Lecture commune : Le tour du monde des contes, Gilles Bizouerne & Fabienne Morel

Linda et Lucie sont passionnées par les contes traditionnels, leurs réécritures et leurs adaptations. Ce recueil des éditions Syros ne pouvait qu’attirer leur attention ! Comme son titre l’annonce en partie, il présente quatre contes célèbres et en propose des versions d’autres pays. De quoi ouvrir leurs horizons et alimenter une discussion…

Le tour du monde des contes de Gilles Bizouerne & Fabienne Morel, Syros, 2024.

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Lucie : Nous avons toutes deux été attirées par ce titre dans le catalogue des éditions Syros, pourquoi il t’a intéressée ?

Linda : J’aime beaucoup redécouvrir les contes au travers des réécritures, c’est d’ailleurs un thème plutôt en vogue (je pense par exemple à Flore Vesco et ses divers réécritures), et l’idée de découvrir des contes traditionnels dans des versions étrangères me plaisait bien. Je me suis d’ailleurs amusée en cherchant les similitudes entre les différentes versions d’un même conte.

Lucie : Connaissais-tu les quatre « grands contes » dont les auteurs présentent différentes versions ?

Linda : Je ne connaissais pas très bien les musiciens de Brême et finalement, pas trop non plus le Tom Pouce alors que j’étais persuadée l’avoir déjà lu. Et je me suis aussi rendue compte en lisant Les trois petits cochons que je me souvenais plutôt mal de la fin. Je crois que j’en avais une idée erronée à cause du court métrage de Walt Disney (1933) que j’ai beaucoup vu avec les enfants et qui propose un final moins sombre, forcément, avec notamment le méchant qui est puni et les cochons qui survivent.

Lucie : Il est vrai que Walt Disney s’est beaucoup inspiré des contes traditionnels européens et en a modifié notre perception. Mais j’avoue adorer cette version…

Linda : Je suis aussi une grande fan.

Lucie : Revenons à ce recueil, quel corpus t’a le plus intéressée ?

Linda : Le lièvre et la tortue ! Mais c’est aussi parce que j’ai un faible pour cette histoire que je trouve moins violente. Ici c’est la ruse qui est mise en avant. J’ai d’ailleurs particulièrement aimé la version bretonne Le renard et l’escargot dans lequel c’est l’escargot qui se montre rusé alors qu’on a plutôt l’habitude que ce soit le goupil.

Lucie : J’ai beaucoup aimé ce corpus aussi. D’autant que pour moi Le lièvre et la tortue était une Fable et pas un conte, cette lecture est très enrichissante tant sur le fond que sur la forme.

Linda : C’est pour ça que l’histoire est moins violente… 

Lucie : Ma version préférée est celle avec les taupes. Je l’ai trouvée franchement géniale !

Linda : C’est probablement la plus drôle aussi.

Lucie : En revanche, j’ai parfois peiné à voir les liens entre les différents contes proposés, surtout dans ceux qui sont associés aux Musiciens de Brême.

Linda : C’est vrai qu’il m’a parfois fallu une deuxième lecture pour faire des liens. La version chinoise de ce conte est assez particulière. Et j’ai de fait apprécié les explications qu’on trouve dans le dossier de fin d’ouvrage. Je me suis d’ailleurs demandée s’il n’était pas plus difficile pour nous de faire du lien avec certains textes justement parce qu’ils s’éloignent davantage de notre culture et nos représentations. Je ne sais pas si c’est pareil pour toi mais j’ai surtout eu du mal à faire le lien avec les versions venues d’Asie, voire parfois même d’Europe de l’est.

Lucie : Tu as raison, les cultures sont si différentes que les écarts de thèmes sautent plus facilement aux yeux. Mais pour ma part j’avais eu l’occasion de lire la version roumaine de Tom Pouce, Neghiniţă présente dans le recueil Hadji Tudose de Barbu Delarancea traduit par Gabrielle Danoux. Et comme cette lecture était plus récente que celle du conte original je n’ai pas été trop perdue !

Lucie : Comme tu le disais précédemment, j’ai moi aussi beaucoup apprécié les explications en annexe du recueil, et notamment l’utilisation des codes de classification des contes qui explicitent les liens qui ne sautent pas forcément aux yeux à la première lecture. Connaissais-tu cette classification ?

Linda : Je ne suis pas sûre d’avoir bien compris cette histoire de code (les T quelque chose) mais les informations sont, elles, bien claires et aident bien à la compréhension et à faire du lien entre chaque texte.

Lucie : Il s’agit de la classification des contes Aarne-Thompson-Uther dont parle aussi Lou Lubie dans son excellent Et à la fin ils meurent. Elle aborde y aussi les adaptations de Disney de manière assez amusante.

Linda : Entre le conte de Bardu Delarencea et ce livre de Lou Lubie, j’ai des références à ajouter à mon catalogue de livres à lire !

Et à la fin ils meurent de Lou Lubie, Delcourt, 2021.

Lucie : Qu’as-tu pensé des illustrations ?

Linda : J’ai aimé que chaque histoire ait un.e illustrateur.ice attitré.e car je trouve que cela crée une forme de cohésion entre chaque texte du corpus et renforce l’unité.

Lucie : Je suis d’accord avec toi, j’ai bien aimé cette unité visuelle malgré les variations des histoires.

Lucie : Tout en discutant avec toi je feuillette le livre et je suis tombée sur la dernière page qui liste les autres titres de la collection. Je suis curieuse : est-ce que l’un d’entre eux t’attire particulièrement ?

Linda : Les Belles très certainement… Je suis une fan inconditionnelle de La Belle et la Bête donc en lire d’autres versions me plairait bien, d’autant qu’elles sont annoncées “incroyables”. Et toi ?

Lucie : Moi aussi je suis très très fan de La Belle et la Bête (je me suis d’ailleurs offert la magnifique version illustrée par MinaLima) et le recueil des Belles me tente bien. Je me dis que les princesses ont peut-être plus d’espace et de caractère à exprimer que dans les adaptations qui en ont été faites. Même si on remarque une tendance aux personnages féminin plus affirmés depuis les années 2000.

Le tour du monde d’un conte, Les Belles, Fabienne Morel et Gilles Bizouerne, Syros, 2021.

Lucie : Concluons avec la question rituelle : à qui recommanderais-tu cette lecture ?

Linda : Aux amateurs de contes d’abord. Ensuite, peut-être aux enseignants (je crois me souvenir qu’il y a une séquence sur le conte en 6ème) : pour mettre en avant des textes du monde de la même manière qu’on le fait avec les textes fondateurs. Après je pense que si les histoires en elles-même peuvent plaire aux enfants (pas trop jeunes quand même), cela reste un livre qui parlera aussi aux adultes, justement parce qu’il met en avant des explications assez complexes.

Lucie : Je me dis que les enfants peuvent certainement apprécier ces contes sans en chercher les liens (peut-être les feront-ils seuls d’ailleurs, ils sont souvent étonnants à ce niveau-là). Mais en tant que recueil, effectivement les fans de contes et les enseignants semblent les plus à même d’exploiter la richesse des liens entre ces histoires.

Linda : Je trouve les contes trop souvent violents et effrayants pour être lus aux enfants. Certains donnent aussi un regard assez négatif sur certains personnages tel le loup pour n’en citer qu’un et c’est aussi pour ça que j’ai du mal à le recommander aux jeunes lecteurs.

Lucie : Dans ce recueil je n’ai pas été gênée par la violence, peut-être parce qu’il me semble qu’un certain nombre de versions originales abordent de toute manière des sujets très difficiles tels que l’abandon d’enfants, les meurtres, la manipulation… Il faut peut-être simplement mettre en garde les lecteurs et les inviter à choisir les contes les plus appropriés à l’âge de leurs auditeurs ?

Linda : Oui sans doute. Et puis, dans le cadre familial, je pense que chaque parent est capable de savoir ce qu’il peut lire à son enfant. Chacun a un seuil de tolérance propre, certains enfants ne voient pas forcément l’horreur comme une peur, ils la surmontent dès la page tournée… 

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Avez-vous envie de découvrir ce Tour du monde des contes ? Connaissez-vous des versions étonnantes ou peu connues de contes ? Lequel préférez-vous ?

Entretien avec Gaël Aymon

Auteur jeunesse prolifique (38 romans et albums parus depuis qu’il s’est lancé dans l’écriture en 2010 !), et passionné par les contes, Gaël Aymon s’attache à malmener les stéréotypes et à garder une porte ouverte sur l’inconscient.

Il a gentiment accepté de répondre à nos questions. Voici ses réponses !

Gaël Aymon, photo d’Emilie Hautier. Source : gaelaymon.com

Félicitations pour votre nomination au prix Astrid Lindgren ! Quel effet cela fait-il de se retrouver en lice pour ce prix, considéré comme le « Nobel de la littérature jeunesse » ?

J’en suis autant surpris que flatté. Même si les prix ne sont pas forcément synonymes de valeur, et bien que je n’ai pas l’esprit de compétition, cette sélection me touche.

Vous avez exercé d’autres métiers artistiques avant d’écrire pour la jeunesse : ont-ils eu une influence sur votre écriture, les thèmes que vous abordez ?

Sans doute mais ces vies antérieures sont de plus en plus anciennes ! On me parle souvent d’une écriture qui serait cinématographique, elle vient peut-être de mon expérience dans l’audiovisuel. De la même façon, l’immersion dans la psychologie, les pensées de mes personnages, tient peut-être à mon passé d’acteur. Mais ça pourrait être aussi l’inverse : tout cela était déjà là avant, et s’exprime simplement par des vecteurs différents.

Vous êtes un « auteur Babelio », quelle utilité a ce site pour vous ? Trouvez-vous important de lire des avis de lecteurs ?

Je ne savais pas que j’étais cela ! Être seul face à son manuscrit sans retours est assez angoissant. Ces avis sont précieux. Mais je sais aussi qu’ils en disent souvent plus sur les lecteur·rice·s que sur ce que j’ai voulu écrire. Les critiques positives, celles qui donnent le sentiment d’avoir été « entendu », d’avoir touché une sorte de famille, de communauté d’esprits, font toujours du bien et rassurent.

Vous rencontrez souvent vos jeunes lectrices et vos jeunes lecteurs : pourriez-vous nous raconter une de vos belles rencontres ?

J’en ai fait tellement que ça devient difficile d’en citer une ! Il y a tant de moments suspendus. Des rencontres de classes incroyablement éveillées, pas forcément au sens scolaire, avec de vraies réflexions, des débats, des échanges. Ou des élèves qu’on vous dit « très difficiles », et qui se transforment devant leur professeurs pour vous dire combien votre livre leur a plu, que c’est le premier livre qu’ils lisent vraiment. Une rencontre en prison avec des garçons de 15 ans bienveillants et touchants, ou des lycées professionnels, des Ulis qui vous sont reconnaissants de venir juste pour eux, des enseignant·e·s incroyables de foi et d’investissement… Bref, toutes les rencontres qui donnent leur sens à notre présence et qui nous confirment qu’on n’écrit vraiment pas pour la jeunesse par hasard ni pour rien.

Beaucoup de vos livres sont illustrés : comment travaillez-vous avec les artistes qui illustrent vos textes ?

Assez peu. Je valide le choix de l’équipe éditoriale, mon texte déjà finalisé. Je suis l’avancée par étapes et donne peu mon opinion. Je vois cela davantage comme le travail sur un film, où chaque corps de métier, réalisation, montage, montage son… apporte sa part pour créer l’œuvre finale, chorale. Et j’aime aussi la surprise de découvrir de quelle façon des artistes se sont emparés de mon texte. C’est presque une joie d’enfant.

Quels sont vos projets à paraître ?

Je publie de moins en moins, car je m’attaque à des romans de plus en plus conséquents et demandant de plus en plus de travail de recherches en amont. Mi-2023, ce sera un nouveau thriller ados-jeunes adultes contemporain, assez sombre, psychologique, chez Nathan. Un projet que j’ai porté près de 20 ans ! L’année suivante, ce sera un roman plus long, qui me demande un travail historique énorme mais dont je ne dirai rien de plus pour le moment.

Les contes tiennent une place importante dans votre œuvre. Est-ce pour le caractère merveilleux ? Les références qui parlent immédiatement aux lecteurs ? Quel est votre rapport à ces récits fondateurs ? Quel est votre conte préféré ?

C’est parce que je les ai toujours aimés, qu’ils constituent un des socles de mon imaginaire et de ma psyché. Ils sont communs à l’humanité entière et échappent en même temps à toute analyse excessive, à toute explication réductrice. Leur force et leur longévité résident dans ce mystère qui ne parle qu’à l’inconscient. J’en ai lu tant, dans tant de versions différentes que je n’ai plus de conte préféré.

Vous semblez aimer jouer avec les stéréotypes. Comment trouvez-vous l’équilibre entre une histoire qui permet au lecteur de réfléchir et une dénonciation pure et simple ?

Mon équilibre à moi repose sur ma sincérité et l’absence de projet politique ou prosélyte, tout comme sur un détachement par rapport aux dogmes et aux vérités absolues. Les stéréotypes, c’est surtout le public adulte ou l’éditrice qui les voit (ou pas). Moi, je pars de mon imaginaire sans tricher ni forcer les choses. J’ai simplement envie de raconter des histoires qui posent des questions, font surgir des interrogations, en fournissant suffisamment de matière aux lecteur·rice·s pour qu’ils puissent en tirer leurs propres opinions. Quand bien même elles diffèreraient beaucoup des miennes.

Vos sujets allant du très contemporain à des inspirations classiques (Perrault dans L’Apprenti conteur, Balzac dans Et ta vie m’appartiendra), qu’est ce qui détermine le choix d’une intrigue ?

Mon bon vouloir, mon ennui ? Je ne sais pas répondre.

Nous aimons beaucoup la collection « Court Toujours » à laquelle vous avez collaboré. Est-ce que l’on aborde différemment l’écriture d’un texte court et un long ?

Oui. Ce n’est pas la seul différence mais un texte long demande une endurance de coureur de fond, de surmonter bien plus de périodes de doute, de démotivation, et il exige souvent une structure plus complexe.

Vous écrivez aussi bien pour les très jeunes enfants que pour les ados. À quel moment définissez-vous l’âge auquel s’adresse votre histoire ? Des contraintes s’imposent-elles selon le type de lecteur visé ? (Sujet, vocabulaire, longueur du texte…)

Je ne répondrais jamais, comme certains confrères et consœurs, que j’écris avant tout pour moi, sans me soucier de l’âge du public. Au contraire, j’écris pour m’adresser à eux, même si c’est un « eux » flou et imaginaire. Je sais avant même d’écrire à quelle tranche d’âge sera destiné le récit. Le sujet n’en est pas modifié, mais je garde en tête les références qu’un enfant ou un ado ne peut avoir. En littérature pour grands ados et jeunes adultes, il n’y a selon moi quasiment pas de différences avec l’écriture pour des adultes. Sauf que n’écrire que pour eux ne m’intéresserait pas.

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Merci Gaël Aymon d’avoir accepté de répondre à nos questions et bonne route à vos nouveaux projets !

Pour découvrir le travail de Gaël Aymon, rendez-vous sur son site internet.

Il était une fois… des contes détournés !

Chacun connaît les contes traditionnels, leurs personnages, leur magie et leur densité émotionnelle et philosophique. Ces histoires puisent leurs racines dans les temps anciens où elles se racontaient au coin du feu et se sont transmises jusqu’à aujourd’hui. Elles offrent un réservoir de références quasiment universelles dans lesquels les auteurs contemporains continuent de puiser. Certains n’hésitent pas à les revisiter, voire à les dépoussiérer ou les détourner, faisant voler en éclats certains stéréotypes associés aux figures incontournables des contes ! Nous ne pourrions pas faire ici le tour des innombrables contes détournés qui fleurissent chaque année, nous avons préféré vous trier sur le volet ce que nous adorons le plus !

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Quand Flore Vesco s’empare des contes traditionnels, elle laisse son humour, son imagination et sa plume si malicieuse opérer et la magie est toujours au rendez-vous ! Son dernier roman multiplie les clins d’œil joyeusement décalés aux contes de Grimm. On rit à gorge déployée en prenant conscience de l’absurdité de récits pourtant culte !

226 bébés, de Flore Vesco, Didier Jeunesse (2019)

Les avis de Hashtagcéline, Pépita et Isabelle

Et comment ne pas parler ici de L’Estrange Malaventure de Mirella qui a été récompensé l’année dernière par le prestigieux prix Vendredi ? Flore Vesco choisit ici de revisiter l’un des contes les plus célèbres du canon des bibliothèques enfantines – nous avons nommé : le joueur de flûte de Hamelin ! L’autrice brode, étoffe le propos pour nous plonger dans la noirceur la plus profonde du Moyen-Âge. Un roman émancipateur, pétillant d’intelligence et débordant de vérité, à découvrir sans hésiter.

L’Estrange Malaventure de Mirella, de Flore Vesco, L’école des loisirs (2019)

Notre lecture commune et les avis d’Isabelle, Pépita, Hashtagcéline et Bouma

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Roald Dahl a lui aussi été inspiré par les contes traditionnels. Le recueil Un conte peut en cacher un autre propose des versions en rimes pour le moins étonnantes et modernes.

Un conte peut en cacher un autre, de Roald Dahl, illustrations Quentin Blake, Folio cadet (2017)

L’avis de Lucie

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Jean-Claude Grumberg a choisi de transposer Le Petit Chaperon rouge en pièce de théâtre et de situer l’action pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le Petit chaperon Uf se voit alors affublé d’un vilain fichu jaune et rencontre un loup caporal SS. Glaçant !

Le petit chaperon Uf, Jean-Claude Grumberg, Heyoka Jeunesse (2005)

L’avis de Lucie

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Dans le genre décalé et rigolo, il ne faut surtout pas passer à côté des revisites aux éditions Marcel & Joachim. Ainsi on découvre une version de Barbe bleue aux accents québecois et une du Petit Chaperon rouge aux accents belges. Les textes sont transposés dans notre monde contemporain en plus d’apporter le petit grain de folie propre aux langages de ces pays (en tout cas de notre point de vue). Accompagnés d’un cd (à écouter à tout prix), on a donc tout le temps de regarder les splendides illustrations signées Camille de Cussac.

Barbe Blue et le maudit québecois, Camille de Dussac, Marcel & Joachim (2017)
Le Petit Chaperon belge, Camille de Cussac, Marcel & Joachim (2016)

L’avis de Bouma sur ces deux titres

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S’il y a bien une version du loup et des trois petits cochons à ne pas louper, c’est celle-ci ! Car pourquoi donc les petits cochons finiraient toujours dévorés par le loup ? Et si on inversait pour une fois ? Rires à tous les étages dans cet album au rythme effréné et au second degré à toutes les pages !

Mort au loup de Philippe Jalbert, Seuil jeunesse

L’avis de Pépita

S’il est une version étonnamment décalée du Conte du Petit Chaperon rouge, c’est celle-ci qui me vient à l’esprit : j’ai adoré le chemin pris par l’auteur pour s’éloigner de l’histoire originale, mais aussi sa façon d’y revenir.

Le petit chaperon rouge n’en peut plus, Sébastien Meschenmoser, Minedition

L’avis de Pépita

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Et vous ? Vous connaissez forcément des contes détournés, quels seraient vos préférés ?

Le petit chaperon rouge

 Le Petit Chaperon rouge, comme tous les contes populaires, s’est raconté sous maintes versions, y compris les plus crues (avec dépeçage de la mère-grand par le loup qui la fait même manger au petit chaperon rouge à son insu, bref, un truc à faire frémir les maitres du cinéma d’horreur). Charles Perrault, qui a recueilli et mis les contes populaires par écrit pour la bonne société, en a gardé une version plus présentable, dans laquelle la fillette se fait dévorer à la fin mais échappe à l’épreuve de cannibalisme (ouf !)

Toujours est-il que ce classique n’a cessé d’inspirer les auteurs d’hier et d’aujourd’hui, et qu’il en existe parmi les publications jeunesse de multiples adaptations. En voici quelques unes, spécialement glanées pour vous un peu partout :

 

Dans le panier de Kik :

Un petit chaperon rouge
de Marjolaine Leray
Actes Sud Junior, 2009.http://4.bp.blogspot.com/-avHRlnZVKEI/UMErMZOLsGI/AAAAAAAACrU/Y-dBYqmG4E4/s320/f0eb888e30d411e2ad5812313804ecd1_7.jpg

Aux éditions Actes Sud Junior, on aime bien les petits chaperons rouges. Il y en a un que moi j’apprécie particulièrement, celui de Marjolaine Leray. Un petit album, avec plein de traits rouges, partout. Un loup qui fait vraiment peur, mais qui est drôle aussi.

le billet de Kik et celui de Bouma

 

Le petit chaperon rouge s’écoute aussi à la radio. On parle de lui partout. L’as tu lu mon p’tit loup ? Une émission pour les jeunes loups, pour apprendre à croquer les petites filles habillées de rouge ?

 

le billetde Kik

 

 

 

LE PETIT CHAPERON ROUGE
de Kveta Pacovska pour les illustrationshttp://4.bp.blogspot.com/-m-cwr5OPzFc/UMEq1Jl7gLI/AAAAAAAACq4/J4ho-6bDReM/s320/70f51c5c30d511e2b9ed22000a1f8cd8_7.jpg
Texte de Grimm
minedition, 2007.

Un univers particulier. Un loup et un chaperon rouge fait de collages, et de traits au feutre rouge. Une forêt étrange. Un album, qui parlera plus largement à ceux qui connaissent déjà l’histoire de ce Petit Chaperon Rouge.

le billet de Kik

 

Le Petit Chaperon Rougehttp://1.bp.blogspot.com/-rOWv9XHbhzY/UNJi5zEytNI/AAAAAAAADDQ/hVoOe3G6Ohw/s320/74baab84486a11e2b60722000a9f09f0_7.jpg
de Jean Claverie
Mijade, 2009.

Jean Claverie revisite et met au goût du jour le conte du Petit Chaperon Rouge. Et si le loup était un mécano, si la maman vendait des pizzas et si la forêt était la casse automobile ? Et si le Petit Chaperon Rouge vivait aujourd’hui ?

le billet de Kik

 

 

http://1.bp.blogspot.com/-oaun4y2DLi0/UNJTOzOGjII/AAAAAAAAC9M/rN3Jw_JrWsc/s320/couv_mon_ballon_m.jpgMon ballon
de Mario Ramos
Pastel, 2012.

Un chaperon rouge, qu’on ne verra pas, à part un ballon rouge qui se promène dans la forêt. On devine peu à peu, ce dont il est question. Mario Ramos un auteur incontournable.

 encore un billet de Kik !

 

 

Le Petit Chaperon Rouge http://2.bp.blogspot.com/-X0px_UiRE0U/UM9QW328iaI/AAAAAAAAC70/UF45-Ithgxw/s320/2df3cc44486a11e2abce22000a1f96d4_7.jpg
de Warja Lavater
Maeght éditeur, 1965.

Des petits points, un rouge, plein de verts, un noir. Un livre comme un accordéon, qui se déplie pour apprécier la mise en page particulière. Des points pour raconter une histoire.

le billet de Kik

 

Le Petit Chaperon Rouge
Perrault et Sarah Moon
Grasset, 1986.

Ce petit chaperon n’est pas rouge, il est en noir et blanc. Ce petit chaperon n’est pas dessiné mais photographié. La forêt serait-elle la ville moderne ? Le loup un homme au volant d’une grosse voiture ?

le billet de Kik

 

Dans le Tiroir  de Céline :

Et Pourquoi ?, de Michel Van Zeveren. loup pourquoi
L’école des loisirs

Ce petit chaperon rouge n’a qu’un mot à la bouche : « pourquoi ? »,  question lancinante, obsédante, énervante à la fin !

D’ailleurs le loup va finir par craquer…

la chronique de Céline du tiroir

 

La petite fille en rouge, Aaron Frisch et Roberto Innocenti
Gallimard, 2013

C’est un conte moderne, la forêt est devenue une jungle urbaine, plus mal famée encore que le chemin le plus sombre de la forêt. Un album étonnant et foisonnant, plein de résonances, sous les pinceaux magiques de Roberto Innocenti.

 

Le chronique de Céline du Tiroir

 

Mademoiselle Sauve qui peut, Philippe Corentin
L’école des loisirs

Ce petit chaperon rouge est insupportable, et terrorise toute la forêt. Le pauvre loup recueilli par la mère-grand n’a qu’une peur : se faire repérer. C’est pour ça qu’il se planque dans le lit, en suant à grosses gouttes…

recommandé par Céline du Tiroir

 

 

Parmi les merveilles d’Alice :

Quel cafouillage ! Gianni Rodari.
Kaléidoscope, 2005

Surprise à toutes les pages pour cette reprise du petit Chaperon rouge par Gianni Rodari. Grand-père a complétement perdu la boule et se mélange les pinceaux, l’histoire en est toute chamboulée.

Qu’est ce qu’on rigole !!!

recommandé par Alice

 

Dans les livres de Sophie et Judith :

C’est pour mieux te manger !
Françoise Rogier
L’atelier du poisson soluble

Quand un loup poursuit un petit chaperon rouge, c’est forcément pour le manger, vous me direz ? Et bien peut-être pas dans cette histoire pleine d’humour et aux belles illustrations !

 

Le billet de Sophie LJ

 

 

Le petit chaperon de ta couleur de Vincent Malone
Seuil jeunesse
En l’absence du loup, c’est le cochon qui pourchassera le petit chaperon rouge ! Attention, fous rires garantis avec ce livre-CD complètement déjanté.

le billet de Sophie LJ

 

 

Dans le petit bout de bib de Bouma :

petit chaperon rouge roweLe Petit chaperon rouge : un livre pop-up
texte et illustrations de Louise Rowe
Mango jeunesse, 2009

Une version soignée du conte, toute en pop-up. Elle saura séduire petits et grands par son originalité et son classicisme naturel.

la chronique de Bouma

 

 

Chaperon rouge, d’Adolfo Serra
Actes Sud Junior, 2012

Un travail graphique époustouflant et remarquable dans sa conception autour du Petit Chaperon Rouge.
Attention il faut toutefois connaître le conte original et ses codes pour pouvoir comprendre tous les sens cachés dans cet album au format à l’italienne.
Dès 8 ans.

la chronique de Bouma

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Rendez-vous demain à l’ombre du grand arbre, où nous irons sur les pas d’une autre petite fille qui s’égare dans les bois… Ne vous perdez pas !

1, 2, 3… Le conte y est !

Il était une fois, les contes. Terreau fertile à l’origine de la littérature (jeunesse, mais pas que !), les contes traditionnels continuent de l’alimenter. De l’oral à l’écrit, les contes populaires sont devenus contes littéraires sous la plume de Perrault (XVIIème) puis des Frères Grimm (XVIIIème et XIXème). Illustrés, revisités, détournés, ils restent très présents dans les publications jeunesse d’aujourd’hui.

Alors que les journées raccourcissent et que l’hiver approche,  le grand arbre troque son ombre contre un bon feu de cheminée, et nous vous raconterons cette semaine des contes classiques que vous connaissez bien, dans un éventail de versions que nous avons retenues pour leur qualité, leur originalité, ou leur beauté.

Asseyez-vous mes enfants (et vous aussi, les grands), et venez donc écouter pour commencer l’histoire des Trois Petits Cochons. Trois, c’est le nombre symbolique qui revient souvent dans les contes, proverbes et autres récits du temps passé…

Il était une fois une vieille truie, et ses trois petits cochons. Mais comme elle n’avait pas les moyens de les garder, elle les laissa tracer leur chemin eux-mêmes. La suite, vous la connaissez. Les cochons insouciants qui avaient bâti leur maison à la hâte avec des matériaux fragiles eurent tôt fait de la voir s’envoler sous le souffle du loup et de se faire dévorer…

Il semble que ce soit l’adaptation de Walt Disney en 1933 qui popularisa la version dans laquelle les deux premiers cochons courent se réfugier chez leur frère au lieu de se faire dévorer, et où le loup s’introduit par la cheminée dans la maison de briques et se fait ébouillanter.

Les trois petits Cochons, illustré par Leslie L. Brookeles trois petits cochons

Langlaude

Dans la version ancienne, seul le troisième petit cochon survit, et le duel avec le loup se poursuit pendant les trois jours suivants. Dans les illustrations de Leslie Brooke, les cochons ressemblent plus à des cochons qu’à des personnages, même s’ils adoptent des postures humaines, prémices de l’illustration jeunesse et des dessins animés

Le billet de Céline du tiroir

 

 

Les trois petites cochonnes de Frédéric Stehr

Ecole des loisirs, 1997

Et connaissez-vous l’histoire des trois petites sœurs des petits cochons ? Une relecture moderne plutôt pimentée, un rien subversive ; une histoire d’arroseur arrosé qui a des allures de double mise en garde : dans la vie, surtout, ne vous fiez pas aux apparences et prenez votre destin en main !

le billet de Céline de QLF

 

Les trois petits loups et le grand méchant cochon, Eugène Trivizas et Helen Oxenburyles trois petits loups et le grand méchant cochon
Bayard, 1993.

Une version « à l’envers » du conte, où les rôles sont inversés mais la narration très fidèle aux codes du conte, et où humour et tendresse sont les maitres-mots. Ici personne ne finit mangé, et tout se termine autour d’une bonne tasse de thé partagée. (oui, cette version a une petite saveur « British » !). Car qui vous dit que les méchants n’ont pas tout simplement besoin d’un peu d’amour… ?

 le billet de Céline du tiroir

 

Les trois petits cochons, Marion Billet
Tourbillon

les-3-petits-cochons.gif
Les contes classiques, on les connaît si bien qu’on a même plus besoin de les lire. En plus de l’histoire, ce livre animé permet de jouer avec les personnages dans les décors qui s’ouvrent d’une page à l’autre.

Le billet de SophieLJ

 

Bouh de François Soutif.

Kaléidoscope, 2012
Le loup et ses trois futurs rôtis dans une nouvelle aventure sans parole. Hilarant !

Les billets de Alice et de Céline du Tiroir

 

Les trois petits chenillons
Éric Battut
l’Elan vert, 2013

Trois petits chenillons cherchent à se protéger de l’oisillon. Chacun construit une maison mais la plus forte reste celle du troisième chenillon : son cocon.
Pleine d’humour dans le texte, et présentant des illustrations colorées faites de collages, cette version détournée des Trois petits cochons plaira même aux tout-petits qui ne connaissent pas encore le conte.

 

 

La poulette et les trois maisonnettes
Fabienne Morel, Debora Di Gilio
illustrations Nathalie Choux
Syros, 2013

Une version assez éloignée du conte de base mais où l’on retrouve les maisons construites avec différents matériaux.
Le CD accompagnant permet de prendre toute l’ampleur de la rythmique des mots et du texte puisque ce sont les créatrices qui en font la lecture. On se croirait au théâtre !

conseillés par Bouma

un monde coverUn monde de cochons, Mario Ramos

Pastel, 2005

Pas facile d’être un loup dans un monde de cochons. Surtout si on n’est ni grand, ni méchant. C’est un court roman que signe ici Mario Ramos, un album comme toujours plein d’humour et de tendresse, sur des questions plus graves. La part belle à l’amitié, et à l’imagination….

le billet de Céline du Tiroir

Et le loup n’a pas dit son dernier mot : il risque fort d’être encore dans les parages mercredi quand on parlera du Petit chaperon rouge !

A suivre.