Lecture commune : La Perle

Au seuil de l’automne qui s’annonce, on vous invite à partir en quête d’un trésor : un trésor dont seule la nature a le secret, un trésor à partager ! Laissez-vous embarquer à bord de l’album intitulée La Perle d’Anne-Margot Ramstein et Matthias Aregui, un duo toujours surprenant !

La Perle, Anne-Margot Ramstein, Matthias Arégui, La Partie, 2021.

Lucie. – Colette, souhaite-tu ouvrir cette lecture commune en dévoilant les raisons qui t’ont poussée à proposer cet album ? Je serai curieuse de les découvrir !

Colette. – Nous avons découvert cet album par le plus beau des hasards à l’occasion de L’Escale du livre, festival littéraire bordelais. J’avais inscrit mon plus jeune fils à un atelier avec l’autrice, Anne-Margot Ramstein, parce que c’était un des rares accessibles aux enfants de son âge sur le dimanche après-midi. Avant l’atelier, l’autrice était en séance de dédicace. Nous n’avions pas de livres de cette artiste dont nous connaissions les livres grâce à nos médiathèques. J’ai proposé à mon fils d’en choisir un qu’il pourrait se faire dédicacer : il a choisi La Perle. Quel bonheur ! C’est bien évidemment la couverture de ce livre à la douce reliure grisée qui l’a attiré : cette couverture c’est une invitation au voyage digne de Baudelaire. Peau bronzée, doigts effilés, paysage insulaire, entre végétation verdoyante et ciel d’une lumière aveuglante, tout y est. Et puis ce geste, si élégant, qui nous invite à devenir le corps auquel est rattaché cette main tendue, ce geste là m’a appelée ! Cette étrange couverture a-t-elle eu le même effet sur vous ?

Lucie. – C’est vrai que cette couverture attire l’œil ! Entre les couleurs vives, très tranchées et cette illustration en vue subjective est étonnante, intrigante !

Blandine. – Il y a beaucoup de douceur et de délicatesse dans cette couverture. J’en suis émue. Comme si je recevais moi-même cette bague.
On ressent aussi toute la beauté et le soin apporté à l’objet-livre. Et j’aime beaucoup ces couleurs franches.

Frédérique. – J’ai découvert le travail de ce duo avec l’imagier Avant-Après. En me rendant au SLPJ93, je suis tombée sur les éditions de la PARTIE. Un duo d’éditrices, aguerries, qui ont exercés chez d’autres éditeurs…. Bref, cette couverture m’a bien attiré et je l’ai mis tout de suite en commande. Je te rejoins Colette, sur le fait que cette couverture sort “du lot”, cette reliure grisée me rappelle les vieux carnets de voyage. Une vie va se passer à en juger cette lumière de la 1ère de couverture et la nuit tombée de la 4ème de couverture.

Colette. – Et quel a été votre horizon d’attente à l’ombre de cette jolie couverture ? Qu’est-ce que vous vous êtes imaginé ? Qu’avez-vous pensé découvrir de l’autre coté de cette longue main brune ?

Lucie. – Je m’attendais à de l’exotisme, avec cette peau halée et ces couleurs chatoyantes ; à voyager, mais pas de cette manière ! J’ai aimé cette bague à la fois précieuse et enfantine. Cette couverture annonçait un album inhabituel, j’étais pressée de le découvrir.

Blandine. – Je savais uniquement que cet album était sans texte. Et rien que pour ça, j’étais attirée, quasi conquise. Je n’ai eu aucune attente avant “lecture”, je n’ai pas cherché à imaginer l’histoire que ses pages pouvaient raconter. Je me suis totalement laissée porter. Et j’en ai été soufflée.

Frédérique. – Je me suis dit que si c’était comme Avant-Après, il allait y avoir beaucoup beaucoup de détails dans cette histoire…

Colette. – Et alors qu’avez-vous découvert entre l’aube et l’aurore de cet album hors du commun ?

Blandine. – Je n’avais pas du tout imaginé ce contenu, cette fin, j’ai été soufflée par chaque double page et détail, par le double effet visuel entre la page de gauche qui se centre sur la perle et ce qui lui arrive ; et la page de droite qui la remet dans un contexte qui la dépasse, la sublime, l’utilise aussi. Pourtant, j’y ai trouvé de la beauté, de l’apaisement, un sentiment de “tout arrive à point à qui sait attendre” alors même que, au moment de ma première lecture, j’ai eu le sentiment que tout passait vite, pas du tout sur des décennies et en même temps, cela est si logique. Il y a comme une double temporalité. J’ai été émerveillée par ce voyage “d’une vie”, à la fois de la perle en elle-même, ses “rencontres” fabuleuses, des plus beaux endroits aux plus populaires, ordinaires, et ce retour aux sources. Et de l’autre, ces deux vies humaines qui n’ont pas cessé de s’aimer, qui nous sont proches sans que nous les connaissions, puisque c’est la perle et non eux que nous avons suivie. Une vie que l’on devine simple et non conditionnée à des “apparats”, alors même que la perle en est “victime”. J’aime cette ouverture d’interprétation que nous offre cet album sans texte.
Et que dire des couleurs ?! Splendides, immergeantes. Elles apportent à l’album un fort côté artistique, à la façon pop art.

Lucie. – J’ai découvert un voyage auquel je ne m’attendais pas. Pourtant le titre est parfaitement choisi : “La perle”, et on suit effectivement le voyage, l’histoire, d’une perle. C’est fou comme on est formatés en tant que lecteurs. Pour moi, il était évident que la main de la couverture appartiendrait au personnage principal, la perle ayant un rôle essentiel mais pas central !
Ici l’objet est le personnage principal, d’où l’absence de texte. La conséquence : la temporalité est très différente de celle d’un humain, d’où la surprise finale. J’ai adoré cette boucle d’ailleurs, très poétique, romantique… Un peu de douceur dans ce monde de brutes ! Cela amène aussi de l’émotion, car l’identification ne fonctionne pas forcément avec une perle !
Elle passe aussi par la beauté des paysages, des illustrations, des couleurs, mais d’une manière très différente que dans une histoire traditionnelle.

Frédérique. – J’y ai découvert une formidable histoire de vie. A travers cette perle pêchée dans l’océan et ses péripéties, la route sera lente et longue et puis cette question qui reste en suspens : reviendra-t-elle à son propriétaire originel ou va-t-elle connaître encore d’autres aventures ?
Car il est vraiment question d’aventures et on se demande quand est-ce que cette perle va arrêter de s’échapper continuellement. Vous avez raison, mesdames, son destin n’est pas d’appartenir à une couronne ni de finir dans l’estomac d’un saumon ! Parlons un peu des enchainements, une spécialité de ce duo, avez-vous repéré les objets ou les personnages qui invitent à mener cette perle à sa destination finale?

Lucie. – Là encore, le rôle des humains est présent mais le hasard et les animaux jouent un rôle aussi important que les hommes dans ces enchaînements. Cela nous invite à réaliser que, bien que nous ayons un sentiment de contrôle des événements la plupart du temps, nous ne maîtrisons pas tout, et encore moins sur le long terme !
J’ai trouvé cet aspect vraiment intéressant.

Colette. – Très bien dit Lucie. Je rajouterai que j’ai été particulièrement séduite par le jeu des cadrages qui est une des spécialités de notre duo d’artistes, avec cette alternance macro/micro, panoramique / gros plan à chaque double page, bouleversant nos habitudes de lectrices à la fois dans notre manière de regarder mais aussi de raconter. Ce qui compte finalement ce n’est pas tant le récit que la poésie qui se dégage de ces paysages ou de ces détails vers lesquels les artistes guident notre regard.

Blandine. – Tout au long de ma “lecture”, je me suis demandée comment l’album pouvait finir et la perle, terminer sa course. Je n’avais pas du tout imaginé ce voyage d’une vie et aux vies multiples entre ordinaire, simplicité, préciosité (sentimentale, pécuniaire, d’apparat).
Les enchainements des auteur.e.s sont brillants, entre le micro et le macro, il y a aussi une sorte de jeu. Je me suis mise à rechercher les éléments communs au fil des pages et à imaginer la suite de ce “voyage”. Le nid de la pie et la couronne de la Reine sont des trouvailles fabuleuses!

Colette. – Et dans ces enchaînements parfois improbables entre des environnements souvent très opposés avez-vous lu un message, une réflexion ? Si oui laquelle ?

Frédérique. – Ce qui m’a interpellée c’est ce sentiment de destruction tout de même. Elle commence doucement, une perle arrachée à son milieu naturel. Tout cet enchaînement se fait soit par un animal voleur ou destructeur comme vous l’avez dit précédemment, soit par la main de l’homme (vol, vente de la perle…). Dans cet album il y a tout de même quatre pages sur la fuite de la perle dans un environnement pollué et détruit par des machines. On y voit aussi la consommation … Finalement j’ai plutôt vu la chute comme un apaisement. Cette perle offert par amour revient à l’amoureux.

Blandine. – Mon sentiment premier à la fin de ma lecture a été que toute chose se trouve là où elle doit être. Qu’il n’y a pas de hasard. Et pourtant, que de concours de circonstances, de coïncidences dans cet album qui permettent à la Perle d’effectuer ce voyage.
J’ai aimé ce retour aux sources, ce lien évident que nous avons avec la Nature, et que nous malmenons pourtant pour vivre, améliorer nos quotidiens, pour l’apparat aussi.
Cet album universel peut parler à tous. Car il est sans texte, mais aussi parce que les frontières y sont abolies. Et c’est à double tranchant. Le beau s’exporte, s’expose, se transmet, s’apprend, se vend, se vole, et il y a aussi ce pointage subtil de la mondialisation, et à laquelle nous participons tous, qui que nous soyons, où que nous soyons. Car c’est bien grâce à elle que le jeune garçon des Îles devenu vieux retrouve la perle dans une bouteille de sirop d’érable.
Nous sommes tous liés.

Lucie. – Tout à fait d’accord avec Frédérique. Autant quelques passages sont assez “doux” (l’océan du début, la rivière au Canada) mais les auteurs mettent délibérément en images l’empreinte dévastatrice de l’homme sur la nature. Sans être lourd, le message saute aux yeux.

Colette. – En effet, il y a comme un arrière-plan politique à cette odyssée. Non seulement sur la question écologique mais aussi économique avec la scène de l’usine du sirop d’érable, produit qui fait le tour du monde par avion pour se retrouver dans la cuisine de tout un chacun. Vos remarques posent donc la question du lectorat de cet album : l’avez-vous partagé avec un jeune public ? Avez-vous recueilli leurs réactions ?

Lucie. – Je ne l’ai pas partagé avec un jeune public, mais je serai effectivement curieuse de savoir ce que des enfants en comprendraient.

Blandine. – Selon son âge, l’enfant verra plus ou moins de choses qu’il pourra verbaliser ou pas encore. Ce peut être des impressions avant d’être des réflexions.
Mon fils de 10 ans l’a lu. Il aime les albums sans texte et est très sensible, mais ne partage pas beaucoup. Il a aimé le style graphique, les couleurs, l’absence de mots, le voyage de cette perle mais nous n’avons pas approfondi. Parce que le moment ne s’y prêtait pas, aussi parce que c’est beau aussi, parfois, de prendre les choses comme elles viennent sans vouloir raisonner, commenter derrière. Juste apprécier la beauté sans analyser.

Colette.Pour terminer cette LC – sauf si vous avez d’autres questions- pourriez-vous nous dire quelle est votre (double) page préférée et pourquoi ?

Frédérique. – Ma double page préférée est celle du nid et du bateau. L’aventure y est totale : le bateau toutes voiles hissées donne l’impression d’un bateau de pirate. Le contenu du nid de pie laisse entrevoir ce qui va se dérouler ensuite. En effet, il y a une pièce de monnaie anglaise (on y voit le profil d’Elisabeth II) et sur la page suivante, la perle finira sur la couronne de cette même reine.

Lucie. – C’est drôle, j’aurais choisi la même pour des raisons similaires. Autant dans la vie le côté “tout est écrit et pensé” ne me plaît pas du tout, autant j’aime bien ces clins d’œil que les auteurs font au lecteur attentif.

Blandine. – J’ai particulièrement aimé la double page où la perle se trouve fichée dans la couronne de la Reine que porte maladroitement son fils aîné. (ce qui pose question de la valeur des objets selon le rang social comme de leur symbolique). C’est avec cette double-page que j’ai saisi le passage du temps de l’album, car on voit sur la page de droite trois portraits de la Reine avec sa couronne. Elle est d’abord seule, puis avec un bébé, puis avec un enfant sur le côté du fauteuil où elle se trouve et un autre bébé dans les bras. La couleur de ses cheveux diffère aussi, allant en s’éclaircissant. Et enfin, la scène générale avec les deux enfants ayant grandi et elle ayant les cheveux couleur argent.
J’aime cette vision subtile du temps qui passe, et les questions que soulèvent les détails.

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Et si vous aussi, vous aimez les albums sans texte, nous vous en avions proposé une sélection par ici suite à un débat que nous avions mené par .

Lecture commune : Fin d’été

Pour finir l’été, nous avons préparé une lecture commune autour d’un album qui respire la fin des vacances et le désir de les prolonger encore un peu. Le très doux Fin d’été de Stéphanie Demasse-Pottier, illustré par Clarisse Lochmann.

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Fin d’été, Stéphanie Demasse-Pottier et Clarisse Lochmann, L’Etagère du bas, 2021

Lucie : J’avais envie de commencer en vous demandant comment vous aviez découvert le travail de Clarisse Lochmann, et sa collaboration avec Stéphanie Demasse-Pottier ?
Comme pour ma part c’est grâce à Colette, je suis curieuse de savoir ce qui la touche particulièrement ?

Linda : J’ai pour ma part découvert Clarisse Lochmann grâce à Colette qui nous a proposé son titre La passoire pour le prix ALODGA 2021. J’ai été séduite par son univers graphique et depuis je la suis de près. C’est sur son compte instagram qui j’ai eu vent de la sortie de Fin d’été que je me suis empressée d’acheter. L’occasion de découvrir la magnifique association de ces deux artistes talentueuses. Je viens d’ailleurs de me procurer leur dernier travail en commun Même les crocodiles n’ont pas sommeil !

Colette : Clarisse Lochmann a un style bien particulier, un univers à la fois flou et intense, que j’ai tout de suite reconnu quand j’ai vu la couverture de Fin d’été sur les rayonnages des nouveautés de ma médiathèque préférée ! C’est le bleu qui m’a fasciné, comme la première fois. Quand on a aimé un album à la folie comme j’ai aimé La Passoire, je ne pouvais résister à la tentation de m’agripper à cette fin d’été prometteuse. Et puis le titre de cet album a ouvert la porte des possibles et des souvenirs. Une porte qu’il me fallait plus qu’entrebâiller.

Blandine : C’est grâce à Colette, et sa proposition pour La Passoire, que j’ai découvert le travail de Clarisse Lochmann. Son univers graphique m’a immédiatement séduite et emportée. Pour Fin d’été, j’ai acheté l’album sans hésiter une seconde. La couverture est magnifique, et quel titre ! S’y entremêlent mélancolie, renouveau, transmission.
Quant à Stéphanie Demasse-Pottier, je la découvre avec cet album – et j’aime !

Lucie : Ce que dit Blandine au sujet du titre est très juste : trois mots, une petite fille qui ferme un parasol et nous voilà immédiatement renvoyées à nos propres souvenirs de départ. En tout cas ça a été très efficace pour moi. 
Avez-vous eu la même sensation ?

Linda : Je ne l’ai pas abordé sous l’angle du départ. Je pensais que l’album parlerait des vacances et des derniers instants que l’on savoure. Bien entendu cela a éveillé des souvenirs de ma propre enfance. Nous partions en juillet avec mes parents mais ils nous arrivaient souvent, jusque fin août, de goûter encore aux plaisirs des plages du nord avant de retrouver le rythme plus effréné qu’amène la rentrée scolaire.

Colette : Moi non plus, je n’ai pas du tout imaginé qu’il s’agirait d’un album sur le départ. J’étais tellement imprégnée encore de ma lecture de La Passoire que j’ai cru que l’album raconterait un évènement imaginaire, un mécanisme psychologique. Je ne m’attendais pas à une narration réaliste. Pourtant le titre aurait du me guider !

Lucie : Qu’ils relatent un mécanisme psychologique ou une narration réaliste, les deux albums que j’ai pu lire m’ont laissée avec une tristesse latente. 
Avez-vous ressenti la même chose ?

Blandine : Tristesse non, mais mélancolie oui. L’album, les illustrations “non figées” grâce à l’encre, nous transportent auprès des personnages, et nous emportent dans nos propres souvenirs, à la fois vrais et idéalisés. J’aimerais cette douceur de fin d’été/vacances, cette possibilité de prendre encore un peu le temps, de s’affranchir encore un peu des contraintes que la Rentrée entraîne.

Linda : J’ai pour ma part ressenti un profond sentiment de nostalgie, une volonté de retenir quelque chose, de faire durer un plaisir : les souvenirs de la nuit ou la joie des vacances.

Colette : J’ai tellement souffert de ce sentiment que la fin de l’été marquait : la fin de quelque chose de tellement plus grand et plus fort que simplement “la fin des vacances” que j’ai proposé à ma famille de ne plus laisser finir les vacances. Maintenant fin août, quand la rentrée approche, nous partons en vacances, au fil du rasoir, les jours juste avant de retourner à l’école. Une toute petite escapade mais qui nous fait nous sentir “rebelles et biens vivant.e.s” ! En fait le plus insupportable ce sont les quelques jours qu’on a tendance à prévoir pour reprendre les “bonnes habitudes” comme pour faire tampon entre deux vies, l’une de liberté, l’autre de contraintes. D’ailleurs ce sentiment en dit long sur les mécanismes qui régissent nos sociétés occidentales contemporaines dans lesquels le travail est encore très au cœur de notre existence, jusque dans son intime temporalité.

Blandine : Comme tu as raison Colette !! Cette habitude de “tout” prévoir, d’être constamment dans l’anticipation, dans le “au cas où”, et qui finalement, nous empêche d’être dans le présent, dans l’instant, de vivre pleinement les moments qui s’offrent à nous, avec ceux qui nous entourent, eux-mêmes peut-être accaparés par leurs propres anticipations, parce qu’il faut se préparer, être prêts à …”
Quant au travail, il faut savoir couper, mettre de la distance, car il est facile de le laisser s’infiltrer à tous les moments de notre vie, par le biais des téléphones (surtout) qui nous servent à être joignables à tout moment et partout par les mails, messages, appels. Ou “simplement” pensées.

Lucie : Tu as raison Blandine, « mélancolie » est le terme juste.
Quant à la fin des vacances, ce petit moment volé m’a fait penser à ce que Timothée de Fombelle raconte dans Neverland : le départ du dimanche soir, à contre courant des vagues de retour pour un dîner-pique-nique à Fontainebleau (de mémoire). Cette capacité à saisir l’opportunité, à offrir des moments inattendus et précieux à ses enfants… C’est rare !

Blandine : Je vais faire remonter Neverland sur le dessus de ma PAL moi ! Ce qui empêche, ce sont des mécanismes ancrés d’habitudes, de transmission familiale, de craintes diverses. Il faudrait oser, oser oser même !

Linda : Oui c’est tout à fait ça ! Il est important de vivre l’instant présent, d’être spontané et de toujours laisser de la place à l’imprévu. Il y a toujours un plaisir immense à organiser les vacances, cela permet de se projeter. Mais une fois sur place, j’aime que nous ne fassions pas ce qui était prévu pour nous laisser porter par nos envies du moment. Au final nous savourons vraiment plus ces instants, pour la liberté qu’ils nous donnent de vivre pleinement une journée déconnectée de la rigidité du calendrier.

Lucie : Dans l’album, cette manière de retarder le retour m’a vraiment plu. Stéphanie Demasse-Pottier pousse plus loin que le traditionnel pique-nique sur la route. Cette nuit à la belle étoile est très jolie idée. Cela m’a donné l’impression que les parents n’avaient pas perdu leur âme d’enfant. Qu’ils sentaient la peine de leur fille et qu’ils décidaient de faire à leur famille un dernier cadeau, souvenir précieux, de leurs vacances. J’ai vraiment aimé que l’enfant semble associé à la décision de dormir dehors, au choix du lieu de campement…
Le souvenir et le temps (qui passe, que l’on décide de prendre ou non) me semble central dans cet album. Qu’en pensez-vous ?

Colette : Le temps en effet est au cœur de cet album : il y est question du temps que l’on prend, en famille, pour écouter ses émotions, les accompagner, leur trouver une manière de s’exprimer, de se transformer. On en parle souvent pour la colère mais plus rarement pour le chagrin, la mélancolie. Et puis dans cet album, c’est fait avec beaucoup de délicatesse, une certaine économie de mots, une forme de pudeur qui fait toute la beauté de l’écoute des parents. La tristesse de l’enfant résonne beaucoup en moi, j’imagine en vous aussi. Elle résonne sans doute d’autant plus que, souvent chez moi, elle n’a non seulement pas été entendue mais je n’ai jamais eu l’idée de l’exprimer. Peut-être vivions-nous cette mélancolie chacun.e de notre côté alors qu’il y a quelque chose de profondément joyeux à la vivre ensemble, à la célébrer ensemble.

Linda : Le temps rythme l’album de la même manière qu’il rythme nos vies. Que ce soit le temps que l’on prend, celui qui nous pousse à aller plus vite ou à ralentir, ici il est connecté aux émotions de chacun des personnages et c’est probablement pour cela que cet album nous touche autant. C’est aussi parce qu’ici les parents sont bienveillants, écoutent et accueillent les émotions de leur enfant avec délicatesse. Comme Colette, c’est quelque chose qui me touche intimement car mes émotions, surtout si elles étaient négatives, n’étaient pas entendues et il était même préférable de les taire. J’imagine que cela est lié à l’évolution du regard que l’on a sur l’enfant… Toujours est-il que je me demande également s’il ne serait pas plus agréable de partager notre mélancolie pour la rendre plus agréable.

Blandine : Je vous rejoins complètement sur le rapport au temps. Prendre le temps de faire les choses, comme de (re)connaître nos ressentis.
Je crois aussi qu’il y a quelque chose de générationnel dans l’expression possible des émotions et de leurs diversités. Pour preuve l’incroyable production (et pas seulement littéraire) autour d’elles. Ce qui était auparavant tu, indéterminé, non nommé ou réduit est désormais recherché dans toutes ses nuances. Être mélancolique, ce n’est pas forcément être triste ; être contrarié, ce n’est pas être en colère, etc. Parents et enfants sont encouragés à identifier les émotions. Cela crée ou renforce des liens, favorise des échanges et discussions. Mais il faut aussi garder de la spontanéité, de la surprise. Ce que font les parents de cet album. Et j’aime ça !

Lucie : Pour conclure, je vous propose de revenir un instant sur l’univers graphique de Clarisse Lochmann. Comme vous le disiez au début de cette discussion, c’est en grande partie ce qui vous a attirées vers cet album. J’ai eu la chance de rencontrer Clarisse Lochmann dans un festival, et elle plaisantait en disant qu’elle faisait des tâches et qu’elle débordait. Ces illustrations un peu floues sont en effet une marque de fabrique immédiatement reconnaissable. Que vous inspirent-elles ?

Blandine : Des tâches peut-être, mais avec un très fort pouvoir évocateur. J’aime qu’il n’y ait pas de contours, pas de limites, que ça déborde. La base est commune mais chacun y voit, y trouve, y ressent ce qu’il veut, ce qui s’impose. De fait, l’expérience de lecture est unique et sans cesse renouvelée. C’est très poétique. Paradoxalement, cette “liberté” peut aussi en dérouter certains.

Linda : De bien jolies tâches alors ! C’est un style graphique que j’apprécie énormément car ce flou laisse place à l’imagination de chaque lecteur et permet de laisser s’exprimer ses propres représentations. C’est vraiment poétique ! Comme le dit Blandine, ce style propose une expérience de lecture qui se renouvelle, ce qui est toujours très plaisant.

Colette : Ce que j’aime aussi dans le style de Clarisse Lochmann c’est qu’elle laisse les traces de ses esquisses, que l’on devine le crayon à papier. Je suis toujours pleine de gratitude pour les artistes qui nous montrent comment ils/elles travaillent, je trouve que c’est très généreux de partager avec nous, même implicitement, leurs secrets de fabrication.

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Nous espérons vous avoir donné envie de découvrir les albums de Clarisse Lochmann, qu’elle les ait réalisés seule comme La Passoire ou avec sa complice Stéphanie Demasse-Pottier comme Fin d’été ou Même les crocodiles n’ont pas sommeil ! Pour notre part, vous l’aurez compris, nous sommes sous le charme !

Prix A l’ombre du Grand Arbre 2022 : Petites Feuilles

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Après la sélection Brindilles présentée la semaine dernière, voici le trio de tête pour la catégorie “Petites Feuilles” qui célèbre nos albums préférés destinés à des lecteur.ice.s un peu plus grand.e.s !

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Esther Andersen

Esther Andersen surgit comme un titre de film au doux parfum de carte postale envoyée lors des vacances. Un album sur l’été qui ne semble ne jamais finir, les premiers émois amoureux et les rencontres estivales bouleversantes. L’écriture du texte épouse parfaitement les illustrations d’où émanent une légèreté enfantine amoureuse.

Esther Andersen de Timothée de Fombelle et Irène Bonacina, Gallimard jeunesse, 2021

Retrouvez les avis de Lucie Livres d’Avril, Linda, Isabelle et Frédérique

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Les idées sont de drôles des bestioles

Bienvenue dans le monde de l’imaginaire. Quels chemins prennent nos pensées pour construire nos idées ? Des idées qui se métamorphosent en bestioles hybrides incomplètes ou inattendues. Ici, les mots et les images permettent de restituer ce qui aurait pu être insaisissable. Un album à mettre entre les mains d’enfants qui aiment créer, inventer et attraper des idées au vol.

Les idées sont de drôles de bestioles d’Isabelle Simler, Editions Courtes et Longues, 2021

Retrouvez notre lecture commune et les avis de Lucie Livres d’Avril, Isabelle et Linda

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Peut-être

Trébucher, rêver, être humain… Essayer, réussir… ou non ! Et si chacune et chacun avait en soi un potentiel insoupçonné ? Pas besoin d’être un super-héros pour essayer de réaliser ses rêves. Dans cet album les dessins illustrent bien la poésie d’un texte positif. Une lecture qui fait du bien aux petits comme aux grands.

Peut-être de Kobi Yamada et Gabriella Barouch, Le Lotus et l’Éléphant, 2021

Une sélection créatrice, poétique et rêveuse !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection “Petites feuilles” ?

  • Les idées sont de drôles de bestioles d'Isabelle Simler, Editions Courtes et Longues, 2021 (53%, 20 Votes)
  • Esther Andersen de Timothée de Fombelle et Irène Bonacina, Gallimard jeunesse, 2021 (29%, 11 Votes)
  • Peut-être de Kobi Yamada et Gabriella Barouch, Le Lotus et l'Éléphant, 2021 (18%, 7 Votes)

Total Voters: 38

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Prix A l’ombre du grand arbre 2022 – Brindilles

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Nous commençons cette semaine avec la catégorie “Brindilles” dédiée à la petite enfance avec trois albums pour se mettre en mouvement !

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Pipiou, quel appétit !

Pipiou est un petit poussin gourmand parti en quête d’un met savoureux. Mais ce n’est pas si facile de trouver quelque chose de comestible à hauteur d’oisillon. Pour atteindre ses objectifs, il faut savoir faire preuve d’ingéniosité. Nous vous laissons découvrir comment notre petit personnage parviendra à ses fins !

Pipiou, quel appétit ! Richard Marnier, Aude Maurel, éditions Frimousse, 2021.

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Touche à tout !

Voici un imagier qui met la photo à l’honneur ! Ici Anne Letuffe fait dialoguer le dessin et la photo par d’habiles jeux de découpe. Le tout-petit y est invité avec subtilité à faire des liens entre ses jeux et le monde si riche qui l’entoure.

Touche à tout, Anne Letuffe, Atelier du poisson soluble, 2021.

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Une histoire bien secouée

Une histoire bien secouée, Corinne Dreyfus, Thierry Magnier, 2021.

Une histoire bien secouée qui secouera de rires tous les membres de la famille ! Une bande de fourmis s’est invitée dans le livre et tout est chamboulé sur leur passage ! Les lettres partent dans tous les sens, la narration se disloque, et le lecteur peut enfin tester sa toute puissance sur ce monde de mots qui pourrait au premier abord semblé bien abstrait !

Une sélection pour oser, rire et jouer et revenir !

A consommer sans modération !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection “Brindilles” ?

  • Une histoire bien secouée, Corinne Dreyfus, Thierry Magnier, 2021. (39%, 11 Votes)
  • Touche à tout, Anne Letuffe, Atelier du poisson soluble, 2021. (36%, 10 Votes)
  • Pipiou, quel appétit ! Richard Marnier, Aude Maurel, éditions Frimousse, 2021. (25%, 7 Votes)

Total Voters: 28

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Nos classiques préféré.e.s : les peintures exceptionnelles de François Roca

« Je pars d’une feuille blanche, je dessine, je crayonne et ensuite je peins. Parfois je rate et je recommence. Cette première image va donner le ton, déterminer le personnage principal… » Extrait Fred Bernard & François Roca : créateurs d’aventures publié chez Albin Michel jeunesse en 2016.

Souvent, on associe François Roca à Fred Bernard. C’est tout à fait normal car ce duo est quasi inséparable depuis plus de 20 ans. Les deux hommes se sont connus à l’Ecole Emile-Cohl et s’exerçaient ensemble : l’un au dessin et l’autre à l’écriture. Jamais l’un sans l’autre. C’est ainsi que, quelques années plus tard, ils se sont retrouvés pour publier leur premier album La Reine des fourmis a disparu. L’aventure ne faisait que commencer… François Roca travaille également avec Charlotte Moundlic et illustre des couvertures de romans. Ses jeux de lumière et son trait sont uniques : il a forcément une place de choix parmi nos classiques préféré.e.s !

Tour d’horizon des titres de François Roca qui nous ont particulièrement marquées, avec au moins dix raisons d’avoir envie de découvrir chacun.

François Roca (auteur de Le pompier de Lilliputia) - Babelio
François Roca. Source: Babelio

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Pour Lucie, bien que pas particulièrement passionnée par les dinosaures, ce sera 10 bonnes raisons de découvrir Rex et moi.

Rex et moi, Fred Bernard, illustrations de François Roca, Albin Michel Jeunesse, 2007.
  1. Le narrateur est un délicat compsognathus, dinosaure ni cruel, ni pataud contrairement à la plupart des albums qui leur sont habituellement dédiés.
  2. Pour les illustrations hyperréalistes de François Roca et ses arrières plans soignés…
  3. … Et le jeu sur les échelles, les personnages ayant des différences de taille vertigineuses.
  4. Parce qu’Iggy est malin, courageux et audacieux
  5. Pour l’entraide et la solidarité, valeurs phares de cet album.
  6. Car, pour paraphraser La Fontaine, « On a souvent besoin d’un plus petit que soit. De cette vérité Rex et moi fera foi, Tant la chose en preuves abonde. »
  7. Et que l’idée d’un « petit » peut être adoptée par les « grands » si elle est bonne…
  8.  … Et que c’est définitivement une réflexion à mener avec les enfants.
  9. Parce que tous les personnages sont des dinosaures, et que les enfants adorent. Oui, même les filles.
  10. D’ailleurs cela fait déjà deux fois que ses élèves l’empruntent à la bibliothèque, et qu’ils se l’arrachent (au sens figuré). Un signe qui ne trompe pas !

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Pour Liraloin il y a 10 raisons d’aimer d’un amour véritable l’Indien de la tour Eiffel.

L’Indien de la tour Eiffel de Fred Bernard, illustrations de François Roca, Seuil jeunesse, 2004

1. Pour cette première de couverture qui nous chuchote un amour impossible.
2. Pour cet extrait de coupure de presse annonçant une histoire très très sombre.
3. Pour le rapport du commissaire dépêché sur place constatant le double meurtre et un coupable clairement identifié : Billy Powona.
4. Pour ce couple qui s’aime, si avant-gardiste dans un Paris de 1888 : un indien travaillant sur la tour Eiffel et une chanteuse de cabaret.
5. Pour cet amour inconditionnel peu importe la fatigue et les dangers d’aimer Alice La Garenne, une femme tant désirée par la gente masculine.
6. Pour cet homme revenu du passé qui entrainera surement la mort dans son sillage.
7. Pour cette chevauchée fantastique vers les hauteurs de la tour Eiffel : ultime refuge de deux êtres s’aimant plus que tout.
8. Pour le réalisme des peintures de François Roca : son jeu de la lumière apportant cette profondeur à ce récit.
9. Pour les trois dernières pages de l’album où le texte et l’image font retenir le souffle du lecteur.
10. Pour que l’amour soit plus forte que la vengeance.

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Isabelle et ses moussaillons ont été très émus par le King Kong de Fred Bernard et de François Roca. Voici pourquoi !

King Kong de Fred Bernard et François Roca, Albin Michel Jeunesse, 2020.

1. Pour l’objet livre de toute beauté, tout en dorures, enluminures et hommage aux années folles.
2. Pour la prise de risque : il fallait oser s’emparer de cette bête mythique qui suscite la fascination depuis son apparition initiale, dans le film éponyme de 1933 : les adaptations sont déjà innombrables. 
3. Pour le pari réussi : le duo se démarque et en livre une interprétation singulière, aux accents écologiques.
4. Pour la démarche de faire connaître cette icône aux jeunes lecteurs et lectrices.
5. Pour la plume vive de Fred Bernard, comme toujours.
6. Pour les illustrations sensibles et frémissantes. Regardez par exemple ces pages sépia qui sont autant de clins d’œil aux films de l’époque du premier King Kong.
7. Et les autres tableaux qui subliment la beauté imposante et fragile de la bête sauvage.
8. Parce que cela souligne la frénésie et l’aliénation des humains, dominés par le mépris des autres espèces, la soif de conquêtes et la course au profit.
9. Parce que King Kong semble à la lisière entre ces deux mondes que tout oppose, incarnation puissante de la bestialité, mais au regard grave où perce une triste sagacité.
10. Pour la lueur d’espoir qui jaillit de la rencontre avec Ann qui la change à jamais.

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Pour Colette, c’est Jésus Betz qui remporte tous les suffrages ! Voilà pourquoi !

Jesus Betz, Fred Bernard, François Roca, Seuil jeunesse, 2001.
  1. Parce que cette couverture est fascinante : sur qui, sur quoi vont s’ouvrir ces deux énormes rideaux rayés rouge et or ? Mystère !
  2. Parce que cet album, c’est la parole d’un personnage vraiment pas comme les autres en littérature jeunesse : Jésus a le nom d’un sauveur et il est né sans jambes et sans bras. Jésus est un homme tronc.
  3. Parce que cet album est celui de toute une vie, une vie d’aventures, enfin surtout de mésaventures. Une vie de rencontres improbables, de hasards fâcheux et d’amours incroyables.
  4. Parce que cet album est peuplé de monstres. De ces monstres que Tod Browning ose faire jouer pour la première fois en 1932 dans un film culte intitulé Freaks. Aujourd’hui ce serait carrément politiquement incorrect d’utiliser ce terme, et c’est ce qui est formidable avec cet album : il envoie valser le politiquement correct.
  5. Parce que non seulement cet album est celui de l’audace en terme narratif mais aussi en terme esthétique : les illustrations de François Roca ne sont pas étiquetées “jeunesse”. Il y a de la violence, de la sévérité mais aussi beaucoup de sensualité dans les images de François Roca. Les jeunes lectrices et les jeunes lecteurs ne s’y trompent pas, ici on leur fait sacrément confiance et l’illustrateur ne cherche pas à les “amadouer”. François Roca peint. Point. Ce sont des œuvres qu’il nous donne à voir, des œuvres dans toute leur complexité.
  6. Parce que cet album met à l’honneur les corps difformes, les trop, les pas assez, les corps qu’on regarde avec insistance, les corps qu’on évite de regarder.
  7. Parce que cet album, derrière son personnage masculin à toute épreuve, est une ode à la féminité plurielle.
  8. Parce que cet album nous donne à penser, à philosopher, à analyser : qu’est-ce qu’un héros ? qu’est-ce que la beauté ? qu’est-ce qu’une vie réussie ? Les portes d’entrée y sont multiples.
  9. Parce que nous avons eu la chance, avec mes élèves de 6e, de rencontrer François Roca cette année à l’Escale du livre de Bordeaux et que nous avons appris à connaître les coulisses de cet album. Et c’était passionnant !
  10. Parce que Jésus Betz est un amoureux inconditionnel de la vie et ça franchement, c’est inspirant !

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Pour Blandine, ce sont les parcours de vie qui l’émeuvent particulièrement! La littérature jeunesse permet de découvrir des destins, de créer des modèles, d’inspirer des passions, de transmettre des émotions grâce à des illustrations aux styles variés. Les fabuleuses et immersives peintures de François Roca attirent irrémédiablement, prolongent les mots et transportent auprès des personnages et donnent envie d’en savoir toujours plus.

L’incroyable exploit d’Elinor. Tami LEWIS BROWN et François ROCA. Albin Michel Jeunesse, 2011
  1. Parce que François Roca est aux pinceaux !
  2. Parce que François Roca n’est pas en binôme avec Fred Bernard
  3. Parce que le titre promet une rencontre marquante
  4. Parce que l’on a envie de découvrir « cet incroyable exploit »
  5. Parce qu’on veut savoir qui était Elinor
  6. Parce qu’il est question des débuts de l’aviation
  7. Parce qu’il est question de passion qui permet tout
  8. Parce qu’il est question d’émancipation féminine
  9. Parce qu’il nous transporte à une époque où « tout » était à faire et tenter
  10. Parce que l’on a forcément envie d’en connaître davantage après cette rencontre

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François Roca au Festival du Livre Paris, avril 2022 (Photo personnelle publiée avec son accord )

Quel album de François Roca a votre préférence? Quelles émotions son travail suscite-t-il en vous? Nous avons hâte de vous lire!