Nous sommes très heureuses de vous retrouver pour une nouvelle année de partage, d’échanges et – on l’espère ! – de chouettes découvertes littéraire. Pour démarrer sous les meilleurs auspices, nous avons sélectionné les titres que nous avons préférés en 2024.
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Outre la fantastique clôture de la trilogie Alma (dont vous pouvez retrouver son avis et celui d’Héloise – Ileautresor) par Timothée de Fombelle qui a eu les honneurs de nombreux médias, Lucie a eu envie de rappeler deux coups de cœurs certes déjà cités (respectivement en juin et en septembre) mais qui lui ont laissé une impression durable.
Le premier est l’autobiographie romancée de l’auteur-illustrateur Eugene Yelchin, Un génie sous la table. Véritable plongée dans le quotidien d’une famille sous le régime communiste de l’URSS des années 1960, ce roman est un témoignage précieux. D’autant que les événements sont racontés avec un vrai sens de la formule et beaucoup d’humour.
L’espionnage et la promiscuité au quotidien, la pression des parents très conscients que seul un talent exceptionnel permettra à leur fils de se sortir d’une situation misérable, mais surtout le regard que pose cet enfant sur son environnement en font une histoire drôle et marquante à la fois. À découvrir !
Son avis complet ICI.
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Le second est Le gang des 11, un album très intelligent de Rocio Bonilla sur le phénomène de groupe. Si l’on peut le lire comme une simple aventure de Benjí, petit poisson invité à rejoindre un gang pour jouer, lorsque l’on s’arrête sur les douces illustrations le propos gagne en profondeur.
Les poissons sont tous gris, les yeux fermés, et suivent aveuglement les jeux de leur chef. Sauf que ces activités ne sont pas vraiment appréciées par les poissons qui en sont victimes. Où s’arrête le jeu et où commence le harcèlement ? Est-il possible de garder sa personnalité dans un gang ? Si le groupe fait quelque chose qui nous semble mal, comment y résister ? Peut-on pardonner à quelqu’un qui a fait du mal ? Voici certaines des questions que cet album peut soulever, avec délicatesse et bienveillance. Brillant !
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Pour Liraloin le premier roman On ne dit pas sayonara d’Antonio Carmona est une excellente surprise jusque là toujours un peu déçue des lauréats du concours d’écriture organisé par les éditions Gallimard jeunesse.
Pourquoi ne dit-on pas sayonara ? car la signification de cet au revoir n’est pas vraiment compatible avec ce que va ressentir la lectrice/le lecteur. Elise et son étoile Stella : celle qui va l’accompagner, la faire réfléchir sans brusquer, tout en étant respectueuse. Elise et sa grand-mère Sonoka celle qui va enfin prononcer le prénom d’une maman disparue, celle qui va honorer sa mémoire. Des rencontres qui font changer, évoluer et enfin peut-être accepter l’inacceptable. Tout ce petit monde va graviter, se connecter autour d’Elise et c’est un bonheur dans faille qui en restera.
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Un album a particulièrement fait mouche auprès de cette grande sensible : il s’agit de Demain dans une demi-heure de Thomas Scotto, illustré par Claire Gaudriot.
ll est des albums qui empoignent le cœur si fortement que le souffle devient trop faible pour continuer sa lecture. Thomas Scotto possède cette qualité rare d’écrire si généreusement (dans sa poésie) qu’on ne peut que lire et ressentir également cette puissance de l’écrit entre les lignes. Dans cette histoire à l’étrange allure de conte fantastique, un enfant ressent le monde extérieur. Un monde en attente d’une rencontre unique, si bouleversante pour les parents. Quant à Claire Gaudriot, elle réussit à transmettre tous les désirs de cette attente en offrant un dessin méticuleux et subtil. Bravo à ce fabuleux duo d’auteur-illustratrice ainsi qu’à Laurence Nobécourt de nous livrer cet album si fin et émouvant.
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Celui de Séverine.
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Pour Séverine, l’un de ses plus grands coups de cœur, c’est La fin de Velvet, petit roman à destination des tous.tes jeunes lecteurs.ices – collection Mouche de l’ Ecole des loisirs- qui, selon elle, allie finesse du texte et illustrations prodigieuses, pour un effet bouleversant d’émotions antagonistes. Le sujet principal est grave, il faut déployer une fantaisie délicate, une générosité et une ampleur hors normes, pour que le drame ne vire pas au mélo, ni les questions à l’angoisse. Ici, c’est de la maladie, puis de la mort imminente d’une toute jeune fille, dont il est question. Or, Nastasia Rugani et Marc Boutavant réussissent la prouesse d’en faire un récit lumineux, teinté d’espoir, malgré le caractère définitif, douloureux et irréversible de la séparation. Les deux sœurs que nous suivons tout au long de leur dernière nuit ensemble, sont puissantes de complicité joyeuse, de souvenirs et de secrets partagés, et dans l’amour qui les unit, ici-bas et peut-être au-delà… Transcendé par les illustrations extraordinaires de Boutavant qui démontre, du sombre au jaune éclatant, de câlins en regards, qu’il sait faire plus que les chiens sans collier et les ânes pas bâtés, ce conte fantastique où se croisent les registres métaphorique et fantomatique, dans une ambiance empreinte de douceur et de sensibilité, se révèle d’une profondeur rare. La fin de Velvet, plus qu’une histoire de mort, c’est une histoire d’enfance, de rires et de larmes, de secrets et de promesses, de peurs et de défis, de rêves et de soleils. C’est l’histoire de ceux qui partent et ceux qui restent. C’est la vie, à n’en plus finir.
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Son autre énorme coup de cœur de lecture en 2024, c’est La grande école, de Nicolas Mathieu et Pierre-Henry Gomont. Cet album au grand format à l’italienne, aux illustrations malicieuses, aux tons légèrement nostalgiques qui l’émeuvent si souvent, est une tranche de vie d’un père divorcé et son fils, entre la fin des vacances et l’entrée au CP, débordant d’humour et de tendresse. Il se conclut sur une déclaration d’amour, qui est à peu près ce qu’elle a lu de plus beau de toute sa vie sur le temps qui prend nos enfants et fait de nous des marchands de souvenirs et des camelots de promesses à tenir. « […] Je t’attends à l’autre bout. Ne t’en fais pas. Ton enfance est en lieu sûr. Tu peux devenir qui tu voudras.«
Avec cette lecture, elle s’est posé et reposé une question à laquelle tous les livres du monde auront du mal à répondre : Comment les regarder s’éloigner sans douter des bagages qu’on leur a donnés ?
Elle savait l’auteur pour grands fortiche pour écrire les liens qui se font et se défont, humour, dérision, poésie et émotion en bandoulière (Elle a d’ailleurs retrouvé ce texte dans Le ciel ouvert, recueil du même auteur, qui en littérature pour adultes, est à peu près ce qu’elle a lu de plus beau de toute sa vie sur les familles murailles et fissures à la fois). Désormais, c’est sur le ring des livres pour enfants, qu’il la met KO à chaque ligne !
Sa chronique complète (et très personnelle) ICI.
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De nombreuses lectures font figures de gros coups de cœurs pour Linda pour qui il n’a pas été facile de faire un choix. Elle a finalement choisi de mettre en avant deux titres qu’on voit finalement assez peu présentés sur la toile.
Tout d’abord, il y a ce roman superbement écrit par Antonin Sabot découvert lors de la sélection du Prix Vendredi 2024 qui, d’une plume magnifique entre narration à la troisième personne et vers libres, livre un hymne puissant à la nature et à la liberté !
Son avis complet est ICI.
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Ensuite, il y a le bel album au charme désuet d’André Marois, déjà présenté comme son coup de cœur en mai dernier, qui célèbre l’enfance et ses jeux au travers de l’imagination sans limite qui vaut bien plus que tous les jouets du monde.
L’histoire nous plonge dans l’imagination débordante de deux enfants envoyés au jardin pour prendre l’air et s’amuser. Bien loin des bacs à sable, le potager et les animaux de la ferme ouvrent sur une aventure gourmande et pleine de rebondissements qui donnent aussi l’illusion du danger et confrontent les enfants à leur propre peur.
L’avis de Lira Loin.
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Pour Colette, c’est une autrice fétiche qui a encore cette année remporté son coup de cœur ! Il s’agit de l’indétrônable Marie-Aude Murail à qui nous avions d’ailleurs consacré une très belle sélection « Nos classiques préféré.e.s » en 2020. Ce n’est pas un de ses derniers titres que Colette a découvert cette année (même si Francoeur est dans sa PAL depuis début décembre ) mais le fabuleux Miss Charity dont elle vous parlait déjà cet été.
Suivre Charity de son enfance à l’âge adulte est un ravissement ! D’ailleurs les œuvres qui embrassent toute une vie, c’est un peu le dada de notre collectionneuse de papillons (vous, vous souvenez, on avait fait un super article sur le sujet : les livres-de-toute-une-vie : quintessence de papier) alors là voyager à travers le XIXe siècle au fil des aventures créatives, littéraires, théâtrales, amoureuses, amicales et familiales de Miss Charity, ce fut absolument parfait ! Impossible de lâcher ce livre pourtant lourd de 480 pages.
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Du côté des albums, Colette adore partager autour d’elle ceux que Baptiste Beaulieu écrit avec Qin Leng. Les Gens sont beaux, On a deux yeux pour voir et Je suis moi et personne d’autre sont devenus des phares dans la bibliothèque familiale. Il faut le dire, dans la famille de Colette on a tout particulièrement aimé cette année On a deux yeux pour voir parce qu’il a un petit côté magique, il nous relie à notre pouvoir intérieur, à notre pouvoir d’enfant, le pouvoir de voir avec notre « oeil en forme d’étoile tout ce qui est triste, mauvais ou cruel » et notre « oeil en forme de lune, ce qui est bon et joyeux ». On suit donc la narratrice à l’aube de la découverte de son pouvoir et on (ré) apprend, avec elle, à regarder le monde autrement, complètement, entièrement. Y compris les émotions qui nous assaillent. Ces émotions qui nous font tel.le.s que nous sommes si nous prenons la peine de les accueillir.
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Blandine a eu beaucoup de coups de cœur en 2024, très variés, très éclectiques. En albums, en romans, en BD. Avec toutes sortes de thématiques, de graphismes, de découvertes et d’évasions..
Voyez plutôt… en images !
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2024 a été l’occasion pour Helolitla et ses enfants de débuter de nouvelles séries jeunesse prometteuses, comme Les Whisperwicks, ou encore les Chroniques de Nim. L’occasion aussi de continuer des séries chouchoutes, Aurora, de Vashti Hardy en tête. Mais s’il ne faut en choisir que deux, Helolitla retient celles qu’elle a terminé, et qui l’ont happée du début à la fin.
Pallas, de Marine Carteron, pour commencer. Une réécriture envoûtante de la guerre de Troie, qui replace les femmes au centre de l’histoire. Un récit épique et poétique en trois tomes, féministe et sanglant, qui aura su la transporter du début à la fin. Un travail documenté titanesque et moderne, cruel et lyrique, à lire si ce n’est déjà fait !
Son avis complet ICI.
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2024, c’est aussi l’année qui a vu se clôturer le Mécaverse, d’Adrien Tomas, avec la parution en octobre dernier de l’ultime tome Neige et Poussière. Helolitla, qui adore le steampunk et la fantasy, a a-do-ré relire tous les tomes précédents de cet univers riche et complexe, pour se plonger dans un final qui réunit tous les personnages croisés précédemment.
Encore une fois, Héloïse s’est laissée charmer par la complexité de l’intrigue, les trahisons et autres complots, la densité des personnages et des pays traversés. Pour elle, c’est un dernier tome qui se termine avec le goût amer de l’au revoir aux personnages adorés, mais aussi et surtout de manière très réussie. Un univers à découvrir, sans conteste !
Son avis complet ICI.
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Nous souhaitons à toutes et tous une très belle année 2025 ! N’hésitez pas à partager vos coups de cœur de l’année avec nous.