Ce fut un de mes romans préférés cette année,
un de ces livres qui vous trotte dans la tête une fois refermé,
un de ceux qui posent des questions et vous laissent trouver les réponses,
alors, forcément, j’ai eu envie d’en parler à l’Ombre du Grand Arbre.
Sophie de la Littérature Jeunesse de Sophie et Judith,
Pépita de Mélimélo de livres,
Solectrice et ses lectures lutines
et Carole et ses 3 étoiles
se sont jointes à moi, Bouma et mon Petit Bout de Bib(liothèque) pour en parler.
Découvrez avec nous le roman de Caroline Solé publié à l’école des loisirs :
LA PYRAMIDE DES BESOINS HUMAINS
Bouma : Comment ce roman vous est-il tombé dans les mains ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le lire ?
Pépita : J’ai vu passer la pyramide de Maslow et cela m’a donné envie de creuser. Et quand j’ai lu de quoi il s’agissait, je me suis dis : voilà un roman dans la veine que j’aime, du social, de la réflexion sur la société actuelle, un jeune paumé, …bref, du bien envoyé, alors j’ai foncé dans ce roman et je n’ai pas été déçue.
Carole : C’est le titre qui a attisé ma curiosité ! Je connaissais la pyramide de Maslow, étudiée à la fac. J’ai trouvé le sujet original et surprenant. Et puis un premier roman, c’est aussi l’occasion de découvrir une nouvelle plume. Bref j’étais doublement curieuse.
Solectrice : Moi aussi, c’est le titre qui m’a donné envie. Pourtant, je ne connaissais pas le concept. J’ai lu le résumé et j’ai eu envie d’entrer dans cet univers sur fond de société actuelle.
Sophie : Je l’ai vu passer sur des blogs avec l’image de la fameuse pyramide. Je ne connaissais pas ce concept et ça m’a fortement intriguée ! J’ai vu aussi l’aspect jeu télé, et je me suis dit que ça pouvait donner une réflexion intéressante.
Bouma : La Pyramide de Maslow organise les besoins humains en différente catégorie en partant des besoins physiologiques. Sa théorie affirme qu’il faut avoir rempli ces besoins de base pour passer aux suivants moins élémentaires, et ainsi de suite jusqu’aux besoins d’accomplissement de soi.
La campagne médiatique autour de ce livre mentionnait une émission de télé-réalité, des niveaux à passer, des concurrents. J’ai donc d’abord cru à une dystopie plus contemporaine et je me suis bien trompée. Que raconte donc ce roman pour vous ?
Sophie : Je pensais aussi a une dystopie plus au cœur du jeu. Finalement, cette histoire est celle d’un jeune garçon qui a fui de chez lui et se retrouve à vivre dans la rue. Un jour, il va commencer ce jeu télé qu’il peut faire caché derrière un ordinateur… mais jusqu’à quand ?
Pépita : la confrontation de deux mondes : le réel et le virtuel et au milieu un jeune garçon SDF qui en fait les frais ou au contraire en tire intelligemment les ficelles.
Carole : Je rejoins Pépita sur les limites entre réel et virtuel. C’est aussi un prétexte pour questionner la virtualité, les réseaux sociaux et plus précisément l’image de soi, celle qu’on a, celle qu’on donne à voir, celle que les autres perçoivent. A l’adolescence, cette question est cruciale il me semble, on se construit, on se cherche, on s’essaye.
Solectrice : Pour moi, ce roman raconte la fuite d’un adolescent fragile, qui se raccroche encore à une raison d’exister pour les autres en participant à ce jeu. Par défi, il participe pour montrer qu’on peut vivre autrement et donner l’illusion.
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Bouma : Et justement que donne à voir ce jeune SDF ? Sa réalité vous a-t-elle paru crédible ? Ses intentions aussi ?
Pépita : je dirais qu’il s’empare du jeu plus par ennui que par défi au départ. Puis il est presque pris au piège de cette pyramide qui montre sous ses réponses les limites de la société et de l’image qu’elle renvoie de l’échelle sociale. Ces mécanismes du mirage aux alouettes sont très bien rendues : l’effet de la masse, du mouton de Panurge, de la manipulation sous-jacente. Oui sa réalité de SDF est plus que tangible, elle est même terrible dans le contraste des deux mondes. Ses intentions oui, elles me semblent bien réelles : il n’ a rien à perdre de toutes façons, il a tout à gagner. En tant que lecteur, on a vraiment envie qu’il aille au bout ! Comme une revanche sur la vie qu’il mérite amplement. Le plus dur, c’est qu’on perçoit d’emblée que ce jeu est factice et peut le perdre.
Sophie : Je rejoins Pépita, notamment sur l’idée de limite. En grimpant les échelons de la pyramide alors qu’il vit dans la rue, il montre la limite de ce système et il envoie dans les yeux des spectateurs ce qu’ils préfèrent ne pas voir. Il ne cherche pas à choquer, il montre juste sa réalité avec beaucoup de justesse.
Carole : Son triste quotidien est rendu avec justesse en effet. Il est d’emblée atypique, dénote, il est à part, inconnu pour la majorité, et c’est précisément ça qui va le rendre visible.
Solectrice : Les révélations de son univers sont progressives et calculées : le jeune homme ne veut pas susciter la pitié. Son quotidien dans la rue est peu décrit. J’avais du mal à imaginer que, dans cette situation, un adolescent s’opposant à cette société n’abandonne pas plus vite le jeu, cet univers virtuel où il ne cherche pas de reconnaissance particulière. J’étais étonnée aussi de la tournure que prenait l’histoire : on ne comprend pas tellement ce qu’il veut démontrer car l’adolescent ne se voit pas comme un représentant de la cause des SDF.
Bouma : Moi, j’ai beaucoup aimé l’humanité qui se dégageait de ce jeune homme. La vie ne l’a pas épargné. Il est à la fois résigné sur la société mais plein d’espoir dans ce que l’être humain peut apporter, peut surpasser.
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Caroline Solé signe avec ce titre son premier roman. Quels caractéristiques donneriez-vous à sa plume ?
Carole : une plume plutôt efficace, simple, sans détour et sans superflu puisqu’en quelques pages le lecteur a assisté à l’ascension virtuelle d’un ado en marge de la société, le tout construit de façon claire en distillant des critiques ici et là. C’est un premier roman réussi à mon sens.
Solectrice : La narration m’a semblé très construite. Le parti est pris de donner le résultat dès le départ, avec cette ambiguïté sur les craintes et les attentes du jeune homme. On découvre ensuite ses motivations et son histoire difficile. J’ai aimé l’habileté avec laquelle l’auteur donne à voir les coulisses du jeu face à la naïveté du candidat. C’est donc une plume sans apitoiements et suffisamment acerbe sur le le monde virtuel et réel.
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Bouma : Et que pensez-vous de la fin du roman (sans la dévoiler si possible) ? Je vous pose la question car c’est la seule partie de ce roman qui ne m’a pas semblé crédible.
Sophie : Effectivement, ça part dans quelque chose d’un peu (beaucoup) surréaliste et ça dénote pas mal avec le reste du roman. Pour autant, à la lecture, ça ne m’a pas choquée plus que ça. Par contre, j’aurais aimé que ce soit un peu plus approfondi.
Pépita : Oui la fin n’est pas vraiment une fin en fait : je pense que l’auteure a vraiment voulu s’attacher à démontrer sa thèse. En cela je la trouve vraiment intéressante à proposer à des adolescents cette lecture.
Carole : D’accord avec vous sur la fin pour le moins surprenante et un peu expéditive. Mon namoureux l’a même qualifiée de « fin genre super-héros » quand il a fini le livre.
Solectrice : Cette chute ne m’a pas tellement marquée non plus. Décrochée du reste de l’histoire, cette fin semble prolonger la fuite… vers l’imaginaire.
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Bouma : Dernière question façon portrait chinois, si vous deviez définir ce roman en un mot, quel serait-il et pourquoi ?
Pépita : Je dirais ACCOMPLISSEMENT DE SOI car ce roman c’est ça aussi : la recherche de l’épanouissement personnel à tout prix même si on doit se brûler les ailes.
Carole : je choisirai le mot IMAGE pour toute sa complexité et ses symboles
Sophie : Je dirais SOCIÉTÉ parce que je trouve que ça en montre pas mal d’aspect : la vie dans la rue, le pouvoir de la télé, les réseaux sociaux…
Solectrice : Moi, je retiendrais CARTON pour le double-sens de la vie du personnage : son refuge comme SDF et l’envie d’atteindre une cible.
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J’espère que cette discussion vous aura donné envie de découvrir ce roman et de vous faire votre propre avis dessus.
En attendant vous pouvez lire les avis plus détaillés de Carole, Sophie, Bouma et Pépita sur leur blog respectif.
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