Nos coups de cœur de septembre

La rentrée et son rythme trépidant sont passés, il est temps de fait un point sur les lectures qui nous ont accompagnées ce mois-ci. Voici nos coups de cœur du mois de septembre, avec le souhait qu’ils vous accompagnent à votre tour pour ce début d’automne !

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Lucie a une nouvelle fois été profondément touchée par la plume de Gildas Guyot. Après Vindicte, dans lequel il racontait le destin d’une femme tondue à la Libération, l’auteur se glisse dans la peau d’un jeune orphelin de 8 ans qui doit faire face à la fois au décès de sa mère et à la dépression de son père. Un sujet grave, mais traité avec une immense délicatesse et beaucoup d’émotion, sans tomber dans la larme facile. Foutues cigognes est une lecture dont on ne sort pas indemne et à laquelle on repense longtemps après avoir refermé le livre.

Foutues cigognes, Gildas Guyot, Factions, In8, 2025.

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Côté album, Lucie a beaucoup aimé la réécriture du mythe de Sisyphe par Nadine Robert. Avec La marche de mulot, l’auteure invite les petits lecteurs à réfléchir sur la notion d’effort. Un mulot trouve un œuf et se met en tête de le remettre en sécurité dans son nid malgré les moqueries et les doutes des autres animaux. Le voilà parti, déterminé. Les illustrations, très simples, laissent toute la place aux projections des enfants face à cette situation qu’ils connaissent bien. Le mulot parviendra-t-il à réaliser sa « mission » ? Est-ce vraiment l’essentiel ? Un album à l’origine de discussions enflammées.

La marche du mulot, Nadine Robert, illustrations de Valerio Vidali, Saltimbanque, 2025.

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En septembre, Helolitla a allégrement pioché dans les dernières sorties littéraires et la sélection du Prix Vendredi. Elle a également retrouvé les nouvelles parutions de ses mangas chouchous, mais 🤫 … parlons d’abord de littérature jeunesse !

Héloïse attendait avec impatience le roman junior Hazel Toucourt, d’Ellie S. Green. Attente qui valait largement le coup !

Hazel découvre avec horreur que ses parents l’abandonnent à nouveau pour els vacances : ils la laissent chez une grand-mère dont elle ne se souvient pas, dans un manoir quasi vide, où elle s’ennuie. Mais que sont ces bruits que la jeune fille entend la nuit ? Hazel mène l’enquête… et va se retrouver plongée dans une suite d’aventures virevoltantes !

Un voyage dans le temps, une grand-mère scientifique un peu loufoque, un dinosaure, un lapin savant et des secrets de famille, Héloïse ne pouvait qu’être conquise par cette aventure haute en couleurs, en rythme et en situations rocambolesques. Si vous aimez l’humour, les péripéties avec un zeste de folie, elle ne peut que vous conseiller ce premier tome très réussi !

Hazel Toucourt et les failles du temps d’Ellie S. Geen – Rageot, 2025

Sa chronique détaillée ICI.

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Du côté de la sélection du prix Vendredi, c’est Nina perd le Nord qui l’a emportée, le temps d’un road-trip en compagnie d’une famille un peu dysfonctionnelle mais ultra attachante.

Nina, l’héroïne, grandit seule avec un père qui ne s’est pas remis de la mort de sa femme. Et puis tout bascule quand ils découvre qu’une tante leur a légué sa maison et ses biens. La condition préalable : aller disperser ses cendres en Suède.

En quelques pages et avec beauxoup d’humour et de finesse, Céline Gourjault parle de deuil et de résilience, d’amour et de famille, d’adolescence et de confiance en soi. C’est frais, dépaysant, touchant.

Nina perd le Nord, Céline Gourjault. Seuil, 2025

La chronique d’Helolitla, de Liraloin et de Lucie.

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Enfin, la plume très visuelle d’Alain Gagnol l’a plus que convaincue avec Célèbre à en mourir, un thriller ado dynamique et haletant.

Laura est en cours au lycée quand sa vie bascule : son visage se retrouve plaqué sur toutes les vidéos dans le monde entier ? Qui a fait ça ? Et comment continuer à vivre quand on devient la fille la plus célèbre du monde ?

Avec ce roman, Alain Gagnol interpelle les lecteurices sur de nombreux points : la célébrité et son coût, l’usage de l’intelligence artificielle, le développement des émotions chez cette dernière. Héloïse a apprécié ces réflexions qui surgissent au fil de la lecture, l’aspect futuriste terriblement réaliste.

La tension monte peu à peu, au fil des révélations et des rebondissements. Un livre intense, et qui fait réfléchir…

Célèbre à en mourir, Alain Gagnol. Syros, 2025

sa chronique détaillée ICI.

Coup de foudre intersidéral, amour-passion ! C’est ce qu’a ressenti Séverine à la lecture de Droméo et Chuliette, le dernier album de Marcus Malte (qui est aussi un grand écrivain pour les adultes), illustré par Henri Meunier (qui est également un grand écrivain jeunesse).
Les deux compères, qu’elle apprécie déjà au-delà du raisonnable dans tout ce qu’ils produisent, lui ont offert un moment de lecture délicieux, avec cette revisite inédite du classique Roméo et Juliette de William Shakespeare, à la sauce
1. Camélidée, quelle bonne idée
2. Ultra contemporaine
3. Graphique épurée.
C’est de la littérature jeunesse comme elle l’aime : loufoque, intelligente, engagée sans en avoir l’air, drôle sur la forme, sérieuse sur le fond, originale, inventive, créative, faisant confiance aux enfants pour comprendre ses subtilités, ressentir ses vibrations, écouter son message, bref, tout ce qu’une IA ne pourra jamais faire (on l’espère).
Il y est question d’amoureux fous, évidemment, mais aussi de classe sociale, d’une ligne de bus miraculeuse, de langues vivantes, de musiciens morts depuis bien longtemps, de Voltaire et Rousseau, du Larzac et de b(g)osses libres ! Tout un programme…sans le drame.
Parce que sans spoiler, il faut quand même dire que l’histoire finit bien, qu’elle met le sourire aux lèvres et du baume au cœur. Tout au long de la lecture, au rythme sans temps mort, on rit, on s’émeut, les jeux de mots fusent, la poésie se cache dans les détails…Le texte est brillant (comme l’est Marcus Malte), quant au graphisme, peut-être un peu déroutant pour l’adulte qu’est Séverine, nul doute que les enfants l’apprécieront dans toute sa richesse : figuratif, coloré, vitaminé, tendre (si si !), fin dans sa simplicité (comme l’est Henri Meunier). L’ensemble est jubilatoire, un régal pour lutter contre la morosité et la tristesse qui peuvent nous envahir à l’arrivée de l’automne.

Droméo et Chuliette, de Marcus Malte, illustré par Henri Meunier, Rouergue Jeunesse, 2025

Sa chronique complète ICI.

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En septembre, Blandine a lu deux albums jeunesse qui l’ont charmée !

Le LIVRE qui peut LIRE dans ton ESPRIT, Marianna COPPO. Grasset Jeunesse, 2024

Lady Rabbit est une magicienne ! Sortir quelqu’un de son chapeau, disparaître, ce sont des tours de magie impressionnants mais déjà vus et revus ! Mais deviner quel personnage le lecteur choisit sur une page et ne pas se tromper, ça c’est innovant ! Et Lady Rabbit ne se trompe jamais ! Même lorsque son public décide de changer de place !

C’est le titre qui a attiré Blandine vers cet album, tout comme son graphisme, à la fois épuré et inspiré de l’Art Nouveau. Elle s’est laissée prendre au jeu de Lady Rabbit qui a bien retrouvé quels personnages elle avait choisi. Mais comment notre Magicienne fait-elle cela ? Découvrez-le en lisant cet album, car un tour de magie ne s’explique pas, il se vit/lit !

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Chère Librairie, Emily ARROW et Geneviève GODBOUT. La Pastèque, 2025

Un livre qui parle de livres et de librairie, Blandine ne résiste pas ! Un livre qui célèbre les librairies et leur pouvoir d’évasion promet un moment tout simplement merveilleux. D’autant qu’il est illustré par Geneviève Godbout et son trait délicieusement vintage. Trop en dire serait sacrilège. Ouvrez donc vous aussi la porte de cette « Chère Librairie » pour vous y sentir comme dans un cocon et célébrez vous aussi le pouvoir des livres !

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Et vous, quelles lectures vous ont enthousiasmés ce mois-ci ? Quels titres nous conseillez-vous ?

Coups de coeur de l’été

Ca y est, l’été se termine, la rentrée des classes est arrivée à vitesse grand V. Sous le Grand Arbre c’est l’occasion de partager nos lectures de l’été. Car si nous aimons voyager comme nous l’avons expliqué dans nos billets d’été, nous aimons aussi ces moments de calme à l’ombre, avec un livre et une boisson fraiche à portée de main que permet cette pause estivale.

Nous souhaitons une belle année scolaire à tous les petits, moyens et grands lecteurs ainsi qu’à leurs encadrants !

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Une fois n’est pas coutume, Lucie a sélectionné trois titres : un album, un roman et une pièce de théâtre. Il faut dire qu’il n’a pas été facile de faire un choix parmi toutes les belles découvertes de l’été…

Le cadeau est un album très touchant. Son héroïne est une petite fille accompagnée par une grande silhouette dans ses activités du quotidien et guette la lune chaque soir. Qu’attend elle avec tant d’impatience ? C’est tout l’enjeu et la beauté de cette histoire pleine d’émotions. Un album sur l’attente, la séparation et les retrouvailles illustré avec beaucoup de douceur par Barroux.

Le cadeau, Louison Nielman, illustrations de Barroux, D’eux, 2024.

Son avis complet, celui d‘Hélolitlà.

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Cela faisait longtemps que Lucie avait envie de lire NOUS, le dernier roman de Christelle Dabos. Avec, comme toujours, le risque d’être déçue. Mais une nouvelle fois, elle a été emportée par l’univers et l’imagination sans bornes (semble-t-il) de cette auteure. Dans une société dystopique régie par les « Instincts » à la fois crédible et réjouissante (le côté rétro futuriste est particulièrement maîtrisé), elle brasse tous les thèmes qui lui sont chers. Les enjeux, les personnages, l’univers… tout est surprenant, questionne, divertit. Cette lecture est de celles auxquelles on pense encore longtemps après avoir refermé le livre.

NOUS, Christelle Dabos, Gallimard jeunesse, 2024.

Son avis complet, celui d’Héloïse ici.

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Enfin, si elle ne lit pas souvent de pièce de théâtre, Lucie a été bouleversée par la Mauvaise Pichenette de Magali Mougel. Trois personnages, une cuisine, une économie de mots au service de l’efficacité. Car c’est un texte coup de poing qui traduit les revendications, les peurs, la violence aussi de certains ados qui ne trouvent pas leur place dans la société. En 48 pages, la dramaturge questionne la famille, la transmission, l’accueil de la différence et la difficulté de dialoguer lorsqu’on ne se retrouve plus sur l’essentiel. Puissant.

Mauvaise pichenette, Magali Mougel, Espaces 34, 2024.

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En juillet, Héloïse a été bouleversée par sa lecture de Nos Constellations, de Florence Quentin. une histoire qui tourne autour de deux lycéens : Maxence. Aurélien. Deux anciens amis d’enfance, à la relation fusionnelle, brutalement séparés. Après sept ans sans se voir, ils se retrouvent un été. Avec cette question, au fond d’eux : l’alchimie qu’ils ont ressenti étant enfants est-elle toujours là ?

Héloïse a été transportée, émue, bouleversée parfois par ces deux jeunes hommes et les personnages qui gravitent autour d’eux, par cet amour naissant et si profond qu’il renverse tout sur son passage. c’est un roman plein de tendresse, d’humour, d’émotions, de tristesse et de joie. Deuil, homophobie, harcèlement,… les thématiques sont difficiles, mais l’histoire est lumineuse, pleine de poésie , et terriblement romantique. Un coup de cœur, un coup au cœur.

Nos Constellations, de Florence Quentin. Edité par Didier Jeunesse, Juin 2025

Sa chronique Complète ICI.

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D’autres romans ont énormément marqué Héloïse, et elle a bien du mal à choisir ! La saga des mystères, de Jeff Wheeler, qu’elle dévore ? A season for Scandal, une douce enquête engagée de Laura Wood, qu’elle a adoré ? Hyper, le dernier roman d’Émilie Chazerand, qui l’a marqué, bouleversée, essorée ? Il faut dire qu’elle a fait d’excellentes lectures !

Mais le dernier roman ado en date qu’elle a trouvé très chouette, c’est le premier tome de L’Odyssée des Tranchevent, de Noémie Delpra. Héloïse a particulièrement apprécié l’héroïne : une héroïne en fauteuil roulant, ce n’est déjà pas très courant, et en plus, elle est très généreuse et résiliente. Et puis l’univers, ces îles perchées dans le ciel, dans lequel les gens sont « appairés » avec des créatures volantes, est particulièrement poétique, tout comme la plume de l’autrice.

Avec cet ouvrage, Héloïse a vécu une très belle aventure. Peuplée de dangers, de mystères, de découvertes hautes en couleurs, c’est une histoire envoûtante et passionnante dont elle a hâte de lire la suite !

L’odyssée des Tranchevent, tome 1 : La Dame sans déesse, de Noémie Delpra. Édité par Gulfstream éditeur, août 2025.

Sa chronique complète ICI.

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Pour Liraloin, l’été a été marquée par des lectures complétement différentes. Entre poésie et romance piquante, le voyage s’est également invité. Des coups de cœur qui font du bien pour dynamiser cette rentrée qui démarre en trompe ! Vive le plein de bonnes lectures !

Ouvrons le bal et quel bal… avec l’histoire de Blythe et Briggs. De la romance dites-vous? oui mais pas que ….Tout est électrique dans ces planètes qui ne s’alignent pas et se manquent perpétuellement. Justement parlons-en des dialogues piquants, un vrai régal à lire et on sent toute l’influence de Jane Austen. L’ensemble est frais, caustique à souhait et ne tombe jamais dans le romantisme mièvre, au contraire l’amusement est au rendez-vous.

Romance à l’anglaise de Erica George – Casterman, 2025

Son avis complet ici

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Les éditions du Port a jauni est spécialisé dans la poésie et nous offre un panel de textes dont les illustrations viennent chaleureusement compléter les mots. Dans Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti, illustré par Gabriella Corcione, on crie des poèmes, on murmure des poésies. On attrape des mots au vol qui tournent dans la bouche et le cœur. Attendre parfois, relire souvent. La poésie est une invitation à la lenteur. Ce n’est pas au hasard que Gabriella Corcione a choisi la samare comme illustration d’intérieure de couverture. Des petites ailes jetées, tourbillonnant par-dessus les toits. Pierre Soletti dans sa nostalgie invite son lectorat à voyager en lui pour mieux s’interroger sur autrui.

« De mon toit d’ardoises

je t’écris

des cartes postales

à la craie »

Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti & illustrations de Gabriella Corcione – Le port a jauni, collection : Poèmes, 2021

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Enfin, le voyage ouvre grand ses bras pour un moment de contemplation intense et cette sensation ne se refuse pas. Il faut parfois faire des petits efforts pour être amplement récompensé !

Sac à dos, chaussures de rando, vêtements de pluie car quand elle tombe cette pluie, elle n’est pas en reste. Carnet à dessin à la main, surtout ne pas laisser passer un paysage, un visage, une rencontre entre deux arrêts de bus ou de train. Quel périple d’efforts moultes fois récompensés par l’instant présent capté à la pointe du crayon.

Au fil de son parcours, Nicolas Jolivot nous invite à filer avec lui sous les volcans de l’île du Soleil-levant. Suivre avec lui cette balade entre zone rurale et urbaine nous transporte un peu dans cette vie japonaise qui s’organise, en témoignent les somptueux dessins de ce carnet.

Japon, à pied sous les volcans de Nicolas Jolivot – HongFei, 2018

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Les coups de cœur de l’été de Séverine font partie, selon elle, de ce que la littérature pour ados produit de mieux dans cette littérature du réel qu’elle affectionne. Sujets actuels, style, ampleur. Ils sont rivés au monde d’aujourd’hui. Exigeants, on ne s’en empare pas à la légère. Mais les ados les méritent.

Dans Anse rouge, la psychologie des personnages a été fouillée de fond en comble par Sandrine Caillis, elle n’a rien laissé au hasard. Ni les regards, ni les corps qui s’expriment, ni les dialogues au couteau…Ils tendent un récit magistral sur le mépris et la domination de classe, d’autant plus violents qu’ils sont perpétrés par une jeunesse désinvolte et superficielle. On sort rincé.e de cette expérience de cruauté juvénile, où l’espoir, toutefois, se fraye un chemin. Que dire de plus, sinon que la plume de Sandrine Caillis est haletante, elle serre la gorge, les larmes ne sont jamais loin, de détresse ou de colère. Pour autant, elle est aussi d’une grande justesse, avec juste ce qu’il faut de poésie et de sensibilité. Poignant.

Anse rouge, de Sandrine Caillis, Editions Thierry Magnier, 2022

Séverine est tombée dans les magnifiques filets de Cécile Alix  il y a quelque temps déjà et, par exemple, son A(ni)mal est un des romans (ado mais pas que) qui l’a la plus marquée ces dernières années. Son dernier roman, Enragée, c’est l’histoire de Fauve, adolescente furieuse fugueuse, qui préfère vivre dans la rue, avec tout ce qu’elle comporte de dangers pour une jeune femme, plutôt que de vivre chez sa mère biologique et subir la séparation forcée d’avec sa famille de cœur. Écrits dans une langue au plus près des peurs, des doutes, des espoirs, des sentiments qui  traversent cette aventurière de l’extrême sensibilité, certains passages sont écrasants de noire tension, de désespoir, de douleur insoutenable. Pour autant, grâce aux belles rencontres qu’elle fait, à sa passion pour la danse, à l’amour qui pointe le bout du nez, le positif résiste. Un roman fort qui résonnera longtemps…

Enragée, de Cécile Alix, Slalom, 2025

Le dernier roman de Marine Carteron, Les effacées, récit d’une nuit teintée de paranormal, mêlant histoire de l’art, féminisme, sororité… invite à la réflexion, émeut, encourage, il consolide…Les femmes seraient-elles vouées éternellement à être les faire-valoir, les éphémères, celles qu’on abandonne une fois qu’on leur a tout pris ? No way ! C’est cette conviction qui guidera Joséphine, après sa nuit forcée au musée d’Orsay, au cours de laquelle elle fera une rencontre décisive pour le reste de sa vie. Tout en poésie et émotions, entre solitude et prise de conscience, Marine Carteron peint finalement, de ses vers libres et mots sensibles, un très beau portrait de fille qui grandit et s’émancipe, prête à prendre place, à s’exposer et s’encrer au monde.

Les effacées, de Marine Carteron, illustré par Mathilde Foignet, Editions du Rouergue jeunesse, 2025

Emile Chazerand peut faire pouffer de rire Séverine et lui faire verser des larmes de crocodile en lisant la même page, c’est une prouesse assez rare pour être soulignée. Son dernier roman, Hyper, traite de sujets sensibles comme le suicide, la santé mentale, la grossophobie, la solitude, les relations intrafamiliales cabossées, avec une profondeur abyssale, un style phénoménal et un sens des dialogues dinguissime. Sans pour autant faire sombrer à son tour dans une dépression irréversible, grâce à un humour féroce, décalé, qui fait sans cesse des pirouettes. Séverine vécu un grand moment de lecture. Elle n’oubliera jamais Miriam, adolescente complexée qui traîne sa carcasse et ses névroses dans un environnement hostile, héroïne hyper (il fallait bien le placer🤷‍♀️) attachante. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir été emportée, puisque prochainement, une lecture commune sous le Grand arbre, viendra détailler plus particulièrement tout ce qui touche dans ce très beau roman.

Hyper, d’Emilie Chazearnd, PKJ, 2025

Sa chronique groupée ICI. Celle de Liraloin

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pour Blandine, l’été fut autant propice à de belles et nombreuses lectures qu’à de chouettes balades forestières, maritimes et même citadines !

Dans nos maisons. Nancy GUILBERT et Séverine DUCHESNE. Alice Editions, 2024

Nos maisons disent beaucoup de nous-mêmes. Elles nous ressemblent et sont refuges, aussi faut-il les choisir avec soin, même si cela prend du temps. Après « Sur mon chemin », Nancy Guilbert et Séverine Duchesne se retrouvent pour nous offrir ce très bel album, aux mots-poésies et aux illustrations combinant objets réels, dessins, découpes et collages. Une jolie merveille !

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L’apprentie cartomancienne. Aurélie CROIZÉ. Gulf Stream Editeur, 2024

Paris, 1803. Auparavant diseuse de bonne aventure, Louise travaille, et habite, désormais, avec la célèbre Marie-Anne Lenormand, cartomancienne et nécromancienne, chez qui le beau monde accourt. Mais un jour, Marie-Anne est arrêtée et emprisonnée pour « trahison ». Résolue à aider sa mentore, Louise va mener l’enquête avec l’inspecteur Brandicourt. Elle sollicite l’aide de l’Impératrice Joséphine elle-même et n’hésite pas à se mettre en danger pour résoudre une mystérieuse affaire de meurtre, qui pourrait bien être liée à ce qui est reprocher à Marie-Anne.

L’apprentie cartomancienne est un thriller historique haletant qui nous plonge avec réalisme dans le Parie et la société d’alors; nous décrivant ses bas-fonds, ses croyances, ses rouages et ses complots à tous niveaux.

Amnesia. Juan ECHEVERRIA. Actes Sud Jeunesse, 2024

Ibrahim vit dans une cité du nord de Paris. Les tours, les habitudes, les deals en tout genre, les codes à respecter, Ibrahim veut voir autre chose. Alors il prend son vélo pour remonter le canal et aller pêcher, au milieu de la nature, et du silence surtout. Pour oublier la mort de son frère aîné et ce que ça a entraîné dans sa famille, pour faire silence, pour réfléchir à Chéryne. Mais chaque nuit, un cauchemar plus réaliste que la réalité l’assaille et le questionne. Et si il y avait un message à comprendre ?

Ce court roman nous offre une immersion dans une cité, avec sa culture et ses lois, tout comme une réflexion sur nos lignées et choix de vie ; sommes-nous condamnés à suivre nos ascendants, sommes-nous conditionnés, ou pouvons-nous faire des choix qui nous ressemble, pour s’accomplir individuellement, tout en faisant société? Tout sonne juste, terrible ou beau.

Le Jardin dans le ciel. Romain POTOCKI. Albin Michel, 2025

pour les plus grands, une lecture intense, immersive, réelle, tour à tour joyeuse et grave, qui nous emmène dans une cité du 9-3, auprès d’un ado de 17 ans, qui vit seul avec sa mère, avec qui il ne partage rien, car elle ne l’aime pas et lui reproche le départ de son père plus de dix ans auparavant. Malade, elle est hospitalisée. Notre ado en profite pour se rendre sur le toit de sa tour et cultiver de l’herbe. Mais comme rien ne peut se faire sans l’accord du caïd des lieux, El-Ghaib, il va lui demander l’autorisation de cultiver des fleurs. Ce dernier accepte tout en lui ordonnant d’offrir chaque jour un bouquet à une personne différente. Sinon… En parallèle, ses livraisons personnelles l’amènent à passer le seuil d’une librairie atypique, tenue par Sophie.il va y découvrir le pouvoir des mots, l’amour des livres, la préciosité de l’amitié, la valeur de la vie.

Le Jardin dans le ciel est un roman au ton faussement léger, écrit dans une langue très orale, au phrasé de cité, à l’argot des rues, qui nous plonge instantanément dans le quotidien de notre ado, pour qui on se prend très vite d’affection. C’est qu’il est tendre ce jeune homme, et sa vie pas facile. Ce roman c’est un concentré d’émotions, de sensibilités, de subtilités aussi. Outre les débats littéraires et poétiques, on y découvre différentes variétés de fleurs, ce que signifie prendre soin des autres et comment. C’est un roman de vie, de la vie, avec ses rencontres, ses joies, ses difficultés, et son métissage. Un vrai bonheur de lecture !

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Si l’été et les vacances tournent la page, celles des livres demeurent, et n’ont pas besoin de saisons pour se laisser lire ! Partagez-vous nos Coups de Cœur ? Quels ont été les vôtres ? Bonne Rentrée !

Nos coups de coeur de juin

Avant de nous lancer dans des sagas ou autres lectures propices à l’été, voici nos coups de cœur du joli mois de juin. Promis, vos arbonautes seront là en juillet et août pour vous faire voyager dans des pays lointains et toujours en famille ! En attendant, bonne lecture !

Pour Liraloin, la poésie est un véritable cataplasme pour les blessures de l’âme. Admirative du travail de la maison d’édition Le Port à Jauni, voici deux recueils qui l’ont fait voyager très loin…

Poèmes par-dessus les toits de Pierre Soletti et illustré par Gabriella Corcione, Le Port a jauni, collection :  Poèmes, 2021

Par-dessus les toits, on crie des poèmes, on murmure des poésies. On attrape des mots au vol qui tournent dans la bouche et le cœur. Attendre parfois, relire souvent. La poésie est une invitation à la lenteur. Ce n’est pas au hasard que Gabriella Corcione a choisi la samare comme illustration d’intérieure de couverture. Des petites ailes jetées, tourbillonnant par-dessus les toits. Pierre Soletti dans sa nostalgie invite son lectorat à voyager en lui pour mieux s’interroger sur autrui.

« De mon toit d’ardoises

je t’écris

des cartes postales

à la craie »

L’homme sans paysage, battre la campagne de Mo Abbas, illustré par Jeanne Macaigne – Le port à jauni, collection : Poèmes, 2024

Est-ce un voyageur solitaire, fragiles ailes de papillon qui ne peuvent se déployer ? Chercher un monde meilleur pour s’envoler ? Parcourir les paysages pour connaître le sien et observer cette Nature offerte à toutes et à tous. Ecouter danser les mots dans cette marche salvatrice pour s’aventurer encore plus loin dans un monde sans frontière. Pourquoi vouloir répondre à certaines questions lorsque l’homme est en capacité de ressentir la Nature ? Accepter de marcher, oublier et se reconnecter « …A la limite du mot, habiter la Terre, rendre immuable l’éphémère, comme s’il existait un théorème parfait pour décrire la réalité ».

Sur des textes où les mots jouent entre eux, Mo Abbas écrit cette poésie qui se déroule comme un chemin que nous devons explorer. Est-ce que la sensibilité de Jeanne Macaigne nous permet d’apaiser toutes ses interrogations : « … tu parles aux épouvantails, à la volaille, au bétail, tu deviens ce chien fou, allez cherche ! cherche ! qui fouille les buissons pour lever le gibier. Tu as perdu le nord, et alors ? Sans carte, ni boussole, tu vas de bâbord à tribord ? D’accord. Et qui ça gêne, d’abord ?.. »

Merci à Mathilde Chèvre de nous laisser écouter la version audio sur le site en langue française et arabe comme dans le cahier. La musique en bonus pour un moment heureux.

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C’est la lecture de Plein gris qui a marqué le mois de juin pour Ileautresor.

« Ce qui se passe en mer reste en mer. » Mais que s’est-il passé, justement ? Un corps remonte à la surface de l’eau. Celui de leur ami Clarence. Ce dernier était comme un soleil : surtout aux yeux d’Emma. Il brillait comme un soleil. Avant de se brûler les ailes…

Prendre la mer, c’était leur rêve. Etre seuls maîtres à bord… Partir naviguer ensemble. C’était grisant. Une aventure d’une semaine. A bord d’un voilier. Ils en avaient tant rêvé… de partir en mer. Ensemble. Jusqu’en Irlande… Juste eux quatre : Clarence, Sam, Elise, Emma. Au dernier moment, sur le port, Victor s’est joint à la petite bande- et le voilà à bord.

Le vent s’est levé. Un avis de tempête a été lancé. Aucun d’entre eux n’aurait pu prévoir, ce soir-là, ce qui s’est passé. Que faire à présent ?

« A l’horizon, une barre sépare mer et océan. C’est gris suie, épais comme un incendie de pétrole, et ça se rapproche. Les voiles se gonflent dans le plus grand désordre, giflant le mât avec de grands cliquetis de poulies et de manilles. le corps de Clarence n’a pas bougé. » Que faire ? Faire demi-tour ? Appeler les secours ? Les chapitres alternent entre le présent et les rappels du passé. D’une part, il faut combattre la tempête qui vient sur eux – c’est le présent – D’autre part, Emma – la narratrice – se souvient : la rencontre avec Clarence… puis celle avec Victor. Rétrospectivement, Elle évoque les moments avec Clarence. Elle pense à l’équipe qu’elle formait avec lui. Elle, à l’arrière du dériveur, lui, sur le pont, le visage dans les embruns. Rien qu’elle et lui. Le résultat, c’est un roman passionnant. Il l’a captivée… et elle n’a pu s’en détacher. Ileautresor l’a lu d’une traite… Il est rythmé… comme elle aime. C’est un grand roman, à n’en pas douter. Et elle est ravie d’avoir découvert une grande auteure de romans !

Plein gris, Marion Brunet, Pocket Jeunesse, 2021.

Son avis complet ICI et celui de Lucie.

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Lucie a eu la chance de se voir proposer La petite fille au fusil par les toujours pertinentes éditions du Ricochet. Ce roman graphique de 224 pages propose une vision de la seconde Guerre Mondiale par une toute jeune fille lituanienne.

Elle a aimé découvrir cet événement dramatique d’un autre point de vue, le front russe, et les invasions successives subies par la Lituanie. Mais plus que tout, elle a aimé la personnalité vive et résiliente de Madga qui parvient à garder une âme d’enfant dans un contexte atroce et fait preuve d’une étonnante débrouillardise.

Les illustrations dans les tons ocre et pleines de vivacité servent parfaitement ce récit qui tient jusqu’au bout l’équilibre entre rires et larmes.

La petite fille au fusil – histoire d’une jeune résistante, Marius Marcinkevičius, illustrations de Lina Itagaki, Éditions du Ricochet, 2025.

Son avis complet ICI.

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Ce sont deux albums d’amour et d’amitié qui ont touché le cœur de Blandine.

Magic Iznic. Gabrielle LAESAGE et Antoine DOSSUN. Editions Chapitre #, février 2025

Magic Iznic nous emmène auprès d’une tulipe, Laylé, qui a perdu son ami l’Oeillet, suite à la brisure de leur décor. Au fil de son voyage, elle fait différentes rencontres qui lui permettent de de voir moult motifs qui ornent les céramiques ottomanes, en particulier celles d’Iznic, dont elle est elle-même originaire.

Un album d’art et d’Histoire, délicatement illustré, pour découvrir d’autres cultures.

Petit Renard Flou. Marine REGIS-GIANAS et Cécile BIDAULT. L’Ecole des Loisirs, octobre 2024

Petit Renard est flou car il fait tout pour ne jamais être vu, aperçu, décelé. Il fait tout pour se fondre dans le décor de la nature et y parvient très bien, jusqu’à ce qu’il entende d’autres animaux. Au gré des saisons et des températures, il découvre d’autres émotions, d’autres sentiments que ceux de la peur, de la fuite, de la dissimulation. Et ainsi naît en lui, une certaine tristesse, une certaine envie aussi. C’est dans ce maëlstrom des sens qu’il accepte un jour de se départir de son flou.

Cet album tout en délicatesse nous parle des peurs et des apparences, de la vie et de nos désirs, comme de l’acceptation. Les illustrations combinent différents traits et techniques pour une atmosphère des plus chaleureuses et enveloppantes. Un album qui réchauffe le cœur !

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Deux coups de cœur pour Séverine en ce mois de juin, chez la même maison d’édition, dont elle a acheté ces 2 albums le même jour. Il s’agit de la toute jeune maison indépendante Athizes, qui commence à se faire un nom parmi celles qui proposent à la jeunesse des livres forts, engagés, généreux, inclusifs, dont les messages citoyens et humanistes sont à chaque parution portés par de très beaux textes et des illustrations magnifiques. Athizes, c’est la beauté au service de l’humanité. Les précédents albums que possède Séverine l’avaient déjà convaincue que la littérature peut être porteuse d’un espoir qui n’a pas de prix, surtout lorsqu’elle s’adresse aux enfants en leur donnant les moyens de « faire entendre leur voix, de les inspirer, de les faire voyager, pour que leurs rêves deviennent […] des victoires ! » : « L’enfant comme l’étincelle : petit par sa taille, grand par son pouvoir !« .

Le premier coup de cœur, Les sources mêlées, dernier titre de la collection « Rêver », est un très beau conte écologique autour du bien le plus précieux qui soit : l’eau, et la vie qu’elle apporte. Poétique et émouvante par son texte, merveilleusement illustré dans des tons dominants de bleu et de jaune très lumineux, cette histoire est mêle les valeurs de respect de l’environnement, de courage, de solidarité, en délivrant un message universel : tous.es ensemble, en rassemblant nos forces, on peut agir et préserver nos ressources essentielles, qu’elles soient naturelles ou humaines. Il n’est pas sans rappeler la légende amérindienne du colibri et son célèbre Je fais ma part, pour, d’une même voix, dire aux enfants, que chacun.e d’entre elle.ux est important.e, aussi petit.e soit-il/elle. L’allégorie de la goutte d’eau, simple et forte à la fois, est inoubliable.

« Depuis ce jour, les habitants appellent cet endroit les sources mêlées. Ainsi, ils se souviennent que c’est grâce aux gouttes de chacun d’eux que la vie est revenue. Ils se souviennent de la puissance de leur union ».

Le deuxième album, Memory, est inspiré d’une histoire vraie, comme toutes celles de la collection « S’inspirer » est un véritable manifeste pour les droits des filles. Au Malawi, pays d’origine de Memory Banda dont l’album retrace superbement le combat, mais aussi partout en Afrique, et, par extension, dans le monde entier. D’après l’Unicef, 1 fille sur 5 est mariée avant ses 18 ans. C’est la cas de Mercy, la petite sœur de Memory, qui devient ainsi mère de 3 enfants à seulement 16 ans ! C’est pour elle, mais aussi pour toutes les petites filles que les traditions ancestrales privent de scolarité, de liberté et tout simplement d’enfance, que Memory parviendra à force de courage, de conviction, de détermination, à faire bouger les lignes, en faisant inscrire dans la loi -et dans les esprits- que « chaque enfant, garçon ou fille a le droit de rêver. Et aussi de décider de quoi son avenir sera fait ». Le texte de la grande Sophie Andriansen dont l’œuvre toujours engagée résonne encore une fois, est brillamment construit autour de la symbolique et des couleurs du drapeau du Malawi, tandis que les illustrations fines et riches en couleurs de Flore Godlewski sont d’une grande force évocatrice. Pour que les enfants d’ici ou d’ailleurs n’oublient jamais qu’ils/elles ont des droits fondamentaux et surtout, le droit de les défendre.

Memory, de Sophie Andriansen, illustré par Flore Godlewski, Athizes, 2025

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Nos coups de cœur de mai

En attendant de connaître enfin les lauréats de notre Prix ALODGA la semaine prochaine, voici les coups de cœur de notre mois de lecture écoulé.

Rappel : vous avez jusqu’au 6 juin 20h30 pour nous indiquer vos titres préférés, n’oubliez pas de voter !

 Belles branches (romans ado), Grandes feuilles (romans jeunesse)Racines (documentaires) et Branches dessinées (BD).  Petites feuilles (albums pour les grands) et Brindilles (albums pour les petits).

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Pour Liraloin, il y a des albums qui laissent une certaine nostalgie planner lorsque la lecture se termine. C’est le cas du dernier album d’Anne Cortey, magnifiquement illustré par Hualing Xu. En effet, les illustrations nous plongent dans une atmosphère qui oscille entre rêve et réalité. Les couleurs évoluent selon les heures de la soirée et apportent ainsi une inquiétude mêlée d’aventure. A la fois complices et rassurants, Papi Toni, Marthe, Louis et Dorémus observent cette Nature et ses animaux livrer un fabuleux spectacle au crépuscule. Quel bonheur de lire une histoire de « doudou » si inventive et poétique, elle qui apprécie tant l’écriture d’Anne Cortey.

L’heure des lapins d’Anne Cortey & Illustré par Hualing Xu, Thierry Magnier, 2025

Retrouvez son avis complet ICI ainsi que celui de Séverine.

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Lucie doit son roman coup de cœur du mois à sa bibliothécaire. En effet, elle n’aurait probablement jamais emprunté L’année perdue sur son titre ou sa couverture tristounette. Et cela aurait été vraiment dommage de passer à côté ! Alors que Matthew, 13 ans est confiné avec sa mère et son arrière-grand-mère, il se voit contraint d’aider cette dernière à trier ses cartons de souvenirs. Une photo va attirer son attention et révéler un secret de famille caché depuis près d’un siècle. Entre les États-Unis d’aujourd’hui et l’Ukraine des années 1930, Katherine Marsh tisse des liens entre les personnages inspirés de sa famille en prenant comme contexte l’épisode dramatique mais méconnu de l’holodomor. Les chapitres sont courts, la reconstitution historique implacable et l’émotion au rendez-vous.

L’année perdue de Katherine Marsh, Gallimard jeunesse, 2023.

Son avis complet ICI.

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L’autre coup de cœur de Lucie n’est pas une surprise. En lien avec la lecture commune qu’elle a partagée avec Liraloin de La Belle et la Bête revisité par Cécile Roumiguière et Benjamin Lacombe (qu’elles publieront sous peu), elle a lu d’autres versions de ce conte qu’elle adore. Et notamment celle illustrée par David Sala mentionné par Liraloin au détour d’une conversation. Si le texte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont n’est pas son favori à cause de son côté un brin moralisateur, les illustrations de David Sala ont été à la hauteur de ses attentes. Quelle splendeur dans les arabesques, les motifs floraux et les détails signifiants ! Cet album a pris une place de choix dans sa collection. Merci Liraloin pour cette magnifique découverte !

La Belle et la Bête, Madame Leprince de Beaumont, illustrations de David Sala, Casterman, 2014.

Son avis complet ICI.

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Pour ce joli mois de mai, Helolitla a été merveilleusement émue par les mots de Marie Pavlenko, avec Un si petit oiseau. Dans ce roman pour adolescents, Abi, une jeune femme de vingt ans, amputée à la suite d’un accident de voiture. Une jeune femme qui voit sa vie et ses rêves brisés en en instant.

Une tante un peu fofolle, un chat-dorable, des recueils de Blaise Cendrars, et des oiseaux, beaucoup d’oiseaux. Entre humour décapant et drame, Marie Pavlenko a une fois de plus touché Héloïse avec cette histoire de reconstruction, bouleversante, abrupte, parfois, poétique, aussi. Elle a été émue par cette héroïne en colère, qui souffre le martyre, dans sa chair comme dans son cœur. Elle a été émue par cette famille haute en couleur, cette amitié avec Aurèle, passionné d’ornithologie.

Un si petit oiseau, de Marie Pavlenko. Ed. Flammarion, mars 2022

Son avis ICI.

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Helolitla a également craqué pour un autre roman ado, Julien de la révolte, d’Elise Fontenaille. Dans un style plus court mais tout aussi poétique et engagé, l’autrice raconte la rencontre entre une jeune fille perdue et un fermier amoureux de la littérature. Elen et Julien. Deux âmes qui apprennent à s’apprécier au cœur de la nature, au milieu des vaches et des livres.

Ce roman, bref, intense, a beaucoup plu à Héloïse, pour ses belles réflexions sur le vivant, sur cette vie en harmonie avec la nature. Un roman poétique, mais aussi terriblement dramatique, qui pointe du doigt les conditions de travail, la lourdeur de l’administratif pour les agriculteurs, et les absurdités du système.

Julien de la révolte, d’Elise Fontenaille. Ed. Du Rouergue jeunesse. Janvier 2025

Sa chronique ICI, celle de Linda.

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Pour Séverine, le coup de cœur du mois de mai est une superbe réédition de l’album Julie capable de Thierry Lenain, illustrée par Laurent Pinabel, dont elle découvre le travail très graphique, poétique et percutant, entre profondeur, trouble, douceur et éclat. Son rouge au cœur du noir en est l’incarnation. Il s’agit en fait de la troisième version de son album préféré de cet auteur qu’elle vénère, qui raconte Julie qui casse tout, qui rate, qui perd, qui subit, Julie capable de rien, sauf, pense-t-elle, d’avoir échoué à sauver sa maman de son histoire-poison… »Si je l’avais aimée plus fort, elle ne serait morte« , pense-t-elle. Bouleversant. Mais l’histoire bouleverse tout autant quand la lumière rejaillit, quand Julie capable de rien devient Julie capable de tout, après une nuit passée auprès des chats du cimetière, qui vont lui apprendre à comprendre et accepter le passé, pour, enfin, vivre une vie d’enfant apaisée. Lumineux.

Sa chronique complète : ICI.

Julie capable, de Thierry Lenain, illustré par Laurent Pinabel, Editions Les 400 coups, 2025

Séverine a également eu deux autres coups de cœur pour deux albums, en écho, car ils sont chacun une libre déclinaison de la célèbre citation de Martin Niemöller : « Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Puis, ils sont venus me chercher. Et il ne restait personne pour protester. »

Quand l’un, « Quand ils sont venus »(Editions de l’Isatis, 2024), traite très directement des totalitarismes et de la lutte nécessaire contre les intolérances en tous genre, l’autre « Jusqu’au dernier » (Balivernes, 2025), a pour thème le respect des espèces animales menacées et leur préservation.

Le premier est rude dans son propos, mais son traitement sous forme de conte animalier et des illustrations douces au crayon de couleur, ainsi qu’un dossier pédagogique en fin d’ouvrage, en font néanmoins un livre bien adapté au jeune public. Le second, quant à lui, d’un duo dont c’est la première collaboration, est enchanteur de par son texte tout en rimes, simple et rythmé, du grand Michael Escoffier, associé aux merveilleuses illustrations de Romain Lubière.

Et vous, quels jolis titres avez-vous découverts en ce mois de mai ?

Nos coups de cœur d’avril

Le mois de mai, son muguet, ses jours fériés, ses ponts pour les plus chanceux… et sous le Grand Arbre nous voilà fin prêtes pour le Prix ALODGA qui marque traditionnellement l’anniversaire du blog. Pour vous aider à patienter jusqu’à la semaine prochaine et la présentation des deux premières sélections (Belles branches et Grandes feuilles), nous vous proposons nos lectures « coup de cœur » du mois dernier.

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Cela a encore été un mois riche en belles découvertes pour Lucie. Pas facile de faire un choix ! Deux romans et deux albums sortent du lot, qu’elle va présenter en quelques mots pour laisser la place à ses camarades.

Côté roman, si la forme est différente ses deux favoris présentent des similitudes. Ils abordent des sujets graves, traités de manière accessible et invitent à la réflexion. D’une part, Aurélien Malte de Jean-François Chabas qui donne la parole à un prisonnier de longue peine, de l’autre Entre leurs mains d’Annelise Heurtier qui raconte l’effroyable expérience des blanchisseries de la Madeleine en Irlande. Deux romans puissants, révoltants, émouvants et essentiels écrits par des auteurs que nous avons eu la chance d’interviewer et qui ont fait l’objet d’un article sur nos essentiels.

L’avis complet de Lucie sur Aurélien Malte et ceux de Linda et Lucie sur Entre leurs mains.

Côté album, il a été tout aussi difficile de départager Quand je garde le silence et Cinq contes, qui n’ont absolument rien à voir ! Alors que l’album de la bulgare Zornitsa Hristova – dont c’est le premier livre traduit en français – brille par sa sobriété et l’émotion qu’il dégage, celui de Posy Simmonds témoigne de l’humour mordant de l’auteure de BD anglaise à la renommée internationale. Un point commun malgré tout : ces albums raviront autant les petits que les grands lecteurs !

Les avis de Lucie sur Quand je garde le silence et Cinq Contes.

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Nos incendies était le premier roman de cette autrice que Séverine lisait. Depuis, elle s’est bien rattrapée et a dévoré ses deux autres, qui ont confirmé cette évidence : Sandrine Caillis était faite pour elle. Elle a énormément vibré pour cette histoire de rencontres qui changent la donne… surtout celle avec soi-même… Non seulement elle a admiré chez cette autrice un grand respect pour la jeunesse qui s’engage et qui rage, celle qu’elle avait déjà croisée chez Marion Brunet ou Eric Pessan, sans toutefois occulter ses excès, mais elle a trouvé très pointu son regard sur les relations intrafamiliales, sur les fractures, sur l’engagement, les moyens de dire non, sur le cœur qui (s’)affirme. Mention spéciale pour les titres des chapitres qui, à eux seuls, mis bout à bout, pourraient former un superbe poème en prose. Certes, l’écriture de Sandrine Caillis est exigeante, il faut, pense Séverine, être un.e jeune lecteur.ice aguerri.e pour bien en distinguer toutes les nuances, mais elle est ciselée, intense comme l’adolescence, qu’elle magnifie. Elle sait entrer dans les pensées intimes de ses personnages, dans un mélange incandescent de sensibilité, de mouvement et de fureur contenue. La fin apaisée sublime ce récit initiatique à 2 voix, qui se démarque de ce que l’on lit trop souvent en littérature ado, entre ennui, romances niaises ou au contraire trop sombres, et sensiblerie. Chez Séverine, Nos incendies a allumé une flamme qui n’est pas prête de s’éteindre !

Nos incendies, de Sandrine Caillis, Editions Thierry Magnier, 2025

Son avis complet ICI.

Coup de cœur également pour un album illustré, dans un tout autre registre. Séverine aime l’univers tendre et sensible des albums de Maylis Daufrene, qui se saisissent avec délicatesse de thématiques qui la touchent à chaque fois. Il faut avouer qu’elle est toujours bien accompagnée pour la faire vibrer, yeux émerveillés. Ici, sublimé par les magnifiques illustrations de Fanny Ducassé, fourmillantes de détails plus mignonnissimes les uns que les autres, bucoliques à souhait, aux couleurs délicates propices à l’apaisement, son texte dit la rencontre de deux solitudes qui s’apprivoisent. Au cours d’une jolie déambulation nocturne où les étoiles brillent plus fort que la phobie du noir et la peur du silence des jours trop longs, il est question, sens aux aguets, la nature et la forêt comme alliées, de cœurs à ouvrir et de craintes à dépasser. Avec Rose et Célestine, le duo nous invite à semer les petits cailloux de l’amitié sur nos chemins trop « balisés ».

Son avis complet ICI

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Pour Liraloin, un des romans proposé dans la catégorie Belles Branches pour le Prix ALODGA emporte le coup de cœur. Il s’agit de Madou en 5 actes écrit par Guillaume Nail. Et oui : 5 actes pour sans doute devenir quelqu’un ou rester « personne ». 5 moments décisifs pour apprendre à se faire confiance, se trouver du haut de ses 18 ans. 5 chutes ou 5 succès pour apprendre à écrire, laisser aller ce trop plein et enfin éclore au grand jour…

Madou en 5 actes de Guillaume Nail – Milan, 2024

Retrouvez son avis complet ICI et ainsi que celui de Lucie, de Linda et de Séverine : .

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Helolitlà a retrouvé avec plaisir la plume de Nancy Guilbert dans Sweet home, un roman ado intense et prenant qui l’a énormément touchée. Au beau milieu de ces pages : la beauté sauvage de l’Irlande, des adolescents et des adultes blessés, qui souffrent et peinent parfois à communiquer. L’écriture, comme biais salvateur ; la rédemption, après le pire. Les secrets du passé, qui étouffent, cet horrible épisode des couvents de la Madeleine. Et puis l’espoir, la lumière, l’amitié et l’entraide qui transcendent tout. Une belle famille de cœur quand la vraie famille est défaillante. Des sujets forts, traités avec toute la justesse et la finesse dont l’autrice sait faire preuve. Une lecture dure mais non dénuée de poésie, percutante.

Sweet Home, de Nancy Guilbert. Didier jeunesse. Octobre 2024

L’avis complet de Liraloin

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C’est un autre roman qui a envoûtée Helolitla en avril. Une lecture-doudou qui fait du bien au cœur avec le troisième tome de Crookhaven : Le grand cambriolage de l’île. Un troisième tome qui a des accents de retour à la maison, dans un univers qu’elle apprécie et dont elle savoure tous les rebondissements. Gabriel et sa bande d’amis, qui effectuent leur troisième rentrée à l’école des voleurs, vont devoir à nouveau se surpasser pour déjouer les pièges qui les attendent. Entre secrets, complots et révélations, Héloïse a pris grand plaisir à les voir grandir, évoluer, tant dans leur caractère que dans leurs relations.

Crookhaven, tome 3 : Le grand cambriolage de l’île, de J.J. Arcanjo. Pocket jeunesse. Janvier 2025

L’avis complet de Lucie.

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Pour Colette, son coup de coeur d’avril c’est le dernier album de Gilles Bachelet, auteur dont les arbronautes sont tellement friandes (vous pouvez retrouver notre sélection dédiée à cet auteur prolifique ici et l’entretien qu’il a eu la gentillesse de nous accorder par ). Cette fois-ci, l’auteur nous invite à suivre Eliot, un jeune lapin en marinière, dans les allées d’un magasin très particulier à l’enseigne intrigante : l’Hypermarquête. Ici on trouve tout ce qu’il faut de montures incroyables, de potions aux pouvoirs étranges, de créatures amies ou ennemies afin de s’équiper pour partir vivre l’aventure de toute une vie.

L’Hypermarquête, Gilles Bachelet, Seuil jeunesse, octobre 2024.

Mais l’aventure la plus joyeuse de cet album est celle proposée aux lecteurs, aux lectrices qui vont pouvoir fouiner dans les images foisonnantes créées par l’artiste pour y retrouver de nombreux clins d’oeil aux épopées les plus célèbres, aux légendes médiévales de notre patrimoine littéraire et pour les plus fans aux autres albums de Gilles Bachelet. Car le plaisir de cet album c’est aussi celui de retrouver par ici une glimouille cultivée sur la planète de XoX et Oxo, une monture qui ressemble beaucoup au chat de l’auteur ou des créatures qui nous rappellent celles de la Résidence Beauséjour !

L’avis complet de Lucie.

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Dix petites souris s’en vont à Paris. Colin THIBERT et Haydé. La Joie de Lire, 2022

Blandine adore Paris, et sa nièce de 3 ans adore les souris! Il n’en fallait pas plus pour qu’elles craquent toutes les deux sur cet album cartonné au format à l’italienne. Mais nos dix petites souris, au prénom en -ine, vont-elles vraiment aller à Paris? C’est parti pour une cocasse aventure toute en rimes !

Confucius. Toute une vie. Chun-Liang Yeh et Clémence POLLET. HongFei, 2018

Qui était Confucius ? Et quel est son enseignement? Cet album, au dessin aussi sobre que coloré, et que Blandine aime énormément, nous apprend ceci et plus encore !

KroK. Hervé GIRAUD. Thierry Magnier, 2024

Ce roman nous emmène dans un cirque auprès d’Angelino et de « son » tigre, KroK. Depuis « toujours », le cirque se déplace et ainsi passent la vie, les générations, les manières d’être et de faire. Mais voilà que plusieurs évènements contraignent ces êtres nomades, et libres (?), de rester sur place plus longtemps que prévu !

Dans ce roman, la candeur rivalise avec la liberté, avec la condition animale et humaine, avec les lois de la Nature et de l’Humain. C’est drôle et très juste !

Ce roman avait aussi été un coup de cœur pour Séverine : son avis et ceux de Lucie et Helolitlà.

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Et vous, quelles lectures vous ont fait vibrer le mois dernier ? Avez-vous envie de découvrir ces titres ?