Le Prix Vendredi, édition 2023 !

Comme les années précédentes, nous avons lu les titres de la sélection du Prix Vendredi – 7ème édition. Alors que le Lauréat sera annoncé dans la journée, nous vous proposons de découvrir nos avis sur ces romans destinés aux adolescents.

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Au nom de Chris de Claudine Desmarteau, Gallimard Jeunesse (Scripto), 2023.

La vie n’est pas tendre avec Adrien. Alors quand le soir tombe, il se débat avec des idées noires, cherche en vain le sommeil et finit par sortir marcher seul dans l’obscurité. Une nuit surgit une voix des ténèbres. Cette voix qui fait irruption sans guillemets ni description pour nous donner un peu à voir à qui elle appartient glace d’emblée. Un peu comme dans ces films d’horreur qui ne nous laissent qu’imaginer ce qui se tapit derrière la porte. C’est intrigant et magnétique : impossible de reposer ce thriller. On parcourt ces pages le souffle coupé, redoutant le drame à chaque instant. Les chapitres donnent, à petites touches, une consistance au mal-être d’Adrien, évoquent les affres du harcèlement, l’installation d’une emprise dont sa mère, aimante mais maladroitement anxieuse, peine à le protéger. Il s’agit aussi de la quête de soi qui caractérise l’adolescence et qui ressemble parfois à un exercice de funambulisme.
Les saisons passent au rythme de la voix de Chris, tour à tour galvanisante et berçante, charmante et autoritaire. Les contours de l’homme, eux, ne se précisent guère : qui est-il ? Existe-t-il vraiment ? Quel âge a-t-il ? Est-il dangereux ? La narration à la première personne nous place au plus près des expériences d’Adrien, un peu comme si on lisait ses pensées ou des vers libres jetées dans son journal : des phrases sans ponctuation surgissent parfois à un rythme rapide dans la narration, rendant la détresse du garçon presque palpable. Un livre sombre, mais hypnotique et initiatique.

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Dix-huit ans, pas trop con de Quentin Leseigneur, Sarbacane (Beau&Court), 2023.

Le narrateur garde sa cagoule mais sa voix s’impose d’emblée, franche et directe : celle d’un jeune homme au seuil de l’âge adulte embarqué (provisoirement) dans un commerce lucratif mais risqué. Dès que le charbon et les clients qui défilent lui en laissent le temps, il nous explique sans façon la marchandise et les stratégies commerciales, le recrutement des petits pour fouiller les étages et organiser le ravitaillement et les grands qui embauchent « sans discrimination » mais avec lesquels on ne plaisante pas. Sans jugement, ce roman met en lumière la brutalité du monde des tours et de la drogue, les dilemmes des jeunes qui y vivent et les illusions dans lesquelles il est si risqué pour eux de se bercer. Les mots de ce court roman percutent et bousculent. Quentin Leseigneur compose une voix lucide et sincère, tour à tour gagnée par l’espoir, les doutes et la peur. Mais cette langue scandée qui rend hommage à l’argot, au verlan et aux langues des cités sonne juste comme les dialogues des séries The Wire et Validé. Sa puissance, combinée à la densité de l’intrigue, concentrée en un midi-minuit, laissent le lecteur estomaqué. Un roman coup de poing !

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Premier rôle de Mikaël Ollivier, Thierry Magnier, 2023.

Ce roman, truffé de citations, clins d’œil et autres références au cinéma, est un bonheur de cinéphile. Il donne envie de voir ou de revoir quantité de films. La culture transmise par Nino à sa petite fille est un véritable plaisir à lire. Tout comme sa vision d’un art dont la raison d’être et l’économie sont fortement remises en question en ce moment.
Mais Mickaël Ollivier propose aussi de beaux portraits de femmes. Portrait d’une adolescente qui s’essaye à l’écriture (puisque ce texte est présenté comme sa première tentative d’écriture), de sa grand-mère qui l’a élevée malgré son besoin d’indépendance, et de sa mère qui a préféré vivre loin de toute entrave familiale. Trois femmes aux visions de la vie très différentes, qui en viennent à cohabiter pendant le premier confinement. Car la covid tient une place prépondérante dans la dramaturgie de l’histoire dont la résolution pousse le lecteur dans ses retranchements et l’oblige à bousculer ses convictions.

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Le Souffle du Puma de Laurine Roux, l’école des loisirs (Médium +), 2023.

Laurine Roux s’inspire d’une histoire vraie pour construire le récit des Enfants du Llullaillaco, deux enfants découverts morts en 1999 au sommet d’un volcan argentin, momifiés et parfaitement conservés par le froid. L’histoire s’inscrit dans deux époques, la notre auprès de scientifiques qui tentent de faire parler les corps, et cinq cents ans plus tôt, dans les pas des enfants. Les deux époques tressent une histoire emprunte de magie et de spiritisme cherchant une interprétation dans l’étude scientifique et avançant vers le destin inéluctable et tragique de ces deux enfants morts pour des croyances fortes. Le souffle du Puma est un récit fort et hyper intéressant parce qu’il prend corps dans notre réalité et met en avant un rite spirituel dont les victimes étaient des enfants. Porté par une héroïne au caractère fort, il livre un magnifique message sur le besoin, le désir de liberté.

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De larmes et d’écume de Stéphane Michaka, Pocket Jeunesse, 2023.

1872, une goélette, baptisée la Mary Celeste a été retrouvée chavirant sans plus personne à son bord mais avec son chargement intact. Tout avait été laissé tel quel comme si ses navigants étaient partis sur l’instant, mais avec l’idée de revenir… La Mary Celeste a été retrouvée mais jamais aucun de ses naufragés. Un mystère.
Douze ans plus tard, ce célèbre et énigmatique naufrage refait parler de lui lorsqu’un vieux loup de mer arrive à Londres dans la compagnie d’assurances de la Mary Celeste avec une vieille bouteille contenant un manuscrit qui permettrait de connaître la vérité. « Spotty  » Finch, 17 ans, qui seconde Basil Huntley, un passionné des naufrages, va comprendre peu à peu pourquoi son supérieur est particulièrement intéressé par cette histoire à laquelle il semble lié, et pourquoi en dépit de sa sécurité, il va tout faire pour découvrri ce qu’il s’est passé.
C’est ainsi qu’en se lançant dans les bas-fonds de l’East End, dont est originaire Spotty, Basil va remonter le fil de ses souvenirs jusqu’à son adolescence à Liverpool et sa rencontre avec une jeune fille d’un autre rang social, dont la fortune du beau-père est issue du commerce du « bois d’ébène ».
Ce roman entremêle trois fils narratifs avec une grande fluidité nous faisant ressentir les beautés et dangers de chacune des situations, faits de decisions délicates et malheureux coups du sort. A bord de la Mary Céleste sur laquelle la jeune Elsie consigne ses journées et observations dans son journal, tant sur la navigation que sur les attitudes des membres de l’équipage, entre eux, vis-à-vis d’elle, ou encore du Capitaine.
Ces passages sont immersifs et nous donnent à ressentir la houle, les embruns, les manoeuvres, les différentes tensions.
Dans Londres avec la terrible condition des enfants des rues et ce qu’il leur faut faire pour survivre, et contre qui Basil et Spotty se retrouvent.
A Liverpool où le jeune Basil vit un amour réciproque mais clandestin avec une jeune fille indépendante et vive, mais sur qui le beau-père tente d exercer une emprise terrible, l’isolant de sa famille.
Bien que l’insertion d’un personnage ne soit pas utile et que Spotty soit d’une grande maturité et culture au vu de ses origines et âge, ce roman d’aventures inspiré d’une histoire vraie est happant. Par son écriture immersive et visuelle, Stéphane Michalak nous emporte par des thématiques fortes, (émancipation féminine, emprise psychologique, amour, amitié et respect) et des personnages bien campés, confrontés à des situations intenses et périlleuses

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This is (not) a love letter d’Anouk Filippini, Auzou, 2023.

Un été – peut-être plus – sur la côte basque. Loue, son frère, sa mère, sa grand-mère. Et dans le jardin de la maison familiale une tiny house occupée par une romancière, Graziella, et son fils, Inigo. Loue est passionnée de surf, et elle est vraiment douée. Mais cette année, elle surfe en solitaire, à l’heure où le soleil se lève. Cette année pas question de retrouver la bande de copains, Ben, Cannelle, Moussa, Bixente. Cette année, Loue traîne dans son sillon un parfum d’amertume, de nostalgie, de chagrin. Et tout le roman sera l’occasion de démêler ce qui a creusé ce profond sillon derrière elle, avec l’aide d’Inigo, lumineux personnage, qui au fil des cours de surf qu’il prendra auprès de Loue, lui permettra d’accepter sa vérité et de renouer avec la vie qui palpite malgré tout, là, sous la combi !

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Romance, tome 3. Octave d’Arnaud Cathrine, Robert Laffont, 2022.

Après Romance et les Nouvelles Vagues, c’est avec grande fébrilité que nous retrouvons les mêmes personnages reflet d’une époque, d’une société parisienne très actuelle. Octave et Vicente (Vince) ont été amants et ce dernier supporte mal la brutale séparation orchestrée par Octave qui a préféré sans doute fuir un amour trop fort. Alors Vince qui souhaite (réellement ?) tourner la page se réfugie dans un fantasme : celui d’aimer un de ses profs. Tandis que son amie Marylin se « répare » elle aussi de sa rupture avec Octave en continuant de dessiner et espérer un jour rencontrer son héroïne-peintre Elizabeth Peyton, Titus et Lilian survivent à leur manière, l’un en aimant secrètement… l’autre en avalant des pilules pour oublier sa condition.

Tous vont se croiser, s’évoquer, se confier l’un à l’autre portant d’une seule voix cette génération d’étudiants durant le confinement. Une vie qui continue même si la situation n’invite pas à rencontrer de nouvelles personnes. Est-ce que finalement cet enfermement n’est pas le moment de prêter encore plus attention à l’autre et à son état psychique ? Dans ce roman choral qui s’organise en différentes phases allant du confinement au déconfinement les lectrices et lecteurs vont être les témoins des sentiments les plus profonds se jouant dans un groupe de jeunes adultes. Sans exagérer sur la place proéminente des réseaux sociaux, Arnaud Cathrine utilise les codes d’une jeunesse afin d’illustrer le rythme de l’histoire d’une douceur magnétique.

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La Dernière Saison de Selim de Pascale Quiviger, Rouergue (épik), 2023.

Dans une oasis imaginaire, Pascale Quiviger dresse une société où les femmes sont investies d’un grand pouvoir religieux. Et pour cause : le panthérisme, leur religion monothéiste, a pour objet une déesse. Ce « matriarcat » (en réalité simple contre-pouvoir face au Sultan) ne rend pas la société plus égalitaire, loin s’en faut : il est dirigé par une Infinie qui parle en prenant exemple sur Maître Yoda, la sagesse en moins.
L’ambiance « Mille et une nuit », les coutumes et croyances millénaires créées par l’auteure sont très prenantes. Et, pour les lecteurs du Royaume de Pierre d’Angle, quel plaisir de retrouver Esmée et Mercenaire ! C’est d’ailleurs l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire de ce personnage mystérieux. Le lecteur s’attache vite et durablement aux personnages, qui ont tous une histoire singulière. C’est l’un des grands talents de cette auteure : créer des figures romanesques et nuancées dont on a plaisir à suivre les aventures.

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Tous nos rêves ordinaires d’Elodie Chan, Sarbacane, 2023.

Nous voici à l’aune de l’an 2000 dans une banlieue pavillonnaire ordinaire, à Val-de-Seine, en Normandie. C’est l’été, il fait chaud, et le temps s’écoule lentement. Romane, flamboyante rousse, est du genre réservée mais extravertie lorsque sa meilleure amie Lola, jolie blonde « parfaite » est à ses côtés. Ensemble, en rollers, petit short et rires, elles font tourner les têtes et les cœurs. Cyrus d’ailleurs, aimerait bien que Romane lui accorde davantage d’attentions, pour le plus grand dam de Chloé, son amie de toujours, dont il découvre un jour de fête, et donc trop tard, qu’elle est « une fille ». Lola, elle, rêve de paillettes et célébrité, enfin, elle veut surtout échapper à l’aura de sa mère, ancienne « Miss Normandie » qui lui serine sa perfection. Alors elle participe à un casting pour devenir chanteuse, mais derrière ses airs bravaches de fille qui se la joue femme (et qui fait comme si elle savait), innocence et naïveté sont toujours là. Gabriel lui ne veut surtout pas s’attacher pour ne pas reproduire le schéma parental, alors il passe de fille en fille, fume autant qu’il peut car ça évite de se souvenir, donc de souffrir. C’est tellement plus facile d’être le bourreau des cœurs, il n’avait juste pas prévu, pas voulu, pas imaginé, succomber. Et puis il y a Serge, un père de famille qui voit sa fille grandir, devenir femme, et ça il ne supporte pas, ça le renvoie à son âge, à sa condition, ça le met minable, alors il cogne. Violence ordinaire qui se devine derrière les fenêtres mais qu’on ne veut surtout pas entendre, savoir…
Cet été-là va changer beaucoup de choses pour eux tous, leur permettre de grandir, prendre conscience, s’émanciper, reproduire des schémas ou justement s’en échapper. Et si les époques changent avec notamment les modes de communication, certaines choses demeurent… entre adolescence, premières fois, apparences et émotions. Chaque génération voudrait s’inventer, s’affranchir de la précédente tout en poursuivant des modèles et une certaine forme de normalité. Les sentiments demeurent, seuls les moyens changent (et les références musicales aussi!!). Un roman dans la prolongement de Tom Sawyer/Huckleberry Finn et qui fait référence au « Normal People » de Sally Rooney.

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Griffes de Malika Ferdjoukh, l’école des loisirs (Medium +), 2023.

C’est une enquête fort alambiquée à laquelle Malika Ferdjoukh convie ses lecteurs ! Alors qu’un hiver glacial s’abat sur Morgan’s Moor, de violents tourments bouillonnent sous la chape de gel : un drame ancien, une vision funestement prémonitoire, une griffe qui se lève pour frapper…
Quel bonheur de s’immerger dans ce 19ème siècle plus vrai que nature où l’on voyage en diligence et porte le tweed ou la dentelle sous l’oeil d’animaux empaillés ! Cette enquête rend magnifiquement hommage à Conan Doyle, mais aussi à Charles Dickens, Jane Austen et Bram Stoker. On pense aussi évidemment au mystère de la chambre jaune face à ce meurtre commis dans une chambre hermétiquement close.
Évidemment, chacun semble avoir quelque chose à cacher et le duo dépêché par Scotland Yard va avoir fort à faire. Ils seront secondés un peu malgré eux par la fille de l’aubergiste – ouïe fine, langue bien pendue et un aplomb déconcertant – qui se rêve de seconder en Sherlock Holmes.
Les personnages sont hauts en couleur, entre ce détective fan de Dickens, de shortbreads et de whisky gallois qui ne jure que par les siestes (dont il dit qu’elles « déploient le meilleur de ses intuitions »), cet auxiliaire timide mais fougueux, et cette ribambelle de témoins déroutants. Leurs dialogues pleins de verve sont réjouissants (« J’ai longtemps dormi avec un grand frère qui gagnait des tournois de cricket pendant ses crises de somnambulisme. »).

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Avez-vous lu certains de ces titres ? Lequel a votre préférence ?

Le prix ALODGA est de retour !

Pour fêter le onzième anniversaire du Grand Arbre, nous sommes heureuses de vous annoncer le retour du prix ALODGA !

Comme tous les ans, nous vous avons préparé une sélection de trois titres enthousiasmants dans chacune des six catégories : Belles Branches (roman ado) et Grandes Feuilles (roman jeunesse) ; Brindilles (album premier âge) et Petites feuilles (album pour « grands ») ; Branches dessinées (BD) et Racines (documentaires). Chaque semaine à partir d’aujourd’hui, nous vous présenterons les titres retenus dans deux catégories et nous vous invitons à voter pour votre favori. Nous commençons aujourd’hui avec les romans, pour vous laisser la possibilité de découvrir les titres qui vous intéresseraient d’ici la clôture des votes le vendredi 9 juin. À suivre la semaine prochaine avec nos sélections d’albums. D’ici là, bonnes lectures et à vos votes !

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Catégorie Grandes feuilles

Cette catégorie met en avant nos romans jeunesse préférés, triées sur le volet parmi nos lectures de 2022 !

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Vous avez aimé découvrir Jefferson ? Vous allez adorer la suite de ses aventures ! Suite sans l’être d’ailleurs, car les deux romans peuvent se lire indépendamment. Mais quel plaisir nous avons eu à retrouver ce charmant hérisson et ses compagnons Ballardeaux ! Pour cette nouvelle enquête, nous voici entraînés à la recherche de Simone, la lapine esseulée. Nous avons adoré raisonner par déduction avec les protagonistes, rire de leurs frasques, sillonner le pays des animaux, croiser des rappeuses sanglières féministes, une flopée de joueurs de rugby et de sacrés tartuffes. Aventure et humour sont au rendez-vous, mais aussi une réflexion pertinente sur la vulnérabilité des personnes seules. Le tout délicieusement enrobé dans la langue précise de Jean-Claude Mourlevat. Un formidable souffle d’air frais !

Jefferson fait de son mieux, Jean-Claude Mourlevat, Gallimard Jeunesse, 2022.

Retrouvez les avis de Frédérique, Isabelle, Linda et Lucie.

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Si nous l’avons beaucoup aimé, nous avons eu du mal à classer Rosalie. Entre roman et album, il entre dans la catégorie des premiers romans et comporte de ce fait très peu de texte. Cela n’enlève évidemment rien à l’émotion qu’il nous a procurée : nous avons toutes eu un coup de cœur pour cette Méhari vert pomme, membre à part entière d’une famille en pleine reconstruction. L’énergie folle qui se dégage de la figure de la maman, portée par les illustrations vert et fuchsia nous ont séduites. Et nous avons toutes vérifié si l’on trouvait encore des Méharis. Saurez-vous résister à l’attrait de la route ?

Rosalie, Ninon Dufrénois, illustrations de Julien Martinière, Voce Verso, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

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Skandar est un peu le titre surprise de cette sélection. Ni la couverture ni les licornes ne nous attirait vraiment, et pourtant ! Le premier tome de cette série nous a convaincus. Les licornes sont bien loin des paillettes et des arc-en-ciel attendus : brutales, violentes elles sont particulièrement dangereuses. Mais Skandar rêve depuis toujours d’être sélectionné pour devenir Cavalier et monter sa propre licorne. Pour cela, il devra surmonter des épreuves, suivre des enseignements et se confronter aux autres. Un roman qui n’est pas sans rappeler l’univers d’Harry Potter. L’autrice a su, à sa manière, transposer dans son univers imaginaire des choses que les enfants et les ados reconnaîtront facilement : la quête de soi, les attentes des professeurs et des parents, la difficulté de prendre confiance en soi, la stigmatisation des minorités ou encore les dérives de la désinformation. Un roman addictif, truffé de rebondissements, drôle – de ceux que l’on dévore et que l’on fait découvrir aux copains et copines !

Skandar et le vol de la licorne, A. F. Steadman, Hachette, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

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A vous de jouer pour départager ces trois titres !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Grandes feuilles" ?

  • Rosalie, de Ninon Dufrénois, illustrations de Julien Martinière (Voce Verso) (60%, 73 Votes)
  • Jefferson fait de son mieux, de Jean-Claude Mourlevat (Gallimard Jeunesse) (37%, 45 Votes)
  • Skandar et le vol de la licorne, de A. F. Steadman (Hachette) (3%, 4 Votes)

Total Voters: 122

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Catégorie Belles branches

Cette catégorie célèbre nos romans ados préférés (à partir de 12 ans).

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Le jour des vacances de Noël, voilà Oscar envoyé sans plus de cérémonie chez une vieille tante londonienne qu’il n’a jamais vue. Ce ne sont pas tout à fait les vacances qu’il envisageait, d’autant que celle-ci lui a organisé un stage dans un musée ! Mais Oscar ne va pas tarder à découvrir que ce musée cache un secret des plus intriguants. Camille Guénot nous invite à un jeu de piste entre enquête dans le monde de l’art, fantastique et récit initiatique. Elle épingle avec humour les excès des artistes, multiplie les références et croque des personnages très attachants. Et quelle belle idée que de situer son intrigue à la National Gallery !

Oscar Goupil, A London Mystery, Camille Guénot, L’école des loisirs, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

Avec Ma petite bonne, Jean-François Chabas s’empare de la tradition de la kafala, cette forme d’esclavage moderne qui perdure dans certains pays du Moyen-Orient. L’excellente idée de l’auteur est de confier la narration de son histoire à une femme adulte se remémorant de son adolescence libanaise. Cela permet au lecteur à la fois d’être plongé dans le Liban des années 1990 et à la narratrice d’avoir pris suffisamment de recul pour dénoncer les traditions de son pays. Jean-François Chabas signe un titre sensible et percutant, qui interroge sur le pouvoir des hommes dans les sociétés patriarcales, sur la place des femmes et le rôle qu’elles ont à jouer dans leur émancipation, en commençant peut-être par regarder les autres femmes comme leurs égales.

Ma petite bonne, Jean-François Chabas, Talents Hauts, 2022.

Retrouvez les avis de Linda et Lucie.

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Attention, titre inclassable ! Pour bien faire, il aurait fallu créer une catégorie spécialement pour Aux filles du conte. Le texte de Thomas Scotto tient du manifeste et de la poésie en vers libres tandis que les illustrations de Frédérique Bertrand sont à la limite de l’abstraction.
Les auteurs nous poussent à nous interroger : si elles vivent dans de beaux chateaux, « se marient et ont beaucoup d’enfants », est-ce vraiment le souhait de ces jeunes filles ? Les références aux contes traditionnels sont subtiles et les montrent accablées d’injonctions, enfermées, malmenées. Nous avons aimé que les « filles du conte » prennent la plume et donnent (enfin !) leur point de vue, évoquent leurs rêves et leurs désirs.

Aux filles du conte, Thomas Scotto, illustrations de Frédérique Bertrand, Editions du pourquoi pas, 2022.

Retrouvez les avis d’Isabelle, Linda et Lucie.

A vous de jouer pour départager ces trois titres !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Belles Branches" ?

  • Oscar Goupil, A London Mystery, de Camille Guénot (L'école des loisirs) (57%, 117 Votes)
  • Aux filles du conte, de Thomas Scotto et Frédérique Bertrand (Éditions du Pourquoi Pas) (41%, 85 Votes)
  • Ma petite bonne, de Jean-François Chabas (Talents Hauts) (2%, 5 Votes)

Total Voters: 207

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Quel roman a votre préférence ? N’oubliez pas de voter dans chacune des catégories et de guetter l’annonce des lauréats le 12 juin !

6ème édition du Prix Vendredi !

C’est maintenant une tradition, nous avons lu (presque toute) la sélection du Prix Vendredi ! Alors que le lauréat sera annoncé ce lundi 7 novembre, voici nos avis subjectifs sur ces romans destinés aux adolescents.

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Bayuk, Justine Niogret, 404 éditions, 2022.

Présentation de l’éditeur :
On raconte que c’est arrivé un soir sans Lune, au village de Coq-Fondu, dans l’endroit le plus reculé du bayou. Qu’une jeune fille a été maudite pour les crimes de sa mère, la pirate la plus redoutée des mers, qu’elle n’a jamais connue. Où qu’elle aille, les esprits iront aussi, la traquant sans merci.
On raconte encore que pour briser cette malédiction, elle devra dire adieu à tout ce qu’elle a toujours connu pour partir en quête de l’épave du Mermaid’s Plague, le légendaire pavillon de la cruelle capitaine.
Cette histoire, c’est celle de Toma. Mais c’est aussi celle de Boone et celle de Roi-Crocodile, qui l’accompagneront dans sa quête de vérité.

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Et le ciel se voila de fureur, Taï-Marc Le Thanh, L’école des loisirs, 2022.

Et le ciel se voila de fureur est un pur western, genre peu fréquent en littérature jeunesse. Paysages, voyages, poussière, rencontre avec des rustres, dangers… Ce récit est d’autant plus dépaysant qu’il est illustré de magnifiques croquis réalisés par l’auteur. La violence annoncée par le titre est omniprésente : tous les personnages sont animés par la vengeance, à tel point qu’elle étouffe tous les autres enjeux. Taï-Marc Le Thanh en esquisse pourtant certains que l’on aurait aimé voir développés comme la place des femmes, les relations dans une famille recomposée, la résilience… Ils auraient permis d’étoffer l’histoire et d’apporter de la profondeur aux personnages. Car malgré la plume toujours impeccable de l’auteur, leur côté un peu monolithiques peut finir par lasser.

L’avis de Lucie.

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L’honneur de Zakarya, Isabelle Pandazopoulos, Gallimard Jeunesse, 2022.

Mutisme tête baissée, nom arabe, précédents multiples : Zakarya n’est-il pas le coupable idéal ? Mais qui est-il vraiment ? C’est ce que les jurés appelés à délibérer sur une affaire de meurtre vont devoir déterminer. Cette tragédie entre trois actes – JUGER, PROUVER, CONDAMNER – nous entraîne au cœur d’un procès d’assises. Les faits et la personnalité de Zakarya sont passés au crible pour aboutir à un jugement. Le récit du procès est ponctué de flash-backs de la jeunesse de l’accusé et du soir des faits. Ces fragments entretiennent le doute, dessinent un portrait complexe. Ado impulsif insuffisamment cadré par sa mère ? Petite frappe ? Rebelle à la rage brûlante ? Garçon solaire, déterminé à tenir la dragée haute aux préjugés ? Manipulateur hors-pair ? Ou abîme de fragilité ? Le mystère reste entier puisque Zakarya se tait. On brûle de le percer et le roman se dévore. La construction par flash-backs est impeccable et montre magistralement comment la tentation de plaquer des idées toutes faites peut nous induire en erreur. Les tentatives de comprendre Zakarya ont beau s’adosser à tous les gages d’apparence, de respectabilité et d’expertise, elles semblent irrémédiablement vouées à l’échec. Un roman « coup de poing » tout en subtilité et en sensibilité.

Les avis de Liraloin et d’Isabelle

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La Dragonne et le Drôle, Damien Galisson, Sarbacanne, 2022.

L’univers et les personnages de La Dragonne et le Drôle sont cohérents, ce qui est toujours appréciable dans un roman fantasy. Le Drôle est un héros particulièrement touchant et son rapport aux animaux apporte un peu de douceur dans un univers plutôt brutal. Le moyen de communication entre les deux personnages principaux donne lieu à des passages très poétiques. Car Damien Galisson propose un vrai parti pris formel : entre les vers libres et les jeux de mise en page, son texte n’est pas banal ! Au lecteur de décider s’il accepte ou non de consacrer à ce roman exigeant l’attention constante que sa lecture requiert.

L’avis de Lucie.

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Les Errantes, Jo Witek, Actes Sud Junior, 2022.

Trois jeunes filles, tourmentées par des apparitions surnaturelles, s’allient pour retrouver le cours de leur existence en affrontant leur peur, et pour venir en aide aux âmes tourmentées de femmes venues d’un autre temps. Des femmes ayant réellement existées ou inspirées par d’autres et qui interrogent sur l’héritage reçu de toutes celles qui nous ont précédées, sur la place à leur rendre pour gommer les inégalités et les erreurs qui leur ont portées préjudice pour avoir osé aller à contre-courant de croyances ou de codes sociaux en vigueur à leur époque.

Les errantes est un roman féministe, qui emprunte au fantastique et à l’historique pour rendre hommage à des femmes restées longtemps oubliées, porté par trois jeunes filles fortes et déterminées qui font preuve d’un magnifique esprit de sororité.

L’avis complet de Linda.

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Les histoires des autres, Muriel Zürcher, Thierry Magnier Editions, 2022.

Présentation de l’éditeur : Une petite fille vivant dans un appartement empli jusqu’au plafond de sacs de croquettes pour chien. Un jeune à la dérive, le cœur brisé par le long silence de son ami, qui s’accroche à son rêve d’escalader avec lui les plus beaux ponts de la planète. Un vieux sans-abri découpant inlassablement des magazines pour reconstituer le visage d’une femme au fil des pages de ses cahiers d’écolier. Une lycéenne que son chien entraîne dans une drôle d’histoire qui n’a rien d’une histoire drôle. Et si la fantaisie et l’innocence de l’une transformait la vie des autres ? Lilibelle, Soan, Hector, Aricia et les autres, une petite troupe d’humanité cabossée dans un roman teinté d’humour où la vie déborde de partout.

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Les Longueurs, Claire Castillon, Gallimard Jeunesse, 2022.

« Outre : peau d’animal cousue en forme de sac et servant de récipient. »
Simplement une peau et plus personne, aucune âme, aucune vie, aucun souffle pour l’habiter. Cette peau est celle d’Alice au doux diminutif de Lili 15 ans. Avant Lili a eu 7 ans puis 8 ans et c’est à ce moment-là que son tout s’est changé en noir, dans cette vie sans papa juste maman. Un papa qui vit aux USA mais il y a un homme Georges dit Mondjo toujours présent jouant le rôle du confident, du père absent, de l’amant de sa maman, de l’homme destructeur : « -Mais non, me répond-il, quand on se dit je t’aime avec le corps, on peut s’appeler autrement, tu veux bien t’appeler Anna, dans notre secret ? je réponds oui parce que j’adore la Reine des Neiges. »
Alice se rend compte que Mondjo fait tout pour l’éloigner de ses ami(e)s et de son père : «… J’ai quinze ans et j’ignore donc que les personnes comme Mondjo sont des hors-la-loi ? Je le sais, alors pourquoi je ne le dis pas ? Parce que lui et moi c’est l’amour, ou c’était. Ces jours-ci, je ne l’aime plus, mais si on retire le sexe, peut-être que je l’aimerais encore ? »

Durant la lecture de ce roman il est compliqué de se défaire de cette boule au ventre, de cette gorge serrée. Parfois et même souvent on oublie de respirer, on est juste le témoin du drame qui se joue dans la tête et le corps d’Alice. Lili lutte en permanence entre ses sentiments de soumission, de compréhension et d’acceptation. Claire Castillon réussit à écrire avec grande intelligence sur un sujet trop peu présent en littérature surtout dans celle destinée aux adolescents. A l’image de la couverture du livre, de cet homme prenant le contrôle sur cette jeune fille aux yeux fermés tout comme Mondjo prend le contrôle d’Alice et de sa mère, marionnettes aux fils cassants et fragiles.

L’avis d’Isabelle

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On a supermarché sur la Lune, Sébastien Joanniez, Joie de Lire, 2022.

Au hasard des moments volés au train-train de l’existence, Rosa écrit son journal. La collégienne extériorise en les écrivant les milliers de choses qui bouillonnent en elle : scènes du quotidien, poèmes, réflexions, ressentis bruts, coups de gueule, déclarations d’amour… Tout cela forme une sorte de kaléidoscope assez déstabilisant. Les personnages sont nombreux à graviter autour de la protagoniste, leurs apparitions sont trop fugaces pour nous laisser le temps de nous attacher et leurs dialogues sont minimalistes, à la limite de la caricature. Le fil conducteur ne se révèle qu’à petites touches : il faut s’accrocher, se laisser porter par le texte pour voir où il nous mène. Mais il y a un rythme, un flow dans les mots de Rosa, une poétique de l’adolescence. Une fougue pour dire le mal-être et les révoltes, la famille qui devient trop étroite, les rêves, les fulgurances, l’intensité des émotions avec force points d’exclamation. Sous nos yeux, Rosa se cherche et se trouve. C’est chaotique, parfois douloureux, joli aussi. Et finalement, la forme éclatée de ce roman est à l’image de la manière dont on grandit.

L’avis complet d’Isabelle

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Rien nous appartient, Guillaume Guéraud, Pocket Jeunesse, 2022.

Dans Rien nous appartient, Guillaume Guéraud se met dans la peau de Malik, un jeune en rupture sociale qui s’apprête à commettre l’impassable. Critique sociale, le texte prend la forme d’un témoignage, un testament dans lequel le jeune homme raconte sa famille, ses amis, la cité, […] son parcours atypique pour expliquer son geste et dire sa vérité d’un monde qu’il rêve plus juste, plus égalitaire. Par ailleurs, le texte soulève de nombreuses questions sur notre société et son fonctionnement, mais on retiendra principalement celle de l’accompagnement, de l’écoute et de la prise en charge des personnes (des jeunes) en situation d’échec ou de fracture sociale.

L’avis complet de Linda.

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Ton absence, Guillaume Nail, Rouergue, 2022.

Pour valider son BAFA, Léopold participe à un stage d’approfondissement avec sa nouvelle bande de potes, La Coterie.
Le jour du départ, un garçon solitaire et solaire le trouble et l’attire, Matthieu.
Il n’est pas le seul. Damien, le chef autoproclamé de la bande, a pris le jeune homme en grippe et enchaîne remarques et comportements, aussi humiliants que vulgaires, pour l’ostraciser. Et pire, le groupe le suit.
Léopold est offusqué, blessé même. Pourtant, par peur du rejet, il ne fait rien et se soumet même.
Pourtant, dorénavant, il y a « son absence » et Léopold en est forcément transformé.

Dans un récit multiforme qui joue sur les dualités, Guillaume Nail explore, non pas le désir homosexuel, mais la force du groupe sur ce désir. Cette force qui peut rassurer mais aussi étouffer et enfermer, quitte à se détester soi pour ne pas être détesté, pour ne pas être délaissé par les autres.
Un roman qui ne laisse pas indifférent.

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Hors compétition (puisque Vincent Mondiot a déjà été lauréat du Prix Vendredi)

Emergence 7, Vincent Mondiot et Enora Saby, Actes Sud Junior, 2022.

Vingt ans l’Émergence 7, Léon peut enfin retourner sur les lieux. Il y trouve le cimetière de sa jeunesse et des réminiscences traumatisantes, celles de cette journée qui a vu son enfance voler en éclats… On peut être frustré par rapport à ce qui semble au départ se dessiner comme l’intrigue principale : Que sont les Émergences et que dissimule l’État à leur sujet ? Qui a survécu parmi les protagonistes ? L’essentiel est finalement ailleurs. Les aller-retours entre le temps de la narration, les souvenirs du jour de l’Émergence, des années antérieures et postérieures permettent de varier les rythmes et les perspectives sur la catastrophe, alternant récit de survie et méditation sur la fin de l’enfance, la fragilité des liens humains, les traumatismes des survivants. On navigue ainsi entre teen novel, thriller post-apocalyptique et drame. Surtout : c’est un nouveau format au croisement du roman et de l’album qu’inventent Vincent Mondiot et Enora Saby, leur permettant de jouer sur les deux tableaux. L’ampleur du texte en surimpression sur des illustrations pleine page permet de développer une intrigue nourrie. Mais la narration portent le récit au moins autant que les mots. C’est hyper réussi, haletant et très original, bien que très sombre. Ce titre fondera-t-il un genre à la croisée entre roman et album ? Pour sa part, Isabelle adorerait retrouver ce format.

L’avis complet d’Isabelle

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Pour savoir qui succèdera à Amour Chrome, Les derniers branleurs, L’Estrange aventure de Mirella, Les amours d’un fantôme en temps de guerre et L’aube sera grandiose, rendez-vous sur le site du prix !

Et vous, lequel avez-vous préféré ?

Prix A l’Ombre du Grand Arbre 2022 : Belles Branches

Comme annoncé lors de l’anniversaire de notre grand arbre, nous vous proposerons au fil de l’été notre sélection pour le prix A l’ombre du grand arbre 2022. Ainsi vous pourrez, au fil de vos lectures estivales, égrainer les petites perles de la littérature jeunesse que nous avons sélectionnées pour vous, les savourer, les humer, les caresser puis venir voter ici pour vos titres préférés ! Les votes sont ouverts à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 20 août. Les gagnants seront annoncés dans la foulée, lundi 22 août.

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Après les sélections BrindillesPetites Feuilles et Grandes Feuilles présentées les semaines dernières, voici le trio de tête pour la catégorie Belles Branches qui célèbre nos romans ado préférés !

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Quelques secondes encore, de Thomas Scotto

Suite à un dramatique accident de parkour, cette activité sportive acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains, Alban est en état de mort cérébrale. Les médecins pressent la famille à prendre une décision concernant un don d’organes. Anouk, seize ans, veille son frère. Anouk veille aussi sur sa mère et tente de la convaincre qu’Alban aurait souhait ce don, sauver des vies lorsque la sienne ne peut plus l’être. Comme toujours, Thomas Scotto va droit au but, pesant chaque mot pour mieux nous bouleverser. Des secondes qui relient, des secondes pour affronter l’inaffrontable noir de la perte. Une nouvelle puissante qui aborde un sujet délicat avec pudeur et sensibilité.

Quelques secondes encore, Thomas Scotto, Nathan, 2021.

Les avis de Linda et de Liraloin.

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D’or et d’oreillers, de Flore Vesco

Avec tout le talent qu’on lui connaît, Flore Vesco signe une réécriture réjouissante et subversive du conte de La princesse au petit pois ! À la lecture des aventures des prétendantes du richissime lord Henderson conviées à passer une épreuve des moins conventionnelles, on ne sait plus si on frissonne de plaisir ou d’épouvante. Blenkinsop Castle a quelque chose du manoir de Dracula, avec ses couloirs lugubres et ses mystères qui nous donneraient envie de tourner les pages plus vite. Mais pas trop vite, mais pas tout de suite : on prend le temps de profiter de tout. Délicieux dialogues sur le mariage et l’amour. Merveilleux personnage féminin qui fait voler en éclats tous les stéréotypes de genre. L’ironie qui vient décaper les contes, révélant leur saugrenuité et leur hypocrisie (les règles de bienséance passent vite à l’arrière-plan lorsqu’une fortune est en jeu). Et surtout, l’ode rare et savoureuse à la sensualité.

D’Or et d’Oreillers, de Flore Vesco, L’école des loisirs, 2021.

Les avis d’Isabelle, de Lucie, de Linda et de LiraLoin.

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L’enfant Pan, d’Arnaud Druelle

Bien sûr, vous connaissez le Pays Imaginaire, cette contrée accessible seulement par les airs, en allant vers « la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin ». Ce lieu hors du temps où l’on joue à longueur de journée, avec quelques frayeurs délicieuses. Bien sûr, vous avez déjà croisé la boudeuse Fée Clochette, les joyeux Garçons Perdus, le cruel Capitaine Crochet et sa horde de pirates, les enchanteresses sirènes, les Indiens Peaux-Rouges… Et, évidemment, celui sans lequel rien ne serait : Peter Pan.
Mais savez-vous quand, comment et pourquoi ce garçon versatile est arrivé au Pays Imaginaire ? L’enfant Pan nous propose une origine possible qui mêle le Mythe et l’Histoire. L’auteur s’approprie les codes du roman de Barry pour les réinventer dans un récit fantastique qui joue sur le temps. Il signe un roman cohérent, aussi sensible qu’intense, puissamment sensoriel, porté par une plume délicate et immersive.

L’enfant Pan, d’Arnaud Druelle, Gulf Stream, 2021.

Les avis de Blandine, Linda et Lucie.

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Une sélection qui nous transporte vers des lieux réels et imaginaires passionnants et qui n’hésite pas à parler franchement des grandes questions !

Alors, alors !

Quel est votre titre préféré dans la sélection "Belles Branches" ?

  • L'enfant Pan, d'Arnaud Druelle, Gulf Stream, 2021. (56%, 76 Votes)
  • Quelques secondes encore, Thomas Scotto, Nathan, 2021. (32%, 43 Votes)
  • D'Or et d'Oreillers, de Flore Vesco, L'école des loisirs, 2021. (12%, 16 Votes)

Total Voters: 135

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Lecture d’enfant #40 : La Vague

Du haut de ses douze ans et demi, Gabrielle aime les récits qui questionnent notre monde et son fonctionnement. Elle a dévoré La Vague de Todd Strasser et avait envie de partager son expérience de lecture. Publié pour la première fois en 1981, La Vague revient sur une expérience psychologique réalisée dans un lycée californien en 1969 par le professeur d’histoire Ron Jones, La troisième vague.

La Vague de Todd Strasser, PKJ, 2009.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de lire ce roman ?

J’ai vu le film (Die Welle, Dennis Gansel, 2008) avec ma mère. Je l’ai aimé et, quand j’ai appris qu’il y avait un livre, je me suis dit que j’aimerais en savoir plus et voir jusqu’à quel point le livre et le film se ressemblent.

L’histoire est-elle la même ? Quelles sont les différences ou similitudes ? Quel format t’a plu le plus ?

L’histoire est à peu près la même à part quelques détails (que je garde pour moi pour ne pas spoiler). J’ai préféré le livre car la fin est moins sombre.

Peux-tu nous dire de quoi parle ce roman ?

L’histoire se déroule dans un lycée californien. Un professeur d’histoire veut faire comprendre à ses élèves le nazisme et la mise en place d’un tel mouvement. Il veut aussi leur faire comprendre que même aujourd’hui, après en avoir pourtant tiré les leçons, notre société pourrait en reprendre la forme en un instant. Il leur propose une expérience de mise en situation : obéir à un leader, faire un salut, scander un slogan… Le mouvement va peu à peu prendre des proportions énormes en quittant la classe vers l’extérieur, et devenir incontrôlable.

Que penses-tu de cette expérience ? Crois-tu que le professeur a eu raison de la mettre en place?

Je pense que c’est complètement fou et pas la bonne méthode à employer. Les étudiants doivent se forger un avis personnel alors que là, le professeur les pousse à avoir un avis de groupe.

Mais justement, vivre en société c’est aussi vivre en groupe. Est-ce que cette expérience n’a pas pour but de leur montrer que c’est le groupe qui fait le mouvement ?

Et bien oui, il prouve que la solidité du groupe et la confiance en son leader peuvent déraper et mener à un régime totalitaire. Mais cela prouve aussi que l’expérience était dangereuse et qu’il aurait mieux valu se contenter de travaux de groupes plus classiques comme de la recherche ou un exposé par exemple.

Qu’as-tu aimé dans ce roman ? Ou à l’inverse, qu’est-ce qui t’a déplu ?

Je n’aime pas la couverture de l’édition jeunesse, je préfère celle de l’édition adulte qui me semble plus parlante. J’ai vraiment aimé l’écriture de l’auteur ; le fait que ce soit inspiré d’une histoire vraie est particulièrement intéressant. Les personnages sont sympathiques et j’ai aimé suivre leur cheminement.

Enfin, conseillerais-tu ce roman ? A qui ?

Je conseillerais ce livre à ma mère et aux lecteurs de plus de onze ans qui veulent comprendre comment se met en place une dictature.

Merci Gabrielle !