» L’album pour enfants parle aussi aux adultes, d’où l’importance des différents niveaux de lecture. De toute façon, un enfant comprend toujours beaucoup plus que ce qu’on croit. »
Mario Ramos s’en est allé. Les loups sont orphelins. Nous aussi.
Les passionnés d’à l’ombre du grand arbre lui rendent hommage.
Céline-Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse :
MAMAN ! texte et dessins de Mario Ramos
édition PASTEL l’école des loisirs, 1999
Maman !
Combien de fois n’ai-je entendu ce cri poussé par mes filles lorsqu’une petite bête qui ne mange pas les grosses avait l’audace de s’aventurer dans la même pièce qu’elles !
Il en est encore de même aujourd’hui ! Et là, comme hier, armée de mon balai, je pars à la chasse de l’indésirable…
Aussi, lorsque j’ai appris la triste disparition de l’auteur et dessinateur belge, Mario Ramos, j’ai directement repensé avec nostalgie à son titre « Maman ! », un vrai succès de famille que nous avons lu et relu…
Dans cet album, on suit de pièce en pièce un petit garçon qui crie désespérément après sa maman à travers toute la maison… Ces pièces sont habitées par un multitude d’animaux insolites auxquels il ne semble pas vraiment prêter attention : 2 lions, 3 girafes, etc.Ce n’est qu’à la fin qu’on découvre la raison de ses appels désespérés…
Sur son site, l’auteur confie :
« Je trouvais amusant de raconter l’histoire d’un enfant obsédé par un petit détail alors qu’autour de lui, tout délire. Un peu à l’image de notre société. »
Une manière agréable d’apprendre à compter jusque 10 et, du même coup, de parler avec son enfant de tout ce qui fait peur ! Cette histoire propose en outre une pièce par page, un décor où l’enfant peut compter les animaux bien sûr mais également observer une multitude de petits détails, comme les chiffres qui y sont dissimulés ( « le 4 se trouve sur le parfum Chanel 4, un parfum qui n’existe pas; c’est nettement moins cher que Chanel 5 mais ça sent mauvais, alors ils ne l’ont pas commercialisé » précise encore l’auteur ).
Pour en savoir plus et pour que l’auteur continue à vivre à travers ses oeuvres, n’hésitez pas à consulter son site http://www.marioramos.be/index.php?c=v&lg=f. Il y livre tous ses petits secrets de création et bien d’autres surprises…
LE MONDE A L’ENVERS, Le 1er album de Mario Ramos Pastel, 1995
Dessiner l’aidait à vivre… En 1995, il publie son premier album « Le monde à l’envers », d’une étonnante modernité sur le thème de la différence : Rémi, le souriceau, ne voit pas le monde comme tout le monde. Il le voit à l’envers. Quand on prend la peine de retourner le livre, on voit le monde tel qu’il le voit lui. Et ça change tout. Un album qui rappelle combien tout est question de point de vue. Rémi va finalement prendre son envol, et tout se remettra à l’endroit.
En exergue : « La vie est une chose trop importante pour être prise au sérieux » (Chesterton). Comme un message positif en ce jour de la disparition de ce grand auteur de la littérature jeunesse. Le monde est pourtant un peu à l’envers aujourd’hui quand on part si jeune…
Nathan – Le cahier de lecture de Nathan :
Bon.
Ma première réaction a été : Qui c’est lui ? Il est décédé OK, moi je veux bien écrire rien que pour vous, à l’ombre du grand arbre, mais qui est-il ?!
Et puis oui. J’ai su et j’ai donc ressorti de ma bibliothèque d’enfant (et j’en suis resté un …) deux albums.
Je vais avoir un avis très personnel, très court et pas autant pro que mes amis plus habitués à parler d’albums. Moi ce qui me charme, particulièrement dans Maman! c’est l’émotion qui passe. Parce que j’ai des souvenirs qui remontent. Les dessins très agréables et colorées, s’amuser, même à 15 ans, à compter les animaux et chercher le chiffre caché dans l’illustration ou un tout autre détail qu’il ne faudrait pas manquer. Se dire que c’est absurde tous ces animaux et qu’il y a de quoi avoir peur. Mais le petit cherche sa maman. Et pourquoi ? Se douter à 15 ans d’une chute, mais être ému de relire cet album très rigolo, éducatif aussi, et très bien dessiné ! Nostalgie quoi !
Quant à C’est moi le plus fort , je ne sais que trop dire … les souvenirs remontent moins. Juste la couverture m’évoque beaucoup. Et l’histoire m’a bien amusé. Je me suis bien plus douté de la chute mais bon … vos petits marmots n’y verront que du feu ! Ah ce loup arrogant on lui taperait bien dessus non pour lui dire arrête de terroriser ces petites créatures innocentes ? Mais à la place l’enfant contemple, impuissant, l’égo de cet animal grandir et la représentation qui en est faite aussi… Mais bon Mario Ramos semble aimer les chutes et nous en offre une avec une gentille petite chose …
J’ai ressorti avec plaisir ces deux lectures d’enfance.
Et je sais qu’aujourd’hui, nous perdons un grand auteur pour la jeunesse.
Paix à son âme, et que rient encore bien des enfants devant cette ingéniosité qui m’a ravi autant que mon amusement et les dessins !
Après le travail, Mario Ramos, Editions Pastel, 2009
Ce qu’il se passe pendant le travail, ça on ne le sait pas. Mais on imagine ce qu’il en est pour une hôtesse de l’air, un archéologue, un marchand de glaces, un instituteur, un vétérinaire, un informaticien, j’en passe et des meilleurs. Ce qui se passe après le travail, pour les mêmes, et pour les autres, qu’ils soient, pompier, livreur de pizza ou même journaliste au magazine Coincoin comme Arnaud le taureau, ça on le sait moins. Arnaud le taureau justement, parlons-en. Que fait-il après le travail ?
« Il se fait beau : il a rendez-vous avec Pistache ».
Et Pistache quelques pages plus loin ?
« Pistache , la vache, se fait belle : elle a rendez-vous avec Arnaud.
Pistache est conductrice de train ».
A chaque page un animal illustré, à chaque animal une activité (ou pas), et un métier. Ou pas :
« Après le travail, Sacha, le chat, partage son repas avec les petits oiseaux.
Sacha est demandeur d’emploi, depuis que son patron s’est débarrassé de lui pour raison économique ».
Ramos c’est aussi un regard sur la société, sur les hommes à travers les portraits d’animaux qu’il brosse pas toujours dans le sens du poil dans le dessin, et qui transparaît plus ou moins dans ses textes.
« Pascal, le cheval, travaille plus, pour gagner plus ».
Ramos, c’est un regard poétique et une technique d’illustration bien à lui.
Ramos c’est ça aussi. L’envie de parler de lui toujours au présent, car grâce à ses livres, pas seulement celui-ci, Ramos, ce n’est pas tout à fait fini.
Lucie Bouma – Un petit bout de Bib :
Quand je pense à Mario Ramos, la première chose qui me vient à l’esprit c’est un LOUP. Parce que tous mes albums préférés signés de sa main parlent de cet animal. Que ce soit C’est moi le plus fort ou Mon Oeil, le loup nous entraîne dans ses jeux (de mots ou d’action). Mario Ramos, c’est aussi de l’humour, de la dérision, un trait reconnaissable entre mille. Ce sont des contes détournés, où tous les personnages les plus connus font leur apparition (Le Code de la route). Ce sont de belles lectures à voix haute, des sourires et des rires pour encore longtemps car ses livres incontournables feront désormais partie des classiques de la littérature jeunesse.
Un petit croquis signé de ma main pour rendre hommage au monsieur.
Hérisson – Délivrer des livres :
Mario Ramos m’évoque instantanément comme à Bouma un loup. Et puis plus encore il m’évoque un homme disponible au Salon du Livre de Montreuil, qui fait des dessins avec une rapidité stupéfiante en dédicace et qui émerveille les petits. Il m’évoque beaucoup de lecture, à ma soeur puis à d’autres enfants. Un homme, un loup, des livres. Un regret de le voir partir si tôt.
Et un lien vers Mon ballon, un article écrire par Pierre D. que j’avais beaucoup aimé : http://sansconnivence.blogspot.fr/2012/ … ramos.html
Ainsi qu’un article de George dont les petits aiment beaucoup C’est moi le plus fort : http://leslivresdegeorgesandetmoi.wordp … rio-ramos/
Dorota – les Livres de Dorot :
J’aime énormément les albums de Mario Ramos. Le loup, omniprésent et drôle s’invite tout de suite dans mon esprit quand je pense à cet auteur (en même temps c’est le cas de tout le monde…)
Je me suis beaucoup amusée avec Le code de la route en cherchant les détails dans les pages et en regardant les têtes « revisitées » de tous ces petits personnages bien connus de tous.
Au lit petit monstre m’a fait sourire en repensant à mes petits monstres à moi, il y a quelques années.
Et enfin Le plus malin !!! Je ris encore en me souvenant de la tête du loup !
Un grand auteur s’en est allé, ses albums vivront longtemps encore, dans les yeux émerveillés des enfants et dans le sourire amusé de leurs parents.
Le loup de Mario Ramos disait qu’il était le plus fort. Son auteur l’était aussi…
LOUP, LOUP Y ES-TU ? Mario Ramos, Editions Pastel, 2006
Mario Ramos nous propose une aventure avec un loup et les petits cochons qui rivalisent de plus belle. Ici l’illustrateur est parti de la célèbre comptine qui commence par « Promenons-nous dans les bois », chantée par deux cochons bien joyeux. Ces derniers convoquent le loup et entament un dialogue afin de savoir ce qu’il fait ! Evidemment, avant de sortir du bois, il lui faut se lever, se doucher, s’habiller, se brosser les dents avant de pouvoir s’élancer sur ces deux victimes et… découvrir qu’ici encore les trois petits cochons s’amusent à se faire peur avec leur ennemi de toujours !
Mario Ramos aimait détourner les personnages de contes et s’amuser avec le loup et les cochons qui, selon les albums, ont des postures et rôles diverses. Je me souviens d’avoir utilisé cet album comme point de départ d’une thématique sur le loup avec des moyennes sections de maternelle, et d’une mise en réseau avec les autres albums de Ramos ayant comme personnage principal un loup.
Ce loup qui attire autant qu’il fait peur ! Ces albums adorés des petits et des grands trôneront toujours dans ma bibliothèque…
Mario Ramos disait à propos de son métier d’auteur-illustrateur jeunesse : » Il faut être très humble par rapport à la création. On attrape des idées qui sont là, autour de nous. Elles ne font que nous traverser pour atterrir sur la feuille blanche.
Notre travail, c’est de rendre cela visible. C’est une façon de communiquer.
Avec un crayon et du papier, tout est possible. C’est magique ! »
Merci Monsieur pour votre magie ! Au revoir l’Artiste !