2. Trois histoires s’imbriquent dans ce roman : sa construction s’est-elle imposée d’emblée ou as-tu dû la travailler dès le départ ? Notamment son format court.
3. La question sur le choix du cadre spatial, d’abord le huis clos de la première scène, lors du repas de famille. Un choix volontaire ? Evident ?
En gros, c’est l’histoire d’une fille de 30 ans qui écrit son histoire à son neveu pour lui dire qu’elle est comme lui.
Amande ne dit pas tous ses sentiments aux autres… Cela contraste avec le fait qu’elle chante : elle s’exprime par le chant ! Je pense qu’elle connaît mieux Marc et Jérôme que ses propres parents ; son père emploie aussi des mots qui ne révèlent pas ce qu’il fait ou ce qu’il pense. Sa mère semble très occupée ; on ne sait rien d’elle.
Je me représentais bien la salle du Lavomatique. Amandana trouve un lien à la fin avec les machines : elle dit qu’elle voudrait être comme le linge pour être caressée par sa maman et vidée de ce qu’elle pense. C’est aussi grâce aux vêtements laissés dans une des machines qu’elle rencontre Marc et Jérôme.
Au début, je ne comprenais pas pourquoi Amandana était attachée à son neveu et pourquoi ses parents n’avaient pas l’air de l’aimer. En entrant dans l’histoire, j’ai compris ce qui les rapprochait et pourquoi on commençait par cette réunion de famille.
J’ai apprécié que ce roman soit court : je n’ai pas décroché de l’histoire. Mais j’aurais bien aimé savoir ce que Tom devenait… quinze ans plus tard.
Qu’est-ce qui t’a marqué dans les relations entre les personnages ?
Ce qui m’a choqué, c’est de voir qu’en quinze ans la réaction des parents n’avait pas changé. Dans les deux générations, ce sont les sœurs (Mado et Eva-Paola) qui dénoncent l’homosexualité et le disent comme si c’était interdit.
J’ai été intriguée par le fait que Mado soit aussi différente de sa sœur : elle est comme ses parents et n’essaie pas de découvrir autre chose, d’autres façons de vivre. Je trouvais aussi étonnant qu’elle n’avertisse pas plus tôt ses parents qu’elle est enceinte.
Quand Amandana découvre qu’elle a ses règles et qu’elle cherche de l’aide, on comprend qu’elle n’a pas vraiment de famille, que sa famille n’est pas présente pour elle.
J’arrivais bien à me représenter le personnage de Marc et j’aurais voulu connaître plus de détails sur ces deux hommes. On ne sait pas pourquoi ils sont aussi généreux. J’imagine qu’ils prennent Amande pour leur fille.
Je trouve que la façon qu’Amande a de considérer ses camarades de classe est étonnante : on dirait qu’elle vit dans un monde à part, que personne n’est comme elle.
Quelle place occupe le projet dans l’histoire ?
C’est important parce qu’il permet à Amandana de se découvrir une personnalité et un talent. Il lui permet aussi de s’approcher de Marie-Line mais elle comprendra plus tard que cette fille n’est pas si différente des autres.
Qu’as-tu ressenti quand Amande se détourne de Marc et Jérôme ?
Je ne comprends pas pourquoi elle ne reste pas avec eux. Elle a sans doute honte d’eux. Mais c’est stupide et dommage parce qu’elle passait des moments joyeux avec ce couple, qui sont comme ses parents.
Veux-tu parler de la fin ?
Je trouve désolant que pendant 15 ans Amandana reste seule et triste avec ses pensées. On a l’impression que tout le monde la rejette.