Lecture commune – La petite marchande de rêves

« – Je suis désolé, s’excusa l’arbre, je n’ai même pas une feuille à te donner pour t’essuyer.  C’est moche, cette horrible saison d’automne.  Tout mon feuillage est tombé et me voilà nu comme un ver. »

(Malo rencontre Arthur, le chêne philosophe – La petite marchande de rêves, page 31)

Inconditionnelle des titres de Maxence Fermine, quelle ne fut pas ma joie lorsque j’ai appris qu’il allait sortir un premier titre jeunesse… L’occasion de le découvrir dans ce nouveau registre et de partager cette découverte avec mes comparses d’A l’ombre du grand arbrePépita – MELI-MELO de livres…, Bouma – Un Petit Bout de Bib(liothèque), Sabaha – De pages en pages, Drawoua – Maman Boabab et Kik – Les lectures de Kik ont répondu présentes…  ainsi que l’auteur lui-même qui nous fait le plaisir de répondre à quelques-unes de nos questions en fin de billet !

Une belle façon pour nous de terminer cette année 2012 sous le signe du rêve et vous en souhaiter tout autant pour 2013 !

 

Maxence Fermine, La Petite Marchande de rêves, Editions Michel Lafon, 2012

Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse: Pour Maxence Fermine, La petite marchande de rêves est une première incursion dans l’univers de la littérature jeunesse. On apprend dans sa dédicace que ce récit lui a été inspiré d’un rêve d’un de ses enfants… En quelques mots, quelle histoire nous conte-t-il ?

Pépita  : On y fait la connaissance de Malo, qui est sur le point de fêter ses onze ans. Un accident, le jour de son anniversaire, va le faire basculer dans le Royaume des Ombres où il va rencontrer Lili, la petite marchande de rêves. Ils vont vivre une quête entre rêve et réalité.

Bouma : C’est un voyage initiatique dans un pays dont Malo ne connaît pas les règles et dans lequel les habitants sont plus extraordinaires les uns que les autres. Ce roman, c’est un peu Alice au pays de Tim Burton !

Sabaha : Il s’agit d’un voyage initiatique où rêve et réalité finissent par se rejoindre. Nous y suivons Malo au royaume des ombres sans trop savoir où ça nous mènera, ce qui est très agréable. Un petit côté « Alice » plein de surprises pas déplaisant…

Nous sommes visiblement toutes d’accord sur la filiation entre ce titre et ce classique qu’est Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Bouma parlait, elle, d’Alice au pays de Tim Burton. Quels points communs voyez-vous entre ces deux voire trois univers ? Ces similitudes vous ont-elles plu, déplu, gênées… ?

Bouma : Pour moi c’est le côté sombre, inquiétant et en même temps merveilleux qui m’a fait penser à Tim Burton. Chaque chapitre nous permet de découvrir un nouveau personnage, et tous ont en commun d’être inexistants dans la réalité. Je pense à l’arbre qui parle, au magicien Septimus, au marchand de jouets manipulateur… Cet univers m’a beaucoup plu, dommage qu’il ne soit pas plus approfondi.

Drawoua : J’adopte tout à fait le côté Alice au pays de Tim Burton, c’est une belle façon de peindre l’univers dans lequel Maxence Fermine nous fait entrer, sur les pas de Malo. Le côté Tim Burton interpelle dès la couverture avec la remarquable illustration de Louise Robinson. Ensuite les choses se concrétisent dans le texte avec le passage dans un autre monde, une autre dimension – réelle ou imaginaire ? – et la rencontre de tous les personnages. C’est une belle impression textuelle à la croisée de deux univers Caroll / Burton. J’en ai aimé l’écho, d’autant plus que l’auteur parvient à écrire une autre histoire.

Sabaha : Rien que le fait qu’il « tombe » dans un trou (en fait il est plutôt aspiré) et passe dans un monde parallèle rappelle Alice au pays des merveilles. Mais il n’y a pas que ça. L’univers dans lequel Malo arrive est complètement décalé, voire loufoque. Il y rencontre des êtres et des choses impensables (que seul un enfant est capable d’accepter sans se poser de questions, ai-je même envie d’ajouter) et enfin, il ne sait pas comment quitter cet endroit.  Effectivement, l’univers décrit est bien plus sombre et peu avoir un côté « Tim-Burtonien » qui n’est pas déplaisant. En tout cas, l’ambiance est particulière (et particulièrement réussie) et entretient le suspense. Pari réussi pour l’auteur, donc, qui parvient à créer un univers bien à lui avec ce conte.

Pépita : Le parallèle avec Alice au pays des merveilles et Tim Burton, oui, pourquoi pas ? Même si je trouve que les univers de Lewis Caroll et de Tim Burton sont nettement plus élaborés que dans le livre en question… Est-ce vraiment un livre « à la manière de… » ?

Bouma : En fait, je ne pensais pas « à la manière de… » mais plutôt dans l’ambiance…

Pépita : Je comprends bien ce que tu veux dire par « ambiance » Bouma. Mais je trouve qu’il y a peu d’interactions entre les personnages dans ce livre. C’est toujours triangulaire : Malo, Lili et le personnage introduit dans chaque chapitre. Ce qui donne un effet statique au livre. Dans Alice au pays des merveilles, les relations sont nettement plus complexes, et dans Tim Burton, n’en parlons même pas !

Bouma : Je suis totalement d’accord en ce qui concerne la complexité du récit chez Caroll et Burton, c’est d’ailleurs pour ça que je tenais à repréciser ma pensée.

Kik : Il y a la chute libre. Il y a l’arbre. Il y a le chat. Il y a les personnages un peu … particuliers… Mais comme il a été dit précédemment, le monde imaginaire est loin d’être aussi riche que la Pays des merveilles d’Alice.

A vous lire entre les lignes, je sens poindre une certaine déception… Pouvez-vous chacune préciser en quoi ce titre n’est peut-être pas à la hauteur de vos attentes ?

Pépita : J’ai trouvé l’idée de départ très chouette : cette histoire est inspirée d’un rêve d’une des filles de l’auteur. La couverture est magnifique ! Le titre évocateur. Le début de l’histoire semble prometteur, mais… très rapidement elle s’effiloche en une suite de portraits de personnages plus ou moins bien réussis avec une construction identique (rencontre dans un lieu différent du précédent, description du personnage à travers quelques dialogues, l’objet de la présence des deux enfants expliquée, tentative de résolution qui échoue à moitié et départ vers un autre personnage). Du coup, la trame est longue à se mettre en place. Et c’est très répétitif. C’est dommage, car il y a de belles trouvailles.

Kik : Après l’arrivée dans ce monde étrange, j’aurais aimé plus de rebondissements. Il y a une quête mais pas de celles qui prennent aux tripes et pendant lesquelles on angoisse et on jubile avec le héros, lors des défaites ou des réussites. Chaque étape de la quête se passe. Et voilà ça passe, dans un décor original certes, mais le peu d’intérêt de l’histoire en elle-même, ne met pas en valeur le monde imaginaire créé.

Drawoua : Je suis relativement d’accord avec vous, cependant j’ai aimé le livre et ce n’est pas contradictoire. La facilité de la trame narrative et son rythme vont permettre à de jeunes lecteurs de pouvoir s’y intéresser rapidement. L’éditeur indique 9 ans, je pense qu’un bon lecteur de 8 ans peut aborder son grand premier roman avec « La petite marchande de rêves », et nous ne sommes pas des lecteurs de 8-9 ans. Je découvre l’auteur avec ce livre et j’ai vraiment envie de lire Neige qui le précède.

Bouma : J’ai trouvé le récit long à démarrer. La petite marchande de rêves (qui est quand même le titre du roman) n’arrive qu’à la seconde moitié du livre. L’écriture de Maxence Fermine est fluide, agréable. Il signe là son premier roman pour la jeunesse et cela se sent. J’ai eu l’impression qu’il simplifiait son récit pour s’adresser à son public et ce n’est pas à ça que correspond la littérature jeunesse.

Sabaha : J’ai aimé le livre même si, tout comme la plupart d’entre vous, j’ai été un peu frustrée.  Il manque un je ne sais quoi… L’impression que l’univers (sympathique) mis en place n’est pas suffisamment exploité. En revanche la simplicité du livre le rend accessible aux plus jeunes et là cela devient tout à fait positif. Le livre est tout à fait intéressant pour un public « jeunes lecteurs », que ce soit en termes de contenu, de vocabulaire ou d’intrigue.

Céline : Malheureusement, je partage votre déception. Celle-ci est d’autant plus grande que j’adore les titres adultes de Maxence Fermine – Neige est un petit joyau où tout est ciselé à la perfection : l’histoire, les mots, la morale à tirer… Je m’attendais à autant, si pas plus, pour un titre jeunesse…

Il ne faudrait cependant pas jeter l’enfant avec l’eau du bain ! Et notre regard, comme le souligne Drawoua, n’est pas celui du lecteur cible ! De plus, malgré les faiblesses voire les incohérences de l’intrigue comme du dénouement, ce titre n’est pas dénué de trouvailles intéressantes. Lesquelles, selon vous ?

Pépita : Certains personnages comme l’arbre et sa philosophie, le magicien Septimus et son langage si particulier m’ont beaucoup plu. Tout comme les petites boîtes à rêves de Lili et leur chasse avec des filets à papillons dans le cimetière. La visite de Paris en miniature est une très belle trouvaille aussi. Le dernier personnage du SDF en quelque sorte également : mais j’ai trouvé qu’il aurait pu avoir plus de profondeur, le message qu’il délivre est très positif mais cela reste incachevé. Du moins est-ce mon avis.

Bouma : Un grand coup de cœur pour le personnage de Septimus ainsi que celui de Mercator (le chat qui parle). L’idée de faire de ce monde un univers en noir et blanc m’a aussi séduite.

Drawoua : Comme vous, j’ai aimé les personnages que vous citez, j’ai adoré l’univers en Noir et Blanc, le filet à papillon et les rêves ou les cauchemars qui apportent des touches de couleur.

Sabaha : La force de ce petit roman réside, à mon avis, dans ses personnages qui sont très attachants.  Et puis le côté « univers parallèle » est toujours sympa, pour les grands comme pour les petits lecteurs. J’aime beaucoup aussi l’initiative de l’éditeur qui a intégré des illustrations de différents illustrateurs au fil du livre. (Dommage toutefois que la qualité d’impression de celles-ci ne soit pas totalement à la hauteur.)

Céline : Je partage ton avis Sabaha quant aux illustrations… Précisons que celles-ci sont issues d’un concours organisé par l’éditeur et que les illustrateurs n’avaient pour support qu’un bref résumé. Donc chapeau à eux ! Par contre, ils ne pouvaient fournir que des dessins en noir et blanc. Plutôt dommage lorsqu’on voit de quelle manière quelques touches de couleur subliment la 1ère de couverture !  Précisons encore qu’une des illustrations est signée Léa Fermine, probablement la fille de l’auteur à l’origine de ce projet.

Et vous, Pépita, Drawoua, Bouma et Kik, un avis sur ces illustrations ?

Pépita : J’ai trouvé cette idée originale et bien dans le ton du livre : inspiré d’un rêve d’enfant, quoi de mieux que des dessins d’enfants pour l’illustrer ? Mais quel dommage qu’ils soient si peu mis en valeur ! Et un peu de couleurs n’aurait pas nui, non ? Comme les boîtes à couleurs de la petite marchande de rêves.

Kik : J’ai été déçue par la qualité d’impression des illustrations à l’intérieur du livre, en comparaison avec la couverture. Elles auraient dû être mises mieux en valeur.

Bouma : Il n’y a pas que des dessins d’enfants parmi les illustrateurs choisis, et cela se sent. J’ai trouvé l’idée du concours intéressante, tout comme les univers créés par le travail des illustrateurs. Je regrette cependant que ce projet n’ait pas été pensé dans sa globalité pour donner une réelle valeur ajoutée au récit.

Sabaha : Que les illustrations soient en noir et blanc n’est pas choquant étant donné que c’est une pratique courante. En revanche, il y a un souci de contraste, globalement, ce qui ne permet pas de les apprécier pleinement.

Pour conclure , une phrase ou un passage préféré à partager ?

Pépita : Mon passage préféré : quand Malo tombe Au pays des ombres et qu’il rencontre l’arbre. Leur dialogue est plein de bon sens. J’ai été très heureuse de les retrouver se parler à un autre moment du livre.

Bouma : Je citerais Septimus le magicien qui m’a fait grand effet (comme je le précisais plus haut) :

« J’allais me tricoter une tasse de passiflore. Que diriez-vous de la glouglouter avec moi ? Votre campagnonnage me changera de celui de mes pachas et mes vizirs. Excusez moi si ça claxonne un peu, mais j’ai oublié de serpiller leur boîte à cacamou. »

Drawoua : J’ai beaucoup aimé le passage dans lequel les deux enfants vont à la chasse aux rêves dans le cimetière, avec leur filet à papillon. La rencontre avec le clochard céleste est un joli moment de poésie également, le contemplatif d’étoiles, celui qui n’a que faire de tous ses brouzons (la monnaie) et qui trouve son bonheur dans les cieux, dans les étoiles « .

Sabaha : Le langage particulier de Septimus m’a beaucoup amusée (oui, je suis un grand enfant, au fond…).

Le mot de la fin ?

Kik : Je ne connaissais pas encore cet auteur, j’ai été enchantée par l’univers créé. Par contre, l’histoire en elle-même manquait de quelque chose pour que je sois captée réellement. Je suivrai avec attention la parution des prochains livres pour la jeunesse de cet auteur, pour les lire, car par l’intermédiaire des co-lectrices d’ALODGA, j’ai eu de très bons échos pour les autres livres de cet auteur. Affaire à suivre…

Bouma : J’ai vraiment apprécié l’univers inventé par Maxence Fermine même si je ne suis pas aussi enthousiaste sur la totalité du livre. Et puis, je serais curieuse de connaître l’avis de jeunes lecteurs qui se situent dans la tranche d’âge visée pour le confronter à mon point de vue d’adulte.

Drawoua : Avec La Petite Marchande de rêves et en compagnie de Malo, c’est une belle promenade dans l’imaginaire, dans la poésie, dans le rêve que nous propose l’auteur. C’est aussi en filigrane, la quête du bonheur.

Sabaha : Je connaissais cet auteur, mais c’est toujours agréable de découvrir une autre facette. Je trouve ce premier essai plutôt réussi et me tiendrai au courant des parutions jeunesses à venir de cet auteur.

Enfin, cette lecture a suscité de nombreuses questions.  Nous les avons posées à l’auteur.   Voici ses réponses: 

ALDGA : Vous êtes surtout connu pour vos titres adultes. Ecrit-on différemment pour les petits que pour les grands ? Quelles surprises cet exercice vous a-t-il réservé ?

Maxence Fermine : Ecrire pour la jeunesse est pour moi une récréation entre deux romans adultes. L’imaginaire créé permet plus de fantaisie. Un peu moins de gravité et de sérieux aussi. Mais il est vrai que ce n’est pas plus facile pour autant. Il faut simplement retrouver son âme d’enfant et se faire plaisir avec un univers merveilleux.

ALDGA : Nous savons grâce à votre dédicace que ce titre s’inspire directement d’un rêve d’une de vos filles. Au fil de la lecture, avez-vous discuté des aventures de la petite marchande de rêves avec elle ? Lui avez-vous demandé son avis ? Vous a-t-elle fait des commentaires qui ont orienté votre écriture ? A-t-elle lu le texte final ?

Maxence Fermine : Ma fille Léa m’a inspiré l’image des bulles de rêves s’échappant d’une tombe dans un décor en noir et blanc. Le reste, je l’ai inventé. Bien sûr qu’elle l’a lu et aimé, même si le livre s’adresse à un public plus jeune car elle a bientôt 17 ans. C’est donc ma seconde fille Julie, âgée de 11 ans, qui l’a le plus apprécié.

ALDGA : Ce roman, c’est un peu Alice au pays de Tim Burton ! Etes-vous d’accord avec cette définition ?

Maxence Fermine : Alice au pays des merveilles façon Tim Burton. Pourquoi pas ? J’aime beaucoup ces deux univers. C’est plutôt flatteur comme comparaison. Même si je n’y pense pas lorsque j’écris, me contentant de faire du Maxence Fermine, si cela veut dire quelque chose…

ALDGA : Avez-vous eu un droit de regard sur le choix des illustrations ? Ne regrettez-vous pas qu’elles soient exemptes de la moindre touche de couleur ?

Maxence Fermine : Nous étions trois à choisir les illustrations, mes deux éditeurs et moi. Un choix difficile. Le choix du noir et blanc a été fait par l’éditeur pour des raisons pratiques. Mais comme il s’agit d’un univers en noir et blanc (à quelques exceptions près), cela allait de soi.

ALDGA : Avec « La petite marchande de rêves », vous signez votre tout premier roman jeunesse. Avez-vous d’autres projets dans ce domaine ? Peut-être une suite aux aventures de Malo et de Lili ?

Maxence Fermine : J’ai beaucoup aimé cette première expérience, et même si j’ai conscience de n’être qu’un débutant en roman jeunesse, je pense donner une suite à cette histoire (3 volumes en tout). L’objectif pour moi est simplement de retourner au pays de l’enfance, dans un pays enchanteur, et de laisser libre cours à mon imagination. Si certains ont la gentillesse de partager mes rêves, j’en suis enchanté.

 

Pour aller plus loin, les billets des unes et des autres :

Pour La Petite Marchande de rêves:

D’autres titres de l’auteur (en littérature « adulte »):

Lecture commune – L’Enfer au Collège d’Arthur Ténor

Milan Poche junior, tranche de vie
© Editions Milan 2012

« Harcelée à l’école, une collégienne se jette du 7ème étage »

Tel est le titre choc d’un quotidien français de ce lundi 8 octobre. Preuve s’il en est que le thème dont nous allons vous parler aujourd’hui est un sujet qui reste encore et toujours, malheureusement, d’actualité !

C’est d’ailleurs après avoir regardé une émission de télévision où une mère témoignait des brimades dont son fils collégien avait été victime qu’Arthur Ténor a décidé d’évoquer le problème de la violence à l’école et d’écrire ce récit au titre plus qu’évocateur: « L’enfer au Collège ».

J’ai éprouvé le besoin de mettre en mots une situation que nous sommes si nombreux à avoir vécue ou au moins à avoir connue de près ou de loin, explique-t-il dans une note en fin d’ouvrage.

Ce passage de la réalité à la fiction est-il une réussite ?
Pépita, Dorota, Sophie-Hérisson et moi-même…  ainsi qu’un invité surprise en débattons …

Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse: Bonjour à toutes ! Première question ! En avant-propos, pour quelle(s) raison(s) avez-vous désiré vous lancer dans cette lecture commune? Qu’est-ce qui vous intéressait a priori dans ce livre d’Arthur Ténor?

Pépita – Méli-Mélo de livres : Premièrement, parce que c’est paradoxalement un sujet d’actualité même s’il est souvent passé sous silence. Deuxièmement, parce que j’apprécie l’auteur. Le titre aussi m’a accrochée : le collège, oui, ça peut être l’enfer. Troisièmement, parce qu’un de mes enfants a été confronté à ce problème et que c’est effectivement un vrai sac de souffrance.

Sophie-Hérisson – Délivrer des livres : Presque au contraire de Pépita, j’ai voulu le lire parce que c’est un sujet dont j’entends parler tous les jours, et j’ai l’impression que les médias s’en font aussi l’écho comme d’un fait nouveau, alors que le harcèlement existe depuis des dizaines d’années dans les cours d’école.  Je suis professeur et nous sommes confrontés à certains problèmes autour de ces thèmes au collège, et j’ai fait du respect mon fil rouge de l’année avec 5 classes de 6ème… Je leur prépare aussi une bibliographie, mais j’ai beaucoup de mal à trouver des titres qui me conviennent… Mais vous allez voir par la suite que je suis particulièrement difficile !

Pépita – Méli-Mélo de livres : C’est exactement ce que j’ai voulu dire dans ma première raison… Le harcèlement à l’école n’est pas nouveau mais on fait toujours comme si on le découvre chaque année. C’est comme le poids des cartables, c’est comme les classes surchargées, c’est comme le manque de surveillants, c’est comme le racket, la liste serait longue…

Dorota – Les livres de Dorot’ : De mon côté, j’ai décidé de participer à cette lecture commune parce que le titre du livre m’a interpellée. J’ai deux filles, une au collège, l’autre au lycée, j’essaye d’être présente et d’interpréter leurs changements d’humeur et d’attitude, mais ce problème me donne une boule au ventre. Si un tel problème faisait partie de la vie d’une de mes filles ? Si je ne voyais pas les changements progressifs dans leur comportement ? J’ai pensé trouver quelques réponses dans ce récit…

Eh bien Dorota! Parlons-en de ce récit… En quelques mots, quelle est l’histoire de ce livre?

Dorota – Les livres de Dorot’ : « L’enfer au collège » est l’histoire d’un garçon, Gaspard, qui entre en sixième. Gaspard n’est pas un meneur de troupes, il aime bien vivre sa vie tranquillement, entre sa collection de coquillages et autres intérêts plutôt scientifiques. Sauf qu’à la rentrée des classes, il fait connaissance avec Anthony, un petit dur du quartier à qui la tête de Gaspard ne revient pas… Petit à petit, un bras de fer s’installe, entre Gaspard qui subit et Anthony qui abuse de sa « notoriété » de gars du quartier. La descente « aux enfers » est vite arrivée pour Gaspard…

Pépita – Méli-Mélo de livres : J’ajouterais que cette rentrée en sixième, c’est l’année de beaucoup de changements pour Gaspard : il entre non seulement dans un nouveau collège mais il vient de déménager dans un nouveau quartier suite au divorce de ses parents. Il nous dit que cette séparation ne l’a pas perturbé. Il vit donc avec sa mère, assez anxieuse pour ce fils unique car elle aussi doit faire face à beaucoup de choses nouvelles. Dès le jour de la rentrée, la relation Antony/Gaspard ne se passe pas bien : ce sont en quelque sorte deux « mondes » qui s’affrontent, deux systèmes éducatifs même : d’un côté, le caïd du quartier qui soigne bien son image et de l’autre un garçon sensible aux centres d’intérêt bien à l’opposé. Leur incompréhension vient de là d’abord : ils sont hermétiques l’un à l’autre. C’est ça qui fait d’abord le terreau du harcèlement.

Sophie-Hérisson – Délivrer des livres : L’auteur a choisi de nous présenter le témoignage d’Anthony, mais guidé par un adulte. Un intermédiaire qui cherche à savoir, à comprendre et surtout qui pousse Anthony à réfléchir sur ses gestes, son comportement. Cela permet en plus du point de vue de la victime d’avoir celui du harceleur. Ce point de vue souvent abordé me semble-t-il dans les romans sur le sujet permet de mieux comprendre ce qui pousse ces jeunes à devenir « les méchants de l’histoire ».

Pépita nous parlait de deux mondes hermétiques qui s’affrontent. Sophie-Hérisson évoque les deux points de vue, celui du harceleur et celui de sa victime. Cette dualité est renforcée par un découpage narratif particulier… L’une de vous peut-elle nous en toucher un mot?
Que pensez-vous chacune de cette façon de présenter l’histoire?

Pépita – Méli-Mélo de livres  : Effectivement, Céline a raison de souligner la construction de ce roman qui alterne la voix d’Antony et celle de Gaspard, à cette différence près que la voix d’Antony est « accouchée » en quelque sorte par une tierce personne qui l’aide à prendre conscience de la gravité de ses actes envers Gaspard, la victime. Pour ma part, j’ai trouvé que, si on ne prend pas assez de recul en tant que lecteur face à ce schéma narratif, on peut très vite avoir des jugements hâtifs, voire à l’emporte-pièce : Antony est le méchant, et Gaspard une victime estampillée bien victime. Que des clichés (le caïd de la cité livré à lui-même et le garçon « bien élevé », intello,…). Mais l’objectif de cette construction choisie par l’auteur est de démontrer les mécanismes du harcèlement (et c’est le but du roman) : comment il s’installe, comment il empire, comment il dégénère pour aboutir à un engrenage extrêmement dangereux. La voix de la tierce personne permet justement de prendre ce recul nécessaire, et dans le cas d’Antony, il arrive presque trop tard.
La principale question que je me suis posée à la lecture de ce roman : où sont les adultes ? Pourquoi les jeunes n’ont-ils pas pu se tourner vers eux , pourquoi n’ont-ils pas été entendus ?
Pour ma part, j’ai pris ce roman par la fin : j’ai d’abord lu la démarche exprimée par l’auteur (tout comme l’a rappelé Céline en début de ce débat) et ensuite, le témoignage de cette maman dont le fils a vécu une situation identique. En vrai. Et ça fait froid dans le dos. J’ai un de mes fils qui a vécu deux fois des situations de harcèlement : dans la première, la réponse des adultes a été adéquate, pas dans la seconde. Il a dû changer de collège. Pour son équilibre.
Il faut être très vigilant. Cela rejoint l’avis de Dorota qui s’inquiète pour ses filles.

Dorota – Les livres de Dorot’ : J’ai bien aimé cette personne « dans l’ombre », qui ne juge pas, n’accuse pas. Avec les questions bien ciblées et bien formulées, Anthony est quasiment obligé de réfléchir sur le pourquoi de ses actes. Petit à petit, on voit qu’il n’est pas forcément le dernier des méchants. Et là mon avis rejoint celui de Céline et Pépita: où étaient les adultes quand la situation a commencé de dégénérer ? Une intervention aurait pu désamorcer le conflit plus tôt, avant le drame.

Et à propos de l’alternance des chapitres « Anthony/Gaspard », tu en penses quoi ?

Le fait que le livre soit à « deux voix » m’a beaucoup plu. J’essayais de me mettre dans la tête de chacun pour comprendre leur façon de penser. J’ai poussé des cris pendant la lecture en sermonnant soit Anthony, pour son opiniâtreté, soit Gaspard pour sa passivité… C’est bien d’avoir les deux points de vue…

Y a-t-il d’autres points qui vous ont plu dans cette lecture ?

Pépita – Méli-Mélo de livres : J’ai trouvé que l’écriture de l’auteur permettait de bien se visualiser les scènes. L’univers du collège est aussi bien restitué. La montée en puissance du harcèlement également : ce qui m’a beaucoup interpellée, c’est le changement d’attitude chez Gaspard face à son harceleur. Lui-même devient violent à son tour, ce n’est pas voulu de sa part, c’est une réaction de défense face à une souffrance extrême. C’est même assez terrifiant de voir à quel point un individu peut devenir lui-même ce qu’il réprouve. Et que les rôles ont été en quelque sorte inversés pendant un court moment dans le roman, avant le dénouement final. En fait, on comprend très rapidement le fonctionnement d’Antony, mis en lumière en plus par le psychologue, ce qui permet une prise de distance et à Antony une prise de conscience de ses actes. Mais Gaspard ? Quelle solitude face à ces nouveaux sentiments qui naissent en lui ! Et quand il réalise son geste et du coup ce qu’il est en train de devenir, quelle issue lui reste-t-il ? C’est un point du roman qui m’a fait beaucoup réfléchir. A quel point tout peut basculer très vite s’il n’y a pas de garde-fous.

Et toi, Céline, quels sont les points qui t’ont plu dans ce roman ?

Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse : Je trouve aussi que l’auteur décortique à merveille la mécanique du harcèlement, ses tenants et ses aboutissants. En outre, avec ce découpage des chapitres, il nous permet de découvrir ce qui se passe dans la tête des deux protagonistes, la victime comme son harceleur. L’intervention de l’adulte qui ne juge pas mais essaie d’amener petit à petit le jeune à prendre conscience de la gravité de ses actes et à en assumer les conséquences peut également nous donner quelques pistes pour aborder cette problématique dans la réalité. Même si, sur ce dernier point, je reste persuadée que la prévention reste le meilleur remède. Mais on aura certainement l’occasion d’en reparler!

Des points négatifs peut-être?

Pépita – Méli-Mélo de livres : La fin du roman… que j’ai trouvé pour le moins trop convenue… et l’absence des adultes (parents, enseignants,…) !

Sophie-Hérisson – Délivrer des livres : De mon côté, j’ai trouvé que si la mécanique du harcèlement était bien décortiquée, elle excluait trop les autres. Les adultes mais aussi les camarades, et le rôle de témoin. Le regard de l’autre, qui approuve ou non le harcèlement, est un élément clé. Le harcèlement fonctionne en triangle.  Quand il manque l’un de ces éléments, il devient beaucoup plus difficile d’en comprendre la mécanique. Nous avons en effet le harceleur et la victime, mais aussi ces témoins, ceux qui font que le harceleur a un public et donc l’envie de continuer. Ici nous voyons quelques autres enfants en début de roman, mais ils sont totalement écartés par la suite. L’absence d’adulte me pose aussi un peu problème, même si c’est je pense un choix délibéré de l’auteur pour montrer à quel point les victimes peuvent se sentir coupable et ne pas oser en parler. Enfin, pour moi aussi, la fin est terriblement décevante. Ce n’est pas parce que c’est un roman de littérature jeunesse que tout doit bien finir! Heureusement qu’il y a ensuite le témoignage, poignant, de cette mère qui nous donne une version bien différente !

Dorota – Les livres de Dorot’ : Idem pour moi, la fin m’a un peu déçue. Tout le monde a tout compris, tout le monde s’aime à partir de maintenant… Moi la première, en tant que mère, je n’aurais pas laissé se faire cette rencontre face à face entre Gaspard et Anthony… seuls. Ce qui confirme l’absence des parents dans ce roman. Ceci dit, c’est tellement flagrant ! Je me dis que peut- être l’auteur voulait justement nous emmener là, à ce point précis. Parce qu’on ne voit pas du tout les parents d’Anthony et la mère de Gaspard est exaspérante dans l’inaction… S’ils étaient vraiment là, à se préoccuper de leurs enfants, ils pourraient voir les choses se faire, petit à petit…  Une petite explication, Arthur Ténor???

Pépita – Méli-Mélo de livres : Comme Dorota, en tant que mère, je n’aurais pas pu laisser seul mon enfant torturé pendant des semaines avec son harceleur !!! Ca semble si facile cette confiance qui s’installe tout à coup ! Mais bon, c’est un roman destiné à des jeunes, il y a une telle tension crescendo dans le roman que peut-être l’auteur a voulu que cela finisse par du positif ? L’absence des adultes, j’aimerais revenir dessus : à plusieurs reprises, on est témoin que les enseignants règlent les accrochages des deux garçons de façon très rapide, sans démêler le vrai du faux…  C’est peut-être un peu facile de leur jeter la pierre… Quant aux parents, encore faut-il que l’enfant accepte d’en parler ! Ce n’est pas toujours le cas. Dans ce roman, ce qui m’a le plus interpellée, c’est de constater que ces jeunes ne savent pas comment s’adresser aux adultes et ne savent pas qu’ils le peuvent ! Il y a aussi la force du groupe, la loi du silence, c’est très fort ça aussi chez les ados.

Dorota réclamait le point de vue de l’auteur… Eh bien, le voici ! Il a eu la gentillesse de nous répondre…

Arthur Ténor:

Je veux juste ajouter un mot à propos de la fin. Effectivement, elle est très happy end. C’est vrai que dans le réel, ça ne se terminerait sûrement pas aussi positivement, mais il s’agit là d’une fiction, pas d’un documentaire. J’ai voulu que ce court roman (peut-être la fin eût-elle été plus « crédible » si j’avais donné plus de temps à l’intrigue) se termine sur une note d’espoir, parce que tel est mon caractère. C’est vraiment l’affirmation d’une volonté, un choix d’auteur, ni mauvais ni bon, je crois… personnel que les histoires terribles comme celle-là se terminent sur une note d’espoir. Et puis au fond, me suis-je dis, pourquoi pas ? Quant à l’absence des adultes, je pense que ce n’est pas si évident pour eux de déceler la dérive « dramatique » parmi les simples événements fâcheux et sans lendemain qui émaillent la vie des enfants. Certes, il y a les signes, mais pas si simples à interpréter. Le témoignage de Mme Plan à la fin de l’ouvrage est à cet égard édifiant. C’est d’ailleurs pourquoi il est si saisissant et interpelle tout adulte confronté à ce type de processus dramatique. Le débat est lancé et important je crois.

Pépita – Méli-Mélo de livres : Pour avoir été confrontée à deux reprises avec un de mes enfants à ce type de comportement, je confirme que ce n’est pas facile à déceler. On ne peut pas tout voir dans une cour d’établissement scolaire… et pour des parents, même à l’écoute, on est parfois démuni car on craint de se heurter au poids de l’institution. Le collège a un fonctionnement bien différent du primaire, c’est pareil pour le lycée. Et c’est souvent une question de personnes. A un moment, Céline, tu as parlé de prévention. Certes. Je pense que les jeunes doivent savoir que des adultes sont là pour les aider. La question est de savoir s’il y a assez d’espace dans la société actuelle pour le permettre. Mais ça, c’est un autre débat…

Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse : Chez nous, en Belgique, depuis quelques années, les élèves du 1er degré (12-14 ans) ont dans leur programme un cours de CPA (Clés pour l’adolescence) où, par une approche ludique, ils sont amenés à prendre de l’assurance, faire des choix, s’opposer à la pression collective, dialoguer et écouter les autres… Ca ne résout pas tout, c’est certain, mais cela brise au moins la loi du silence et le harcèlement n’est plus un sujet aussi tabou !

Pépita – Méli-Mélo de livres : Dans certains collèges, en France, il y a des psychologues scolaires, mais pas dans tous, c’est une question de moyens. Je pense aussi que le rôle du professeur principal dans une classe est primordial et qu’il sache aussi assurer la liaison CPE (Conseiller principal d’éducation) et Principal d’Etablissement. C’est aussi souvent une question d’équipes, de projet d’Etablissement et d’information auprès des parents sur le fonctionnement de l’Etablissement (à qui s’adresser en cas de problème ?). Il semblerait que le harcèlement touche plus le collège et les garçons, non ?

Sophie-Hérisson – Délivrer des livres : En France aussi il y a dans les collèges des actions de sensibilisation. Il y a d’ailleurs des directives de l’éducation nationale. Et si nous n’avons pas de « psychologue scolaire » nous avons des infirmières scolaires, des assistantes sociales… et beaucoup d’adultes formés. Bref on fait de notre mieux et non il n’y a pas que les garçons qui sont touchés, au contraire même chez nous cela touche plus les filles…

Hum ! J’ai bien l’impression que nous nous laissons déborder par le sujet ! Arthur Ténor, lorsque j’ai demandé à mes élèves d’imaginer la fin, ils m’ont répondu d’une seule voix :
« C’est un livre pour la jeunesse, alors ça ne peut mal se finir ! »
Qu’en pensez-vous ? Ne faudrait-il pas parfois les surprendre voire les bousculer quelque peu dans leurs certitudes ?

Arthur Ténor :

C’est vrai qu’on associe souvent lecture enfants à la certitude d’une fin qui se termine bien. J’assume. Sans doute parce que je suis de l’ancienne génération où l’avenir était moins grave, moins sérieux, moins noir. Je suis par exemple frappé de voir que les grands succès actuels de nos ados, sont les dystopies, mondes apocalyptiques où au bout du tunnel il y a… l’abîme.

Pépita – Méli-Mélo de livres : Je partage votre point de vue : la littérature pour ados est de plus en plus dans l’irréel, voire assez trash.

Sophie-Hérisson – Délivrer des livres : Cette fin heureuse et trop rose pour notre regard d’adulte me semble quand même intéressante car elle permet de proposer cette lecture à de plus jeunes lecteurs.

Dorota – Les livres de Dorot’ : Je rejoins Sophie dans son avis, la fin un peu trop rose-bonbon pour nous les adultes. Finalement, je vois que mon idée de départ était la bonne: c’était voulu ! Après, est-ce judicieux de l’écrire comme ça, juste pour rassurer les plus jeunes ? La réalité est souvent si différente…

Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse : C’est vrai Dorota: la réalité est souvent bien moins rose! Dans le cas de ce titre, il est donc important de s’assurer que les élèves lisent également les pages qui suivent et puissent ainsi confronter cette fiction où tout finit bien avec la réalité bien plus contrastée évoquée par le témoignage poignant de cette maman.

Pépita – Méli-Mélo de livres : Dans ce cas, pour contrebalancer la fin assez édulcorée, peut-être que le témoignage aurait dû être mis au début du roman ainsi que la démarche de l’auteur. Ce n’est qu’une suggestion…

Quelqu’un a-t-il quelque chose à ajouter? Peut-être une indication sur la catégorie d’âge? Ou des idées d’autres titres sur le sujet?

Pépita – Méli-Mélo de livres : Quant à l’âge : pour des collégiens (à partir de 11 ans), c’est sûr mais avant aussi, 9-10 ans, avec accompagnement si possible.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé:

  • Mongol de Karin Serres, collection théâtre de l’école des Loisirs (sur les insultes)
  • Le silence de Nélio de Christine Palluy chez Alice jeunesse (sur le racket)
  • Harcèlement de Guy Jimenes chez Oskar jeunesse.

Sophie-Hérisson – Délivrer des livres : Pour l’âge effectivement sans soucis dès le CM ! D’autres titres ? J’aurais cité moi aussi :

  • Harcèlement de Guy Jimenes à partir de la 5ème
    mais aussi
  • Johnny de M. Pouchain, très court mais plus fin de collège
  • Jours de collège, des nouvelles de Bernard Friot et
  • Ben X de Nic Balthazar, fin de collège, lycée.

Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse:

Pour ma part, j’ajouterais

  • Un élève de trop de Julia Jarman…

Je vous remercie toutes les trois pour cette lecture commune constructive qui s’est quelque peu transformée en débat ! Nous n’avons certainement pas fait le tour du sujet, nous y reviendrons peut-être à l’occasion d’un autre titre !

Un immense merci à Arthur Ténor qui n’a pas hésité à partager avec nous son point de vue d’auteur !

Nous attendons vos réactions…

Nos billets sur ce titre et les autres:

Les livres à mettre dans le cartable…

© Robert Doisneau
Il y a des signes qui ne trompent pas.  Depuis quelques jours, les soirées se rafraichissent, les fournitures scolaires envahissent les rayons de nos supermarchés et les nouveautés littéraires trépignent dans les starting-blocks…  Eh!  oui!  La rentrée a sonné le glas d’une période estivale qui nous l’espérons a été profitable à tous!

Si dans la presse et sur la toile, on ne parle que des 646 romans  français et étrangers programmés entre août et octobre en littérature adulte, qu’en est-il du côté de notre chère littérature jeunesse?

A l’ombre du grand arbre a épinglé quelques sorties alléchantes qui pourront, très certainement, illuminer notre automne…

La sélection de Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse:

  • Sortie le 31/08 aux éditions Margot:

Ce livre collectif sur Brassens reprend 22 de ses chansons illustrées par 16 illustrateurs de renom issus de la bande dessinée et du livre jeunesse dont Benjamin Lacombe qui a illustré le texte Heureux qui comme Ulysse.   Vous pouvez retrouver quelques-unes de ces illustrations dans le dossier presse.

  • Sortie le 5/09 aux éditions Delcourt: une adaptation bédé d’Olivier Ka et Domitille Collardey du roman de Jean Teulé « Le magasin des suicides »

Le film d’animation réalisé par Patrice Leconte adapté du roman sortira lui au cinéma le 26 septembre.

 

  • Sortie le 11/10: Le huitième et dernier tome (400 pages!) de la série A comme Association intitulé Le regard brûlant des étoiles. D’après le blog On lit plus fort, « vous y apprendrez tout sur les origines de Jasper, son lien avec Ombe et L’Association dans un grand bain d’action et d’humour qui n’excluent pas l’émotion toute particulière de la fin… »
    C’est vrai que l’émotion risque d’être au rendez-vous pour les fans qui devront du même coup dire définitivement adieu au complice du début, Pierre Bottero!

  • Sortie le 18/10: La petite marchande de rêves de Maxence Fermine aux éditions Michel Lafon. Malheureusement, il n’y a pas encore de visuel pour la couverture (à part ce bandeau pour un concours-illustrations organisé cet été) mais le résumé met l’eau à la bouche:

Malo va avoir onze ans. Alors qu’il se rend en taxi à une fête organisée pour son anniversaire, il est victime d’un accident et se réveille au Royaume des Ombres, un endroit magique…
Il y fait la connaissance de Lili, la petite marchande de rêves qui, la nuit tombée, récolte les rêves colorés qui montent des tombes vers le ciel pour les revendre aux habitants du Royaume.  Intrigué, il la suit…

La sélection du Cabas de Za :
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Du côté des albums aussi, la rentrée est épatante ! Schlurp miam ! Voici de quoi vous mettre en appétit, même si ce n’est qu’un début…

  • Une fois encore, Antoine Guilloppé fait dans la dentelle, belles pages découpées, incursion de la couleur… (éditions Gautier Languereau, 26 septembre)
  • Avec Pittau et Gervais aux commandes, voici le nouvel imagier indispensable ! (éditions Les Grandes Personnes, 4 octobre)
  • Un si joli texte, un beau travail d’illustration et on dit merci à Marie-France Chevron et Nicolas Gouny ! ( éditions Chocolat, 6 septembre)
  • Impossible de rester indifférent à ces deux-là ! Le dernier album de Fred Bernard et François Roca, Anouketh, m’avait déçue, mais j’aime tant les autres que je vais forcément aller voir du côté de La Fille du Samouraï… (Albin Michel Jeunesse, 29 août)
  • Et puis…   Et puis…   Il y a Charles. C’est tout. (Seuil Jeunesse, 20 septembre)
La sélection de Gabriel de La mare aux mots :
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  • Sortie le 29 août des nouvelles aventures tant attendues de Jacotte ! Et ce coup-ci… ça tombe bien, elle fait sa rentrée !
J’ai déjà eu l’occasion d’en parler sur La mare aux mots ici : La rentrée de Jacotte.
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  • Chaque nouveau Nadja me donne envie de faire la danse du bonheur, donc autant vous dire que, pour Cinq petites sorcières qui sort en août chez L’école des loisirs, je vais danser !
  • Un autre personnage que j’adore et qui revient dans de nouvelles aventures, c’est Émilie avec ce coup-ci Émilie va au marché ! (Casterman)
  • Encore des personnages que j’adore : Bulle et Bob!  Bulle et Bob préparent Noël (si si ça va venir vite) arrive en octobre grâce à Didier Jeunesse.

  • Enfin un auteur que j’adore, un de mes auteurs fétiches même, sort enfin un album jeunesse (le dernier roman jeunesse datait d’il y a 4 ans !). C’est Arnaud Cathrine et il s’agit de Coquilette la mauviette.
C’est un livre CD qui sortira le 3 octobre chez Actes Sud Junior avec, excusez du peu, Florent Marchet, Mathieu Boogaerts, Julie Depardieu, Artus de Penguern, Raphaëlle Moussafir,… Plus d’informations ici.
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De quoi continuer de se réjouir !
La sélection de Dorot’- Les livres de Dorot’
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Me voilà bien embarrassée, il y a tellement de beaux albums qui vont sortir, tellement de romans qui me font envie!
Allez, une petite sélection:
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  • Un nouvel album d’Alex Sanders « Pas sage? » qui paraitra le 10 octobre aux éditions « Ecole des loisirs ».  L’histoire d’un loup qui ADORE croquer les enfants qui font des bêtises…  et les autres aussi!
  • Deux nouveaux imagiers gigognes aux éditions Milan. Après les chiffres et les contraires, voici les couleurs et les formes! Une qualité sans faille et une collection adaptée à l’apprentissage des fondamentaux. Pour les tout petits. A paraître le 12 septembre.
 
  • « Monsieur Lapin – La carotte sauvage », éditions Des ronds dans l’o.  Une histoire réjouissante, superbement dessinée, sans texte.  A paraître le 11 octobre.
  • Un dernier album que j’ai hâte de voir paraîtra en novembre, toujours aux éditions Des ronds dans l’o.  Il s’agit de « La tisseuse de nuages », un album d’Ingrid Chabbert, illustré par Virginie Rapiat. Un conte magnifique avec des illustrations tout juste sublimes!
Voici pour les albums!
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Parmi le romans qui vont paraître cet automne (je me suis limitée, sinon…):
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  • La suite de « La guerre des clans »- Banni, Pocket jeunesse, attendu par tous les fidèles! (octobre)
  • « Insaisissable » T1. – « Ne me touche pas », éditions Michel Lafon, à paraître le 4 octobre. Un roman intense et envoûtant, merveilleusement traduit. Pour les grands ados.
  • Et enfin, celui que j’attends avec l’impatience et qui n’arrivera qu’au mois de novembre, un nouveau roman de Fabrice Colin, « 49 jours », également chez Michel Lafon.
Des fois, je me dis que la rentrée littéraire jeunesse est bien plus palpitante que celles des adultes!
Lisez, rêvez et faites-vous plaisir!

 

Et vous…  avez-vous des titres de la rentrée à nous suggérer?