Nos coups de cœur d’avril !

Si, comme le dit l’adage « En avril ne te découvre pas d’un fil », et même si ce mois fut une nouvelle fois confiné, nous n’avons pas perdu le fil de la lecture sous A l’Ombre du Grand Arbre, nous nous y sommes même plutôt accrochées !

Voici donc, comme chaque premier lundi de chaque mois, nos coups de cœur d’avril !

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Pour Colette, avril a été le mois de la famille confinée qu’il a fallu continuer de faire rêver. Alors avec le bel album La Passoire de Clarisse Lochmann publié aux éditions L’atelier du poisson soluble, on a pu débrouiller ensemble les fils ténus et enchantés des rêves qui tissent nos nuits. On y suit une enfant que le défi de recréer ses rêves de la nuit n’effraie pas. Et à sa suite, on meurt d’envie d’essayer de saisir, nous aussi, ce moment si particulier qui nous ouvre les portes d’un ailleurs caché dans notre propre intériorité.

La Passoire, Clarisse Lochmann, L’atelier du poisson soluble, 2020.

L’avis de la collectionneuse de papillons par ici.

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Pépita dans son MéLi-MéLo de livres a succombé à L’appel du large mais pas à n’importe lequel : un magnifique album de Cathy Ytak au texte et de Laurent Corvaisier aux illustrations, dans lequel l’écho trouve sa place à cet appel du large. Il y aura forcément le vôtre dans ces pages sublimes.

L’avis de Pépita

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Lucie a eu un énorme coup de cœur pour l’album Là-bas, qui propose lui aussi un voyage vers le large. Des mots rares et précieux, des illustrations somptueuses et la magie opère. Un album d’une grande beauté plastique et poétique.

Là-bas de Rebecca Young, illustrations de Matt Ottley, Kaléidoscope, 2020.

L’avis de Lucie et d’Isabelle.

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Pour Linda, le coup de cœur du mois va au roman de Vincent Villeminot, Comme des sauvages. L’auteur nous met entre les mains un récit fantastique déconcertant qui questionne sur le place de l’humain dans la nature, remettant régulièrement en doute les repères que l’on croyait établis. Déconcertant!

Comme des sauvages, Vincent Villeminot, PKJ, 2020.

Les avis de Linda et d’Isabelle.

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C’est un doublé pour Vincent Villeminot, puisque pour Isabelle également, le coup de cœur du mois revient à un de ses roman qui s’est révélé addictif : comme les habitants de l’île, on brûle de savoir ce qui se passe là-bas, sur le continent… Entre feuilleton d’aventures, robinsonnade post-apocalyptique et fable philosophique, c’est un excellent cru !

L’avis d’Isabelle

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Pour Liraloin c’est le besoin d’un bon bol d’air frais qui s’est fait ressentir à travers Juste un fraisier d’Amandine Laprun. Et quoi de mieux que de déguster de bonnes petites fraises sous un rayon de soleil printanier !

Juste un fraisier, Amandine Laprun, Actes Sud Junior, 2020

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Il y a comme une envie d’évasion et de respirer la nature et le large à pleins poumons dans ces lectures d’avril, non ? On vous souhaite de pouvoir le faire très bientôt et vous donne rendez-vous le mois prochain pour de nouveaux coups de cœur ! D’ici là, n’hésitez pas à partager vos trouvailles livresques avec nous…

Lecture commune : A quoi rêvent les étoiles

Après la lecture commune sur l’album Nuit étoilée, voici un roman A quoi rêvent les étoiles de Manon Fargetton publié par Gallimard jeunesse, qui nous permet d’étoffer notre périple étoilé.

Sélectionné dans le Prix UNICEF 2021 de littérature jeunesse, catégorie 13-15 ans, notre rencontre avec ce roman s’est faite par ce biais.

Ce roman choral a illuminé notre début d’année et donc une lecture commune s’imposait, que voici !

⭐⭐⭐⭐⭐

Colette : A quoi rêvent les étoiles ? Quelle belle question ! Que s’est-il passé dans votre tête en découvrant ce titre ?

Liraloin : je n’ai pensé à rien en découvrant le titre, l’étoile représente tellement la rêverie chez moi que je me suis dit : « voici une lecture qui devrait me plaire ». Cette proposition de lecture m’a tout de suite bottée car je n’ai rien lu de Manon Fargetton.

Pépita : Justement, il n’y a pas de point d’interrogation dans ce titre ! C’est ce qui en fait tout le mystère je trouve. ça part du principe qu’il n’ y a pas de réponse à donner mais je l’ai pris comme une invitation à mener ses rêves jusqu’au firmament. Et ces étoiles, qui sont-elles ? Un petit tour de ciel ?


Liraloin : Elles sont multiples, différentes et puis elles peuvent s’assembler pour dessiner une voie lactée.


Colette : Ces étoiles ce sont Alix, comédienne en herbe qui rêve de fouler les planches après ses études, Titouan, jeune lycéen en rupture avec les autres, avec le monde extérieur (mon chouchou ;), Luce, une femme au destin incroyable qui vit très douloureusement son récent veuvage. Et puis il y a Armand, le père d’Alix, un père incroyable d’amour, de dévouement, et son amie Gabrielle, professeure de théâtre passionnée. Et rien qu’en faisant cette liste, je sens que je suis prête à dévoiler ce qui les unit, car les liens qui se tissent entre tous ces personnages sont multiples, divers, parfois tendus, parfois rompus, sans cesse renouvelés. Et c’est de ça dont il s’agit dans ce livre : des constellations invisibles qui relient les humain.e.s les un.e.s aux autres. C’est tellement beau comme projet d’écriture ! Et surtout c’est réussi !.


Pépita : Et justement, elle rêvent à quoi ces étoiles ? Leur projet, leur angoisse, leur révolte, ….qu’est-ce qui les motivent ….ou pas du tout ?


Colette : Je dirai qu’Alix rêve d’endosser de multiples rôles, de relever des défis, et surtout d’être indépendante. Elle rêve aussi de sa mère retrouvée et d’amour avec un grand A. Titouan rêve de quelque chose de très simple et de très doux : il rêve d’être accepté comme il est. Il rêve d’amitié sincère. Luce rêve de mourir. Non, en fait Luce rêve de retrouver l’homme qu’elle aime. C’est aussi un rêve très simple. Mais inaccessible pour les êtres incarnés. Armand rêve de rendre heureuse sa fille. Et Gabrielle… Gabrielle, je ne sais pas trop. Elle est tellement sur la défensive. Je pense qu’elle rêve d’amour aussi mais…


Liraloin : Ces étoiles, elles sont différentes chez les adultes et les ados. Tandis que les adultes veulent simplement être heureux. Les ados, eux, veulent accomplir quelque chose. Ils sont le reflet de notre société : le rêve où tout est possible sans limite et puis la voie sur laquelle on s’engage peu importe du moment que l’on est heureux.


Pépita : Je dirais juste qu’ils veulent simplement être heureux, être en accord avec leurs envies même si elles sont encore floues. Pour Alix et Titouan, c’est plus clair. Pour Armand aussi , même s’il se cache. Pour Luce, j’ai trouvé ça terrible. Gabrielle, elle, elle est écartelée mais elle le veut bien. Dans ce roman pour ados, ce sont les adultes les plus perdus ! Alors que les ados, eux, savent ce qu’ils veulent, en toute intransigeance. J’ai trouvé cet aspect du roman drôlement bien. Ce qui prouve que la vie est une quête permanente.
Sans trop en dévoiler, par quel heureux hasard vont-ils se rencontrer ? Car ça aussi, c’est fort !


Colette : C’est le hasard justement qui les réunit, un hasard permis par les nouvelles technologies, par les réseaux de communication si envahissants du XXIe siècle. Un hasard qui m’a amené à les voir autrement ces réseaux d’ailleurs. A les voir comme une chance.


Liraloin : Finalement ils vont se connecter grâce aux « nouvelles technologies » (comme ça nous restons dans le flou). C’est le démarrage de beaucoup de rencontres qu’elles soient « provoquées « ou non après tout !


Pépita : Cet heureux hasard va donc faire en sorte qu’il s’entraident mais avant d’en arriver là, l’autrice prend vraiment le temps de revenir à plusieurs reprises sur chacun pour faire avancer leur propre trajectoire. Avec aussi des temps de recul. Du coup, le lecteur les voit évoluer, s’empêtrer, se figer, avancer à nouveau. Cette construction vous a-t-elle séduite ? Qu’est-ce qu’elle révèle de chacun d’eux ?


Colette : J’ai trouvé ce rythme très juste, il nous permet d’aller de surprise en surprise, c’est une petite machinerie narrative très ingénieuse. Titouan, par exemple, mon chouchou, on le découvre complètement addict aux jeux vidéos au départ, et puis au fur et à mesure on comprend ce qui se joue pour lui dans ses longues parties avec Lix, on comprend que quelque chose cloche, mais sans vraiment savoir pourquoi, on a l’impression que c’est une passade, et puis la crise qu’il va vivre quand son père l’oblige à aller au lycée est vraiment effroyable, on comprend alors qu’il vaut mieux prendre au sérieux l’angoisse qu’il ressent et qui le maintient dans sa chambre. Et puis il va y avoir ce message un soir sur son téléphone. Et sa réaction est tellement belle, d’autant plus belle quand on mesure à quel point les autres le font souffrir. La narration de ce roman prend toujours des portes dérobées, des chemins de traverse et c’est très agréables de se laisser guider.


Pépita : Oui c’est exactement cela Colette, des chapitres qui alternent sur chaque personnage mais en même temps des liens invisibles se tissent entre eux et c’est fort beau. Le lecteur s’en émerveille et il se demande bien comment cela va s’épanouir mais sans inquiétude car il a confiance en eux.
A propos des personnages-Colette nous l’a déjà avoué !-quel est le personnage qui vous a le plus touché et pourquoi ?


Liraloin : Le personnage qui me touche le plus c’est Gabrielle, cet enfermement assez cynique. Elle fait en sorte que rien ne la touche et c’est assez paradoxal avec son métier : professeure de théâtre. Au théâtre il faut montrer ses sentiments mais on y joue aussi. Je la trouve dure parfois mais tellement encourageante avec Alix.


Colette : Bon, j’avoue que j’ai un faible pour les laissés pour compte, les mal dans leurs peaux, ceux qui doutent et qui questionnent – déformation professionnelle sans doute – alors j’ai vraiment adoré suivre Titouan. Et puis au début je ne comprenais vraiment pas ce qui le retenait dans sa chambre et en fait … il n’y a rien d’autre à comprendre que son désir de ne plus sortir. Peut-être que cela a fait écho en moi à la période de confinement que nous venions de vivre parce que vraiment j’avais envie de le sortir de là. Et puis après la tentative de ses parents, j’ai compris que non, seul un miracle pouvait changer la donne. Et le miracle a lieu. Et nous assistons à la résurrection de Titouan. Et c’est tellement émouvant !


Pépita : je te rejoins pour Titouan ! Tous ces personnages sont touchants mais j’ai eu un faible pour Luce (plus proche de mon âge !) : son désarroi, son manque, sa solitude immense, sa vie d’avant, …. Au début aussi, je me suis dit : mais elle n’a plus les pieds sur terre ! Je ne connaissais pas encore sa passion. Peu à peu, elle change, elle renaît à la vie, à une sorte de vie puisque…Alix, Titouan et Luce ont ceci en commun que ce sont des êtres entiers. Et cela me touche car j’aime ces êtres-là. On les considère souvent comme intransigeants. C’est juste qu’ils sont incompris dans leur élan de vie et que souvent, on leur coupe les ailes. Leur étoile brille fort et ils veulent l’atteindre à tout prix. C’est ce que ces trois personnages nous disent. Luce le dit un peu différemment. Elle n’a pas la même expérience de vie. Elle a déjà fait du chemin. J’ai eu plusieurs fois eu envie de la prendre dans mes bras.


Colette : On pourrait évoquer la construction du livre en actes : 5 actes, c’est la division classique de la tragédie : est-ce que vous avez trouvé cette structure pertinente ? Qu’est-ce que cela apporte au récit ? Peut-on comparer, selon vous, ce roman à une tragédie ?


Liraloin : Je n’ai pas vu cette construction comme toi Colette, je n’y ai vu que l’entrée, le lever de rideau et puis j’ai laissé évoluer les personnages devant moi tout simplement.


Pépita : J’y ai plus vu une allusion au théâtre que pratiquent deux des personnages. Et je l’avais oubliée ! Une tragédie, non, je ne pense pas, je ne l’ai pas perçu comme ça. Plutôt comme un découpage qui accompagne l’évolution des personnages.


Colette : J’aurais bien aimé parlé des relations familiales qui sont au cœur des différentes trajectoires, quel que soit l’âge des enfants – adolescent.e.s ou adultes. Je trouve que ce roman nous offre une sacrée vision de la parentalité entre la mère absente, qui abandonne et revient sans crier gare, le père omniprésent, les parents qui s’éloignent, les parents qui comprennent… Pour vous, sont-ce seulement des personnages secondaires ou ont-ils des rôles plus importants ?


Liraloin : Ils sont très important ces personnages. J’ai été bouleversée par la scène du papa et de Titouan au collège (je n’en dis pas trop). Il y a aussi la fille qui s’éloigne aussi, enfin les filles. Celle qui l’a fait depuis des années Gabrielle et celle qui veut voler de ses propres ailes : Alix. Oui les parents sont présents à leur façon et apportent à nos personnages principaux une belle force pour continuer.


Pépita : Tu as raison de le souligner perspicace Colette comme toujours ! Pour reprendre la métaphore des étoiles du titre, on est dans une constellation d’humains qui gravitent les uns autour des autres et entre lesquelles des liens invisibles se sont tissés. Ils le savent sans le savoir qu’ils ont réellement besoin des uns et des autres, même si le besoin de s’affranchir de ces liens est vital pour certains. Savez-vous que nous avons tous autour de notre corps une sorte de petite bulle invisible qui nous protège et dont nous avons besoin de frotter aux autres de temps en temps ou au contraire de préserver en s’éloignant ? Ce roman le montre très bien. Du coup, tous les personnages sont importants dans cette histoire, il n’y en a pas de secondaires pour moi.
Si vous en êtes d’accord, j’aimerais qu’on arrête là sur l’intrigue au risque de trop en dévoiler et ce serait dommage pour des personnes qui n’ont pas encore lu ce magnifique roman. Cependant, quel effet a-t-il produit sur vous ? Je pense qu’il dépasse largement le public adolescents. Qu’en pensez-vous ?


Colette : Comme souvent en littérature dite jeunesse, A quoi rêvent les étoiles peut toucher n’importe quel public, ado ou adulte. L’éventail des personnages d’âges très divers permet d’aborder chaque âge de la vie (sauf l’enfance peut-être qui n’y est pas explicitement présente) à travers des questionnements qui sont autant d’étapes dans la construction de soi : quel avenir me construire ? Quels liens avec ma famille ? Avec les autres ? Avec la société dans son ensemble ? Comment être encore moi-même quand les êtres que j’aime ont disparu ?


Liraloin : Tout d’abord, j’ai été très heureuse de cette lecture commune car j’avais envie de lire, depuis un grand moment, Manon Fargetton. Pour l’avoir vu et lu des interviews essentiellement les thématiques abordées dans ses livres me correspondent (dystopie – aventure – roman social…). Il dépasse complètement le public ado car le sentiment d’attachement entre les personnages est intergénérationnel !


Pépita : Personnellement, ce roman a illuminé ma fin d’année dernière ! Si vous deviez le définir en un mot, quel serait-il ?


Colette : Solidarité ! Ce que j’ai trouvé beau ce sont ces liens qui se tissent là où on ne les attendait pas.


Pépita : Mon mot serait lumière !


Liraloin : Pour moi ça serait l’amour car ce mot englobe cette relation si spéciale qui se tisse entre les personnages.


Le mot de la fin pour Colette : C’est un roman foisonnant et très organisé à la fois qui laisse comme une empreinte lumineuse en plein cœur même plusieurs mois après sa lecture ! J’espère que c’est ce que nous transmettrons à travers notre lecture commune !

⭐⭐⭐⭐⭐

Nos chroniques du roman :

MéLi-MéLo de livres

-Liraloin

Entretien avec Séverine Vidal

Il y a des autrices dont on aime lire les écrits et dont on suit les parutions avec impatience. Séverine Vidal est de celle-là. J’ai eu la chance de la rencontrer, elle réside en plus dans la même région que moi, et en plus, c’est une fidèle du blog ! Ayant gentiment commenté notre article consacré aux plaisirs minuscules qui comportait deux de ses ouvrages, nous avons saisi l’occasion de lui proposer un entretien. Voici le résultat !

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De quelle manière choisissez-vous le sujet de vos histoires ? Vous partez d’un mot, d’une situation ? Est-ce qu’il s’impose ? Est-ce que vous écrivez avec un lecteur en tête ?

Je ne choisis jamais un sujet, ni un message à faire passer. Je choisis un personnage. Je l’invente (c’est une étape, cette rencontre, qui ne se passe que dans ma tête ; je ne prends aucune note à ce stade), nous faisons connaissance. Puis je le suis, je la suis, je les suis. Ils m’embarquent, ces personnages, vraiment. L’idée de ce personnage peut surgir, de façon presque brutale, sans préavis, d’un mot entendu, d’une silhouette, d’une histoire qu’on me raconte, d’une chanson. Ou elle peut naître d’une construction lente, comme si je tournais autour des semaines avant de l’atteindre. Je ne suis pas sûre d’être très claire, là ! Il y a des personnages qui s’imposent, oui, parce que je les rencontre dans la « vraie vie » et que j’ai envie d’inventer l’histoire qui « va » avec. Récemment, le personnage d’Yvonne dans notre BD Le Plongeon (avec Victor Pinel, Grand Angle), ou Pierrot dans mon roman Soleil Glacé  (coll R) : je me suis inspirée de résidents d’EHPAD (pour l’une) ou de foyers pour adultes en situation de handicap (pour l’autre). De nos échanges lors d’ateliers d’écriture que j’y ai menés. Ces personnages sont le fruit d’une matière brute : l’émotion.

Je n’écris pas avec un lecteur en tête. Jamais. Je n’y pense pas. C’est plus tard, ça. Au moment de la parution, quand je lâche mon livre, quand il n’est plus tout à fait à moi, que je dois le partager. Là, j’attends les premiers retours fébrilement. Il y a un vrai vertige, là. D’ailleurs, j’ai l’impression que si on n’aime pas mon livre, c’est moi qu’on rejette. Ça ne s’arrange ni avec les années, ni avec les succès, les prix… Si j’ai un article négatif et deux cents coups de cœur, ce qui tourne le soir dans ma tête, hélas, c’est l’article négatif.

Vous sentez-vous reconnue comme une autrice à part entière ?

Heureusement, oui. C’est mon métier depuis 2011. Et même si j’ai commencé tard (à 40 ans), même si je ne viens pas de ce milieu (j’étais enseignante), même si j’ai pu me laisser grignoter, parfois, par le fameux syndrome de l’imposteur (il faudra que je cherche le féminin de ce mot), je sais que je suis à ma place. Ça n’empêche ni les doutes (j’aime douter), ni la peur.

Vous touchez à tout : albums, premières lectures, bandes dessinées, romans.  Est-ce un travail différent ? Avez-vous une préférence ? Ou avez-vous besoin de toucher à tout ?

C’est un travail différent, on n’aborde pas de la même façon un album pour les tout-petits et un roman pour ados ou encore un scénario de BD adulte. C’est ça qui me plaît  ! La richesse, la variété, le fait de mener, toujours, plusieurs projets de front, de ne rien me refuser, et qu’une journée ne ressemble pas à la précédente, ce sont des choses que je recherche. Je travaille en général sur six ou sept projets en même temps, un roman qui occupe mes après-midis, plusieurs projets BD à différents stades d’avancement (prise de note pour l’un, étape du séquencier pour un autre, écriture du scénario et travail sur le découpage pour un autre encore…), la rédaction de synopsis pour mes prochains romans (de façon à les proposer à mes éditeurs ou éditrices), l’écriture d’albums. J’aime écrire. C’est mon moteur. Et j’aime varier les plaisirs 🙂

Parlons de vos romans dans lesquels il y a beaucoup d’humour. Est-ce pour dédramatiser certaines situations ?

Souvent, oui. J’aborde parfois des thèmes qu’on pourrait considérer comme lourds, difficiles. L’humour permet d’en alléger la charge, permet la respiration. C’est le cas dans la vie  : l’humour nous sauve. Rire de soi, rire avec les autres, tordre le quotidien pour le rendre drôle, même dans les pires moments. On expérimente ça tous les jours, surtout en ce moment. Heureusement qu’il reste ça, l’humour, qui est contagieux lui aussi.
Mon envie, quand j’écris, c’est de suivre mes personnages, de créer des situations « justes ». Je vis la scène, de l’intérieur, je mets les dialogues en voix, et l’humour, un certain décalage, viennent spontanément.

Le thème du road trip revient souvent dans vos textes : avez-vous, vous-même, entrepris ce genre de voyage et si oui, est-ce votre propre expérience qui vous a inspirée ? Est-ce un ressort narratif particulièrement « pratique » pour s’extraire de la réalité et du quotidien afin de permettre à des liens familiaux (intergénérationnels ou générationnels) de se construire ?

Oui, vous avez raison, mes personnages sont presque toujours en mouvement ! Je ne m’en étais pas spécialement rendu compte, quand un élève en classe me l’a fait remarquer il y a quelques années. Il avait lu Quelqu’un qu’on aime et Lâcher sa main. Il m’arrive quand même d’avoir des personnages statiques, ha ha, dans Pëppo ou dans La Maison de la Plage, par exemple. Mais, naturellement, j’ai envie de les faire voyager, bouger, comme si leur évolution passait par là. Pour Quelqu’un qu’on aime, oui, je me suis inspirée d’un voyage que j’ai eu la chance de faire en 2013, aux États-Unis. Le livre est né en route, là-bas. Mais, dans d’autres cas, au contraire, je fais voyager mes personnages alors que je suis plutôt casanière et que j’adore, tout simplement, être chez moi ! Je fais parfois faire à mes personnages les voyages dont je rêve, ou les voyages que je n’ai pas faits.

Dans   votre dernier roman L’été des Perséides, vous rédigez un joli paragraphe sur votre mari Jérôme dans les remerciements. Vous indiquez que c’est lui qui a cru en votre écriture et n’a cessé de vous « remettre au travail lorsque vous pensiez que tout était foutu ». Est-ce que la famille vous donne cette force pour écrire ? Sont-elles des personnes ressources ?

La famille au sens large, oui. Je fais lire mes manuscrits à pas mal de monde avant de les envoyer à mes éditeurs ou éditrices. Des collègues auteurs.trices, des bookstagrameurs.euses… et à mes enfants ou mon mari. A quelques ami.es. Jérôme lit tout ce que j’écris, chaque jour. Il lit ou il m’écoute lui lire à haute voix, à l’apéro (il est brasseur, on teste ses bières en même temps), le chapitre du jour ! C’est essentiel pour moi. Le « cas » de L’été des Perséides est un peu particulier dans ma bibliographie. C’est le seul de mes romans que j’ai écrit en deux fois, avec un intermède d’un an et demi entre la première partie du roman et la dernière. Le seul que j’ai pensé abandonner parce que j’avais l’impression de ne pas y arriver. Je faisais un vrai pas de côté avec ce roman, en touchant à la science fiction, et je sortais clairement de ma zone de confort (je n’aime pas beaucoup cette expression mais là, je n’en trouve pas d’autre). Jérôme m’a aidée, nous avons décortiqué encore et encore la trame narrative, qui s’étend sur plusieurs siècles, les enjeux, la cohérence. Puis mon éditrice, Alice Aschéro, a pris le relais et m’a redonné confiance, elle-même convaincue par ce qu’elle avait lu. J’avais arrêté en octobre 2016, en pleine phrase. J’ai repris au début de l’année 2018, exactement où je m’étais interrompue. Alors oui, les gens qui m’entourent, les amis, la famille, sont très importants. Je compte sur leurs retours honnêtes mais bienveillants.

Est-ce que les rencontres dans les classes ont quelque chose de particulier pour vous ? Qu’est-ce que cela vous apporte ? Cela vous inspire-t-il ?

J’ai beaucoup aimé cela, beaucoup. J’en ai fait. Beaucoup… trop peut-être ? Il m’est arrivé d’être un peu lassée, de répondre aux mêmes questions, parfois trois fois sur le même livre dans la même journée. Il m’est arrivé d’en avoir assez de parler de moi. J’ai pas mal cherché d’autres façons d’aborder les rencontres, de proposer des lectures, des lectures musicales, une expo reprenant, justement, les questions qui reviennent le plus en rencontre, et, bien sûr, des ateliers. C’est ce que je préfère, en fait, lors des rencontres, faire écrire les autres, créer un espace chaleureux où ils pourront s’exprimer et partager. Ces rencontres-là, oui, sont de vraies sources d’inspiration.

La pandémie a -t-elle bousculé profondément votre travail ? Apparemment, la visio est pour vous un bon moyen de rester en contact : y trouvez-vous votre compte ?

On a tous essayé de réinventer quelque chose. Sinon, quoi ? On arrête tout et on change de métier ? Lors du premier confinement, librairies fermées et monde artistique à l’arrêt, salons annulés, rencontres scolaires impossibles, j’ai eu l’impression que je n’avais plus de métier. Tout simplement. Et avec la sidération, j’ai passé deux mois sans écrire une ligne. C’est là que j’ai compris qu’une des solutions pouvait être à chercher du côté des animations virtuelles. J’avais commencé à en mettre en place en 2019 (surtout parce que les trajets à l’autre bout de la France, répétés, me fatiguaient vraiment et que j’avais envie de rester un peu chez moi !) et ce sont les seules qui ont pu aboutir au printemps 2020. Cette année, j’ai la chance d’avoir à nouveau été sollicitée, pour des ateliers en ligne, pour des rencontres via Zoom ou Skype, pour des ateliers d’écriture avec le réseau Canopé, la Bataille des Livres, en Suisse. C’est riche, chaleureux, on construit malgré tout quelque chose de beau, on rigole bien, on touche à des sujets intimes aussi. Le virtuel n’étouffe pas toujours l’humain : en ce moment, si on ne développe pas ça, on ne voit personne. J’y trouve donc mon compte, comme vous dites. Même si les deux uniques ateliers que j’ai menés cet automne en présentiel (à l’Université de Bordeaux et dans le cadre du salon Lire en poche) m’ont fait du bien. J’étais heureuse de me déplacer et de rencontrer des élèves « pour de vrai ».

EN BONUS

Que lisez-vous aujourd’hui ?

La quinzaine de BD que j’ai reçues ces jours-ci pour le Prix BD Lecteurs.com / CNL dont j’ai la chance inouïe d’être Présidente du jury cette année. Une très belle sélection, je suis ravie.

Avez-vous des projets en cours ou à-venir ?

Oui ! J’écris en ce moment la biographie d’Isabella Bird, une aventurière du XIXè siècle au parcours très enthousiasmant. C’est pour Albin Michel. Je travaille aussi sur trois projets de BD, une historique qui se passe au XVIIè siècle dans une colonie britannique (je vous préviens, ça ne sera pas très feel good, ha ha), une qui raconte le parcours d’un migrant et parle pas mal de cuisine, et une autre, imaginée à partir des dessins d’un artiste que j’aime beaucoup. Les parutions sont nombreuses en 2021 (il y a les reports de 2020 et les titres prévus initialement !)  : est-ce que je peux vous les récapituler  ?

A venir
En BD
Une biographie de George Sand (dessinée par Kim Consigny)  : George Sand, la fille du siècle, et qui va paraître en avril chez Delcourt. Un énorme boulot que cette BD de 310 planches : on a tellement hâte de la partager enfin  !

Et une autre BD, chez Glénat, dessinée par Vincent Sorel, Naduah, cœur enterré deux fois (la vie de Cynthia Anne Parker, mère du dernier chef Comanche, Quanah Parker).

En roman : dans la collection Court Toujours, en mai, Tu reverras ton frère.
Un roman pour ado (toujours chez Nathan) à la rentrée de septembre, Sous ta peau, le feu.

Des albums : Ma timidité (chez Milan, avec Marie Leghima), On a fait un vœu (chez Mango, avec Clémence Monnet) et un superbe pop-up avec Adolie Day chez Marcel et Joachim.

Je travaille aussi beaucoup sur des BD jeunesse, autour de personnages féminins forts. Il y aura en 2022 plusieurs adaptations en BD de mes romans chez Bayard, Nos cœurs tordus, co-écrit avec Manu Causse et Pëppo (la BD sera dessinée par Elodie Durand).

Et il y aura une surprise en janvier 2022  !

Merci, Séverine Vidal, pour ces réponses pleines de générosité !
Toute l’équipe va suivre ces sorties avec un grand intérêt !

Câlins, bisous, tendresse… et sexe !

On ne l’avait jamais fait ! Une sélection ÉROTISME et SEXUALITÉ en littérature jeunesse !

L’idée de cette sélection nous est venue suite à la lecture commune de lundi sur Le Goût du baiser, mais aussi d’une discussion autour des Liaisons dangereuses au moment de préparer notre sélection sur les récits épistolaires. Nous nous étions posé la question (récurrente) de l’âge auquel proposer la lecture de ce type de roman et avions cherché des romans et documentaires jeunesse abordant la sexualité de manière explicite.

Attention, chaud là-dessous !

💕💕💕

Voilà un album tout en poésie, découvert lors de mon premier salon de livre de Montreuil en… 2003 ! Un album osé dont seules les éditions du Rouergue avaient alors le secret, un album qui inaugurait une collection qui ne semble plus exister mais qui était un pari innovant, une collection dédiée aux albums pour adolescent.e.s : doAdo image . Tout d’abord, il y a ce titre merveilleux, une injonction si lumineuse : Amourons-nous ! Et puis ensuite il y a ce format : un grand format carré. Rare, précieux. Ensuite bien entendu il y a le graphisme si particulier de Sabien Clement, ses amoureux aux corps tracés au stylo, en noir et blanc la plupart du temps. Et puis il y a le texte tout en poésie de Geert De Kockere. Un texte qui dit la relation amoureuse dans toute sa sensualité et surtout dans toute sa générosité. On est bien loin du guide pratico-pratique, de l’encylopédie de la sexualité épanouie. C’est juste une histoire d’amour qui s’écrit au fil des caresses, des baisers, des murmures, de ce temps passé à découvrir chaque grain de peau, chaque cil, chaque creux, chaque pli. Une histoire de partage. De confiance.

« Tu portes une chemise
une chemise de nuit,
et tu l’ôtes elle aussi.
Te voilà nuit,
une nuit sans chemise.

Tout au creux de la nuit,
qu’il fait bon ne pas dormir. »

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Un texte fort sur la force du premier amour entravé par des adultes qui font eux-mêmes les réponses sans comprendre. Un texte aussi qui aborde la sexualité, quand elle se découvre et s’expérimente, avec infiniment de réalisme et de beauté mêlés. 

Rien que ta peau, Cathy Ytak,
Actes sud junior, D’une seule voix

L’avis de Pépita

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16 auteur(e)s, 16 nouvelles sur la première fois d’adolescent(e)s.
16 histoires qui abordent tout sans tabou, certaines glauques, d’autres érotiques, jamais pornographiques, toutes sortes de situations voulues, pas voulues, provoquées : l’attente, le coup de foudre, faire comme les autres, dire non et n’être pas entendue ni respectée, la déception ou l’éblouissement, la perte de contrôle, l’abolissement du temps et des corps.

16 nuances de première fois, Collectif, Eyrolles

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A l’occasion de notre lecture commune du Goût du baiser, nous avons présenté la nouvelle collection « L’Ardeur » de Thierry Magnier dont l’ambition est de proposer des romans jeunesse pour « lire, oser, fantasmer ».

Le goût du baiser de Camille Emmanuelle, Thierry Magnier

Retrouvez les avis de PépitaLiraloin et Lucie.

Ce roman nous ayant vraiment plu, nous avons lu deux autres titres qui ne nous ont malheureusement pas autant convaincues que celui de Camille Emmanuelle, mais dont nous souhaitions vous parler dans cette sélection.

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Pépita et Lucie ont ainsi découvert Touche-moi, de Susie Morgenstern.

Touche-moi de Susie Morgenstern, Thierry Magnier

Mais elles n’ont pas retrouvé l’énergie et la liberté de ton qui les avait emballées dans leur première lecture. Si l’auteure aborde avec naturel les rêves érotiques de son héroïne, elles ont été dérangées par les nombreux clichés tant dans la galerie des personnages que dans les situations, et ne voient pas en quoi ce roman pourrait répondre aux questionnements des ados.

Retrouvez l’avis de Lucie.

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De son côté, Colette a lu Toute à vous de Maïa Brami.

Toute à vous de Maïa Brami, Thierry Magnier

Dans ce roman, la narratrice se livre à un jeu littéraire particulier : elle écrit des lettres érotiques à son voisin d’en face, dont les gestes et le corps la font fantasmer alors qu’elle vient de rompre avec son colocataire. Si les choix narratifs me semblaient tout à fait percutants pour évoquer ce qui relève du fantasme et du rôle de la vie psychique dans la sexualité, j’ai été très vite déçue par les clichés que la narratrice alignait dans ses missives. Pas de coup de cœur au rendez-vous, donc. Mais cela ne nous empêche pas de guetter avec curiosité les prochains titres de cette collection audacieuse.

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Pour compléter cette ST, nous vous avons concocté une liste de nos documentaires préférés sur le sujet, dont plusieurs à destination des ados, certains aussi pour leurs parents ! Tous savent trouver les mots justes pour répondre aux interrogations relatives au genre et la sexualité, accompagner, rassurer, sensibiliser aux risques, aux discriminations genrées et au consentement, mais aussi montrer que la sexualité n’est pas un tabou mais quelque chose de naturel et de positif ! Sur un ton naturel et factuel, à la fois simple et précis, qui instaure immédiatement la confiance, ils informent sans détour et déconstruisent les idées reçues avec bienveillance. Des must-have !

Peut-être le plus complet, ce dictionnaire bienveillant de la sexualité qui porte bien son nom est attrayant, instructif et bien construit autour d’entrées alphabétiques.

Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité, par Myriam Daguzan Bernier, illustrations de Cécile Gariépy (Éditions du Ricochet, 2020)

L’avis d’Isabelle

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Le suivant aborde de façon plus ciblée les questionnements liés au genre et à l’orientation sexuelle en faisant la part belle aux témoignages et à une iconographie très variée… tout en permettant de faire le plein de bonnes ondes grâce à ses petits mots optimistes !

Je suis qui ? Je suis quoi ? de Jean-Michel Billioud, Sophie Nanteuil, Terkel Risbjerg et Zelda Zonk (Casterman, 2019)

L’avis d’Isabelle

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La première fois que j’ai eu ce livre entre les mains, je me suis dit : waouh !!!! Enfin, un livre qui aborde tout sans complexes, en toute simplicité, avec des questionnements, des réponses, sans tabous, pour découvrir et vivre sa sexualité dans le respect de l’autre. Un must !

Ceci n’est pas un livre de sexe, Chusita, Nathan

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On ne présente plus Isabelle Filliozat ! Sortir en août dernier, ce livre-version poche de Sexpérience sorti en 2019- aborde avec clarté et simplicité les questions des ados sur ce sujet souvent sensible.

Amour, sexe, les réponses aux questions des ados,
Isabelle Filliozat et Margot Fried Filliozat,
Pocket

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Et un livre pour aider les parents ? Quand il s’agit de parler de sexualité, ce n’est pas toujours aussi évident que de leur apprendre à nager ou à marcher ! Comment aborder ce sujet souvent tabou avec eux ? Un livre qui aide à dédramatiser le sujet.

La sexualité de vos ados : en parler, ce n’est pas si compliqué ? Samuel Comblez, Solar

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Voici d’autres références incontournables sur le sujet que nous classons à part car pour la plupart, elles ne sont plus disponibles. Cela dit, elles restent sûrement empruntables dans votre bibliothèque préférée !

Un documentaire épatant qui pose 70 questions de filles et de garçons sur l’amour, le baiser, la sexualité, les sentiments, sans aucun tabou, puisque ces questions, on se les pose tous sans oser forcément les formuler. Les réponses sont très claires et décomplexées. Il en émane également beaucoup de respect et de dédramatisation. Les photographies qui mettent en scène les trente jeunes sont bourrées d’humour et apportent une note de fraicheur que nos ados ne bouderont pas ! Un documentaire au poil !

Est-ce que ça arrive à tout le monde ? Syros

L’avis de Pépita

Entre album et documentaire, voici un ouvrage qui aborde une multiplicité de thèmes : de la procréation aux relations amoureuses avec des illustrations riches. Dommage qu’elle ne soit plus éditée car vraiment elle est top ! Parue en 2013, cette encyclopédie « qui parle d’amitié, d’amour et de sexe aux enfants » a obtenu le Prix Sorcières Documentaires en 2014.

C’est ta vie ! Thierry Lenain et Benoît Morel, Oskar

Un documentaire déjanté qui plait dès dix ans pour son approche décalée, ce qui ne l’empêche pas d’être complet.

Zizi, lolos, smack !! Delphine Godard et Nathalie Weil, Nathan

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Et vous, votre référence sur le sujet ?

Nos coups de cœur de 2020

Chaque premier lundi du mois donne ici lieu à nos coups de cœurs du mois passé ! Pour commencer l’année, voici notre coup de cœur de l’année 2020, parmi ces coups de cœur mensuels.

N’hésitez pas à partager les vôtres !

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Malgré son genre de prédilection qu’est le roman (et elle en a lu tellement de bons en 2020 que ce serait trop difficile de choisir !), c’est un album que Pépita dans son MéLi-MéLo de livres décide de faire sortir du lot pour cette année 2020 si particulière : car, oui, la lecture m’a sortie du marasme ambiant (mais que peuvent donc bien faire les gens qui ne lisent pas ?). Une ode à la lecture, à l’évasion qu’elle procure, à sa faculté de nous transporter : « Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade », une citation que j’aime et qui prend tout son sens encore plus aujourd’hui.

Où tu lis, toi ? Cécile Bergame et Magali Dulain, Didier jeunesse

Sa chronique ici.

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Sur son île qui a débordé de trésors en cette année où la lecture a pris une dimension et une intensité particulières, c’est L’incroyable histoire du homard qui sauva sa carapace, de Thomas Gerbeaux, qui a le plus marqué Isabelle. Un petit livre qui se lit comme un roman d’aventure, une perche tendue à nos consciences, un hymne à la liberté, à la joie de la rencontre et à la solidarité. Une pépite haute en couleurs qui divertit et donne de l’espoir ! Car « qui sauve un homard, sauve l’océan ».

L’incroyable histoire du homard qui sauva sa carapace, de Thomas Gerbeaux. La Joie de Lire, 2020.

Sa chronique ici.

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Pour les ladies dont l’année fut riche en découvertes, c’est L’incroyable voyage de Coyote Sunrise, de Dan Gemeinhart, qui a laissé une emprunte forte. Lu à la levée du confinement de mars/avril qui nous avait limité dans l’acquisition de nouvelles lectures, ce road-trip émouvant et inoubliable, est une véritable ode à la résilience.

L’incroyable voyage de Coyote Sunrise, de Dan Gemeinhart. PKJ, 2020

Sa chronique ICI, ainsi que celles de Bouma, Isabelle, Lucie et Pépita.

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Pour Liraloin, c’est l’amour toujours et encore qui a parlé cette année avec Mon Bison de Gaya Wisniewski.

Le printemps s’installe, un bison se cache dans les hautes herbes, ce qui émerveille cette toute petite fille de 4 ans. Petit à petit, l’un et l’autre s’apprivoisent jusqu’à devenir inséparable : « Ces moments en sa compagnie me réchauffaient. J’aimais écouter le bruit de ses pas dans la neige poudreuse. J’aimais cette goutte gelée au bout du museau. J’aimais sa respiration. Simplement je l’aimais tout entier. »

Chaque hiver, que ce soit dans le silence ou dans l’évocation de leurs souvenirs, la petite fille et le bison vieillissent ensemble. Pourtant un jour, le bison ne réapparaît pas : « Le soir, je revins épuisée et le cœur lourd. »

Cet album est d’une belle douceur. Gaya Wisniewski nous livre une histoire d’amour pur et sensible entre deux êtres que tout oppose et qui finalement ne font plus qu’un. Les illustrations toutes de nuances noires et grises sont habilement rehaussées d’un filet bleuté. Ce bleu qui évoque l’hiver et la présence éternelle de l’amour entre ces deux-là :

Dans mon cœur, je l’entendais. « Je serais dans chaque fleur que tu découvriras au printemps, dans chaque bruit de la forêt, dans la chaleur du feu, dans la caresse du vent dans chaque flocon qui tombera… » Mon bison était là. »

Mon Bison de Gaya Wisniewski, Mémo, 2018

L’avis de Pépita.

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Sur les étagères de la collectionneuse de papillons pour laquelle 2020 a été l’année de la renaissance bloguesque, c’est l’album paru chez Rue du monde dédié à cette figure incroyable qu’est Janusz Korczak qui aura guidé de nombreuses réflexions. Réflexions de mère, d’enseignante, de citoyenne dans une société en crise. Parce qu’il n’y a pas souhait plus urgent : pour que vivent les enfants !

Korczak, pour que vivent les enfants, Meirieu, Pef, Rue du monde, 2012.

Sa chronique ici.

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Si on a déjà beaucoup parlé de ce roman à l’ombre du Grand Arbre, notamment dans une lecture commune, Lucie est toujours sous le charme d’Alma, Le vent se lève. Le souffle épique de ce récit de Timothée de Fombelle a été une bénédiction à la sortie du confinement. D’ailleurs, le premier tome de cette grande fresque sur l’esclavage a déjà été lu et relu par toute la famille.

Alma, Le vent se lève de Timothée de Fombelle, Gallimard Jeunesse, 2020

Sa chronique ici, ainsi que ceux d’Isabelle et Pépita.

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Pour Solectrice, c’est une belle découverte tirée d’un swap, qui l’a marquée cette année. Une improbable aventure pour deux jeunes abîmés. Un roman qui nous propulse dans une étrange réalité, par moments douloureuse, mais salvatrice. Une histoire qui nous fait voyager aussi, au ralenti, vers les terres peu connues des réserves indiennes. Une invitation à écouter l’autre et à lui donner une place dans notre vie.

Les Petits Orages de Marie Chartres, l’école des loisirs, 2016.

L’avis de Pépita.

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Et pour finir ce tour d’horizon, Bouma a ressorti de son petit bout de bibliothèque Les Enfants des Feuillantines. Un roman reçu A l’Ombre du Grand Arbre qui a su trouver sa place parmi les pépites lues cette année. Si jamais vous aviez besoin d’une lecture lumineuse la voici, toute aussi ensoleillée que sa couverture malgré les sujets abordés.

Les Enfants des Feuillantines de Célia Garino, Sarbacane, 2020

Son avis par ici.

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Et vous, quel est le livre qui vous a le plus fait vibrer cette année ?