Lecture commune : Compte sur moi de Miguel Tanco

Les éditions Grasset rééditent Compte sur moi, qui avait jusque là échappé à la vigilance d’Hélène et Lucie. C’était l’occasion de combler leurs lacunes et de découvrir un album sur un sujet somme toute assez rare en littérature jeunesse : les mathématiques.
Elles se sont donc plongées dans cet album aux douces illustrations et n’ont pas pu s’empêcher d’en discuter…

Compte sur moi, Miguel Tanco, Grasset, 2025

Lucie : Cet album est une réédition, en avais-tu entendu parler avant de recevoir le communiqué de presse ?

Hélène : Non, je ne connaissais pas cet album. Par contre j’ai vu qu’il s’ agissait du 2e opus de la collection, le premier étant consacré à la physique.
Et toi ?

Lucie : Non plus, et pas du premier non plus malgré le beau succès qu’il semble avoir eu. Pourtant je suis toujours à la recherche de ce type d’album pour faire découvrir des notions à mes élèves. J’avais donc bon espoir de pouvoir utiliser celui-ci avec eux !

L’étincelle en moi, Miguel Tanco, Grasset, 2025.

Lucie : Qu’as-tu pensé de la couverture quand tu l’as reçu ?

Hélène : J’ai beaucoup aimé le graphisme doux et les petits rappels aux maths que l’on remarque quand on y regarde de plus près : les équerres, compas et règles par terre, le carrelage qui rappelle les basiques de la géométrie, l’avion en papier, qui fait voyager le message du livre : les maths sont partout, même dans les jeux des enfants. 
Je trouve que dans cet album le texte et l’image se complètent parfaitement. J’aurais un petit mot concernant le titre également : compte qui se réfère au calcul et l’expression Compte sur moi qui parle de confiance et qui, encore une fois, porte le propos.
Et toi, qu’as-tu pensé des personnages ?

Lucie : Tu fais bien de souligner le double sens du titre. Cet album parle de maths, oui, mais aussi et surtout de personnalités différentes qui peuvent évoluer dans une même famille, dans le respect et l’harmonie. J’ai beaucoup aimé cet aspect. Les personnages sont très bienveillants, je trouve qu’ils correspondent tout à fait au graphisme des illustrations.

Hélène : Je suis tout à fait d’accord avec toi. On remarque que les mathématiques sont mises sur le même plan que la peinture, la musique, l’observation des insectes… Une passion comme une autre !
J’ai également remarqué que ce livre met en scène une famille dont les membres sont noirs, ce qui reste suffisamment rare en littérature de jeunesse pour être souligné, et que la passion des maths ait piqué une petite fille… Tout ceci a évidemment vocation à “casser” le stéréotype du matheux que l’on peut avoir et aider tous les enfants à se sentir capables. Pour autant ce n’est jamais précisé explicitement et cela renforce l’efficacité du propos à mon sens : les maths sont partout, pour tous.

Lucie : Tu as raison, ce sont des choix malins mais pas trop appuyés, ce qui joue sur une normalité (en tout cas ce qui devrait être une normalité) de manière assez fine.
Pour être honnête, je pensais trouver plus de numération et de calcul dans le contenu de cet album. Les mathématiques “partout” comme tu le dis sont en fait essentiellement de la géométrie. Cela t’a surprise ou pas tellement ?

Hélène : Oui effectivement il s’agit principalement de géométrie. Je n’avais pas d’attentes particulières (je n’ai jamais attendu grand-chose des maths ceci dit mais c’est sûrement parce que je n’ai pas lu ce livre petite 😆). La numération aurait pu être évoquée mais peut-être que cela aurait un peu complexifié le message que l’auteur souhaitait faire passer. Il s’adresse à des enfants encore jeunes, fin de maternelle/CP et souhaite peut-être rester proche de leur quotidien ?

Lucie : J’ai cru comprendre que tu n’étais pas une fan de mathématiques, et aussi que tu avais lu cet album avec tes enfants. Est-ce que le sujet les a rebutés au premier abord ou tu ne l’avais pas annoncé ? Qu’en ont-ils pensé ?

Hélène : Effectivement en ce qui me concerne j’ai toujours été plus littéraire que scientifique, mais j’étais curieuse de découvrir sous quel angle le sujet allait être abordé, et vraiment l’album m’a beaucoup plu car, certes, comme on l’a dit il y a un message mais on reste sur un album jeunesse qui raconte une histoire : une petite fille nous parle de son quotidien, sa famille, sa passion.
Comme tu le disais j’ai des enfants qui ont l’âge idéal pour découvrir cet album donc je l’ai lu avec eux et ils ont beaucoup aimé. Ils aiment plus les maths que moi, mais je crois que c’est l’histoire et le contexte qui leur a plu aussi. Je n’avais pas parlé du sujet avant la lecture, en fait je préfère toujours les laisser découvrir eux-mêmes et se plonger dans une histoire, voir ce qui les touche, ce qu’ ils en retiennent quand on en parle ensemble après. 
Ils ont bien aimé cet album, y compris les dernières pages du “livre de maths”.
Et toi, est-ce que tu l’as lu à tes petits élèves ? 

Lucie : Non, pas encore. En revanche j’ai essayé de télécharger le cahier d’activités accessible via un qrcode, qui semble dans la même veine que le cahier de maths qui clôture l’album mais il n’est pas encore disponible. J’ai hâte de pouvoir y jeter un œil !

Lucie : Si tu n’aimes pas particulièrement les maths, je serais curieuse de savoir ce qui t’a attirée vers cet album dans le catalogue de Grasset ?

Hélène : J’étais curieuse de voir comment le sujet allait être traité à destination des jeunes enfants. Comme tu l’as compris, j’ai trouvé cela très bien fait, on ne tombe pas dans l’écueil du pur pédagogique. On s’attache aux personnages, il y a un fort phénomène d’identification.
D’ailleurs, au-delà des maths, qu’as-tu pensé de l’album et des autres messages qu’il peut véhiculer ?

Lucie : J’ai aimé cette famille qui semble prendre la vie simplement comme elle vient, que chaque membre puisse vivre ses passions librement, la place de la nature aussi. Il y a des maths, on l’aura bien compris, mais souvent liés à des phénomènes naturels (ronds dans l’eau, branches d’arbres…) ou des jeux (tobbogan, constructions…), ça m’a beaucoup plu !

Hélène : J’ai ressenti la même chose, j’ajouterais à cela la tolérance, comme tu le dis chacun vit sa passion et exploiter ses capacités à sa guise, et j’ai été sensible à la dernière phrase “Il y a une infinité de manières de voir le monde.. et la mienne c’est les maths !”. Cela peut ouvrir un dialogue avec l’enfant à un âge où les goûts s’affirment et leur permettre de rêver, de cultiver leur singularité en respectant aussi les goûts des autres. 

Lucie : A ce titre j’ai trouvé les multiples essais de la petite fille dans des activités où elle n’excelle pas (non que ce soit grave) sont très intéressants. Ils montrent qu’on peut mettre du temps à trouver “notre truc” et qu’essayer c’est déjà bien !

Lucie : Pour conclure, notre question rituelle : à qui conseillerais-tu ce livre ?

Hélène : Je conseillerais ce livre à des enfants de maternelle qui découvrent les notions basiques de géométrie par le jeu en classe, donc à des parents et enseignants amenés à côtoyer cette tranche d’âge où il est trop tôt pour s’être mis en tête qu’on n’aime pas les maths ! C’est l’objet idéal pour les leur présenter comme étant simples et naturelles, de manière ludique. Plus largement, il plaira à des enfants de fin de maternelle début de primaire et il peut être lu sans visée pédagogique particulière, selon moi.

Lucie : Tout à fait d’accord avec toi : entre la Moyenne Section et le CP, les enfants peuvent vraiment adhérer à cet album. Et tu as raison de souligner qu’à cet âge-là ils n’ont pas encore d’idée préconçue sur leurs capacités en maths. Profitons-en pour rappeler que les personnes nulles en maths n’existent pas. Elles ont seulement eu à faire à des profs qui n’ont pas su les intéresser !

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Nous remercions les Editions Grasset de nous avoir envoyé cet album et espérons vous avoir donné envie de le découvrir, ainsi que son grand frère L’étincelle en moi qui abordait la physique à hauteur des petits !

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