Swap d’amour et d’amitié

Parce que la littérature et les échanges rapprochent, les branches du Grand arbre ont développé des sentiments d’amour et d’amitié les unes envers les autres. C’est donc le thème que nous avons choisi pour le swap de 2022.

Un tirage au sort désigne les duos de swapeuse/swapée. Chacune prépare un paquet plein de petites et de grandes attentions et l’envoie à l’autre bout de la France (voire au delà des frontières). Reste l’attente, de recevoir son colis et de découvrir la réaction de notre swappée. Voici donc ce qui a été échangé cette année !

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Lucie (Les livres d’avril)

… Ce que j’ai envoyé

Linda se montre souvent réactive lors de la sortie des romans. Pas facile d’essayer de la surprendre, et surtout de trouver des ouvrages qui n’étaient pas encore tombés dans ses mains !

Je me suis donc aidée du site Ricochet pour trouver des romans récents sur le thème de l’amour et de l’amitié. En me renseignant sur Mis à nu, un été à Berlin et L’odeur de la pluie, j’ai pensé qu’ils avaient de quoi séduire ma copinaute. Je les ai accompagnés d’un petit album découvert grâce à Solectrice lors du SWAP 2021 et d’un recueil de la collection Philoado des éditions Rue de l’échiquier que je trouve très bien faite.

Une petite carte, une infusion, et de la crème pour les mains parce que j’adore ça, le colis était prêt à partir !

… Ce que j’ai reçu

Quel plaisir de trouver ce gros colis rouge en rentrant un soir ! Et les surprises concoctées par Colette ne faisaient que commencer.

Une multitude de citations de Paul Eluard, toutes plus belles les unes que les autres, des cœurs en origami à disperser autour de moi comme autant de graines d’amour à semer, des bulles à libérer à deux, une infusion pomme d’amour Colors of tea, des tatoos colorés, un marque-page fleuri, un bloc de post-it et un crayon pour « ériger des murs de poésie »… Mais aussi un prospectus « amours sincères » réalisé par les élèves de Colette, et une très jolie lettre accompagnaient trois romans glissés dans un sac en tissu, clin d’œil à notre grand arbre.

C’est avec bonheur que je vais découvrir les 3000 façons de dire je t’aime de Marie-Aude Murail, l’ouvrage collectif 16 nuances de première fois et Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier.

Mille mercis Colette pour cet envoi plein d’amour et de poésie !

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Colette (La collectionneuse de papillons)

Ce que j’ai envoyé

De l’amour, de l’amour, de l’amour ! Quand on me dit Saint-Valentin, je cueille toutes les fleurs bleues de mon jardin secret, je décroche la lune et dessine des cœurs sur mon chemin ! Une des histoires d’amour les plus intenses qu’il m’ait été donné à lire en littérature jeunesse, c’est celle du héros de Claire-Lise Marguier dans Le Faire ou mourir, alors ce fut une évidence de la partager avec Lucie. Et puis je me suis dit que l’amour se décline en sept couleurs au moins, celles de l’arc-en-ciel, celles que m’ont appris à voir mes ancien.ne.s élèves de l’atelier « Amours sincères » et qu’il devait bien y avoir 3000 façons de dire « je t’aime ». Et puis je me suis souvenue d’une discussion autour des Liaisons dangereuses, on a beaucoup débattu avec Lucie sur ce sujet 😉 Il était donc évident que d’amour il serait question mais de sexe aussi et tant mieux quand les deux vont ensemble. Une question que pose très librement le recueil de nouvelles 16 nuances de premières fois. Le tout saupoudré de bulles de savon, de tatouages éphémères, de post-it poétiques-tic-tac et l’amour est dans le sac !

… Ce que j’ai reçu

Un colis comme un coffre aux trésors ! Un colis qui nous a fait pousser des « Ah ! » , des « Oh ! » et des « Wahouu ! C’est trop génial ! »

4 albums et 1 roman, un sac à livre en tissu avec ses fleurs qui volent au vent, une crème pour les mains, un carnet recouvert de papillons d’un de mes illustrateurs préférés, Benjamin Lacombe, de la crème de châtaigne d’Au coin du bonheur, du thé du Palais des thés, un joli marque-page du prince au petit pois, une carte postale illustrée par Nadia Solntseva et un chauffe-tasse USB ! De quoi se sentir cocoonée pour passer de l’hiver au printemps sans en avoir l’air !

Un grand merci Blandine !

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Frédérique (Liraloin)

…Ce que j’ai envoyé

C’est avec beaucoup de bonheur que, petit à petit, j’ai pensé à ce que j’allais envoyer à Isabelle du blog l’Ile aux Trésors. Le recueil Ronces de Cécile Coulon était une évidence, ces mots si forts pour une poésie qui résonne longtemps en soi. J’ai profité de mon rendez-vous annuel préféré : celui du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil pour aller rencontrer Fanny Ducassé dont j’admire énormément les albums et ainsi faire dédicacer Louve.

Pour terminer sur une note d’amitié, l’album Pikkeli Mimou d’Anne Brouillard me paraissait la p’tite note en plus, une amitié si forte que même la neige ne peut stopper.

Enfin pour compléter ces lectures, des gourmandises littéraires : un badge à l’effigie de Christine de Pizan tiré des illustrations de Claire Gaudriot Christine de Pizan, la clairvoyante. L’amour épistolaire n’attend pas d’où le papier à lettre et l’enveloppe inspiré d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen, illustré par Margaux Motin. Le tout accompagnée d’une carte « home made » aux fleurs tarabiscotées.

… Ce que j’ai reçu

Quelle joie d’aller chercher mon colis en ce jour de la St Valentin et quelle surprise en découvrant son contenu !

Une jolie carte inspirée d’une des œuvres de Banksy et à son verso un mot attendrissant, plein d’amitié. Plusieurs niveaux de régalades m’attendent : de savoureuses petites gaufres made in Dunkerque et des cœurs chocolatés à la guimauve. Des gourmandises qui vont accompagner le goûter tout en me remémorant ces belles années vécues à Lille.

Deux albums et deux romans, tous sous le signe de l’amour et de l’amitié. Amour et confettis du duo Emilie Chazerand (une de mes autrices chouchou) et Aurélie Guillerey. Autre duo impeccable formé par Séverine Vidal et Clémence Monnet avec le titre On a fait un vœu. Ensuite un roman au titre parfait de Marie Desplechin Une vague d’amour sur un lac d’amitié et pour terminer une série de 17 histoires courtes : Pas sûr que les cow-boy s’embrassent illustrées par Nathalie Choux et écrites par Henri Meunier dont j’admire également beaucoup le travail.

Un énorme merci à Linda !

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Linda (sir this & lady that)

… Ce que j’ai envoyé

Pas facile de choisir comment gâter Frédérique qui, en tant que bibliothécaire, a accès à plein de titres divers et variés. Je me suis tournée vers des albums car je sais qu’elle est, tout comme moi, très sensible aux illustrations. Amour et confettis d’Emilie Chazerand et Aurélie Guillerey m’a semblé fort à propos avec ses confettis sur toutes les pages et son histoire d’amour qui transcende les différences et rend plus fort. Quant à On a fait un vœu de Séverine Vidal et Clémence Monnet, il s’est imposé comme une évidence. J’ai eu plus de mal avec les romans mais finalement j’ai choisi Pas sûr sur les cow-boys s’embrassent, un recueil d’histoires courtes d’Henri Meunier que j’ai beaucoup aimé et que je n’ai jamais vu sur la toile. Enfin, le petit roman de Marie Desplechin, Une vague d’amour sur un lac d’amitié m’a sauté dans les mains du fait de son titre qui était juste dans le thème. Enfin, pour accompagner tout ça j’ai mis quelques douceurs locales car je savais que Frede avait vécu sur Lille et en garde de bons souvenirs.

… Ce que j’ai reçu

Un joli colis qui m’a surprise par son arrivée (plus tôt que je ne pensais) et son contenu joliment coloré par du papier de soie. En écartant les feuilles, j’ai découvert une jolie carte homemade au doux message d’amitié, une infusion et une crème pour les mains (elle est très douce et dégage une odeur agréable). Il y avait ensuite quatre livres dont deux romans : L’odeur de la pluie de Gwendoline Vervel et Mis à nu, un été à Berlin d’Iva Procházková que j’ai hâte de découvrir. Il y avait aussi un essai de la collection philoado des éditions Rue de l’échiquier, Tomber amoureux, que mes filles m’ont déjà emprunté et que je suis curieuse de découvrir suite à leurs retours. Et enfin un petit album dont le titre est évocateur d’émotions fortes Boum boum et autres petits et grands bruits de la vie, de Mam’zelle Roüge et Catherine Latteux.

Je remercie Lucie de tout mon cœur !

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Isabelle (L’île aux trésors)

… Ce que j’ai envoyé

Comme d’autres sous l’arbre, je me suis creusé la tête car ma swappée lit BEAUCOUP. Comment la surprendre et lui faire plaisir ? Evidemment en me laissant porter par le thème de l’amour et de l’amitié qu’il s’agissait de décliner de manière variée ! Les histoires d’amour que j’ai choisies sont placées à la fois sous le signe de l’adolescence (ou de la lisière avec l’âge adulte) et d’une sensualité exacerbée : Sous un ciel d’or de Laura Wood, transportera au coeur des années folles anglaises. Trois soeurs, le dernier roman de Stéphane Servant illustré par Lisa Zordan, parle d’amour là-encore – celui qui détruit, celui qui bouleverse, celui qui sauve. Et 72 heures, un roman qui me tient particulièrement à coeur car il s’agissait de ma première lecture À l’ombre du grand arbre : l’histoire d’une grossesse non-désirée, mais aussi de la découverte de la sensualité. Trois romans aux formes très différentes, plus classique pour le premier, poétique pour le deuxième, construit en spirales de pensées pour le troisième. Je sais que Blandine partage notre tendre respect pour les animaux, alors j’ai ajouté une histoire d’amitié inattendue entre humain et animal. Et bien sûr ce qu’il faut de douceurs bio et de tisane « de bonne humeur » pour agrémenter la lecture !

… Ce que j’ai reçu

Un concentré de bonnes ondes, de chaleur et de couleurs chatoyantes !

C’est bien simple, tout était minutieusement et merveilleusement bien choisi : l’adorable courrier qui m’est allé droit au coeur, la poésie de la talentueuse Cécile Coulon, que j’ai commencé à découvrir avec Une bête au paradis et Seule en sa demeure, mais dont je n’avais pas encore lu Les Ronces ; le délicieux Pikkeli Mimou, signé Anne Brouillard, qui respire l’amitié, le chaud parfum du feu quand il neige dehors et du gâteau au chocolat qui cuit au four ; et Louve, de la beauté à l’état pur condensée sous forme d’album, par une autrice que je ne connaissais pas du tout mais dont les graphismes m’ont immédiatement subjuguée. Quelle surprise de découvrir une dédicace dans l’album ! Et quelle belle trouvaille que ce pins à l’honneur de l’une des premières femmes de lettre et philosophes, Christine de Pizan ! Mille mercis Frédérique !

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Blandine (Vivrelivre)

Ce que j’ai envoyé…

« D’Amour et d’Amitié », le thème de notre swap m’a de suite enchantée et des évidences se sont très vite dessinées pour Colette avec qui je partage admiration et amour de plusieurs auteurs. J’y suis allée avec le cœur et l’émotion pour trouver LES livres et attentions qui feront battre le sien. Amour Amour bien sûr, Poésie, Bonheur(s), un brin de Folie, Confiance, petits et grands clins d’œil, cocooning, gourmandises et créations ont composé mon colis.

… Ce que j’ai reçu

C’est avec beaucoup d’impatience contenue que j’ai ouvert mon colis, lu avec délectation les petites étiquettes rédigée par Isabelle, et pris le temps de faire des photos avant d’ouvrir, des étoiles plein les yeux, chacun des paquets au joli papier coloré ! Chacun a été une surprise et j’ai aimé toutes les déclinaisons autour de l’Amour qu’Isabelle a su dénicher. Dans des histoires inspirées de vraies, d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, sublimes ou déchirantes. Accompagnées de gourmandises en partie véganes (merci!) et d’une tisane « Bonne Humeur »! J’adore et me régale déjà! Un immense merci du fond du cœur Isabelle <3

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De belles lectures d’Amour et d’Amitié nous attendent à l’Ombre de notre Bel Arbre. Et c’est le cœur ragaillardi et le sourire aux lèvres que nous nous en délectons déjà!

Câlins, bisous, tendresse… et sexe !

On ne l’avait jamais fait ! Une sélection ÉROTISME et SEXUALITÉ en littérature jeunesse !

L’idée de cette sélection nous est venue suite à la lecture commune de lundi sur Le Goût du baiser, mais aussi d’une discussion autour des Liaisons dangereuses au moment de préparer notre sélection sur les récits épistolaires. Nous nous étions posé la question (récurrente) de l’âge auquel proposer la lecture de ce type de roman et avions cherché des romans et documentaires jeunesse abordant la sexualité de manière explicite.

Attention, chaud là-dessous !

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Voilà un album tout en poésie, découvert lors de mon premier salon de livre de Montreuil en… 2003 ! Un album osé dont seules les éditions du Rouergue avaient alors le secret, un album qui inaugurait une collection qui ne semble plus exister mais qui était un pari innovant, une collection dédiée aux albums pour adolescent.e.s : doAdo image . Tout d’abord, il y a ce titre merveilleux, une injonction si lumineuse : Amourons-nous ! Et puis ensuite il y a ce format : un grand format carré. Rare, précieux. Ensuite bien entendu il y a le graphisme si particulier de Sabien Clement, ses amoureux aux corps tracés au stylo, en noir et blanc la plupart du temps. Et puis il y a le texte tout en poésie de Geert De Kockere. Un texte qui dit la relation amoureuse dans toute sa sensualité et surtout dans toute sa générosité. On est bien loin du guide pratico-pratique, de l’encylopédie de la sexualité épanouie. C’est juste une histoire d’amour qui s’écrit au fil des caresses, des baisers, des murmures, de ce temps passé à découvrir chaque grain de peau, chaque cil, chaque creux, chaque pli. Une histoire de partage. De confiance.

« Tu portes une chemise
une chemise de nuit,
et tu l’ôtes elle aussi.
Te voilà nuit,
une nuit sans chemise.

Tout au creux de la nuit,
qu’il fait bon ne pas dormir. »

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Un texte fort sur la force du premier amour entravé par des adultes qui font eux-mêmes les réponses sans comprendre. Un texte aussi qui aborde la sexualité, quand elle se découvre et s’expérimente, avec infiniment de réalisme et de beauté mêlés. 

Rien que ta peau, Cathy Ytak,
Actes sud junior, D’une seule voix

L’avis de Pépita

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16 auteur(e)s, 16 nouvelles sur la première fois d’adolescent(e)s.
16 histoires qui abordent tout sans tabou, certaines glauques, d’autres érotiques, jamais pornographiques, toutes sortes de situations voulues, pas voulues, provoquées : l’attente, le coup de foudre, faire comme les autres, dire non et n’être pas entendue ni respectée, la déception ou l’éblouissement, la perte de contrôle, l’abolissement du temps et des corps.

16 nuances de première fois, Collectif, Eyrolles

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A l’occasion de notre lecture commune du Goût du baiser, nous avons présenté la nouvelle collection « L’Ardeur » de Thierry Magnier dont l’ambition est de proposer des romans jeunesse pour « lire, oser, fantasmer ».

Le goût du baiser de Camille Emmanuelle, Thierry Magnier

Retrouvez les avis de PépitaLiraloin et Lucie.

Ce roman nous ayant vraiment plu, nous avons lu deux autres titres qui ne nous ont malheureusement pas autant convaincues que celui de Camille Emmanuelle, mais dont nous souhaitions vous parler dans cette sélection.

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Pépita et Lucie ont ainsi découvert Touche-moi, de Susie Morgenstern.

Touche-moi de Susie Morgenstern, Thierry Magnier

Mais elles n’ont pas retrouvé l’énergie et la liberté de ton qui les avait emballées dans leur première lecture. Si l’auteure aborde avec naturel les rêves érotiques de son héroïne, elles ont été dérangées par les nombreux clichés tant dans la galerie des personnages que dans les situations, et ne voient pas en quoi ce roman pourrait répondre aux questionnements des ados.

Retrouvez l’avis de Lucie.

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De son côté, Colette a lu Toute à vous de Maïa Brami.

Toute à vous de Maïa Brami, Thierry Magnier

Dans ce roman, la narratrice se livre à un jeu littéraire particulier : elle écrit des lettres érotiques à son voisin d’en face, dont les gestes et le corps la font fantasmer alors qu’elle vient de rompre avec son colocataire. Si les choix narratifs me semblaient tout à fait percutants pour évoquer ce qui relève du fantasme et du rôle de la vie psychique dans la sexualité, j’ai été très vite déçue par les clichés que la narratrice alignait dans ses missives. Pas de coup de cœur au rendez-vous, donc. Mais cela ne nous empêche pas de guetter avec curiosité les prochains titres de cette collection audacieuse.

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Pour compléter cette ST, nous vous avons concocté une liste de nos documentaires préférés sur le sujet, dont plusieurs à destination des ados, certains aussi pour leurs parents ! Tous savent trouver les mots justes pour répondre aux interrogations relatives au genre et la sexualité, accompagner, rassurer, sensibiliser aux risques, aux discriminations genrées et au consentement, mais aussi montrer que la sexualité n’est pas un tabou mais quelque chose de naturel et de positif ! Sur un ton naturel et factuel, à la fois simple et précis, qui instaure immédiatement la confiance, ils informent sans détour et déconstruisent les idées reçues avec bienveillance. Des must-have !

Peut-être le plus complet, ce dictionnaire bienveillant de la sexualité qui porte bien son nom est attrayant, instructif et bien construit autour d’entrées alphabétiques.

Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité, par Myriam Daguzan Bernier, illustrations de Cécile Gariépy (Éditions du Ricochet, 2020)

L’avis d’Isabelle

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Le suivant aborde de façon plus ciblée les questionnements liés au genre et à l’orientation sexuelle en faisant la part belle aux témoignages et à une iconographie très variée… tout en permettant de faire le plein de bonnes ondes grâce à ses petits mots optimistes !

Je suis qui ? Je suis quoi ? de Jean-Michel Billioud, Sophie Nanteuil, Terkel Risbjerg et Zelda Zonk (Casterman, 2019)

L’avis d’Isabelle

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La première fois que j’ai eu ce livre entre les mains, je me suis dit : waouh !!!! Enfin, un livre qui aborde tout sans complexes, en toute simplicité, avec des questionnements, des réponses, sans tabous, pour découvrir et vivre sa sexualité dans le respect de l’autre. Un must !

Ceci n’est pas un livre de sexe, Chusita, Nathan

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On ne présente plus Isabelle Filliozat ! Sortir en août dernier, ce livre-version poche de Sexpérience sorti en 2019- aborde avec clarté et simplicité les questions des ados sur ce sujet souvent sensible.

Amour, sexe, les réponses aux questions des ados,
Isabelle Filliozat et Margot Fried Filliozat,
Pocket

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Et un livre pour aider les parents ? Quand il s’agit de parler de sexualité, ce n’est pas toujours aussi évident que de leur apprendre à nager ou à marcher ! Comment aborder ce sujet souvent tabou avec eux ? Un livre qui aide à dédramatiser le sujet.

La sexualité de vos ados : en parler, ce n’est pas si compliqué ? Samuel Comblez, Solar

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Voici d’autres références incontournables sur le sujet que nous classons à part car pour la plupart, elles ne sont plus disponibles. Cela dit, elles restent sûrement empruntables dans votre bibliothèque préférée !

Un documentaire épatant qui pose 70 questions de filles et de garçons sur l’amour, le baiser, la sexualité, les sentiments, sans aucun tabou, puisque ces questions, on se les pose tous sans oser forcément les formuler. Les réponses sont très claires et décomplexées. Il en émane également beaucoup de respect et de dédramatisation. Les photographies qui mettent en scène les trente jeunes sont bourrées d’humour et apportent une note de fraicheur que nos ados ne bouderont pas ! Un documentaire au poil !

Est-ce que ça arrive à tout le monde ? Syros

L’avis de Pépita

Entre album et documentaire, voici un ouvrage qui aborde une multiplicité de thèmes : de la procréation aux relations amoureuses avec des illustrations riches. Dommage qu’elle ne soit plus éditée car vraiment elle est top ! Parue en 2013, cette encyclopédie « qui parle d’amitié, d’amour et de sexe aux enfants » a obtenu le Prix Sorcières Documentaires en 2014.

C’est ta vie ! Thierry Lenain et Benoît Morel, Oskar

Un documentaire déjanté qui plait dès dix ans pour son approche décalée, ce qui ne l’empêche pas d’être complet.

Zizi, lolos, smack !! Delphine Godard et Nathalie Weil, Nathan

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Et vous, votre référence sur le sujet ?

C’est quoi l’âme sœur ?

Et si on commençait cette sélection thématique par un poème de Paul Eluard, un poème à murmurer à l’oreille de votre propre cœur, pour attiser le feu et accélérer le pouls, pour se souvenir ou se projeter :

L’Amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s’engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s’évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

Aujourd’hui, voici donc une sélection qui va vous faire croire à l’âme sœur… Ou vous convaincre qu’elle n’existe pas !

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Et pour rester dans la poésie, voici un album doux et tendre que j’aime d’amour : à l’image de ce baiser du bout des moustaches de la couverture, sur chaque double-page : une paire d’animaux, parfois improbables, dans une très belle illustration page de droite, qui traduit dans un bel élan le sentiment amoureux dans ce qu’il a de fragile et de profond, et page de gauche, une poésie au titre évocateur et qui dit ce qui se joue dans l’illustration. Un petit livre grand comme l’amour !

Deux qui s’aiment de Jürg Shubiger et Wolf Erlbuch, La Joie de lire

L’avis de Pépita

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La question de l’âme sœur est une question si ancienne qu’elle imprègne les plus antiques récits, les mythes et les légendes qui ont bercé et bercent encore l’entrée en littérature d’un grand nombre de jeunes lecteurs et de jeunes lectrices. Frédéric Clément et Ghislaine Roman se sont lancé.e.s le défi de partager avec nous quelques unes des ces histoires d’amour fou, ces amours qui mènent à la folie et le plus souvent la mort. Dans le magnifique album L’Amour fou, nous retrouvons en Grèce Ulysse et Pénélope, en Arabie Qays Ibn al-Mulawwah et Laylâ, à Vérone Roméo et Juliette, en plein cœur de l’océan indien Paul et Virginie, en France Cyrano et Roxane, et en Asie Orihimé et Kengyû. Et au fil des pages et des magnifiques illustrations de Frédéric Clément, nous ne pouvons qu’admirer ce qui fait la puissance de ce sentiment qui unit les êtres humains, au delà du temps qui passe et des continents.

L’Amour fou, Ghislaine Roman et Frédéric Clément, Saltimbanques éditions, 2020.

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Cet amour fou qui peut unir deux êtres, il peut surgir dès le plus jeune âge. C’est ce que raconte avec beaucoup de poésie et de délicatesse le très bel album au doux format à l’italienne intitulé Tandem publié en 2016 par les éditions La Joie de lire. Séverine Vidal et Irène Bonacina y racontent à travers un dessin au trait délicat et une bichromie bien choisie le lien qui se tisse entre une petite chouette et un long oiseau à casquette. Les mots de Séverine Vidal, avec une simplicité lumineuse, dévoilent toute la complexité de ce que l’on peut ressentir quand on découvre l’âme soeur, qu’on apprend à la comprendre, qu’on l’attend, qu’on l’espère et que l’on craint qu’elle nous oublie alors que pourtant on l’aime en toute confiance.

Tandem, Séverine Vidal et Irène Bonacina, Editions La Joie de lire, 2016.

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S’il y a un roman que j’aime un peu, beaucoup, passionnément pour parler d’amour avec les grands ados que j’ai la chance de côtoyer, c’est l’intense Le Fair ou mourir de Claire-Lise Margier publié aux éditions du Rouergue en 2011. On y suit les premiers pas au lycée de Damien, un jeune homme qui se cherche, et qui se trouve en Samy. C’est une histoire d’amour qui me bouleverse à chaque lecture. On y retrouve tous les ingrédients de l’amour tragique : les familles qui s’opposent, la figure paternelle autoritaire qui s’immisce dans les choix amoureux de son enfant, un amour que le héros n’assume d’abord pas, un amour qui nous change et nous fait devenir autre. C’est grâce à Pépita, que je l’avais découvert (et j’ai relu avec émotion le commentaire laissé sur son blog, il y a déjà… 8 ans !). Pour lire son avis, c’est ici.

Le Faire ou mourir, Claire-Lise Marguier, Editions du Rouergue, 2011.

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En contre-pied de l’âme-soeur, voici MON AME FRERE : un roman de Gaël Aymon qui pose le choix : avenir contre amour. Camille va devoir choisir. A quoi renoncer ? Un très beau roman sur l’amour conjugué à deux mais pour plus tard.

Mon âme frère de Gaël Atmon,
Actes sud junior

L’avis de Pépita

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Est-il encore besoin de présenter Nos étoiles contraires de John Green ?
Ce qui est sûr, c’est que selon nous cette histoire d’amour, contrariée par le cancer, avait toute sa place dans cette sélection. Parce que les sentiments d’Hazel et Augustus sont tellement sincères et émouvants qu’ils nous donnent envie de croire à l’âme sœur même dans les situations dramatiques.

Nos étoiles contraires de John Green, Pocket Jeunesse

Les avis de Bouma et Pépita.

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Quand nous avons préparé cette sélection, Isabelle faisait partie de celles qui restaient sceptiques face à l’idée d’âme-soeur, surtout déclinée au singulier. Elle a donc choisi d’illustrer des expériences que cette idée ne saurait synthétiser, avec trois romans coup de cœur !

Les âmes-sœur peuvent être celles qui se trouvent et s’entraident dans la difficile quête de soi, face aux normes sociales, aux écueils de la déviance et aux poids des attentes parentales… Ari et Dante, 15 ans, sont différents – l’un ordonné, tourmenté et introverti, l’autre plus sûr de lui et optimiste, maniant aussi bien le verbe que l’ironie. Mais ne dit-on pas que les contraires s’attirent ?

Aristote et Dante découvrent les Secrets de l’Univers, de Benjamin Alire Saenz, Pocket Jeunesse, 2015.

Les avis de Linda, Pépita et Isabelle

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L’âme-sœur pourrait aussi être celle qu’on ne parvient pas à oublier des années après que les circonstances nous l’ont ravie. Celle que dont on chérit les souvenirs en forme de bouts de papiers amoureusement rassemblés dans une vieille théière, en dépit du temps écoulé, des kilomètres et des frontières… Un roman captivant et bouleversant !

L’arrêt du coeur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine, d’Agnès Debacker, illustrations d’Anaïs Brunet. Éditions MeMo, 2019.

Les avis de Bouma, Isabelle, de Pépita et notre LC

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L’âme-sœur pourrait, enfin, être tout simplement celle que l’on choisit – et celle qui nous choisit tel.le que nous sommes, sans chercher à nous faire rentrer dans un moule, même quand on est aussi originale et décalée que Miss Charity !

Miss Charity, de Marie-Aude Murail, L’école des loisirs, 2008.

Les avis d’Isabelle et de Linda

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L’âme sœur se décline à l’infini pour Anne Shirley, cette jeune fille à l’esprit rêveur. Que ce soit par le lien filial qu’elle tisse avec Matthew ou par ses quelques amies de cœur, Anne trouve l’âme sœur dans chaque esprit qui communie avec le sien. C’est la résonance de deux cœurs qui donne vie à ce lien si particulier!

Anne de Green Gables, de Lucy Maud Montgomery, Monsieur Toussaint Louverture, 2020

Lecture Commune : Les Amoureux

Aujourd’hui, nous parlons d’une bd/album parue cette année aux éditions La Joie de Lire : Les Amoureux de Victor Hussenot avec sa belle couverture rouge et ses deux petits personnages.

Véritable COUP DE CŒUR pour Bouma, grande lectrice de BD, qui a décidé d’inviter Isabelle à échanger ses impressions sur ce titre.

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Bouma : Connaissais-tu le travail de Victor Hussenot avant que je t’en parle ? Si non, quel aspect t’a donné envie de le découvrir ?

Isabelle : Non, je ne le connaissais pas du tout. Nous aimons beaucoup les BD à la maison, mais ce n’est pas un support que je lis depuis toujours et il me reste énormément d’auteurs et d’albums à découvrir ! Quand tu m’as parlé de Victor Hussenot, j’ai regardé rapidement ce qu’il avait fait et j’ai été très intriguée par son graphisme très singulier.

Et il faut dire que la belle couverture rouge a attisé ma gourmandise ! Sa texture donne envie de la saisir, le ciel étoilé que l’on devine en arrière-plan invite à la rêverie et la danse des deux amoureux dégage une gaieté et une énergie communicatives

Et toi ? Qu’avais-tu lu de lui et qu’est-ce qui t’a donné envie de lire Les amoureux ?

Bouma : Moi, je suis tombée sous le charme de sa première BD jeunesse : Au pays des lignes qui a créé les petits personnages rouge et bleu des Amoureux ; et puis après j’ai lu Les étoiles du temps qui entraine le lecteur dans un questionnement presque métaphysique.
En fait, j’aime le fait que son travail graphique ne ressemble en rien à ce que j’ai l’habitude de voir et de lire. Alors quand j’ai vu que ce titre avait cette même particularité… j’ai sauté sur l’occasion.

 


Si tu devais résumer l’histoire ? Difficile travail pour un album qui n’a pas de texte, mais que dirais tu ?

Isabelle : Il s’agit, comme on l’aura compris, de deux amoureux esquissés, comme nous y reviendrons je pense, chacun d’une couleur – rouge pour elle, bleu pour lui. Nous les découvrons endormis et tendrement enlacés, mais une goutte de pluie tombe, suivie d’une autre… C’est le début d’une série de péripéties qui s’enchaînent sans discontinuer, faites de petits moments partagés, d’embûches, de retrouvailles. Ta question n’est pas facile, car il y a plusieurs niveaux de lecture : on peut voir ces aventures comme une métaphore de ce qui fait le sel et le charme de toute relation amoureuse ! Et toi, que dirais-tu de cette histoire ? Comment as-tu perçu cette narration sans texte ? 

Bouma : Moi je suis une grande fan du « sans texte » de manière générale pour plusieurs raisons. D’abord ce style permet de s’immerger complètement dans une narration uniquement graphique (qui peut parfois être déroutante) ; ensuite il permet à chacun de comprendre l’histoire différemment, ce qui, enfin, permet à tous les lecteurs quelque soit leur âge, leur culture, leur langue… de partager un moment de lecture.

Après, je trouve que Victor Hussenot exploite à merveille ce type narratif. Effectivement, il y a une belle métaphore de la relation amoureuse (avec ses hauts et ses bas). Les deux petits personnages ne racontent pas totalement la même histoire si l’on regarde bien. Chacun avec sa couleur en écrit une vision, un morceau… Et les deux ensemble forment parfois un tout, parfois se cherchent ou se répondent…

Pour moi la grande originalité de cette BD vient de là. Es-tu d’accord ?

Isabelle : Ce que tu dis sur le « sans texte » me parle beaucoup. Je n’ai jamais pensé à ce format comme à un support d’échanges interculturels, mais c’est une idée très belle ! Ici, les illustrations se suffisent effectivement à elles-mêmes : les deux amoureux sont si expressifs que l’on comprend tout. Et l’auteur déborde d’ingéniosité pour nous transmettre leurs idées, leur état d’esprit, leurs rêves et leurs terreurs, notamment en utilisant des bulles de pensée. J’ai peut-être une petite réserve en revanche sur la trame narrative. Comme je le disais, nous assistons à une série de péripéties, mais il m’a peut-être manqué une grande intrigue qui aurait été l’arc narratif principal permettant de lier l’ensemble, de la première à la dernière page. Cela dit, comme toi, j’ai été bluffée par la finesse que Victor Hussenot parvient à insuffler à partir d’un principe de base qui peut paraître simple – des lignes rouges, des lignes bleues qui se rapprochent, s’entremêlent, s’entrechoquent, évoluent de façon parallèle, divergent pour mieux se retrouver.

Il y a encore beaucoup à dire sur la forme de cette BD : qu’est-ce qui t’a frappée de ton côté ?

Bouma : Pour moi c’est l’exploitation de la page ! On ne retrouve pas les cases traditionnelles de la BD mais une diversité de propositions narratives impressionnantes. Parfois le dessin s’étale sur toute la page ; il peut aussi être découpé en 2, 3, 8 petits dessins pour montrer soit une immobilité, soit au contraire une intense activité… La découpe est à l’horizontale ou à la verticale en fonction des besoins des petits personnages… La seule contrainte semble être la lisibilité de l’histoire.

En fait ce que je trouve hallucinant c’est qu’on a cette impression de fluidité dans le trait de stylo. En lisant cet album, on se dit que l’on peut nous aussi faire une histoire comme celle-ci, vite fait, sur le coin d’une table ou d’un cahier. Alors qu’il n’en est rien. Cette impression de facilité cache un très gros travail à mon sens.

Isabelle : Oui, je suis tout à fait d’accord avec toi. Je me suis dit que j’avais envie d’offrir cette BD à plusieurs personnes de mon entourage qui aiment s’évader dans des dessins gribouillés au stylo bille, me disant qu’elles sous-estiment probablement les potentialités de ce type de dessin ! Mais comme tu le dis, il doit y avoir un énorme travail pour parvenir à incarner ainsi l’histoire en s’affranchissant à ce point des codes de la bande-dessinée. Je serais super curieuse de savoir comment Victor Hussenot a travaillé concrètement.

Une autre originalité formelle concerne le décor. Généralement réduit à sa plus simple expression – une page blanche, une forme grise évoquant un nuage, l’esquisse d’un rocher ou d’une marée montante… – il est, au fil des pages, de plus en plus façonné par l’imagination des deux amoureux, donnant l’impression d’un univers intérieur plus foisonnant (ou peut-être plus intéressant) que le décor extérieur.

As-tu également perçu l’imaginaire et la force des idées comme un thème essentiel de cette BD ?

Bouma : Oui, et tu le formules très bien. Finalement l’espace dans lequel les personnages évoluent semble être façonnés par eux (surtout quand ils finissent par avoir un crayon entre les mains). De manière générale, je trouve que cette BD est une ode à l’imagination.

Isabelle : J’ai trouvé cela très fort. La BD arrive, sans aucun texte, à parler de la complicité qui naît de l’invention de rêves communs, de la construction d’idées communes qui sont ensuite concrétisées, même si elles peuvent donner lieu à des fâcheries. Tu disais toute à l’heure que l’histoire racontée par chacun n’est pas exactement la même : il y a par exemple cette scène de fête où il a l’impression de danser seul alors qu’elle raconte une histoire où ils sont ensemble. Chacun a sa subjectivité, mais les rêves qu’ils dessinent chacun avec leur crayon s’entremêlent et s’unissent sous nos yeux. C’est beau !

J’aimerais bien avoir ton avis sur le public à qui cette BD se destine. Le thème de l’amour n’est pas forcément quelque chose qui parle beaucoup aux enfants, non ? Mais après tout, une BD sans texte se prête peut-être justement mieux qu’un long discours pour leur raconter toutes ces choses de la vie ?

À qui aurais-tu envie de faire partager cette lecture ?

Bouma : Moi, je la conseillerais à tous les âges. Les petits personnages ne donnent pas l’impression d’avoir un âge particulier, ce qui permet une identification globale quelque soit l’âge. Et comme on le disait tout à l’heure, les plus jeunes y verront une aventure extraordinaire tout droit sortie de l’imagination des personnages quand les plus âgés y découvriront une métaphore de la relation amoureuse. En tout cas, chez moi, tout le monde l’a lu.

En fait, je me disais que tout est dans le titre. Car si on le change on peut faire une toute autre lecture de cette BD, non ?

Isabelle : Mais oui ! Tu as raison. Le thème de la force des pensées et des rêves, nés de son imaginaire ou insufflés par un proche comme ici, qui peuvent nous permettre de soulever des montagnes et de faire face aux pires des tornades, me semble aussi présent que celui de l’amour, mais il y a un effet de cadrage très fort par le titre. Les critiques que j’ai lues insistaient toutes sur la métaphore de la vie amoureuse, mais il n’y a pas que ça. Et comme tu le dis, ces silhouettes à peine esquissées facilitent l’identification : elles pourraient appartenir à tout le monde.

Est-ce que tu as un passage que tu as particulièrement aimé ?

Bouma : Mon passage préféré… bien difficile à dire. Disons que le passage autour de la musique m’a beaucoup parlé, et la dispute à coup de géant armé m’a bien fait sourire. Et toi ?

Isabelle : J’ai adoré les passages où chacun des Amoureux donne libre cours à son imagination, pour le plus grand bonheur de l’autre. Il y a une double page où cet imaginaire est à la fois foisonnant et révélateur de leur personnalité respective. Il se sent bien dans son univers à elle, pourtant fait de falaises escarpées et arides à mille lieues de son propre imaginaire luxuriant, évoquant plutôt une sorte de forêt vierge pleine de vie… qu’elle semble prendre plaisir à explorer. Il y a aussi une scène rigolote qui ressemble presque à un jeu vidéo dans lequel le chemin vers l’être aimé est semé d’embûches. Je parie que ce clin d’œil à un autre univers amusera les enfants !

Bouma : Dernière question : est-ce que cette lecture t’aura donné envie de découvrir le reste de l’œuvre de Victor Hussenot ?

Isabelle : Oui, absolument ! Et avant tout, les précédents volets des aventures de nos deux Amoureux. Au pays des lignes m’intrigue énormément, j’ai très envie de continuer à explorer l’univers graphique de cet auteur avec cet album-là et je pense qu’il intéressera toute la famille. Merci beaucoup à toi pour cette découverte !

 

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Pour en savoir plus, voici les liens vers l’article de Bouma et d’Isabelle sur leurs blogs respectifs. On espère avoir attisé votre curiosité et vous avoir donné envie de découvrir cette BD !

Nos coups de coeur d’Avril

Le mois d’avril est terminé et les blogueuses d’A l’ombre du grand arbre vous ont montré leurs tables de chevet et leurs PAL (Pile à Lire) et PAC (Pile à Chroniquer). Découvrez cette semaine leur coup de cœur mensuel.

Aurélie a profité d’un réveil très matinal pour lire dans son jardin et se plonger dans le roman « La vie dure trois minutes » d’Agnès Laroche chez Rageot. Une histoire sur la reconstruction suite un drame et sur la danse, le tango précisément.  Automne, une lycéenne, a eu un choc un jour de juin. Depuis ce jour, elle reste cloîtrée chez elle et a éteint son téléphone. Elle décide d’écrire ce qui s’est passé pour surmonter cette épreuve. Nous sommes plongés dans ses pensées entre le présent et le passé. Un texte court et intense.

Son avis

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Bouma a dévoré le dernier Prix BD Jeunesse du Festival d’Angoulême à savoir Le Prince et la Couturière de Jen Wang. Ce gros comics propose une histoire originale où les protagonistes cherchent à se définir dans une société qui le fait pour eux, le tout sur fond de podium de la mode. Une très belle proposition qui ne plaira pas qu’aux filles malgré le sujet et la couverture qui pourraient le suggérer.

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HashtagCéline a eu la chance de faire une virée dans les années 60 sur les routes américaines en compagnie d’un trio attachant et très touchant. Avec Toffee Darling de la talentueuse Joanne Richoux paru chez Sarbacane, HashtagCéline est rentrée de ce road trip la tête pleine de souvenirs, « les yeux liquides », le vague à l’âme et la sensation que le voyage avait été trop court…

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Isabelle et ses deux flibustiers, sur leur île aux trésors, ne résistent jamais à l’appel d’une robinsonnade ! Ce mois-ci, ils s’en sont donnés à cœur joie avec Robot sauvage, de Peter Brown (paru en 2017 chez Gallimard Jeunesse). Roz, robot naufragé, doit s’adapter à la vie sauvage. Un roman original qui donne à réfléchir, fait beaucoup sourire et vibrer pour des « personnages » vraiment attachants ! Vivement le tome 2 !

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Pépita et son Méli-mélo de livres ont regorgé de pépites en ce mois d’avril mais si je ne devais n’en retenir qu’un, c’est celui-ci car sa forme et son fonds peuvent toucher tout un chacun. C’est l’immense force de la littérature jeunesse ! Un bijou de narration que cette balade de Koïshi d’Agnès Domergue et Cécile Hudrisier chez Grasset jeunesse, petit grain de riz qui suit le fil de sa vie. Un magnifique écrin pour ces aquarelles si légères et si poétiques.

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Sophie de La littérature jeunesse de Judith et Sophie voit la vie en 133 couleurs avec ce nuancier encyclopédique ! Une page + une couleur + une anecdote sur son origine, son utilisation, sur un objet qui la symbolise… Voilà le pari réussi de Cruschiform pour Colorama, cet imagier multicolore chez Gallimard jeunesse.

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Chloé (Littérature enfantine) s’est plongée avec bonheur dans les mystères du développement du langage du jeune enfant avec La la langue, un album qui explique aux enfants comme aux adultes comment le petit humain devient doué de parole. Une lecture à la fois ludique et instructive.

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Alice d’A lire aux pays des merveilles est tombée sous le charme d’un roman ado dont l’histoire est aussi dure et poétique que l’annonce son titre.

Toute la beauté du monde n’a pas disparu de Danielle Younge-Ullman ou l’histoire d’une reconstruction personnelle au milieu d’une nature hostile pour enfin accepter l’inacceptable. Une juste dose de réalité et de légèreté pour ne plus décrocher de cette lecture dont on ne ressort pas indemne. De route beauté !

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Bonnes lectures à vous et rendez vous le mois prochain !