La Grande Guerre – Devoir de mémoire

Signé le 11 novembre 1918 au matin, l’Armistice met fin aux combats de la Première Guerre Mondiale et reconnaît la victoire des Alliés et la défaite de l’Allemagne.
En ce lundi 11 novembre 2024, nous vous proposons une sélection de livres qui racontent la Grande Guerre et rendent son histoire compréhensible par tous.

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Un très bel album pour raconter la guerre à travers les yeux d’une enfant qui voit son frère partir dès août 1944. Envoyé à Verdun, il lui fait parvenir des lettres qui permettent de découvrir la (sur)vie sur place. Pendant ce temps au village, les familles endeuillées se multiplient et la petite Lulu assiste désemparée au chagrin de ces ami.es et voisins, gardant l’espoir de voir revenir son frère vivant. Touchant dans son propos, l’histoire aborde des thèmes centraux de cette Grande Guerre : la couleur de l’uniforme, les tranchées et le manque d’hygiène, les Poilus, les traumatismes et autres séquelles physiques…

Lulu et la grande guerre de Fabian Grégoire, l’école des loisirs collection Archimède, 2005.

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En débloquant un tiroir secret d’un bureau qu’il restaure, le narrateur découvre une boîte contenant une lettre adressée à une certaine Mrs Jim Macpherson. Curieux il se met à lire cette correspondance dans laquelle un mari raconte à son épouse les événements incroyables de cette nuit hors du temps, de cette matinée glaciale au cours de laquelle des soldats des deux camps levèrent le drapeau blanc pour partager leur repas de Noël, jouer au foot, rire et oublier, le temps d’une nuit, la folie des combats, l’éloignement des familles, la mort d’un frère, d’un ami, la fatigue harassante de combats qu’on leur avait promis brefs.

Michael Morpurgo déploie son talent de conteur pour mettre en scène cette histoire de fraternité universelle et en fait un souvenir intemporel auquel Michael Foreman donne vie dans des illustrations de toute beauté. Ces cieux nocturnes aux couleurs froides sont teintés par la chaleur du levant, seul témoin de la fraternité de ces soldats, qui le temps d’une nuit sont redevenus simplement des hommes. Au-delà de la lettre, l’auteur pare son récit des valeurs de Noël en faisant de son narrateur le porteur d’une surprise à une vieille femme qui croyait avoir perdu pour toujours cet homme chéri, lui apportant par-là même, le repos de l’âme avant son dernier voyage. Tout simplement magnifique !

La trêve de Noël de Michael Morgurgo & Michael Foreman, Gallimard jeunesse, 2018.

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Un album pour dire l’absurdité de la guerre, c’est ainsi que Petit Soldat se définit.
Glorifié pour avoir fait prisonniers plusieurs soldats ennemis, Pierre va ensuite être puni, condamné pour l’exemple, alors qu’il rejoint son campement déserté deux jours plus tôt. Le texte de peu de mots suffit à montrer l’horreur de sa situation et à toucher. L’album séduit par son originalité graphique, les auteurs ont reconstruit et photographié chaque scène avec des soldats de plomb rendant l’expérience encore plus poignante de réalisme.

Petit soldat de Pierre-Jacques Ober & Jules Ober, Seuil, 2018.

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La Première Guerre Mondiale s’est déroulée il y a plus d’un siècle, et pourtant elle est toujours là, parmi nous, avec nous. Tous les jours, Elle se rappelle à nous : par ses monuments aux Morts, par un jour Férié, par une photo familiale, par des Archives, par un film, par des objets, et bien sûr, par les livres. Ceux écrits alors. Ceux écrits aujourd’hui. Car la Grande Guerre n’a de cesse de résonner.

A partir d’objets d’époque, d’avant la guerre et pendant le conflit, les auteurs ont imaginé une histoire. Une histoire certes fictive, mais qui en regroupe tant d’autres, des vraies. Ces objets sont des poupées, des jeux d’enfants, des cartes, des affiches, un coupe-papier, des petits soldats, une lanterne, une gamelle, des photos. Des objets ordinaires, du quotidien, devenus extraordinaires, lourds d’histoires, et désormais porteurs du devoir de mémoire.

Un album fort en émotions qui nous fait traverser tout le conflit par une approche belle, originale, intime et émouvante.

La guerre en mille morceaux ou le musée du soldat Machin. Texte d’Alain SERRES et illustrations de Zaü. Editions Rue du Monde, novembre 2018

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Joey, un jeune cheval élevé dans une ferme en Angleterre, a été vendu à l’armée. Passer du travail de cheval de ferme à celui de cheval de guerre n’aurait sans doute pas été si facile si son nouveau maître n’avait pas été aussi bon qu’Albert, le fils du fermier, qui prenait soin de lui tel un ami. C’est au travers de ces yeux que l’histoire nous est présentée, proposant un point de vue très intéressant et original qui permet de ne se positionner dans aucun camp

Ces mêmes visages gris regardant de dessous la casque, je les avais déjà vus quelque part. La seule différence, c’était les uniformes: aujourd’hui, ils étaient gris avec un liserés rouge et les casques n’étaient plus ronds et à larges bords.

Les horreurs de la guerre sont aussi dures et bouleversantes dans les yeux d’un cheval que dans ceux de l’Homme et ce n’est que grâce à l’amitié de Topthorn, un magnifique pur-sang noir, que Joey traverse les épreuves de la guerre avec force et courage, survivant à bien de cruelles situations. Leur quotidien est fait de durs labeurs, de peur, de faim, de saleté, de blessures et de maladie, seul le soutien qu’ils s’apportent l’un l’autre le maintient en vie. Mais comme les Hommes, les chevaux garderont des blessures de l’âme et se trouveront à jamais changés par les horreurs de ces sombres années.

Cheval de guerre, Michael Morpurgo, Folio junior, 2018.

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30 Juillet 1914, Adèle va sur ses quatorze ans. Elle est la troisième d’une famille de quatre enfants, et la seule fille. La Première guerre mondiale est imminente et Adèle ressent le besoin de se confier à quelqu’un. C’est comme ça qu’elle décide de commencer à écrire un journal. Roman épistolaire sur fond de première guerre mondiale, on suit Adèle et sa famille, ses amis, et les habitants de son village, Crécy en Bourgogne, pendant les quatre longues années que durera la guerre. Au travers de cette jeune fille, Paule du Bouchet relate la vie de ceux qui n’étaient pas sur le front, les femmes en premier lieu, mais également les enfants et les vieillards, leur quotidien et l’attente douloureuse des nouvelles…

 Comme elles sont douloureuses, ces séparations! Douloureuses au point de maudire ces permissions tant désirées… 

Le journal d’Adèle de Paule Du Bouchet, folio junior, 2017.

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Saviez-vous que c’est dans le contexte de la Première guerre mondiale que démarre l’histoire de l’ourse ayant inspiré le célèbre Winnie l’ourson ?

Achetée par le lieutenant Harry Colebourn alors que son régiment était en route pour l’Europe, la petite Winnipeg a été mascotte de son régiment de cavalerie canadienne avant d’être confiée au zoo de Londres lors de la dernière escale des soldats avant de rejoindre la France. C’est au zoo elle fera la rencontre de Christopher, fils d’A.A.Milne qui décidera d’écrire leurs aventures. Mais il y a fort à parier que sans l’attachement qui liait l’oursonne à son maître, jamais des enfants n’auraient pu entrer dans sa cage. Et Winnie l’ourson : Histoire d’un ours-comme-ça (certes moins connu que l’adaptation qu’en ont fait les studios Disney) n’aurait pas été écrit.

Winnie et la grande guerre, Lindsay Mattick et Josh Greenhut, L’école des loisirs, 2020.

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Une nuit. Une nuit pour évoquer l’enfance. Une nuit pour raconter les horreurs de la première Guerre Mondiale. Une nuit pour passer définitivement à l’âge adulte. À travers le récit de Tommo, Michael Morpurgo déploie tout son talent de conteur pour partager ses valeurs humanistes. La famille Peaceful, malgré un nom de bonne augure, aura son lot de tragédies et de difficultés. Mais elle saura rester unie, protégée par une mère aimante et attentive.

C’est par le récit de cette enfance dans la campagne anglaise que Morpurgo ferre son lecteur. Et il ne le lâchera plus. Contraint et forcé, conscient du drame inévitable, il suivra les frères Peaceful sur le front, dans les tranchées. En quelques pages, le froid, la peur, la fatigue, les rats, la vermine, tout est dit. La bêtise humaine aussi, le danger le plus mortel de tous. Un grand roman sur la guerre, motif récurent dans l’œuvre de Morpurgo, à poursuivre avec le film Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick.

Soldat Peaceful, Michael Morpurgo, Gallimard jeunesse, 2018.

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La Grande guerre comme source d’une violence qui va emporter toute une famille sur plusieurs générations. C’est la vision que propose Anne-Laure Bondoux dans Nous traverserons des orages. Les hommes y subissent la violence des combats, le traumatisme de la mort et la rapportent dans leur foyer.

Il y a quelque chose de désespérant à lire ces destins fracassés par l’Histoire. Le sentiment que le cercle vicieux ne pourra pas s’arrêter. Pourtant, chacun est témoin des erreurs de son père, se jure que l’on ne l’y prendra pas. Et le lecteur d’y croire avec eux, jusqu’au geste fatal. Avec une grande maîtrise, l’auteure oblige ses lecteurs à s’interroger sur la source de cette violence. Se transmet-elle dans les gènes ? Vient-elle du vécu de ces hommes envoyés au front puis confrontés à un quotidien frustrant ? Quelle place pour les femmes dans ce cercle vicieux ? L’autre force de ce récit, c’est que chacun pourra associer l’expérience et les doutes d’un personnage à un père, un grand-père ou un arrière-grand-père.

Nous traverserons des orages, Anne-Laure Bondoux, Gallimard jeunesse, 2023.

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Ce livre est issu du projet de six musées des Vosges qui, en 2014, se sont associés à l’École Supérieure d’Art d’Epinal et aux Éditons du pourquoi pas ? pour créer un parcours d’expositions à l’occasion du centenaire la Grande Guerre. Illustré par Zoé Thouron, ancienne élève de l’École, « La vie encore« , est le texte écrit à cette occasion par Thomas Scotto. Dans chaque musée, un personnage avait été choisi : le musicien, l’enfant, la femme, le peintre et le passant, que l’on retrouve au fil des pages, dans lesquelles c’est la guerre elle-même qui tient le rôle principal. Rien n’est épargné : ni l’horreur des combats, bruits et cris mêlés, ni le sang, les mutilations, ni la peur dans les tranchées, ni les morts, ni la désolation après son passage… Pourtant, et c’est là la grande force de ce texte, la poésie et la délicatesse pour dire l’indicible se faufilent au détour d’une phrase, d’une situation, si bien qu’il ne tombe jamais dans le glauque ou le pathos. Et quand, avec toute la puissance et la magie de ses mots, Thomas Scotto raconte aussi les femmes restées au pays qui endossent des rôles nouveaux, la solidarité entre soldats car la guerre « fabrique des frères« , l’instant de grâce d’une mélodie sur un violoncelle improvisé, la vie qui « résiste au creux des plus petits endroits« , ce n’est pas le désespoir qui nous saisit, mais bien l’espérance de matins nouveaux, où l’on f(s)era décidément, et définitivement, la paix.

La vie encore, Thomas Scotto, Zoé Thouron, Editions du Pourquoi Pas ?, 2014

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Avec ce roman, Hervé Giraud sort ici de ses thématiques habituelles… par la grande porte ! Dans une dualité de temporalité, de ton, d’enjeu, très complémentaires et qui font l’originalité du roman, c’est à la fois la Grande Guerre qu’il raconte, son horreur, son traumatisme, par la voix du soldat Botillon, et un récit initiatique, par la voix de son arrière-petit-fils, passant de l’innocence de l’enfant qui joue à la guéguerre, à la conviction qu’il peut être un messager de paix…Et la petite histoire rejoint la grande. Grandiose !
Comme toujours avec cette auteur, on passe du rire aux larmes le temps de le lire et c’est ce qui fait de ses romans des OLNI (Objets Littéraires Non Identifiés) uniques.
On est tour à tour horrifié.e par les descriptions, du champ de bataille comme des mutilations subies, on est indigné.e par le mépris des états-majors pour la chair à canon, les yeux se mouillent quand on lit l’amour entre le soldat Bottillon et sa dulcinée, quand on observe, comme lui, le cœur battant, dans l’ombre, sa fille qui grandit et devient une star adulée, on est bouleversé.e par la solitude de l’après, pour celui qui, gueule-cassée, ne trouve la sérénité qu’à la nuit tombée. Quant à la révélation finale, elle est complètement renversante. Avec ce roman pacifiste et engagé, Hervé Giraud offre aux jeunes générations un très beau récit, d’une humanité sincère et émouvante, pour un devoir de mémoire plus nécessaire que jamais.
 

Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon, d’Hervé Giraud, Thierry Magnier jeunesse, 2013.

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Et vous, quels titres vous permettent d’aborder cette période dramatique et de toucher du doigt le quotidien des civils comme des soldats en temps de guerre ?

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