Ils sont carrés et colorés, les albums de la collection La tête sur l’oreiller chez Les P’tits Bérets. Mais quand j’ai vu la couverture de celui-ci, L’Orphelinat du bout du monde, je l’ai tout de suite distingué. Attirée par une illustration originale, aux teintes bleu rivière et rose nénuphar signées Emna, attirée également par un de mes thèmes de prédilection, la parentalité, signée par une auteure dont l’on connaît plutôt le coup de crayon, j’ai eu très envie de le découvrir, de vous le présenter sur mon blog, Maman Baobab, et d’inviter quelques unes de mes comparses d’A l’Ombre du Grand Arbre à s’y pencher et à partager la lecture avec vous. Ces lectures communes sont pour moi à la fois l’occasion d’échanger, de partager et de débattre, elles ont aussi pour but de mettre en lumière le travail de maisons d’édition discrètes mais de qualité, comme c’est le cas pour Les P’tits Bérets. Sophie LJ ( La littérature Jeunesse de Judith et Sophie ), Carole ( 3 étoiles ) et Alice ( A lire au pays des merveilles ) vous donnent leur avis sur cet album.
Bonne lecture de notre lecture ! * Drawoua
Pourquoi avoir rejoint cette lecture commune, qu’est ce qui vous a attiré dans cet album ?
Sophie. J’aime beaucoup les illustrations de Coralie Saudo, c’était donc l’occasion de la découvrir différemment.
Alice. Moi, c’est plutôt, l’éditeur qui m’a motivée : une petite maison d’édition pas très loin de chez moi avec un catalogue de plus en plus qualitatif
Carole. Pour moi la curiosité de découvrir un nouvel éditeur sur lequel je louchais depuis quelques temps à force de lire vos chroniques… Puis une rencontre avec l’équipe sur le Salon du livre de Paris et le travail de Coralie Saudo, ainsi que le titre… et enfin le plaisir de la lecture commune avec vous bien sûr !
Pouvez-vous résumer l’histoire en quelques mots ?
Sophie. Cet album raconte l’histoire d’un couple atypique : une autruche et un crocodile. Ceux-ci ne peuvent pas avoir d’enfant ensemble alors quand ils trouvent un œuf abandonné, ils décident de l’adopter. Leur histoire se répand et bientôt, ils fondent un orphelinat pour tous les parents qui, comme eux, ne peuvent pas avoir de petits ou au contraire, ne peuvent les garder.
Alice. Trop différents, Monsieur Crocodile et Madame Autuche ont beau être amoureux, il n’est pas possible pour eux d’avoir des enfants. Mais la vie fait bien les choses, et un oeuf trouvé sur le chemin donnera naissance à un joli petit perroquet. A eux trois, ils forment une famille unie que tout le monde applaudit. Heureux de cette adoption réussie, ils décident de faire le bonheur de couples comme eux et se chargent de leur attribuer des œufs abandonnés. Tout le monde est ravi et la vie est belle ainsi !
Globalement comment qualifieriez -vous cet album, quels en sont pour vous les points forts ?
Sophie. Tout d’abord, l’histoire fait référence à l’actualité avec cette question de l’adoption, de la différence et on l’aborde sous un angle intéressant qui peut permettre d’engager la conversation avec les enfants. Ensuite, j’adore les illustrations. Toutes ces formes, ces couleurs, ces motifs, ces collages, c’est magnifique et le petit côté girly me plait bien.
Carole. Cet album parle de stérilité, d’adoption et surtout d’Amour. Pas de discrimination ni préjugé, peu importe ce que renferme l’oeuf, chacun a le droit à une famille. C’est un album subtil, poétique, et dans l’air du temps. Grande ouverture d’esprit et tolérance aussi.
Alice. J’ai de suite été séduite par l’illustration, les couleurs et les imprimés choisis qui nous emmènent dans des pays lointains. Mais au risque d’animer le débat, je n’ai pas du tout accroché sur le texte. Sur le fond tout d’abord : j’ai trouvé cette histoire trop parfaite. Tout s’y déroule parfaitement bien, « tout le monde est beau, tout le monde est gentil« . La trouvaille de l’œuf est tellement rapide que je ne me suis pas posée de question sur la stérilité. L’adoption est réussie, la famille est unie, les amis sont présents, la création de l’orphelinat est un succès…. Tout coule trop bien et ne traduit pas du tout pour moi, la réalité des difficultés de l’adoption.
Sur la forme, j’ai souvent été gênée par l’emploi du passé simple, notamment dans toute la dernière partie. Cela donne un caractère un peu « pompeux » à l’histoire.
Un conte où tout est bien qui finit bien, sans qu’il y ait eu d’élément perturbateur.
Sophie. C’est vrai que c’est un peu trop « facile ». Finalement le seul souci c’est leur différence qui les empêche d’avoir un petit ensemble. À part ça, tout se passe au mieux. On peut voir ça comme un message d’espoir, une histoire qui réchauffe et qui fait du bien.
Et si l’histoire était juste une douce histoire d’amour, et si on n’était pas toujours obligé de semer d’embûches les narrations à destination des enfants ? Je me fais un peu l’avocat du diable mais de temps en temps, ce n’est pas désagréable, surtout dans ce contexte : adoption, différences, tolérance…Tout est presque bien et finit bien. Pourquoi pas ?
Alice. Je vois dans ce livre toute une succession d’évènements qui se suivent, qui passent, qui glissent mais je ne trouve personnellement pas d’accroche. Bien sûr que les embûches ne sont pas « obligatoires », mais les thèmes évoqués sont forts et j’attends qu’ils me »parlent ». Or ici, je lis bien l’amour, la différence, la tristesse, l’espoir, la joie… mais je ne ressens rien. J’attends d’un livre qu’il me touche, qu’il me fasse réfléchir, qu’il me surprenne.
Carole. C’est incroyable à quel point on peut entrer en lecture dans le même album mais de façon complètement différente ! En ce qui me concerne, avant de lire ta réflexion Alice, je ne m’en suis pas rendue compte, de ce manque d’embûches, d’obstacles pourtant bien réels et présents dans un vrai parcours d’adoption. J’ai plongé dans une jolie histoire qui se déroule bien avec une fin heureuse, comme Drawoua. Et comme ça fait du bien ! Peut-être que le climat social des derniers mois m’a donné envie de douceur, de rondeur, de jolies choses…qui sait ? Quoiqu’il en soit, cet album m’a émue.
Pouvez-vous parler des illustrations, du style de l’illustratrice, de ce que vous en avez pensé ?
Sophie. Ce sont des illustrations que j’ai trouvé un peu « japonisante » avec beaucoup de motifs à fleurs. Emna utilise une technique de découpage et de collage avec des papiers très colorés. J’ai trouvé ça un peu chargé par endroit mais joli dans l’ensemble.
Alice. Gros coup de cœur pour les illustrations ! J’adore le choix du découpage/collage, j’adore les imprimés, j’adore les coloris.. Rien qu’en feuilletant l’album, je me sens complètement dépaysée, dans un pays imaginaire, à l’autre bout du monde..
Carole. Gros coup de cœur pour moi aussi pour le collage des imprimés fleuris ! ça m’embarque au bout du monde, dans des contrées lointaines et inconnues ! voyage réussi du début à la fin ! bravo
Un dernier mot pour conclure ?
Carole. Je découvre la plume de Coralie Saudo, je connaissais ses illustrations, et je trouve son écriture sensible et rythmée. Quant à Emna, c’est aussi une découverte, je vais la suivre de près… Bref, deux jolies découvertes en un album très réussi !
Quelques pas de plus en découvrant les billets de chacune :
Celui de Sophie ici
Celui de Carole là
Celui de Drawoua Ici
Cet album a l’air très superbe ! Un titre poétique, l’histoire m’intéresse et les illustrations ont l’air vraiment très belles… Merci pour cette découverte, je note le titre.
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Je tombe sur votre article avec grande joie, voilà quelques années que j’ai arrêté l’illustration et suis désireuse de revenir, différemment, tout ceci est en grande réflexion et en train de se monter en sous-marin à travers un blog bien éloigné de l’illustration.
Un grand merci pour vos commentaires, sur le texte de Coralie, qui je dois dire, m’a tout de suite séduit lorsque la maison d’édition me la présenté. Cette histoire est douce, jolie, elle emmène l’imaginaire au bout de nos représentations, elle est selon moi une invitation aux voyages, à la différence, de manière très positive. Un grand merci pour vos avis sur les illustrations, c’est touchant de voir vos appréciations positives.
Je découvre ce blog avec plaisir.
Emna 🙂