Nos coups de coeur de novembre

Alors que, depuis le passage à l’heure d’hiver, l’envie de nous réfugier sous un plaid avec un bon chocolat chaud que nous évoquions le mois dernier, se fait de plus en plus pressante, il est temps de vous présenter nos coups de cœur de novembre. Ils vous donneront sans doute envie de faire comme nous et de vous blottir au creux de la littérature jeunesse qui réchauffe la vie, en attendant les fêtes de fin d’année toutes proches.

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Lucie n’a pas eu beaucoup de temps pour lire ce mois-ci. Elle a donc privilégié les albums et les documentaires et a eu la chance de tomber sur de belles découvertes ! D’abord le très drôle C’est un livre de Lane Smith. Dialogue entre un âne accro aux écrans et un singe plongé dans un livre, cet album commence par définir un livre en expliquant ce qu’il n’est pas… pourquoi finalement montrer son pouvoir d’attraction. C’est très bien vu et les illustrations sont adorables.

C’est un livre, Lane Smith, Gallimard jeunesse, 2011.

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L’univers de Pi est un documentaire extrêmement bien fait sur l’histoire et les mystères entourant le nombre Pi. Nul besoin d’être passionné de mathématiques pour l’apprécier à sa juste mesure : les auteurs ont fait un travail de vulgarisation remarquable et trouvé le ton parfait pour attiser la curiosité des jeunes (et moins jeunes) lecteurs. Entre humour et découvertes, une vraie belle surprise !

L’univers de Pi, Anita Lehmann, Jean-Baptiste Aubin et Joonas Sildre, Helvetiq, 2025.

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Pour Séverine, le coup de cœur du mois de novembre, un comble, c’est un album dont le titre évoque le printemps…et de printemps, il en est bien question ici, s’il signifie renouveau et éclosion… Sous le pommier en fleurs, c’est l’histoire d’amitié improbable entre un un homme solitaire, Monsieur Bérard, à la vie bien (trop) rangée, organisée au millimètre, sans que rien ne déborde jamais, et un hippopotame au cœur généreux nommé Arthur, 2,7 tonnes d’extravagance. A la mort de son oncle, un vieil urluberlu baroudeur, Monsieur Bérard hérite de son hippopotame Arthur, un bien encombrant animal de compagnie. Devant le fait accompli, le voilà contraint de réorganiser son espace, ses extérieurs, ses habitudes… Pourtant, grâce à Arthur, il s’ouvre à l’imprévu, au loufoque, à l’expression des émotions et des sentiments, bref, il n’est plus le même homme. Sa vie change peu à peu, jusque, même, le plus grand chamboulement qui soit… La virtuosité à la fois facétieuse et poétique propre à la plume d’Henri Meunier, sa sensibilité teintée de fantaisie (ou l’inverse ?), son élégance rare, s’expriment pleinement dans cet album, très joliment illustré par Olivier Latyk. Une réussite !

Sous le pommier en fleurs, d’Henri Meunier, illustré par Olivier Latyk, Grasset jeunesse, 2025

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Ce mois-ci, Héloïse Helolitla a beaucoup ri avec Glouton, le croqueur de livres. Déniché dans sa bibliothèque favorite, il a fait le bonheur de son fils qui l’a lu en boucle.

Comme le titre l’indique, il s’agit d’un album qui met en scène un l’état personnage très gourmand, Glouton. Il mange tout, mais sa passion, ce sont les livres, alors gare à vos trésors !

A sa suite, nous entrons dans une aventure ludique et intertextuelle, à travers une série de livres. Glouton revisite certains contes célèbres (Boucle d’or et les trois ours, Le petit chaperon rouge, Jack et le haricot magique), jouant avec les attentes des lecteurs pour mieux les détromper. Et c’est très amusant !

Des découpes, une mise en mage dynamique, des livres insérés dans l’histoire, des illustrations colorées et pétulantes, et même un mini Cherche-et-trouve, Glouton, le Croqueur de livres est malicieux et inventif ! 

Glouton, Le croqueur de livres, d’Emma Yarlett. Gründ, 2016

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Le deuxième album coup de cœur d’Héloïse s’appelle C’est à qui, ça ?, de Coralie Saudo et illustré par Matthieu Maudet, et c’est un ouvrage à la fois drôle et incisif.

Tout commence par une canette écrasée qui atterrit sur la tête d’un écureuil. Mais ce n’est pas le seul objet qui vient envahir le coin de verdure où vivent les animaux. Des sacs plastiques, une boite de pizza… Très vite, les animaux s’inquiètent. Des objets perdus ? Il faut les rendre à leurs propriétaires…

Avec C’est à qui, ça ?, Coralie Saudo joue sur l’humour et le décalage pour pointer du doigt la pollution, et l’égoïsme des êtres humains qui, sans gênent, prennent la nature pour leur poubelle.

Derrière la naïveté de nos petits héros, le ton est mordant, cynique. L’absurdité de la situation fait d’autant plus ressortir la comportement stupide des pollueurs. De quoi faire réfléchir les adultes autant que les enfants !

C’est à qui ça ?, de Coralie Saudo et Matthieu Maudet. EDL, 2025

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Héloïse est fan de dragons, alors elle n’a pas su résister à ceux de Rosaces et dragons (et elle a eu raison !).

Arc-en-Flammes est une paisible bourgade qui a une particularité : les habitants y sont liés à des dragons. Carl, jeune homme maladroit, est ainsi lié à Brodeverre, une adorable petite dragonne rose, incorrigible bavarde. Mais Carl est mal dans sa peau. Il subit les moqueries de ses camarades, et porte le poids des attentes de son père, vitrailliste, qui compte sur lui pour prendre sa relève. Enfin, ce dernier lui confie son premier chantier. Mais le lendemain, un mystérieux dragons détruit tout…

Héloïse a adoré l’univers, les dragons (Brodie !), et le personnage de Carl. Hésitant, maladroit, certes, il est surtout d’une grande gentillesse et d’une grande bonté. Il est touchant dans sa difficulté à trouver sa place dans ce monde qui n’est pas si parfait qu’il en a l’air, à devoir se battre contre les préjugés et les stéréotypes de genre.

L’autre point qui a marqué Héloïse, ce sont les nombreux messages, féministes et pas seulement : droit d’être qui l’on veut, de mener sa vie comme on l’entend – et non pas selon des règles archaïques -, égalité des sexes, dénonciation des stéréotypes et de l’homophobie… 

Rosages et dragons, c’est donc une enquête un peu fofolle et haute en couleurs, avec des rebondissements amusants et des clins d’œil très sympathiques à certaines situations archétypales (la princesse enfermée dans son donjon, par exemple). C’est drôle, intelligent, amusant, chatoyant à l’image des vitraux sur la couverture, bienveillant et tout doux. Une superbe découverte !

Rosaces et dragons, de Ielenna. Slalom. 2025

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Hélène de son côté a alterné les lectures pour les petits et les plus grands. Toutes ne sont pas forcément des nouveautés mais elle tenait à partager ces livres découverts au coeur de l’automne.

Tout d’abord un très joli album de saison, écrit par Nathalie Lescaille Moulène et illustré par la talentueuse Emilie Michaud dont le trait fait craquer Hélène à tous les coups, La folle tournée d’Albert le libraire. Hélène a également eu la chance de rencontrer Nathalie Lescaille Moulène lors du festival du livre de Rouen, et de faire dédicacer ce beau livre.

Albert, petit hibou trop chou est l’heureux propriétaire d’une librairie dans la forêt, un lieu magique contenant plein de livres de toutes sortes, gros, petits, sérieux, distrayant… Et ce libraire livre même ces belles histoires à ses clients qui ne peuvent se déplacer (Une sorte d’Amazon local, écoresponsable avec le charme et l’humanité en plus ;)).

Chaque arrêt est l’occasion d’une discussion avec un autre animal et surtout, le gros plus de cet album est qu’il y a 5 petits livres dans le livre, chacun adapté à la situation que le petit habitant de la forêt rencontre à l’instant T. Une vraie mise en abyme, un parti pris original qui permet plusieurs niveaux de lecture, avec des allers retours entre les petites histoires et l’histoire principale de l’album qui enrichit la narration et les capacités de compréhension des petits lecteurs.

Nature, lecture, solidarité, animaux sont au coeur de cet album à la fois beau, riche, touchant et intemporel.

La folle tournée d’Albert le libraire, de Nathalie Lescaille Moulène, illustrations d’Emilie Michaud, Grund, 2024.

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Deuxième coup de coeur, un album destiné aux petits lecteurs de maternelle mais dont le propos peut durer encore quelques années de plus.

Il s’agit de Vite, vite de Magdalena et Isabelle Maroger, paru en mars 2018 aux éditions du Père Castor.

Ce livre nous montre un matin ordinaire entre une maman et son petit garçon. Comme chacun sait, le matin, il faut se dépêcher pour être à l’heure alors vite vite on sort du lit, vite vite on déjeune, vite vite on s’habille, entre lait trop chaud, eau trop froide et chaussette perdue.

Le dialogue entre les deux personnages est très régulier (il ne faudrait pas perdre le rythme !). Maman parle, l’enfant répond une phrase qui commence par « Attends maman »…

Jusqu’à ce que cette petite mécanique bien huilée soit soudain interrompue par une belle frayeur… Il ne faut pas aller trop « vite vite » pour traverser la route !

Alors on ralentit, on prend un peu plus le temps de parler et de profiter de ce qui est vraiment important. Hélène a beaucoup aimé le graphisme qui sur une même page met les personnages principaux en couleurs et le monde qui les entoure en noir et blanc, qui prend tout son sens sur la page où le petit garçon demande finalement pourquoi les gens courent.

Un petit album qui peut permettre de mieux se comprendre, aussi utile aux enfants qu’aux parents et qu’il est bon de relire en cette période de rush généralisé entre dernières semaines d’école, achats, organisation des fêtes, dossiers à boucler avant les vacances en plus de tout l’ordinaire. Espérons qu’il nous permettra de nous recentrer pour passer un mois de décembre tout doux.

Vite, vite ! de Madgdalena, illustrations d’Isabelle Maroger, Flammarion Jeunesse, 2022.

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Un bisou pour mon frère d’Adrien Albert est le livre du mois chez Kilimax, l’abonnement de l’Ecole des Loisirs à destination des 5-7 ans.

Paru en août 2024, il tentait Hélène depuis un bon moment et elle n’a pas été déçue par cette histoire de petits lapins qui passent une merveilleuse journée entre frères à faire du manège, de la trotinette, aller au cinéma, manger des bons gâteaux… mais doivent se quitter précipitamment à cause du bus que l’un d’eux manque de rater…

Après de multiples péripéties que nous vous laissons le plaisir de découvrir, ils se retrouveront et en seront très heureux.

Un album encore une fois très riche dans sa narration qui laisse beaucoup de place à l’implicite (l’image en dit beaucoup et l’enfant prend plaisir à observer les détails et imaginer les parties de l’histoire qui ne sont pas racontées dans le texte), à mi-chemin entre l’album et la BD et plein de tendresse en ces temps de retrouvailles familiales.

Un bisou pour mon frère, Adrien Albert, L’école des loisirs, 2024.

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Chicorée et la fête de l’arbre d’or, de Claire Lebourg et Mickaël Jourdan est paru en septembre dans la collection Moucheron, les premiers romans pour les enfants qui commencent à lire tous seuls.

Une joli histoire d’animaux de la forêt avec un petit écureuil trop mignon qui veut ménager la sensibilité de son ami quand il comprend que Pivert n’est pas invité à la fête de l’arbre d’or à laquelle il se fait une joie d’aller. Que faire ? Lui dire qu’il y va au risque de lui faire de la peine, ne pas lui dire au risque de se sentir coupable de lui cacher quelque chose ? Un beau roman sur la loyauté qui colle tout à fait aux préoccupations des enfants de cet âge, dont le sujet est traité avec beaucoup de simplicité, dans le meilleur sens du terme.

Chicorée et la fête de l’arbre d’or, Claire Lebourg, illustrations de Mickaël Jourdan, L’école des loisirs, 2025.

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Les secrets de Toutânkhamon d’Emma Carroll nous plonge dans une enquête au coeur de l’Egypte antique autour du tombeau de Toutânkhamon et de la malédiction qui l’entoure. En 1922, Lil découvre un vase avec un message venu du passé… Qui la conduira sur les traces du pharaon. Cette quête sera l’occasion de rencontrer des amis, de voyager et d’en apprendre plus sur sa propre histoire familiale. Un vrai roman historique pour enfants dans une période qui ne cesse de passionner. A destination des enfants en fin de primaire début de collège.

Les Secrets de Toutânkhamon, Emma Carroll, Gallimard jeunesse, 2020.

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Et vous, quels livres vous ont accompagné en ce mois de novembre ?

Nos coups de cœur d’octobre

Vous pensiez qu’on les avait oubliés, que nenni ! Nous avons donné la priorité à l’actualité avec la sélection du prix Vendredi mais cela ne nous a pas empêchées de vous préparer nos conseils et recommandations de lecture pour ces prochaines semaines. Enfin, seulement si nous avons réussi à vous donner envie ! Ne nous laissons pas abattre par ce mois de novembre : allez, un plaid, un chocolat chaud et un (ou plusieurs) livre(s) à piocher parmi nos chouchous !

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Lucie est toujours en quête de conseils de lecture et ce mois-ci lui donne raison : ses deux coups de cœur viennent de suggestions.

C’est Cécile Roumiguière qui lui a chaudement recommandé D’après mon adolescence lors de la fête du livre de Saint Étienne. Et qui mieux qu’une auteure pour conseiller un livre ? Quel conseil avisé ! Ce journal intime d’adolescente revisité par l’auteure adulte est une merveille de sensibilité, de réflexion et surtout d’une honnêteté à toute épreuve.

À travers son adolescence tumultueuse, Caroline Solé explore les questionnements autour de la sexualité mais aussi le puissant mal-être diffus qui peut envahir les jeunes. Elle installe un dialogue aussi cru que bienveillant avec son moi adolescent et parvient à passer de l’intime à l’universel. Bouleversant.

D’après mon adolescence, Journal intime, Caroline Solé, Albin Michel, 2021.

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De son côté, Jean-Amédée, impérator a séduit la rédaction de La revue des livres pour enfants qui en a fait un retour très intriguant. Et cette réécriture de conte vaut définitivement le détour !

Gwendoline Raisson mêle avec une grande habileté des motifs de conte traditionnel (grenouilles, fée, morale) et la modernité du propos. Jean-Amédée en veut toujours plus, et son comportement n’est pas sans rappeler celui de la plupart de nos contemporains. De son côté, Bérénice se plie en quatre pour satisfaire les envies de son compagnon. Jusqu’à ce qu’il dépasse les bornes. Les illustrations de Christian Heinrich (papa des Petites Poules) ajoute une touche d’humour à ce conte original.

Jean-Amédée, impérator, Gwendoline Raisson, illustrations de Christian Henri Charles, L’école des loisirs, 2025.

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Blandine s’est enthousiasmée pour différents genres de livres, tous promesses d’horizons, d’histoires et d’espoirs.

Entre 1895 et 2024, Le Pavé est un témoin du temps qui passe, est un témoin du temps passé, il est celui contre lequel on bute, grâce auquel on se souvient, aussi. Voici à nouveau un fort texte dans la formidable collection « Petite Poche » des éditions Thierry Magnier.

Le pavé. Françoise LEGENDRE. Thierry Magnier, 2025

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Marcel Pagnol n’a pas seulement écrit les romans et pièces de théâtre que l’on connaît tant et qui passent les générations, il a aussi écrit de la poésie. Ce recueil nous dévoilent celles rédigées à l’adolescence, aussi candides que bucoliques. Et cela fait un bien fou !

Le Livre de la Nature. Poèmes de jeunesse. Marcel PAGNOL. Editions Michel Lafon, 2025

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Les géniales Editions Quelle Histoire ont ouvert une collection dédiée à la Littérature. Tout en racontant sommairement l’histoire, cet album nous dévoile comment il est ancré dans son époque, et surtout en quoi ce récit est un chef-d’œuvre qui nous parle toujours autant aujourd’hui.

Moby Dick. D’après Herman Melville. Editions Quelle Histoire, 2023

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Héloïse, elle, a été emportée par les mots de Lolie Charbonnel dans En décalage, un roman intense et prenant qui l’a replongée dans l’effervescence et la tension des années lycée.

Adrien est un brillant élève de terminale. Brillant, certes, mais aussi totalement perdu : il n’a aucune idée de ce qu’il souhaite faire plus tard. Sur ses épaules, la pression parentale pèse lourd. Et plus le temps passe, plus il se sent en décalage avec son entourage, avec le monde, avec lui-même.

Quelle lecture ! Des personnages imparfaits, pétris de défauts. La pression omniprésente, le mal-être, ce sentiment de ne pas trouver sa place, tout cela a fortement résonné en Héloïse. Le texte en vers libre est poignant, déchirant parfois, marquant. C’est une lecture douloureuse, mais aussi belle et optimiste. Un très bel ouvrage pour aborder la question de la santé mentale, et des attentes que l’on pose sur les futurs adultes.

En décalage, de Lolie Charbonnel. Ed. Didier Jeunesse, 2025

Sa chronique détaillée ICI.

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Deux coups de coeur aussi pour Héloïse-Ileautresor.

Tout d’abord pour Sept jours pour survivre, un roman de Nathalie Bernard. Au Canada, Nita Rivière est une jeune fille amérindienne enlevée le jour de son anniversaire. Enfermée dans une cabane. Les émotions se succèdent : le désir d’être invisible et de se faire toute petite, la peur… Pourquoi elle ? Pourquoi cet enlèvement ? Que va lui faire son ravisseur ? Le roman alterne entre la vie de l’adolescente (présente ou passée) et le déroulement de l’enquête. Un duo mène la recherche : Gautier et Valérie Lavigne. Le roman suit une série de leçons, égrainées au fil des chapitres – une façon originale de rythmer le récit, ou de commenter ce que pense l’héroïne : « samedi : Il suffit d’une seconde pour faire basculer une vie » ; La policière sait que « Nita a le profil de la fugueuse : rebelle, solitaire, en quête d’identité » (p.67), avec de plus, un père en prison (suite à une bagarre).

La plume de Nathalie Bernard est alerte, et vivante. Le roman, réaliste, ne perd pas son rythme une seconde. Du début à la fin, le lecteur est de tout cœur avec la jeune fille.Comment échapper à son ravisseur ? Comment survivre par grand froid ? Nita parviendra-elle à fuir ? Elle fait appel à des ressources insoupçonnées. Mais il n’est pas facile de survivre dans des conditions extrêmes.

Sept jours pour survivre, Nathalie Bernard, Thierry Magnier, 2015.

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Inspirée d’une histoire vraie, cet album raconte la rencontre entre un manchot et un pêcheur sur les côtes du Brésil. Un manchot part nager avec ses frères lorsque la mer se couvre d’une nappe de pétrole. Faut-il plonger ? Remonter à la surface ? L’oiseau ne parvient plus à nager, les plumes plombées par le mazout… Il ne peut plus lutter. Il se retrouve sur la plage – là, un inconnu l’emporte : c’est un pêcheur qui prend soin de lui. Il l’appelle Dindim.

L’amitié qui se tisse entre l’humain et l’oiseau éveille une émotion de plus en plus forte. Cette dernière atteint un point culminant lors de leurs retrouvailles…« Sur mon coeur, tu as laissé ton empreinte. Sache que je reviendrai toujours vers toi. » Un album qui se lit avec une grande émotion.

Dindim, Nadine Poirier, illustrations de Geneviève Després, Éditions d’eux, 2025.

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En octobre, Séverine a plutôt orienté ses lectures vers les romans junior, et 3 d’entre eux, bien différents, se sont distingués. Elle attendait la sortie du premier avec impatience, le second lui avait été conseillé par son libraire jeunesse, le troisième lui a confirmé ce qu’elle savait déjà.

La cabane de la fin du monde, d’Hervé Giraud, est un mélange de candeur, d’humour et de gravité, avec du social, de l’écolo, de la tolérance, finement abordés. Sans s’attarder sur les rebondissements de l’aventure, ni sur les questions parsemant ce roman à la fois drôle et profond, fidèle à ce qui rend unique l’écriture de cet auteur cher à son cœur, Séverine vous le dit : si vous voulez savoir si le Père Noël existe, si c’est une bonne idée de se réfugier tout en en haut de sa tour pour échapper à un destin funeste, ce qu’une rapporte-paquet prénommée Anita apporte aux quatre héros, si leur cabane résiste et si la patate est un plat qui se mange cru, lisez ce livre et vous survivrez à la morosité ambiante.

Sa chronique complète ICI.

La cabane de la fin du monde, d’Hervé Giraud, Editions Thierry Magnier, 2025

Ambiance complètement différente pour son second coup de cœur du mois. Il s’agit de l’édition française d’un roman norvégien de Maria Parr, très joliment illustré. Oskar et moi et tous nos petits endroits, égrène tout au long d’une année, le quotidien de deux enfants, Ida, 8 ans, la narratrice, et son petit frère Oskar, 5 ans, dans tout ce qu’il a de plus banal, et de plus merveilleux. Leur complicité, leurs disputes, leurs parents, leurs ami.e.s, l’école, les jeux qu’ils inventent, les épreuves qu’ils traversent (de la plus banale, le récit d’une gastro familiale, à la plus dramatique, la mort subite de leur oncle), les questions qu’ils se posent…tout est décliné avec une tendresse infinie, une délicatesse précieuse, une fraîcheur rare. On rit, on pleure, comme dans la vie ! Ce roman, c’est le lieu où tout commence et rien ne finit jamais, son parfum est le plus délicieux de tous : il fleure si bon l’enfance.

Oskar et moi et tous nos petits endroits, de Maria Parr, illustré par Ashild Irgens, Editions Thierry Magnier, 2025

A propos de fleur…Le troisième coup de cœur de Séverine, ce sont les Mémoires de Fleur : mon enfance, de Bertrand Santini, dans une très belle édition à couverture cartonnée et toilée. Autant l’avouer, c’est ce « packaging » qui l’a attirée, outre le nom de l’auteur qu’elle connaît à travers son œuvre incontournable dont elle a quasiment tout lu, sauf… Le journal de Gurty ! Un comble, quand on sait qu’ici, dans ce court roman illustré, il y déploie toute sa sensibilité et sa poésie pour dire la naissance, puis les débuts chaotiques dans la vie de Fleur, une chienne mignonnissime, la future meilleure amie de Gurty, leur première rencontre, la découverte d’un foyer aimant pour cette orpheline, son maître au grand cœur, Pépé Narbier, l’apprentissage des douleurs et des plus grandes joies de l’existence…Ce récit a définitivement confirmé à Séverine que si, d’après Bertrand Santini, « tout le monde a quelque chose d’intéressant à raconter », une chose est sûre, lui les raconte avec un immense talent.

Mémoires de Fleur : mon enfance, de Bertrand Santini, Editions Sarbacane, 2025

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Et vous, quels coups de cœur ont illuminé votre mois d’octobre ?

Nos coups de cœur de septembre

La rentrée et son rythme trépidant sont passés, il est temps de fait un point sur les lectures qui nous ont accompagnées ce mois-ci. Voici nos coups de cœur du mois de septembre, avec le souhait qu’ils vous accompagnent à votre tour pour ce début d’automne !

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Lucie a une nouvelle fois été profondément touchée par la plume de Gildas Guyot. Après Vindicte, dans lequel il racontait le destin d’une femme tondue à la Libération, l’auteur se glisse dans la peau d’un jeune orphelin de 8 ans qui doit faire face à la fois au décès de sa mère et à la dépression de son père. Un sujet grave, mais traité avec une immense délicatesse et beaucoup d’émotion, sans tomber dans la larme facile. Foutues cigognes est une lecture dont on ne sort pas indemne et à laquelle on repense longtemps après avoir refermé le livre.

Foutues cigognes, Gildas Guyot, Factions, In8, 2025.

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Côté album, Lucie a beaucoup aimé la réécriture du mythe de Sisyphe par Nadine Robert. Avec La marche de mulot, l’auteure invite les petits lecteurs à réfléchir sur la notion d’effort. Un mulot trouve un œuf et se met en tête de le remettre en sécurité dans son nid malgré les moqueries et les doutes des autres animaux. Le voilà parti, déterminé. Les illustrations, très simples, laissent toute la place aux projections des enfants face à cette situation qu’ils connaissent bien. Le mulot parviendra-t-il à réaliser sa « mission » ? Est-ce vraiment l’essentiel ? Un album à l’origine de discussions enflammées.

La marche du mulot, Nadine Robert, illustrations de Valerio Vidali, Saltimbanque, 2025.

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En septembre, Helolitla a allégrement pioché dans les dernières sorties littéraires et la sélection du Prix Vendredi. Elle a également retrouvé les nouvelles parutions de ses mangas chouchous, mais 🤫 … parlons d’abord de littérature jeunesse !

Héloïse attendait avec impatience le roman junior Hazel Toucourt, d’Ellie S. Green. Attente qui valait largement le coup !

Hazel découvre avec horreur que ses parents l’abandonnent à nouveau pour els vacances : ils la laissent chez une grand-mère dont elle ne se souvient pas, dans un manoir quasi vide, où elle s’ennuie. Mais que sont ces bruits que la jeune fille entend la nuit ? Hazel mène l’enquête… et va se retrouver plongée dans une suite d’aventures virevoltantes !

Un voyage dans le temps, une grand-mère scientifique un peu loufoque, un dinosaure, un lapin savant et des secrets de famille, Héloïse ne pouvait qu’être conquise par cette aventure haute en couleurs, en rythme et en situations rocambolesques. Si vous aimez l’humour, les péripéties avec un zeste de folie, elle ne peut que vous conseiller ce premier tome très réussi !

Hazel Toucourt et les failles du temps d’Ellie S. Geen – Rageot, 2025

Sa chronique détaillée ICI.

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Du côté de la sélection du prix Vendredi, c’est Nina perd le Nord qui l’a emportée, le temps d’un road-trip en compagnie d’une famille un peu dysfonctionnelle mais ultra attachante.

Nina, l’héroïne, grandit seule avec un père qui ne s’est pas remis de la mort de sa femme. Et puis tout bascule quand ils découvre qu’une tante leur a légué sa maison et ses biens. La condition préalable : aller disperser ses cendres en Suède.

En quelques pages et avec beauxoup d’humour et de finesse, Céline Gourjault parle de deuil et de résilience, d’amour et de famille, d’adolescence et de confiance en soi. C’est frais, dépaysant, touchant.

Nina perd le Nord, Céline Gourjault. Seuil, 2025

La chronique d’Helolitla, de Liraloin et de Lucie.

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Enfin, la plume très visuelle d’Alain Gagnol l’a plus que convaincue avec Célèbre à en mourir, un thriller ado dynamique et haletant.

Laura est en cours au lycée quand sa vie bascule : son visage se retrouve plaqué sur toutes les vidéos dans le monde entier ? Qui a fait ça ? Et comment continuer à vivre quand on devient la fille la plus célèbre du monde ?

Avec ce roman, Alain Gagnol interpelle les lecteurices sur de nombreux points : la célébrité et son coût, l’usage de l’intelligence artificielle, le développement des émotions chez cette dernière. Héloïse a apprécié ces réflexions qui surgissent au fil de la lecture, l’aspect futuriste terriblement réaliste.

La tension monte peu à peu, au fil des révélations et des rebondissements. Un livre intense, et qui fait réfléchir…

Célèbre à en mourir, Alain Gagnol. Syros, 2025

sa chronique détaillée ICI.

Coup de foudre intersidéral, amour-passion ! C’est ce qu’a ressenti Séverine à la lecture de Droméo et Chuliette, le dernier album de Marcus Malte (qui est aussi un grand écrivain pour les adultes), illustré par Henri Meunier (qui est également un grand écrivain jeunesse).
Les deux compères, qu’elle apprécie déjà au-delà du raisonnable dans tout ce qu’ils produisent, lui ont offert un moment de lecture délicieux, avec cette revisite inédite du classique Roméo et Juliette de William Shakespeare, à la sauce
1. Camélidée, quelle bonne idée
2. Ultra contemporaine
3. Graphique épurée.
C’est de la littérature jeunesse comme elle l’aime : loufoque, intelligente, engagée sans en avoir l’air, drôle sur la forme, sérieuse sur le fond, originale, inventive, créative, faisant confiance aux enfants pour comprendre ses subtilités, ressentir ses vibrations, écouter son message, bref, tout ce qu’une IA ne pourra jamais faire (on l’espère).
Il y est question d’amoureux fous, évidemment, mais aussi de classe sociale, d’une ligne de bus miraculeuse, de langues vivantes, de musiciens morts depuis bien longtemps, de Voltaire et Rousseau, du Larzac et de b(g)osses libres ! Tout un programme…sans le drame.
Parce que sans spoiler, il faut quand même dire que l’histoire finit bien, qu’elle met le sourire aux lèvres et du baume au cœur. Tout au long de la lecture, au rythme sans temps mort, on rit, on s’émeut, les jeux de mots fusent, la poésie se cache dans les détails…Le texte est brillant (comme l’est Marcus Malte), quant au graphisme, peut-être un peu déroutant pour l’adulte qu’est Séverine, nul doute que les enfants l’apprécieront dans toute sa richesse : figuratif, coloré, vitaminé, tendre (si si !), fin dans sa simplicité (comme l’est Henri Meunier). L’ensemble est jubilatoire, un régal pour lutter contre la morosité et la tristesse qui peuvent nous envahir à l’arrivée de l’automne.

Droméo et Chuliette, de Marcus Malte, illustré par Henri Meunier, Rouergue Jeunesse, 2025

Sa chronique complète ICI.

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En septembre, Blandine a lu deux albums jeunesse qui l’ont charmée !

Le LIVRE qui peut LIRE dans ton ESPRIT, Marianna COPPO. Grasset Jeunesse, 2024

Lady Rabbit est une magicienne ! Sortir quelqu’un de son chapeau, disparaître, ce sont des tours de magie impressionnants mais déjà vus et revus ! Mais deviner quel personnage le lecteur choisit sur une page et ne pas se tromper, ça c’est innovant ! Et Lady Rabbit ne se trompe jamais ! Même lorsque son public décide de changer de place !

C’est le titre qui a attiré Blandine vers cet album, tout comme son graphisme, à la fois épuré et inspiré de l’Art Nouveau. Elle s’est laissée prendre au jeu de Lady Rabbit qui a bien retrouvé quels personnages elle avait choisi. Mais comment notre Magicienne fait-elle cela ? Découvrez-le en lisant cet album, car un tour de magie ne s’explique pas, il se vit/lit !

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Chère Librairie, Emily ARROW et Geneviève GODBOUT. La Pastèque, 2025

Un livre qui parle de livres et de librairie, Blandine ne résiste pas ! Un livre qui célèbre les librairies et leur pouvoir d’évasion promet un moment tout simplement merveilleux. D’autant qu’il est illustré par Geneviève Godbout et son trait délicieusement vintage. Trop en dire serait sacrilège. Ouvrez donc vous aussi la porte de cette « Chère Librairie » pour vous y sentir comme dans un cocon et célébrez vous aussi le pouvoir des livres !

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Et vous, quelles lectures vous ont enthousiasmés ce mois-ci ? Quels titres nous conseillez-vous ?

Coups de coeur de l’été

Ca y est, l’été se termine, la rentrée des classes est arrivée à vitesse grand V. Sous le Grand Arbre c’est l’occasion de partager nos lectures de l’été. Car si nous aimons voyager comme nous l’avons expliqué dans nos billets d’été, nous aimons aussi ces moments de calme à l’ombre, avec un livre et une boisson fraiche à portée de main que permet cette pause estivale.

Nous souhaitons une belle année scolaire à tous les petits, moyens et grands lecteurs ainsi qu’à leurs encadrants !

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Une fois n’est pas coutume, Lucie a sélectionné trois titres : un album, un roman et une pièce de théâtre. Il faut dire qu’il n’a pas été facile de faire un choix parmi toutes les belles découvertes de l’été…

Le cadeau est un album très touchant. Son héroïne est une petite fille accompagnée par une grande silhouette dans ses activités du quotidien et guette la lune chaque soir. Qu’attend elle avec tant d’impatience ? C’est tout l’enjeu et la beauté de cette histoire pleine d’émotions. Un album sur l’attente, la séparation et les retrouvailles illustré avec beaucoup de douceur par Barroux.

Le cadeau, Louison Nielman, illustrations de Barroux, D’eux, 2024.

Son avis complet, celui d‘Hélolitlà.

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Cela faisait longtemps que Lucie avait envie de lire NOUS, le dernier roman de Christelle Dabos. Avec, comme toujours, le risque d’être déçue. Mais une nouvelle fois, elle a été emportée par l’univers et l’imagination sans bornes (semble-t-il) de cette auteure. Dans une société dystopique régie par les « Instincts » à la fois crédible et réjouissante (le côté rétro futuriste est particulièrement maîtrisé), elle brasse tous les thèmes qui lui sont chers. Les enjeux, les personnages, l’univers… tout est surprenant, questionne, divertit. Cette lecture est de celles auxquelles on pense encore longtemps après avoir refermé le livre.

NOUS, Christelle Dabos, Gallimard jeunesse, 2024.

Son avis complet, celui d’Héloïse ici.

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Enfin, si elle ne lit pas souvent de pièce de théâtre, Lucie a été bouleversée par la Mauvaise Pichenette de Magali Mougel. Trois personnages, une cuisine, une économie de mots au service de l’efficacité. Car c’est un texte coup de poing qui traduit les revendications, les peurs, la violence aussi de certains ados qui ne trouvent pas leur place dans la société. En 48 pages, la dramaturge questionne la famille, la transmission, l’accueil de la différence et la difficulté de dialoguer lorsqu’on ne se retrouve plus sur l’essentiel. Puissant.

Mauvaise pichenette, Magali Mougel, Espaces 34, 2024.

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En juillet, Héloïse a été bouleversée par sa lecture de Nos Constellations, de Florence Quentin. une histoire qui tourne autour de deux lycéens : Maxence. Aurélien. Deux anciens amis d’enfance, à la relation fusionnelle, brutalement séparés. Après sept ans sans se voir, ils se retrouvent un été. Avec cette question, au fond d’eux : l’alchimie qu’ils ont ressenti étant enfants est-elle toujours là ?

Héloïse a été transportée, émue, bouleversée parfois par ces deux jeunes hommes et les personnages qui gravitent autour d’eux, par cet amour naissant et si profond qu’il renverse tout sur son passage. c’est un roman plein de tendresse, d’humour, d’émotions, de tristesse et de joie. Deuil, homophobie, harcèlement,… les thématiques sont difficiles, mais l’histoire est lumineuse, pleine de poésie , et terriblement romantique. Un coup de cœur, un coup au cœur.

Nos Constellations, de Florence Quentin. Edité par Didier Jeunesse, Juin 2025

Sa chronique Complète ICI.

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D’autres romans ont énormément marqué Héloïse, et elle a bien du mal à choisir ! La saga des mystères, de Jeff Wheeler, qu’elle dévore ? A season for Scandal, une douce enquête engagée de Laura Wood, qu’elle a adoré ? Hyper, le dernier roman d’Émilie Chazerand, qui l’a marqué, bouleversée, essorée ? Il faut dire qu’elle a fait d’excellentes lectures !

Mais le dernier roman ado en date qu’elle a trouvé très chouette, c’est le premier tome de L’Odyssée des Tranchevent, de Noémie Delpra. Héloïse a particulièrement apprécié l’héroïne : une héroïne en fauteuil roulant, ce n’est déjà pas très courant, et en plus, elle est très généreuse et résiliente. Et puis l’univers, ces îles perchées dans le ciel, dans lequel les gens sont « appairés » avec des créatures volantes, est particulièrement poétique, tout comme la plume de l’autrice.

Avec cet ouvrage, Héloïse a vécu une très belle aventure. Peuplée de dangers, de mystères, de découvertes hautes en couleurs, c’est une histoire envoûtante et passionnante dont elle a hâte de lire la suite !

L’odyssée des Tranchevent, tome 1 : La Dame sans déesse, de Noémie Delpra. Édité par Gulfstream éditeur, août 2025.

Sa chronique complète ICI.

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Pour Liraloin, l’été a été marquée par des lectures complétement différentes. Entre poésie et romance piquante, le voyage s’est également invité. Des coups de cœur qui font du bien pour dynamiser cette rentrée qui démarre en trompe ! Vive le plein de bonnes lectures !

Ouvrons le bal et quel bal… avec l’histoire de Blythe et Briggs. De la romance dites-vous? oui mais pas que ….Tout est électrique dans ces planètes qui ne s’alignent pas et se manquent perpétuellement. Justement parlons-en des dialogues piquants, un vrai régal à lire et on sent toute l’influence de Jane Austen. L’ensemble est frais, caustique à souhait et ne tombe jamais dans le romantisme mièvre, au contraire l’amusement est au rendez-vous.

Romance à l’anglaise de Erica George – Casterman, 2025

Son avis complet ici

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Les éditions du Port a jauni est spécialisé dans la poésie et nous offre un panel de textes dont les illustrations viennent chaleureusement compléter les mots. Dans Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti, illustré par Gabriella Corcione, on crie des poèmes, on murmure des poésies. On attrape des mots au vol qui tournent dans la bouche et le cœur. Attendre parfois, relire souvent. La poésie est une invitation à la lenteur. Ce n’est pas au hasard que Gabriella Corcione a choisi la samare comme illustration d’intérieure de couverture. Des petites ailes jetées, tourbillonnant par-dessus les toits. Pierre Soletti dans sa nostalgie invite son lectorat à voyager en lui pour mieux s’interroger sur autrui.

« De mon toit d’ardoises

je t’écris

des cartes postales

à la craie »

Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti & illustrations de Gabriella Corcione – Le port a jauni, collection : Poèmes, 2021

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Enfin, le voyage ouvre grand ses bras pour un moment de contemplation intense et cette sensation ne se refuse pas. Il faut parfois faire des petits efforts pour être amplement récompensé !

Sac à dos, chaussures de rando, vêtements de pluie car quand elle tombe cette pluie, elle n’est pas en reste. Carnet à dessin à la main, surtout ne pas laisser passer un paysage, un visage, une rencontre entre deux arrêts de bus ou de train. Quel périple d’efforts moultes fois récompensés par l’instant présent capté à la pointe du crayon.

Au fil de son parcours, Nicolas Jolivot nous invite à filer avec lui sous les volcans de l’île du Soleil-levant. Suivre avec lui cette balade entre zone rurale et urbaine nous transporte un peu dans cette vie japonaise qui s’organise, en témoignent les somptueux dessins de ce carnet.

Japon, à pied sous les volcans de Nicolas Jolivot – HongFei, 2018

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Les coups de cœur de l’été de Séverine font partie, selon elle, de ce que la littérature pour ados produit de mieux dans cette littérature du réel qu’elle affectionne. Sujets actuels, style, ampleur. Ils sont rivés au monde d’aujourd’hui. Exigeants, on ne s’en empare pas à la légère. Mais les ados les méritent.

Dans Anse rouge, la psychologie des personnages a été fouillée de fond en comble par Sandrine Caillis, elle n’a rien laissé au hasard. Ni les regards, ni les corps qui s’expriment, ni les dialogues au couteau…Ils tendent un récit magistral sur le mépris et la domination de classe, d’autant plus violents qu’ils sont perpétrés par une jeunesse désinvolte et superficielle. On sort rincé.e de cette expérience de cruauté juvénile, où l’espoir, toutefois, se fraye un chemin. Que dire de plus, sinon que la plume de Sandrine Caillis est haletante, elle serre la gorge, les larmes ne sont jamais loin, de détresse ou de colère. Pour autant, elle est aussi d’une grande justesse, avec juste ce qu’il faut de poésie et de sensibilité. Poignant.

Anse rouge, de Sandrine Caillis, Editions Thierry Magnier, 2022

Séverine est tombée dans les magnifiques filets de Cécile Alix  il y a quelque temps déjà et, par exemple, son A(ni)mal est un des romans (ado mais pas que) qui l’a la plus marquée ces dernières années. Son dernier roman, Enragée, c’est l’histoire de Fauve, adolescente furieuse fugueuse, qui préfère vivre dans la rue, avec tout ce qu’elle comporte de dangers pour une jeune femme, plutôt que de vivre chez sa mère biologique et subir la séparation forcée d’avec sa famille de cœur. Écrits dans une langue au plus près des peurs, des doutes, des espoirs, des sentiments qui  traversent cette aventurière de l’extrême sensibilité, certains passages sont écrasants de noire tension, de désespoir, de douleur insoutenable. Pour autant, grâce aux belles rencontres qu’elle fait, à sa passion pour la danse, à l’amour qui pointe le bout du nez, le positif résiste. Un roman fort qui résonnera longtemps…

Enragée, de Cécile Alix, Slalom, 2025

Le dernier roman de Marine Carteron, Les effacées, récit d’une nuit teintée de paranormal, mêlant histoire de l’art, féminisme, sororité… invite à la réflexion, émeut, encourage, il consolide…Les femmes seraient-elles vouées éternellement à être les faire-valoir, les éphémères, celles qu’on abandonne une fois qu’on leur a tout pris ? No way ! C’est cette conviction qui guidera Joséphine, après sa nuit forcée au musée d’Orsay, au cours de laquelle elle fera une rencontre décisive pour le reste de sa vie. Tout en poésie et émotions, entre solitude et prise de conscience, Marine Carteron peint finalement, de ses vers libres et mots sensibles, un très beau portrait de fille qui grandit et s’émancipe, prête à prendre place, à s’exposer et s’encrer au monde.

Les effacées, de Marine Carteron, illustré par Mathilde Foignet, Editions du Rouergue jeunesse, 2025

Emile Chazerand peut faire pouffer de rire Séverine et lui faire verser des larmes de crocodile en lisant la même page, c’est une prouesse assez rare pour être soulignée. Son dernier roman, Hyper, traite de sujets sensibles comme le suicide, la santé mentale, la grossophobie, la solitude, les relations intrafamiliales cabossées, avec une profondeur abyssale, un style phénoménal et un sens des dialogues dinguissime. Sans pour autant faire sombrer à son tour dans une dépression irréversible, grâce à un humour féroce, décalé, qui fait sans cesse des pirouettes. Séverine vécu un grand moment de lecture. Elle n’oubliera jamais Miriam, adolescente complexée qui traîne sa carcasse et ses névroses dans un environnement hostile, héroïne hyper (il fallait bien le placer🤷‍♀️) attachante. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir été emportée, puisque prochainement, une lecture commune sous le Grand arbre, viendra détailler plus particulièrement tout ce qui touche dans ce très beau roman.

Hyper, d’Emilie Chazearnd, PKJ, 2025

Sa chronique groupée ICI. Celle de Liraloin

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pour Blandine, l’été fut autant propice à de belles et nombreuses lectures qu’à de chouettes balades forestières, maritimes et même citadines !

Dans nos maisons. Nancy GUILBERT et Séverine DUCHESNE. Alice Editions, 2024

Nos maisons disent beaucoup de nous-mêmes. Elles nous ressemblent et sont refuges, aussi faut-il les choisir avec soin, même si cela prend du temps. Après « Sur mon chemin », Nancy Guilbert et Séverine Duchesne se retrouvent pour nous offrir ce très bel album, aux mots-poésies et aux illustrations combinant objets réels, dessins, découpes et collages. Une jolie merveille !

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L’apprentie cartomancienne. Aurélie CROIZÉ. Gulf Stream Editeur, 2024

Paris, 1803. Auparavant diseuse de bonne aventure, Louise travaille, et habite, désormais, avec la célèbre Marie-Anne Lenormand, cartomancienne et nécromancienne, chez qui le beau monde accourt. Mais un jour, Marie-Anne est arrêtée et emprisonnée pour « trahison ». Résolue à aider sa mentore, Louise va mener l’enquête avec l’inspecteur Brandicourt. Elle sollicite l’aide de l’Impératrice Joséphine elle-même et n’hésite pas à se mettre en danger pour résoudre une mystérieuse affaire de meurtre, qui pourrait bien être liée à ce qui est reprocher à Marie-Anne.

L’apprentie cartomancienne est un thriller historique haletant qui nous plonge avec réalisme dans le Parie et la société d’alors; nous décrivant ses bas-fonds, ses croyances, ses rouages et ses complots à tous niveaux.

Amnesia. Juan ECHEVERRIA. Actes Sud Jeunesse, 2024

Ibrahim vit dans une cité du nord de Paris. Les tours, les habitudes, les deals en tout genre, les codes à respecter, Ibrahim veut voir autre chose. Alors il prend son vélo pour remonter le canal et aller pêcher, au milieu de la nature, et du silence surtout. Pour oublier la mort de son frère aîné et ce que ça a entraîné dans sa famille, pour faire silence, pour réfléchir à Chéryne. Mais chaque nuit, un cauchemar plus réaliste que la réalité l’assaille et le questionne. Et si il y avait un message à comprendre ?

Ce court roman nous offre une immersion dans une cité, avec sa culture et ses lois, tout comme une réflexion sur nos lignées et choix de vie ; sommes-nous condamnés à suivre nos ascendants, sommes-nous conditionnés, ou pouvons-nous faire des choix qui nous ressemble, pour s’accomplir individuellement, tout en faisant société? Tout sonne juste, terrible ou beau.

Le Jardin dans le ciel. Romain POTOCKI. Albin Michel, 2025

pour les plus grands, une lecture intense, immersive, réelle, tour à tour joyeuse et grave, qui nous emmène dans une cité du 9-3, auprès d’un ado de 17 ans, qui vit seul avec sa mère, avec qui il ne partage rien, car elle ne l’aime pas et lui reproche le départ de son père plus de dix ans auparavant. Malade, elle est hospitalisée. Notre ado en profite pour se rendre sur le toit de sa tour et cultiver de l’herbe. Mais comme rien ne peut se faire sans l’accord du caïd des lieux, El-Ghaib, il va lui demander l’autorisation de cultiver des fleurs. Ce dernier accepte tout en lui ordonnant d’offrir chaque jour un bouquet à une personne différente. Sinon… En parallèle, ses livraisons personnelles l’amènent à passer le seuil d’une librairie atypique, tenue par Sophie.il va y découvrir le pouvoir des mots, l’amour des livres, la préciosité de l’amitié, la valeur de la vie.

Le Jardin dans le ciel est un roman au ton faussement léger, écrit dans une langue très orale, au phrasé de cité, à l’argot des rues, qui nous plonge instantanément dans le quotidien de notre ado, pour qui on se prend très vite d’affection. C’est qu’il est tendre ce jeune homme, et sa vie pas facile. Ce roman c’est un concentré d’émotions, de sensibilités, de subtilités aussi. Outre les débats littéraires et poétiques, on y découvre différentes variétés de fleurs, ce que signifie prendre soin des autres et comment. C’est un roman de vie, de la vie, avec ses rencontres, ses joies, ses difficultés, et son métissage. Un vrai bonheur de lecture !

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Si l’été et les vacances tournent la page, celles des livres demeurent, et n’ont pas besoin de saisons pour se laisser lire ! Partagez-vous nos Coups de Cœur ? Quels ont été les vôtres ? Bonne Rentrée !

Nos coups de coeur de juin

Avant de nous lancer dans des sagas ou autres lectures propices à l’été, voici nos coups de cœur du joli mois de juin. Promis, vos arbonautes seront là en juillet et août pour vous faire voyager dans des pays lointains et toujours en famille ! En attendant, bonne lecture !

Pour Liraloin, la poésie est un véritable cataplasme pour les blessures de l’âme. Admirative du travail de la maison d’édition Le Port à Jauni, voici deux recueils qui l’ont fait voyager très loin…

Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti et illustré par Gabriella Corcione, Le Port a jauni, collection :  Poèmes, 2021

Par-dessus les toits, on crie des poèmes, on murmure des poésies. On attrape des mots au vol qui tournent dans la bouche et le cœur. Attendre parfois, relire souvent. La poésie est une invitation à la lenteur. Ce n’est pas au hasard que Gabriella Corcione a choisi la samare comme illustration d’intérieure de couverture. Des petites ailes jetées, tourbillonnant par-dessus les toits. Pierre Soletti dans sa nostalgie invite son lectorat à voyager en lui pour mieux s’interroger sur autrui.

« De mon toit d’ardoises

je t’écris

des cartes postales

à la craie »

L’homme sans paysage, battre la campagne de Mo Abbas, illustré par Jeanne Macaigne – Le port à jauni, collection : Poèmes, 2024

Est-ce un voyageur solitaire, fragiles ailes de papillon qui ne peuvent se déployer ? Chercher un monde meilleur pour s’envoler ? Parcourir les paysages pour connaître le sien et observer cette Nature offerte à toutes et à tous. Ecouter danser les mots dans cette marche salvatrice pour s’aventurer encore plus loin dans un monde sans frontière. Pourquoi vouloir répondre à certaines questions lorsque l’homme est en capacité de ressentir la Nature ? Accepter de marcher, oublier et se reconnecter « …A la limite du mot, habiter la Terre, rendre immuable l’éphémère, comme s’il existait un théorème parfait pour décrire la réalité ».

Sur des textes où les mots jouent entre eux, Mo Abbas écrit cette poésie qui se déroule comme un chemin que nous devons explorer. Est-ce que la sensibilité de Jeanne Macaigne nous permet d’apaiser toutes ses interrogations : « … tu parles aux épouvantails, à la volaille, au bétail, tu deviens ce chien fou, allez cherche ! cherche ! qui fouille les buissons pour lever le gibier. Tu as perdu le nord, et alors ? Sans carte, ni boussole, tu vas de bâbord à tribord ? D’accord. Et qui ça gêne, d’abord ?.. »

Merci à Mathilde Chèvre de nous laisser écouter la version audio sur le site en langue française et arabe comme dans le cahier. La musique en bonus pour un moment heureux.

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C’est la lecture de Plein gris qui a marqué le mois de juin pour Ileautresor.

« Ce qui se passe en mer reste en mer. » Mais que s’est-il passé, justement ? Un corps remonte à la surface de l’eau. Celui de leur ami Clarence. Ce dernier était comme un soleil : surtout aux yeux d’Emma. Il brillait comme un soleil. Avant de se brûler les ailes…

Prendre la mer, c’était leur rêve. Etre seuls maîtres à bord… Partir naviguer ensemble. C’était grisant. Une aventure d’une semaine. A bord d’un voilier. Ils en avaient tant rêvé… de partir en mer. Ensemble. Jusqu’en Irlande… Juste eux quatre : Clarence, Sam, Elise, Emma. Au dernier moment, sur le port, Victor s’est joint à la petite bande- et le voilà à bord.

Le vent s’est levé. Un avis de tempête a été lancé. Aucun d’entre eux n’aurait pu prévoir, ce soir-là, ce qui s’est passé. Que faire à présent ?

« A l’horizon, une barre sépare mer et océan. C’est gris suie, épais comme un incendie de pétrole, et ça se rapproche. Les voiles se gonflent dans le plus grand désordre, giflant le mât avec de grands cliquetis de poulies et de manilles. le corps de Clarence n’a pas bougé. » Que faire ? Faire demi-tour ? Appeler les secours ? Les chapitres alternent entre le présent et les rappels du passé. D’une part, il faut combattre la tempête qui vient sur eux – c’est le présent – D’autre part, Emma – la narratrice – se souvient : la rencontre avec Clarence… puis celle avec Victor. Rétrospectivement, Elle évoque les moments avec Clarence. Elle pense à l’équipe qu’elle formait avec lui. Elle, à l’arrière du dériveur, lui, sur le pont, le visage dans les embruns. Rien qu’elle et lui. Le résultat, c’est un roman passionnant. Il l’a captivée… et elle n’a pu s’en détacher. Ileautresor l’a lu d’une traite… Il est rythmé… comme elle aime. C’est un grand roman, à n’en pas douter. Et elle est ravie d’avoir découvert une grande auteure de romans !

Plein gris, Marion Brunet, Pocket Jeunesse, 2021.

Son avis complet ICI et celui de Lucie.

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Lucie a eu la chance de se voir proposer La petite fille au fusil par les toujours pertinentes éditions du Ricochet. Ce roman graphique de 224 pages propose une vision de la seconde Guerre Mondiale par une toute jeune fille lituanienne.

Elle a aimé découvrir cet événement dramatique d’un autre point de vue, le front russe, et les invasions successives subies par la Lituanie. Mais plus que tout, elle a aimé la personnalité vive et résiliente de Madga qui parvient à garder une âme d’enfant dans un contexte atroce et fait preuve d’une étonnante débrouillardise.

Les illustrations dans les tons ocre et pleines de vivacité servent parfaitement ce récit qui tient jusqu’au bout l’équilibre entre rires et larmes.

La petite fille au fusil – histoire d’une jeune résistante, Marius Marcinkevičius, illustrations de Lina Itagaki, Éditions du Ricochet, 2025.

Son avis complet ICI.

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Ce sont deux albums d’amour et d’amitié qui ont touché le cœur de Blandine.

Magic Iznic. Gabrielle LAESAGE et Antoine DOSSUN. Editions Chapitre #, février 2025

Magic Iznic nous emmène auprès d’une tulipe, Laylé, qui a perdu son ami l’Oeillet, suite à la brisure de leur décor. Au fil de son voyage, elle fait différentes rencontres qui lui permettent de de voir moult motifs qui ornent les céramiques ottomanes, en particulier celles d’Iznic, dont elle est elle-même originaire.

Un album d’art et d’Histoire, délicatement illustré, pour découvrir d’autres cultures.

Petit Renard Flou. Marine REGIS-GIANAS et Cécile BIDAULT. L’Ecole des Loisirs, octobre 2024

Petit Renard est flou car il fait tout pour ne jamais être vu, aperçu, décelé. Il fait tout pour se fondre dans le décor de la nature et y parvient très bien, jusqu’à ce qu’il entende d’autres animaux. Au gré des saisons et des températures, il découvre d’autres émotions, d’autres sentiments que ceux de la peur, de la fuite, de la dissimulation. Et ainsi naît en lui, une certaine tristesse, une certaine envie aussi. C’est dans ce maëlstrom des sens qu’il accepte un jour de se départir de son flou.

Cet album tout en délicatesse nous parle des peurs et des apparences, de la vie et de nos désirs, comme de l’acceptation. Les illustrations combinent différents traits et techniques pour une atmosphère des plus chaleureuses et enveloppantes. Un album qui réchauffe le cœur !

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Deux coups de cœur pour Séverine en ce mois de juin, chez la même maison d’édition, dont elle a acheté ces 2 albums le même jour. Il s’agit de la toute jeune maison indépendante Athizes, qui commence à se faire un nom parmi celles qui proposent à la jeunesse des livres forts, engagés, généreux, inclusifs, dont les messages citoyens et humanistes sont à chaque parution portés par de très beaux textes et des illustrations magnifiques. Athizes, c’est la beauté au service de l’humanité. Les précédents albums que possède Séverine l’avaient déjà convaincue que la littérature peut être porteuse d’un espoir qui n’a pas de prix, surtout lorsqu’elle s’adresse aux enfants en leur donnant les moyens de « faire entendre leur voix, de les inspirer, de les faire voyager, pour que leurs rêves deviennent […] des victoires ! » : « L’enfant comme l’étincelle : petit par sa taille, grand par son pouvoir !« .

Le premier coup de cœur, Les sources mêlées, dernier titre de la collection « Rêver », est un très beau conte écologique autour du bien le plus précieux qui soit : l’eau, et la vie qu’elle apporte. Poétique et émouvante par son texte, merveilleusement illustré dans des tons dominants de bleu et de jaune très lumineux, cette histoire est mêle les valeurs de respect de l’environnement, de courage, de solidarité, en délivrant un message universel : tous.es ensemble, en rassemblant nos forces, on peut agir et préserver nos ressources essentielles, qu’elles soient naturelles ou humaines. Il n’est pas sans rappeler la légende amérindienne du colibri et son célèbre Je fais ma part, pour, d’une même voix, dire aux enfants, que chacun.e d’entre elle.ux est important.e, aussi petit.e soit-il/elle. L’allégorie de la goutte d’eau, simple et forte à la fois, est inoubliable.

« Depuis ce jour, les habitants appellent cet endroit les sources mêlées. Ainsi, ils se souviennent que c’est grâce aux gouttes de chacun d’eux que la vie est revenue. Ils se souviennent de la puissance de leur union ».

Le deuxième album, Memory, est inspiré d’une histoire vraie, comme toutes celles de la collection « S’inspirer » est un véritable manifeste pour les droits des filles. Au Malawi, pays d’origine de Memory Banda dont l’album retrace superbement le combat, mais aussi partout en Afrique, et, par extension, dans le monde entier. D’après l’Unicef, 1 fille sur 5 est mariée avant ses 18 ans. C’est la cas de Mercy, la petite sœur de Memory, qui devient ainsi mère de 3 enfants à seulement 16 ans ! C’est pour elle, mais aussi pour toutes les petites filles que les traditions ancestrales privent de scolarité, de liberté et tout simplement d’enfance, que Memory parviendra à force de courage, de conviction, de détermination, à faire bouger les lignes, en faisant inscrire dans la loi -et dans les esprits- que « chaque enfant, garçon ou fille a le droit de rêver. Et aussi de décider de quoi son avenir sera fait ». Le texte de la grande Sophie Andriansen dont l’œuvre toujours engagée résonne encore une fois, est brillamment construit autour de la symbolique et des couleurs du drapeau du Malawi, tandis que les illustrations fines et riches en couleurs de Flore Godlewski sont d’une grande force évocatrice. Pour que les enfants d’ici ou d’ailleurs n’oublient jamais qu’ils/elles ont des droits fondamentaux et surtout, le droit de les défendre.

Memory, de Sophie Andriansen, illustré par Flore Godlewski, Athizes, 2025

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