraire, c’est la même ivresse que j’espère.  Ivresse que je cherche à partager à travers mon blog, mon métier d’enseignante…

« Il y a le ciel, le soleil et la mer… »

Photo Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse

 

Il y a quelques jours, on a assisté, comme chaque année au chassé-croisé entre les juillettistes (certains, un peu dépités par le temps mi-figue mi-raisin qu’ils ont connu) et les aoûtiens pleins d’espoir…  Et puis,  entre les deux, il y a ceux qui ne partent pas et qui observent ce ballet avec un sourire en coin, plongés bien au calme dans une bonne lecture !

Que vous apparteniez à l’une ou l’autre de ces catégories, nous avions envie de vous offrir une petite sélection qui sent bon les vacances, histoire de prolonger le plaisir de ceux qui sont déjà revenus, donner un avant-goût à ceux qui partiront et apporter un peu d’air iodé et de soleil à ceux qui restent.

Une petite sélection « il y a le ciel, le soleil et la mer… » « à chaud » comme dirait Kik-Les lectures de Kik et donc une liste bien loin d’être exhaustive – bon nombre d’entre nous sont eux aussi en vacances.  

Juste quelques coups de soleil littéraires...

Du côté des albums…

Le Mystère de la grande dune, Max Ducos, Sarbacane 2014
Une belle aventure qui a pour cadre un coin époustouflant au bord de l’océan atlantique, la dune du Pyla, la plus haute d’Europe.  Une histoire palpitante de sauvetage, des illustrations à couper le souffle, un mélange de nature et d’humanité…

L’avis de Céline du flacon, celui des Lutines.

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Le rêve de Solo et Le voyage de Solo, Miriam Koch, Sarbacane
Solo, mouton rayé de rouge et de blanc, rêve et voyage. Des formats à l’italienne pour ces deux albums, ode aux paysages marins et à leurs embruns. Magnifique !

L’avis de Pépita

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Les p’tits bateaux, Pascale Roux, Grandir
Un livre leporello qui magnifie la célèbre comptine.

L’avis de Pépita

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Les Tchouks, On a vu la mer ! Benjamin Richard et Kerascoët, Premières bulles Rue de Sèvres, 2014
Un mix entre album et B.D. plein d’humour qui suit une bande de copains aux bouilles sympathiques qui, malgré leurs différences, finissent toujours pas trouver des compromis.

L’avis de Céline du flacon, de Kik

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Mouettes, les vacances !, Géraldine Collet et Caroline Pistinier, Philomèle
Elles guettent vos balades au bord de la mer et surveillent vos baignades. Elles piaillent parfois trop fort quand vous ne demandez qu’à vous assoupir sur le sable. Mais elles font partie du paysage et sans elles la mer serait trop calme.
Un petit album sous forme de cartes postales quotidiennes sur la vision des mouettes quand les touristes sont là !

L’avis de Sophie

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Du côté des premiers romans…

Chien Pourri à la plage, Colas Gutman et Marc Boutavant, Mouche, Ecole des loisirs, 2014
Les aventures rocambolesques de Chien Pourri et de son ami, Chat raplapla, ici, à la plage.  Irrévérencieux et tordant !  Une série à découvrir cet été…
(Chien Pourri à l’école sera en librairie le 20 août.)

L’avis de Céline du flacon 

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… et des romans…

Dossier Océan, Claudine Aubrun, Doado noir, Le Rouergue, 2013
Un roman policier sur toile de fond des Landes où une jeune fille, passionnée de dessin et de photographie, a été témoin de ce qu’elle n’aurait pas dû voir…  Une femme a été assassinée. Une tension crescendo pour des secrets inavoués enfin révélés.

L’avis de Pépita, celui d’Alice

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Au ventre du monde, Gilles Barraqué, Médium, Ecole des loisirs
Un roman qui sent bon les embruns de la mer, où une jeune fille doit se battre pour pouvoir exercer un métier réservé aux garçons : pêcheur. Une histoire censée se dérouler sur une île qui « pourrait être l’une de l’archipel des Marquises, aux temps lointains, bien avant l’arrivée de l’homme blanc » et pourtant aux valeurs universelles et intemporelles…

L’avis de Céline du flacon, celui d’Alice

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Encore heureux qu’il ait fait beau, Florence Thinard, Editions Thierry Magnier
Une bibliothèque et tous ses occupants qui larguent les amarres, ce n’est pas courant ! Une invitation au voyage, celui des mots mais aussi celui de la vie !

L’avis de Céline du flacon, celui de Pépita, celui d’Alice et notre lecture commune A l’ombre du grand arbre

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Et les lumières dansaient dans le ciel, Eric Pessan, Médium,  Ecole des loisirs
Un jeune garçon passionné d’étoiles, une fugue pour assouvir sa passion et réfléchir à ce qui se passe dans sa vie, les disputes de ses parents, leur séparation et sa place à lui dans l’univers.

L’avis de Pépita, celui d’Alice

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Le Cahier de mes vacances nulles et de gribouillages, de Bernard Friot, Flammarion.

Pour ceux qui sont déjà rentrés de vacances, voilà un petit roman, en forme de journal intime, qui donne envie de s’y replonger. On s’amuse des commentaires et on se rend compte que le charme des vacances ne tient pas toujours au lieu où on les passe… mais surtout aux gens qui nous entourent.

L’avis des Lutines, celui de Sophie

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Et puis, un petit dernier (précurseur d’une autre sélection à venir) parce qu’il n’y a pas que les vacances à la mer qui comptent…

A la campagne, Laurie Cohen et Marjorie Béal, Balivernes Editions
Et si on faisait un p’tit tour à la campagne ? Se délecter de ses offrandes…

Nous comptons sur vous pour compléter la liste !
D’ici-là, bel été à tous et, surtout, belles lectures !

Photo Kik – Les lectures de Kik

Fête de la musique, mélodie du bonheur

Vous connaissez tous la ritournelle : « Do, le do, il a bon dos…  RE, rayon de soleil d’or… » ! Mais connaissez-vous la version « A l’ombre du grand arbre » ?  Malgré des tonalités parfois différentes, on y chante tous à l’unisson : VIVE la MUSIQUE des MOTS !
Pour en lire davantage sur cette sélection, cliquez sur les titres…

« DO, le do, il a bon dos »…  ados
avec les sélections d’Alice

Sur la tête de l’amour de Boris LANNEAU, Sarbacane Exprim’, 2013.
Ambiance cité : 2 mecs, 1 micro et des mots slamés, comme une arme pour déclamer son amour pour la belle Nora. Il y a Sam qui écrit les textes et Aswad qui les chante.
Battle de mots entre les deux garçons, mais qui aura le dernier ?

de Nathan

Ecoute battre mon cœur de Nathalie Le GENDRE, Flammarion Emotions

Pour ce titre-là de la collection Emotions de chez Flammarion, c’est la passion qui est mise en jeu. Et celle-ci est un véritablement feu, qui consume ses victimes, les happe tout entier ; si bien qu’on ressent cet amour pour la musique très profondément et qu’on s’attache aux personnages … mais aussi que l’auteur abuse un peu trop du tragique.  Sans doute « trop » mais survolté, captivant et plein d’émotion.

de Céline et son flacon

Le violon de la rue Lauriston, Claude RAUCY, Ker éditions

L’histoire du périple d’un jeune immigré à la recherche de la liberté.  Un récit poignant où un violon est appelé à « remplacer les fausses notes de jadis par des accords mélodieux.  Couvrir les cris de haine par des chants de fraternité ».

et de Sophie

K-Cendres d’Antoine DOLE, Sarbacane

Après un passage en hôpital psychiatrique, Alexandra est propulsée au rang de star de la musique. Mais les textes qu’elle rappe se révèle être prémonitoire ce qui incitera ses producteurs à prendre le contrôle de l’idole, quoi qu’il peut lui en coûter !
Ce roman pour adolescents se place au cœur de l’univers de la musique… et pas dans la partie la plus flatteuse. Un roman assez dur mais très prenant.

« Ré, rayon de soleil d’or »
C’est l’été, c’est la musique Pop et Rock avec la double sélection de Carole :

L’été pop de Vincent CUVELLIER paru au Rouergue, collection dacodac, octobre 2012.
A partir de 9 ans.

et Princesse Vinyle d’Yvonne PRINZ, paru chez Albin Michel, collection Wiz, traduit par Madeleine Nasalik, janvier 2012.

A lire aussi chez Pépita

« Mi, c’est la moitié d’un tout »

Herman et Rosie pour la vie de Gus GORDON, Gallimard jeunesse : l’une chante, l’autre joue du hautbois. L’amour de la musique va les mener sur un autre chemin. Un album très sensible, dans une belle mise en page.  Une sélection de Pépita.

Mi, aussi, pour En avant la musique Rémi !  ajoute Céline
DO, il en a plein le dos
RE
MI, le petit violon
FA-tigué de jouer les mêmes notes
SOL-iste, c’est pas pour lui !
LA musique, c’est fait pour jouer entre amis !
SI seulement sa famille à cordes le laissait, une journée seulement, jouer ce qu’il veut..

« Fa, c’est facile à chanter »
avec Kik qui, sur un air de jazz , découvre Billie Holiday 

Deux ouvrages pour une artiste, deux tons différents, pour découvrir une femme,
qui devint artiste.

Billie Holliday à découvrir aussi dans le tiroir de Céline


On fredonne aussi du fond du tiroir de  Céline
un album pas tout neuf mais très sympa :
Mes petits moments – 15 comptines à chanter du matin au soir écrites, composées et interprétées par Alain SCHNEIDER, illustrées par Christian GUIBBAUD.
Pour fredonner toute la journée des mots malicieux sur des mélodies jolies. Un peu de musique dans la vie de tous les jours !


« SOL, la terre où vous marchez »

« LA, l’endroit où vous allez »
pourquoi pas au concert avec Bouma ?

Beck T.1 à 34 (série complète), scénario et dessins d’Harold SAKUISHI,
Delcourt, 2004-2010

Envie de suivre la création d’un groupe de rock, ses déboires
comme ses succès ? Beck est le manga à lire par excellence. Une série qui vous donnera envie d’aller voir un concert, en live, sous des trombes d’eau, juste pour vous sentir vivant.

« SI, c’est siffler comme un merle »
ou comme une trompette, un tuyau…  avec les propositions de

Pépita

MéliMélodie de Henri MEUNIER et Martin JARRIE, Le Rouergue : un ovni littéraire qui se joue des notes et des sonorités pour le plus grand plaisir des petites et grandes oreilles.

et de Sophie

La mélodie des tuyaux de Benjamin LACOMBE et Olivia RUIZ, Seuil jeunesse
Alors qu’il se préparait à un avenir tout tracé, Alexandre va faire la connaissance d’une jeune gitane qui va l’aider à trouver son don pour la musique. Un livre-CD qui propose une belle découverte de la musique tzigane.

« Ce qui nous ramène à DO… »
et au documentaire proposé par Bouma

Trop facile, la musique !, texte de Claire LAURENS, illustrations de Marion Puech, Actes Sud Junior, 2013

Ce documentaire vous permettra de créer rapidement et avec peu de moyens de sympathiques instruments de musique tels les maracas ou le kazou.
Des activités à faire en famille.

Joyeuse fête de la musique à tous !

Comme des images… vraiment ?

EXprim’, Editions Sarbacane, 2014

Une couverture qui attire, un titre qui intrigue, une lecture qui pose des questions… Il n’en fallait pas plus pour, qu’à l’ombre du grand arbre, on ait envie d’en parler et de VOUS en parler !

Autour de moi (Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse), pour en discuter à bâtons rompus, il y a Kik – Les Lectures de Kik, Nathan – Le cahier de lecture de Nathan, Sophie – La littérature jeunesse de Judith et Sophie et Céline – Le tiroir à histoires.

Prêts à les suivre de l’autre côté de l’image ?

Comme des images, qu’est-ce qui se cache derrière ce titre polysémique ?

Kik : Comme des images, car il y a des sœurs jumelles qui se ressemblent comme des images. Mais est-ce seulement cela ?

Sophie : Avant la lecture, j’ai pensé à la fameuse expression « Sages comme des images ». Après la lecture, je dirais que oui il y a de ça mais pas au premier degré, bien au contraire. On y montre une élite de la population, sage en apparence, mais seulement en apparence.

Nathan : Bien sûr il y a l’expression que tu cites Sophie, ce qui n’est sans doute pas anodin : ils sont, en apparence, sages comme des images parce qu’on leur demande le meilleur d’eux-mêmes, la perfection : élèves intelligents, premiers en tout, enfants modèles …
Mais il y a surtout pour moi une réflexion sur qui nous sommes et ce que nous montrons de nous. Ces ados, ils sont parfois sans véritable fond, contrairement à la jumelle, artiste et taciturne … Une image est sage parce qu’elle ne bouge pas. Or ces adolescents s’y adonnent parfois tellement qu’ils deviennent eux-mêmes les images qu’ils créent. Ne sont-ils pas alors plus que des reflets de leurs qualités, plats, sans contenu, sans intérêt ?

Céline : Avec l’image des jumelles dos à dos, (dont on ne sait pas tout de suite qu’il s’agit de sœurs jumelles), le titre m’a plutôt évoqué l’idée de reflet, et d’image virtuelle. A vrai dire, avant de le lire, je pensais que ça se passait dans le futur, qu’il était peut être question de clonage, etc… !!!  Au fur et à mesure de la lecture, j’ai apprécié ce titre et cette couverture qui a effectivement plusieurs sens et qui est très réussie à mon avis.

Tous les quatre avez fourni une clé de lecture intéressante. Dans ce titre, effectivement, on parle de gémellité ; de réalité virtuelle ; d’image d’enfants sages, pas si sages que cela ; de jeu d’images et d’apparences… le plus souvent trompeuses. Mais est-ce seulement cela ? demande à juste titre Kik.  Pour ne pas perdre nos lecteurs, un petit résumé s’impose, histoire de faire le lien entre toutes ces pièces du puzzle….

Kik : L’histoire commence le jour où Léopoldine a rompu avec Timothée pour Aurélien. Ou bien le jour où Timothée, par vengeance peut-être, a envoyé un mail avec une vidéo de Léopoldine à tout le monde.  Ou peut être même que l’histoire commence, lorsque Léopoldine est partie en vacances, et que sa sœur est devenue amie avec sa meilleure amie.
Des histoires qui se croisent et se décroisent. Des non-dits sur les sentiments. Et ça finit par un corps au milieu de la cours du lycée … Là par terre…

Nathan : Ou peut-être bien que l’histoire commence il y a bien plus longtemps, à l’aube d’une société faite d’images et de mondes virtuels ? Peut-être que notre narratrice, Léopoldine, et sa sœur ne sont que l’infime rouage d’une plus vaste histoire.
Ou alors l’histoire commence quand vous refermerez le livre, secoué et avec un regard neuf sur les choses. Peut-être.

Tous deux évoquez des histoires au pluriel. Peut-on dire que c’est la narration de ces multiples destins qui se croisent qui fait toute la richesse de ce titre ? Comme pour un mille-feuille, il y a les couches externes, visibles, et puis toutes les autres qu’on découvre au fur et à mesure… Mais peut-être que là aussi, la réponse n’est pas si simple ?

Nathan : Pas simple, en effet…  Une image c’est parfois vide de sens, une couche superficielle sans rien derrière. Or la richesse du roman c’est que l’histoire en apparence elle est bien simple, comme une image, deux dimensions, un roman court et rapidement lu avec plaisir. Mais derrière il y a en fait encore bien des couches qui s’ajoutent. Au final, on a un texte en apparence anodin mais profond et regorgeant d’interrogations qu’on n’aura jamais le temps de démêler …

Sophie : Comme le dit Nathan, il y a la première histoire, celle de Léopoldine, plutôt simple car plutôt connue comme mésaventure. C’est cette histoire qui va en révéler bien d’autres.

Céline  : En effet l’histoire du jour, celle qui fait le buzz dans tout le lycée, est finalement assez vite réglée, mais révèle d’autres histoires, plus lointaines et plus discrètes, d’autres humiliations, plus sourdes… et ce sont ces histoires-là qui mettent vraiment en lumière les personnages.

Nous sommes apparemment tous sur la même longueur d’ondes…
Outre cette lecture plurielle, bien moins « anodine » (pour reprendre le terme de Nathan) qu’il n’y parait, j’ai particulièrement apprécié l’écriture moderne de l’auteur et ses références nombreuses à ce que vivent les jeunes d’aujourd’hui. Et de votre côté, quels sont les aspects qui vous ont plu ?

Céline :  En intégrant ces nouveaux modes de communication (commentaires facebook, sms) à sa narration, Clémentine Beauvais rend compte aussi de l’instantanéité, de la superficialité et d’une certaines cruauté dans les échanges. Et ça rend vraiment le roman vivant.  J’ai trouvé ce procédé très judicieux.  Vraiment un point fort du roman !

Kik : On se sent dans la « vraie » vie d’adolescents. Tout va très vite, avec les réseaux sociaux. Une vidéo est postée sur le net, peu de temps après, tout le monde l’a vue sauf quelques profs. Et pourtant le harcèlement à l’école ne date pas d’aujourd’hui. Un problème récurrent, qui a pris une autre forme avec les nouvelles technologies.

Sophie : J’ai aimé aussi la modernité dans ce texte, les nouvelles technologies, l’événement qui prend très vite une grande ampleur jusqu’au suivant qui prendra sa place. Tout s’ enchaîne de nos jours, on passe très vite d’une chose à l’autre en oubliant bien souvent les conséquences que cela peut causer.

Nathan : Avec un tel sujet, les nouvelles technologies étaient de toute façon inévitables … et c’est pourquoi elles parsèment le récit. Sur facebook, youtube, par sms … tout ça n’est pas anodin : c’est là qu’une image se crée … ou se détruit. Et d’ailleurs c’est à cause de ça que la jumelle de Léopoldine, Iseult, va en souffrir, comme elle en avait déjà souffert au collège, lorsqu’elle avait perdu sa meilleure amie sur la méprise d’un professeur. Elles aussi, elles sont comme des images. Et pourtant, des jumeaux se ressemblent … mais ils sont loin d’être identiques.

Justement, outre le divertissement qu’il nous procure, peut-on dire que ce récit a une fonction préventive ? L’auteure a-t-elle voulu faire passer un message ?

Nathan : Bien entendu ! Celui qui m’a traversé de toutes parts, comme ma chronique en rend compte, c’est qu’il ne faut pas être comme des images. Soyons nous-mêmes et ce sera la seule image, parce qu’à trop s’inventer on finit par se perdre dans cette construction de soi-même et au final il n’y a plus que du vide. Et puis même, si on partait sur de la philo, on serait tout simplement dans la vision antique de la Beauté : quelqu’un est beau lorsque son apparence laisse apparaître ce qu’il y a en lui. J’aime beaucoup cette idée-là.

Sophie : Et même si c’est plus évident et en rien moralisateur dans l’histoire, il y a un avertissement sur les réseaux sociaux et internet en général. Attention aux images que l’on y met, elles sont publiques ! Prendre soin de son image veut aussi dire qu’il faut réfléchir à ce que l’on en fait dès le départ, quand on pense que cela reste dans l’intimité.

Céline : Je n’y ait pas du tout vu ce message pour ma part. Au contraire, je trouve que les nouvelles technologies ne sont ni dénoncées ni même jugées, juste intégrées au récit comme faisant partie de notre paysage au XXIème siècle, et conditionnant donc nos modes de communication… et de représentation. Comme Nathan, je lis le message de la fin (s’il y en a un) comme une invitation à avoir plus de substance qu’une image, et à dépasser également les images dans notre perception des autres.

Kik : Tout a été dit je pense. Je suis d’accord avec les deux points de vue présentés. J’ai perçu les deux lors de ma lecture.

Le mot de la fin ? Lire un livre, c’est aussi s’imaginer les personnages, le décor, les situations… Mettre les mots en images ! Quelle « image » forte retiendrez-vous de votre lecture ? Pour ma part, c’est cette première phrase qui s’étale seule sur une page blanche, un peu comme ce corps en plein milieu de la cour ! Dès l’ouverture, cette vision m’a procuré un sacré frisson.

Nathan : Pour ma part, étrangement, l’image qui me reste gravée dans la mémoire, c’est le personnage d’Iseult, la jumelle, assise dans la cour, repliée sur elle-même, muette et dessinant.

Sophie : Comme toi Céline, c’est le corps annoncé dès le début, étendu dans la cour, qui me reste en tête.

Kik : C’est étrange mais en repensant « visuellement » à ce roman, je pense à un immense lycée, énorme, un vrai labyrinthe, et dedans trois jeunes filles qui déambulent toutes seules, ou par deux. Il y en a deux qui sont identiques, et une autre différente. Un trio perdu au milieu des couloirs, d’une immense cour, comme dans un espace infini.

C’est sur ces quelques images – mais, vous l’aurez compris, il y en a bien d’autres – que nous vous laissons avec l’envie, nous l’espérons, de vous plonger dans ce roman pas comme les autres !

Quelques extraits de nos billets pour finir de vous convaincre (à découvrir en intégralité sur nos blogs respectifs) :

Clémentine Beauvais a le don de s’attaquer à des sujets forts et sensibles sans aucun tabou et j’apprécie beaucoup la sincérité de son écriture et de ses mots. Quand elle écrit en plus pour la collection eXprim’ chez Sarbacane, les chances de me décevoir son minimes et elle ne l’a pas fait.

La littérature jeunesse de Judith et de Sophie

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Un roman qui plaît énormément mais qui dérange tout autant puisqu’il appuie là où ça fait mal !

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse

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(…) un livre sur l’apparence avant tout, sur ce qu’on laisse voir et ce qu’on dissimule. Un livre puissant, juste, touchant, qui s’avale d’une traite et ne laisse malgré tout pas indemne.

Le cahier de lecture de Nathan

***

Un roman hypnotique et moderne qui décrit avec justesse et intelligence certains travers de la société, les affres de l’adolescence, l’ingérence humaine : le cri primal de l’injustice, le premier non.

3 étoiles

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Un roman qui tord le ventre, car tout en voulant savoir à qui est le corps étendu dans la cour, on ne veut pas découvrir toute la vérité et savoir ce qui a été la cause de cette chute. On devine peu à peu les non-dits, ce que la narratrice ne veut pas s’avouer.

Les Lectures de Kik 

***

Comme des images est un roman contemporain, ancré dans l’ère 2.0, comme en témoigne sa narration originale, vivante, empruntant volontiers et judicieusement les codes des  nouvelles formes de communication.

Le tiroir à histoires

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