« 9e jour – Samedi 17 octobre 1914
La nuit a été calme, on n’a pas revu de Français. Ce matin on a essayé de cuire du pain sans levain au grand four. C’est du véritable tourteau. Il faudra bien s’en contenter et s’il y en a encore au boulanger, j’en doute, il n’y a plus moyen d’en aller chercher.
Vers huit heures on commence à entendre des coups de fusil dans la direction de Fromelles mais plus près; Il arrive maintenant des Français que l’on voit passer chez Fournier, il y en a en vélos, à pieds. Une mitrailleuse est portée au Boer, beaucoup se plaçant dans les fossés. Une fusillade continue depuis 9 heures. Passera-t-on la nuit prochaine au milieu des Allemands ou des Français ? Anxiété ! À 2h1/2, tout est noir. Troupes françaises sur le gravier jusqu’à chez Julien Leplus. La pâture de chez Fournier s’emplit, on les voit qu’ils portent des sacs pleins sur leur dos, qu’ils prennent chez Fournier.
Vers 3h les Anglais placent des canons vers l’estaminet du trou et bombardent le village de Fromelles pour y déloger les Allemands qui s’y sont fortifiés. Une mitrailleuse était montée au clocher. Ils ont aussi envoyé des bombes sur le vert touquet où des maisons ont eu à souffrir mais la plupart ont éclaté un peu en deçà. »
par Désiré Delporte – écrit d’octobre 1914 à mars 1917 –
J’essaye de me repérer dans cette vue panoramique des alentours, lorsque Désiré Delporte note la direction quand laquelle il entend les combats. Il écrit chaque jour, sauf quand il est malade et doit garder le lit. Il note ce qu’ils mangent, le déplacement des troupes et se désole de cette guerre qui dure, des semis qui ne seront pas faits à temps.
Cet aïeul, je ne l’ai pas connu, par contre son petit fils, l’Oncle Joseph, je suis souvent allée prendre le goûter chez lui. Il y était là-bas à Fromelles, dans le nord de la France, en 1914. Il était enfant, au milieu de la Guerre. En lisant les carnets de cette arrière-arrière-grand-père, je l’imagine sous les bombes à Fromelles, puis déporté à Lille. J’ai eu connaissance trop tard de ces carnets. J’étais trop petite pour faire le lien entre la Guerre des livres d’Histoire et cet oncle, là bien vivant. Lorsque j’ai lu ces carnets, il n’était plus là, pour répondre à toutes mes questions.
C’était un enfant pendant la Guerre. Comme ceux dont il est question dans cette émission de radio, il a peut être jouer aux tranchées, peut être …
La Grande Guerre à hauteur d’enfant
à écouter ICI.
– La Marche de l’Histoire du mardi 11 novembre 2014 sur France Inter –
avec Jean Lebrun et Manon Pignot
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Une adolescente qui s’engage et part au front, pour échapper à sa famille.
Un regard sur la société de 1914, sur la place d’une jeune fille au milieu de la Guerre.
Un roman que je vous conseille, car il y est aussi question de la vie à l’arrière du front.
Là où l’Oncle Joseph était, et attendait la fin de la Guerre.
Le choix d’Amélie de Catherine Cuenca, Oskar, 2014.