LC Eleanor & Park

eleanor & park

Deux personnages dessinés de dos, reliés par le fil d’un casque de walkman, et sur le dessin de cette couverture on pressent déjà toute la grâce et la singularité de leur histoire. Eleanor & Park a été un des romans de l’été. Grand succès à l’ombre de notre grand arbre, il a été un incontournable du swap ALODGA … Et comme c’est bien en ce moment qu’on a encore envie d’un peu d’été, on va en reparler !

*C du Tiroir : Nous étions plusieurs à l’ombre du grand arbre à avoir très envie de lire Eleanor & Park avant que l’un(e) de nous ne le fasse. L’auteure, Rainbow Rowell n’était pas encore connue en France. Qu’est ce qui vous attirait dans ce roman ?

Kik : La couverture !

Carole : Clairement la couverture m’a plu tout de suite, et le titre aussi !

Pépita : Moi, pas du tout, c’est l’histoire qui m’a attirée…Vous en aviez parlé, je ne l’aurais pas repéré de suite j’avoue…et puis, j’ai craqué et j’ai drôlement bien fait !

Céline du flacon : J’ai d’abord été attirée par sa couverture. Je l’ai pris en main, me suis questionnée sur cette auteure au prénom poétique et puis l’ai redéposé, un peu freinée par le prix…Puis, les premiers avis enthousiastes lus à gauche et à droite m’ont décidée ! Une semaine après, je l’achetais, entamais les premières lignes en soirée pour ne plus le lâcher avant la fin, au petit matin !

Solectrice : Moi aussi, j’ai d’abord été contaminée par votre enthousiasme pour ce roman. J’étais également intriguée par le dessin de la couverture, qui promettait une certaine harmonie et me donnait l’impression d’entrer dans une bulle pour rejoindre ces personnages de dos…

*C du Tiroir : L’alternance de points de vue est un procédé de plus en plus souvent utilisé dans les romans jeunesse. Les personnages y gagnent en épaisseur, en sensibilité, et le récit en est enrichi et rythmé. On vit l’histoire à travers deux regards, et on se rend compte que souvent, certains événements ne sont pas du tout perçus de la même façon par les différents protagonistes (comme dans la vie !). Un exemple qui vous revient ?

Pépita : Il y en a pas mal dans le livre en effet : Park fait souvent les réponses à la place d’Eléanor, mais il faut dire qu’il lui manque beaucoup d’éléments de sa vie compliquée. Il est si peu sûr de lui et et tellement ébloui par elle ! Il ne sait pas trop comment s’y prendre avec elle, elle est comme un mystère. Ils s’imaginent chacun des choses sur leur famille respective d’où les quiproquos.

Carole : Une scène me revient : ils se retrouvent à l’arrêt du bus le lundi matin. Eleanor se met à rire quand elle aperçoit Park et  » glousse comme les personnages de dessins animés, les joues écarlates et des petits cœurs leur sortent des oreilles. C’était ridicule !  » Quant à Park, il a envie de courir à sa rencontre, de la prendre dans ses bras et de la soulever dans les airs. « Comme les types dans les séries à l’eau de rose que sa mère regarde. C’était merveilleux ! »… Voilà qui illustre bien les différences du point de vue du vécu et du ressenti des 2 amoureux.

Céline : Pour moi, c’est leur première rencontre dans le bus. Chacun voit l’autre avec les œillères de monsieur tout le monde, un regard qui juge sur l’apparence sans chercher à voir plus loin… Pour Park, Eleanor n’était pas seulement nouvelle, elle était grosse et gauche ». Pour Eleanor, elle hésite : Park fait-il partie des « suppôts de Satan » du fond du bus ou n’est-il qu’un Asiatique débile ? Heureusement, ils vont l’un et l’autre dépasser peu à peu cette première impression.

Solectrice : Cette alternance m’a beaucoup plu. Pour explorer le sentiment amoureux, les doutes naissant de ces nouvelles sensations (Park ne cesse de s’interroger sur ce qu’éprouve Eleanor pour lui), la façon d’imaginer l’autre pendant son absence (chaque détail est revisité sur ce qui attire Eleanor chez Park par exemple), le manque dévorant et qui semble unique à chacun… j’ai aimé découvrir ce que chacun pensait. Et j’ai trouvé qu’il y avait pourtant de la pudeur dans l’utilisation de la 3e personne (ce qui n’est pas habituel dans un roman à plusieurs voix).

*C du Tiroir : Dans Eleanor & Park, les parents sont des personnages intéressants et assez uniques qui occupent une place plus importante que dans beaucoup d’autres romans ados où ils sont soit inexistants, soit beaucoup plus secondaires. Parlez-moi d’eux.

Pépita : Le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs parents respectifs sont à l’opposé ! Pour Eléanor, c’est très compliqué…une mère très soumise à son beau-père violent et alcoolique, un père dont elle a honte. C’est très dur ces pages-là, car rien n’est vraiment dit clairement, on est dans les ressentis, dans un flou malsain et ça met mal à l’aise. Pour Park, je les ai trouvés particulièrement géniaux : très à l’écoute, dans le dialogue mais aussi avec des repères. Ils le laissent aussi faire ses propres expériences, en tirer des conclusions, le laisser venir à eux quand il en a besoin. Ils sont très vigilants, mais de loin. Du coup, cela impressionne Eléanor, ça ne lui semble pas crédible ce modèle parental là. D’un côté, des parents qui empoisonnent et de l’autre, des parents qui épanouissent.

Carole : C’est vrai qu’ils sont dans deux modèles opposés : une famille soudée pour Park et une recomposée pour Eleanor. Mais justement, c’est toujours intéressant d’observer comment 2 ados n’ayant pas le même schéma familial se construisent et à quel point ces schémas sont révélateurs de leur personnalité ! Ils sont faits de ça aussi, et ça se ressent dans leur façon d’appréhender l’autre. Confiance et sérénité pour Park, angoisse et confusion pour Eleanor.

Solectrice : On découvre en effet des univers contradictoires, complexes et énigmatiques que les adolescents percent par moment mais qui gardent un voile de mystère. Je voulais aussi en apprendre plus sur la mère de Park (mère aimante, déterminée, mais qui semble aussi si fragile).

*C du Tiroir : Tout à fait d’accord avec le « flou malsain » dont tu parles, Pépita.
Je me suis beaucoup interrogée sur le personnage de la mère d’Eleanor. C’est un personnage complexe, défaillant quoique bienveillant. Elle est assez peu décrite et sa relation avec Eleanor, qui est à la fois aimante et lointaine est dépeinte tout en implicite. A la lecture, j’ai oscillé entre l’empathie et la colère/incompréhension à son égard. C’est l’adulte le plus effacé, et aussi celui que j’aurais voulu voir plus approfondi. Et vous ? D’autres ressentis ?

Pépita : Je te rejoins totalement. En fait, la mère d’Eléanor est prise entre deux feux : elle est dépendante de cet homme financièrement, elle est sous sa coupe et c’est terrible. Elle sait que c’est insupportable pour Eléanor mais elle tente de la faire entrer dans un moule acceptable pour une sérénité apparente pour la famille. Maladroitement, elle essaie de garder le contact avec sa fille et c’est déjà bien. Mais c’est terrible aussi car cela annihile toute confiance en soi et toute relation sincère entre enfants et parents. Elle sacrifie ses enfants au nom de cette paix relative par peur. J’ai trouvé Elénanor exemplaire dans ce no man’s land affectif : elle fait très bien la part des choses, mais en même temps l’amour que lui porte Park est trop pour elle, ça la paralyse, elle n’a pas les clés. Park lui ouvre peu à peu ce chemin-là mais sera-t-elle jamais prête à aimer entièrement ?

Carole : Exactement Pépita ! C’est pour ça que je parlais d’angoisse et de confusion au sujet d’Eleanor. Et effectivement, elle s’en sort plutôt bien vu le poids des bagages familiaux. Comment se représenter l’amour comme une chose épanouissante, où chacun a sa place et peut s’exprimer en liberté, quand ton quotidien est pétrifié de silences, de petitesses en tout genre et sous conditions permanentes ?

*C du Tiroir : Pas forcément adepte des histoires d’amour pour ados, la lecture d’Eleanor & Park m’a complètement charmée, sans que j’arrive à tout expliquer de la magie qui s’est opéré. Il y a la grâce et la pureté de cet amour naissant, la justesse de ces premiers moments, je crois que tout ça m’a rendu très nostalgique… Le background aidant : les année 80, les walkmans et les Cure…
Et vous ? Vous êtes vous « envolé(e)s » ? Qu’est ce qui vous a plu ? touché(e)s ? séduit(e)s ?

Pépita : Ce qui m’a particulièrement touchée, c’est la délicatesse qui émane de ces deux êtres, l’attente qu’ils ont inassouvie l’un de l’autre, leur absolu aussi. Malgré les difficultés de la vie, malgré les autres, ils construisent envers et contre tout leur bulle de bonheur et s’en nourrissent comme s’ils s’agissait de leur survie. Ils ont remué en moi une tendresse infinie qui reste intacte après quelques mois de la lecture de ce roman.

Céline du flacon : Dans l’histoire, le professeur de littérature pose la question du succès de Roméo et Juliette. Park répond que c’est parce que les gens aiment se rappeler ce que c’est que d’être jeunes, et amoureux. C’est exactement ça avec ce titre. Aux côtés de ces deux personnages plus vrais que nature, on replonge avec délice dans ce flot d’émotions lié à un premier amour, pur et sincère. On vibre, on vit, on re-vit ! Bien sûr, il y a aussi un côté plus noir à ce récit mais celui-ci ne fait que renforcer ce petit miracle : la rencontre de deux êtres que tout oppose ! Les références culturelles aidant, tout ça m’a rendue très nostalgique aussi Céline…

Carole : oui la nostalgie des premiers émois amoureux, notamment la scène du premier baiser : grandiose d’authenticité ( j’en ai encore les mains moites et des frissons), les gestes maladroits et touchants, les silences qui en disent long. Et puis comme toi Céline, l’ambiance des 80’s, la musique des Cure, le trajet pour le collège. Simplicité et universalité sont les vecteurs de ce roman.

Nathalie : J’ai été extrêmement touchée par la scène du premier coup de téléphone. Cela a remué en moi une nostalgie sans borne, sans doute, effectivement, liée au fait qu’il s’agit d’un premier amour et que l’histoire se passe à l’époque de ma propre adolescence (walkman, téléphone avec rallonge de 50 mètres, relations au collège et au lycée, etc.). Ces deux voix comme un souffle, qui se parlent juste et vrai, avec tant de tension et de délicatesse, cette obstination à faire attention à l’autre, à tendre, à attendre, dans la bulle créée par le téléphone et ses fils, dans le noir… Comment ne pas vibrer ? PS. Lu en numérique, bien sûr

Pépita : C’est marrant, quand je vous lis : je ne suis pas du tout nostalgique des années 80…Nos propres souvenirs sont bien souvent fantasmés. Ce n’est pas du tout cet aspect-là du roman qui m’a accrochée… Dans ce roman, il y a la fulgurance de ce premier amour mais aussi et surtout un fond de relations familiales très dur. J’ai ressenti aussi une sourde angoisse tout du long qui m’a en quelque sorte mise en garde en permanence. Pas une lecture si sereine que ça en fait.

Carole : La tension que tu évoques Pépita, je l’ai aussi ressentie…mais davantage concernant la fin potentielle de leur relation…. parce que si on aime à se rappeler ce qu’est l’état amoureux, on aime aussi à croire que ça durera toujours, non ?

Céline du flacon : Même ressenti que vous deux, Carole et Pépita. Cette double inquiétude quant au devenir de leur relation d’un côté et le harcèlement malsain vécu par Eleanor d’autre part m’a tenue également en haleine jusqu’à la toute dernière page… Je ne pouvais croire que la noirceur l’emporterait !

Solectrice : Le cadre des chansons, des comics, et des séries télé des années 80 ne m’enchantait pas particulièrement (car je ne partageais pas beaucoup de ces références) mais j’ai apprécié l’idée de camper ainsi le décor pour ajouter à l’intimité de ces deux personnages étonnants.
J’ai été touchée par la découverte de l’amour chez ces deux adolescents si différents, par le changement de regard de Park vis à vis d’Eleanor. J’ai apprécié la force que déploie la jeune fille pour s’extirper des noirceurs de sa vie. J’ai été séduite aussi par la tendresse de Park, par le cocon qu’il tisse autour d’Eleanor.

Je me suis laissée emporter, tout comme Céline, par le flot d’émotions de ces premiers instants. J’ai entendu battre le cœur de ces jeunes amoureux, j’ai retrouvé aussi ces impressions, ces maladresses, ces emportements des premières amours. Quelle écriture !

Kik : Je vous lis et … je n’ai plus envie de vous lire, j’ai plutôt envie de relire le roman. Je l’ai avalé pour savoir la suite, la fin, l’issue. Mais il y a cette sensibilité qui s’est évaporée […]. Je vous laisse papoter et je change le roman de pile de « A chroniquer » il retourne dans « À lire ». J’ai envie de m’imprégner un peu plus. Là j’ai du mal à mettre des mots sur mon ressenti. A part dire « oui, il était bien. Il faut le lire. » Pourquoi ? Quel point m’a le plus plu?

*C du Tiroir : Une dernière question sur la fin, qui reste un peu ouverte. Il ne serait de bon ton d’éviter de gâcher ici le plaisir à ceux qui ne l’ont pas encore lu, alors allons y avec précaution… Disons que la fin reste (entr)ouverte. J’ai pu lire sur le blog de Noukette qu ‘ « il ne pouvait pas y en avoir de meilleure ». C’est peut être vrai, et pourtant je l’ai quand même trouvée un peu frustrante… Et vous ?

Pépita : Oui et non en fait. Oui parce qu’on tombe sous le charme de cette belle histoire d’amour et non parce que justement, c’est un amour adolescent. Mais quand même, j’ai eu envie d’y voir du positif ! Et il me plait à penser que cette histoire n’est pas terminée…car en fait, j’ai eu besoin de la lire deux fois cette fin : il était très tard dans la nuit quand je l’ai fini (comme pour beaucoup, un livre qu’on ne lâche plus !) et le lendemain matin, j’ai eu besoin de relire cette fin : et effectivement, je pense qu’il ne pouvait y en avoir de meilleure.

Carole : Du point de vue narratif et de l’intrigue, c’est effectivement la meilleure fin possible….mais pour l’amoureuse que je suis, c’est très frustrant, voire triste. Encore une fois on n’aime pas les histoires d’amour qui se finissent. Alors, la littérature prend toute sa dimension : celle de nous faire imaginer la suite, non ?

Solectrice : Une fin frustrante ? Je ne croyais pas quand j’ai lu la dernière ligne. J’étais convaincue par l’idée qu’Eleanor ne pourrait échapper à ce bonheur perdu. Mais en vous lisant, je me rends compte que c’est ambivalent…. Je me refuse aussi à imaginer que ce soit « la fin ». Cette carte ne peut être qu’un espoir. Alors, je l’aime cette fin qu’on s’approprie, comme un dernier clin d’œil.

Céline du flacon : Je la trouve pertinente moi aussi. Ce qui m’a particulièrement plu dans ce titre c’est le réalisme des situations vécues et des réactions des personnages. Une fin trop édulcorée n’aurait pas collé avec le reste. J’y lis aussi un espoir, en la vie, en l’amour…

oooOOOooo

Sur cette jolie conclusion, je vous invite à lire Eleanor & Park, (ou le relire, comme Kik !), et vous êtes évidemment les bienvenu(e)s sur nos blogs respectifs pour en savoir plus !

– Chez PépitaMéli-Mélo de livres :

« Lisez ce roman : il va vous emporter dans sa bulle et vous ne pourrez plus le lâcher de peur de briser ces instants de grâce. »

– Chez Céline – Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait LIVREsse :

«  Détrompez-vous, il ne s’agit pas ici d’une mièvre histoire à l’eau de rose. L’auteure aborde des thèmes qui en font une histoire bien actuelle, même si l’intrigue se déroule en 1986 !  Harcèlement scolaire, familles désunies, parents démissionnaires, précarité sociale, violence conjugale,…  Autant de situations qui font malheureusement le quotidien de bon nombre d’ados. »

Chez Céline – Le Tiroir à Histoires :

« Non seulement Eleanor & Park saura vous rappeler ce que ça fait d’être jeune et amoureux (et davantage encore pour ceux qui ont grandi en écoutant les Smiths !), mais ce roman a un pouvoir magique : le temps d’une lecture, vous aurez 16 ans et le coeur qui bat la chamade. C’est sûr ! »

– Chez Sophie – La littérature jeunesse de Judith et Sophie :

« Je vous laisse en découvrir plus sur ce roman par vous-même. Moi j’ai adhéré, j’ai aimé, c’est un coup de cœur et même plus encore. Mon ventre papillonnait avec eux, mon cœur battait à leur rythme, bref c’était parfait ! »

Eleanor & Park, Rainbow Rowell

Pocket Jeunesse, 2014

La fille seule dans le vestiaire des garçons d’Hubert Ben Kemoun

« Si j’avais eu un père, il serait venu rectifier la tronche de ces quatre salopards. Il les aurait chopés un par un ou ensemble pour leur faire payer l’affront fait à sa fille. Ensuite, en quelques mots justes, pour me rassurer, il aurait aussi su me faire croire que je valais mille fois mieux qu’eux et que je restais la plus exceptionnelle du monde. Et j’aurais tout gobé, de la première à la dernière syllabe.
Si j’avais eu un père, je n’aurais pas fait cela. Ou pas ainsi. Seule, je devais me débrouiller seule. »

Extrait de : « La fille seule dans le vestiaire des garçons » d’Hubert Ben Kemoun,     Editions Flammarion

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Edition, 2013

J’ai lu ce livre comme un choc émotionnel. Une fois la denière page tournée, je n’avais qu’un besoin : en parler. Mes complices, Pépita, Sophie et Céline ont alors bien voulu se prêter à une lecture commune.

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*Alice :  Tout commence par un baiser …..  tout finit dans des paillettes….. et pourtant ce n’est pas une bleuette que ce roman.
Un petit résumé pour commencer ?

Pépita : Marion et Enzo : ils se cherchent, se tournent autour, se trouvent et s’évitent. Jeu de séduction ou jeu de persécution ? On sent d’emblée qu’entre ces deux-là, rien n’est simple. Un baiser volé oui, une riposte mal placée et c’est l’escalade. Des comportements de harcèlement, des comportements de voyeurisme et tout dérape. On tremble dans ce roman, on a peur pour ces jeunes qui sont en fait incapables de réfléchir aux conséquences de leurs actes.

Alice : Je reprends tes mots Pepita « …Marion et Enzo : ils se cherchent, se tournent autour, se trouvent et s’évitent. »
En effet dés le premier chapitres, on entre dans le vif. On assiste à un jeu de chien et chat entre deux ados. Ils se vannent, se provoquent, s’insultent, jusqu’à aller au geste violent déplacé. Et franchement c’est pas de l’amour entre eux. C’est mordant, c’est piquant, c’est sec, …. de quoi se demander comment le baiser évoqué dans ma première question peut arriver, tellement il parait improbable, à la lecture de ces premières lignes, que ces deux ados se rapprochent.

*Quel est alors l’élément qui fait tout basculer ?

Pépita : L’élément qui fait tout basculer, c’est le fait qu’Enzo, en volant ce baiser, fait aussi renverser le contenu du sac de Marion. Elle lui décoche un coup bien placé, il promet de se venger. En rentrant chez elle, Marion s’aperçoit que son carnet intime, là où elle note ses chansons, ses pensées, n’est plus dans son sac. Elle pense tout de suite que c’est Enzo qui le lui a pris. Elle aussi promet de se venger. Une rage sourde gronde en elle. C’en est bien plus qu’elle ne peut supporter. C’est son intimité qui lui a été volée. En plus par ce garçon justement ! Double peine !

Sophie :  Et pourtant Enzo saura trouver les mots pour apaiser sa colère…

Alice : Dure dure et complexe en effet la relation entre ces deux ados. Un baiser volé, un baiser filmé, une jeune fille humiliée et trahie.

*Quelle est alors la réaction de Marion ? La trouvez-vous réellement justifiée ?

Sophie : On pourrait penser que le changement d’attitude de Marion est exagéré. En effet, elle le déteste, et dès qu’il commence à lui dire des mots doux, elle fond comme neige au soleil. Pourtant ça ne m’a pas choquée. Finalement c’est une adolescente solitaire, qui a envie d’être aimée alors si les sentiments viennent de son pire ennemi, tant pis, peut-être avait-elle fait erreur sur la personne. Il y a en fait beaucoup de naïveté dans cette histoire mais on ne peut pas lui en vouloir.

Céline : Justement, j’ai trouvé ce début de roman trop abrupt et je n’ai pas du tout adhéré. La scène du baiser, ce coup monté, n’est pas très bien amené… Le brusque changement d’attitude de Marion à l’égard de cet Enzo qui la persécute ne fonctionne pas du tout je trouve, on a du mal à y croire. Du coup, j’ai l’impression d’avoir suivi tout le reste de l’histoire avec incrédulité et un regard très détaché.

Pépita : Marion est  une jeune fille à laquelle je me suis de suite attachée. Et je rejoins Sophie pour sa naïveté : son père parti pour une autre, une mère qui collectionne des amours malheureux, quel modèle pour elle ? Elle a un immense besoin d’être aimée pour ce qu’elle est, une jeune fille artiste, la tête pleine de mots et de musique. Alors, oui, elle tombe dans le piège d’Enzo et sa colère lorsqu’elle s’en aperçoit est finalement aussi dirigée contre elle-même. Elle s’en veut terriblement. Mais elle le fera payer. J’avais envie de lui dire d’arrêter cette escalade, que ça ne servait à rien. En même temps, cette trahison est terrible pour elle. Je le conçois aussi. Elle n’a pas véritablement d’adulte à qui se confier, à part son petit frère, cela a ses limites.

Alice :  En effet, une jeune fille pleine de mots et de maux : ce père absent et cette relation difficile avec les hommes. Pour elle les garçons sont une espèce dangereuse avec qui la communication est fermée et inenvisageable. Son seul refuge, une de ses raisons de vivre  : la musique ! Ce n’est pas la première fois qu’en littérature jeunesse, on voit un(e) ado se sortir d’un mal-être grâce à une pratique artistique.

*Comment cela sert-il l’histoire ici ?

Sophie : Sa passion, elle l’exerce à la guitare mais aussi en écrivant des chansons. Chansons qu’elle consigne dans un carnet. Et c’est justement la perte de ce carnet qui va être l’élément déclencheur pour la suite de l’histoire. Sans en dire trop,  la musique va aussi jouer un rôle dans le dénouement du roman…

Pépita : La musique est son refuge, son jardin secret. Mais curieusement, elle ne s’en sert pas pour aller vraiment mieux. Elle s’en cache. Par timidité ? Par manque de confiance ? Ou par manque d’un regard bienveillant ? Je pencherais pour la troisième réponse. Il lui suffit d’une rencontre, qui met du temps à émerger, à s’accepter, pour que Marion se dévoile artistiquement. La musique est comme un fil dans ce roman, ténu au départ, mais qui prend de l’ampleur pour se révéler dans le beau dénouement de l’histoire. C’est un aspect que j’ai beaucoup aimé,-la musique adoucit vraiment les mœurs !- et tu as raison de souligner que la musique est souvent présente dans les romans pour ados.

Alice : Je repense à  ce passage du livre où Marion découvre la vidéo sur You tube et ou elle déverse toute sa rage sur sa guitare, alors je me dis que la musique lui sert sacrément à s’exprimer. Sa musique est tellement puissante et tellement hargneuse, qu’à ce moment là elle ne voit pas/ elle n’entend pas son petit frère, Barnabé qui vient la chercher pour le repas. D’ailleurs, un attachant personnage ce petit frère : toujours le mot juste, toujours le mot pour rire et une sacrée sensibilité. *Adorable, non ?

Pépita : Son petit frère  Barnabé ? C’est sûrement celui qui  la comprend mieux que quiconque ! Marion est souvent surprise de sa perspicacité même si elle le trouve souvent prévisible (son côté ado qui ressort !). De part sa maturité, ce jeune garçon apporte une note d’humour mais aussi de recul sur ce que vit sa grande sœur. Il est toujours là, a toujours les mots qu’il faut quand elle en a besoin sans le solliciter. Il a comme un sixième sens ! Et le fait qu’il soit un garçon la réconcilie en quelque sorte avec la gent masculine en général avec laquelle elle a tant de soucis relationnels, du moins quelques-uns. Pour autant, je n’ai absolument pas perçu que Barnabé prenait la place du père absent dans la vie de Marion.

Céline  :  Le personnage de Barnabé est à mon sens le personnage le mieux écrit du roman. Il est drôle, il est attachant, et très vivant ! La relation frère-soeur qui les unit  me semble pleine de justesse et apporte beaucoup d’humanité à ce roman.

Sophie : Son frère est un petit garçon très intelligent probablement mûri par la situation familiale. J’ai beaucoup aimé leur relation : il est tantôt le confident, tantôt le petit frère qui agace. On sent qu’il est un peu le centre de sa vie,  celui qui compte pour lui donner la force d’exister.

Alice : Oh oui moi aussi j’ai adoré Barnabé  : ce petit grain de fraîcheur qui permettait au fil de la lecture d’alléger certaines situations ! Une place primordiale, pas celle du père comme le note Pépita, mais un personnage indispensable qui donne une autre dimension au livre.
Tiens, j’y pense ! On n’a pas du tout parlé du titre ! Et je sais sûrement pourquoi. J’ai un avis radical dessus, je trouve qu’il ne reflète pas du tout le contenu du livre. On peut s’imaginer tellement autre chose et la scène de « La fille seule dans le vestiaire des garçons » est tellement brève, que je ne le trouve pas forcément approprié. Et vous ?

Pépita : Oui, complètement d’accord ! Ce titre induit tellement de choses…et du coup, quand la scène arrive, on la minimise. Alors que ce n’est quand même pas très glorieux l’acte de Marion dans ce vestiaire…parce que c’est bien d’elle qu’il s’agit, alors que le titre laisserait à penser que c’est à elle qu’on fait du mal dans ce lieu.

Sophie : Comme vous deux, j’étais partie sur l’inverse de ce qui  va se passer dans ce fameux vestiaire. Le titre induit en erreur mais il reflète aussi une étape importante du roman, même si je ne pense pas que ce soit la principale.

Pépita :  En effet, la scène du vestiaire n’est pas la plus importante. Elle n’est qu’une conséquence d’une autre scène à la violence cynique et qui va à son tour déboucher sur une autre scène de violence, limite torture (qui m’a fait dresser les cheveux sur la tête !). Ce qui me donne l’occasion de parler de la violence dans ce roman : elle est omni-présente, diffuse, claque à la figure, donne la chair de poule, donne l’impression d’une escalade sans fin. Et aucun adulte auquel ces jeunes pourraient se raccrocher. Ce manque de gardes-fous, c’est un aspect du roman que j’ai trouvé interrogateur.

Sophie : En effet, la violence est omni-présente et sous de nombreuses formes en plus : la psychologique avec la trahison d’Enzo, la physique avec la scène dont tu parles, et puis la violence qui transparaît dans la vengeance de Marion aussi et qui est plus de l’humiliation.
C’est un roman très sombre en fait et l’issue est incertaine et angoissante.

*Alice : Vous ne mettriez pas cette violence en parallèle avec le mot « rage » qui borde toute la couverture du livre ?

Pépita : Oui, en effet ! Et aussi, si on en revient au titre, je trouve que le mot le plus important est « seule ». Il en est beaucoup question pour Marion.

Sophie : C’est vrai que « rage » est un mot qui convient parfaitement.

Alice : Personnellement, j’ai aussi vécu cette violence par le ton employé, l’auteur n’hésite pas à utiliser un vocabulaire familier et un ton incisif, comme un cri. *L’avez- vous aussi ressenti comme tel ?

Pépita : Le style colle parfaitement bien à ce qui se joue dans ces pages j’ai trouvé. Incisif oui mais pas familier. Je ne dirais pas ça. Un style contemporain disons.

Céline : Peut-être justement trop incisif et familier tout de suite. Et en ce qui me concerne, dés le début j’ai trouvé que ça sonnait un peu faux, comme un ton au dessus de l’histoire. Mais c’est un ressenti très personnel.

Sophie : Ce style ne me gène pas tant que ça ne tombe pas dans l’extrême, ici ça me semble plutôt cohérent avec l’adolescence et la cruauté de l’histoire.

*Alice : Un autre aspect du livre qui a à peine été évoqué et qui pourtant a son importance : l’usage dangereux des réseaux sociaux par les ados. Un sujet actuel, n’est ce pas ?

Sophie : De plus en plus de romans avertissent sur l’usage des réseaux sociaux, on a déjà eu l’occasion d’en parler dans d’autres lectures communes. Cela fait en effet partie du monde des ados, donc c’est difficile de l’éviter et c’est encore un usage nouveau pour la société et les adultes ont un rôle de prévention. Une prévention qui peut aussi passer par la fiction.

Pépita : Vaste débat à lui tout seul ! Les ados s’en servent tous les jours, en font une marque d’intégration alors qu’ils ne savent pas toujours bien s’en servir ou plutôt ne mesurent pas assez les conséquences de ce qu’ils y postent. Mais ce n’est pas vraiment de leur faute : leur a-t-on seulement expliqué comment ça marche ? Je trouve que cette formation devrait faire partie intégrante du programme au collège et au lycée, au même titre que l’éducation au genre, à la sexualité. On plonge tous dans le numérique, on en fait tous sans le savoir, même en s’en défendant mais on n’a pas les clés pour bien appréhender car la technologie va trop vite. Il y a un grand vide là-dedans et il serait temps de le combler.

Céline : Oui, c’est une nouvelle composante du monde des ados, (enfin nouvelle… disons par rapport à l’ado que j’étais moi !)  et beaucoup d’auteurs les incluent dans leurs histoires à juste titre : ce sont des miroirs grossissant qui multiplient et diffusent des images et des propos à l’infini. A l’âge où l’image de soi se construit et se questionne par rapport au regard de l’autre, c’est à la fois un outil inévitable et un piège auquel on peut facilement être pris… et pas sans conséquences !

*Alice : Un roman très sombre en somme, sans trop en dire, peut-être pouvons-nous évoquer la fin afin de ne pas « effrayer » nos lecteurs…

Pépita : Une partie de la fin est suffocante de violence mais l’arrivée d’un autre garçon va tout apaiser. Je dirais cela finalement : l’apaisement pour Marion et la réconciliation avec elle-même, et finalement les autres. Mais j’ai eu très peur pour elle, je l’avoue.

Céline : Oui, suffocante, je l’ai lu vite mais péniblement, avec hâte d’en finir. Et j’ai moi aussi été soulagée…

Sophie : Suffocant, ça me semble très juste pour décrire la « pré » fin. J’ai d’ailleurs longtemps douté sur l’issue de cette histoire qui s’annonçait sordide. Le dénouement final était en effet un soulagement et une bonne bouffée d’espoir.

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Retrouver nos chroniques individuelles sur chacun de nos blogs :

– Celui de Pepita – Meli-Melo de livres

– Celui de Sophie – La littérature jeunesse de Judith et Sophie

– Celui d’Alice – A lire aux pays des merveilles

Conquis par Pépix

Dans les rayonnages des librairies, entre les mains de « petits édentés » ou entre les branches de quelques arbres, vous pouvez apercevoir depuis quelques mois les quatre volumes colorés d’une drôle de collection : Pépix. Ayant découvert avec un plaisir gourmand les deux premiers romans de cette collection, nous vous en proposons une lecture commune.

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Mais revenons d’abord sur l’origine de Pépix, avec Tibo Bérard, le directeur de publication chez Sarbacane, qui a gentiment accepté de répondre à mes questions.

Comment vous est venue l’idée de cette collection ? Y a-t-il eu des rencontres à l’origine de ces romans ?

A la différence de la collection Exprim’ qui est née d’un jaillissement artistique, la collection Pépix répond à une attente commune de libraires, de parents et d’auteurs : des romans, illustrés et écrits par des auteurs français, destinés aux enfants de 8 à 12 ans. Nous avons alors mis en jachère quelques idées, confrontées à des libraires pour cerner les tendances et les attentes des lecteurs.

L’univers des romans s’est imposé : celui de personnages légendaires, que l’on croise souvent dans la littérature de jeunesse anglo-saxonne. On peut ainsi voir quelques clins d’œil, à Roald Dahl (avec ses sorcières et ses ogres) ou à Pixar (pour ses films offrant plusieurs niveaux de lecture).

Le choix du titre de la collection, entre « pépites » et « pixels », n’est d’ailleurs pas étranger à ces mondes d’aventures et d’images.

On voulait voir souffler dans ces romans un vent de liberté. Il ne restait plus qu’à lancer les auteurs…

Que leur avez-vous proposé ?

« L’été pour en rêver ». C’est le titre du mail que j’ai envoyé à une trentaine d’auteurs. Des auteurs déjà publiés par Sarbacane (dans la collection Exprim’ notamment)qui souhaitaient écrire pour des plus jeunes et d’autres, rencontrés sur des salons, que je savais intéressés par cette tranche d’âge.

Dans ce mail, je leur demandais de la fantaisie, je leur proposais des références de films d’aventure des 80-90, dans un esprit complice, des personnages romanesques aussi comme Tom Sawyer ou les trois mousquetaires. Et j’ai rapidement reçu de nombreuses réponses enthousiasmantes !

Les premiers auteurs de cette collection sont surtout des femmes. Etait-ce volontaire ?

Les meilleures réponses sont en fait venues des filles. Pourtant, les univers que ces auteurs proposent sont plutôt masculins, à première vue. Enfin, dans ces romans, les garçons s’y retrouvent autant que les filles.

Aviez-vous imposé des thèmes ?

J’ai refusé d’imposer une thématique. J’ai plutôt suggéré un climat « buissonnier » dans le mail d’origine. Je voulais un dépaysement sans perdre l’accroche au réel. Dans le roman de Séverinne Vidal, un axe historique est même apparu, proposé par l’auteure.

Ce qui rend ces romans pétillants et drôles, ce sont les bonus que l’on trouve au fil du récit. Mais d’où vient cette idée ?

Nous y avons pensé pour rendre le texte interactif, pour titiller le lecteur et montrer que l’auteur ne se prend pas au sérieux. J’ai d’ailleurs laissé une entière liberté aux auteurs sur la forme de ces bonus. Et c’est une réussite !

Les dessins occupent une place importante dans cette collection. Les illustrateurs ont-ils travaillé sur les histoires en association avec les auteurs, au moment de l’écriture ?

L’idée de proposer des romans très illustrés est à la racine de la collection. Les illustrateurs ont ainsi réalisé un gros travail sur le synopsis. Dès l’arrivée des premiers textes, nous avons contacté de jeunes talents et leur avons proposé des échanges avec les auteurs. Dans Sacrée Souris, la collaboration entre Raphaële Moussafir et Caroline Ayrault a par exemple été très encadrée.

Combien de romans sont prévus à paraître dans cette collection ?

Etant donné l’offre importante des auteurs – les propositions sont venues rapidement – et la demande étant forte aussi, nous prévoyons d’en éditer 8 par an. Un nouveau volume paraîtra en octobre, un autre en novembre. Ceux de janvier sont même déjà prêts !

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Interrogeons à présent quelques blogueurs sur les deux premiers volumes de cette collection Pépix : Sacrée souris de Raphaële Moussafir et L’Ogre au pull vert moutardede Marion Brunet. Nathan du Cahier de lecture, Pépita Mélimélo et Sophie de la Littérature jeunesse de Judith et Sophie répondent à mes questions…

De chouettes livres aux couvertures pastel qui se proposent de revisiter des mythes comme l’ogre et la petite souris, ça ressemble un peu à des pochettes-surprises… On croit savoir ce qu’il y a dedans mais on cède quand même à la tentation. Alors, on saisit le livre (presque un pavé pour un petit lecteur), on le feuillette (comme si on tâtonnait cette grande pochette-surprise) et on découvre déjà des dessins alléchants et des pages un peu différentes. Ca y est, on en a l’eau à la bouche, on a déjà mordu à l’hameçon ! Mais on ne va pas se laisser abuser ! Ces histoires, c’est bon pour les petits tout de même ! Enfin, juste le temps d’une histoire, d’un conte, on pourrait peut-être se laisser aller…

Mes lutines ont été aussitôt emballées par l’histoire de Sacrée Souris, où la petite narratrice nous met dans sa poche et nous donne envie de croire à toutes ses sornettes. Et vous, étiez-vous prêts à suivre l’Ogre et la Petite Souris dans cet univers du conte ?

Pépita : Oui, j’étais totalement prêtes à les suivre ! Plus l’ogre, j’avoue et cela s’est confirmé après la lecture des deux romans. Ce qui m’a plu, c’est l’univers de ces livres, ce qui s’en dégage, et pour une fois qu’on pense à cette tranche d’âge des 8-12 ans et qu’on les prend pour des grands lecteurs, je n’ai pas boudé mon plaisir !

Sophie : J’étais tout à fait partante notamment pour la Petite Souris. Savoir ce qu’avait pu inventer l’auteur comme passé à cette légende enfantine me tentait beaucoup ! Maintenant que j’ai lu ce livre, l’histoire de l’ogre m’appelle…

Nathan : Je dois avouer que l’univers de l’ogre me tentait moins (et mon sentiment s’est avéré juste) mais le nom de Marion Brunet me faisait de l’oeil ! Quant à la petite souris, j’adore la couverture et j’avais hâte de voir ce qu’une nouvelle adaptation de cette fameuse histoire allait donner …

Des leçons de morale !!! Il fallait oser. Et ces auteurs l’ont fait. Qui se lave les dents 3 minutes ? Les adultes ne déguisent-ils pas la réalité sous des mots qu’ils comprennent à peine eux-mêmes ?

Comment avez-vous trouvé l’idée des leçons insérées dans l’histoire ?

Nathan : Moi j’ai trouvé ça très sympa. Comme le dit Tibo, ça ajoute un côté interactif et une complicité avec le lecteur !

Pépita : Vu la tranche d’âge à laquelle s’adressent ces romans, j’ai franchement trouvé que c’était une bonne idée : ça donne du pep’s, une respiration entre les chapitres, ça fait avancer l’histoire d’une façon rigolote sans être moralisatrice, ce que pourrait laisser plutôt supposer le mot « leçon ». En plus, il n’y en a pas trop, c’est bien dosé. On se laisse prendre au jeu et quand une leçon arrive, on s’en réjouit du coup. (Que voulez-vous ? A force de rester en jeunesse, j’ai gardé mon âme d’enfant !)

Sophie : J’ai trouvé ça pas mal du tout. Elles sont à la fois drôles et pertinentes, ce sont de vraies leçons dans le fond ! Là où elles sont placées, elles font toujours durer le suspense ce qui n’est pas mal non plus.

L’histoire de Sacrée Souris prend des détours farfelus. Qu’est-ce qui vous a alors accroché dans cette fable rocambolesque ?

Pépita : de connaître l’histoire de la petite souris, justement ! J’ai trouvé l’idée bien sympathique d’autant que ça prend des détours inattendus… Plutôt moderne cette petite souris et pas si petite que ça par ses idées ! La qualité littéraire est là aussi et je pense que ces ingrédients-là peuvent amener à la lecture cette tranche d’âge souvent indécise dans ses choix.

Sophie : Ce qui m’a plut, c’est justement ce côté délirant : les personnages bizarres, les situations étranges, leur vie quotidienne. Et puis bien sûr, notre souris héroïne qui malgré toute sa fainéantise est intelligente et maligne. J’aime bien ces ambiances décalées et puis qui sait, peut-être que c’est vraiment comme ça le monde des souris du grenier ?!

Nathan : Oui, c’est ça, c’est l’univers délirant qui fait que ce roman est délicieux: la voix si particulière de la petite souris, les multiples personnages, le château de dents …

Le « Grenier du Grand Château Grandiose ». Comme dans une comptine, j’aimais beaucoup répéter ce nom : il évoque à la fois un lieu merveilleux et le grignotement de cette sacrée souris. Comme le nom de la collection nous invite à fouiner dans les pages, quelles sont les pépites de ces livres qui brillent encore dans vos yeux ou résonnent au creux de vos oreilles ?

Nathan : pour Sacrée souris, c’est les personnages. Et pour l’ogre, je retiens surtout l’histoire d’amitié entre les deux héros et le troisième personnage qu’ils détestent initialement …

Pépita : J’ai beaucoup aimé les expressions comme petit édenté dans Sacrée souris et les petites leçons intégrées à l’histoire. Le fait d’interpeller directement le petit lecteur et de le raccrocher à des éléments du quotidien. Dans l’ogre, ce sont les bonus à différentes voix qui sont très drôles et ils portent bien leur nom !

***

Elle grimpe grimpe, cette petite collection : on en parle sur beaucoup de blogs, les livres s’affichent en coups de cœurs dans les librairies et un des premiers romans parus, L‘Ogre au pull vert moutarde, de Marion Brunet, fait partie de la sélection du prix Tam Tam « J’aime Lire » 2015 !

Retrouvez les avis complets sur Sacrée Souris, des Lectures Lutines, de Sophie LJ, de Pépita, de Nathan et de Kik.

Sur L’ogre au pull vert moutarde, je vous invite à lire les avis de Kik et des Lutines.

Deux autres titres de la collection Pépix vous attendent :

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Super Louis et l’île aux 40 crânes de Florence Hinckel

La Drôle d’évasion de Séverinne Vidal

A découvrir en librairie depuis le 27 août et sur les Lectures lutines.

 

 

Loup un jour… – Une lecture commune au poil !

 Attention, le loup rode…
Il n’est jamais bien loin, c’est bien connu.
En tout cas, il est un sujet récurent de la littérature de jeunesse.

Alors, quand ce superbe album m’est tombé entre les mains, j’ai eu très envie d’en parler, d’en discuter, pour voir si mes copinautes avaient ressenti les mêmes sensations que moi.

Cet album, c’est Loup un jour
de Céline Claire, illustré par Clémence Pollet
et paru cette année au Rouergue.

 Un album qui a donné matière à discussion comme vous pourrez le lire ci-dessous.

 

Bouma : La couverture a forcément son importance dans le choix d’une lecture. Qu’avez-vous pensé, ressenti, à la vue de celle-ci ?

Kik : Je n’avais rien lu sur ce livre, avant de commencer ma lecture, alors la couverture m’a intrigué grandement. Plusieurs arbres en noir avec des personnages qui se cachent derrière ? Un chaperon rouge ? Un cochon ?
Je fus intriguée.

Céline du tiroir : Oui, intriguée aussi, assez séduite par ce joli contraste entre le noir et les couleurs lumineuses, mais surtout attirée comme d’habitude par ce loup -cet animal me fascine- et je le trouve très album-génique !

Pépita : Un loup-forêt, me suis-je dit, et des personnages de contes entre les pattes-troncs… Tout ça induit par un titre assez énigmatique et des couleurs froides et chaudes… On se demande bien ce qu’il peut y avoir à l’intérieur et ça aiguise l’appétit de lire !

Bouma : En ce qui me concerne, le contraste entre les couleurs et la masse, énorme, noire, effrayante, m’a donné très envie de découvrir le reste de l’histoire.
Mais quelle histoire au fait ?

Pépita : Une double page par personnage et chacun pense que le loup va le croquer… Mais, non, il emprunte juste quelque chose. Faut dire que la masse noire est assez terrifiante ! La curiosité aidant, les personnages empruntés aux contes se retrouvent chez le loup… pour partager un dessert… mais pas que…

Kik : Les personnages incontournables des contes ou histoires qui côtoient le loup se retrouvent ici : les trois petits cochons, le chaperon rouge, ou encore Pierre… Chacun se méfie, et pour cause il a déjà eu affaire à lui.

Céline du tiroir : C’est presque construit comme un plaidoyer pour la défense du loup, qu’on aurait trop souvent accusé à tort de vouloir dévorer bien des petits héros de contes. Alors que c’est une suite de malentendus, car le loup avait simplement besoin d’œufs, d’un petit pot de beurre, etc, pour confectionner un gros gâteau à partager…

Bouma : Vos résumés se complètent à merveille et donne bien la trame générale de l’album.

Cette histoire tourne donc autour des contes classiques et de la figure terrifiante du loup. Partant de ce postulat, vous semble-t-il essentiel de les connaître avant la lecture de ce titre ou peut-elle fonctionner sans ? Et d’ailleurs quel serait pour vous, le lecteur idéal pour cet album ?

Pépita : Difficile de répondre à cette question. Si on a la clé de lecture de connaissance des contes, ou au moins le savoir de quoi et de qui ils parlent, bien sûr, je pense que c’est mieux. L’album se révèle alors dans toute sa dimension. Mais si on pense ça, on exclut les autres… Cet album peut alors être une formidable porte d’entrée pour aborder ces contes par la suite, si le petit lecteur en a l’envie ou si l’adulte a suffisamment de tact pour l’y amener en douceur. Parce que les contes, ça peut faire peur à certains enfants ! Cet album aussi d’ailleurs : la masse noire du loup est très évocatrice ainsi que la terreur qui se lit dans les expressions des personnages. Quant à l’âge, je dirais pas avant 5-6 ans, mais là aussi, c’est subjectif. Tout dépend des enfants… La fin n’est pas si facile à comprendre je trouve. Nous, on projette notre regard d’adulte et en plus de professionnel du livre, ce qui, il ne faut pas avoir peur de l’admettre, fausse le regard. Ce qui est intéressant, c’est de saisir le regard neuf, sans filtres… Or, un enfant de 5-6 ans aujourd’hui en a déjà beaucoup.

Céline du tiroir : En fait, le meilleur âge, c’est l’âge auquel les enfants sont réceptifs aux contes, et à la peur. Et effectivement, même s’il n’est nul besoin d’avoir lu ceux auxquels Loup un jour fait référence pour le comprendre, il y a quand même la question de la maturité littéraire, qui sera propre à chaque enfant. Et si les personnages de contes sont facilement identifiés par les enfants très jeunes, aujourd’hui ils rentrent dans l’univers des contes souvent par des contes détournés où le loup est gentil, ou stupide et/ou inoffensif avant de découvrir les contes originaux, plus sombres.

Kik : Il y a beaucoup de suggestion dans cet album. Il y a des ombres, cette masse noire de la forêt, le loup qui rode (enfin on pense, on devine …). Je ne sais pas trop, quel serait le niveau d’appréciation de ce livre, sans connaître l’histoire du chaperon rouge, ou celle des trois petits cochons. D’ailleurs je me fais le réflexion que je ne connais pas d’histoire précise, ou très connue avec un loup et des poules. D’habitude le prédateur est un renard. Peut être que pour ces personnages, j’ai loupé une allusion à un conte célèbre, mais que je ne connais pas.
Pourtant cela ne m’a pas gêné. Le loup est un « méchant » universel. Il semble se racheter en épargnant tout le monde.
Mais loup un jour …

Illustration signée Clémence Pollet extraite de LOUP UN JOUR
© Rouergue jeunesse, 2014

 

BoumaEt maintenant, qu’avez-vous ressenti face au parti pris de Clémence Pollet dans les illustrations ?

Kik : Mon attirance a été plutôt sur l’utilisation de papiers découpés. J’aime les couleurs franches, au milieu de tout le noir imposant du loup. C’est ce point que je retiens principalement, le noir, omniprésent du loup.

Céline du tiroir : Très beau contraste des couleurs, des clairs et des obscurs, et ce loup dont on ne voit que la sombre fourrure, c’est très réussi d’un point de vue graphique !

Pépita : Très franchement, j’aime beaucoup le loup suggéré. ça change ! Et puis, toutes ces équivoques induites du coup. La terreur sur les visages, puis l’apaisement, une couleur par personnage, des couleurs très contrastées aussi, presque de synthèse. Cette page où il y a l’association du visage du personnage et l’ingrédient que le loup lui a volatilisé, je la trouve remarquablement bien réalisée. Un album de haute qualité même si, et je me répète, la chute n’est pas si facile à comprendre. D’ailleurs, il semblerait que nous y voyons toutes une fin différente, non ?

Bouma : Comme le soulève Pépita, la fin peut être sujette à plusieurs interprétations. Voulez-vous en dire un mot ?

Kik : Encore une fois tout est suggéré. On suppose. On pense deviner. Moi je pense qu’il les mange tous, mais comment en être sûr ? Et pourquoi le loup serait-il toujours le méchant ? La fin est très perturbante, à cause de toutes les possibilités qu’elle offre.

 Céline du tiroir : Tout à fait d’accord avec Kik, c’est cette incertitude finale qui est insoutenable !!! Je l’ai aussi interprété comme elle, mais c’est vrai qu’on pourrait le voir différemment… d’où un échange intéressant avec l’enfant à qui on le lit !

Pépita : Pour moi aussi, le loup semble les croquer tous à la fin… C’est la dernière phrase du livre qui m’a enlevé tout espoir d’une autre fin ! « Loup un jour, Loup toujours naturellement ». Comme quoi, ce pauvre loup reste toujours enfermé dans ce schéma. Alors que la dernière double page laisse à penser que non, ils vont tous se partager ce merveilleux gâteau et faire la fête. Effectivement, plusieurs interprétations possibles, plusieurs lectures possibles.

Bouma : Avec les deux derniers petits mots « loup toujours » sur la toute dernière page, l’auteure change complètement le sens de sa fin en jouant sur la cruauté abordée dans les contes.
On pourrait aussi soulever le diction supposé « Loup un jour… loup toujours » comme sujet à réflexion. Ne peut-on pas changer ? Doit-on toujours correspondre à l’image que l’on projette ? Ce sont des questions importantes dans la construction de soi.
Mais dans le cas de cet album en particulier, j’ai aimé cette fin. Cette chute, superbe, et pas si évidente car il faut savoir la trouver, la voir. Au final ce sera à chaque lecteur de prendre sa propre décision face à cette conclusion originale .

Et pour cette lecture commune, votre petit mot de conclusion ?

Céline du tiroir : J’ai aimé moi aussi cette fin habile et un peu abrupte, assez politiquement incorrecte finalement, parce qu’il semble que plus aucun auteur n’ose faire de loup vraiment méchant (ou alors pour le tourner en ridicule). En revanche, si ce « loup toujours » est très bien trouvé ici, il ne faut pas en faire un précepte évidemment !!

Kik : J’aime bien parler des albums ! – Et ce livre il me fait flipper quand même, mais tout en finesse.

Pépita : Oui, moi aussi, il m’a fait flipper cet album… Il y a une tension latente dans ces pages.

Bouma : Merci à toutes pour votre participation et pour ce bel échange.

J’espère que cette lecture commune vous aura donné envie de découvrir ce magnifique album et de vous faire votre propre avis à son sujet.

Si jamais vous vouliez en savoir encore un peu plus avant de vous décidez vous pouvez retrouver nos avis personnels ici :

– celui de Kik

– celui de Céline

– celui de Pépita

– et le mien (Bouma)

Mon arbre à secrets

Les gros coups de cœur ne sont pas toujours faciles à trouver mais quand j’en tiens un, je n’ai qu’une envie, c’est de le partager. Quand j’ai ouvert Mon arbre à secrets de Olivier Ka et de Martine Perrin édité par Les grandes personnes, j’ai tout de suite su qu’il allait faire partie de ces livres.

Mon engouement étant partagé par Pépita, on a eu envie de vous le faire découvrir avec notre petite conversation au pied de notre arbre à secrets.

Sophie : J’ai découvert ce livre par Martine Perrin qui m’en a parlé dans le cadre d’une interview que je voulais réaliser sur elle. J’ai donc reçu l’album quelques jours plus tard et là… magnifique ! Pépita, je sais que tu as été en contact avec l’illustratrice et l’auteur, Olivier Ka. Raconte-nous un peu ta découverte de cet album.

Pépita : Mais que oui ! C’est un album que j’avais déjà repéré dans mes acquisitions pour la médiathèque où j’exerce. Martine Perrin, je la suis de près et Olivier Ka aussi. Je me suis dit que les deux ensemble… Et puis, tout ce qui touche aux arbres, ça me touche. Je l’ai acheté aussi pour mes enfants et notre bibliothèque au Salon du livre jeunesse de Montreuil avec la ferme intention de le faire dédicacer par Martine Perrin. Mais bon, rendez-vous manqué… J’ai sauté sur l’occasion début avril puisque l’auteur et l’illustratrice ont été réunis pour la première fois autour de ce livre à L’Escale du livre de Bordeaux. J’en ai su un peu plus sur la genèse de ce livre vraiment singulier et magnifique : le texte était là avant. Olivier Ka l’avait depuis longtemps dans un tiroir. Il a tenté de le faire publier mais sans succès. Et puis la rencontre s’est faite avec les Editions Les Grandes personnes (qui de l’avis des deux, en la personne de Brigitte Morel, a joué un rôle essentiel dans la mise en valeur de ce livre). Puis, Martine Perrin a été si touchée par ce texte que les illustrations et leur mise en page sont venues très rapidement. Comme par magie ! L’histoire de ce texte est très belle. Olivier Ka était intervenu dans une classe. Sur le bureau de l’institutrice trônait une boîte très kitsch (coquillages et cie…). Il a été intrigué et la curiosité aidant, il a demandé ce qu’elle pouvait bien contenir. Les enfants pouvaient y déposer leurs secrets… Elle n’a jamais été ouverte… Et voilà, l’histoire de l’arbre à secrets a fait son chemin à partir de cette poésie du quotidien. Il était encore très ému, Olivier Ka, quand il m’a raconté cela. Tous les deux, en face de moi, c’était magique : de voir leur complicité si palpable. Un très bon moment ! Comme il s’en passe entre lecteurs et auteurs…

Sophie : Jolie rencontre en effet que ce livre ! Et toi qu’est-ce qui t’a plu au premier coup d’œil ?

Pépita : Tout ! Il est beau ce livre : la première de couverture, les couleurs, le titre prometteur, l’épaisseur ! Que de belles promesses de découvertes à l’intérieur… et en effet, quel beau voyage au pays des secrets confiés aux arbres, une très belle architecture… Et toi, coup de cœur non ?

Sophie : Oui, coup de cœur pour moi aussi. Ce livre est un magnifique objet et est très loin d’une simple histoire et j’aime ces livres qui ont une identité si forte.

L’histoire est celle du secret d’un enfant, confié à un arbre. Le personnage imagine que ce secret s’envole au loin et est récupéré par un autre enfant dans un autre pays.
Il est difficile de distinguer le texte des illustrations dans ce livre, mais si tu devais donner un mot pour le qualifier, lequel serait-ce ?

Pépita : Si je devais le qualifier, je dirais que ce livre est un concentré de la magie de l’enfance, de ses jeux qu’elle sait inventer et de la façon dont elle permet à l’autre d’entrer dans sa ronde. Lorsque je l’ai ouvert pour la première fois, que je suis entrée dedans, littéralement, une surprise à chaque page, ce fut l’émerveillement total et l’envie de le partager, notamment avec mes deux filles, dont je savais qu’elles sauraient s’approprier elles aussi sa beauté. C’est un livre à transmettre, en chuchotant, sans faire de bruit. Mais chuuut ! C’est un secret ! Et toi, tu le définis comment ?

Sophie : Je trouve qu’il y a beaucoup de poésie qui se dégage de ce livre et notamment du texte, qui répète les mots « secret » et « arbre », qui est très doux à la lecture. Je suis d’accord avec toi sur cette envie de le partager, on parle de secrets et pourtant, je n’ai qu’une envie, c’est de le lire et le faire lire à plein de monde.

Cet album n’est composé que de deux couleurs, le bleu et le vert… avec une petite pointe de rouge. À quoi as-tu associé ces couleurs ?

Pépita : Le bleu, au ciel et le vert, à l’herbe du jardin. Ou le bleu à la liberté et le vert aux pieds sur terre… Le rouge, à la vie qui palpite. Il apporte une petite note de fantaisie et de surprise. Peu de couleurs, mais elles sont vives et apportent une très belle cohérence à cet ensemble. Les calques, insérés de temps à autre, avec leur transparence, et le beau papier blanc épais, apportent aussi beaucoup à la beauté de ce livre.

Sophie : Le ciel et l’herbe, c’est aussi à cela que ces couleurs m’ont fait penser. Logique finalement comme ce livre nous plonge en pleine nature. En plus de ce que tu as cité, il y a aussi la mise en page du texte qui apporte encore un peu de liberté avec ces différentes formes : en ligne droite, en courbe, en petits paragraphes et même sous forme de jeu à relier.

Bref ce livre est un peu un OVNI hors normes qui parle d’un sujet universel, le secret. C’est d’ailleurs mis en avant avec le mot traduit en 20 langues sur la quatrième de couverture.
Un dernier mot sur ce coup de cœur Pépita ?

Pépita : Je dirais que c’est un livre précieux, qu’on laisse reposer et qu’on redécouvre à chaque fois qu’on l’ouvre à nouveau. Il est universel aussi : il peut être lu à tout âge. Magique !

*** Pour en savoir plus ***

La chronique de Pépita ICI et la mienne . Et pour encore plus de plaisir, l’interview que j’ai réalisée sur Martine Perrin ICI-LÀ.

Les sites de Martine Perrin et d’Olivier Ka.

Le site des Editions Les grandes personnes.