Avec des Photos – Pour les Petits

 Des photos, beaucoup de photos dans la sélection du jour, 
Elle n’est pas exhaustive, mais elle est la réponse à la question que j’ai posé au collectif:
« J’adore quand il y a de la photo dans les livres. Et vous ? »
Ils n’ont pas levé les yeux, ou soupiré un « Il est nul ton thème, Kik… »,
J’ai entendu un  » Moi j’ai lu un album, trop bien avec des photos qui … »

Derrière chaque photo, il y a un photographe …

La tête de l’emploi d’Antoine Sahler, Actes Sud Junior.
Comment une photographe en herbe découvre tous les métiers des voisins de son quartier …

Des photographies, comme une technique d’illustration, parmi d’autres… 

Le Petit Chaperon Rouge de Perrault et Sarah Moon, Grasset.
Les photos sont en noir et blanc, alors il n’est même pas jour ce Petit Chaperon, mais le loup fait toujours aussi peur. Une transposition urbaine, car vivre en ville, c’est comme être perdu en pleine jungle.

Les très petits cochons d’Angélique Villeneuve et Martine Camillieri, Seuil Jeunesse.
Un petit air de n’importe quoi, avec cette histoire illustrée par des photgraphies de jouets et d’objets du quotidien. – Lu aussi chez Kik –

Guili Lapin de Mo Willems, Kaléidoscope.
Sur un fond de photos sépias, qui évoquent le souvenir d’enfance, la petite bouille de Trixie se dégage, attachante et expressive. Mais Trixie ne sait pas encore parler et quand un drame à échelle d’enfant se produit, elle à bien du mal à le faire comprendre à son papa. – Lu aussi chez Kik et Sophie –

L’autre guili lapin de Mo Willems, Kaléidoscope.
Trixie est de retour et elle a bien grandi. Mais plus de photos sépias, on passe au noir et blanc, avec toujours les personnages dessinés par dessus et un travail de cadrage très soigné. Cette fois encore, guili lapin, le doudou est au cœur de l’intrigue. – Lu aussi chez Kik et Sophie –

Herman et Rosie pour la vie, de Gus Gordon, Gallimard Jeunesse.
Une histoire de musique. Un coup de blues. Une rencontre. Des illustrations qui associent des dessins et des photos de New York.

Pour regarder le monde, pour aiguiser le regard du jeune lecteur, pour le sensibiliser à ce qui nous entoure … 
… Lui-Même …

Beaucoup de beaux bébés de David Elwand,  L’école des loisirs.
Un incontournable …

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Livre de Fesses de Stéphane Delabruyère et Jean-Marc Fiess, Thierry Magnier.
Ses fesses, celles des autres, et ce qui peut ressembler à des fesses si on regarde bien.

... Se figurer le temps qui passe … Avant, Maintenant, Après …

Les mots du temps de Catherine Grive & Janik Coat, Thierry Magnier.

Que s’est-il passé ? de Nicolette Humbert, La Joie de Lire.
Avant
 sur la page de gauche, Après sur la page de droite. Que s’est-il passé entre les deux photographies ?

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Mais…que font-ils ? de Marie Houblon, Tourbillon.
Rire, rêver, voler, ouvrir, applaudir… une centaine de verbes illustrés par de nombreuses photos sur des pages colorées. Une invitation à observer ce qui nous entourer ou à imaginer tous ces mondes. Pour petits… et plus grands.

… Les couleurs, les formes des objets, avec des imagiers … 

 Couleurs de Grégoire Solotareff chez Ecole des loisirs.

Arti show de Claire Dé, Les grandes personnes.

Bric-à-Brac de Maria Jalibert, Didier Jeunesse.

Des couleurs et des choses, Tana Hoban, Kaléidoscope.
Noir sur Blanc
mais aussi Blanc sur Noir, Tana Hoban.

Noir sur blanc et Blanc sur noir captivent le regard des bébés, qui se concentrent, fixent et découvrent entre ces belles pages cartonnées les objets de leur quotidien sublimés par le noir et blanc. – Avec Colette qui nous conseille de lire cet article sur Tana Hoban –

…. La ville … 

La ville en toutes lettres, Biosphoto, Thierry Magnier.
Après avoir feuilleté cet imagier-photo, vous regarderez la ville …sous un autre angle. – Lu aussi chez Kik –

…. La Nature … 

Les gestes de la ferme de tout près de Nicolette Humbert, La Joie de lire.

À nous de choisir de Nicolette Humbert, La joie de lire.
Un album cartonné pour les tout-petits qui apprendront les petits gestes pour la nature à travers ses photographies.

Printemps, Eté, Automne, Hiver, Les P’tit land art, de Marc Pouyet, Plumes de carotte.
Voilà une collection de petits imagiers carrés et cartonnés à délicatement poser entre les mains des bébés ! Les tout-petits lecteurs pourront découvrir à travers les très belles créations de Marc Pouyet la nature qui les entoure et avec laquelle les belles photographies de ces albums leur donneront envie de jouer !

Le tout petit d’Anne Letuffe, Atelier du poisson soluble.
Un imagier photographique bluffant par sa beauté, sa narration et les correspondances induites.

Des photos, c’est aussi un support pour discuter entre petits et grands, car il y a comme un lien plus étroit avec la réalité. Une réalité qui nous entoure, en lien avec un passé commun, que l’on partage entre générations. 

Sans papiers, Texte de Rascal Photographies de Cendrine Genin Illustrations de Jean-François Martin, éd. Escabelle.
Un livre qui aborde avec justesse un problème de société d’aujourd’hui. Poignant.

Les étoiles sont tombées de François David, photographies d’Agnès Propeck, Motus, 2007.
C’est l’histoire d’un auteur qui tombe en admiration devant de sublimes photos et qui décide d’écrire un texte sur… la guerre. Sujet sombre me direz-vous, oui mais le résultat est beau ! Deux sensibilités différentes, deux regards qui se croisent en un même lieu. Ce n’est pas un album jeunesse à proprement parler, mais ce peut être un bon support de dialogue entre petits et grands sur un thème malgré tout universel et malheureusement toujours réel.

Quand tes grands-parents étaient enfants, Des images choisies par Marie Houblon, Tourbillon.
Un documentaire de photographies qui nous transporte dans les années 50 au temps où les grands-parents des enfants d’aujourd’hui étaient eux aussi des enfants. Un travail de sociologie photographique au charme certain et qui rapprochera les générations ou favorisera le dialogue ? – Lu aussi dans le Tiroir à histoires –

En bonus, un lien qui vous emmènera chez Chlop, pour découvrir d’autres livres remplis de photos, c’est par ici.

Nos coups de coeur du mois de Septembre

Les cartables ont repris du service, et les feuilles du grand arbre jaunissent sous le soleil insolent de l’été terminé. Septembre, c’est la rentrée des classes et la rentrée littéraire est classe ! Voici nos coups de coeur du mois :

Colette a craqué pour  :

Encore un frère ! de Matthew Cordell
Didier Jeunesse

Devenir grand-frère quand on a été plusieurs années le soleil, le trésor, l’unique pays des merveilles de ses parents ce n’est pas facile. Et pourtant c’est ce qui arrive à Daniel qui se retrouve avec … 12 petits frères et un nouveau rôle à jouer dans sa famille ! Voilà un album lu, relu, rerelu qui nous a permis de rire et de dédramatiser les petites tensions d’une fratrie naissante

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                                      Le coeur de Solectrice s’est emballé pour :
le-carnet-rouge.gifLe Carnet rouge, Annelise Heurtier
Casterman
Un roman sensible sur la découverte pour une adolescente fragile de ses origines indiennes. Passé caché, coutumes dévoilées, échanges troublés. Une lecture intense qui nous emporte et invite au dialogue.
l’article de Sophie LJ
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                                   Le coeur de Pépita a battu la chamade avec :
Tant que nous sommes vivants d’Anne-Laure Bondouxhttps://scontent-b-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-xpf1/v/t1.0-9/1908427_644071552377960_1982169591064724675_n.jpg?oh=7072e91ff02ddf796d83f11df74d6c5d&oe=5460BBDB
Gallimard jeunesse 
Un roman-conte initiatique profond, touchant, flamboyant qui nous dit que la vie n’est qu’un éternel recommencement. Il va attiser en vous un feu ardent pour longtemps. Le retour de cette grande auteure de la littérature jeunesse.
                                          
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                                                       Alice est tombée raide de :
20 pieds sous terre de Charlotte Erlih.
Actes Sud, 2014.
Un thriller bien ficelé ; véritable roman de société qui nous touche par l’humanité de ses personnages.
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                                                                Kik a vibré pour :
Souvenirs de ma nouvelle vie
de Marie Colot
Alice JeunesseJe ne me lasserai pas de vous le conseiller. Ce roman est à découvrir à cause des amitiés improbables, des activités loufoques pour rompre l’ennui et couper en deux la tristesse… Marie Colot aborde des sujets sérieux d’une manière qui l’est moins et on aime ça.
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Le coeur de Sophie LJ s’est envolé avec :
http://decitre.di-static.com/media/catalog/product/cache/1/image/9df78eab33525d08d6e5fb8d27136e95/9/7/8/2/8/4/2/3/9782842381509FS.gifLes oiseaux blancs de Manhattan
Xavier Armange
D’Orbestier – Rêves bleus, 2013
C’était un jour comme les autres et pourtant tout à changer ce jour-là. Un magnifique album sur un événement qui a bouleversé le monde…
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Céline du Flacon s’est enivrée de :
Le pianiste, la sirène et le chevalier
Jean-Luc Cornette
Double jeu,
Ker éditions, 17 septembre 2014
La rencontre impromptue et le périple de trois personnalités hors du commun, Lulu et Elsje, deux enfants à l’aube de leur existence et pourtant déjà malmenés par la vie, et Rod, un vieux soldat rongé par son passé militaire. Un « voyage au bout de la nuit » qui éclaire de manière originale le destin d’un illustre pianiste du XVIIIe siècle. Un exercice réussi pour l’auteur belge mieux connu comme bédéiste !
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Nathan a eu le souffle coupé par :

http://3.bp.blogspot.com/-MfmHMIMw6lc/U_EbGPO9A1I/AAAAAAAASsA/oBJiGVGX7Y4/s1600/La%2Bderni%C3%A8re%2B%C3%A9preuve%2Bde%2BMathieu%2BHidalf.pngLa dernière épreuve de Mathieu Hidalf

de Christophe Mauri,
Gallimard jeunesse, 2014
Le final époustouflant d’une saga fantasy pour la jeunesse passionnante. Le Harry Potter de la nouvelle génération c’est lui ! On ne lâche le roman qu’une fois terminé, et si ce dernier tome compte près de 200 pages de plus par rapport aux autres, c’est tant mieux: sans celles-ci, ça aurait été trop peu ! Un coup de coeur pour cette fin. Et une larme quand l’épilogue s’achève …
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Bouma a été chavirée par :
Kiki et Rosalie de Ronan Badelkiki et rosalie
Sarbacane, 2013

Sélectionné pour le Prix des Incorruptibles dans la catégorie CE2/CM1, cet album grand format raconte avec simplicité et humour la rencontre et la séparation de Rosalie et de son chien Kiki. Ronan Badel est bourré de talent. Lisez ce livre si vous en doutez.

 

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Céline du Tiroir a été subjuguée par :

ocean de larmes coverUn Océan de larmes de Seo Hyeon

La Pastèque, 2014

Les petits bobos de la vie de tous les jours et le moment où ça déborde. Les larmes libératrices qui emportent tout, pour tout recommencer à zéro, le coeur moins gros.

Un album étonnant au graphisme détonant !

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Bonne(s) lecture(s) !

Loup un jour… – Une lecture commune au poil !

 Attention, le loup rode…
Il n’est jamais bien loin, c’est bien connu.
En tout cas, il est un sujet récurent de la littérature de jeunesse.

Alors, quand ce superbe album m’est tombé entre les mains, j’ai eu très envie d’en parler, d’en discuter, pour voir si mes copinautes avaient ressenti les mêmes sensations que moi.

Cet album, c’est Loup un jour
de Céline Claire, illustré par Clémence Pollet
et paru cette année au Rouergue.

 Un album qui a donné matière à discussion comme vous pourrez le lire ci-dessous.

 

Bouma : La couverture a forcément son importance dans le choix d’une lecture. Qu’avez-vous pensé, ressenti, à la vue de celle-ci ?

Kik : Je n’avais rien lu sur ce livre, avant de commencer ma lecture, alors la couverture m’a intrigué grandement. Plusieurs arbres en noir avec des personnages qui se cachent derrière ? Un chaperon rouge ? Un cochon ?
Je fus intriguée.

Céline du tiroir : Oui, intriguée aussi, assez séduite par ce joli contraste entre le noir et les couleurs lumineuses, mais surtout attirée comme d’habitude par ce loup -cet animal me fascine- et je le trouve très album-génique !

Pépita : Un loup-forêt, me suis-je dit, et des personnages de contes entre les pattes-troncs… Tout ça induit par un titre assez énigmatique et des couleurs froides et chaudes… On se demande bien ce qu’il peut y avoir à l’intérieur et ça aiguise l’appétit de lire !

Bouma : En ce qui me concerne, le contraste entre les couleurs et la masse, énorme, noire, effrayante, m’a donné très envie de découvrir le reste de l’histoire.
Mais quelle histoire au fait ?

Pépita : Une double page par personnage et chacun pense que le loup va le croquer… Mais, non, il emprunte juste quelque chose. Faut dire que la masse noire est assez terrifiante ! La curiosité aidant, les personnages empruntés aux contes se retrouvent chez le loup… pour partager un dessert… mais pas que…

Kik : Les personnages incontournables des contes ou histoires qui côtoient le loup se retrouvent ici : les trois petits cochons, le chaperon rouge, ou encore Pierre… Chacun se méfie, et pour cause il a déjà eu affaire à lui.

Céline du tiroir : C’est presque construit comme un plaidoyer pour la défense du loup, qu’on aurait trop souvent accusé à tort de vouloir dévorer bien des petits héros de contes. Alors que c’est une suite de malentendus, car le loup avait simplement besoin d’œufs, d’un petit pot de beurre, etc, pour confectionner un gros gâteau à partager…

Bouma : Vos résumés se complètent à merveille et donne bien la trame générale de l’album.

Cette histoire tourne donc autour des contes classiques et de la figure terrifiante du loup. Partant de ce postulat, vous semble-t-il essentiel de les connaître avant la lecture de ce titre ou peut-elle fonctionner sans ? Et d’ailleurs quel serait pour vous, le lecteur idéal pour cet album ?

Pépita : Difficile de répondre à cette question. Si on a la clé de lecture de connaissance des contes, ou au moins le savoir de quoi et de qui ils parlent, bien sûr, je pense que c’est mieux. L’album se révèle alors dans toute sa dimension. Mais si on pense ça, on exclut les autres… Cet album peut alors être une formidable porte d’entrée pour aborder ces contes par la suite, si le petit lecteur en a l’envie ou si l’adulte a suffisamment de tact pour l’y amener en douceur. Parce que les contes, ça peut faire peur à certains enfants ! Cet album aussi d’ailleurs : la masse noire du loup est très évocatrice ainsi que la terreur qui se lit dans les expressions des personnages. Quant à l’âge, je dirais pas avant 5-6 ans, mais là aussi, c’est subjectif. Tout dépend des enfants… La fin n’est pas si facile à comprendre je trouve. Nous, on projette notre regard d’adulte et en plus de professionnel du livre, ce qui, il ne faut pas avoir peur de l’admettre, fausse le regard. Ce qui est intéressant, c’est de saisir le regard neuf, sans filtres… Or, un enfant de 5-6 ans aujourd’hui en a déjà beaucoup.

Céline du tiroir : En fait, le meilleur âge, c’est l’âge auquel les enfants sont réceptifs aux contes, et à la peur. Et effectivement, même s’il n’est nul besoin d’avoir lu ceux auxquels Loup un jour fait référence pour le comprendre, il y a quand même la question de la maturité littéraire, qui sera propre à chaque enfant. Et si les personnages de contes sont facilement identifiés par les enfants très jeunes, aujourd’hui ils rentrent dans l’univers des contes souvent par des contes détournés où le loup est gentil, ou stupide et/ou inoffensif avant de découvrir les contes originaux, plus sombres.

Kik : Il y a beaucoup de suggestion dans cet album. Il y a des ombres, cette masse noire de la forêt, le loup qui rode (enfin on pense, on devine …). Je ne sais pas trop, quel serait le niveau d’appréciation de ce livre, sans connaître l’histoire du chaperon rouge, ou celle des trois petits cochons. D’ailleurs je me fais le réflexion que je ne connais pas d’histoire précise, ou très connue avec un loup et des poules. D’habitude le prédateur est un renard. Peut être que pour ces personnages, j’ai loupé une allusion à un conte célèbre, mais que je ne connais pas.
Pourtant cela ne m’a pas gêné. Le loup est un « méchant » universel. Il semble se racheter en épargnant tout le monde.
Mais loup un jour …

Illustration signée Clémence Pollet extraite de LOUP UN JOUR
© Rouergue jeunesse, 2014

 

BoumaEt maintenant, qu’avez-vous ressenti face au parti pris de Clémence Pollet dans les illustrations ?

Kik : Mon attirance a été plutôt sur l’utilisation de papiers découpés. J’aime les couleurs franches, au milieu de tout le noir imposant du loup. C’est ce point que je retiens principalement, le noir, omniprésent du loup.

Céline du tiroir : Très beau contraste des couleurs, des clairs et des obscurs, et ce loup dont on ne voit que la sombre fourrure, c’est très réussi d’un point de vue graphique !

Pépita : Très franchement, j’aime beaucoup le loup suggéré. ça change ! Et puis, toutes ces équivoques induites du coup. La terreur sur les visages, puis l’apaisement, une couleur par personnage, des couleurs très contrastées aussi, presque de synthèse. Cette page où il y a l’association du visage du personnage et l’ingrédient que le loup lui a volatilisé, je la trouve remarquablement bien réalisée. Un album de haute qualité même si, et je me répète, la chute n’est pas si facile à comprendre. D’ailleurs, il semblerait que nous y voyons toutes une fin différente, non ?

Bouma : Comme le soulève Pépita, la fin peut être sujette à plusieurs interprétations. Voulez-vous en dire un mot ?

Kik : Encore une fois tout est suggéré. On suppose. On pense deviner. Moi je pense qu’il les mange tous, mais comment en être sûr ? Et pourquoi le loup serait-il toujours le méchant ? La fin est très perturbante, à cause de toutes les possibilités qu’elle offre.

 Céline du tiroir : Tout à fait d’accord avec Kik, c’est cette incertitude finale qui est insoutenable !!! Je l’ai aussi interprété comme elle, mais c’est vrai qu’on pourrait le voir différemment… d’où un échange intéressant avec l’enfant à qui on le lit !

Pépita : Pour moi aussi, le loup semble les croquer tous à la fin… C’est la dernière phrase du livre qui m’a enlevé tout espoir d’une autre fin ! « Loup un jour, Loup toujours naturellement ». Comme quoi, ce pauvre loup reste toujours enfermé dans ce schéma. Alors que la dernière double page laisse à penser que non, ils vont tous se partager ce merveilleux gâteau et faire la fête. Effectivement, plusieurs interprétations possibles, plusieurs lectures possibles.

Bouma : Avec les deux derniers petits mots « loup toujours » sur la toute dernière page, l’auteure change complètement le sens de sa fin en jouant sur la cruauté abordée dans les contes.
On pourrait aussi soulever le diction supposé « Loup un jour… loup toujours » comme sujet à réflexion. Ne peut-on pas changer ? Doit-on toujours correspondre à l’image que l’on projette ? Ce sont des questions importantes dans la construction de soi.
Mais dans le cas de cet album en particulier, j’ai aimé cette fin. Cette chute, superbe, et pas si évidente car il faut savoir la trouver, la voir. Au final ce sera à chaque lecteur de prendre sa propre décision face à cette conclusion originale .

Et pour cette lecture commune, votre petit mot de conclusion ?

Céline du tiroir : J’ai aimé moi aussi cette fin habile et un peu abrupte, assez politiquement incorrecte finalement, parce qu’il semble que plus aucun auteur n’ose faire de loup vraiment méchant (ou alors pour le tourner en ridicule). En revanche, si ce « loup toujours » est très bien trouvé ici, il ne faut pas en faire un précepte évidemment !!

Kik : J’aime bien parler des albums ! – Et ce livre il me fait flipper quand même, mais tout en finesse.

Pépita : Oui, moi aussi, il m’a fait flipper cet album… Il y a une tension latente dans ces pages.

Bouma : Merci à toutes pour votre participation et pour ce bel échange.

J’espère que cette lecture commune vous aura donné envie de découvrir ce magnifique album et de vous faire votre propre avis à son sujet.

Si jamais vous vouliez en savoir encore un peu plus avant de vous décidez vous pouvez retrouver nos avis personnels ici :

– celui de Kik

– celui de Céline

– celui de Pépita

– et le mien (Bouma)

Mon arbre à secrets

Les gros coups de cœur ne sont pas toujours faciles à trouver mais quand j’en tiens un, je n’ai qu’une envie, c’est de le partager. Quand j’ai ouvert Mon arbre à secrets de Olivier Ka et de Martine Perrin édité par Les grandes personnes, j’ai tout de suite su qu’il allait faire partie de ces livres.

Mon engouement étant partagé par Pépita, on a eu envie de vous le faire découvrir avec notre petite conversation au pied de notre arbre à secrets.

Sophie : J’ai découvert ce livre par Martine Perrin qui m’en a parlé dans le cadre d’une interview que je voulais réaliser sur elle. J’ai donc reçu l’album quelques jours plus tard et là… magnifique ! Pépita, je sais que tu as été en contact avec l’illustratrice et l’auteur, Olivier Ka. Raconte-nous un peu ta découverte de cet album.

Pépita : Mais que oui ! C’est un album que j’avais déjà repéré dans mes acquisitions pour la médiathèque où j’exerce. Martine Perrin, je la suis de près et Olivier Ka aussi. Je me suis dit que les deux ensemble… Et puis, tout ce qui touche aux arbres, ça me touche. Je l’ai acheté aussi pour mes enfants et notre bibliothèque au Salon du livre jeunesse de Montreuil avec la ferme intention de le faire dédicacer par Martine Perrin. Mais bon, rendez-vous manqué… J’ai sauté sur l’occasion début avril puisque l’auteur et l’illustratrice ont été réunis pour la première fois autour de ce livre à L’Escale du livre de Bordeaux. J’en ai su un peu plus sur la genèse de ce livre vraiment singulier et magnifique : le texte était là avant. Olivier Ka l’avait depuis longtemps dans un tiroir. Il a tenté de le faire publier mais sans succès. Et puis la rencontre s’est faite avec les Editions Les Grandes personnes (qui de l’avis des deux, en la personne de Brigitte Morel, a joué un rôle essentiel dans la mise en valeur de ce livre). Puis, Martine Perrin a été si touchée par ce texte que les illustrations et leur mise en page sont venues très rapidement. Comme par magie ! L’histoire de ce texte est très belle. Olivier Ka était intervenu dans une classe. Sur le bureau de l’institutrice trônait une boîte très kitsch (coquillages et cie…). Il a été intrigué et la curiosité aidant, il a demandé ce qu’elle pouvait bien contenir. Les enfants pouvaient y déposer leurs secrets… Elle n’a jamais été ouverte… Et voilà, l’histoire de l’arbre à secrets a fait son chemin à partir de cette poésie du quotidien. Il était encore très ému, Olivier Ka, quand il m’a raconté cela. Tous les deux, en face de moi, c’était magique : de voir leur complicité si palpable. Un très bon moment ! Comme il s’en passe entre lecteurs et auteurs…

Sophie : Jolie rencontre en effet que ce livre ! Et toi qu’est-ce qui t’a plu au premier coup d’œil ?

Pépita : Tout ! Il est beau ce livre : la première de couverture, les couleurs, le titre prometteur, l’épaisseur ! Que de belles promesses de découvertes à l’intérieur… et en effet, quel beau voyage au pays des secrets confiés aux arbres, une très belle architecture… Et toi, coup de cœur non ?

Sophie : Oui, coup de cœur pour moi aussi. Ce livre est un magnifique objet et est très loin d’une simple histoire et j’aime ces livres qui ont une identité si forte.

L’histoire est celle du secret d’un enfant, confié à un arbre. Le personnage imagine que ce secret s’envole au loin et est récupéré par un autre enfant dans un autre pays.
Il est difficile de distinguer le texte des illustrations dans ce livre, mais si tu devais donner un mot pour le qualifier, lequel serait-ce ?

Pépita : Si je devais le qualifier, je dirais que ce livre est un concentré de la magie de l’enfance, de ses jeux qu’elle sait inventer et de la façon dont elle permet à l’autre d’entrer dans sa ronde. Lorsque je l’ai ouvert pour la première fois, que je suis entrée dedans, littéralement, une surprise à chaque page, ce fut l’émerveillement total et l’envie de le partager, notamment avec mes deux filles, dont je savais qu’elles sauraient s’approprier elles aussi sa beauté. C’est un livre à transmettre, en chuchotant, sans faire de bruit. Mais chuuut ! C’est un secret ! Et toi, tu le définis comment ?

Sophie : Je trouve qu’il y a beaucoup de poésie qui se dégage de ce livre et notamment du texte, qui répète les mots « secret » et « arbre », qui est très doux à la lecture. Je suis d’accord avec toi sur cette envie de le partager, on parle de secrets et pourtant, je n’ai qu’une envie, c’est de le lire et le faire lire à plein de monde.

Cet album n’est composé que de deux couleurs, le bleu et le vert… avec une petite pointe de rouge. À quoi as-tu associé ces couleurs ?

Pépita : Le bleu, au ciel et le vert, à l’herbe du jardin. Ou le bleu à la liberté et le vert aux pieds sur terre… Le rouge, à la vie qui palpite. Il apporte une petite note de fantaisie et de surprise. Peu de couleurs, mais elles sont vives et apportent une très belle cohérence à cet ensemble. Les calques, insérés de temps à autre, avec leur transparence, et le beau papier blanc épais, apportent aussi beaucoup à la beauté de ce livre.

Sophie : Le ciel et l’herbe, c’est aussi à cela que ces couleurs m’ont fait penser. Logique finalement comme ce livre nous plonge en pleine nature. En plus de ce que tu as cité, il y a aussi la mise en page du texte qui apporte encore un peu de liberté avec ces différentes formes : en ligne droite, en courbe, en petits paragraphes et même sous forme de jeu à relier.

Bref ce livre est un peu un OVNI hors normes qui parle d’un sujet universel, le secret. C’est d’ailleurs mis en avant avec le mot traduit en 20 langues sur la quatrième de couverture.
Un dernier mot sur ce coup de cœur Pépita ?

Pépita : Je dirais que c’est un livre précieux, qu’on laisse reposer et qu’on redécouvre à chaque fois qu’on l’ouvre à nouveau. Il est universel aussi : il peut être lu à tout âge. Magique !

*** Pour en savoir plus ***

La chronique de Pépita ICI et la mienne . Et pour encore plus de plaisir, l’interview que j’ai réalisée sur Martine Perrin ICI-LÀ.

Les sites de Martine Perrin et d’Olivier Ka.

Le site des Editions Les grandes personnes.

Lectures d’enfants #9

C’est avec plaisir que je me lance dans ma première lecture d’enfant avec mon fils, Morgan, 20 mois. Évidemment, je ne lui laisserais pas la parole sinon ça risque de vite devenir incompréhensible mais je vais vous raconter sa première expérience avec un conte traditionnel.

 

Passé ses un an et demi, Morgan est plus à l’aise avec les livres et apprécie de plus en plus la lecture du soir au point qu’il est parfois difficile de s’arrêter. Je me suis dit qu’il était temps de commencer à le familiariser avec l’univers des contes classiques, que je connais moi-même assez mal. Une découverte pour lui et une révision pour moi, ce sera avec l’histoire des trois petits cochons que l’on va commencer cette longue aventure. Étant donné son âge, j’ai évité une version complète et j’ai opté pour la nouvelle collection des éditions Tourbillon : Anim’contes. L’histoire est simplifiée et de petites animations viennent attirer le petit lecteur curieux.

DSC_0117Morgan a adoré. Lui qui, il n’y a pas si longtemps, n’allait pas spontanément vers les animations des livres, les a tout de suite repérées. Il s’est fait un plaisir à bouger les tirettes pour faire avancer les petits cochons, je ne vous parle même pas de celle qui les fait apparaître à une fenêtre, il en a eu un fou rire, allez savoir pourquoi ! Il a participé activement à la construction de la maison en brique. DSC_0123Et, oh méchant petit lecteur, il a soufflé tout ce qu’il pouvait pour aider le loup à casser les maisons. Heureusement, il s’est rattrapé en le plongeant dans la marmite chaude de la cheminée, et plutôt deux fois qu’une…

Pour ce qui est du texte, il n’est pas encore très facile de savoir ce qu’il en a retenu mais à en déduire par ses syllabes tantôt affirmées, tantôt interrogatives, je pense pouvoir dire que cette histoire lui a plu.

DSC_0119Cette première expérience avec les contes était un vrai succès autant pour Morgan, qui s’est bien amusé, que pour moi de le voir s’extasier à chaque page et de retrouver ces trois charmants petits cochons…

Les trois petits cochons
Anne-Sophie Baumann et Christian Guibbaud
Tourbillon, 2014

Sophie et Morgan