Les imagiers sont « ces livres très français, hérités de la collection du Père Castor qui en inventa le principe comme le terme en 1957 » comme le précise Sophie Van der Linden dans un article qu’elle consacre à une des artistes phare du genre, Bernadette Gervais. Ce sont des livres qui s’adressent donc en premier lieu au tout-petit pour lui permettre d’ouvrir une première porte de papier sur le monde qui l’entoure afin d’apprendre à le nommer, pièce par pièce. Mais les imagiers sont de plus en plus le lieu où s’élaborent de véritables visions du monde, sous forme de galerie d’art, dans lesquelles le tout-petit est amené à se promener et à se délecter de belles images toutes plus originales les unes que les autres. Nous vous présentons aujourd’hui nos préférés !
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Les éditions Thierry Magnier sont, pour Colette, les reines en matière d’imagiers originaux et dépaysants. Lors de son immersion dans le monde de l’édition, il y a maintenant 20 ans, elle a découvert le magnifique Tout un monde d’Antonin Louchard et Katie Couprie. Le titre a lui seul est une promesse incroyable ! On y découvre au fil des pages des photos, des gravures, des peintures, des collages qui représentent au fil des techniques des visages amis, des situations quotidiennes. Sans qu’aucun mot ne les accompagne. L’enfant en prend donc plein les yeux à travers ce petit bijou au format carré qui se lit dans tous les sens. Ou plutôt qui se vit dans tous les sens. En 2018, les éditions Thierry Magnier ont réédité l’album avec un coffret collector dans lequel on trouvera 30 illustrations tirées du livre au format carte à jouer. Une invitation à mettre en image le monde à notre portée.
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Chez le même éditeur, on pourra découvrir les audacieux imagiers de Véronique Joffre : L’imagier mouillé, L’imagier mouvementé et L’imagier caché. Trois manières de regarder le monde en suivant une ligne, un horizon à travers des illustrations très graphiques, sobres mais malicieuses.
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Lucie est fan du travail de Xavier Deneux. Ses illustrations très rondes sont parfaitement adaptées aux tout-petits. Il propose aussi bien les fameux imagiers à toucher, dont les petites mains sont si friandes, que de curieux imagiers gigognes. Tous aux éditions Milan.
Outre les larges surfaces de matières et des pages cartonnées, l’avantage de Mon grand imagier à toucher est de faire le tour des objets du quotidien. Regroupés par thème (les transports, les animaux) ou par pièce (la cuisine, la salle de bain), l’enfant ne peut que reconnaître les objets qui l’entourent. Classique mais efficace !
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Plus éloigné du quotidien (encore que) mais aussi plus poétique, l’album Les contraires invite l’enfant à mettre des mots sur des notions plus abstraites telles que « grand », « petit », « vide » ou « plein », etc. Les deux notions contraires sont disposées face à face, l’une présentant un relief qui s’emboite dans le creux de l’autre lorsque l’on tourne la page.
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Liraloin apprécie beaucoup le travail des éditions Phaïdon et cet imagier en particulier. Dans ce gros livre aux pages glacées et cartonnées, l’enfant découvre que les formes qui l’entourent peuvent former des motifs. Ici ce n’est pas banal : motifs écossais, chevrons, damiers… vont se succéder. Ainsi chacun d’entre eux se retrouvent insérer dans un paysage que le tout-petit va reconnaître : le parc, la plage, la ville…
Cet imagier est inventif et tout à fait original. Les scènes représentées sont dessinées façon sérigraphie. Les couleurs acidulées nous transportent dans un univers amusant. Une belle réussite.
Mon premier livre de motifs de Bobby et June George & Boyoun Kim, Phaïdon, 2017
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Blandine adore la diversité et l’originalité qui se cachent derrière le concept de l’imagier, à la fois unique et toujours inattendu, pour toujours plus de découvertes.
Un petit cartonné et des pages épaisses pour nous présenter en dessins facétieux et en mots emplis de poésie trente objets qui font le quotidien, et le monde, des tout-petits. Des objets communs ou inattendus, des objets jolis ou usuels, des objets usés ou vénérés. Tous ces objets qui l’entourent, le rassurent, lui dessinent des contours, l’encouragent, l’aident à grandir, et lui font vivre mille aventures.
La présentation de Blandine ICI
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Les imagiers peuvent aussi se faire abécédaires. Ici aussi, la singularité et la fantaisie permettent d’explorer et de prolonger le genre.
Mon ABéCéDaire allie inventivité, ingéniosité et Art pour nous présenter des mots attendus ou plus exotiques. Tous sont écrits avec trois graphies : majuscule d’imprimerie, script et cursive. Et avec trois couleurs : noir, blanc et gris pour jouer avec les contrastes, les creux et les pleins, pour distinguer les lettres et découvrir le calligramme du mot. C’est beau et ludique !
La chronique de Blandine LA !
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Isabelle Simler a élargi le champ de l’imagier en l’associant au jeu et à la déduction. Avec ses crayons de couleurs aux traits aussi délicats que colorés, elle a eu la merveilleuse idée d’aborder les contes par un angle inédit !
Qui n’a pas mis, enfant, dans ses poches, mille trouvailles glanées, ramassées ? Ces petits riens accumulés disent beaucoup de nous. C’est ainsi qu’Isabelle Simler a choisi de nous évoquer les contes. Etalés sur la double page, ces trésors présentés en poésie ne demandent qu’à retrouver leur propriétaire ! Si la tâche n’est pas si aisée, le plaisir de la recherche, de l’observation et de la « restitution » rendent cet album extraordinaire !
La chronique de Blandine ICI
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Isabelle a trouvé que dans cet article, il fallait parler du grand imagier des petits, de Ole Könnecke. Un album tendre et complet qui s’est imposé comme un classique du genre grâce à ses multiples qualités. D’abord, le charme de ses graphismes, si pleins de douceur et d’humour. Ensuite, son format cartonné si généreux permettant d’offrir une somme très complète de termes qui ravira les enfants passionnés par les outils ou les instruments de musique – et ceux qui aiment les mots réjouissants comme « excavatrice ». Mais aussi et surtout ces détails et historiettes qui fourmillent et insufflent un supplément de vie.
Chronique sur L’île aux trésors
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Le ruban d’Adrien Parlange offre une proposition peut-être plus subjective, certainement singulière parmi la profusion d’imagiers. Cet album se démarque par la classe de ses illustrations stylisées, jaunes sur fond bleu. Mais surtout par ce ruban qui vient prolonger l’image, donner au lecteur la chance de compléter le tableau en disposant cet accessoire de façon à lui donner la forme du ruban d’une ballerine, d’un lacet défait, de la queue d’une souris ou encore d’un éclair d’orage. Ludique et beau !
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Et vous, quels imagiers avez-vous aimé mettre dans les mains de vos tout-petits ?
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