ALOGDA s’engage – aux côtés de l’UNICEF pour son prix de littérature jeunesse 2025

Le Prix UNICEF de littérature jeunesse est de retour pour une nouvelle édition sur le thème Grandir dans un monde durable, ça n’attend pas ! avec pour marraine l’écrivaine Mélissa Da Costa. Comme pour chaque édition depuis cinq ans, nous avons lu la sélection et sommes ravies de partager nos retours de lectures avec vous.

Catégorie 3-5 ans

Deux Ours

Deux Ours, une rencontre inattendue de Patricia Hegarty & Rotem Telplow, Kimane, 2020.

Deux ours vivent dans des environnements bien différents, mais sont tous deux menacés par le changement climatique. Chacun d’eux entreprend de trouver un nouveau foyer… leurs routes vont se croiser ! L’album de Patricia Hegarty et Rotem Teplow aborde en douceur le changement climatique et les migrations. Il sensibilise les plus jeunes à l’impact de l’homme sur son environnement, et nous plonge das une belle d’histoire d’amour et de tolérance.

Ils apprirent à se connaitre et découvrirent qu’ils avaient beaucoup en commun, bien que l’un soit blanc et l’autre brun.

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NATURA

NATURA de Yuval Zommer, Minedition, 2023.

Natura, esprit de la Terre et du Vivant, toutes les espèces, humaines, animales et végétales. Elle est vaste et généreuse. Mais l’homme ne cesse de l’exploiter. Jusqu’à quand tiendra-t-elle ? C’est un enfant qui va tirer la sonnette d’alarme… Voilà un album poétique qui permet de réfléchir une nouvelle fois autour de la thématique de l’environnement. Le texte simple et la richesse des illustrations ouvrent sur de nombreuses discussions possibles. Pour se rapprocher de la nature… et à la protéger.

Chez elle, chaque créature trouvait sa place…et elles étaient toutes les bienvenues. Natura était grande.

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Le Premier Rayon de soleil

Le Premier Rayon de soleil d’Alain Millet, l’étagère du bas, 2022.

Léo et ses parents doivent déménager : le temps est devenu trop sec pour continuer à travailler la terre. Ils arrivent dans la forêt des oiseaux. Ces derniers les accueillent à bras ouverts. Exil et migration climatique au programme de cet ouvrage coloré, qui met en exergue le partage, l’entraide et la générosité.

Ils sont partis pleins de courage et d’espoir, ils ont navigué sur une mer agitée, bravé des pluies, jusqu’à arriver dans un pays inconnu…

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Petite Taupe : Tombe la pluie

Petite Taupe – Tombe la pluie d’Orianne Lallemand & Claire Frossard, Auzou, 2021.

Tiens, il pleut aujourd’hui ! Plic ploc, plic ploc. Mais… Pourquoi la pluie ne s’arrête-t-elle pas ? Les animaux vont tous être inondés ! Une aventure de Petite Tape qui est confrontée avec ses amis à une inondation. Encore une fois, partage et l’entraide sont mis en valeur dans cet ouvrage tout mignon.

« J’aime la pluie qui tombe, j’aime la pluie qui mouille ! » chante Léo la grenouille.

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Catégorie 6-8 ans

S.O.S. Forêt en détresse

S.O.S. Forêt en détresse de Marie Colot & Annabelle Gormand, Kilowatt, 2021.

C’est à une enquête que convie Marie Colot avec ce titre. Les jeunes lecteurs sont invités à suivre Eva et Vadim qui arrivent chez leur grand-mère pour les vacances d’été et et découvrent la forêt qui entoure sa maison dévastée. Qui a bien pu couper tous ces arbres et pourquoi ? Aidés par le garde forestier, ils vont mener l’enquête et percer ce mystère. Si les adultes peuvent regretter le côté très manichéen de l’intrigue et les illustrations un peu « plates », les enfants sont emballés par l’intrigue et se prêtent au jeu .

L’avis complet de Lucie.

Ouverture des camions. Bang, un premier tronc est jeté dedans.

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La jeune institutrice et le grand serpent

La jeune institutrice et le grand serpent d’Irène Vesco & Juan Palomino, Obriart, 2022.

Lorsqu’elle reçoit sa mutation, la jeune institutrice découvre qu’elle va aller enseigner au fin fond de la forêt amazonienne. Qu’importe, elle est prête à tout pour apporter la connaissance à ses futurs élèves ! La communauté de Las Delicias a de quoi faire rêver, et elle va montrer à cette toute nouvelle enseignante que si les connaissances académiques sont importantes, les légendes et les traditions ont elles aussi leur raisons d’être transmises. Un très joli conte porté par des illustrations aux couleurs chatoyantes !

Déterminée, elle bricola une petite étagère pour disposer ses livres, son trésor, la seule chose au monde qui lui donnait un sentiment de sécurité.

L’avis complet de Lucie.

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Débordés

DÉBORDÉS de Mariajo Ilustrajo, Glénat, 2023.

Des animaux sont tellement obnubilés par leur quotidien qu’ils ne se rendent pas compte que l’eau monte. Un peu d’eau, ce n’est pas grave, non? Des illustrations sublimes pour un conte qui pointe du doigt l’indifférence face aux catastrophes, mais met aussi en valeur l’entraide et la solidarité, seule solution pour survivre.

La ville se réveilla comme n’importe quel autre jour d’été. Mais quelque chose était différent. Ce n’était pas un problème. La ville était juste un peu… MOUILLÉE !

Les avis complets de Helolitla et Lucie.

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Le faiseur de nuages

Le faiseur de nuages de Damien Deville, Yacouba Sawadogo & Magali Attiogbé, Gründ Jeunesse, 2023.

Adapté d’une histoire vraie, Le faiseur de nuages raconte la réhabilitation d’un village. Alors qu’il avait été dévasté par les vents chauds du Sahara, un habitant tenace a trouvé les ressources et les astuces pour faire revenir douceur de vivre et habitants. Ode au partage d’expérience et à la transmission, cette histoire aux illustrations vives est source d’espoir face aux changements climatiques.

L’avis complet de Lucie.

Vous savez, les enfants, la rencontre est souvent ce qui permet de faire germer l’espoir !

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Catégorie 9-12 ans

Les aventures de moi-même – Journal de ma manif

Les aventures de moi-même – Journal de ma manif de Charly Delwart & Ronan Badel, Flammarion jeunesse, 2024.

Gaspard, dix ans, voit le terrain vague où il retrouve ses amis menacé par le projet de construction d’un supermarché. Les enfants vont organiser une manifestation pour sensibiliser la ville à cette situation. Ce titre a l’intérêt de montrer que des enfants peuvent eux aussi mettre en place des actions et surtout de détailler les étapes de la préparation d’une manifestation. Le tout avec les illustrations pleines de vie de Roman Badel.

Avec le terrain vague, on veut protéger la planète. Enfin un morceau de planète, même très petit mais quand même. Un morceau de nature dont tout le monde peut profiter. Ça c’est un projet commun.

L’avis complet de Lucie.

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PERMACITÉ !

PERMACITÉ ! d’Olivier Dain-Belmont & Fachri Maulana, Sarbacance, 2021.

Permacité ! est un album documentaire dans lequel Olivier Dain-Belmont rêve (comme l’indique le sous-titre) une ville inspirée de techniques et organisations qui existent déjà de manière morcelée à différents endroits du globe. Et cela fait envie ! En suivant Camille, nouvelle arrivée, à la recherche de son chat, le lecteur découvre toutes les techniques et les personnes qui participent à cette cité écologique idéale.

Les avis complets de Lucie et d‘Hélolitlà.

La Permacité est un rêve. Au vu de l’urgence écologique, c’est un rêve quil faudrait appliquer très bientôt ! Qu’attendons-nous ?

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Tout jaune

Tout jaune d’Hélène Canac, Jungle, 2023.

Victor et Léna vivent à la campagne chez leurs grands-parents où la pollution et le manque de soleil réduit considérablement les récoltes. Les deux enfants vont partir pour un voyage initiatique qui leur permettra de mieux comprendre l’histoire et les raisons de la disparition du soleil. Un album dont le sujet angoissant est contrebalancé par des illustrations assez douces.

– Tu te souviens du soleil, toi ?
– Non. . . il s’est couché quand je n’étais pas encore née. Et depuis, il ne s’est plus levé. Grand-mère dit qu’il déprime au pied de la montagne noire. . .
– Il ressemblait à quoi, tu sais ?
– À un rond tout jaune dans le ciel.

L’avis complet de Lucie, celui d’Helolitlà.

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CLIMAT

CLIMAT d’Eoin Colfer, Andrew Donkin & Giovanni Rigano, Robinson, 2023.

Sami vit dan le golfe du Bengale, Yuki en Nouvelle-Ecosse. Tous deux ne se connaissent pas, mais sont menacés par le changement climatique et ses conséquences : tempêtes, fonte des glaces et montée des eaux. Un livre qui alerte sur les conséquences du changement climatique auprès des populations.

Tout ce que je sais, c’est que, malgré l’immensité du monde, le nôtre rétrécit de jour en jour.

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Catégorie 13-15 ans

Le jour où j’ai voulu sauver la forêt

Le jour où j’ai voulu sauver la forêt de Nora Dåsnes, Casterman, 2023.

Bao est engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique et représente les élèves de son collège lors des réunions d’administration. Mais loin d’être entendu, sa voix n’a guère plus de valeur que le rôle qui lui a été assigné. Alors que l’équipe administrative décide de détruire la forêt aux abords de l’établissement pour agrandir le parking, elle décide de revendiquer le droit à la préservation de la forêt en mettant en place des moyens concrets pour faire entendre la voix des adultes de demain.

C’est quand on est confronté à la fin de quelque chose qu’on prend conscience de ce qu’on a perdu.
Si tout le monde attend que quelqu’un d’autre agisse, rien ne se presse.
Quand on a 12ans,on pense qu’on peut changer le monde. Mais on oublie souvent qu’il faut commencer par changer soi même.

Nora Dåsnes dresse les différentes étapes du combat d’une jeune fille colérique qui souhaite faire comprendre que l’urgence climatique est l’affaire de tous. Les rapports sur le climat en vue des différentes réunions sont de belles réussites de vulgarisation, et l’opposition des points de vues autour de la question du parking est l’occasion de montrer que la parole des enfants, même élus, est rarement prise en compte. Une BD qui pousse à réfléchir et donne quelques clés en fin d’ouvrage pour s’engager.

L’avis complet de Lucie.

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Eddie et Noé – Tome 1

Eddie & Noé, Tome 1. Plus chauds que le climat ! de Max de Radiguès & Hugo Piette, Sarbacane, 2023.

Cette BD met en scène Eddie et Noé qui vont sécher les cours pour se rendre aux manifestations pour le climat. Et en profiter pour découvrir l’amour – tout en se sensibilisant au rascisme, à l’homosexualité, aux scarifications et aux difficultés d’un parent solo. L’ambition est belle et les illustrations pleines de vie, mais on peut regretter l’accumulation de thématiques qui noient un peu le lecteur.

Ouaip ! On lâchera rien…

…et on est plus chaud que le climat !

L’avis complet de Lucie, celui d’Hélolitlà.

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Le temps des ogres

Le temps des ogres de Michelle Montmoulineix, Hélium, 2023.

La sécheresse a modifié la surface de la Terre en un immense désert. Les quelques survivants ont perdu toute humanité, les adultes sont devenus des ogres qui dévorent les enfants abandonnés et livrés à eux-mêmes. Dénués de langage et de pensée, ces derniers vivotent en attendant d’être « récoltés »… Lorsque Victoire se mêlent à un groupe de sauvageons, son empathie et sa capacité à instruire les autres enfants en font une menace pour les adultes mais un nouvel espoir pour l’humanité.
Un récit cruel mais porteur d’espoir, entre anticipation et conte, qui place l’éducation comme outil indispensable à la conquête de la liberté !

Les avis complets de Frede, Linda et Lucie.

La musique, composée par un génie d’un autre siècle, évoquait des saisons qu’elle n’avait jamais connues. Les instruments de l’orchestre emplissaient ses oreilles de chants d’oiseaux et de bourdonnements d’insectes disparus, évoquaient des printemps et des étés vert et bleu enluminés par le tracé argenté de rivières étincelantes. Ils faisaient palpiter ses narines du parfum sucré de haies fleuries. Puis les violons gémissaient et bramaient, et Victoire sonnait comme on frissonnait jadis par les soirées d’automne.

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La gardienne de la forêt

La gardienne de la forêt de Nathalie Bernard, Thierry Magnier, 2023.

En Amazonie, le frère de Diana vient d’être abattu par des bûcherons illégaux. La jeune fille décide de reprendre son rôle de « gardien de la forêt », pour tenter de sauver ces arbres qui font partie de son quotidien, mais sont aussi le « poumon de la planète ». Mais que peut-on faire à 13 ans face à ces pilleurs organisés ? Un ouvrage immersif, actuel et brûlant sur un sujet très actuel, autour de la question de la déforestation et de la destruction de la forêt amazonienne.

Elle avait adoré déchiffrer les lettres et lire les phrases jusqu’à ce qu’elles forment des images dans son esprit. Elle avait aimé découvrir des histoires passionnantes dans les livres et avait pris goût à l’écriture.

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Avez-vous lu certains de ces livres ? Avez-vous envie de les découvrir ? Nous vous invitons à guetter les lauréats de chaque catégorie sur le site my.unicef.fr qui seront annoncés le 5 juin prochain. Nous les partagerons sur notre page facebook.

Nos Coups de cœur de Février

Si Février est le mois le plus court de l’année, ce n’est pas par un nombre moins important de lectures, et ce ne sont pas les quelques journées presque printanières qui nous aurons tirées de sous nos plaids. Entre lectures personnelles, lectures communes et préparation du Prix ALODGA, nous avons eu de quoi faire de belles découvertes. C’est avec toujours beaucoup de plaisir que nous vous présentons nos derniers coups de cœur !

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Pour Linda, les lectures jeunesse n’ayant pas été si nombreuses, le choix a été assez simple. C’est en effet le dernier titre d‘Élise Fontenaille qui l’aura faite vibrer d’émotions. Un récit poignant, inspiré de faits réels, qui dénonce le poids des contraintes administratives et le manque de respect de l’homme, de l’animal ou de la terre dans le travail des éleveurs, condamnés à suivre un modèle de production unique élaboré par des bureaucrates qui ne connaissent rien aux métiers de l’agriculture.
Le texte écrit d’une plume sensible amène une réflexion sur le bien-être animal en interrogeant les modes de productivités modernes qui visent davantage la quantité que la qualité.

Julien de La Révolte d’Élise Fontenaille, Rouergue (doado), 2025.

Son avis complet est ICI.

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Lucie a au contraire – et encore une fois – été éblouie par de nombreux titres proposés par les arbronautes. Pas de doute, la sélection du prix ALODGA va être de haute volée ! Le choix s’est fait difficilement, avec l’idée de mettre en lumière des titres exigeants qui osent aborder des sujets ardus.

Tout d’abord, le très beau A la poursuite des animaux arc-en-ciel de Sarah Ann Juckes. Derrière cette couverture tout en ombres et lumières se cache l’histoire de Nora, petite fille volontaire qui vit avec un lourd secret, la dépression de sa mère. Alors qu’elle se convainc depuis des mois qu’elle va très bien, des animaux arc-en-ciel surgissent dans son quotidien et la poussent à aller vers les autres. Et à accepter de l’aide. Ce roman met la maladie mentale à portée des enfants, explique et déculpabilise de manière magistrale. C’est intelligent, touchant, et très fort. Une réussite à tous points de vue.

A la poursuite des animaux arc-en-ciel, Sarah Ann Juckes, illustrations de Sharon King-Chai, Little Urban, 2024.

Son avis complet ICI.

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Ensuite le glaçant Caillou de Thierry Dedieu qui commence et se termine par cette phrase : « Les hommes sans mémoire n’ont pas d’avenir« . Et c’est avec son talent habituel (s’habitue-t-on jamais à un tel talent ?) que l’auteur illustre cette maxime. Couleurs tranchées, texte sans concession, fin suspendue. Thierry Dedieu assume ses choix et va courageusement au bout de ses idées. La bêtise humaine est exposée dans ce qu’elle a de plus intolérable et le lecteur est invité à tirer ses propres conclusions. Magistral.

Le caillou, Thierry Dedieu, Seuil jeunesse, 2016.

Son avis complet ICI.

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Pour Liraloin la peur chez le tout-petit est un sujet intéressant et malheureusement il existe bien trop peu d’albums qui le traitent intelligemment ! Quelle joie d’apprendre que le coup de cœur de février est sélectionné dans la catégorie Carrément Beau Mini 2025 du fameux Prix Sorcières. Cet album est aussi en lice dans la catégorie Brindilles du Prix ALODGA 2025.

Un énorme coup de cœur pour cet album qui revisite, avec brio, la peur du soir et du noir ! Ici, la chambre s’ouvre sur d’immenses doubles pages afin que nous soyons immergées dans cette pièce entourée de jouets, de livres… et l’imagination dû à la semi obscurité peut démarrer. Aimer se faire peur ne nous quitte jamais vraiment.

Alors, parents… abandonnez vite Tchoupi a peur du noir ou Petit Ours Brun fait des cauchemars (ces titres sont du hasard mais cependant doivent exister) car cet album est d’une richesse que les yeux de votre enfant peuvent percevoir bien plus loin que vous ne le pensez !

Peurs du soir de Laurie Agusti – la Partie, 2024

Son avis complet ICI et celui de Lucie.

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Comme le dit si bien Lucie, les titres des différentes catégories du Prix ALODGA nous amènent à lire beaucoup et ainsi découvrir des romans exceptionnels c’est le cas de S’arracher de l’auteur Marc Daniau. Pour Liraloin, cette lecture a remué pas mal de sentiments.

L’urgence happe la lectrice et le lecteur, soixante-deux pages où notre regard alterne entre la douleur de Lucas et de l’animale. La lecture est fluide, le rythme est saccadé, calqué sur ce besoin de s’échapper, un besoin vital et nécessaire. Marc Daniau joue avec nos nerfs, notre sensibilité est mise à l’épreuve. Intemporel, ce récit est libérateur malgré l’état d’urgence dans lequel il nous plonge.

S’arracher de Marc Daniau, Rouergue, 2024

Son avis complet ICI, celui de Linda, de Séverine et celui de Lucie.

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En février, Héloïse et ses enfants ont particulièrement apprécié deux albums. Le premier, c’est la suite d’un de leurs chouchous, Chevalier Chouette, qu’ils ne se lassent pas de relire.

Chevalier Chouette et Petite oiselle, c’est la rencontre entre notre chouette préférée, devenue capitaine de la garde, et une oiselle survoltée qui l’admire et rêve de devenir comme lui. Un album qui nous montre qu’il ne fait pas si fier aux a priori, et ne pas fuir face au changement. C’est une chouette histoire d’amitié et de complémentarité, servie par de magnifiques illustrations, et une belle dose d’humour. Craquant !

Chevalier Chouette et Petite Oiselle, de Christopher Denise, ed. Kaleidoscope, Janvier 2025

Sa chronique complète ICI.

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Avec Moi j’aime (pas) les livres, c’est le rapport à la lecture et l’appétence que Mariajo Ilustrajo, l’autrice de Débordés, met en avant. Helolitla avait repéré cet album pour son titre et son autrice, et elle n’a pas été déçue du voyage.

L’héroïne, c’est une petite fille qui n’aime pas lire, mais qui doit le faire : c’est son devoir du week-end. Sa mère l’emmène donc à la bibliothèque, mais devant les rayonnages, l’enfant reste sceptique. Jusqu’à ce que sa mère lui conseille LE livre qu’elle avait adoré à son âge. Pas motivée, elle le commence… et vous devinez la suite, a bien du mal à le lâcher !

Un très bel album qui évoque avec humour et en couleur la magie des livres, leur pouvoir d’évasion, ainsi que la transmission. C’est beau, c’est doux, bref, on ne peut que valider !

Moi, j’aime (pas) les livres, de Mariajo Ilustrajo, Ed. Glenat jeunesse, septembre 2024

Sa chronique ICI.

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Ce mois-ci, ce sont deux albums pour tout-petits que Colette a envie de vous présenter. Touché est un imagier qui vous intriguera dès sa couverture, soyez-en sûr.e.s ! On y perçoit deux mains en relief aux paumes tournées vers le ciel. Et puis au fil des pages, on retrouvera ces deux mains qui caressent une feuille, se glissent derrière un rideau que la brise soulève, déchirent l’emballage d’un biscuit, recueillent quelques gouttes de pluie, tracent un tait dans la poussière , s’enfoncent dans la chantilly qui décore une part de gâteau… Un imagier de sensations s’ouvre avec cet album au graphisme épuré, tout en noir et blanc, qui donne le monde à voir autrement, dans son humble simplicité, dans son incroyable diversité.

Touché, Woshibai, (Les Grandes Personnes), septembre 2024.

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Grain de chagrin a quelques point communs avec l’album précédent : une couverture en creux, un graphisme épurée, une simplicité assumée, une poésie ordinaire. Il y est question des larmes, et des sensations que les larmes nous font. Martine Perrin, comme à son habitude, joue avec la page, avec ce qu’elle cache, avec ce qu’elle révèle. Grâce à un jeu de découpe, la larme prend corps à chaque double-page, et on découvre à travers le trou dans la page le détail d’une image qui se révèle en entier quand on déplie la double-page de droite. Ingénieuse simplicité qui permet de mettre des mots doux sur l’amertume de nos chagrins, petits ou grands, et de les envisager en couleurs.

Grain de chagrin, Martine Perrin, Seuil Jeunesse, 2021.

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En février, Séverine a beaucoup lu. Des romans adultes, de la poésie, et aussi, comme toute passionnée qui se respecte, énormément de littérature jeunesse : romans, romans ados, poésie, encore, albums, documentaires…La plupart des titres ont été des coups de cœur, mais il y en a 2 qui se démarquent.
Le premier vient d’être nominé pour le Prix Sorcières, catégorie fiction. Original par sa forme, puisqu’il s’agit d’un album épistolaire, il est d’une puissance rare pour dire, parfois même à la simple force d’une illustration sans texte, les liens qui se brisent, se distendent ou se renforcent, au sein d’une famille bouleversée par l’incarcération longue durée du père. Il y est question d’incompréhension, de culpabilité, de rêves d’enfant, de la vie qui continue avec ses joies et ses peines, du temps qui fait son œuvre pour panser les blessures, de pardon…il est si riche ! Tout en émotion retenue ( quoique Séverine n’ait pas retenu la sienne longtemps…), d’une tendresse et d’une sensibilité qui font mouche, sur un sujet rare en littérature jeunesse, Séverine est d’avis que cet album, du duo surdoué Germano Zullo et Albertine, fera date…

Tous les bateaux ne prennent pas la mer, de Germano Zullo, illustré par Albertine Zullo, La joie de lire, 2024

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Le deuxième signe le retour à la littérature jeunesse de Marcus Malte, qui est décidément selon Séverine un grand écrivain, avec un court roman destiné aux jeunes adolescent.e.s. Il raconte trois siècles d’Histoire à travers les yeux, les émotions et les souvenirs d’un… bonhomme de neige ! Le héros de cette fable initiatique naît, meurt et renaît en différents lieux, à différentes époques, il est le témoin des faiblesses humaines, des guerres et des catastrophes nées de l’action (auto)destructrice de l’Homme. Mais ses nombreuses vies lui permettent aussi de connaître de grands bonheurs : avoir une famille, apporter de la joie et du réconfort, ressentir de l’empathie, s’émerveiller de la beauté de la nature, l’amour, l’amitié…La rencontre avec un certain Jack L. et son chien Buck, ainsi que le clin d’œil à un précédent roman de l’auteur ont particulièrement plu à Séverine qui ne sait, finalement, si elle a préféré la poésie, le réalisme magique, l’intelligence ou la sensibilité de ce texte. À la fois manifeste écologique, pacifiste, humaniste, ce roman philosophique s’il en est, ne manque ni de finesse, ni d’émotion, ni d’humour pour transmettre un message essentiel sur l’être l’humain et son environnement : attention, fragile !

Le dernier hiver, de Marcus Malte, éditions du Rouergue jeunesse, 2025.

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Blandine ne vous présente pas un titre, mais une collection. Celle des Grandes Vies chez Gallimard Jeunesse. Des albums au format quasiment carré, intimistes, couverture toilée à médaillon, ornée d’éléments distincts concernant la personnalité mise en avant. Les auteurs et illustrateurs diffèrent à chaque opus, variant les approches et contenus.

Le texte et les illustrations se répondent et se complètent pour nous présenter un parcours de vie ayant œuvré dans le sport, la science, la justice, etc. Chacun se termine par une chronologie et une petite annexe, fort intéressante, et qui donne envie de prolonger la découverte !

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Héloïse – ileautresor a eu un coup de cœur pour un bel album aux couleurs polaires de l’autrice néerlandaise Marieke Ten Berge.

La passion du Grand Nord se ressent dans ce délicieux récit sur Rana, une petite renarde arctique. À la fin de l’été, le froid est glacial. Rana aime écouter les histoires de sa maman. Celle-ci évoque la longue nuit polaire, la Grande Ourse et les neiges éternelles.
Rana suit les empreintes d’un ours blanc. Mais il est difficile de retrouver son chemin. Le vent est glacé. La neige recouvre tout… Epuisée, Rana s’enroule dans son épaisse fourrure blanche. Soudain, elle sursaute : un ours polaire surgit… Grâce à son aide, elle se remémore un récit de sa maman : les renards arctiques peuvent donner naissance à une aurore boréale ! Désormais, en suivant la lumière, Rana retrouve son chemin… et sa maman ! Une merveilleuse histoire composée de magnifiques paysages.

Rana ou la légende des aurores boréales, de Marieke Ten Berge, Rue du Monde, 2024.

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Connaissez-vous certains de ces titres ? Quels sont vos derniers coups de cœur ?

Nos Coups de Cœur de Janvier

L’hiver est bien installé, saison propice à la lecture au coin de la cheminée et/ou sous un plaid. Nous vous présentons nos meilleurs lectures de ce premier mois de l’année 2025.

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Pour Linda, de nombreuses lectures sont venues enrichir son début d’année mais deux titres se démarquent clairement du lot.

Tout d’abord, la bande dessinée de Gaëlle Geniller dont l’ambiance onirique amène une réflexion pertinente sur le temps qui passe et sur ce qu’il nous reste de l’enfance. Les personnages sont attachants, le mystère, emprunt de spiritisme, est parfaitement maitrisé par ce jeu du temps rythmé par le tic tac de l’horloge et les insomnies de son héros !

Minuit Passé de Gaëlle Geniller, Delcourt/Mirages, 2024.

Son avis complet est ICI.

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Et puis il y a eu le dernier roman d’Annelise Heurtier avec lequel elle confirme un peu plus son habileté à écrire des récits historiques qui dénoncent ce que l’homme peut faire de pire. Inspiré de l’histoire vraie des couvents de la Madeleine, ce très beau texte livre un récit profondément engagé, porteur d’un message féministe emprunt d’un bel élan de sororité.
Destiné à un public adolescent, le récit aborde ce sujet grave avec une certaine pudeur, l’autrice ne cherchant pas à choquer mais à sensibiliser, et elle y parvient magnifiquement.

Entre leurs mains d’Annelise Heurtier, Casterman, 2025.

Son avis complet est ICI.

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Comme Linda, lancée dans la préparation du prix ALODGA, Lucie a eu la chance de découvrir beaucoup de très beaux titres suggérés par ses copinautes ce mois-ci. Difficile de faire un choix, mais deux albums coups de cœur se détachent pourtant par leur originalité ou leur propos.

Jeanjambe et le mystère des profondeurs est une bande dessinée totalement atypique. D’abord parce qu’elle est pratiquement muette, ensuite parce qu’elle est en 3 dimensions. Le lecteur y suit le voyage de Jeanjambe, drôle de personnage mi lapin mi bonhomme bâton, dans son exploration sous-terraine à la suite d’un mystérieux fil. Lunettes bicolores sur le nez, nous voici plongés dans l’univers minéral aussi beau que poétique composé par Matthias Picard. Nul doute que cette aventure aux multiples références saura séduire petits et grands !

Jeanjambe et le mystère des profondeurs, Matthias Picard, Éditions 2042, 2024.

Son avis complet ICI et celui de Linda .

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Si elle reconnaît volontiers perdre toute objectivité quand il s’agit des albums d’Olivier Jeffers, Lucie est tombée en admiration devant Notre histoire : comment nous en sommes arrivés là, et où nous pourrions aller. Parce que sous couvert de raconter l’histoire de l’humanité, l’auteur-illustrateur d’origine irlandaise nous propose de la retrouver. En montrant l’inepsie de nos frontières et de l’opposition « eux »/ »nous », il invite ses lecteurs à prendre du recul et à proposer une nouvelle histoire, tournée vers l’autre. Un beau projet on ne peut plus d’actualité pour 2025.

Notre histoire, Olivier Jeffers, Kaléidoscope, 2024.

Son avis complet ICI.

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Pour Liraloin, un album se démarque pour ce rituel billet coup de cœur, il s’agit de Quand je garde le silence de Zornitsa Hristova & illustré par Kiril Zlatkov, traduit par Marie Vrinat-Nikolov.

« Les mots ne contiennent pas le rêve des autres que tu t’efforces d’entendre ». Peut-on toujours tout verbaliser lorsque les sentiments les plus grands envahissent un cœur ? Les mots ne sont pas suffisants et le silence exprime sans doute beaucoup de choses qui n’arrivent pas à sortir de soi. Alors oui, les mots aident et grâce à eux nous ne sommes jamais tout à fait perdus et pourtant leurs présences ne riment pas avec le silence.

Cet album est une poésie bouleversante car elle offre aux jeunes lecteurs des moments de tendresse et d’interrogation à la fois. Les illustrations en noir et blanc sont tout en finesse et complètent la richesse de ce poème qui voyagera longtemps dans son p’tit cœur de lectrice-rêveuse.

Quand je garde le silence de Zornitsa Hristova & illustré par Kiril Zlatkov, traduit par Marie Vrinat-Nikolov – Six citrons acides, collection : Around the langue, 2024 – publié pour la première fois en 2014 en Bulgarie, 2024

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Pour Séverine, le coup de cœur jeunesse de janvier, c’est Un jardin pour Maman / Dédée, paru chez les bien-aimées Editions du pourquoi pas ?, dont la ligne engagée et citoyenne la séduit chaque année un peu plus. Quatrième de leur collection Faire humanité, il aborde en douceur deux thèmes plutôt rares en littérature jeunesse, avec le juste ton, entre réalisme et délicatesse, en mots choisis, où simplicité et poésie ne sont pas antinomiques, pour sensibiliser les enfants sur des sujets graves, sans toutefois les noyer sous le sceau du pessimisme. Son format original, marque l’identité de la collection -deux textes en vis-à-vis, qui se font face, très joliment illustrés, une page centrale magnifique comme un pont entre deux rives -apporte fraîcheur et fantaisie, ingrédients essentiels de la littérature à destination du jeune lectorat. Dans les deux histoires qu’il raconte, les âmes blessées par la violence des hommes ou la société qui broie, parfois même complices, trouvent refuge et joie dans les fleurs, belles métaphores de résilience, en bleu et blanc, bleu comme confiance, blanc comme paix, ça ne peut que la toucher… Enfin, dans ces belles histoires teintées de sombre, mais qui finissent bien, en lumière et en humanité, elle y a retrouvé beaucoup de son amie Claire Beuve, l’autrice, dont c’est le premier roman.

Dédée/Un jardin pour Maman, Claire Beuve, illustré par Tildé Barbey, Editions du pourquoi pas ?, Collection Faire humanité, 2025

Sa chronique complète ICI.

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En ce mois de janvier, Héloïse – Helolitla a vibré pour le premier tome du Royaume des géants, de Dana B. Chalys. Un mélange de fantasy et de science-fiction, un monde futuriste dans lequel les terres sont en grande partie recouvertes par les eaux. Safh, qui a grandi bercée par les légendes de dragons de sa grand-mère, ne rêve que d’une chose : explorer les nuages. Pour ce faire, elle se rend à la grande ville, espérant y dénicher la personne qui pourrait l’aider à « arranger » sa Pami – son hoverboard – afin qu’elle vole plus haut. Mais un étrange nuage s’approche de la ville…

Enquête, aventure et magie sont au cœur de ce roman addictif qui a conquis Héloïse. Elle a aussi apprécié la richesse et la diversité des personnages, le mélange entre technologie, écologie et légendes, et les messages de tolérance et de partage sous-jacents.

Le royaume des géants, tome 1 : Le secret des nuages, de Dana B. Chalys, Ed. Gulf Stream. Octobre 2024.

Sa chronique détaillée ICI.

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Côté album, elle a craqué pour Lady Papa, et sa couverture si flashy.

Un enfant grandit au côté de son papa drag queen. Le matin, ce dernier porte un jean pour l’accompagner à l’école, mais le soir, de retour de l’école, sous les yeux ébahis et admiratifs de son enfants, il se transforme à l’aide de pinceau, de maquillages et de robes sublimes.
Lady Papa est un album d’Émilie Chazerand plein d’humour et de tendresse, aux couleurs chatoyantes et vibrantes, qui aborde un thème peu représenté en littérature jeunesse. Tolérance, amitié et positivité sont mis en avant, pour mieux faire fondre le lecteur devant la belle relation qui unit cet enfant et son père.
Solaire, virevoltant, profondément humain et bienveillant, Lady Papa est parfait pour déconstruire préjugés et stéréotypes !

Lady Papa, d’Émilie Chazerand, illustré par Diglee, La ville brûle, Aout 2024

Sa chronique ICI.

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Blandine a craqué pour l’album de Philippe Jalbert (un auteur qu’elle affectionne particulièrement) Il était une fois Une souris verte… lu avec sa nièce.

Il était une fois Une souris verte… Philippe JALBERT. Seuil Jeunesse, février 2023

Est-ce une histoire, la comptine… Dès le départ, on se questionne et Philippe Jalbert entend bien entretenir la confusion des genres en mélangeant aux paroles des éléments incongrus… Bien sûr, il est de bon ton de d’abord connaître la chanson pour bien se régaler des petites et même grosses incartades de l’auteur, qui nous régale également avec son trait !

Un album vraiment drôle !

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Et vous, quelles lectures vous ont fait vibrer en ce mois de janvier ?

Lecture commune : Le tour du monde des contes, Gilles Bizouerne & Fabienne Morel

Linda et Lucie sont passionnées par les contes traditionnels, leurs réécritures et leurs adaptations. Ce recueil des éditions Syros ne pouvait qu’attirer leur attention ! Comme son titre l’annonce en partie, il présente quatre contes célèbres et en propose des versions d’autres pays. De quoi ouvrir leurs horizons et alimenter une discussion…

Le tour du monde des contes de Gilles Bizouerne & Fabienne Morel, Syros, 2024.

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Lucie : Nous avons toutes deux été attirées par ce titre dans le catalogue des éditions Syros, pourquoi il t’a intéressée ?

Linda : J’aime beaucoup redécouvrir les contes au travers des réécritures, c’est d’ailleurs un thème plutôt en vogue (je pense par exemple à Flore Vesco et ses divers réécritures), et l’idée de découvrir des contes traditionnels dans des versions étrangères me plaisait bien. Je me suis d’ailleurs amusée en cherchant les similitudes entre les différentes versions d’un même conte.

Lucie : Connaissais-tu les quatre « grands contes » dont les auteurs présentent différentes versions ?

Linda : Je ne connaissais pas très bien les musiciens de Brême et finalement, pas trop non plus le Tom Pouce alors que j’étais persuadée l’avoir déjà lu. Et je me suis aussi rendue compte en lisant Les trois petits cochons que je me souvenais plutôt mal de la fin. Je crois que j’en avais une idée erronée à cause du court métrage de Walt Disney (1933) que j’ai beaucoup vu avec les enfants et qui propose un final moins sombre, forcément, avec notamment le méchant qui est puni et les cochons qui survivent.

Lucie : Il est vrai que Walt Disney s’est beaucoup inspiré des contes traditionnels européens et en a modifié notre perception. Mais j’avoue adorer cette version…

Linda : Je suis aussi une grande fan.

Lucie : Revenons à ce recueil, quel corpus t’a le plus intéressée ?

Linda : Le lièvre et la tortue ! Mais c’est aussi parce que j’ai un faible pour cette histoire que je trouve moins violente. Ici c’est la ruse qui est mise en avant. J’ai d’ailleurs particulièrement aimé la version bretonne Le renard et l’escargot dans lequel c’est l’escargot qui se montre rusé alors qu’on a plutôt l’habitude que ce soit le goupil.

Lucie : J’ai beaucoup aimé ce corpus aussi. D’autant que pour moi Le lièvre et la tortue était une Fable et pas un conte, cette lecture est très enrichissante tant sur le fond que sur la forme.

Linda : C’est pour ça que l’histoire est moins violente… 

Lucie : Ma version préférée est celle avec les taupes. Je l’ai trouvée franchement géniale !

Linda : C’est probablement la plus drôle aussi.

Lucie : En revanche, j’ai parfois peiné à voir les liens entre les différents contes proposés, surtout dans ceux qui sont associés aux Musiciens de Brême.

Linda : C’est vrai qu’il m’a parfois fallu une deuxième lecture pour faire des liens. La version chinoise de ce conte est assez particulière. Et j’ai de fait apprécié les explications qu’on trouve dans le dossier de fin d’ouvrage. Je me suis d’ailleurs demandée s’il n’était pas plus difficile pour nous de faire du lien avec certains textes justement parce qu’ils s’éloignent davantage de notre culture et nos représentations. Je ne sais pas si c’est pareil pour toi mais j’ai surtout eu du mal à faire le lien avec les versions venues d’Asie, voire parfois même d’Europe de l’est.

Lucie : Tu as raison, les cultures sont si différentes que les écarts de thèmes sautent plus facilement aux yeux. Mais pour ma part j’avais eu l’occasion de lire la version roumaine de Tom Pouce, Neghiniţă présente dans le recueil Hadji Tudose de Barbu Delarancea traduit par Gabrielle Danoux. Et comme cette lecture était plus récente que celle du conte original je n’ai pas été trop perdue !

Lucie : Comme tu le disais précédemment, j’ai moi aussi beaucoup apprécié les explications en annexe du recueil, et notamment l’utilisation des codes de classification des contes qui explicitent les liens qui ne sautent pas forcément aux yeux à la première lecture. Connaissais-tu cette classification ?

Linda : Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris cette histoire de code (les T quelque chose) mais les informations sont, elles, bien claires et aident bien à la compréhension et à faire du lien entre chaque texte.

Lucie : Il s’agit de la classification des contes Aarne-Thompson-Uther dont parle aussi Lou Lubie dans son excellent Et à la fin ils meurent. Elle aborde y aussi les adaptations de Disney de manière assez amusante.

Linda : Entre le conte de Bardu Delarencea et ce livre de Lou Lubie, j’ai des références à ajouter à mon catalogue de livres à lire !

Et à la fin ils meurent de Lou Lubie, Delcourt, 2021.

Lucie : Qu’as-tu pensé des illustrations ?

Linda : J’ai aimé que chaque histoire ait un.e illustrateur.ice attitré.e car je trouve que cela crée une forme de cohésion entre chaque texte du corpus et renforce l’unité.

Lucie : Je suis d’accord avec toi, j’ai bien aimé cette unité visuelle malgré les variations des histoires.

Lucie : Tout en discutant avec toi je feuillette le livre et je suis tombée sur la dernière page qui liste les autres titres de la collection. Je suis curieuse : est-ce que l’un d’entre eux t’attire particulièrement ?

Linda : Les Belles très certainement… Je suis une fan inconditionnelle de La Belle et la Bête donc en lire d’autres versions me plairait bien, d’autant qu’elles sont annoncées “incroyables”. Et toi ?

Lucie : Moi aussi je suis très très fan de La Belle et la Bête (je me suis d’ailleurs offert la magnifique version illustrée par MinaLima) et le recueil des Belles me tente bien. Je me dis que les princesses ont peut-être plus d’espace et de caractère à exprimer que dans les adaptations qui en ont été faites. Même si on remarque une tendance aux personnages féminin plus affirmés depuis les années 2000.

Le tour du monde d’un conte, Les Belles, Fabienne Morel et Gilles Bizouerne, Syros, 2021.

Lucie : Concluons avec la question rituelle : à qui recommanderais-tu cette lecture ?

Linda : Aux amateurs de contes d’abord. Ensuite, peut-être aux enseignants (je crois me souvenir qu’il y a une séquence sur le conte en 6ème) : pour mettre en avant des textes du monde de la même manière qu’on le fait avec les textes fondateurs. Après je pense que si les histoires en elles-même peuvent plaire aux enfants (pas trop jeunes quand même), cela reste un livre qui parlera aussi aux adultes, justement parce qu’il met en avant des explications assez complexes.

Lucie : Je me dis que les enfants peuvent certainement apprécier ces contes sans en chercher les liens (peut-être les feront-ils seuls d’ailleurs, ils sont souvent étonnants à ce niveau-là). Mais en tant que recueil, effectivement les fans de contes et les enseignants semblent les plus à même d’exploiter la richesse des liens entre ces histoires.

Linda : Je trouve les contes trop souvent violents et effrayants pour être lus aux enfants. Certains donnent aussi un regard assez négatif sur certains personnages tel le loup pour n’en citer qu’un et c’est aussi pour ça que j’ai du mal à le recommander aux jeunes lecteurs.

Lucie : Dans ce recueil je n’ai pas été gênée par la violence, peut-être parce qu’il me semble qu’un certain nombre de versions originales abordent de toute manière des sujets très difficiles tels que l’abandon d’enfants, les meurtres, la manipulation… Il faut peut-être simplement mettre en garde les lecteurs et les inviter à choisir les contes les plus appropriés à l’âge de leurs auditeurs ?

Linda : Oui sans doute. Et puis, dans le cadre familial, je pense que chaque parent est capable de savoir ce qu’il peut lire à son enfant. Chacun a un seuil de tolérance propre, certains enfants ne voient pas forcément l’horreur comme une peur, ils la surmontent dès la page tournée… 

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Avez-vous envie de découvrir ce Tour du monde des contes ? Connaissez-vous des versions étonnantes ou peu connues de contes ? Lequel préférez-vous ?

La Grande Guerre – Devoir de mémoire

Signé le 11 novembre 1918 au matin, l’Armistice met fin aux combats de la Première Guerre Mondiale et reconnaît la victoire des Alliés et la défaite de l’Allemagne.
En ce lundi 11 novembre 2024, nous vous proposons une sélection de livres qui racontent la Grande Guerre et rendent son histoire compréhensible par tous.

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Un très bel album pour raconter la guerre à travers les yeux d’une enfant qui voit son frère partir dès août 1944. Envoyé à Verdun, il lui fait parvenir des lettres qui permettent de découvrir la (sur)vie sur place. Pendant ce temps au village, les familles endeuillées se multiplient et la petite Lulu assiste désemparée au chagrin de ces ami.es et voisins, gardant l’espoir de voir revenir son frère vivant. Touchant dans son propos, l’histoire aborde des thèmes centraux de cette Grande Guerre : la couleur de l’uniforme, les tranchées et le manque d’hygiène, les Poilus, les traumatismes et autres séquelles physiques…

Lulu et la grande guerre de Fabian Grégoire, l’école des loisirs collection Archimède, 2005.

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En débloquant un tiroir secret d’un bureau qu’il restaure, le narrateur découvre une boîte contenant une lettre adressée à une certaine Mrs Jim Macpherson. Curieux il se met à lire cette correspondance dans laquelle un mari raconte à son épouse les événements incroyables de cette nuit hors du temps, de cette matinée glaciale au cours de laquelle des soldats des deux camps levèrent le drapeau blanc pour partager leur repas de Noël, jouer au foot, rire et oublier, le temps d’une nuit, la folie des combats, l’éloignement des familles, la mort d’un frère, d’un ami, la fatigue harassante de combats qu’on leur avait promis brefs.

Michael Morpurgo déploie son talent de conteur pour mettre en scène cette histoire de fraternité universelle et en fait un souvenir intemporel auquel Michael Foreman donne vie dans des illustrations de toute beauté. Ces cieux nocturnes aux couleurs froides sont teintés par la chaleur du levant, seul témoin de la fraternité de ces soldats, qui le temps d’une nuit sont redevenus simplement des hommes. Au-delà de la lettre, l’auteur pare son récit des valeurs de Noël en faisant de son narrateur le porteur d’une surprise à une vieille femme qui croyait avoir perdu pour toujours cet homme chéri, lui apportant par-là même, le repos de l’âme avant son dernier voyage. Tout simplement magnifique !

La trêve de Noël de Michael Morgurgo & Michael Foreman, Gallimard jeunesse, 2018.

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Un album pour dire l’absurdité de la guerre, c’est ainsi que Petit Soldat se définit.
Glorifié pour avoir fait prisonniers plusieurs soldats ennemis, Pierre va ensuite être puni, condamné pour l’exemple, alors qu’il rejoint son campement déserté deux jours plus tôt. Le texte de peu de mots suffit à montrer l’horreur de sa situation et à toucher. L’album séduit par son originalité graphique, les auteurs ont reconstruit et photographié chaque scène avec des soldats de plomb rendant l’expérience encore plus poignante de réalisme.

Petit soldat de Pierre-Jacques Ober & Jules Ober, Seuil, 2018.

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La Première Guerre Mondiale s’est déroulée il y a plus d’un siècle, et pourtant elle est toujours là, parmi nous, avec nous. Tous les jours, Elle se rappelle à nous : par ses monuments aux Morts, par un jour Férié, par une photo familiale, par des Archives, par un film, par des objets, et bien sûr, par les livres. Ceux écrits alors. Ceux écrits aujourd’hui. Car la Grande Guerre n’a de cesse de résonner.

A partir d’objets d’époque, d’avant la guerre et pendant le conflit, les auteurs ont imaginé une histoire. Une histoire certes fictive, mais qui en regroupe tant d’autres, des vraies. Ces objets sont des poupées, des jeux d’enfants, des cartes, des affiches, un coupe-papier, des petits soldats, une lanterne, une gamelle, des photos. Des objets ordinaires, du quotidien, devenus extraordinaires, lourds d’histoires, et désormais porteurs du devoir de mémoire.

Un album fort en émotions qui nous fait traverser tout le conflit par une approche belle, originale, intime et émouvante.

La guerre en mille morceaux ou le musée du soldat Machin. Texte d’Alain SERRES et illustrations de Zaü. Editions Rue du Monde, novembre 2018

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Joey, un jeune cheval élevé dans une ferme en Angleterre, a été vendu à l’armée. Passer du travail de cheval de ferme à celui de cheval de guerre n’aurait sans doute pas été si facile si son nouveau maître n’avait pas été aussi bon qu’Albert, le fils du fermier, qui prenait soin de lui tel un ami. C’est au travers de ces yeux que l’histoire nous est présentée, proposant un point de vue très intéressant et original qui permet de ne se positionner dans aucun camp

Ces mêmes visages gris regardant de dessous la casque, je les avais déjà vus quelque part. La seule différence, c’était les uniformes: aujourd’hui, ils étaient gris avec un liserés rouge et les casques n’étaient plus ronds et à larges bords.

Les horreurs de la guerre sont aussi dures et bouleversantes dans les yeux d’un cheval que dans ceux de l’Homme et ce n’est que grâce à l’amitié de Topthorn, un magnifique pur-sang noir, que Joey traverse les épreuves de la guerre avec force et courage, survivant à bien de cruelles situations. Leur quotidien est fait de durs labeurs, de peur, de faim, de saleté, de blessures et de maladie, seul le soutien qu’ils s’apportent l’un l’autre le maintient en vie. Mais comme les Hommes, les chevaux garderont des blessures de l’âme et se trouveront à jamais changés par les horreurs de ces sombres années.

Cheval de guerre, Michael Morpurgo, Folio junior, 2018.

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30 Juillet 1914, Adèle va sur ses quatorze ans. Elle est la troisième d’une famille de quatre enfants, et la seule fille. La Première guerre mondiale est imminente et Adèle ressent le besoin de se confier à quelqu’un. C’est comme ça qu’elle décide de commencer à écrire un journal. Roman épistolaire sur fond de première guerre mondiale, on suit Adèle et sa famille, ses amis, et les habitants de son village, Crécy en Bourgogne, pendant les quatre longues années que durera la guerre. Au travers de cette jeune fille, Paule du Bouchet relate la vie de ceux qui n’étaient pas sur le front, les femmes en premier lieu, mais également les enfants et les vieillards, leur quotidien et l’attente douloureuse des nouvelles…

 Comme elles sont douloureuses, ces séparations! Douloureuses au point de maudire ces permissions tant désirées… 

Le journal d’Adèle de Paule Du Bouchet, folio junior, 2017.

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Saviez-vous que c’est dans le contexte de la Première guerre mondiale que démarre l’histoire de l’ourse ayant inspiré le célèbre Winnie l’ourson ?

Achetée par le lieutenant Harry Colebourn alors que son régiment était en route pour l’Europe, la petite Winnipeg a été mascotte de son régiment de cavalerie canadienne avant d’être confiée au zoo de Londres lors de la dernière escale des soldats avant de rejoindre la France. C’est au zoo elle fera la rencontre de Christopher, fils d’A.A.Milne qui décidera d’écrire leurs aventures. Mais il y a fort à parier que sans l’attachement qui liait l’oursonne à son maître, jamais des enfants n’auraient pu entrer dans sa cage. Et Winnie l’ourson : Histoire d’un ours-comme-ça (certes moins connu que l’adaptation qu’en ont fait les studios Disney) n’aurait pas été écrit.

Winnie et la grande guerre, Lindsay Mattick et Josh Greenhut, L’école des loisirs, 2020.

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Une nuit. Une nuit pour évoquer l’enfance. Une nuit pour raconter les horreurs de la première Guerre Mondiale. Une nuit pour passer définitivement à l’âge adulte. À travers le récit de Tommo, Michael Morpurgo déploie tout son talent de conteur pour partager ses valeurs humanistes. La famille Peaceful, malgré un nom de bonne augure, aura son lot de tragédies et de difficultés. Mais elle saura rester unie, protégée par une mère aimante et attentive.

C’est par le récit de cette enfance dans la campagne anglaise que Morpurgo ferre son lecteur. Et il ne le lâchera plus. Contraint et forcé, conscient du drame inévitable, il suivra les frères Peaceful sur le front, dans les tranchées. En quelques pages, le froid, la peur, la fatigue, les rats, la vermine, tout est dit. La bêtise humaine aussi, le danger le plus mortel de tous. Un grand roman sur la guerre, motif récurent dans l’œuvre de Morpurgo, à poursuivre avec le film Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick.

Soldat Peaceful, Michael Morpurgo, Gallimard jeunesse, 2018.

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La Grande guerre comme source d’une violence qui va emporter toute une famille sur plusieurs générations. C’est la vision que propose Anne-Laure Bondoux dans Nous traverserons des orages. Les hommes y subissent la violence des combats, le traumatisme de la mort et la rapportent dans leur foyer.

Il y a quelque chose de désespérant à lire ces destins fracassés par l’Histoire. Le sentiment que le cercle vicieux ne pourra pas s’arrêter. Pourtant, chacun est témoin des erreurs de son père, se jure que l’on ne l’y prendra pas. Et le lecteur d’y croire avec eux, jusqu’au geste fatal. Avec une grande maîtrise, l’auteure oblige ses lecteurs à s’interroger sur la source de cette violence. Se transmet-elle dans les gènes ? Vient-elle du vécu de ces hommes envoyés au front puis confrontés à un quotidien frustrant ? Quelle place pour les femmes dans ce cercle vicieux ? L’autre force de ce récit, c’est que chacun pourra associer l’expérience et les doutes d’un personnage à un père, un grand-père ou un arrière-grand-père.

Nous traverserons des orages, Anne-Laure Bondoux, Gallimard jeunesse, 2023.

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Ce livre est issu du projet de six musées des Vosges qui, en 2014, se sont associés à l’École Supérieure d’Art d’Epinal et aux Éditons du pourquoi pas ? pour créer un parcours d’expositions à l’occasion du centenaire la Grande Guerre. Illustré par Zoé Thouron, ancienne élève de l’École, « La vie encore« , est le texte écrit à cette occasion par Thomas Scotto. Dans chaque musée, un personnage avait été choisi : le musicien, l’enfant, la femme, le peintre et le passant, que l’on retrouve au fil des pages, dans lesquelles c’est la guerre elle-même qui tient le rôle principal. Rien n’est épargné : ni l’horreur des combats, bruits et cris mêlés, ni le sang, les mutilations, ni la peur dans les tranchées, ni les morts, ni la désolation après son passage… Pourtant, et c’est là la grande force de ce texte, la poésie et la délicatesse pour dire l’indicible se faufilent au détour d’une phrase, d’une situation, si bien qu’il ne tombe jamais dans le glauque ou le pathos. Et quand, avec toute la puissance et la magie de ses mots, Thomas Scotto raconte aussi les femmes restées au pays qui endossent des rôles nouveaux, la solidarité entre soldats car la guerre « fabrique des frères« , l’instant de grâce d’une mélodie sur un violoncelle improvisé, la vie qui « résiste au creux des plus petits endroits« , ce n’est pas le désespoir qui nous saisit, mais bien l’espérance de matins nouveaux, où l’on f(s)era décidément, et définitivement, la paix.

La vie encore, Thomas Scotto, Zoé Thouron, Editions du Pourquoi Pas ?, 2014

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Avec ce roman, Hervé Giraud sort ici de ses thématiques habituelles… par la grande porte ! Dans une dualité de temporalité, de ton, d’enjeu, très complémentaires et qui font l’originalité du roman, c’est à la fois la Grande Guerre qu’il raconte, son horreur, son traumatisme, par la voix du soldat Botillon, et un récit initiatique, par la voix de son arrière-petit-fils, passant de l’innocence de l’enfant qui joue à la guéguerre, à la conviction qu’il peut être un messager de paix…Et la petite histoire rejoint la grande. Grandiose !
Comme toujours avec cette auteur, on passe du rire aux larmes le temps de le lire et c’est ce qui fait de ses romans des OLNI (Objets Littéraires Non Identifiés) uniques.
On est tour à tour horrifié.e par les descriptions, du champ de bataille comme des mutilations subies, on est indigné.e par le mépris des états-majors pour la chair à canon, les yeux se mouillent quand on lit l’amour entre le soldat Bottillon et sa dulcinée, quand on observe, comme lui, le cœur battant, dans l’ombre, sa fille qui grandit et devient une star adulée, on est bouleversé.e par la solitude de l’après, pour celui qui, gueule-cassée, ne trouve la sérénité qu’à la nuit tombée. Quant à la révélation finale, elle est complètement renversante. Avec ce roman pacifiste et engagé, Hervé Giraud offre aux jeunes générations un très beau récit, d’une humanité sincère et émouvante, pour un devoir de mémoire plus nécessaire que jamais.
 

Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon, d’Hervé Giraud, Thierry Magnier jeunesse, 2013.

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Et vous, quels titres vous permettent d’aborder cette période dramatique et de toucher du doigt le quotidien des civils comme des soldats en temps de guerre ?