C’est bien connu, les voyages forment la jeunesse, de corps comme d’esprit.
Et si tous débutent par un premier pas, nous ne pouvons savoir jusqu’où ils vont nous mener.
La sélection de Blandine nous emmène sur les chemins et les routes, à pied ou en transports, en vacances, en voyage, seul ou accompagné, entre découvertes, rencontres et retrouvailles, de l’Autre et, surtout, de Soi.
Départ et poursuite
Tout est dans le titre de ce bel album au format à l’italienne.
Les vacances ne commencent pas dès l’arrivée à destination, mais bien dès que la voiture commence à rouler, dès le voyage, et davantage quand il se fait de nuit où les perceptions sont autres.
Entre quelques phases de sommeil, les lumières si particulières enchantent notre petit narrateur qui transforme les différentes étapes du trajet en épiques scènes d’aventures.
Les illustrations aux teintes nocturnes nous baladent tour à tour entre intimité et immensité, entre cadre de la fenêtre ou pleines pages immersives, entre souvenirs et rêveries.
Son avis complet ICI.
Voici le roman de Jules Verne ici adapté en BD (Prix du meilleur album Angoulême de 2020) pour nous restituer l’extraordinaire pari du fortuné Philéas Fogg qui entend bien profiter des nombreuses avancées technologiques en matière de transports pour faire le Tour du Monde en 80 jours.
Bien que réduite, leur formidable épopée reste très fidèle au récit initial dont sont conservés les moments forts. Le texte est sobre, à l’image de Philéas, et adopte un vocabulaire varié riche de considérations de l’époque. Le graphisme au trait fin foisonne de détails, avec un peu de comique, pour notre plus grand plaisir !
Sa chronique LA.
Road-trip : Du voyage à l’apprentissage
S’inspirant des haïkus, ces petits poèmes japonais qui, en si peu de mots, saisissent toute l’évanescence d’un moment, d’une émotion, et leur empreinte pourtant si profonde sur nous et le temps, Nancy Guilbert et Séverine Duchesne illustrent en mots et images-objets le départ d’un petit garçon vers Sa Vie.
Onirisme des mots, beauté de la Nature, impressions philosophiques, clins d’œil variés, illustrations délicates pour dire la vie et ses traversées, les rencontres et les étapes, la confiance et l’imprévu, la quête identitaire et l’autonomie.
D’apparence simple, cet album, aussi universel qu’intime, est un trésor qui permettra à chacun de trouver ses résonnances et références.
L’article complet ICI.
Mila et ses parents, Gil et Marieka, viennent pour les vacances aux Etats-Unis chez le meilleur ami de son père, Matthew. Mais ce dernier est parti avant leur arrivée, sans mot dire, comme s’il fuyait.
Gil, Mila et Honey, la chienne de Matthew, prennent alors la route vers un chalet au nord de l’état, dans lequel Matthew pourrait se trouver.
Commence alors une véritable quête, géographique et émotionnelle, troublante et révélatrice, ponctuée de discussions favorisées par une météo capricieuse.
Mila, mature malgré ses douze ans, découvre son père sous un nouvel angle et s’interroge sur le décalage des générations, les relations humaines, l’amitié, l’âge adulte, sur ce qui demeure et change alors que la vie, les idéaux de jeunesse et les gens passent.
L’avis complet LA.
Ado cabossé et rebelle, Finn ne croit pas en l’avenir. Il vit au jour le jour, fait ou ne fait pas les choses, fume de la weed et gagne de l’argent en travaillant au café mais surtout dans des combats clandestins pour payer l’avocat de sa mère, qui est en prison. Renvoyé de différentes familles d’accueil, il arrive finalement à la Nouvelle-Orléans chez Cliff, son oncle musicien qu’il ne connaît pas, et intègre bon gré et surtout mal gré une bande de potes au lycée composée de Kenna, Nate, Kurt et Jaeger.
Tout au long de chapitres à la temporalité croisée, nous suivons l’arrivée de Finn et la construction de leur relation ensemble et à chacun, comme leur road-trip à eux tous l’été qui précède la poursuite de leurs études supérieures.
De nombreux thèmes identitaires et difficiles se révèlent au fur et à mesure, rendant les personnages attachants et si réels dans leurs doutes, fragilités, tâtonnements et espérances.
Découvrir l’Humanité par le prisme d’autres êtres ou objets
Il n’y a pas que les Humains qui vont de par le monde et ceux qui sont les voyageurs de ces trois livres ont un fort pouvoir d’évocation et de révélation sur les relations qu’ils entretiennent avec eux et eux avec la Nature.
Le personnage principal de cet album sans texte n’est pas l’humain, mais une perle. Une perle qui va entreprendre un long voyage, à l’échelle d’une vie, à la fois trépidant, angoissant et merveilleux. Un voyage qui nous invite à observer, d’une manière rapprochée ou plus élargie, nos habitudes, nos consommations, nos loisirs, nos espoirs, nos goûts ici ou ailleurs…
Nous invitant à revoir nos perspectives, cet album aussi élégant qu’étonnant nous rappelle combien nous sommes tous liés, qui que nous soyons et d’où que nous soyons.
A l’Ombre du Grand Arbre, nous l’avons tellement aimé que nous en avons fait une Lecture Commune à retrouver ICI.
La mer nous permet de se nourrir, de voyager, de vivre des aventures, de nous apaiser.
Pourtant nous la blessons par nos activités de loisirs, consuméristes et commerciales, par nos gestes et objets quotidiens en apparences anodins et qui, pourtant, la polluent toujours plus.
La mer nous lie et nous relie et l’autrice nous le montre avec cet album grand format à double entrée.
En deux endroits du monde, deux enfants du même âge interrogent leur père sur ce qui se trouve de l’autre côté de l’océan. D’un côté, comme de l’autre de l’album, au fil de leurs réponses qui convoquent souvenirs et connaissances, les illustrations pleine page se meuvent, se remplissent, transforment les paysages. Et le lien indubitable entre tous sur Terre se fait évident.
La mer nous unit, nous permet de nous rencontrer, mais colporte également ce que nous y laissons…
Cet album permet une prise de conscience et un débat écologique plus que nécessaire.
Bulle est un magnifique coquillage de l’Océan Indien qui vit dans le Quartier de Lune.
S’il est doué de pensées, Bulle ne peut se déplacer seul et s’en désepère.
Par un extraordinaire concours de circonstances, Bulle, arrive sur un bateau pirate avant d’être amenée sur la terre ferme où elle est vendue, volée, reprise, achetée, choyée, oubliée, délaissée puis comprise avec Petit-Pierre.
Bulle ou la Voix de l’Océan est un très beau roman d’aventures, d’apprentissage et d’amitié, du temps de la flibuste, qui regorge de métaphores et de réflexions sur le besoin d’avoir, sur les apparences et les illusions, l’espoir et l’évidence, sur les relations entre les hommes et avec la nature, et notamment la mer.
L’écriture est tendre, facétieuse, parfois cruelle, toujours poétique.
Son avis complet ICI.
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Pour clore cette sélection, Blandine vous propose deux films, des adaptations aussi belles que réussies de deux romans.
Suite à une chute de plusieurs étages qui le laisse un peu diminué, Pierre remet sa vie en perspective.
Ecrivain à succès, flambeur et fêtard à qui tout sourit, il décide d’entreprendre un long voyage à pied : traverser la France du Mercantour au Cotentin. Seul.
Ce voyage, c’est celui de la renaissance, du nouveau départ, et de sa reconnexion à l’essentiel et à lui-même.
Pierre est bourru et pas spécialement attachant, mais il s’attendrit. Il est parfois rejoint dans sa marche, ce qui l’ouvre.
Les paysages sont magnifiques, Jean Dujardin tient parfaitement son rôle, et le film est vraiment émouvant.
Harold Fry, retraité, reçoit un matin une lettre de son ancienne collègue Queenie qui lui annonce qu’elle est gravement malade.
Tant bien que mal, il rédige une réponse, forcément maladroite et qui ne le satisfait pas. C’est aussi pourquoi il n’arrive pas à poster sa lettre. Aussi va-t-il de boite postale en boîte postale jusqu’à appeler d’une cabine téléphonique la Maison de Santé où se trouve Queenie pour annoncer qu’il arrive, qu’il se met en marche dans l’instant et qu’elle doit tenir bon. « You will not die. Die you will not. » sera désormais son mantra.
Et il part comme ça, avec juste sa veste sur le dos et ses mocassins, son portefeuille et sans prévenir sa femme.
Le voyage sera long, 800 km, mais il va en sortir transformé.
Seul face à lui-même, il repasse le film de sa vie, ses échecs surtout, et fait des rencontres mémorables et empreintes d’humilité.
En parallèle, nous sommes aussi avec sa femme, laissée ainsi. Et nous comprenons comment ils en sont arrivés à vivre dans un quotidien sans aucun éclat, minuté, triste.
Jim Broadbent (qui a incarné le Professeur Horace Slughorn dans Harry Potter) livre ici une magnifique, émouvante et sincère prestation.
Son article complet sur le roman ICI
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La semaine prochaine, c’est Colette qui vous emmènera en voyage. D’ici là, retrouvez les billets de Linda qui prend le train, de Liraloin qui nous invite au voyage intérieur, et de Lucie qui nous emmène en Amazonie.