Les lecteurs du Grand Arbre dépoussièrent leurs livres d’enfance. Voici le deuxième volet de nos lectures vintage…
Gabriel – La mare aux mots
Il ne me reste plus grand-chose de mes livres de « quand j’étais petit »… Un incendie dans la maison familiale quand j’étais ado, des parents pas conservateurs… Je n’ai pu sauver qu’une poignée de livres… Mais le livre qui reste le plus ancré est un livre qui n’a pas « survécu », ce livre je l’ai recherché plus tard et finalement trouvé d’occasion. Un livre qui m’a marqué énormément et compte encore pour moi, j’ai l’impression que ma façon de vivre est là… c’est Le conte chaud et doux des chaudoudoux de Claude Steiner illustré par Pef. Il est question d’un temps ancien où les enfants recevaient à la naissance un sac de chaudoudoux, un sac inépuisable. Les gens s’offraient ces petites boules de poil et chaque fois que vous en receviez un, vous vous sentiez heureux, et plus vous en donniez, plus vous en aviez. Pourtant un jour une sorcière qui n’arrivait plus à vendre ses potions décida de faire croire aux gens que certains en avaient plus que d’autres, que les chaudoudoux allaient finir par d’épuiser si on en donnait trop… Les gens commencèrent donc à devenir méfiants, à devenir égoïste, à devenir malheureux… La sorcière décida de commercialiser un remplaçant aux chaudoudox : les froids-piquants. Il y a tellement de choses dans ce texte… On peut le lire à plusieurs degrés, mettre le mot qu’on veut sur ces chaudoudoux… Je trouve toujours, à 35 ans, ce texte magnifique et riche. On parle de la générosité, de l’amour, du partage mais aussi de la commercialisation des choses simples, de la méfiance, de la peur de l’autre. Tout simplement un des plus beaux textes que j’ai lu toutes formes de littératures comprises.
Nathan – Le cahier de lecture de Nathan
Regardez la couverture, regardez les pages : cornées, froissées, légèrement abîmées. Oui ce livre a vécu et ça se voit au premier coup d’œil !
Regardez mon nom marqué sur la couverture. J’ai un grand frère et un frère jumeau (Tom) et sur presque tous nos albums, il y a un nom de marqué pour indiquer à qui il appartient.
Léo et Popi l’aspirateur (ou même d’autres albums de la collection) sont en double … et tous marqués Tom ou Nathan. Eh bien oui, on les adorait tellement qu’il nous les FALLAIT en double. Sinon jalousie, jalousie …
Quant à L’aspirateur… Ah là là c’est L’album qui a marqué mon enfance. Selon notre maman, nous le demandions chaque soir. Et puis le premier « mot » que j’ai dit (syllabe très dure et pourtant), avec mon frère jumeau, alors que ma meilleur amie nous criait « Mais paaaaaarle, paaaaarle ! », ce premier mot c’est : Ra. « Raaaaa, Raaaaaa. » Pourquoi Ra ? Eh bien non nous ne connaissions pas déjà les noms du dieu égyptien du soleil, ce Ra était pour aspirateur bien sûr ! Nous l’adorions cet objet … et c’est sans aucun doute dû à Léo et son adorable peluche (que j’ai bien sûr !) Popi.
Des livres simples, tout comme ses dessins qui sont justes et agréables, et des histoires comme les enfants les aiment … et j’en suis la preuve, moi, grand fan des aventures que vivent les deux héros dans leur quotidien !
Drawoua – Maman Baobab
C’était un Noël, j’avais 8 ans, pas plus. C’était Noël et il y avait mon nom sur un gros paquet rectangulaire. Je l’ai ouvert. Et il y avait, pour moi, rien que pour moi, un tas de livres. De livres de poche, très exactement. Tous neufs (pas recyclés, pas glanés de ci de là, pas déjà lus), ils sentaient bon, ils brillaient, n’étaient pas écornés. Il y en avait huit, je dirai. C’est cette image qui revient, Za. Pas un livre, mais plusieurs. Un paquet de livres. Je ressors pour vous, tout vieilli, tout jauni, écorné aussi, Zozo La Tornade d’Astrid Lindgren, l’auteure suédoise de Fifi Brindacier. Zozo, c’est un petit garçon espiègle qui ne fait paraît-il que des bêtises. Il a toujours une idée en tête et loin d’être bête, il a aussi tendance à n’en faire qu’à sa tête… Une tête coquette à boucles blondes, tantôt fichue d’une cache-tête, tantôt d’une soupière, tantôt pointée vers le ciel, là où il a hissé sa petite sœur Ida, mais pour la bonne cause, ne vous fâchez pas. Riez plutôt. Et souvenez-vous de vous aussi, entre ces lignes jaunies. Sur la première page décollée, il y a mon prénom écrit avec cette écriture d’enfant. L’enfant grand lecteur que j’étais, il y a longtemps, il y a 30 ans.
SophieLJ – la littérature jeunesse de Sophie et Judith
Rares sont les livres qui ont marqué mon enfance. Peut-être que déjà je n’aimais pas trop les relire à cause du grand nombre de découvertes qu’il restait à faire… Malgré tout, si je devais en citer un, je dirais La vache orange, écrit par Nathan Hale et illustré par Lucile Butel, aux éditions du Père Castor. Pourquoi, je ne saurais dire. Peut-être pour cette étrange amitié entre une vache et un renard. Ou bien parce qu’enfant on est souvent malade et que cette histoire aide à se soigner. En tout cas, quand j’ai retrouvé cet album à la bibliothèque l’année dernière, j’ai été ravie de pouvoir le relire.
Za – le Cabas de Za
De mes (nombreux) livres d’enfance émerge une bouille. Des taches de rousseur, un bonnet rouge, deux grand yeux : le petit Poucet, illustré par Paul Durand. C’est une véritable machine à remonter le temps, vers une petite fille dévoreuse de livres, comme beaucoup d’enfants uniques. Sur l’étagère réservée à mes vieux albums, j’ai retrouvé d’autres contes mis en images par Durand, les Habits neufs de l’empereur, le Malin petit tailleur… Paul Durand a illustré des dizaines et des dizaines d’albums, de romans, c’est vertigineux… Son style m’est resté dans l’œil.
Une dernière chose… Lorsque j’ai ouvert réouvert ce petit Poucet, je n’ai pu m’empêcher de le respirer. L’odeur est revenue, intacte. Pas un souvenir de lecture qui ne passe par l’odeur du papier, de l’encre… Je l’avoue, je suis une renifleuse de livres.