Et si nous allions au théâtre ?

Deux romans sur la même thématique parus à la même période (août 2013) :

3000 façons de dire je t’aime de Marie-Aude Murail- Ecole des loisirs

Double jeu de Jean-Philippe Blondel-Actes sud junior

On est trois à les avoir lus…

La révélation de jeunes gens par le théâtre, mais pas que…

Lectures croisées…

3000 façons de dire je t'aime

Double jeu

Les trois coups ont frappé…

Vous avez entendu ?

RIDEAU !

Pépita : « 3000 façons de dire Je t’aime » et « Double jeu » : deux romans parus à la même période…Pourtant, rien n’indique dans ces titres le thème principal qu’ils abordent tous les deux : le théâtre. Est-ce seulement cette thématique qui vous a attiré ou y a-t-il eu autre chose pour vous ?

Nathan : Le beau titre de l’un et son auteur culte pour le  Murail, la couverture superbe de l’autre et ses bonnes chroniques …
Mais oui sinon c’est le théâtre qui m’a attiré. Le théâtre qui depuis deux ans rythme ma vie de lycéen et me passionne énormément. Comme Quentin j’ai été en 1èreL spécialité théâtre … et comme ces trois jeunes dans le roman de Murail, le théâtre porte mon épanouissement.

Bouma : Comment dire… (je ne voudrais pas blesser Nathan) mais ce n’est pas du tout le théâtre qui m’a attiré dans la lecture de ces deux romans. Je dirais même que je les ai lus MALGRÉ le fait qu’ils abordent ce sujet. Pourquoi ? Parce qu’ils ont été écrit par deux auteurs que j’affectionne pour leur plume et leur talent : je ne rate pas un Blondel et j’essaie de lire un maximum de Murail.

Pépita : Non pas que je cherche à faire le compromis, mais pour ma part, c’est à la fois le théâtre et les deux auteurs qui m’ont attirée dans ces deux romans et je ne suis pas du tout déçue !

Rentrons dans le vif du sujet : Deux très beaux titres de romans : pouvez-vous, à partir de ces deux titres, donner un aperçu de chacun ?

Nathan : On a deux cas très différents dans ces romans …
D’une part, trois adolescents qui entrent dans les études supérieures et aimeraient bien renouer avec leur amour du théâtre, et celui-ci pourrait bien leur fournir … 3000 façons de dire je t’aime.
D’autre part, un jeune adolescent qui entre en Terminale mais dans un nouveau lycée, où à cause de sa turbulence, il doit repartir de zéro, va découvrir le théâtre et va découvrir qu’il n’y a pas qu’au théâtre qu’on peut être acteur; aussi le lecteur suit-il ce personnage et son … double jeu.

Et puis moi j’aimerais ajouter les mots de Marie-Aude Murail sur la très jolie dédicace qui était déjà sur le livre quand je l’ai reçu …

Bouma : Très belle description Nathan.
Pour Double jeu de Blondel, je suis plutôt partie sur un jeu de mots entre le « Jeu » scénique propre au théâtre (que va découvrir Quentin, le héros) et le double « Je » qu’il va éprouver, partagé entre ses origines modestes et le milieu huppé dans lequel il évolue désormais.
Pour 3000 façons de dire je t’aime, j’avoue ne pas avoir très bien compris la symbolique au premier coup d’œil. Le titre m’a paru très mystérieux car un peu trop girly pour le style de Murail. Et puis au fil de ma lecture, j’ai compris qu’elle souhaitait montrer qu’il n’y avait pas une seule façon d’aimer (une personne ou une passion) tout comme il n’y en a pas une seule pour le déclarer.
Et toi Pépita, comment tu les as vus ?

Pépita : Pour 3000 façons de dire je t’aime, je l’ai vu comme plusieurs entrées pour un comédien : lorsqu’il endosse un personnage, il va le faire avec son vécu, sa personnalité et ce qu’il projette comme émotions sur ce personnage. D’où pour un personnage donné, 3000 façons, voire plus, de lui donner corps. On le voit très bien dans ce roman : les trois adolescents n’en sont pas du tout au même stade : il y a Bastien, très dilettante, Chloé très scolaire et Neville, très idéaliste. Ce qui est intéressant, c’est de voir leur évolution et qu’ils finissent tous les trois par converger vers un amour du théâtre dans sa globalité. Finalement, une conception assez éloignée de ce qu’ils pensaient être le théâtre à leurs débuts. Et en cela, je rejoins la belle citation qu’évoque Nathan !
Pour Double jeu, l’approche est différente : Quentin n’a pas choisi de monter sur les planches. C’est l’énergie de sa professeure qui va le pousser à y aller. Il découvre le jeu sur scène, apprend qu’il peut devenir un autre « je » et cela l’aide finalement à surmonter cette année de transition, où, déraciné de son milieu social, il devient par la force des choses quelqu’un d’autre. Le théâtre l’aide alors à l’accepter. Certes, dans une certaine souffrance mais aussi une soupape. D’où ce double jeu. Je rejoins en cela ton analyse Bouma.

Continuons : Dans ces deux romans, il y a à chaque fois un adulte « guide » : M. Jeanson pour le Murail et Mme Fernandez pour le Blondel. De mon point de vue, ils partagent une énergie incroyable tous les deux et un amour inconditionnel du théâtre. Mais qu’avez-vous pensé de leur investissement à chacun auprès de ces jeunes ?

Nathan : Il faut bien se lancer à un moment ou un autre, la question est pointue ! Mais très intéressante … parce que je n’avais pas fait le rapprochement. Et il se révèle troublant.
C’est vrai que les deux ont une énergie débordante, une certaine distance et sévérité qui imposent l’ordre, l’admiration mais aussi la qualité de l’enseignement.
Pourtant, ils investissent différemment cette énergie.
Il m’a semblé que Mr. Jeanson avait un côté un peu plus paternel. Il s’attache à ces trois adolescents comme à ses propres enfants et voit en eux le potentiel (ou pas …) et est prêt à tout, même enfreindre les règles, pour les emmener vers le succès … et se lier d’amitié avec eux.
Alors que Mme Fernandez, elle, ne franchit pas les frontières des règles et essaye de garder un côté plus strict, et professoral.
Mais finalement, les deux s’investissent corps et âme pour ces adolescents … et tous deux posent là le point final d’une étape de leur vie avant de tourner une page. Mais chut, je n’en dis pas plus !

Bouma : Ces deux professeurs m’ont simplement rappelé que lorsqu’on est passionné par un domaine (quel qu’il soit), on a aussi envie de le partager, d’en discuter… Comme nous le faisons, nous, à l’ombre du grand arbre.

Pépita : Au risque de jeter un pavé dans la mare, je suis très critique vis-à-vis de M. Jeanson : pas son côté paternaliste, non, mais j’ai trouvé qu’il « utilise » en quelque sorte deux des jeunes pour porter sur la scène son « préféré » (ou du moins celui dans lequel il voit le meilleur potentiel) et se sachant malade, arriver enfin à son but : faire entrer un de ses protégés au Conservatoire. Ça m’a un peu gênée cet aspect-là… Quant à l’autre professeure, c’est tout le contraire : elle laisse une liberté à Quentin qui lui permet de trouver par lui-même son propre chemin. Il peut exercer son libre-arbitre alors que les trois autres sont davantage dans une rivalité, même si je suis parfaitement consciente que dans un groupe, elle existe forcément et peut être motrice (ou le contraire…).

Qu’auriez-vous à dire de la construction des deux romans : celui de Murail me semble plus conventionnel alors que celui de Blondel est beaucoup plus élaboré. Est-aussi votre ressenti ?

Bouma : Effectivement, la construction du livre de Blondel est plus subtile. Les sentiments de Quentin se lisent entre les lignes, tout comme les choix qui s’offrent à lui. Le fait d’avoir construit le livre en actes et en scènes montre clairement que Blondel a cherché à exploiter les codes du théâtre dans le genre plus linéaire qu’est le roman. Son texte est court, comme d’habitude, et met en scène, c’est le cas de le dire, des moments cruciaux dans la vie de son héros. Je pense d’ailleurs que ce roman pourrait être adapté au théâtre sans trop de difficulté.
Pour Murail, on est dans quelque chose de plus conventionnel. Les chapitres ont des citations théâtrales pour en-têtes, on suit chacun des personnages dans son intimité et dans sa vie sociale. Le véritable intérêt vient dans la confrontation des univers de chacun. Son style est fluide, compréhensible et peut-être plus facilement accessible pour un lectorat plus jeune.
On voit bien avec ces deux auteurs qu’avec une thématique commune le résultat est très différent.

Pépita : J’ajouterais que dans le roman de Blondel, le fait que Quentin écrive un journal de cette année scolaire charnière, qu’il a laissé tombé puis repris, donne une autre profondeur au roman. Comme si lui-même jouait son propre rôle et se mettait en scène intimement. Face à face avec lui-même.

Nathan : Et je pense aussi que cela place le roman de Murail du côté d’un public plus jeune alors que Double jeu, plus intense, plus ancré dans la réalité, vise un public vraiment adolescent.
Et je suis totalement d’accord avec Pépita … alors que 3000 façons de dire je t’aime, écrit à la troisième personne du singulier … comme du pluriel, correspond plutôt à la personnalité d’écrivain de Chloé et aux trois voix de ces adolescents, aux voix de trois acteurs.

Pépita : Justement, parlons de l’écriture, transition parfaite : Murail cite plein de références théâtrales alors que Blondel ne part que d’un texte. Vous qui êtes des lecteurs actifs, vous les avez lus ces textes ou est-ce que ce roman vous a donné envie de vous y plonger ? Ce qui me pousse à poser une autre question : est-ce que vous pensez que la thématique du théâtre pourrait être transposable à d’autres passions artistiques ?

Nathan: Oui, mais je ne me suis pour autant pas plus plongé sur la question … d’autant plus que j’ai lu 3000 façons de dire je t’aime l’été dernier et qu’entre temps j’ai approfondi ma formation d’acteur-lycéen et étudié Lorenzaccio … peut-être relirai-je le roman, pour avoir un œil neuf dessus ?

Bouma : Je ne suis pas une grande amatrice de théâtre (comme je le soulignais plus haut). Je n’ai donc pas lu ou vu la plupart des pièces évoquées dans ces romans. Je les connaissais de nom, toutefois, suffisamment pour que les références me parlent. Je serais donc tentée d’aller en voir quelques unes mais de là à les lire… Faut pas pousser mémé dans les orties !

Concernant ton autre question, je pense bien évidemment que la thématique peut être transposée à d’autres passions. Et l’on trouve déjà beaucoup de romans qui en parlent. La danse est abordée dans Les Ailes de la Sylphide de Pascale Maret et la musique dans Jolene de Shaïne Cassim par exemple. Deux romans dont nous avons fait des lectures communes A l’Ombre du Grand Arbre parce qu’elles touchaient là aussi à la passion humaine pour la création sous toutes ses formes.

Pépita : Pour le Murail, sans hésitation, je dirais que ces trois jeunes pourraient être aussi bien férus de peinture, de musique ou autre passion artistique et on les verrait évoluer selon la même trajectoire ou presque. Pour le Blondel, c’est différent : l’identification au personnage de la pièce choisie est trop forte pour Quentin. Ce personnage le révèle à lui-même. La professeure lui sert ce personnage sur un plateau. A lui de saisir ou pas. C’est la grande force du théâtre je trouve que de permettre cela, cette incarnation totale et absolue. Je n’ai jamais lu cette pièce (La ménagerie de verre de Tennessee Williams), et cela m’a donné envie de la découvrir. Dans mes lectures de cet été. Les pièces citées dans le Murail, j’en connais pas mal. De culture littéraire, certaines me laissent plus ou moins de bons souvenirs (ah ! la prescription scolaire !).

Nathan : Je suis d’accord avec toi Pépita, le parcours de Quentin est tout à fait particulier. Mais pour moi c’est pareil dans 3000 façons de dire je t’aime. J’ai perçu l’épanouissement qui éclaire les personnages dans le théâtre et c’est ce que j’ai vécu ces trois années de lycée. La musique, la peinture, chaque art est différent, chaque aventure est différente, leur parcours aurait été différent, bien qu’épanouissant aussi ! Seulement le théâtre est une aventure collective, une fusion des êtres dans un même texte et les pousse derrière un personnage à s’exposer aux yeux du monde. Selon moi, rien n’aurait été pareil avec un autre art.

Pépita : Justement, et ce sera ma dernière question, avant que vous ne donniez votre dernière impression sur ces deux romans, parlons de l’identification au personnage : y en a-t-il un qui vous a particulièrement touché, parlé, ému ? Et pourquoi ? Comme au théâtre finalement …

Nathan : C’est Quentin qui m’a le plus ému. Il est en première littéraire théâtre comme je l’ai été, il se cherche, il veut trouver qui il est et l’affirmer et par-dessus il s’épanouit dans le théâtre alors qu’il a tendance à tâtonner dans la vie. C’est magnifique et parfois il était un peu comme moi.

Bouma : Difficile pour moi de m’identifier à un personnage en particulier. En tout cas si j’avais du choisir une vision de l’adolescence parmi ces quatre personnages j’aurai choisi celle de Bastien dans le Murail, pour l’énergie, l’écoute et l’humour dont il fait preuve à chaque nouveau pas.

Pépita : Ces personnages m’ont tous émue, à leur façon. Dans le Murail, j’ai cependant trouvé qu’ils manquaient peu à peu de consistance. Le roman perd de son énergie, un peu à l’image de leur découragement, inévitable par moments. Puis, il rebondit vers la fin avec le sacre de l’un d’entre eux. Comme toi Bouma, Bastien, je l’ai trouvé juste tout du long. Et comme toi, Nathan, j’ai été emportée par Quentin, dans ce bouillonnement intérieur qui le caractérise, par son énergie, sa lucidité et son choix.

Un mot de la fin de chacun(e), sur ces deux lectures ?

Bouma : Le thème du théâtre n’était pas porteur pour moi au départ. Cependant, le talent de ces deux auteurs m’a permis de prendre plaisir à redécouvrir cet art. Deux belles lectures qui trouveront échos chez les adolescents et leurs parents.

Nathan : Comme on a (j’ai ?) parlé théâtre toute la discussion je finirai juste sur ces quelques mots : quel qu’il soit, l’art est un épanouissement et une ouverture au monde. C’est lui qui nous fait voir les choses différemment. Il est la liberté, il est salvateur … et il est notre passion : la littérature avant tout.

Pépita : Mes quatre enfants montant sur les planches depuis quelques années, je dirais que le théâtre, c’est l’école de la vie ! Ce que démontre finalement fort bien ces deux magnifiques romans.

Alors ? Prêt(e)s à aller au théâtre ?

Pour vous en convaincre, nos liens sur ces lectures :

BoumaUn petit bout de bib(liothèque) : 3000 façons de dire je t’aimeDouble jeuUne interview de J.P Blondel

-Nathan-Le cahier de lecture de Nathan : 3000 façons de dire je t’aime-Double jeu et son blog sur le théâtre

-Pépita-Méli-Mélo de livres : 3000 façons de dire je t’aimeDouble jeu

Comme un funambule sur son fil…

Il ne s’agit pas d’une sélection sur le cirque…

Mais d’un roman d’une jeune auteure belge prometteuse, Marie Colot, illustré par Rascal, belge lui aussi. Publié chez Alice jeunesse, dans la collection Deuzio.

Et qui de mieux pour partager cette lecture que ma copinaute Céline, belge elle aussi ?

Une lecture commune donc en tête-à-tête (qui n’est pas une première pour nous deux) sur un roman qui est loin de laisser indifférent : une relation particulière entre une jeune fille et une vieille dame, sur fond de drame familial…

Jugez plutôt…

Pépita : Le titre m’a beaucoup intriguée : Souvenirs de ma nouvelle vie. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Et toi ?

Céline : Moi non plus… Surtout que le mot « souvenirs » évoque davantage le passé que l’avenir ! Du coup, ce titre m’a d’emblée intriguée ainsi que l’illustration de Rascal. Quel allait pouvoir être le dénominateur commun entre les deux ? Le résumé de 4e de couverture n’a fait que jeter davantage le trouble… J’étais ferrée. Plus qu’une seule solution : entamer l’histoire…
C’est toi qui la résume ?

Pépita : Exactement comme toi…souvenirs…nouvelle vie…un appareil photo…de quoi ça parle ?
C’est l’histoire d’une jeune fille de presque 12 ans, Charlie, dont l’ambiguïté du prénom la gêne beaucoup même si elle en joue. Elle vient de vivre le « pire des pires jours de sa vie » et ce déménagement en est la conséquence, ainsi que des parents hyper-étouffants et hyper-protecteurs. Pour tuer l’ennui, Charlie décide de faire connaissance avec ses voisins d’immeuble. Munie de son Polaroïd, elle leur demande l’autorisation de prendre une photo de la vue de chaque étage. En même temps, elle « vole » ou « emprunte » un objet de chaque personne sur son passage. Elle va essuyer des refus mais aussi faire des rencontres surprenantes, notamment cette vieille femme excentrique du troisième, Mme Olga. Va se tisser entre elles un lien curieux, fragile mais fort. Quelque chose à ajouter Céline ?

Céline : Non, cela me semble parfait… Juste préciser que Charlie a une façon bien à elle d’appréhender le monde qui l’entoure, ce qui en fait un personnage terriblement attachant qui nous accroche le cœur dès les premiers mots. Je pense que le succès de ce titre est en partie lié à sa personnalité hors du commun et à son idée géniale de voyager sans quitter son immeuble ! Son « Carnet d’exploration des étages », on aurait bien envie de l’adopter, nous aussi, et de l’adapter à notre sauce…

Pépita : Je l’ai trouvée aussi épatante cette Charlie ! Une sacrée personnalité, des ressources qu’elle puise en elle, une volonté de faire les choses qu’elle a décidé envers et contre tout, une exigence dans ses relations aux autres, un regard très lucide sur le monde des adultes, une façon de gérer le drame familial traversé et dont elle souffre aussi énormément, mais elle a décidé d’en faire une force. Sans le savoir, elle se guérit toute seule, sinon elle sent bien qu’elle pourrait s’écrouler elle aussi et sombrer. Un vrai tourbillon qui emporte dans son sillage les adultes, Mme Olga et aussi ses propres parents.
D’ailleurs, comment tu les as perçu les parents de Charlie ?

Céline : Comme des parents, foudroyés par un drame – ou plutôt des drames ! Le père tente tant bien que mal de maintenir l’église au milieu du village, mais ce n’est pas simple. La famille doit faire le deuil de tant de choses… Tous leurs repères sont bouleversés, toutes leurs façons de faire balayées. Ils ne sont plus les parents qu’ils étaient. Et qui sommes-nous pour leur jeter la première pierre car, le pire des pires jours de leur vie, personne ne voudrait le vivre ! Comme tu le dis, grâce à sa personnalité et à ses rencontres, Charlie se guérit mais, dans son sillage, elle guérit aussi son entourage. As-tu le même ressenti ?

Pépita : Oui, par rapport à ses parents, c’est terrible. Ils essaient de se maintenir la tête hors de l’eau. Le papa m’a beaucoup touchée dans sa façon de vouloir garder le cap malgré tout. Il n’a pas rompu le dialogue avec Charlie. Pour la maman, c’est très différent. Cependant, j’ai trouvé que Charlie a bien du mal à trouver sa place dans tout ça et que ses parents ne lui tendent guère de perche. Ils sont trop ensevelis par leur chagrin et comme tu dis, on ne peut pas leur en vouloir. Charlie secoue tout ce petit monde, elle refuse de se laisser submerger, elle fait un très beau chemin de résilience et réussit à redonner le sourire et l’envie de vivre à ses parents, surtout à sa maman. C’est un aspect du roman absolument lumineux.
Et Mme Olga, cette fameuse Madame Olga, comment tu l’as perçue ? Intrigante, non ? J’ai encore même du mal à comprendre leur attirance réciproque…

Céline : Oui, tu as raison pour la mère. Mais, en même temps, elle est doublement victime, et dans son cœur et dans sa chair ! Pour Olga et Charlie, je pense qu’elles ont toutes les deux les mêmes fêlures. Toutes les deux vivent des événements qui brisent le cours de leur vie, un accident pour l’une, la maladie pour l’autre. Les relations familiales ne sont en outre pas simples, ni pour l’une ni pour l’autre. Elles sont toutes les deux sur le fil… Pour ne pas sombrer, elles recourent à leur imaginaire : l’exploration des étages pour l’une, la vie par procuration pour l’autre… Elles partagent aussi cette même soif de vivre, ce même regard curieux sur ce qui les entoure. Bref, malgré leurs différences (la première étant la différence d’âge), je pense que chacune se retrouve dans l’autre et y puise la force d’aller de l’avant. Et toi, qu’est-ce qui t’intrigue tant chez cette madame Olga ?

Pépita : Ce personnage m’a mise mal à l’aise. Elle trompe Charlie et j’ai trouvé cet aspect difficile. Charlie donne plus d’elle que Mme Olga ne le fera jamais. Je l’ai « excusée  » à un moment donné en me disant qu’avec l’âge, elle devenait gâteuse. Mais non. Elle se cache derrière son affabulation. Et elle la sert à Charlie qui, elle, a été loyale avec elle. Quand elle s’en aperçoit, elle le vit comme une trahison d’ailleurs. Mais une trahison qui va prendre le chemin du pardon. Dans ce roman, ce sont les adultes qui apprennent des enfants et non l’inverse.

Céline : Pour te répondre, j’ai relu la fin… Et non, je ne partage pas ton avis. Le personnage d’Olga m’a fait penser à ma grand-mère qui travestit de plus en plus la réalité. Même si Charlie est trop jeune pour mettre des mots sur ce qui arrive à son amie, elle finit par le comprendre. Le lecteur aussi, grâce au carnet d’Olga et à la petite carte qui se trouve à la fin. Une autre habitante de l’immeuble lui explique « le truc du funambule » : « Il existe un fil invisible sur lequel chacun marche. Il arrive que certains basculent. Et tombent. On ne sait où. Parce qu’il n’y a ni trou ni vide. » Olga est tombée ! Charlie le sent, ce qui explique son projet final et la chute de l’histoire…

Pépita : La résilience, c’est aussi le thème de ce roman que l’auteure a choisi d’aborder par cette métaphore de l’appareil photo de Charlie. Ce parti pris est accentué par les illustrations de Rascal : des sortes de tampons-images en noir. Tu l’as ressenti aussi comme cela ?

Céline : Oui et cet appareil a une fonction différente pour l’une et pour l’autre. Pour Charlie, il lui permet de s’évader de la cage dorée que ses parents dressent, bien malgré eux, autour d’elle et, pour Olga, c’est l’inverse il me semble : ses photos la raccrochent à une certaine réalité qu’elle fuit inexorablement. Les illustrations en noir et blanc renforcent cette idée de négatif et de positif, cette idée aussi de funambule qui, à tout moment peut basculer d’un côté ou de l’autre… De par leur duo improbable, elles arrivent à trouver un équilibre et à se sauver l’une l’autre.

Pépita : Tout à fait d’accord avec toi pour la fonction révélatrice à l’endroit à l’envers de l’appareil photo. Pour Olga, je vais donc relire la fin alors…Manifestement, je suis passée à côté de quelqu’un…

***

Dans ses romans, Marie Colot a l’art de rendre vivants ses personnages, à tel point qu’ils nous paraissent de chair et de sang !  Il suffit de parcourir notre discussion pour s’en convaincre.  J’espère que celle-ci donnera envie à d’autres lecteurs de découvrir cette jeune auteure de talent.  Merci Pépita pour ce moment de partage.  J’ai envie d’emprunter ta citation fétiche pour conclure :

« Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade. »
Julien Green

Ce fut doublement le cas avec ce titre !

* Nos billets :
Souvenirs de ma nouvelle vie sur Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse et sur Méli-Mélo de livres
En toutes lettres, le premier roman de Marie Colot
Le site de Marie Colot

Son dernier roman paru en avril dernier :

A l’origine de ce roman singulier, une aventure d’écriture collective de sept mois avec dix-huit classes d’enfants de dix à douze ans…

Boucle d’ours de Stéphane Servant et Laetitia le Saux

IMG_2073Les albums des Editions Didier Jeunesse sont souvent un régal !!! Mon œil a tout de suite été attiré par Boucle d’ours sur les étagères de la librairie.

Attirée par le jeu de mot sur le titre, bien sûr ; mais aussi par la couverture, à l’illustration désuète. Sans compter que je connaissais Stéphane Servant pour ses romans ados et que c’était une surprise de voir son nom sur un album jeunesse.

Je l’ai donc ouvert, lu, dévoré, relu et  … adoré !!! Quelle étonnante découverte ! Un thème complètement dans l’air du temps, traité de manière originale.

Vite, vite, j’ai voulu partager cette lecture avec mes copinautes dA l’Ombre du Grand Arbre et vous faire profiter de nos échanges.

Sophie LJ ( La littérature Jeunesse de Judith et Sophie ), Nathan ( Bouquins en folie ), Céline ( Le tiroir à histoires) et Kik ( Les lectures de Kik )  ont répondu à l’appel et se sont joints à moi pour vous concocter cette lecture commune.

Bonne lecture de notre lecture !

*** Premier contact avec le livre, pourquoi vous a-t-il attiré ? ***

Nathan : Le nom de Stéphane Servant, la couverture rouge flamboyante, une rencontre au détour d’une allée du salon du livre de Paris …

Sophie : J’ai acheté ce livre pour le travail car je cherchais des livres « anti-sexisme » et je suis tombée dessus au hasard de mes recherches. Le nom de Stéphane Servant a largement contribué à mon choix et l’allusion au conte aussi.

Kik : Il était rouge. Les illustrations étaient originales. J’ai eu envie de l’ouvrir. Il m’a intriguée, cet ours avec des couettes. Alors j’ai ouvert le livre et j’ai bien rigolé !

Céline : En ce qui me concerne, les illustrations (en tout cas celle de la couverture) ne m’ont pas attirée d’emblée. J’avais repéré le livre car la thématique abordée m’intéresse toujours, et c’est le nom de Stéphane Servant qui m’a décidée !

*** Un ours avec des couettes, un thème d’actualité, une allusion au conte, une illustration qui interpelle (ou pas), c’est le moment du petit résumé de cet album pour que nos lecteurs s’y retrouvent….***

IMG_2084Sophie :  Pour le carnaval, la famille Ours cherche ses déguisements. Petit Ours choisit celui de Boucle d’Ours mais cela ne plait guère à son papa qui préfèrerait le voir en chevalier ou en ogre. Un garçon déguisé en fille, ce n’est pas envisageable pour lui… heureusement, ce n’est pas le cas de tout le monde !

Nathan : Des dessins hauts en couleurs et une famille Ours soudée … qui pourrait bien vite voir son énergie débordante se mettre au service d’une dispute au sujet d’un simple déguisement de bal costumé !

Kik : À travers ce personnages d’ours, qui souhaite se déguiser en Boucle d’O(u)r(s), l’auteur mêle préjugés sur les garçons et les filles et les personnages de plusieurs contes pour rendre l’histoire drôle . Effectivement le loup, les petits cochons et le petit chaperon rouge sont de la partie. L’égalité garçon/fille est mise à rude épreuve avec le Papa. Ours lors de ces préparatifs du Carnaval, dans le choix du déguisement.

***Papa Ours, voilà bien le personnage qui est au cœur de cet album. Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur lui ? Quels qualificatifs lui  donneriez vous ? ***

Nathan : Papa Ours il a des préjugés, des opinions pré-conçues … mais je ne penseIMG_2087 pas qu’il soit véritablement méchant. Il est juste un peu bêta et suit ces préjugés mais au fond il est gentil: un bon gros nounours attachant en fait !

Sophie : C’est un papa ours un peu bourru mais pas méchant comme le dit Nathan. Pour lui un garçon c’est un garçon avec des muscles, qui joue à la guerre et surement pas un garçon qui porte une jupe, même pour un déguisement.

Céline : Alors moi, ce papa ours, il m’a un peu gênée à la première lecture, et je le trouvais un peu exagéré. Et en fait, il correspond tout à fait à un vrai papa, avec ses idées reçues, comme tout le monde. J’ai eu l’occasion de repenser à lui et il m’est devenu plus proche quand j’ai vu de vrais papas (pourtant très biens ) que je connais faire un peu la moue quand leur petit garçon voulait se déguiser en princesse… Ce papa ours est en fait assez représentatif des réticences que beaucoup de parents partagent encore face au jeu du travestissement.

*** Un papa ours soucieux de l’image véhiculée mais qui est lui même un stéréotype finalement…. Et maman ours dans tout ça ? Oui, car elle n’est pas bien loin…. Comment se positionne -t-elle ? Quelle est sa réaction ? ***

IMG_2094Sophie : Ahh maman Ours ! Ultra moderne dans sa première apparition occupée avec sa machine à coudre… pour terminer son costume de Belle au bois dormant ! Heureusement, elle se rattrape bien en prenant la défense de son fils et surtout dans les dernières pages.

Kik : Elle jouera le jeu, et décidera de changer son déguisement au dernier moment, pour quelque chose de beaucoup moins pailleté ! Une maman ourse qui sait se remettre en question pour montrer au Papa ours que tous les déguisements sont possibles pour tous. Car après tout se déguiser c’est être autre chose, différent de ce que l’on est dans la vraie vie.

Nathan : Se déguiser c’est montrer autre chose que ce qu’on l’est normalement ça c’est certain … mais c’est aussi peut-être montrer quelque chose de nous; ou en tout cas tout abattre: casser les frontières entre réalité et imaginaire … et entre les genres ! Dans cet album, la tolérance elle apparaît dans la figure de maman ourse !

Céline : Bien qu’elle évolue effectivement en un personnage plus positif, finalement elle obéit elle même aussi à une injonction de la société: dans la famille parfaite, la maman se doit être plus compréhensive, plus encline à comprendre son enfant…

Kik : C’est vrai ça … pourquoi cela serait toujours la maman la plus compréhensive ? … Je n’avais pas vu la question sous cet aspect. Il est carrément cliché en fait ce livre !

Nathan : Carrément cliché ? Je ne pense pas non … sinon, ne serait-ce pas une petite fille qui voudrait se déguiser en héros masculin ?

Céline : En fait, le livre se frotte au même paradoxe que beaucoup d’albums dés lors qu’ils entreprennent de lutter contre les stéréotypes : il en réaffirme certains (sans doute bien malgré lui).

*** J’aime quand le débat s’installe tout seul…et je trouve qu’une double page correspond tout particulièrement bien à vos réponses que ce soit dans le texte ( j’entends d’ici l’intonation de voix de la maman), ou bien dans les détails de l’illustration (la moue de la maman, le catalogue d’ours bricoleur, le tatouage sur l’épaule, le petit mot du linge à étendre, le gros bol et le petit bol…). Vous ne trouvez, pas ? C’est aussi le moment où l’histoire prend un tout autre tournant.
Qu’en pensez-vous ? Que vous inspire-t-elle de plus, cette illustration ?***IMG_2076

Sophie : C’est vrai, cette page marque le tournant du récit.  On est dans les clichés et en même temps, la mère en prenant position, pour son fils donc contre son conjoint, lance le chamboulement. C’est le personnage dont on ne voit que la main pour le moment, qui va terminer cette petite révolution.

Nathan : Je pense surtout que cet album utilise les clichés pour les renverser … l’image est bourrée de clichés et c’est pour ensuite mieux les fausser. D’ailleurs qui dit que le petit mot dans la panière n’aurait pas été écrit par la maman Ourse ? Et la suite le prouvera, il n’y pas que les OursEs qui sont prêtes à bousculer les choses …

Kik : Mais de qui parlez-vous ? À qui est cette main, dont vous parlez !?

Sophie : Ah cette main qui vient tout bouleverser, c’est celle d’un loup. Que dis-je, DU loup. Et je vous laisse devinez en quoi il est déguisé !

*** Si je pense que l’on en a déjà dit beaucoup du cet album et son contenu, venons-en aux illustrations  : qu’en pensez-vous, comment les qualifieriez vous, qu’apportent-elles au texte ?***

Sophie : Dans les illustrations, j’ai aimé le style en découpage/collage mais encore plus les scènes extérieures avec la forêt où les arbres en pastels ont de très jolies formes. Mais ce que j’ai préféré et ce qui apporte vraiment à l’histoire, ce sont les petits détails sur les contes bien sûr mais aussi sur le sexisme comme ceux qu’on a déjà abordés plus haut.

Nathan : Je suis du même avis, j’ai beaucoup aimé ce style entre collages et pastels … et la profusion de couleurs. Néanmoins, ça n’est pas agressif non plus et même pas vraiment multicolore: beaucoup de blanc, de gris, qui viennent contraster avec l’univers des contes tout en le rendant il me semble un peu plus réaliste …
Et puis il y a tout plein de détails dans certaines images et l’histoire est placée dans un univers de conte qui se heurte à un aspect un peu plus moderne …

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***Nathan et Sophie reviennent tous les deux sur ces allusions aux contes qui sont en filigrane tout au long de l’album, et pas seulement dans les illustrations mais aussi dans le texte. Je me rends compte, en remontant la conversation, que l’on a en effet abordé ce point sans réellement le creuser et pourtant, l’univers du conte est bien présent ….. et donne toute sa force à la chute !
Etonnant, non que finalement j’ai un petit peu relégué cet aspect au second plan ? Et vous, comment l’avez-vous ressenti/vécu  ? ***

Sophie : Ce livre je l’ai avant tout lu pour le message « anti-sexisme ». Le conte n’est ici qu’un prétexte car finalement, les contes sont souvent bien rempli de préjugés de ce genre, c’était donc un bon point de départ.

Nathan : Oui je pense que l’essentiel est là … moi-même je suis fasciné par l’univers des contes. Et c’est parce que c’est, il me semble, les récits les plus forts dans le message qu’ils ont à transmettre: l’histoire peut paraître simplette et merveilleuse, mais un conte est souvent en fait cruel et fondé sur une réflexion dénonciatrice.

Kik : La référence aux contes avec la réutilisation des personnages, le Méchant Loup, Les cochons, les ours, Boucle d’or, permet , je trouve, d’ajouter une touche d’humour. Ils se déguisent et prennent les rôles des uns et des autres.
C’est un aspect qui m’a beaucoup plu.

Céline : Oui, avec ces références aux contes, l’inter-texte apporte beaucoup, et crée une connivence heureuse avec le jeune lecteur. Le conte de Boucle d’Or (un des premiers accessibles aux plus jeunes) se prête particulièrement à un large éventail de relectures et de réécritures. Sa touche de légèreté est très bienvenue et permet un discours un peu plus décalé, un peu plus dénonciateur aussi tout en restant digeste et gai.

*** Un album sur/contre le sexisme, complètement dans l’air du temps, que S. Servant choisit de traiter avec humour et en faisant référence à des contes classiques. Que rajouter  de plus pour conclure cette lecture ? Je vous propose de jouer à me donner 1 mot (qui sera le mot de la fin) et qui est le premier mot qui vous vient à propos de cet album…… a vous de jouer …***

Nathan : Liberté

Kik : Rouge

Sophie : Conte (détourné)

Céline : Déguisement

Alice : Surprise

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Une lecture commune riche de débats ! Et pour aller plus loin ….retrouvez l’avis de

*Drawoua ( Maman Baobab) :

« […]…Stéphane Servant revisite les contes avec une touche anti-cliché, beaucoup d’humour et de bonne humeur, il est suivi dans cette aventure par Laetitia Le Saut qui s’en donne à cœur joie en offrant à l’album des illustrations riches et de grande qualité couleurs crayons et papiers découpés. … ! »

http://maman-baobab.blogspot.fr/2014/04/a-la-vanille-pour-les-petites-filles-au.html

* Sophie (La littérature jeunesse de Judith et Sophie)

« […]..C’est surtout le message anti-sexisme qui m’a intéressé dans cet album, avec le personnage de ce père un peu trop porté sur les préjugés, qui refuse un simple déguisement parce que c’est une tenue de fille. Le sujet est bien abordé avec une situation simple sans aller dans des réflexions trop lointaines autour du genre… »

http://litterature-jeunesse.over-blog.fr/2014/03/boucle-d-ours.html

Et d’Alice ( A lire aux pays des merveilles)

« […]..En s’amusant intelligemment avec des références aux contes classiques, voilà un album qui bouscule les convenances. Ca gratouille, ça chatouille, ça joue de la parodie et de l’humour …. Aaaaaaaaah, comme ça fait du bien ! … »

http://alireauxpaysdesmerveilles.blogspot.fr/2014/02/boucle-dours-stephane-servant-laetitia.html

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Comme des images… vraiment ?

EXprim’, Editions Sarbacane, 2014

Une couverture qui attire, un titre qui intrigue, une lecture qui pose des questions… Il n’en fallait pas plus pour, qu’à l’ombre du grand arbre, on ait envie d’en parler et de VOUS en parler !

Autour de moi (Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse), pour en discuter à bâtons rompus, il y a Kik – Les Lectures de Kik, Nathan – Le cahier de lecture de Nathan, Sophie – La littérature jeunesse de Judith et Sophie et Céline – Le tiroir à histoires.

Prêts à les suivre de l’autre côté de l’image ?

Comme des images, qu’est-ce qui se cache derrière ce titre polysémique ?

Kik : Comme des images, car il y a des sœurs jumelles qui se ressemblent comme des images. Mais est-ce seulement cela ?

Sophie : Avant la lecture, j’ai pensé à la fameuse expression « Sages comme des images ». Après la lecture, je dirais que oui il y a de ça mais pas au premier degré, bien au contraire. On y montre une élite de la population, sage en apparence, mais seulement en apparence.

Nathan : Bien sûr il y a l’expression que tu cites Sophie, ce qui n’est sans doute pas anodin : ils sont, en apparence, sages comme des images parce qu’on leur demande le meilleur d’eux-mêmes, la perfection : élèves intelligents, premiers en tout, enfants modèles …
Mais il y a surtout pour moi une réflexion sur qui nous sommes et ce que nous montrons de nous. Ces ados, ils sont parfois sans véritable fond, contrairement à la jumelle, artiste et taciturne … Une image est sage parce qu’elle ne bouge pas. Or ces adolescents s’y adonnent parfois tellement qu’ils deviennent eux-mêmes les images qu’ils créent. Ne sont-ils pas alors plus que des reflets de leurs qualités, plats, sans contenu, sans intérêt ?

Céline : Avec l’image des jumelles dos à dos, (dont on ne sait pas tout de suite qu’il s’agit de sœurs jumelles), le titre m’a plutôt évoqué l’idée de reflet, et d’image virtuelle. A vrai dire, avant de le lire, je pensais que ça se passait dans le futur, qu’il était peut être question de clonage, etc… !!!  Au fur et à mesure de la lecture, j’ai apprécié ce titre et cette couverture qui a effectivement plusieurs sens et qui est très réussie à mon avis.

Tous les quatre avez fourni une clé de lecture intéressante. Dans ce titre, effectivement, on parle de gémellité ; de réalité virtuelle ; d’image d’enfants sages, pas si sages que cela ; de jeu d’images et d’apparences… le plus souvent trompeuses. Mais est-ce seulement cela ? demande à juste titre Kik.  Pour ne pas perdre nos lecteurs, un petit résumé s’impose, histoire de faire le lien entre toutes ces pièces du puzzle….

Kik : L’histoire commence le jour où Léopoldine a rompu avec Timothée pour Aurélien. Ou bien le jour où Timothée, par vengeance peut-être, a envoyé un mail avec une vidéo de Léopoldine à tout le monde.  Ou peut être même que l’histoire commence, lorsque Léopoldine est partie en vacances, et que sa sœur est devenue amie avec sa meilleure amie.
Des histoires qui se croisent et se décroisent. Des non-dits sur les sentiments. Et ça finit par un corps au milieu de la cours du lycée … Là par terre…

Nathan : Ou peut-être bien que l’histoire commence il y a bien plus longtemps, à l’aube d’une société faite d’images et de mondes virtuels ? Peut-être que notre narratrice, Léopoldine, et sa sœur ne sont que l’infime rouage d’une plus vaste histoire.
Ou alors l’histoire commence quand vous refermerez le livre, secoué et avec un regard neuf sur les choses. Peut-être.

Tous deux évoquez des histoires au pluriel. Peut-on dire que c’est la narration de ces multiples destins qui se croisent qui fait toute la richesse de ce titre ? Comme pour un mille-feuille, il y a les couches externes, visibles, et puis toutes les autres qu’on découvre au fur et à mesure… Mais peut-être que là aussi, la réponse n’est pas si simple ?

Nathan : Pas simple, en effet…  Une image c’est parfois vide de sens, une couche superficielle sans rien derrière. Or la richesse du roman c’est que l’histoire en apparence elle est bien simple, comme une image, deux dimensions, un roman court et rapidement lu avec plaisir. Mais derrière il y a en fait encore bien des couches qui s’ajoutent. Au final, on a un texte en apparence anodin mais profond et regorgeant d’interrogations qu’on n’aura jamais le temps de démêler …

Sophie : Comme le dit Nathan, il y a la première histoire, celle de Léopoldine, plutôt simple car plutôt connue comme mésaventure. C’est cette histoire qui va en révéler bien d’autres.

Céline  : En effet l’histoire du jour, celle qui fait le buzz dans tout le lycée, est finalement assez vite réglée, mais révèle d’autres histoires, plus lointaines et plus discrètes, d’autres humiliations, plus sourdes… et ce sont ces histoires-là qui mettent vraiment en lumière les personnages.

Nous sommes apparemment tous sur la même longueur d’ondes…
Outre cette lecture plurielle, bien moins « anodine » (pour reprendre le terme de Nathan) qu’il n’y parait, j’ai particulièrement apprécié l’écriture moderne de l’auteur et ses références nombreuses à ce que vivent les jeunes d’aujourd’hui. Et de votre côté, quels sont les aspects qui vous ont plu ?

Céline :  En intégrant ces nouveaux modes de communication (commentaires facebook, sms) à sa narration, Clémentine Beauvais rend compte aussi de l’instantanéité, de la superficialité et d’une certaines cruauté dans les échanges. Et ça rend vraiment le roman vivant.  J’ai trouvé ce procédé très judicieux.  Vraiment un point fort du roman !

Kik : On se sent dans la « vraie » vie d’adolescents. Tout va très vite, avec les réseaux sociaux. Une vidéo est postée sur le net, peu de temps après, tout le monde l’a vue sauf quelques profs. Et pourtant le harcèlement à l’école ne date pas d’aujourd’hui. Un problème récurrent, qui a pris une autre forme avec les nouvelles technologies.

Sophie : J’ai aimé aussi la modernité dans ce texte, les nouvelles technologies, l’événement qui prend très vite une grande ampleur jusqu’au suivant qui prendra sa place. Tout s’ enchaîne de nos jours, on passe très vite d’une chose à l’autre en oubliant bien souvent les conséquences que cela peut causer.

Nathan : Avec un tel sujet, les nouvelles technologies étaient de toute façon inévitables … et c’est pourquoi elles parsèment le récit. Sur facebook, youtube, par sms … tout ça n’est pas anodin : c’est là qu’une image se crée … ou se détruit. Et d’ailleurs c’est à cause de ça que la jumelle de Léopoldine, Iseult, va en souffrir, comme elle en avait déjà souffert au collège, lorsqu’elle avait perdu sa meilleure amie sur la méprise d’un professeur. Elles aussi, elles sont comme des images. Et pourtant, des jumeaux se ressemblent … mais ils sont loin d’être identiques.

Justement, outre le divertissement qu’il nous procure, peut-on dire que ce récit a une fonction préventive ? L’auteure a-t-elle voulu faire passer un message ?

Nathan : Bien entendu ! Celui qui m’a traversé de toutes parts, comme ma chronique en rend compte, c’est qu’il ne faut pas être comme des images. Soyons nous-mêmes et ce sera la seule image, parce qu’à trop s’inventer on finit par se perdre dans cette construction de soi-même et au final il n’y a plus que du vide. Et puis même, si on partait sur de la philo, on serait tout simplement dans la vision antique de la Beauté : quelqu’un est beau lorsque son apparence laisse apparaître ce qu’il y a en lui. J’aime beaucoup cette idée-là.

Sophie : Et même si c’est plus évident et en rien moralisateur dans l’histoire, il y a un avertissement sur les réseaux sociaux et internet en général. Attention aux images que l’on y met, elles sont publiques ! Prendre soin de son image veut aussi dire qu’il faut réfléchir à ce que l’on en fait dès le départ, quand on pense que cela reste dans l’intimité.

Céline : Je n’y ait pas du tout vu ce message pour ma part. Au contraire, je trouve que les nouvelles technologies ne sont ni dénoncées ni même jugées, juste intégrées au récit comme faisant partie de notre paysage au XXIème siècle, et conditionnant donc nos modes de communication… et de représentation. Comme Nathan, je lis le message de la fin (s’il y en a un) comme une invitation à avoir plus de substance qu’une image, et à dépasser également les images dans notre perception des autres.

Kik : Tout a été dit je pense. Je suis d’accord avec les deux points de vue présentés. J’ai perçu les deux lors de ma lecture.

Le mot de la fin ? Lire un livre, c’est aussi s’imaginer les personnages, le décor, les situations… Mettre les mots en images ! Quelle « image » forte retiendrez-vous de votre lecture ? Pour ma part, c’est cette première phrase qui s’étale seule sur une page blanche, un peu comme ce corps en plein milieu de la cour ! Dès l’ouverture, cette vision m’a procuré un sacré frisson.

Nathan : Pour ma part, étrangement, l’image qui me reste gravée dans la mémoire, c’est le personnage d’Iseult, la jumelle, assise dans la cour, repliée sur elle-même, muette et dessinant.

Sophie : Comme toi Céline, c’est le corps annoncé dès le début, étendu dans la cour, qui me reste en tête.

Kik : C’est étrange mais en repensant « visuellement » à ce roman, je pense à un immense lycée, énorme, un vrai labyrinthe, et dedans trois jeunes filles qui déambulent toutes seules, ou par deux. Il y en a deux qui sont identiques, et une autre différente. Un trio perdu au milieu des couloirs, d’une immense cour, comme dans un espace infini.

C’est sur ces quelques images – mais, vous l’aurez compris, il y en a bien d’autres – que nous vous laissons avec l’envie, nous l’espérons, de vous plonger dans ce roman pas comme les autres !

Quelques extraits de nos billets pour finir de vous convaincre (à découvrir en intégralité sur nos blogs respectifs) :

Clémentine Beauvais a le don de s’attaquer à des sujets forts et sensibles sans aucun tabou et j’apprécie beaucoup la sincérité de son écriture et de ses mots. Quand elle écrit en plus pour la collection eXprim’ chez Sarbacane, les chances de me décevoir son minimes et elle ne l’a pas fait.

La littérature jeunesse de Judith et de Sophie

***

Un roman qui plaît énormément mais qui dérange tout autant puisqu’il appuie là où ça fait mal !

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse

***

(…) un livre sur l’apparence avant tout, sur ce qu’on laisse voir et ce qu’on dissimule. Un livre puissant, juste, touchant, qui s’avale d’une traite et ne laisse malgré tout pas indemne.

Le cahier de lecture de Nathan

***

Un roman hypnotique et moderne qui décrit avec justesse et intelligence certains travers de la société, les affres de l’adolescence, l’ingérence humaine : le cri primal de l’injustice, le premier non.

3 étoiles

***

Un roman qui tord le ventre, car tout en voulant savoir à qui est le corps étendu dans la cour, on ne veut pas découvrir toute la vérité et savoir ce qui a été la cause de cette chute. On devine peu à peu les non-dits, ce que la narratrice ne veut pas s’avouer.

Les Lectures de Kik 

***

Comme des images est un roman contemporain, ancré dans l’ère 2.0, comme en témoigne sa narration originale, vivante, empruntant volontiers et judicieusement les codes des  nouvelles formes de communication.

Le tiroir à histoires

Retrouvez aussi :

Lecture commune : Le coeur des louves

Entrez donc au coeur de ce village perdu dans la montagne … sentez sous vos pieds les pierres qui roulent en bas des chemins, armez-vous de bonnes chaussures de marche pour les arpenter et ouvrez grands vos yeux aux rues escarpées, aux arbres qui règnent sur la vallée, au seul toit qu’est le ciel, et aux merveilles dont regorge la nature.

Ou alors retirez ces chaussures, munissez-vous d’un seul habit léger et laissez vos pieds caresser la terre et l’herbe et l’eau et les chemins, sentez contre vous le vent de la montagne, entendez son chant éternel qui se mêle à celui de la nature et humez les senteurs humides de la forêt … et celles du règne animal.

Entrez dans l’univers foisonnant de Stéphane Servant …

Nathan: Le cœur des louves, une lecture intense et éprouvante qui a su tous nous toucher au plus profond de nous … une seule sensation que vous retenez de ce moment de lecture ?

Pépita: Quelques semaines après cette lecture très marquante, j’entends un seul bruit : un cœur qui bat, qui bat, qui bat, qui bat…BOUM BOUM BOUM, celui de la forêt, celui du torrent qui dévale la montagne, celui des loups, celui des hommes mus par la haine et l’amour, deux sentiments ambivalents qui ne font finalement plus qu’un dans ce roman qui palpite comme la vie elle-même.

Kik: Le froid de la forêt et son humidité m’ont remplie au fil du roman. Je me suis sentie au milieu des arbres, avec le personnage. Cet endroit m’a paru hostile, tout en demeurant un lieu de refuge.

Carole: Pour moi, ce qui reste encore palpable plusieurs mois après la lecture, c’est la tension : tension de la Nature qui reprend ses droits, tension intérieure du personnage-narratrice Célia, tension-survie de la grand-mère, tension entre les personnages du passé et du présent, et enfin tension, la mienne, à la lecture de ce roman qui est venu subtilement me toucher là où ça fait mal parfois, tension des secrets, tension de la nuit, tension de la filiation, tension des émotions fortes.

C dans le Tiroir: Si je devais retenir une sensation, ce serait un son : Le hurlement des loups continue de résonner longtemps après la lecture… c’est un son à la fois inquiétant et hypnotisant, à l’image de cette nature qui comme l’a dit Kik est à la fois hostile et réconfortante. C’est la tentation du retour à la nature, au primitif, le besoin de réveiller nos instincts animaux, de se libérer aussi.
Pour ce qui est du visuel, c’est le noir qui prédomine. La pénombre de la forêt, l’obscurité de la grotte, mais aussi évidemment la noirceur des hommes et de leurs secrets…

Nathan: Le noir, le froid, la tension … un roman sombre et dur selon vous ?

Carole: Sombre ? non. Dur ? non. Eprouvant, troublant, époustouflant : oui

Kik: Oui, sombre et dur pour moi mais aussi troublant, crispant, prenant, … Il est difficile de définir ce roman. Il y a beaucoup de sentiments ou sensations différents.

Pépita: Sombre et dur, je ne dirais pas ça non plus. Ce roman a le souffle d’une épopée, une épopée familiale comme il en existe tant mais à replacer dans son contexte. C’est un roman grandiose.

C dans le tiroir: Sombre : oui, évidemment, mais pas éprouvant, au contraire, en ce qui me concerne, je n’ai pas pu le lâcher, et malgré la tension palpable, il ne m’a jamais mise mal à l’aise. Et puis sous la noirceur, il y a aussi la pulsion de vie, la transmission, l’amour des femmes pour leurs enfants, donc quelque chose de plus lumineux, « la vie qui palpite », pour citer Pépita.

Sophie LJ: Pour moi, ces trois mots résument bien l’ensemble de l’histoire. Il est sombre et dur mais dans le bon sens du terme, il y a beaucoup d’émotion dans ce roman et toutes ses vies qui tournent et souffrent autour de ces secrets, elles en deviennent passionnantes car ce sont des vies de battantes !

Nathan: La vie qui palpite … le roman alors, malgré sa noirceur, malgré certains moments éprouvants, regorge de vie.
Mais quelle est-elle pour vous ? Une légende de montagne, une histoire de générations … et de femmes, un hymne à l’amour, l’amitié, la famille, le passage d’une adolescente à l’âge adulte … quel est le message, l’histoire que vous retenez ?

Pépita: Avant tout, une histoire de secrets. Et les secrets finissent toujours par déborder, comme les ruisseaux se transforment en rivières. Ils finissent par vous rattraper. Célia le sent. Célia veut savoir. Et sa grand-mère a tout fait pour qu’un jour elle puisse en trouver les clés. Car elle savait elle aussi la force des secrets.

Carole: J’emprunte à Sören Kierkegaard cette sublime citation « la nature féminine est un abandon sous forme de résistance » : c’est une histoire de femmes sur plusieurs générations, une histoire d’abandon de soi et surtout une histoire de résistance au temps, aux secrets, à la cruauté. Entre survie, abnégation et résilience.

Sophie LJ: L’histoire que je retiens, c’est principalement celle de Tina et donc dans la logique celle de cette famille avec ces femmes si proches et si lointaines à la fois.

Nathan: Pour décrire ce roman de sens et d’émotion, ce roman sombre et plein d’espoir, ce roman de vie, je vous propose de lui associer des images, couleurs, etc …
Alors pour vous, quelle est la couleur de ce roman ?

Pépita: J’en choisirais deux : le noir et le rouge. Mais un noir sombre et soyeux à la fois, comme la forêt mystérieuse dans les montagnes et le lac étincelant sous la lune, et un rouge comme le sang de la vie et de la mort, comme celui qui coule dans nos veines et qui est plus fort que tout ou arrêté dans son élan de vie par la folie des hommes.

C dans le Tiroir: Oui, noir et rouge, un peu comme la couverture. Ou noir et blanc, comme les vieilles photos cachées, comme le corps nu d’une fille la nuit dans un lac, comme des hommes armés dans la neige…

Carole: Le noir pour la part de sombre de chacun, et le blanc pour la lumière de la Lune…comme une vieille photographie gardée précieusement.

Nathan: Moi j’aurais dit le vert … celui de la forêt, et celui de l’espoir.

Une odeur ?

Kik: Quand je pense à ce roman, je sens l’odeur du feu. Car ça brûle, il y a des incendies criminels et on a aussi l’impression que le cœur des personnages brûle. Ça flambe ou ça fume, comme un feu qui ne veut pas s’éteindre.

Pépita: Ce serait plutôt pour moi l’odeur de l’humidité : celle de la forêt, du lac, de la maison fermée depuis longtemps, …et le froid qui pénètre partout à cause d’elle et qui endurcit les cœurs.

Sophie LJ: J’aurais dit l’odeur du froid, de la montagne, de la neige…

Carole: Celle de la rosée du matin, l’herbe qui repousse, la mousse dans la forêt….quand tout (re)naît après la tempête.

Nathan: Une sensation tactile ?

Pépita: Ce que j’imagine être le contact d’une peau de bête sur un corps nu…

Sophie LJ: La sensation que je retiendrais est plus extérieure car il s’agit du frisson : celui provoqué par la montagne, par la peur, par la colère…

Carole: La peau, le contact entre les mains d’une grand-mère et de sa petite-fille.

Nathan: Un son ?

Pépita: La rivière qui dévale de la montagne.

Sophie LJ: Je pense au cri des loups dans la nuit.

Kik: J’entends une course effrénée dans la forêt , avec des bruits de branches cassées sous les pas du fugitif.

C dans le Tiroir: Un hurlement de loup, à la fois terrifiant et libérateur, et aussi le battement d’un coeur au rythme d’une cavale dans les bois, bien sûr, je crois encore l’entendre d’ailleurs…

Carole: Les craquements de la forêt.

Nathan: Une image ?

Pépita: Plus difficile tant les images me viennent…Je dirais : le mystère de la chambre de Tina et tout ce que cela représente en interrogations pour Célia sur le passé de sa famille. C’est aussi pour moi une résonance plus personnelle et j’ai eu longtemps peur pour elle.

Sophie LJ: Je vois celle de la grotte où se réfugie Tina pendant plusieurs mois.

C dans le Tiroir: celle de la photo de Tina tondue dans la neige s’est hélas imprimée dans mon esprit comme si c’est moi qui l’avait découverte !

Carole: Ces mots qui m’ont bouleversée et qui résonnent encore « Ces femmes qui ont dans le cœur un éclat de nuit qui les pousse à marcher à côté du monde. »

Pour en savoir un peu plus sur le roman à travers nos avis: Nathan, Pépita, Sophie LJ, Kik, C dans le Tiroir, Carole