Forêts fabuleuses

Se laisser aller à la rêverie à l’ombre du feuillage, effleurer le tronc d’un arbre, prendre un grand bol d’air, pister les traces d’un animal, frémir en entendant une branche craquer… Suivez-nous dans les bois, avec cette sélection de romans et d’albums qui prennent pour décor des forêts féériques offrant de merveilleux terrains de jeux et d’exploration !

 

  • Lotte, fille pirate (Sandrine Bonini et Audrey Spiry, Sarbacane)

La forêt dans laquelle joue Lotte est une luxuriante savane africaine qui n’a aucun secret pour elle. Qui ne rêverait pas de pouvoir, comme Lotte, s’évader dans une jungle aussi généreuse ? Cet album est une véritable explosion de couleurs, un hymne à la nature la plus sauvage qui donne envie de s’enfoncer très loin dans la forêt, de s’y construire une cabane où admirer les trésors que renferment les bois et qu’il suffit de ramasser…

L’avis d’Isabelle (sur L’île aux trésors) et celui de Chloé (Littérature enfantine)

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  • Ronya, fille de brigands (d’Astrid Lindgren, Livre de Poche)

La forêt de Mattis est un bois moyenâgeux grouillant d’animaux sauvages et de créatures fantastiques. Mais c’est aussi un terrain de jeux extraordinaire pour Ronya et Rik : échapper aux trolls et aux sylves griffues, conquérir une grotte, pêcher, apprivoiser des chevaux sauvages… Les deux enfants explorent sans crainte cette forêt magique qui voit naître et grandir une belle amitié. Et qui pourrait bien offrir un refuge lorsque cette amitié est menacée par l’affrontement de leurs bandes de brigands respectives, rivales depuis toujours… Un célèbre roman de la grande Astrid Lindgren !

L’avis d’Isabelle (sur L’île aux trésors).

  • Dans la forêt, il y a(Annette Tamarkin, Les grandes personnes)

Il n’y  pas de raison que les tout-petits ne puissent pas explorer le mystère de la forêt : Je préfère cette ancienne édition à la nouvelle, c’est un album pour les petits que j’aime leur lire pour l’espace qu’il laisse et le bien belle balade qu’il procure à la recherche des secrets de la forêt.

L’avis de Pépita sur Méli-Mélo de livres

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  • Mon arbre (Ilya Green, Didier jeunesse)

Un bébé recherche son chez-soi, il sera accompagné d’un chat à travers la forêt. Un livre plein de poésie.

L’avis d’Aurélie d’Atelier de coeurs , celui de Bouma d’Un Petit Bout de bibliothèque , de de Pépita-MéliMélodelivres et de Chloé (littérature enfantine)

 

  • Le loup en slip (Lupano et Mayana Itoïz, Delcourt)

Que se passe-t-il quand le fantasme de la peur du loup disparaît ? La vie de tous les habitants de la forêt est bouleversée. Un livre humoristique qui fait un clin d’œil à la série BD Les vieux fourneaux.

L’avis d’Aurélie d’Atelier de cœurs et celui de Sophie

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  • Dans la forêt des drôles de bruits (Agnès Chaumié et Eva Offredo, Didier Jeunesse)

Un mélange de bruitages, de mélodies sonores et de comptines composent cet album malicieux à destination des tout-petits. Une manière délicate et amusante pour faire découvrir cet espace autrement.

L’avis de Bouma d’Un Petit Bout de Bib(liothèque) et celui de Sophie

  • Une Forêt (Marc Cantin, Circonflexe)

Un hymne à l’écologie et à la nature offert par la délicate esthétique de Marc Cantin. Car une forêt est un tout, autant un berceau qu’un abri, et qu’il faut en prendre conscience.

L’avis de Bouma d’Un Petit Bout de bibliothèque

  • Le doudou des bois (Angélique Villeneuve et Amélie Videlo, Sarbacane)

Un bel album aux couleurs de l’automne, alors que Georgette part à la recherche du doudou qu’elle a égaré la veille dans les bois. C’est abondant, plein de candeur, poétique et attendrissant.

L’avis d’Alice, de Pépita-Mélimélodelivres et de Chloé (Littérature enfantine)

 

  • Regarde dans la forêt ( Emiri Hayashi, Nathan)

Le petit renard de cet album invite les tout-petits à le suivre au coeur de la forêt et à rencontrer ses habitants. Jeux et découvertes sont au programme. Un joli tout-carton aux couleurs chatoyantes de l’automne !

L’avis de HashtagCéline et de Pépita-Mélimélodelivres

 

  • Bulle et Bob dans la forêt ( Natalie Tual, Gilles Belouin et Ilya Green, Didier Jeunesse)

« L’été s’en est allé, l’automne est là, l’automne est là » et c’est le moment idéal pour Bulle et Bob d’aller explorer la petite forêt à côté de chez eux. Comme à chaque fois, c’est très réjouissant de voir le monde à travers le regard frais et enjoué de Bulle et Bob.

L’avis de HashtagCéline.

  • Petit somme (Anne Brouillard, Seuil jeunesse)

La maisonnette en bois de grand maman est nichée au cœur de la forêt. Pas l’hostile forêt du loup, non, la forêt en fleur du printemps, celle qui sent bon et où on peut entendre chanter le colibri. D’ailleurs, il y fait si doux que grand maman sort le landau du bébé pour la sieste. Pendant qu’elle prépare la compote de pomme, tous les animaux de la forêt veillent sur le bébé endormi.

L’avis de Chloé (littérature enfantine) et celui de Pépita-Mélimélodelivres

  • Sauvage (Emily Hughes, Autrement jeunesse)

Personne ne sait comment cette fillette est arrivée dans la forêt, mais elle y a toujours été à sa place, avec les animaux qui lui apprennent à jouer, parler, manger. Jusqu’au jour où d’étranges animaux l’ont emporté dans leur voiture… L’avis de Chloé (littérature enfantine) et celui de Sophie

E comme Elzbieta et l’Enfance

DRCe sont les Editions du Rouergue qui ont annoncé le décès de la grande illustratrice ELZBIETA le 8 octobre dernier à l’âge de 82 ans à Paris.

Artiste plasticienne, les 60 albums qu’elle a créé sont tous reconnaissables à leurs couleurs et à l’infinie poésie si délicate qui en ressort.

Elle possédait ce regard singulier sur l’enfance et la comprenait si bien.

« L’enfance est la partie mystérieuse de l’humanité. Peut-être que les enfants nous sauveront tous un jour si on apprend à les regarder. Ce sont des génies« , avait-elle dit dans une interview à Télérama en 2014.

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Son dernier album « Petit fiston  » a été publié par Le Rouergue en 2013.

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Nos pensons qu’on a tous en tête un album de cette grande dame qui nous a marqué.

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Elle nous laisse une oeuvre majeure en littérature jeunesse, d’une très grande modernité.

Bon voyage Madame et merci !

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Lecture commune de l’album « Caché »

Il y a quelques mois, un OLNI est arrivé dans les livres pour les tout-petits : le premier roman des bébés « Caché ». Écrit par Corinne Dreyfuss et publié chez Thierry Magnier, c’est un album sans image qui nous a fortement intrigué À l’ombre du grand arbre !

Nous en avons donc discuté ensemble et voilà ce qu’on en dit…

Corinne Dreyfuss - Caché !.

 

Sophie : Les albums pour les tout-petits, on connait bien sous notre arbre, mais celui-ci avait une petite particularité ! Sur sa couverture, un bandeau annonce « Le 1er roman des bébés », vous vous attendiez à quoi avant de l’ouvrir ?

Pépita : À un roman ! Donc des chapitres, une histoire et des mots. L’idée de ce bandeau est d’ailleurs géniale. Ça intrigue ce mélange de livre pour adultes notifié par ce bandeau et un cartonné épais à la couleur pêchue. Et franchement, on n’est pas déçu !

Alice : Ah ben moi, je n’avais pas le bandeau… Donc, au visuel, j’ai été un peu décontenancée. Je savais que c’était « Le 1er roman des bébés » et pourtant je voyais là, un album cartonné petite enfance.

Bouma : J’ai été dans la même position qu’Alice. Sans le bandeau, pas d’indication autre part de cette spécificité, je l’ai donc ouvert comme n’importe quel album cartonné à destination des tout-petits.

Colette : Au départ je n’ai pas craqué pour la première de couverture essentiellement basée sur le graphisme des lettres du titre qui apparaissent et disparaissent au milieu des zzzz en ribambelles, mais je connaissais, grâce à vous mes copinautes, l’auteure et je savais à quel point ses livres permettent d’heureux moments de lecture avec des tout-petits. J’avais eu l’occasion de partager notamment un joyeux moment de lecture de Pomme pomme pomme lors d’une session de l’excellente lectrice des Petites Pousses ! Ce qui m’a le plus intrigué comme vous ce fut le bandeau qui accompagnait le livre en indiquant « premier roman pour bébés ».

Sophie : Alors qu’elle a été votre réaction en ouvrant le livre et en ne découvrant pas le début de l’histoire comme d’habitude, mais une préface ? Chose que personnellement je n’avais jamais vu dans un album cartonné pour les tout-petits.

Bouma : Étonnée, forcément. Et puis… je le dis ou pas… J’ai sauté la préface. Je ne lis jamais les préfaces. Je n’ai pas envie qu’on m’explique quelque chose avant d’avoir essayé moi-même de la comprendre.

Pépita : Je l’ai lue de suite… Patrick Ben Soussan ! Je ne peux pas dire que j’ai appris quelque chose au sens où je suis déjà profondément convaincue de ce qu’il y dit mais j’ai bien aimé sa façon de le dire : c’est juste, poétique et frais ! Et puis je savais que ce livre allait me plaire, beaucoup, beaucoup, beaucoup, alors cette préface c’est une mise en bouche qui m’a permis à la fois de me mettre dans le bain de ma lecture et d’en retarder le moment. Oui, tu as raison de le souligner Sophie que ce n’est pas commun une préface dans un cartonné pour tout-petits ! Mais tout n’est pas commun dans ce livre. Il a des allures de grand : bandeau, préface, typographies diverses, chapitres, pas d’images. une bien belle cohérence avec le concept affiché !

Alice : Une préface intéressante, mais qui me pose question. Elle ne nous apprend rien, à nous professionnelles convaincues, du rôle du livre dans le développement de l’enfant.
Mais justement, sera-t-elle lue et comprise ? Ne fera-t-elle pas peur à des parents « éloignés  » de cette approche ?
Je me pose alors la question : ce livre ne devient -il pas élitiste ?

Pépita : Oui je vois l’idée et tu as raison de la poser. En même temps je trouve que cette préface est adaptée justement aux parents : elle pose les bienfaits de la lecture au tout tout petit tout en esquissant ce qu’ils vont trouver dans ce livre. Car sinon je me dis qu’en le feuilletant, ils ne le liraient même pas ! Pas d’images, un I, II et III, des onomatopées, une typographie en zigzags, mais c’est quoi ce truc ? Au contraire, il s’adresse d’abord aux parents pour leur donner envie de lire ce livre. Je l’ai vu comme ça pour ma part. Et puis osons espérer qu’un roman ne leur soit pas inconnu ! Je trouve ça fort comme concept.

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Sophie : Je comprends ce que tu veux dire Alice. Mais comme Pépita, je l’ai trouvé bien écrite et j’ai aimé que ça aborde des choses simples de la lecture. En fait si je devais lui faire un reproche, c’est peut-être qu’elle est un peu longue ce qui peut rebuter un peu.

Bouma : La longueur de cette préface dans un livre pour les tout-petits peut en effet avoir quelque chose de repoussant pour certains parents. C’est une forme de médiation écrite, qui peut peut-être être complétée par une orale de la part des professionnels du livre puisque comme vous le dites nous sommes déjà convaincue des bienfaits de la lecture dès le plus jeune âge.

Colette : Je trouve la préface de Patrick Ben Soussan importante pour comprendre le concept du livre de Corinne Dreyfus, parce qu’il faut bien le dire, on est du côté de l’expérimental avec ce livre là ! Comme vous, je ne pense pas qu’un parent non averti aille vers Caché sans savoir ce qui s’y joue. Ce qu’il dit du regard du tout petit, de son attention porté aux signes sur la page, au visage et à la voix de ses parents quand ils lisent, est vraiment clair sans être jargonnant. Grâce à cette préface le parent est invité à lire, encore et encore, et de TOUT à son petit (même Le petit livre Rouge et le Dalloz !) et cette parole on ne l’entend pas souvent en tant que parent. C’est une belle invitation que cette préface, une invitation à lire Caché mais surtout à lire tout court avec son bébé.

Sophie : Il est maintenant temps de passer à la lecture du livre à proprement parler. Quelles ont été vos réactions en découvrant l’histoire, le fond comme la forme ?

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Pépita : Une bien belle narration découpée en 3 chapitres avec la porte qu’on ouvre et ferme pour marquer le passage entre le dedans et le dehors, une typographie qui suit ce qui est dit dans le texte, c’est un régal à lire à haute voix, un album qui induit du jeu dans le jeu. Perso, je suis totalement fan. Une façon de renouveler ce jeu du coucou-caché si apprécié des petits, qui symbolise à merveille la séparation et les retrouvailles.

Colette : Si on ne fait que survoler le livre on passe complètement à côté de son inventivité – ce qui a failli être mon cas si vous n’aviez pas lancé une lecture commune sur ce livre hors du commun – des mots qui partent dans tous les sens, du noir et blanc, aucune image, voilà bien un livre pour tout-petit très étrange. Comment vont-ils s’y retrouver nos bébés lecteurs ? Et bien ils vont s’y retrouver parce qu’ils vont y être accompagnés. Ce livre recèle des pouvoirs magiques, il nous invite à proclamer à haute voix de drôles de formulettes. Car une chose est sûre ce livre là est fait pour être joué, comme une pièce de théâtre en quelque sorte, plus qu’un roman d’ailleurs.

Bouma : J’ai été happée par la forme, peut-être un peu au détriment du fond puisqu’il m’a fallu une seconde lecture pour apprivoiser le sens de ce « coucou-caché-je suis là ». On est sur une situation très commune chez le tout-petit qui adore cette forme de jeu, le contexte de ce roman est donc partie prenante de son intérêt. Du côté forme, la typographie permet à tout adulte, même non initié, de mettre facilement les intonations. C’est très intuitif.
Et petit plus, il y a vraiment toute la forme du roman : en plus du découpage en chapitre, on retrouve dans l’en-tête de chaque page la pagination et un rappel du titre du chapitre.

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Alice : La première page surprend et ce n’est qu’à partir de l’interrogation de la deuxième page que l’on comprend le mécanisme de ce roman. De suite, notre cerveau entre en action et on a envie de le lire à voix haute. La typographie y est pour beaucoup et les intonations sont faciles à mettre en place. Arrive le deuxième chapitre et l’on comprend alors le jeu de l’auteur et tout est si complémentaire que les images viennent à nous sans qu’il y ai besoin d’illustrations. le livre pend vie sous nos yeux et dans notre tête : ce procédé est très fort !
Si la forme est indiscutable, le fonds l’est tout autant. On sait bien que ce jeu de coucou-caché fonctionnera parfaitement bien auprès des tout-petits. Bref, rien à redire sur cet album-roman innovant et tellement bien maitrisé !

Sophie : Vous êtes toutes assez conquises par ce livre mais l’avez-vous testé avec des enfants ? Pour quel âge le conseilleriez-vous ?

Bouma : Testé deux fois cette semaine avec des petites sections et leurs accompagnants et je dois dire que j’ai été assez bluffée par son impact.
Les enfants avaient du mal à se centrer autour des livres et des histoires lues jusqu’à ce que je leur sorte. Dès les premiers mots, ils se sont tus et on regardé le livre avec curiosité. J’ai senti que les adultes étaient également intrigués par le principe du livre. Et quand je leur ai demandé qu’elle était la différence avec les autres livres (c’était une animation autour des livres extraordinaires que l’on trouve à la bibliothèque), ils m’ont répondu qu’il n’y en avait pas. De même, ils pensaient tous qu’il y avait des images… La typographie leur apparait donc telle qu’elle est : une représentation graphique du texte.

Sophie : Oui l’effet est chouette ! Je l’ai lu hier et aujourd’hui avec des maternelles, ça les captive. Et on dirait qu’il voit le personnage jouer à cache-cache, c’est marrant, le fait que ce ne soit pas représenter ne les perturbe pas du tout.

Colette : Je pense que ce livre se savoure dès la naissance grâce à ses beaux contrastes en noir et blanc, ses lettres de toutes les tailles, ses signes qui captent le regard. Et je pense qu’il sera pleinement apprécié par les enfants de 3-4 ans qui en saisiront toute la dimension ludique qui fait écho à ce jeu adoré du cache-cache, avec son inquiétant compte à rebours, sa mystérieuse attente, ses étranges déambulations. Et même plus grand, l’enfant pourra apprécier l’ingéniosité de l’auteure qui se joue de nous dans cette mise en abyme finale qui referme la quête sur son lecteur.

 

Si vous voulez en lire encore plus sur cet album, voilà nos avis : Pépita, Bouma et Sophie.

Et vous l’aurez compris, on vous invite très fortement à lire cet album et à le partager avec les enfants… et les adultes !

Les lauréats du 4ème Prix A l’Ombre du Grand Arbre

6 ans que ce collectif de blogueuses (et oui, que des filles !) existe et qu’il partage avec passion son amour de la transmission de cette si belle littérature jeunesse. Nous avons eu envie il y a quatre ans de créer notre prix !

Cette année, les catégories ont évolué et ont pris une connotation arboricole. Nous avons sélectionné et voté en interne les livres et applications numériques qui nous ont séduites, puis nous vous avons sollicité pour voter à votre tour. Vous avez été plus de 300 à donner votre avis et nous vous en remercions.

Fin du suspense !

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Et voici donc, en ce jour opportun de blog anniversaire, les lauréats de la quatrième édition du Prix A l’Ombre du Grand Arbre :

Catégorie Brindilles: Albums Petite enfance

Caché ! Corinne Dreyfuss Editions Thierry Magnier

Catégorie Petites feuilles: Albums pour les plus grands

Quand j’étais petite… Sarah O’Leary et Julie Morstad Editions L’Etagère du bas

Catégorie Grandes feuilles : Romans jeunesse jusque 11 ans

Pax et le petit soldat Sara Pennypacker et Jon Klassen Editions Gallimard jeunesse

Catégorie Belles Branches : Romans ados à partir de 12 ans

Naissance des cœurs de pierre Antoine Dole Editions Actes sud junior

 

Catégorie Branches dessinées : Bandes dessinées

La guerre de Catherine Julia Billet et Claire Fauvel Editions Rue de Sèvres

Catégorie Sous-Bois : OLNIS (Objets Littéraires Non Identifiés)

Demain entre tes mains Cyril Dion et Pierre Rahbi Editions Actes sud junior

Catégorie Branches virtuelles : Applications numériques

La grande histoire d’un petit trait Editions La Manufacture XN

Un grand bravo aux lauréats et à l’année prochaine ?!

Une humanité en « Petit point »

La semaine dernière, on vous proposait une sélection de livres sur le thème de l’exil ici. Poursuivons avec l’album Petit point de Giancarlo Macri et Carolina Zanotti publié chez Nuinui qui offre un beau message d’espoir pour les générations futures.

À l’ombre du grand arbre, on l’a lu et voilà ce qu’on en dit !

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Petit point, un titre énigmatique et une couverture qui en est remplie, une quatrième de couverture qui n’en dit guère plus : « Des petits points pour découvrir un monde meilleur. Un livre pour tous les petits, même ceux qui ont grandi. ». Qu’est-ce qui vous a donné envie d’ouvrir cet album et qu’est-ce que vous en attendiez ?

Pépita : C’est d’abord l’éditeur que je ne connaissais pas qui a aiguisé ma curiosité. Après, je n’en attendais rien de spécial, si ce n’est de la curiosité. Des petits points partout et un petit point en titre… je me suis dit : sur la différence ? Ce n’est pas nouveau ce point de vue en littérature jeunesse.

Colette : Ce qui m’a donné envie de lire cet album c’est ma bibliothécaire préférée comme souvent ! À la médiathèque, Il y a une étagère consacrée aux nouveautés et aux prix de lecture : Petit point y était présenté dans la sélection du prix de la ville 2016-2017 dans la catégorie Pépite-lecteur en herbe 10/12 ans. Gage de qualité par excellence pour moi. Mais comme Pépita, j’avais déjà lu de nombreux albums qui utilisaient le point de manière symbolique pour aborder des sujets d’ordre moral ou philosophique. Alors, j’étais intriguée : qu’offrait-il de neuf cet album là pour être dans la super sélection de ma médiathèque de choc ?

Et alors, qu’avez-vous trouvé comme histoire dans ce livre ?

Pépita : Une vision très symbolique et très parlante de l’immigration, de la pauvreté, de l’histoire, une bien belle approche de la tolérance, de l’ouverture à l’autre. Mais plus que cela, ce que j’ai vraiment apprécié, ce sont les différents niveaux de lecture de l’approche. Je pense que du coup on peut l’utiliser avec différentes tranches d’âges. Et quel support épatant pour parler de politique au sens large avec les enfants !

Une histoire sur l’immigration : pas facile comme sujet. Qu’avez-vous pensé de la façon dont l’album est traité ?

Pépita : J’ai trouvé que l’approche était simple, avec des mots concrets mais surtout ce qui rend plus explicite le sujet, ce sont justement les petits points : le livre devient support narratif de l’idée avec ces petits points qui se déplacent d’une page à l’autre pour exprimer l’abondance des uns, la pauvreté des autres, que ce sujet est politique mais que si les citoyens se donnent la main pour aller vers l’autre, alors tout est possible. Une enseignante là où je travaille était dubitative lorsque je l’ai présenté en comité de lecture. Je lui ai suggéré de tenter. Elle a une classe de CM2. Au début les élèves ont trouvé cela trop simple puis rapidement l’approche prend de l’épaisseur et là le débat a éclaté dans la classe. Elle a eu l’idée de le donner à un collègue de CE1 et là pareil, pas au même niveau mais les enfants ont aussi été passionnés.

Colette : Certes aborder le sujet de l’immigration dans un album jeunesse c’est aborder un thème complexe et j’imagine que l’album ne se lit pas du même œil selon que l’on est un petit point blanc ou un petit point noir… Pour ma part je trouve particulièrement réducteur de n’aborder ce thème que sous l’angle matérialiste : les petits points noirs ne sont ils seulement heureux dans leur pays que parce qu’ils ont des maisons, des jeux et des hamburgers ? Et les petits points blancs que parce qu’ils n’en ont pas ? N’y a t il pas un petit quelque chose en plus qui permet à tous ces petits points noirs de vivre en harmonie ? Et qu’est ce qui pousse ces petits points blancs à quitter leur page ? Si j’apprécie tout particulièrement le graphisme et le format de cet album, le texte qui l’accompagne est pour moi trop minimaliste pour un sujet aussi complexe. Sans texte il aurait peut être même eu encore plus d’impact.

Mais ce côté matérialiste n’est-il pas là pour simplifier le propos ? Finalement, ça n’empêche pas de se situer dans l’histoire, on comprend vite de quel côté on est et aussi ce que l’on peut apporter. C’est d’ailleurs là-dessus que se poursuit l’histoire, qu’avez-vous pensé de ce dénouement en « happy end » ?

Colette : Si nos bibliothécaires engagées lisent cet album aux familles issues de l’immigration, crois-tu qu’ils pourront se dire qu’ils ont quelque chose à apporter ? Qui apporte quelque chose ici ? C’est Petit point noir qui s’en va « coloniser » la page de Petit point blanc pour lui apprendre à construire, à faire à manger et à s’amuser. Mais qu’apporte Petit Point blanc à part sa détresse et sa pauvreté ? Bien sûr, je projette sur cet album ma connaissance de l’histoire du monde et mes préoccupations d’adulte mais à l’heure où le sujet des migrations est particulièrement d’actualité sur notre sol, il me semble que cet album ne développe pas une vision de l’accueil et de l’échange réciproque à laquelle je suis profondément attachée.

Pépita : Je ne dirais pas qu’il simplifie le propos mais qu’il est aussi dans l’air du temps non ? D’un côté les riches (avec des symboles de riches) et de l’autre les pauvres. Le dénouement montre tout simplement dans sa symbolique de la main tendue que tout est possible, qu’il suffit d’un peu de bonne volonté. Je pense aussi qu’il faut faire confiance aux enfants pour se l’approprier avec justesse parce que nous adultes, nous y projetons nos propres filtres (matérialisme, colonialisme, etc…). Cependant, je trouve que le propos prend une autre tournure avec la symbolique de l’hémicycle parlementaire. D’une approche à première vue enfantine, le débat se place alors sur un autre niveau. La fin, très positive, démontre alors que c’est à tous de s’y mettre.

Oui Colette je perçois très bien ce que tu veux dire mais je ne le vois pas pareil : au contraire cet album montre une réalité, celle d’hier et d’aujourd’hui. Il part de cette réalité-là. Il montre que ça s’est passé et que ça se passe comme ça mais qu’une autre voie est possible : celle de la solidarité, celle de la main tendue mais à égalité. Et que c’est à tout niveau que chacun peut agir et qu’on n’est pas dans qui apporte plus ou moins, chacun peut apporter ce qu’il peut dans un partage équitable. C’est ce qui m’a en tous cas sauté aux yeux avec ces petits points, que j’ai fini par voir comme des êtres humains.

Michelangelo - Creation of Adam.jpgColette : J’avoue que je reste très dubitative sur le symbole finale des mains tendues car j’y ai vu à première lecture une réécriture du tableau de Michel-Ange : La création d’Adam. Du coup je ne comprenais pas vraiment ce que ce tableau venait faire là. Si la réécriture n’est pas volontaire elle m’interroge vraiment !

Pépita : Oui j’y ai vu ce tableau mais aussi l’universalité du geste. Oui on peut dire aussi qu’il aborde la politique de l’immigration, je suis aussi d’accord avec ce point de vue mais il tente de l’englober dans une vision plus humaniste, non ?

Sophie : Ce que j’ai eu envie d’y voir dans cette fin faite de générosité et d’entraide, c’est surtout une ligne à suivre pour les générations futures. Alors qu’aujourd’hui, chacun garde bien pour lui ce qu’il a, dans cette histoire, que ce soit dans le cadre de l’immigration ou non, on propose autre chose. Je trouve que cette invitation à l’entraide, ou à l’aide tout court si l’autre n’a rien a proposé dans l’immédiat (quoique on construit toujours mieux à plusieurs), est belle. Je doute que les enfants qui grandissent aujourd’hui baignent dans cette culture du partage avec autrui alors un tel message me donne envie de le partager.
C’est ce qui m’a touché dans ce livre, au delà de la question de l’immigration, on prône la générosité et pour moi c’est une lueur d’espoir pour les générations à venir.

Qu’avez-vous pensé du graphisme de cet album tout en noir et blanc, fait de points ?

Retrouvez les contes de Warja Lavater sur le site des Editions MaeghtColette : Le graphisme est pour moi l’atout indéniable de cet album : utiliser le point, signe commun à toutes les langues, à tous les humains et ce dès le plus jeune âge pour symboliser l’humanité à la fois dans sa diversité et dans sa multiplicité est à la fois très simple et très ingénieux. J’ai toujours apprécié les artistes qui utilisaient des symboles pour raconter des histoires comme la génialissime Warja Lavater dans sa réécriture des contes traditionnels. Et je trouve que le grand format de l’album participe de l’esthétique de ce livre et nous offre une sacrée vue en plongée sur cette immense humanité de points noirs et blancs.

Pépita : Je vous rejoins sur le graphisme, c’est extrêmement parlant, bien mieux que tous les discours.

Voilà un petit aperçu en vidéo de l’album Petit point, par la librairie Decitre.

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Comme le disait Pépita plus haut, l’éditeur n’a pas été pour rien dans notre envie de découvrir cet album. En effet, c’est une toute jeune maison d’édition suisse et on a eu envie d’en savoir plus sur leur structure et sur cet album.

Interview de Marcello Bertinetti, éditeur chez Nuinui

Nuinui est une toute jeune maison d’édition. Pouvez-vous nous expliquer sa genèse ?

Nuinui a été fondée au printemps 2014 par moi-même, à Chermignon en Suisse.
Je suis le fondateur d’une autre maison d’édition, les éditions White Star, en 1982, et j’ai beaucoup d’expérience dans ce domaine.
Nuinui signifie « Grandgrand » dans la langue polynésienne.

Vous publiez des livres sur des sujets de société contemporains comme Petit point. Est-ce militant de votre part ? Ou une envie de se démarquer dans le paysage éditorial jeunesse actuel ?

Nous publions beaucoup de sujets dans le domaine de la jeunesse, et on a accepté avec enthousiasme de publier Petit Point, car on l’a trouvé original et extraordinaire.

À côté de ça, vous avez aussi une grande place pour les livres de loisirs créatifs et les livres animés. Qu’est-ce que vous souhaitez mettre en valeur dans ces genres là ?

Nous sommes spécialisés dans le domaine des origamis, et je pense qu’on est l’éditeur leader dans ce domaine en langue française.

Vous éditez en français et en italien. Comment s’est fait ce choix ?

Je suis d’origine italienne et je connais bien le marché italien.
Maintenant je vis en Suisse romande et publier en français est impératif et important.
Comme on fait la création des livres, c’est un important investissement, on peut partager ces coûts entre les deux éditions et ça nous aide dans l’économie du livre.

Comment travaillez-vous avec les auteurs ?

On travaille avec beaucoup d’auteurs pour les différents sujets, et il n’y a pas une seule règle.

Giancarlo Macri et Carolina Zanotti - Terre.Quels sont vos projets éditoriaux à venir ?

Cet automne on publie un autre titre exceptionnel de Macrì et Zanotti, les auteurs de Petit Point : Terre. Ce titre lance un message aux enfants pour sauvegarder la nature et notre monde qui est en péril.

On a aussi d’autres titres importants pour la jeunesse, pour les loisirs créatifs Peter Skinner - New York - Un siècle de photographies aériennes.et origamis, comme en particulier : Origami modulaires d’exception de Tomoko Fuse, japonaise, une des créatrice d’origamis les  plus importantes au monde.

On publie aussi un grand titre illustré de grand success: New York un siècle de photographies aériennes, de Peter Skinner.

Pour en revenir à Petit point, on peut dire que c’est un album qui parle d’un sujet particulièrement d’actualité. C’est un livre qui suscite le débat notamment selon si on se trouve du côté des points blancs ou des points noirs. A quel âge le conseilleriez-vous ?

On aime dire que « c’est un livre pour tous les enfants, même s’ils sont adultes ! ».
De 1 à 99 ans ! Mais plus sérieusement pour les enfants de 5 à 12 ans.
Le Petit Point à été publié en français, italien, anglais, allemand, espagnol et chinois !

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Merci à l’éditeur Marcello Bertinetti pour ses réponses et à Pépita et Colette pour m’avoir suivie dans cette lecture !